[Solo] Le couple royal | Tout pour nos enfants

Calimehtarus de la 2nde ennéade de Verimios
18e année du Onzième Cycle
Alentours de la Cité abandonnée de Wirskeinfyl

- Et dire que ça ne fait que quelques années à peine…

- L’Anaëh a vite fait de reprendre ses droits.

- Il faut dire qu’on ne lui a jamais rendu la tâche bien difficile !

Votre procession avançait lentement. Aussi lentement que le demandait le difficile environnement qu’étaient les Monts Handil. Loin des routes empruntées habituellement par les caravanes, vous aviez choisi – du moins tu avais choisi – de suivre les sentes abandonnées qui autrefois reliaient Tethien et la Cité dévorée par la menace gobeline. Des sentes qui d’ailleurs même autrefois n’avaient presque exclusivement été fréquentées que des militaires et des coursiers un peu trop pressés, se refusant le détour par la Longe Ouest. Des sentes que Virìn et toi aviez pratiqué bien plus que de raison.

- Les gobelins n’auront pas dominé les lieux bien longtemps.

- Il faut dire qu’entre l’entraînement des jeunes soldats et les prédateurs les ayant rajouté au menu, l’excédent de population a vite été jugulé.

- Ils auraient probablement plus facilement proliféré s’il on n’avait pas abandonné les lieux.

- Tiens, en parlant de gobelin… Saeledhel ! Kaëlistravaë serre votre petit garçon contre elle, et pointe du doigt une créature aux longues oreilles s’affairant au loin Regarde !

Le poupon fronce les sourcils, regarde sa mère l’air de lui reprocher de l’avoir sorti de l’intense transe contemplative dans laquelle il était plongé depuis le début du voyage. Son regard finit cependant par trouver la direction qui lui est indiquée, et à ce moment tout semble prendre sens. Un grand sourire se dessine sur son visage, et dans un concert de gazouillis, il pointe du doigt la créature à la peau verte, rapidement chassée par tant de bruit.

- Hràvion est pas content !

- Qu’est-ce qui te fait dire ça Elorëa ?

- Regarde papa ! Il boude !

Ta fille, chevauchant Virìn à tes côtés frappe vigoureusement sur ton bras, et tend l’autre main en direction de son petit frère. À l’opposé de l’aîné très contemplatif, le plus jeune des jumeaux avait passé presque l’intégralité de la part montagnarde de cette virée à bouder, et l’attention que donnait sa mère à Saeledhel ne semblait pas arranger les choses. Hràvion avait lui aussi pu observer le peau-verte, mais plutôt que de s’en émerveiller, il semblait avoir rapidement cultivé une profonde haine de l’animal fuyant… ou alors étais-ce là sa manière d’exprimer son agacement à votre égard à vous ses parents.

- Regarde ! Il s’énerve avec maman. Maman ! la gamine hèle Kaëlistravaë en gesticulant Hràvion il boude !

- Je sais Rëa. Kaëlistravaë rigole doucement Ne t’inquiètes pas. Personne ne résiste à maman. Même pas ton petit frère.

- C’est que vous avez un petit jaloux ! Forvenion laisse échapper un rire candide Mais peut-être qu’il lui faudrait un peu plus d’attention.

- Ne t’inquiète pas Forvenion. tu penches la tête en direction du jeune prêtre Kaëlis sait ce qu’elle fait.

- Pas question de laisser le petit sacripant gagner à ce jeu. elle touche le nez de Hràvion du bout de l’index, et l’enfant gonfle les joues en retour C’est qu’on le connaît maintenant l’animal. Tant qu’il ne s’est pas mis à pleurer, il suffit d’attendre qu’il se calme un peu. À ce moment-là il se laisse un peu plus facilement faire. Et puis… depuis l’intérieur de la diligence, Kaëlistravaë lance un regard complice à sa fille j’ai une arme secrète !

- C’est moi !

Elorëa s’applaudit toute seule, et des chevaucheurs de Caëngal qui vous accompagne à Saeledhel, c’est l’hilarité générale qui prend possession du convoi. Vous riez tous de bon cœur, à l’exception du petit Hràvion, qui bien qu’il se soit détendu tenait à sauver l’honneur. Du moins, c’est ce qu’il comptait faire avant que sa mère ne se décide à lui chatouiller le ventre, maladroitement imitée par son frère jumeau.

