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| Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] | |
| | Auteur | Message |
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Zofia Marger
Humain
Nombre de messages : 261 Âge : 34 Date d'inscription : 21/08/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 30 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Mer 5 Mai 2021 - 20:06 | |
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Panahos de la 5e ennéade Verimios, premier mois d'été An 18 du XIe Cycle Zofia pose son amulette près de l’endroit où se trouvent les poumons du jeune enfant pour écouter sa respiration. Assis sur les genoux de sa mère, le rire de ce dernier résonne doucement, alors que le métal touche sa peau nue. Les yeux fermés et concentrée, la prêtresse ne peut s’empêcher de sourire, pendant que la jeune mère tente de calmer un peu son enfant, pendant que la guérisseuse ausculte le petit avec son don. Si celui-ci rit malgré sa fièvre, c’est tout de même bon signe et cela soulage Zofia. Bientôt, le petit est tout de même pris d’une quinte de toux creuse, qui arrache un froncement de sourcil à la prêtresse. Lorsqu’il est plus calme, elle décèle aussi une respiration plus sifflante et plutôt inquiétante. Elle sait ce qu’elle doit faire et c’est pourquoi elle rouvre les yeux et croit bon d’expliquer la suite. Elle sourit donc au petit, essayant de se faire la plus rassurante possible, car ce ne serait pas le premier qui pleurait parce qu’il a peur : -Je vais maintenant utiliser mon don. Tu sentiras de la chaleur. Comme si tu étais sous une couverture, bien au chaud. Peut-être aussi un petit picotement qui peut te chatouiller. Comme ça, dit-elle en lui chatouillant brièvement le ventre de ses doigts, arrachant un autre rire bref à l’enfant visiblement détendu. Elle échange un regard avec la mère, qui semble rassurée elle aussi et reporte son attention sur le petit. Tu peux rester dans les bras de ta mère. Ce ne sera pas bien long.La prêtresse se concentre donc et procède. Elle s’occupe de cette toux creuse et inquiétante, en soignant les poumons légèrement endommagés, tout en s’assurant du confort maximal de l’enfant qu’elle traite. Une bonne chose, puisqu’il s’agite un peu dans les bras de sa mère. Les minutes s’écoulent et Zofia finit par rouvrir les yeux, prête à donner un sirop pour la gorge héritée du petit et sa fièvre. La mère remercie chaudement la prêtresse, rappelant à Zofia pourquoi elle adore soigner ainsi les gens, peu importe leur statut. Cette dernière veut d’ailleurs lui donner des pièces pour les soins et le sirop, mais la prêtresse s’empresse de refuser, lui suggérant plutôt de faire cette donation au temple si elle le souhaite. Elle les laisse partir, pendant que la jeune mère la noie de remerciements à nouveau. Elle ne doute pas de toute l’inquiétude qu’elle a dû vivre et ne peut s’empêcher de poser sa main sur son ventre encore plat, mais portant la vie. ______ C’est maintenant la fin de l’après-midi lorsque la prêtresse termine ses soins au temple et qu’elle a pu aller faire ses courses personnelles. Elle ne manque pas de travail depuis que son supérieur l’a muté à Langehack, mais elle a aussi son mariage à préparer et des robes qu’elle doit aller chercher. Elle s’est d’ailleurs rendu compte chez le couturier, qu’elle devra sans doute lui demander de refaire quelques mensurations pour celle qu’elle a choisi de porter pour Diantra. Pas maintenant...Elle n’est pas supposée être enceinte en ce moment. Cette pensée lui a d’ailleurs arraché des rougeurs violentes aux joues, mais a tout de même payé le couturier sans lui demander de les refaire. Elle en a plutôt profité pour regarder avec lui les modèles pour sa future robe de mariée. Ayant terminé ses courses et les mains pleines des deux grandes boîtes contenant ses robes, la prêtresse tente donc de se frayer un chemin parmi la foule, qui se masse maintenant dans les rues des couturiers et des marchands de tissus. Oh ! Elle a complètement oublié que c’est leur festival aujourd’hui ! Un peu déboussolée vu la foule et parce qu’elle doit encore se familiariser avec Langehack, elle suit quand même la rue principale en sens inverse pour pouvoir retourner au temple, zieutant quand même les environs. Trop concentrée à balayer les étalages des yeux, elle ne voit pas l’individu près d’elle et le percute sans le faire exprès. Elle s’excuse et ce dernier s’empresse de faire de même, l’aidant à reprendre les boîtes de ses robes. Par chance, le couturier avait pris la peine de sceller les couvercles avec de la corde, évitant qu’elles ne s'étalent sur le sol et qu’elles se salissent. Elle le remercie une dernière fois et, prête à reprendre sa route, elle se rend compte un peu trop tard qu’elle n’a plus sa bourse. Ah non ! Pas maintenant ! Elle a absolument besoin de ces pièces ! Elle zieute frénétiquement la foule des yeux et lorsqu’elle reconnaît l’individu, elle hausse la voix : -Vous ! Arrêtez ! Rendez-moi ma bourse ! Elle court vers lui du mieux qu’elle le peut, mais ce dernier déguerpit vers une ruelle, arrachant un soupir découragé à la prêtresse qui sent sa gorge se serrer.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Mer 5 Mai 2021 - 23:20 | |
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La foule, le bruit, les odeurs et la musique ! Cette ambiance typique du Sud, une ambiance si vive, si gaie, si joyeuse, tout cela lui avait manqué. Il y a des fêtes dans le Nord également, des fêtes remarquables bien évidemment, des célébrations que Louise apprécie beaucoup mais elle aime tellement ce charme qui se dégage des rues et ruelles du Sud, les couleurs, les sons et les ambiances dispersant la bonne humeur ! On peut bien dire ce qu’on veut du Sud depuis les sévères fiefs du Nord, il n’en demeure pas moins qu’ici on sait s’amuser. Loin de Fernel, loin de tout ce qui constitue sa vie de seigneur, loin de presque toutes les contraintes et les soucis qui jalonnent son existence, Louise revit. Elle resplendit, même. Pour toute sa suite, c’est une réelle évidence que se contente de stoïquement observer son maître d’armes, le digne Enguerrand. Ce n’est pas une nouveauté pour lui. Il a déjà parcouru le monde avec elle, depuis le Zagazorn jusqu’à Thaar, donc il sait très bien que sa Dame vit, en ces heureux jours langecins, quelques unes des meilleures heures d’une vie de devoirs placée entre parenthèses. Par contre, si ce spectacle est familier au maître d’armes, il n’en va pas de même pour le capitaine de sa garde, Aymeric. L’ombrageux fernelois ne se rappelle plus tant la dernière fois où il a pu voir ce sourire et cet éclat dans son regard. Peut-être bien jamais. Quoiqu’il en soit, il reste à ses côtés, aussi souvent que cela est possible bien entendu, surtout dans la foule qu’ils sont en train de fendre en ce moment. - Ma Dame, pensez-vous qu’il soit sage de…, ose-t-il demander alors qu’elle est en train de toucher à tous les tissus d’un marchand, plongeant dans un ravissement qui semble sans borne. - Aymeric, par tous les Dieux, détendez-vous. Je sais que c’est la première fois que vous vous rendez aussi loin dans le Sud, je le sais bien…Vous gâchez mon plaisir avec vos sombres sourcils froncés en V.
