[MdO 2022, Solo] Le couple royal | Tout pour mon époux
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Artiön Laergûl
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 719 ans Taille : 2m54 Niveau Magique : Maître.
Sujet: [MdO 2022, Solo] Le couple royal | Tout pour mon époux Mer 21 Avr 2021 - 21:56
2nde ennéade de Verimios 18e année du Onzième Cycle Au petit matin, lendemain de l'affrontement
RP écrit du point de vue de Kaëlistravaë
La course avait été trop effrénée pour que tes larmes ne s’accrochent à tes joues. Chaque fois le vent les avait séchées, et chaque fois que le vent les avait séché, l’angoisse avait fait un pas de plus vers la colère. Tu savais ton époux être un guerrier. Tu savais ton époux prêt à se sacrifier pour les siens, sa famille en particulier. Tu t’attendais – sans vouloir te l’avouer – à ce que sa fin vienne de cette manière, mais tu n’attendais pas sa fin si tôt. Trop tôt, beaucoup trop tôt. Maintenant n’était pas l’heure de le voir partir. Pas alors que votre famille venait de s’agrandir. Pas alors que vos trois enfants pouvaient enfin toucher du doigt l’idée de passer du temps avec leur père. Pas alors qu’enfin, votre vie semblait commencer.
Tu en as voulu à L’Aînée
Elle ne pouvait pas t’infliger cela. Elle ne pouvait pas permettre que tout cela arrive. I Ëmel aurait dû s’interposer. Elle aurait dû vous sauvegarder. Ton époux s’était tant donné. Ton époux avait tant essayé. Et en retour, les dieux semblaient vous avoir tant promis. Pourquoi tout vous retirer maintenant ? Et pourquoi si soudainement ? Ton cœur habituellement si patient saignait, ton visage habituellement si doux se contorsionnait en de rageuses grimaces, tu étais à la fois désespérée et désespérément accrochée à tes derniers espoirs. Cette fin ne ferait pas de sens. Alors cette fin ne pourrait en être une. Il y avait une épreuve, une épreuve odieuse, mais une épreuve tout de même.
Arrivée en catastrophe en l’enceinte de la Cité de Daranovar, tu avais refusé le repos. Tu ne l’aurais de toute façon jamais trouvé. À peine arrivée, à peine sachant tes enfants en sécurité, que tu n’avais désiré qu’une chose : repartir. Repartir à sa recherche. Sauver celui qui dans ton imaginaire refusant de donner une conclusion à l’affrontement que tu avais vu se construire était toujours au combat. Les dernières forces de ta monture, tu les lui avais donc arrachées à le faire galoper à travers la Cité, en direction de l’endroit où tu savais pouvoir trouver de l’aide. La seconde demeure de celui que tu aimes : la caserne Daranovane.
- Mon mari, il… tes lèvres tremblent un instant, avant que tu ne te ressaisisses Notre convoi a été attaqué par une wyverne, mon mari est resté en arrière pour nous donner le temps de fuir. J’ai besoin d’aide pour retourner le chercher.
Des sourcils se soulèvent, des soldats se dressent en sursaut, une tension s’installe au sein des lieux, et instinctivement, les mains se portent aux armes. Naturellement, des rangs se forment, des groupes se constituent, sans jamais que les regards ne se détachent de toi. La machine qu’est l’armée Daranovane déjà sans le moindre ordre, sinon l’appel à l’aide de Rîn Berith se mettait en branle. Et l’engrenage ne ferait que se mouvoir de plus belle une fois Forvenion en sécurité avec les enfants du couple royal, et les gardes du convoi revenus à la caserne.
- Il nous faut trois groupes de féliniers. Archers prioritaires. l’un des gardes, à bout de souffle, annonce après une entrée fracassante Nous partons en battue à la recherche de l’Aran.
Les petits contingents formés face à toi se cristallisent, et au pas de course les elfes s’en vont pour les uns en direction des armureries, pour les autres en direction des écuries. Quant à toi… tu comprenais mieux. Tu comprenais à leur attitude, à leurs regards, à ce qui semblait une profonde dévotion, les raisons pour lesquelles ton époux et tant d’autres avaient choisi la voie des armes. Il y avait quelque chose de plus puissant que tu ne l’aurais imaginé dans le fait de se sentir adoptée – comme faisant partie de la famille – par des elfes dont tu ne savais rien. Pour la première fois depuis de trop longues heures, tu trouvais un peu de réconfort.