2nde ennéade de Verimios
18e année du Onzième Cycle
Alentours de la Cité abandonnée de Wirskeinfyl
Peu après la tombée de la nuit

- Maman je t’aide !

Kaëlistravaë et toi vous aviez l’espace d’un instant échangé un regard interloqué avant de manquer de mourir de rire, au grand dam de Saeledhel à qui elle donnait le sein. L’espace d’un instant, Elorëa avait été en proie aux regards de tous, et la seconde d’après, ce n’était plus juste ses parents, mais l’intégralité du camp qui riait aux éclats. La petite fille s’était donc retrouvée sans autre solution que d’abandonner l’idée d’enlever sa tunique pour donner la têtée à son second frère.

- Rëa… tu passes un bras dans le dos de la petite, la ramenant contre toi en compagnie de son frère ne t’inquiètes pas. Un jour toi aussi tu pourras donner le sein à ton enfant, mais pour l’instant, tu es trop petite pour ça ! tu poses ton index sur sa poitrine En plus, tu n’as même pas de tétés. Comment est-ce que tu comptais faire exactement ?

- Pfff ! Elorëa fronce les sourcils Oui bah pourquoi Hràvon il te tété pas hein ! Toi aussi tu des tétés !

Tes sourcils se soulèvent haut, et pour le bien de son fils, Kaëlistravaë se retient d’éclater de rire tant qu’elle peut. Le reste du campement ne t’aura cependant pas fait une telle faveur, et dès que Saeledhel relâche sa grippe, ton épouse se laisse aller à cœur joie. Les mains sur les hanches, le visage décoré de l’insolente fierté du dindon de la farce ayant soudainement repris position de force, ta fille attend une réponse qu’elle connaît déjà. Et tu soupires, amusé, sachant déjà qu’au moment où tes lèvres se sépareraient pour lui répondre, elle reprendrait les rênes.

- Tu pas une madame ! C’est vrai ! elle lève l’index vers le ciel comme pour se donner une autorité sur l’univers Mais moi je suis madame ! Alors j’ai le droit !

Saeledhel et Hràvion regardent leur grade sœur un court moment, l’air perplexe, froncent tous les deux les sourcils comme pour mieux intégrer les sages paroles qu’elle venait de prononcer, et d’un commun accord, les deux bébés applaudissent et gazouillent, tout sourire.

- Dans quelques siècles peut-être. tu réponds finalement, l’air amusé En plus, ton frère a déjà mangé.

- Et bien moi j’ai mangé des fruits !

- Ah ? Et quel fruit ?

- Du jambon !

Kaëlistravaë soupire, et tu te retiens de rire une fois de plus. Ton épouse se rapproche légèrement de vous, Saeledhel dans les bras, et pose un regard attentif sur Elorëa.

- Du jambon, tu es sûre ?

- Oui !

- Certaine ?

- Oui !

- Indiscutable ?

- Oui !

- Tu promets devant La Très Sage ?

- Ahem…

- Aha ! Donc ce n’était pas ça !

- Non… mais je sais plus.

- Allez je t’aide Rëa. C’était du jambozzzz

- Jambonnier !

- Presque !

- Du jambosier !

- Oui !

Kaëlistravaë et toi applaudissez votre petite fille, rapidement imités de ses petits frères. Seulement, pour les deux poupons, l’excitation n’aura pas été de longue durée. Déjà pour eux la fatigue se faisait sentir, et avec le voyage, il en serait certainement rapidement de même pour vous.

- Tes petit-frères ont raison Rëa. Je crois qu’il est temps qu’on aille tous se reposer un peu.

C’est poussés par l’entrain de votre aînée que vous aviez tous rejoint le même couchage et que vous vous étiez blottis les uns contre les autres à la recherche d’un sommeil qui ne tarderait pas à vous engloutir. C’est qu’il était rare que tu ne sois pas de corvée de garde au cours de ce genre de sortie, alors si tu pouvais en profiter pour partager un moment spécial avec ta famille…

Tu te réveilles en sursaut, grognant contre l’engourdissement. Ton épouse de même. Seuls Saeledhel et Elorëa, endormis comme de véritables pierres, arrivent à conserver leur calme. Hràvion, lui, non content d’être éveillé, est la raison pour laquelle vous l’êtes vous aussi. Difficile pour des parents de ne pas avoir le cœur battant et les sueurs montantes lorsqu’au beau milieu de la nuit, ils sont réveillés par les pleurs tonitruants de leur enfant.