Enguerrand, juste derrière, retient un rire habilement dissimulé par une toux et un rapide mouvement de la tête pour éviter le regard courroucé du capitaine. Louise, elle, observe les deux hommes de son regard luisant, les joues roses, le teint frais, les cheveux soigneusement coiffés et tressés serrés sous ce cercle de métal qu’elle arbore souvent, une pièce d’étoffe à la main. - On ne trouve pas pareilles étoffes dans le Nord, Messieurs. Et je compte faire bonne impression à Diantra. Cela implique également…
Elle les regarde tous les deux de leurs têtes à leurs pieds et inversement : - …de faire confectionner de nouveaux accessoires pour vous deux qui m’accompagnerez en tous temps. Vos tenues du mariage du roi Harald ont quelque peu souffert lors de ces trois jours de banquet…
Louise coule un regard moqueur vers Enguerrand. S’il y a bien un homme qui a profité de ces banquets, c’est lui. Cela lui a pris des jours entiers pour s’en remettre mais il en parle avec enthousiasme, même si les velours, les cuirs et les galons de sa tenue ont malheureusement et irrémédiablement été souillés par toutes sortes d’excès de boissons et de nourriture grasse. Le maître d’armes ne dit rien, il regarde ailleurs et semble soudain très vivement attiré par un mouvement dans la foule. Une femme vient de heurter un homme, il y a un peu de flottement, un petit attroupement, rien de grave. Louise, elle, est en train de négocier, elle ne se rend compte de rien. - Vous ferez portez ça à l’auberge du C…
- -Vous ! Arrêtez ! Rendez-moi ma bourse !Louise redresse la tête. Un homme un peu plus grand qu’elle passe à toute vitesse à ses côtés, elle voit ensuite la femme qui tente de courir avec de gros paquets dans les mains. Un mouvement de la tête vers la ruelle dans laquelle vient de s’engouffrer l’homme…Elle a compris. La vision de cette femme un peu dépeignée, aux bras chargés, qui vient de faire subtiliser ses pièces, tout cela lui fait froncer les sourcils. - Aymeric…Portez secours à cette femme, voulez-vous ? Je voudrais terminer ma transaction avec le marchand.
Le Capitaine s’incline donc et s’approche de l’inconnue en présentant ses respects puis en lui demandant si elle a besoin d’assistance. Louise, elle, attend. Aymeric est à quelques pas. Enguerrand, les bras croisés, vient de porter toute son attention sur la nouvelle venue, tournant le dos à sa Dame, juste un instant. Et c’est précisément ce qu’attendait Louise. La châtelaine croisera un instant le regard de Zofia avant de relever le petit voile qui cache le bas de son visage. Cela ne durera qu’un instant mais Louise a disparu. Le marchand lui-même parle dans le vide s’adressant à Enguerrand sans que ce dernier ne comprenne immédiatement pourquoi jusqu’à ce qu’il remarque l’absence de la châtelaine, décroisant les bras, en alerte, très inquiet soudain. - Dame Louise ?!?
Dans la ruelle, un homme content est en train de faire sauter dans sa main une petite bourse contenant des pièces. Il n’a pas perdu sa journée, le bougre. Avec un tel événement, ce ne sont pas les proies faciles qui manquent alors quand il a vu cette femme tout empêtrée avec ses cartons trop grands… - Joli pactole. Tu partages ?
Elle est là, à trois pas de lui, la tête couverte par sa capuche légère, le bas du visage caché par ce petit voile qui empêche le soleil de trop hâler son teint. Sur ses épaules, une cape de tissu léger descendant jusqu’à ses genoux. Des genoux couverts de braies simples ornées de bottes souples, celles qu’elle porte en voyage. Une chemise de lin crème, un justaucorps de cuir simple, une ceinture supportant une dague venant de par-delà la mer et dissimulée par la cape…Seule sa voix trahit sa condition de femme, ce que ne manque pas de remarquer le voleur qui accroche la petite bourse à sa ceinture avant de sourire, un affreux rictus dévoilant des dents noires et jaunes. - C’est pas prudent de s’promener toute seule dans les ruelles…
Louise le sait, oui. Elle le sait très bien. Pourtant, elle ne bouge pas. Pas même quand le gredin s’abaissera pour sortir une petite lame abîmée de sa vieille botte mal lacée pour la faire jouer sous le regard de la châtelaine. Elle a l’air si petite, si menue et si fragile comme ça, Louise…Le gredin approche, la châtelaine esquisse un sourire sous son voile, un éclat intense luisant dans son regard. Il est un peu plus grand qu’elle, maigre aux muscles secs, probablement un pauvre type qui ne mange pas tous les jours. Il tient mal son couteau, le pouce le long de la lame, ce que ne manque pas de relever la châtelaine qui se déplace lentement à présent, en miroir. - Donne ta bourse, fais pas d’histoire…
Qu’est-ce qu’elle veut celle-là ? Pourquoi elle s’enfuit pas en courant comme les autres, hein ? D’habitude, elles font moins les bravaches face à une lame et un homme. Pas celle-ci, tiens. Tant pis pour elle. Assez maladroitement, il avance la lame haut levée, l’autre main tenue vers elle. Au moment où il tente de l’attraper, Louise fait souplement un pas de côté, ce qui le déstabilise tant il était persuadé de l’effrayer et d’atteindre son but, mais cela ne le déstabilise probablement pas autant que le coup de pied qu’il reçoit dans le creux de son genoux droit. Elle est vive, rapide et brutale, il est à genoux et il a lâché sa lame qui tombe au sol dans un bruit métallique qui résonne le long des murs de pierre. Il n’a pas le temps de tendre la main que déjà une lame particulièrement effilée et tranchante se plaque sur sa gorge tandis qu’il lève les mains. - DAME LOUISE !!!!
Enguerrand accourt, suivi d’Aymeric et de la dame aux boites encombrantes. Louise, elle, garde un genou contre le dos du gredin, la lame sur sa gorge, son autre main fermée en un poing prêt à s’abattre sur l’oreille du voleur, dans une technique de déstabilisation apprise par son autre maître, bien plus obscur celui-là. Elle ne relève pas la tête à l’arrivée des trois autres, fascinée par ce qu’elle voit, par ce qu’elle fait et par ce qu’elle vit là de suite. La situation est tendue mais son cœur bat lentement, elle est même calme, bien plus calme que d’ordinaire. - Dame Louise, je vous en conjure, lâchez-le ! Reculez !
Elle inspire profondément, puis libère le voleur de son emprise, avant de faire un pas puis un second en arrière. Aymeric et Enguerrand s’emparent du drôle qui crache au sol, aux pieds de Louise qui demeure imperturbable. Maintenu par deux hommes bien plus fort que lui, il ne peut plus rien faire. La châtelaine, elle, approche tranquillement, regarde la gorge du gredin sur laquelle roule une goutte de sang puis arrache d’un geste sec la bourse précédemment accrochée à sa ceinture. Un sourire puis elle fait sauter la bourse dans sa main, comme il l’avait fait un peu plus tôt. - Tu vois que tu aurais du partager…
Alors la châtelaine se tourne vers Zofia et lui rend la bourse. - C’est à vous je crois.
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| | | Zofia Marger
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Jeu 6 Mai 2021 - 1:59 | |
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Zofia sent la colère commencer à poindre en elle, la faisant accélérer le pas, l’air visiblement agacé ; comment ose-t-il lui prendre l’argent de sa robe de mariage ?! Un individu l’intercepte toutefois, l’arrêtant dans sa course pour lui offrir son aide. Le cœur encore battant, elle se tourne vers ce dernier : armé, plutôt grand, c’est surtout son accent qui la surprend et qui confirme sa provenance. Un Nordien si loin de chez lui ? Cela lui fait fort étrange d’écouter ces intonations qu’elle a pourtant eu l’habitude d’entendre durant les dernières ennéades de Barkios.