2nde ennéade de Verimios 18e année du Onzième Cycle Alentours de Wirskeinfyl Fin de matinée
Le son tonitruant d’une corne de brume se réverbère à travers les formations rocheuses. Les vibrisses des fauves disséminés à travers le territoire Wirsk frémissent, et les épaules des féliniers se penchent en direction de la source sonore.
Ils l’ont trouvé.
Ton cœur bat la chamade. Un triste sourire se dessine sur tes lèvres. L’espoir renaît. L’espoir renaissant, la déchirante appréhension de le voir brisé te prend à nouveau les tripes. Mais luttant contre la fatigue, combattant les peines, tu t’accroches un peu plus fort au soldat avec qui tu partages ta monture. Au moins ils l’avaient trouvé. La pire chose qu’il pourrait t’arriver maintenant serait d’avoir à faire le deuil d’un époux. Mais au moins, ton deuil, si tu devais le faire, tu pourrais le faire face à un visage. Ton cœur bat la chamade, mais ta respiration est extrêmement lente. Tu soupèses chaque pas de ton destrier, partagée entre l’envie de le voir à jamais s’arrêter et celle de le voir se perdre en un vertigineux galop. Voulais-tu que tout soit fini, ou voulais-tu que rien n’ait à commencer ? Tu ne le savais pas. Tu ne le savais plus, alors tu te contentais de subir le moment, les larmes menaçant des paupières, alors que chaque seconde, de nouveaux soldats apparaissaient dans ton champs de vision, que chaque seconde, le lieu vers lequel vous convergiez devenait plus évident, que le futur devenait un peu plus inévitable.
Une carcasse fumante et difforme. Une exuvie débarrassée de ses entrailles. Le derme transformé en une écœurante bouillie, l’épiderme noirci par un feu venu de l’intérieur. Le regard vide, pour la simple et bonne raison qu’il n’était plus sur ce crâne calciné que d’obscures orbites… ce qui fut autrefois une majestueuse créature n’en menait pas large.
- Tu es fier de toi ?
Tu sautes de ta monture, le visage crispé en un sourire forcé. Ton regard peine à se poser sur ce qu’il y a quelques instants encore, tu cherchais. Ce corps brisé est ta pire crainte devenue vérité. Cet elfe plié en à en avoir le crâne frôlant les talons, le visage baignant dans sa bile et son sang t’était une véritable vision de cauchemar. Hier encore, ces bras tordus en une grotesque posture t’enlaçaient tendrement. Hier encore, tes doigts glissaient contre la peau d’un torse exempt des ecchymoses qui maintenant le couvraient. Hier encore tes doigts s’enlaçaient autour de ceux qui même au seuil de la mort se refusaient à lâcher le bout de métal qui pour un temps les en avait préservé. Hier encore tu profitais de son souffle dans ton cou…
- Il respire ! tu hurles et hoquètes au même moment, manquant de t’étrangler Ne le touchez pas !
Tu arrêtes les soldats descendus de leur monture à peine ont-ils fait un pas en la direction du blessé. Se battre pour sauvegarder la forêt est leur mission. Sauvegarder ceux qui se battent pour la forêt est la tienne. Ta main se porte à ton pendentif, tu inspires, et d’un œil nouveau tu inspectes le triste spectacle. Comment faire ? Comment faire.
- Un seul faux mouvement et c'est fini. tu les maintiens en retrait, mais toi tu t’avances, t’accroupis face à lui, et susurres Pas question que je te perde.
Les couleurs de la vie ne l’ont pas quitté. Et si lentement elles pâlissent, qui d’autre que toi, peintre d’exception, pour leur rendre leur éclat ?
- Laissez-moi m’en occuper. Au moins le temps de le stabiliser.
En as-tu seulement le pouvoir ? Tu veux le croire. L’Œuvre s’est déjà bien assez jouée de vous. Que la vie échappe à celui que tu aimes maintenant serait l’insulte de trop. Alors tu mets la peur de côté, tu mets les doutes de côté, tu mets la tristesse de côté, et tu te contentes d'espérer, de prier, de croire, et tu te laisses aller aux flux.
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Sujet: Re: [MdO 2022, Solo] Le couple royal | Tout pour mon époux Ven 23 Avr 2021 - 3:48
3e ennéade de Verimios 18e année du Onzième Cycle Alentours de Wirskeinfyl Début de soirée
Voilà quelques jours que tu étais à son chevet. Autour de vous, le camp s’était lentement installé et fourni en soldats. Aucun d’entre vous ne savait combien de temps il vous faudrait rester ici, mais aucun d’entre vous ne s’en préoccupais. Du moins, tu espérais qu’aucun d’entre vous ne s’en préoccupe, car tu t’en préoccupais beaucoup trop. Qu’il y ait le moindre espoir pour lui, et tu aurais dévoué ta vie entière à ses soins… si seulement il n’y avait pas eu vos enfants. Plusieurs jours déjà que Hràvion et Saeledhel avaient été privés du sein maternel. Plusieurs jours déjà qu’Elorëa se trouvait forcée de se passer de ta voix avant l’heure du coucher. Et ton époux était à peine assez solide pour que vous puissiez vous autoriser à forcer de la bouillie entre ses lèvres. Mais tu avançais. Tu avais dû prendre des risques. Mais tu avançais.