- Il n’est pas mouillé.

- Elnoruì… une Kaëlistravaë inquiète te tire vers elle, et resserre le cocon que vous formez autour de vos trois oisillons il a peur.

Ton épouse inspire, pose la main à sa clavicule, contre le pendentif qui ne la quitte jamais, et de son autre main, prend la tienne. Les yeux de Kaëlistravaë s’ouvrent sur l’étrange spectacle de couleurs qui régit sa vie et ce faisant, invitent ton myocarde à s’aligner sur le monde qui vous entoure.

- Réveillez les chevaux ! tu hurles aux gardes en faction, réveillant tes deux autres enfants au passage Il faut s’en aller d’ici !

Et à peine ces mots prononcés que tes deux fils en pleurs dans les bras et ta fille inquiète sur le dos, tu avais déjà rejoint des chevaucheurs de Caëngal prêts à lancer leurs montures au galop.

- Qu’est-ce qui se passe exactement ?

- Posez pas de question, allez-vous en !

Un silence de mort étouffait la nuit. La jeune Lune n’autorisait pas vos yeux à voir bien plus loin que ne le permettait votre feu de camp. Vous étiez aveugles. Presque aveugles. Ou tu moins ils l’étaient. Pour Kaëlistravaë et toi, il en était tout autrement. Et pour toi encore moins que pour Kaëlistravaë. À vous qui voyiez la vie certaines choses ne sauraient passer inaperçues. Vous n’étiez pas seuls. De larges créatures vous survolaient. De larges créatures que tes sens plus habitués à ce monde des hauteurs que ne l’étaient ceux de ton épouses reconnaissaient comme des...

- Wyverne !

Un sifflement contre-nature venait de briser l’éternelle mélopée des vents du Handil. Les hennissements de chevaux au bord de la panique venaient de déchirer le tissu symphonique nocturne. Blottie contre la mère qu’elle avait refusé de quitter, Elorëa était tétanisée. Hràvion et Saeledhel, eux, alourdissait le pelage des Caëngal de leurs larmes. La diligence avait été laissée derrière vous. Le camp avait été laissé derrière vous. Votre course vers la vie était entamée, et il n’y avait rien sinon le devenir de vos Frères et Sœurs pour l’arrêter.

- Elnoruì ! ton épouse prend le risque de ralentir, vous voyant toi et Virìn prendre un léger retard sur le reste du convoi Qu’est-ce que tu f…

Un bruit strident vous vrille les tympans, la mort vous frôle, ton sceptre fait un tour entre tes mains, ta partenaire féline plonge vers l’avant, les arcanes explosent en un sombre tonnerre. La créature volante laisse échapper un cri déchirant, alors que la douleur ayant pris possession de son aile la force à abandonner son piqué pour regagner les cieux.

- Protège les enfants ! tu ordonnes, péremptoire Je vous rejoins.

La mâchoire tremblante, Kaëlistravaë capitule. Tête baissée, les yeux au bord des larmes, elle lance son cheval au galop en direction du reste du convoi, sachant très bien cette promesse de celles que l’on fait sans garantie de pouvoir les tenir. Elle aurait voulu te demander de ne pas mourir, de lui promettre de revenir, elle aurait voulu t’y obliger, seulement elle n’en avait pas le pouvoir. Personne ne l’avait. Vos gardes même n’avaient pas cherché à t’en dissuader, tout Aran sois-tu. Les enfants passaient avant tout, et le temps que tu leur gagnerais ne devait surtout pas être gaspillé. Le sacrifice pour sa progéniture n’était de toute façon pas la plus honteuse des morts.