-C’est très gentil de votre part, lance-t-elle. Un voleur m’a en effet pris ma bourse.
Elle croise d’ailleurs le regard d’une jeune femme, qui disparaît sans plus attendre, soutirant une expression de surprise à Zofia. Encore un peu essoufflée et visiblement déroutée, la prêtresse reporte son attention sur l’homme armée et pointe du doigt une des ruelles dans laquelle le brigand s’est enfui, espérant qu’il ne se soit pas rendu trop loin et qu’ils puissent le rattraper. Elle s’apprête à partir dans cette direction lorsqu’un autre homme s’exclame d’un accent semblable à celui de son sauveur. Dame Louise ? Est-ce cette jeune femme qui vient tout juste de disparaître ? Elle prend une des boîtes pour la coincer en dessous de son bras pendant qu’un des hommes lâche un discret juron. Un des deux détale en direction de la ruelle, alors que l’autre le suit. La prêtresse ne peut que faire de même, encore plus perdu, mais désireuse de retrouver sa bourse coûte que coûte.
Le spectacle qui s’offre à ses yeux la surprend, mais la prêtresse ne peut s’empêcher d’afficher un sourire discret, alors qu’un des hommes armé somme Dame Louise de le lâcher immédiatement. Elle voit d’ailleurs un peu de sang perler sur le coup du brigand, rouge de honte maintenant qu’il essuie une cuisante défaite aux mains de cette petite femme portant la braie. Zofia perd toutefois un peu de son sourire lorsqu’elle remarque le poing levé de la Dame, comme si elle allait le frapper. L’intervention de son compagnon a tôt fait de la dissuader et elle finit par se relever, soupirant et lançant sa bourse d’une main agile pour la rattraper. Elle la lui tend et Zofia la reprend, à la fois troublée et fascinée par cette Dame qui sait visiblement se défendre. La prêtresse se débrouille bien à la lame et connaît quelques techniques d’autodéfense, mais il est très rare qu’elle croise une autre femme sachant faire de même. Elle coince la deuxième boîte sous son bras libre pour prendre sa bourse :
-Merci à vous, Dame Louise, lance-t-elle, ayant retrouvé son sourire amical habituel.
Elle cherche un instant comment elle pourrait bien l’accrocher à sa ceinture les mains ainsi pleines et soupire. Elle pose finalement ses boîtes sur le sol, espérant que le carton ne soit pas imbibé de boue, et décide plutôt de mettre sa bourse dans une de ses pochettes de cuir accrochées à sa ceinture, là où se trouvent habituellement ses herbes médicinales. Elle reprend les boîtes et perd de son sourire dès qu’elle fixe le brigand, maintenu par les deux compagnons bien bâtit de la Dame.
-Quant à vous, je pourrais très bien alerter des gardes, qui n’hésiteront sans doute pas à vous trancher une main pour votre crime. Seulement, je ne suis pas friande de ce genre de barbarie. Comme notre Mère à tous, je préfère le pardon et c’est pourquoi je ne ferai rien de tout cela et vous laisserai partir.
La prêtresse n’a point haussé le ton. Au contraire, sa douceur naturelle est revenue au galop. Cependant, tous ici pourront sans doute discerner un ton fort désapprobateur dans sa voix.
-Si vous volez parce que vous avez trop faim, cessez donc d’embêter les gens tentant de vivre leur vie honnêtement et venez plutôt au temple de Néera. Nous vous donnerons de quoi vous sustenter quelque temps.
Elle porte certes les couleurs de Néera, mais ses robes, un peu vieillies par ses nombreux voyages et pèlerinages, portent parfois à confusion pour les yeux non-experts. Beaucoup de religieuses comme elle ne parcourt pas autant les routes comme elle à l’habitude de faire et a remarqué depuis longtemps que son accoutrement n’est pas tout à fait comme celui de ses comparses néerites.
-Et vous devriez préparer des cataplasmes à base de feuilles de centella asiatica. Cela aidera votre coupure à se guérir, ne peut-elle s’empêcher d’ajouter.
Réflexe de guérisseuse...
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Jeu 6 Mai 2021 - 15:17 | |
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L’inconnue n’est pas la seule à discrètement sourire. Enguerrand regarde avec attention la châtelaine et l’homme qu’elle maintient dans le plus grand calme.
De loin, elle ne ressemble guère à une Dame, c’est certain. Elle n’en a pas le comportement digne et onctueux, elle est vive, rapide, violente dans ses attaques et il le sait parce que c’est avec lui qu’elle combat, aussi souvent que possible et cela depuis bien des mois. Cependant, c’est la première fois qu’elle fait montre de ses talents publiquement, des talents qui sont volontairement demeurés cachés sous le boisseau pour ne pas heurter les sensibilités péninsulaires. Une précaution parfaitement ridicule, selon la logique de la châtelaine, qui sait très bien que le danger peut venir de partout et surtout de là où on s’y attend le moins. Si elle est d’une rare élégance et toujours impeccablement courtoise en compagnie de ses pairs, il n’en est pas toujours de même dans son privé. Et Aymeric, lui, découvre une nouvelle facette de sa Dame, les yeux écarquillés oscillant entre la châtelaine et Enguerrand, tous deux maintenant désormais le voleur sans qu’il ne cherche à se débattre. Il a bien compris qu’il ne ferait de toute façon pas le poids.
Louise observe la lame tâchée de sang, pensive, avant de la suspendre à nouveau à sa ceinture. Pour elle aussi, le choc est là, bien présent. Elle s’est rappelé ses leçons, surtout les plus rudes qui lui ont valu de camoufler les bleus et les blessures, et est parvenue à maîtriser le malandrin assez facilement. Pourtant, elle n’en tire aucune satisfaction personnelle ou aucun orgueil particulier. Elle a fait ce qu’elle devait faire parce qu’elle se savait parfaitement capable de le faire. Pourtant, il y a cette voix dans son esprit, cette sensation en son ventre, qui se rappellent toutes deux à elle. Une petite voix qui persifle à son oreille…Elle regarde son poing serré et plisse les lèvres.
S’ils n’étaient pas tous trois arrivés à ce moment-là, elle aurait abattu son poing sur l’oreille du voleur, sans la plus petite hésitation. Cela n’aurait servi à rien, il était déjà maîtrisé, un geste rapide de la main tenant sa lame et il rendait son souffle en d’affreux gargouillis sanglants. Alors, pourquoi a-t-elle eu cette envie si intense de lui faire mal ? Pourquoi ? Elle ne le sait pas mais elle s’interroge, parce qu’il n’est pas dans sa nature de faire mal volontairement. Quoiqu’il en soit, elle s’éloigne des présents pour aller récupérer la lame lâchée par le voleur, un vieux couteau au manche de bois usé et tâché par les ans. En se déplaçant, elle écoute la dame qu’ils ont secourue, pensive, tout en regardant l’arme qui aurait pu lui prendre la vie. Un regard rapide sur sa tenue, elle regarde ensuite ailleurs. Une prêtresse de Neera…Il n’y a que les prêtresses de la Damedieu pour tenir un tel discours si plein de bonté et de compassion. Evidemment.
Le voleur, lui, semble avoir compris à son tour qu’il a dérobé la bourse d’une prêtresse. Alors, coincé entre les deux hommes, il baisse la tête et se met à sangloter comme un enfant en demandant pardon. L’aspect vil a disparu, il n’y a plus qu’un homme pris en faute et pourtant pardonné, un homme qui mesure certainement sa chance compte tenu du sort qui aurait pu l’attendre si on l’avait confié à des gardes langecins.