L’os était trop solide. Déplacer l’os dans ces conditions était trop risqué. Trop d’organes abîmés à deux doigts de la rupture. Trop de tissus lésés risquant de douloureuses brûlures internes. Et si le corps devait plus lutter, alors c’était la fin. Il s’était éteint pour s’épargner la douleur. Pour conserver son énergie. Mais il était à bout. Alors la première chose que tu avais faite avait été d’alléger le poids qu’il portait. Avec précaution, tu avais rendu aux tissus les moins touchés un peu de leur superbe. Tu avais aidé la peau à cicatriser, les viscères à se reconstituer, et renoué quelques-uns des tissus musculaires déchirés. Le problème maintenant était la gestion de tous ces os brisés. De toutes ces échardes perdues au beau milieu des chairs, et de toutes ces cassures trop nettes, et trop horribles pour être simplement remises et plâtrées. Sans parler des difformités osseuses que pourraient entraîner une soudure à partir d’os durs.
Alors tu avais eu une idée folle.
Si reconstitution à partir de ce qui se trouvait face à toi était presque impensable, tu connaissais une manière de permettre au corps de faire le travail lui-même : en détruisant plutôt qu’en construisant. D’abord, tu avais soutenu le corps dans l’élimination de ce qui était devenu des corps étrangers. Aidé des médecins de la milice, tu avais arraché et détruit – de tes doigts comme de l’éther – un nombre incalculable d’échardes. Ensuite, tu t’étais attaquée au squelette. C’est un titanesque chantier que tu avais entrepris, car le tour de force qu’il t’était venu l’idée de réaliser n’avait rien de conventionnel : il te fallait rajeunir le squelette. Inverser le processus de vieillissement et ramener l’os à son stade juvénile, celui durant lequel il est plus souple, plus malléable, et profiter de cet état de fait non seulement pour redresser la carcasse endormie en prenant moins de risques, mais aussi pour faciliter la régénération naturelle du tissu osseux.
Là avait été la tâche la plus longue, et celle durant laquelle médecins et alchimistes s’étaient trouvés les plus sollicités par tes soins. Là avait aussi été la tâche la plus épuisante pour toi, car ce durant ce grand-œuvre, tu t’étais accordé bien peu de temps de repos. La pensée de tes enfants restés à Daranovar attendant leurs parents t’avait poussé à te pousser dans tes retranchements. Et la chose n’était pas désagréable. Depuis quand n’avais-tu pas poussé ton Art à bout ? Depuis quand n’avais-tu pas été forcée d’explorer les mécanismes d’un corps plus loin que ne l’entendent les conventions ? Depuis quand ne t’étais-tu plus faite pleinement théoricienne ? Depuis quand ne t’étais-tu pas trouvée forcée d’excéder l’excellence ?
- On devrait pouvoir le déplacer sans risques maintenant.
On devrait, et l’on put. Et tu étais heureuse. Heureuse qu’il soit en vie. De pouvoir affirmer qu’il se réveillerait bientôt. Heureuse oui, mais terrifiée, car pour la première fois dans ta vie, tu avais vraiment vu en face la mort de ton aimé. Et jamais, plus jamais, tu ne veux avoir à vivre cela encore une fois.
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Sujet: Re: [MdO 2022, Solo] Le couple royal | Tout pour mon époux Sam 24 Avr 2021 - 2:43
Milieu de la 3e ennéade de Verimios 18e année du Onzième Cycle Engyl Sain
- Tu es sûre de toi ?
- Sûre et certaine.
- Pardonne-moi si tu trouves la question indiscrète, mais ce n’est pas exactement pour ça que vous vous étiez disputés il y a quelques années ?
- Si. tu baisses la tête, et soupires Artiön te l’a raconté j’imagine.
- Oui.
- Qu’est-ce qu’il t’a dit ?
- Que tu n’aimais pas le voir s’infliger ça alors que tu étais là pour l’aider. Maltlìn t’impose un regard à la fois pensif et plein d’affection Qu’est-ce qui a changé ?
- Eux.