La poigne de la main droite fermement accrochée aux sangles de ta monture, ton sceptre tournant impatiemment entre les doigts de ta gauche, l’éther crépitant autour de toi en attente de l’instant où tu le ferais exploser, tu mesures le poids de la situation. Tu ne peux pas les suivre. Tu ne peux pas te laisser aller à simplement rejoindre le reste du groupe, parce que tu les mettrais en danger, maintenant plus que jamais. L’agressivité des Wyvernes joue en votre faveur. Tu t’es attaqué au faux-dragon. Tu l’as défié. Dès lors, tu es devenu une menace, à elle, mais aussi à sa propre progéniture. La grande femelle était partie en chasse. Elle avait quitté le nid en tant que prédateur, te faisant proie… mais maintenant vous livriez tous les deux exactement le même combat. Vos vies pour celles de vos enfants.

Virìn est agitée, se préparant à bondir à tout moment en réponse à une attaque. Le nez de la fauve hume l’air, tandis que ses oreilles cherchent le moindre bruissement. Toi, tu te laisses guider par les arcanes. Vous sauriez d’où le reptile attaquerait, resterait maintenant à savoir si vous seriez assez prestes pour contrer ses assauts. Peut-être le faux-dragon se posait-elle les mêmes questions, peut-être elle aussi réfléchissait-elle une manière d’aborder cet affrontement, car durant une longue minute elle se contenta de vous jauger depuis les cieux. Hors de portée de sortilèges suffisants à véritablement endommager sa puissante charpente.

Le reptile finit par plonger.

Tu attends, tu attends autant que tu peux. Répétition de la première charge, ton sceptre pointé en direction de la créature se répand en une foudroyante décharge d’arcanes flamboyantes. La créature est déstabilisée une nouvelle fois, tout près du sol, trop près du sol, seulement est bien présomptueux celui s’imaginant duper deux fois d’un même tour l’une de ces bêtes sauvages. L’animal aurait dû chuter, mais plutôt que cela il sera passé outre la douleur, et d’un fulgurant mouvement de queue, aura retrouvé l’équilibre.
La Wyverne te frôle, forçant à Virìn un hâtif bond sur le côté, les griffes de l’animal raclent la pierre, ton sceptre tourne une nouvelle fois entre tes mains, tu cherches à étendre ton pouvoir sur le corps du reptile, des échos arcaniques courent le long de ses épines dorsales, et alors que l’animal entame sa réascension, la dernière écaille de sa queue te gifle la joue, comme te provocant, toi qui n’as pas assez de pouvoir pour maintenir la bête au sol.

En une habile passe d’arme, tu changes ta prise sur ton focaliseur, abandonnant le sceptre pour en faire un ersatz de rapière. Tes yeux se ferment, tu inspires profondément, et tu termines de t’abandonner à la trame. Lorsque la Lune se fait plus discrète que le Flambeau d’Aluthen, lorsqu’aucun éclat sinon celui de Silène ne descend du ciel, alors le regard d’un elfe a vite fait de le trahir. L’éther par contre… l’éther est le plus fidèle des alliés.
Les aurores courent autour de toi. La trame vibre à ton contact, tendue, attendant d’être projetée une nouvelle fois. Vos cœurs à ta monture et à toi s’alignent sur une pulsation commune. Vos sens s’aiguisent et vos corps se rendent alertes à l’excès. La caresse du vent nocturne contre la peau nue de ton torse se fait brûlure glaciale. Les gouttes de sueurs froides s’échappant de tes pores découpent des sillons à travers ta peau. Tu es prêt à accueillir ton adversaire une fois de plus.

Un cri rauque retentit.

Une nouvelle approche du faux-dragon. Virìn s’aligne instinctivement sur sa trajectoire, prête à s’y soustraire au moment opportun. Plus près, plus près… ton sceptre tranche à travers l’air. Les muscles de ton adversaire ne faillissent pas cette fois. Alors Virìn est forcée de bondir. L’animal rase le sol. La chimère que la Caëgal et toi formez planez un instant au-dessus de son aile. Ton sceptre tranche l’air une nouvelle fois. Le reptile pousse vers le bas, prêt à prendre à nouveau de l’altitude. Un sursaut le traverse. Sa carapace écailleuse se fend. Les chairs de son flanc s’ouvrent. La pierre à ses pieds s’empourpre. Mais elle se refuse à s’arrêter. La bête en colère se laisse choir au sol, et avec une serpentine agilité change de direction. Ses pattes la propulsent vers vous plus vite que vous ne l’attendiez. Virìn et toi vous trouvez pris de court. Les serres de la bête sifflent à un cil de ton dos. La wyverne tourne sur elle-même. Tu as pu éviter le battoir, mais pas le fouet.
La queue du reptile claque contre ton épaule, et tu perds l’équilibre. Ton focaliseur où les sangles de ta monture, là est le choix se présentant à toi. Alors tu choisis de choir. Tu inspires, te force à desserrer les mâchoires, et tu te laisses rouler comme un chiffon au sol, attendant le moment opportun pour reprendre pied sans perdre d’élan. Une fauve prise de panique – trop peu habituée aux adversaires réussissant à vous séparer – se rue vers le danger.