- Lâchez-le, dit simplement Louise à l’adresse de ses deux hommes.
Si la prêtresse lui pardonne, elle n’a plus aucune raison de le retenir. Elle se tourne pourtant vers le mur, y fiche la lame entre deux pierres et d’un geste sec la casse tout net juste au-dessus du manche avant de le jeter dans un coin. Aymeric et Enguerrand relâchent donc leur prisonnier, un prisonnier qui avance vers Zofia et qui s’agenouille pour prendre le bas de sa robe et le porter à ses lèvres, en geste de contrition et de demande de pardon.
- C’était pas pour moi, c’était pour ma mère qu’a faim…Pardon…Je ne le ferai plus. Je…J’viendrai au temple…
Il essuie ses yeux d’un revers de la main puis se relève, avant de se tourner vers Louise qui a rejoint ses hommes. Zofia ne peut pas le voir, mais il sourit en coin, un vieux sourire déplaisant, avant de s’enfuir. Louise lève les yeux au ciel avant de replacer correctement sa cape. Cet affreux n’en pensait pas un mot. Il est déjà loin, impossible de le rattraper bien sûr, et de toute façon, elle ne l’aurait pas fait, puisque la prêtresse a pardonné. Louise abaisse sa capuche à son tour, révélant ses cheveux ornés de ce bijou de métal qu’elle aime tant, puis abaisse le petit voile qui protège son visage. Un visage jeune, un peu dépité en l’occurrence.
- Il n’en pensait pas un traître mot, il s’est moqué de vous.
Aymeric et Enguerrand confirment d’un hochement de la tête puis font un pas en arrière. La châtelaine, elle, avance vers Zofia et la regarde tranquillement, avant d’enlever ses mitaines et de s’incliner à son tour, tout comme ses hommes d’ailleurs. Même si elle convaincue que Neera l’a depuis longtemps abandonnée, elle conserve à tout prix les apparences. Elle salue donc comme il se doit la prêtresse avant de se redresser. Disons qu’elle sait un peu mieux mentir que ce voleur qui a failli perdre à tout jamais le sens de l’équilibre…
- Je suis Louise de Fernel. Voici Enguerrand Lagarde, mon maître d’armes, et Aymeric Atréis, le capitaine de ma garde. Je suis heureuse de voir que tout rentre dans l’ordre et que vous soyez sauve. Avez-vous besoin d’assistance pour rentrer chez vous…ma Mère ?
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| | | Zofia Marger
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Jeu 6 Mai 2021 - 17:23 | |
| Zofia ne s’est certes pas attendue à ce que le brigand se jette à ses pieds de la sorte. Elle entend d’ailleurs une lame se casser près d’elle et peut voir du coin de l'œil que c’est la Dame qui a fait ce geste, une bonne idée qui le dissuadera peut-être de recommencer. Pour l’instant...Mais cela, elle n’est point responsable pour le futur de cet homme. Elle lui a donné une chance. C’est à lui d’en faire ce que bon lui semble. Elle ne peut toutefois s’empêcher de lui tapoter la tête en lui disant doucement ‘’là, ça ira’’ pour qu’il se relève et qu’il cesse de pleurnicher dans ses jupes. Il n’est plus un enfant, après tout. D’ailleurs, ce soudain plein d'émotions est plutôt louche. Zofia a connu de nombreux brigands et criminels, bourrés aussi de talents de comédien, et ce, à faire rougir les professionnels et ne doute pas qu’elle a peut-être devant elle ce genre d’individu. Comme elle ne peut le prouver, elle ne relève pas et se contente d’espérer qu’elle a tout de même semé la graine du bon sens dans son crâne.
Le brigand déguerpit et la Dame lance un commentaire qui lui arrache un triste sourire ; comme quoi, elle n’a pas perdu de son intuition. Elle soupire et plante son regard marron dans celui de la Dame :
-Certains Souffles sont plus difficiles que d’autres à convaincre, mais je me console en me disant que je ne serai pas la raison de la perte de sa main ou encore, que Tyra vienne reprendre son dû trop vite.
Elle ne peut s’empêcher d’observer le joli visage de la Dame, mais de remarquer son dur et perçant regard. Elle paraît pourtant jeune, trop jeune pour arborer cet éclat de désenchantement qu’elle croit percevoir dans ses yeux. La prêtresse n’est pas tellement plus vieille, mais a tout de même quelques années de plus. Elle remarque bien sûr son accoutrement, mais la grâce qui semble émaner de la jeune femme lui montre que c’est bel et bien une Dame. Celle-ci lui présente les deux hommes qui l'accompagnent : un maître d’armes et un Capitaine. Zofia s’incline légèrement pour les saluer, tout sourire aux lèvres. D’ailleurs, cela lui fait plaisir de rencontrer une Dame de Fernel, la terre natale de son défunt grand-père. Cela explique leur accent à tous les trois. Elle lui offre gentiment de l’aide et Zofia rougit un peu :
-Il est vrai qu’il y a beaucoup de gens dans les rues et que ce n’est peut-être pas le seul voleur. Et avec des paquets dans les mains, il est difficile pour moi de bien défendre ma bourse.
Elle regarde tour à tour les deux hommes d’arme et la Dame, une idée se dessinant dans sa tête :
-Pour l’instant, je vis au temple. Peut-être puis-je y déposer mes affaires et vous offrir ensuite un repas dans une auberge pour votre service rendu ? Vous venez de loin et ce serait la moindre des choses. Enfin, si vous le désirez, car je ne voudrais pas vous retenir plus longtemps.
Elle doit avouer que cette Dame l’intrigue beaucoup. Ce n’est pas tous les jours qu’elle croise quelqu’un sachant manier la lame comme elle et surtout, une femme de Fernel, la terre d’une moitié de ses ancêtres. La prêtresse comprendra s’ils déclinent son offre et n’en sera point outrée.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Ven 7 Mai 2021 - 10:48 | |
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Certains souffles sont plus difficiles à convaincre oui, c’est un fait. Et c’est probablement pour cela qu’elle a eu cet instinct de le frapper, de vouloir lui faire mal, parce que la douceur n’a servi à rien. Ce n’est pas la première fois qu’elle rencontre cet éclat là dans le regard de quelqu’un, un éclat lourd et fuyant, un éclat fourbe et méchant. Certains le cachent mieux que d’autres, c’est certain, mais elle comprend maintenant pourquoi elle a voulu abattre son poing sur le crâne malpropre de ce voleur.
Ce n’est pas la première fois qu’elle croise ce genre de regard, le regard d’une personne irrémédiablement mauvaise et sinistre, le regard d’un homme qui pense que tout lui est dû, sûr de sa supériorité et de sa légitimité à prendre aux autres ce qui lui convient sans devoir rendre de compte. La dernière fois que cela lui est arrivé, elle était dans les geôles de Fernel, belle à damner le plus pieux des hommes, à contempler l’effet de son propre pouvoir de femme sur ce mauvais homme qui avait voulu en faire son jouet. Enchaîné, maintenu au mur humide par un ingénieux mécanisme de liens métalliques, elle avait alors observé toute la nature malsaine de ces hommes qui pensent pouvoir prendre tout ce qu’ils veulent d’une femme.