Son corps aurait dû être assez fort pour, mais ton époux n’avait pas quitté son sommeil. Et la chose t’inquiétait profondément. Assez profondément pour que tu aies choisi de l’amener ici plutôt que de le garder à l’un des dispensaires de la Cité des Armes.
Ton regard glisse vers l’arrière, et c’est la même vision depuis des jours. Elorëa qui s’entête à raconter ses journées à son père, posant ses petites mains dans la sienne dans l’espoir qu’elle se referme pour la réconforter. Hràvion et Saeledhel qui babillaient, inquiets, blottis contre un elfe qui ne pouvait pas les étreindre, quand il était habituellement si prompt à le faire même lorsqu’ils n’étaient pas d’humeur aux démonstrations d’affection. Quelques jours. Une poussière au milieu de siècles de vie passés pour toi, futur pour eux. Quelques jours pourtant beaucoup trop longs pour les fragiles créatures qu’étaient tes enfants. Et quelques jours qui les hanteraient pour les siècles à venir si rien n’était fait. Alors pourquoi se priver d’agir lorsque l’on en avait le pouvoir ?
Les méthodes conventionnelles avaient prouvé leurs limites. Les onguents, les huiles, les potions, les tisanes, les aromates de la médecine traditionnelle s’étaient prouvés impuissants. Même la magie peinait. Mais la magie était la seule raison pour laquelle il était encore en vie. Alors tu avais choisi de suivre cette voie jusqu’au bout. Ici à l’Engyl Sain, la magie se voyait apposer bien moins de limites qu’ailleurs. Ici à l’Engyl Sain, la guerre n’était pas un tabou, l’expérimentation encouragée, et les limites de l’éthique plus floues. Ici l’esprit de Lanthaloran revivait, et avec lui naissaient de potentielles solution à tous les problèmes que tu étais convaincue avoir. Pour peu que tu sois prête à en assumer les conséquences.
- Fais attention, les réponses de son corps ont tendance à être un peu…
- Extrêmes ? la main posée contre le torse de ton époux, redirigeant les énergies au sein de son organisme, il te restait tout de même assez d’énergie pour exprimer ton agacement Je sais. Je ne l’ai peut-être pas connu enfant, mais je te rappelle que j’ai porté ses enfants.
- Bien, bien, j’ai compris…
Maltlin se recule d’un pas, et tu reprends ton œuvre de plus belle. Ta réponse a beau avoir été sèche, tu comprends les inquiétudes de l’élémentaliste. Le développement de l’elfe face à toi avait été pour le moins particulier. Le corps de ton époux avait répondu d’une manière tout à fait singulière aux changements de l’adolescence. Et pour lui, tout cela avait été plus long, et plus intense que pour la grande majorité. Alors maintenant que tu recréais ces conditions, espérant que la décharge hormonale qui l’a construite soit suffisante à le reconstruire, bien sûr que tu t’inquiétais. Tu ne l’as pas connu enfant, et même si tu t’en défends, tu sais que c’est là un problème dans ton entreprise, car les mêmes mécanismes mis en place par le corps pour se régénérer ont vite fait de le dévorer de l’intérieur. Une erreur de jugement de ta part, et plutôt que de permettre à son squelette et à ses chairs de correctement retrouver leur densité initiale, cette nouvelle charge anabolisante pourrait venir à bout de son cœur.
- Tiens. un médecin te tend une fiole contenant un liquide peu ragoûtant Ce n’est pas très appétissant, mais ça aidera à réguler la réossification. il souffle du nez Ce n’est pas comme si le goût allait le déranger de toute façon.
- Quelle chance…
- Ne t’inquiètes pas. une main étonnamment rassurante se pose sur ton épaule Il est stable. Ton travail semble porter ses fruits. Ce n’est plus qu’une question de laisser le temps faire les choses.
- J’espère. tu administrais un antidote de plus au « malade » J’espère…
- Je te le promets.
Laisser faire le temps au temps… mais pour combien de temps exactement ? Parlait-on d’heures ? De jours ? D’ennéades ? D’années ? Tu arrivais déjà à bout. De même pour vos enfants. Au point de te demander si lui n’avait pas finalement décidé qu’il était temps pour lui de mourir. Parce qu’il était stable, et que son intégrité physique n’était pas loin d’être restituée… dans quel genre de cauchemars pouvait-il donc bien être piégé ?
- Maltlin ?
- J’arrive.
L’élémentaliste et quelques-uns de ses collègues t’aideraient à porter le corps jusqu’à la salle d’eau. Là tu t’occuperais de le laver. Et ainsi se terminerait ta journée. Une de plus. Une parmi combien ?