- Non !

Quand ton cri retentit, les griffes de la Caëgal sont déjà plantées dans le patagium. Tu ne peux qu’observer impuissant la pulse du mammifère vaciller, alors que les crocs du reptile se referment sur son épaule.

- Assez ! Va !

Un tour, ton sceptre tendu vers l’avant, et le crâne du wyrm est pris d’un électrochoc. Un tour inverse, un tranchant de ton focaliseur en direction du triste spectacle, et les chairs meurtries de la fauve se referment. Virìn fuit, sifflant comme un chat en colère, obéissant avec dépit à ton ordre. Il n’y a plus que toi et le faux-dragon. Plus que vous deux pour livrer duel. Et la bête te voyant ainsi affaibli s’en délecte déjà.
L’animal se rue vers toi sans plus de précautions, ses serres impatientes de te réduire en pièces. Ce sont ses crocs cependant la première arme que tu vois de près, alors que le crâne du monstre est projeté en ta direction. Un passepied habile t’écarte juste assez, et de rougeoyantes arcanes font vibrer la charpente de ton adversaire. Une roulade adroite te permet d’échapper à une patte, et de nouveau, tu fais trembler l’os. La bête se perd encore un peu plus – comme se voulant prouver que cela était possible – à sa furie. Elle jette son crâne vers l’arrière, gonfle son gosier, et t’offrant à nouveau son sourire de mort, déverse en ta direction sa bile acide.
Tu ne recules pas. Au contraire. Ton bras se tend vers l’avant. Ton sceptre plonge dans sa gueule. La trame hurle. Le liquide qui te lèche la peau ne laisse pas derrière lui la moindre égratignure. Seule demeure l’odeur nauséabonde de salive. Tu te retires, prépares ton prochain sortilège, mais ton adversaire est plus agacée que surprise. Une puissante patte s’abat sur ton torse, te projetant violemment contre le sol. Ton souffle est coupé un instant. Tes yeux auraient-ils été ouverts que la douleur t’aurais rendu aussi aveugle que tes oreilles étaient à l’instant sourdes. Mais l’éther… il y avait l’éther. Tu roules péniblement sur le côté, évitant une mortelle seconde frappe. Tu tentes à nouveau de faire s’abattre l’éther sur ton adversaire, seulement à peine es-tu à nouveau sur pied que la queue te trouve.

Tu te laisses faire.

Une douleur vive te scie les nerfs. Le vent souffle à tes oreilles. Tu planes. Quelques mètres à travers les airs. Juste ce dont tu as besoin. Le pied de ton sceptre trouve le sol. Tu te rattrapes avec le peu de dextérité dont ton corps épuisé est toujours capable de faire démonstration. Le reptile te poursuit. Mais tu as le temps cette fois. Tes yeux se rouvrent. Ton focaliseur est tendu en direction de la créature. La pulse de l’animal s’excite. Puis plus rien.

Une détonation fait trembler la montagne.

Une surnaturelle chaleur s’empare du faux-dragon plongeant vers toi. L’animal hurle. L’air claque. Les viscères de la bête sont soudainement faites cendres. L’animal s’effondre sur lui-même en plein milieu de sa course. Non sans te laisser un triste souvenir. Tu l’as détruit, mais tu n’as pas stoppé sa charge à temps. La carcasse fumante s’écrase contre toi, t’emportant dans sa course. Tu danses avec elle le long du flanc de montagne. Tu danses avec elle jusqu’à ce que la montagne interrompe la musique. Tu danses avec elle jusqu’à rencontrer le mur qui te brisera.

La suite dans Tout pour mon époux