Il l’avait rêvée dans son lit, soumise et souple comme une jeune fille, c’est en femme sûre d’elle et de sa beauté qu’elle a tordu sa virilité d’un coup de genou avant de l’étouffer à moitié avec son collier. Tout cela parce qu’elle a vu cet éclat, cette étincelle de convoitise mauvaise dans le regard. Tout ça parce qu’il pensait agir en maître à Fernel avec elle à ses pieds. L’ancien intendant de Fernel, de sinistre mémoire, s’en est allé danser au bout d’une corde quelques jours plus tard, avant de servir de repas aux rapaces des montagnes, suspendu à un gibet en dehors du bourg. Une fin digne de l’animal qu’il était…
- Vous avez raison. Il est de ces Souffles tellement pervertis qu’il est impossible de leur faire rebrousser chemin. Une saine distribution de punitions est parfois nécessaire pour remettre le Temple au milieu du bourg. Je ne l’ai pas fait parce que vous avez accordé votre pardon. Et que je ne suis pas sur mes terres. Cela dit, à Fernel, cet homme n’aurait probablement pas à voler quoi que ce soit, tout le monde possède de quoi vivre dignement sans envier son voisin…
Elle parle le plus tranquillement du monde, songeant dans le même temps que si les gens du Sud sont de riches marchands pour la plupart, la nourriture, elle, vient du Nord. C’est triste. Un morceau de soie ne fait pas un repas, après tout. Elle a un regard pour Enguerrand, puis pour Aymeric avant d’avance vers la prêtresse et de prendre, d’autorité, les paquets qu’elle semble avoir tant de mal à transporter. Chaque homme en prend un, libérant ainsi Zofia de tout le poids de ces encombrants contenants.
- Votre bourse n’a rien à craindre, nous allons vous accompagner au Temple, j’ai presque fini mes achats de toute façon et le reste de mes hommes se repose à l’auberge.
Oui, elle a le regard direct et sans détour mais ce sont ses expériences difficiles qui ont teinté ce regard noisette d’un voile de métal. Un regard qui est en cet instant posé sur la prêtresse, un regard curieux.
- Je n’ai fait que ce que j’estimais devoir faire. Vous n’avez pas à vider votre bourse fraîchement récupérée pour nous. Par contre…
Un sourire espiègle s’affiche alors sur le visage de Louise :
- Peut-être pourriez-vous passer un peu de temps en notre compagnie dans cette auberge, nous partagerions un repas, un peu de vin et de pain. J’ai de quoi payer sans problème et comme vous avez pu le constater, je ne crains pas tellement qu’on vienne me dérober mes pièces.
Un petit rire, le premier, révélant un visage doux et plutôt joli à regarder.
- Je vous raconterai Fernel, vous me raconterez Langehack. Une ville charmante où on détrousse les prêtresses sans scrupules. Nous y allons ?
Elle tend le bras vers la sortie de la ruelle, amusée.
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| | | Zofia Marger
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Ven 7 Mai 2021 - 19:36 | |
| Zofia comprend peu à peu qu’elle a affaire à la châtelaine de Fernel puisqu’elle parle de ses terres comme d’une possession, tout en lui expliquant que les voleurs semblent chose peu courante à Fernel. Cela la soulage de savoir que ce n’est pas tout le Nord qui est victime de cette peste qu’est le banditisme, car son expérience en Malelande a été plutôt difficile tant pour les yeux que pour le cœur. Elle chasse tout cela de ses pensées, se concentrant plutôt sur l’image d’une terre plus paisible, comme ce que la Dame semble lui décrire.
-Ici, ce sont mes comparses néerites et moi qui procurent soins, nourriture et gîte au temple, et cela, peu importe le statut social de l’individu dans le besoin. Seulement, certains choisissent une autre voix ou n’ont pas eu la chance de porter le nom d’une famille bien nantie.
Elle ne peut effectivement pas dire qu’elle-même a vécu dans la misère. Les Marger se sont fait un nom dans le commerce et ne manquent point de sous. Mais ayant été élevé par une mère elle aussi prêtresse de la DameDieu et guérisseuse, aider les plus nécessiteux est une valeur qu’on lui a inculqué dès son enfance. Ce matin, elle a d’ailleurs aidé une mère célibataire dont le petit souffrait d’une toux. La prêtresse a eu un doute sur sa fonction, mais dénué de jugement sur sa condition, elle a soigné son enfant tout en lui demandant aussi si elle-même se portait bien. Jamais Zofia n’oserait abandonner un enfant de Néera à son sort, peu importe son statut.
Elle laisse la châtelaine l’a débarrasser de ses paquets, qui les donnent à ses deux accompagnateurs, en le remerciant. Son visage s’éclaircit dès qu’elle accepte son invitation, mais ne peut s’empêcher de rougir légèrement lorsque la châtelaine lui assure qu’elle a de quoi payer. La jeune noble paraît même apprécier cette proposition de bon cœur, rassurant la prêtresse qui ne veut pas gaspiller de leur temps. La suite lui arrache un petit rire, un rire clair et sincère :
-Je suis ici depuis peu et cela ne m’étonne point qu’on me dérobe déjà ma bourse. Je voyage beaucoup et il m’arrive parfois quelques petits malheurs de ce genre, mais bien souvent, je parviens à m’extirper des situations fâcheuses. La chance m’a toutefois souri aujourd’hui puisque vous êtes intervenue juste à temps.
La prêtresse hoche la tête lorsque Dame Louise pointe la sortie de la ruelle et entame la marche. Elle ne peut s’empêcher de se tourner vers cette dernière en chemin et de meubler un peu la conversation avec une facilité qu'elle trouve bien curieuse ; Zofia est de nature plutôt réservée, mais se rend compte qu’elle a tout de même oublié une étape importante : se présenter.
-Je suis Mère Zofia, mais vous pouvez m’appeler Zofia.
En se frayant un chemin dans la foule, elle croit bon de lui dire qu’elle commence simplement à apprivoiser Langehack :
-Je ferai de mon mieux pour vous parler de ma nouvelle ville puisque mon ordre m’a transféré ici depuis qu’une ennéade seulement. J’ai toutefois bien hâte de vous entendre parler de Fernel, la terre natale de mon grand-père du côté paternel de ma famille, lance-t-elle en souriant.
Le temple, ou plutôt le grand temple, n’est d’ailleurs pas très loin. Il est facile de voir son énorme dôme rond et blanc immaculé ainsi que ses deux tours surplomber les commerces et les maisons aux toits colorés. Le reste de la route se passe sans incidents et le quatuor arrive devant les imposantes portes du temple. La prêtresse les pousse sur un hall où se dresse une grande statue de la DameDieu, les paumes ouvertes devant ses fidèles. La pierre est blanche, rendant l’endroit étincelant et les fenêtres, qui sont ouvertes, laissent une brise fraîche bénir le lieu du culte. Elles permettent aussi à la lumière du jour d’illuminer l’endroit. La décoration est très sobre, mais le respect pour leur Mère à tous teint chaque pierre. La prêtresse se retourne vers ses trois autres compagnons de chemin.
-Seule Dame Louise, et si elle le désire bien sûr, peut m’accompagner dans l’aile où se trouve ma chambre. Je vous remercie toutefois de m’avoir prêté main forte Messieurs, dit-elle à l’égard des hommes d’armes et en tendant les mains pour prendre une des boîtes.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Sam 8 Mai 2021 - 15:51 | |
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Elle répliquerait bien que l’attitude d’une personne n’est pas totalement dépendante de son nom de famille mais bien de ce qu’il y a dans son cœur et pourtant elle se tait. Elle sait que ce n’est pas parce que la surface est lisse et couverte d’or que le dessous n’est pas crasseux et boueux comme une fosse d’aisance. N’a-t-elle pas, après tout, rencontré l’un de ces seigneurs irréprochables au nom illustre et qui pourtant n’a pas hésité à joyeusement faire massacrer toute sa famille pour prendre le pouvoir ainsi que l’on peut l’entendre dans cette chanson qui hantent les auberges depuis Odélian jusqu’ici ? Un fin sourire étire les lèvres de Louise. Dans une certaine mesure, peut-être ne vaut-elle pas mieux que Charles de Prademont. Elle aussi dissimule de bien lourds secrets mais elle, elle n’est responsable de la mort de personne. Du moins pour l’instant…
Elle hoche tranquillement la tête, marchant aux côtés de la prêtresse.
- Ce n’était pas de la chance. Je n’apprécie pas tellement cette façon qu’ont certains hommes de profiter de la « faiblesse », elle insiste sur ce mot d’un ton parfaitement ironique, des femmes. Quand j’ai l’opportunité de rappeler à l’un d’entre eux qu’il ne faut jamais se fier aux apparences, je le fais. Peut-être allez-vous trouver cela parfaitement orgueilleux et ridicule mais j’aime agir comme cela. Si les femmes ne montrent pas les crocs, elles se font dévorer toutes crues…et ça m’agace à un point que vous ne pouvez imaginer. Donc quand j’ai vu ce malandrin s’enfuir avec votre bourse…le rattraper et lui donner une correction dont il se souviendra m’a semblé la chose la plus pertinente à faire…
Elle lève les yeux au ciel un instant.
- …même si je sais très bien qu’il recommencera. A priori, il a eu de la chance d’être tombé sur vous au lieu des gardes de Langehack. Espérons toutefois qu’il réfléchira…
La foule de la rue principale est toujours présente, compacte et défilant en un flot interrompu de visiteurs, de badauds et de curieux. Aussitôt, Enguerrand et Aymeric se rapprochent des deux dames, sondant du regard cette foule mouvante à la recherche du moindre danger. Ils sont visibles de loin, ces grands hommes du Nord à la mine sévère et renfrognée. D’ailleurs, quelques personnes s’écartent sur leur passage, ce qui amuse beaucoup la châtelaine. Il n’y a pas plus doux et plus gentils que ces deux hommes-là. Ce sont des hommes d’honneur, à la profonde piété et au sens du devoir sans faille, fidèles à Fernel, fidèles à leur Dame. Certes, leur visage inspire parfois la crainte mais quand on les connait bien, on finit invariablement par les apprécier.
Lorsque la prêtresse annonce qu’une partie de sa famille provient de Fernel, Louise et ses hommes arborent immédiatement un large sourire. Voilà qui est intéressant ! Il est rare de rencontrer des personnes ayant un lien avec Fernel en dehors de la seigneurie. Après tout, Fernel est assez reculée et haut dans le Nord.
- Il faut croire que nous étions destinées à nous rencontrer, Mère Zofia.
Louise ne dit plus rien. Elle vient d’aviser le Temple de Neera vers lequel ils se dirigent. Un léger malaise, invisible, s’empare d’elle alors qu’ils passent la grande porte. Si Enguerrand et Aymeric s’inclinent avec le plus profond des respects devant la statue de la Déesse, Louise, elle, n’effectue qu’un petit salut discret. La châtelaine s’emparera d’un paquet, laissant l’autre à la prêtresse. Les deux hommes, eux, sont déjà en train de tout observer, sans crainte de laisser Louise seule puisqu’ils se considèrent dans l’endroit le plus sûr de toute la cité. Ils s’éloignent déjà, prêts à aller prier Neera, tandis que Louise suit Zofia, dans les couloirs qui mènent à sa petite chambre.
La châtelaine est silencieuse. Elle n’aime pas tant errer dans les temples, qu’elle visite d’ailleurs rarement. Pourtant, elle est d’une gentillesse et d’une courtoisie remarquable pour Zofia, elle la suit, elle est respectueuse et quand la prêtresse entrera dans sa chambre pour y déposer ses paquets, Louise aura un instant d’hésitation avant de déposer son paquet sur une petite chaise avant de sortir rapidement. A dire vrai, elle n’est pas à l’aise du tout et aimerait sortir aussi vite que possible.
- Je suis certaine qu’Enguerrand et Aymeric sont en train de prier pour votre protection, Mère Zofia. Ainsi que pour leur famille. Nous voyageons beaucoup, nous nous arrêtons à chaque temple, quand cela est possible. Le temple de Langehack est très beau...
Elle reste sur le pas de la porte, à peine curieuse, autant par pudeur que par élégante politesse.
- Où résidiez-vous avant de vous installer à Langehack, dites moi ? Qu'est-ce qui vous a poussée à venir ici?, demande-t-elle le temps que la prêtresse fasse ce qu’elle a à faire dans sa petite chambre. Elle ne bouge pas, elle est tranquillement debout à attendre, patiente et courtoise, comme d'habitude.
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| | | Zofia Marger
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Dim 9 Mai 2021 - 16:58 | |
| Habituée à chevaucher longtemps sur les routes pour soigner et aider les villages, Zofia a côtoyé toute sorte de gens aux personnalités toutes plus différentes les unes que les autres. Elle comprend ce que la châtelaine veut dire et sait qu’il y a bel et bien certains hommes de cette espèce. Elle le sait et son visage en porte malheureusement la marque. Et pourtant, quand bien même s’est-elle défendue, leur mort n’a tout de même pas ramené ses comparses Hospitaliers. Au contraire, la culpabilité l’a rongé pendant des mois. Un triste sourire se dessine sur ses lèvres rougeâtres et doucement, elle ajoute :
-Parfois, nous n’avons guère le choix de nous défendre, oui. Et malheureusement, mes robes de Néera n’empêchent pas certains de me vouloir du mal.
Elle observe un instant la châtelaine, de plus en plus étonnée par cette jeune femme au discours peu commun pour quelqu’un de son rang. Elle a aussi remarqué ce poing levé et surtout, prêt à s’abattre sur le brigand. Si Dame Louise est calme, la prêtresse perçoit dans son regard un Souffle peut-être troublé par quelque chose. Lui a-t-on fait du mal par le passé pour qu’elle soit si encline à corriger de la sorte ? Zofia n’ose point fouiner davantage. Se confesser est un choix et elle ne forcera jamais quelqu’un à le faire. Et puis, la prêtresse sait ce que c’est que d’avoir de lourds secrets et de les garder sous coffre, de peur que sa vie ne chavire en un claquement de doigts. Elle a beau porter les robes de leur DameDieu, elle ne peut se targuer d’être la perfection incarnée…
La suite lui arrache un sourire plus jovial et elle remarque aussi que les deux hommes d’armes affichent un rictus. Il est vrai que les chances qu’ils se soient tous croisé sont plutôt minces et pourtant, la voilà entrain de discuter avec la Dame de Fernel en personne. Peut-être que ce ne sera pas la dernière ni la première fois qu’ils se croiseront. Après tout, elle devra bien visiter un jour cette famille qu’elle n’a jamais vue. Elle est Suderonne d’éducation avant tout, mais c’est une partie de son sang qu’elle ne doit pas oublier, comme son défunt père lui a souvent rappelé. Plus grande que ses comparses Suderonnes et plus pâle, Zofia le sait à chaque fois qu’elle se regarde dans la glace. Elle n’en a jamais eu honte, mais elle ne peut pas dire que cela ne lui a pas mérité des remarques désobligeantes. Et cela, elle ne le souhaite pour rien au monde à son futur enfant. La prêtresse rêve du jour où une conversation amicale entre une Nordienne et une Suderonne sera une chose plus courante. Comme en ce moment.
Dès qu’ils sont au temple et que les deux jeunes femmes se retrouvent près de sa chambre, Zofia peut sentir le malaise probant chez Louise, car elle ressort très vite de la pièce après avoir posé la boîte sur une chaise. Elle ne relève pas et l’invite plutôt, avec toute sa douceur naturelle, à entrer et à refermer la porte derrière elle. Ce que la Dame verra est une chambre plutôt sobre, mais étrangement lumineuse et décoré de plantes. Une seule tapisserie trône au-dessus de son lit, une tapisserie faite par sa mère, montrant une jeune fille soignant une vieillard. Près de son armoire se trouve son armure, posé sur un mannequin de bois et arborant le calice argenté et ailé de Néera. Dans un petit râtelier tout près, est accrochée son épée dans son fourreau. Deux éléments contrastant avec l’environnement, mais qui fait indéniablement parti de la vie de la prêtresse. Elle sort les robes de ses boîtes et les accroches dans son armoire.
-Ce temple est le Grand temple, où résident aussi le Grand-prêtre et la Grande-prêtresse de la Cathèdre de Langehack. Nous accueillons de nombreux fidèles, tant nobles que paysans qui viennent de loin ou qui sont du coin.
Elle fouille ensuite dans ses robes et en choisit une, désireuse de quitter un peu ses robes de Néera si elle doit se présenter dans une auberge et parce qu’elle a sa journée dans le corps. Elle demande à la Dame si cela ne l’ennuie pas si elle se change et va se cacher derrière un paravent, un cadeau étrangement exotique que son frère lui a ramené d’un de ses nombreux voyages, mais qui ne choquent personne puisqu’il est dans sa chambre. Il n’a toutefois rien d’odieux dessus. Seulement des formes et des plantes peinturées à la main qui témoignent d’une culture artistique différente de la péninsule. Elle sourit à sa question, alors qu’elle retire sa ceinture et sa robe :
-Je viens de Chiard. Je suis guérisseuse et prêtresse au sein de l’Ordre Hospitalier de Sainte Aliénor et c’est mon Supérieur qui m’a transféré ici, après mon long voyage dans le Nord. J’ai pour mandat de recruter d’autres guérisseurs ou herboristes ici, tout en représentant mon ordre. L’amour l’a aussi poussé à accepter d’emblée cette demande, mais cela, elle lui tait, se contentant de terminer de s’habiller et d’enfiler ses chaussures. Lorsqu’elle sort de derrière le paravent, elle a troqué ses robes de Néera pour une robe verte foncée beaucoup plus légère et épousant davantage sa carrure athlétique et ses formes, sans être tendancieux. Les manches trois quarts de cette dernière dévoile d’ailleurs des avant-bras aussi laiteux que son cou et son visage, mais dont on peut voir des marques dues à quelques incidents de travail. Elle enfile la même ceinture qu’elle portait, ne sortant jamais sans ses herbes médicinales. Son léger décolleté dévoile d’ailleurs deux chaînes qui pendouillent à son coup. L’une est un médaillon de Sainte Aliénor et l’autre est caché dans sa poitrine. Elle sourit à la Dame et lance :
-Je suis prête à vous suivre.
En chemin, elle ose une question elle aussi :
-Et vous ? Qu’est-ce qui vous amènes aussi loin vos hommes et vous ?
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Lun 10 Mai 2021 - 14:55 | |
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- Une robe n’a jamais empêché un homme de s’en prendre à une femme s’il le souhaite. Ces tenues, toutes symboliques qu’elles soient, ne nous protègent guère des malveillances. C’est bien pour ça que je n’en porte jamais quand je voyage. De plus, si je dois me défendre, je me déplacerai bien mieux en braies qu’en jupe. Par contre, il est malheureux de constater que même les couleurs de la DameDieu ne vous protègent pas des gredins.
Elle entre de mauvais gré dans la pièce. Impossible d’échapper à l’invitation de la prêtresse sans éveiller les soupçons. Elle ferme la porte et reste toute proche de la sortie, posant son regard ici et là sans trop s’attarder sur les détails hormis sur l’armure. Louise a un regard rapide pour la prêtresse puis pour l’armure et l’épée puis une fois encore pour la prêtresse avant de faire un pas, puis deux, avançant vers l’ensemble de métal disposé sur le mannequin de bois. Elle se déplace sans bruit, souple comme une ombre, pour observer l’ensemble de plus près, avec un sourire.
Une femme en armure. Louise a de nouveau un regard pour Zofia, détaillant rapidement la carrure, les épaules, les bras, avant de reporter son attention sur les spalières martelées par endroits, signe que la guerrière ici présente a du recevoir son lot de coups qui aurait pu l’envoyer dans l’autre monde. Louise note ici et là de légères traces de rouille, elle soulève d’un doigt une pièce articulée et provoque de ce fait un son grinçant qui l’amuse beaucoup.
- Certains de mes hommes appliquent de la graisse de bouzon sur leur armure ou sur leur arme pour éviter que l’humidité ne gagne le métal…Vous être proche de la mer, je suppose qu’il doit y avoir un équivalent marin à disposition…
Elle regarde furtivement l’épée. Louise n’en possède pas. Elle a juste une dague, offerte par Dante, le lendemain du départ d’Aaron. Une lame de Thaar, longue, effilée, le genre d’arme parfaite pour les coups assassins, rapides et furtifs. Rien à voir donc avec l’épée qu’elle voit là. Bien sûr, il y a la lame de Fernel, il y a une épée familiale, mais elle n’est absolument pas adaptée à sa morphologie petite et gracile. Elle est trop longue, trop lourde, c’est une épée d’homme qui doit être maniée à deux mains. Même si elle s’applique, Louise ne parviendrait sans doute pas à la soulever sans que ses jambes ne tremblent.
Quand elle s’entraîne avec Enguerrand, elle utilise une épée bâtarde, plus courte, plus légère, tout en utilisant sa main gauche pour garder son équilibre, tout autant que ses jambes. Si le digne homme du Nord lui apprend les règles classiques du combat singulier dans les plus pures règles de l’art, elle a aussi appris des techniques beaucoup beaucoup beaucoup moins conventionnelles et tout aussi efficaces avec l’Ombre. A Fernel, à Thaar et même sur le sol mouvant d’un bateau…C’est d’ailleurs une de ces techniques peu utilisées en Péninsule qui lui a valu de prendre le dessus sur son adversaire dans la ruelle.
Elle songe qu’il serait opportun de faire forger une épée pour elle. Rien que pour elle. La sienne et à personne d’autre. Cela étant, elle est tellement en mouvement, constamment sur les routes…où commander un tel objet ? Louise se perd dans ses pensées, ramené soudain à la réalité quand la prêtresse parle du Temple et quand elle demande si cela ne la dérange pas qu’elle se change.
- Vous êtes dans votre chambre, Mère Zofia. Agissez comme bon vous semble, je me tiens plus loin.
Elle se tourne même, par pudeur et par respect de cette femme qui se déshabille là-bas. Louise, elle, ne laisse plus personne la déshabiller. Elle le fait seule, se lave seule et demande de l’aide uniquement pour nouer des lacets dans son dos ou pour coiffer la crinière pleine de lourdes boucles brunes qui est la sienne.
- J’ai passé un peu de temps à Chiard dernièrement, j’y ai rencontré Gaël de Laval, nous avons chevauché et même chassé le Falaféor ensemble. Un charmant seigneur, pour le peu que j’ai pu en juger.
Elle enlève ses mitaines et regarde ses mains, pensive à nouveau.
- Vous avez donc voyagé dans le Nord ? Où êtes-vous allée ? Peut-être avez-vous des nouvelles à me confier ?
Pas à Fernel, c’est une certitude, elle aurait entendu parler d’une prêtresse de Néera en voyage et l’aurait très certainement hébergée au château.
- Les distances nous séparant de nos voisins ne nous permettent pas toujours d’avoir de fraîches nouvelles donc quand j’en ai l’opportunité, j’aime me tenir au courant de ce qu’il se passe…
Quand la prêtresse aura terminé de se changer, elle se retournera simplement, un fin sourire tranquille aux lèvres.
- Si vous portez l’armure aussi bien que la robe, vous devez être redoutable sur bien des points Mère Zofia. Nous y allons ?
Elle enfile ses mitaines, amusée, avant d’ouvrir la porte et de continuer la discussion dans le couloir.
- Je suis ici pour faire des emplettes. Le Sud est connu pour la qualité de ses tissus et j’en ai très justement besoin pour me rendre au sacre de notre Roy. Je voyage beaucoup, énormément, et je n’avais pas eu l’opportunité de me rendre à Langehack. Voilà qui est donc chose faite !
Un petit silence.
- Comptez-vous vous rendre à Diantra vous aussi, Mère Zofia ? Peut-être pourrions-nous faire le chemin ensemble, qu'en dites-vous?
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| | | Zofia Marger
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Mar 11 Mai 2021 - 14:57 | |
| La prêtresse commence à être habituée qu’on la dévisage, surtout lorsqu’elle se balade, l’armure sur le dos et son épée à la ceinture. En effet, si ce ne sont pas ses cicatrices, c’est cet accoutrement qui fait hausser plus d’un sourcil. Les chevaliers prêtant leur lame au nom de la DameDieu existent, même s’ils sont plus rares que ceux le faisant pour son frère colérique, Othar. Encore plus une femme telle que Zofia, qui a juré de respecter les dogmes pacifiques de leur Mère à tous. C’est d’ailleurs l’armure et la lame qui ont attiré d’emblée le regard curieux de la châtelaine. La prêtresse n’a pu s’empêcher d’afficher un léger sourire, peu étonnée de cette réaction ; la Dame sait visiblement se défendre et semble surtout apprécier l’art de la lame. La prêtresse ne lui a pas interdit de toucher, rougissant quand même un peu lorsque le métal a grincé. Elle a fait de son mieux pour l’entretenir, mais elle a beau l’avoir graissé, elle sait que le voyage dans le Nord l’a usé et qu’elle devra l’apporter à un armurier sous peu. Dame Louise lui a ensuite partagé un conseil, signe qu’elle s’y connaît plus que ce que sa délicate silhouette laisse paraître.
-Oui, nous avons un équivalent ici aussi. De la graisse de baleine. Seulement, je crois que mon long voyage l’a usé un peu plus malgré l’entretient que je lui porte, a-t-elle répondu. Vous semblez en connaître sur le sujet. C’est rafraîchissant de parler de ce genre de chose avec une Dame plutôt qu’avec mon oncle ou les chevaliers que je croise.
Elle s’est ensuite empressée d’ajouter :
-Leur connaissance m’a toutefois toujours été fort précieuse au courant de mes entraînements.
Beaucoup de jugement et de fierté mal placée parfois, sauf pour son oncle, qui a toujours été son maître d’arme et qui a confiance en ses capacités. Mais cela, la prêtresse n’en veut pas à ces hommes. L’inconnu et la nouveauté font parfois peur. Il suffit simplement de s’armer de patience et leur perspective arrive parfois à changer, comme chez ces quelques chevaliers néerites qu’elle a souvent croisé au monastère et qui la saluent maintenant avec respect.
Elle l’a ensuite écouté lui expliquer qu’elle a fait la rencontre de Sir de Laval, le mécène de son ordre. Elle n’a jamais eu la chance de discuter personnellement avec lui, mais sait que son fiancé est son cousin. Cette pensée lui a d’ailleurs fait ravalé sa salive, consciente que son futur mariage en désolera beaucoup. Natael et elle ne sont pas du même monde et si ce dernier a enfilé la tunique de Néera et qu’il a dû renoncer à son rang pour le faire, sa famille n’en reste pas moins noble et la sienne, bourgeoise. Natael l’a toujours traité en égal, mais la prêtresse sait que ça n’a jamais été le cas pour tout le monde. Elle a souri lorsque Dame Louise lui a avoué que Sir de Laval et elle ont chassé ensemble, tout de même surprise qu’un homme noble ait permit à une Dame de l’accompagner de la sorte dans cette activité.
Dame de Fernel lui a ensuite demandé comment se porte le reste du Nord.
-J’ai chevauché jusqu’en Arétria avec d’autres soignants et un chevalier néerite. Le Comte a demandé à l’ordre de l’aide. Son peuple et lui-même ont eu un hiver difficile de maladie et de famine. Mes compagnons et moi lui avons donc prêté main forte pour se remettre de ces temps durs. Nous en avons profité aussi pour nous arrêter à Sainte-Berthilde avant et ensuite, en Oëasgardie et en Alonna lorsque nous étions sur le chemin du retour.
Soudain, ses mains se sont mises à trembler, alors que les images violentes de son séjour en Arétria et cette rencontre avec cette voleuse de Souffle viennent assaillir ses pensées. Par chance, elle se trouvait encore derrière le paravent, lui permettant de cacher la pâleur soudaine de son visage déjà laiteux et son corps prit de ces spasmes incontrôlables. Elle est parvenue à se calmer aussi vite que possible avant de sortir de sa cachette. Le compliment qui fuse d’entre les lèvres de la châtelaine arrache des rougeurs à la prêtresse, qui s’empresse de baisser les yeux sur le plancher ; redoutable ? Elle ne sait pas si elle l’est vraiment. On la toise souvent, mais certainement pas parce qu’elle a une présence imposante ou un physique à faire ramper les hommes à ses pieds. Elle sourit quand même, visiblement touché du compliment :
-Oh je...merci, mais ne me donnez pas autant de crédit, Dame Louise. Comme j’ai été davantage sur les routes ces dernières ennéades, enfilé mon armure a été mon quotidien bien plus que porter mes robes. Elle regarde la coupe ailée sur son plastron. Bien qu’elle fasse partie de ma vie depuis que j’ai prouvé à mon ordre que je sais défendre mes compagnons Hospitaliers durant nos voyages, cela me fait parfois du bien de renouer avec mes étoffes de femme, lance-t-elle avec un petit air rieur.
Elle suit Louise à l’extérieur de sa chambre, en prenant bien soin de fermer à clef derrière elle. Ainsi, la châtelaine est venue jusqu’à Langehack pour choisir des tissus, une chose bien compréhensible vu le grand évènement qui se prépare à Diantra. Elle y participe d’ailleurs, tout en lui avouant voyager beaucoup. La prêtresse s’apprête à lui demander où a-t-elle voyagé, lorsqu’elle lui propose de l’accompagner jusqu’à Diantra. Son visage s’illumine et par instinct, sa main se porte à son ventre. Elle la retire tout de suite, les joignant en fait ensemble. Elle aura besoin de toute la protection qu’il lui faut pour la route.
-Je veux m’y rendre oui. Mon fiancé doit s’y rendre avant moi et c’est pourquoi je comptais demander à Sir de Poiginia, un chevalier néerite qui m’a accompagné dans le Nord, de faire la route avec moi. Mais nous pouvons volontiers voyager avec vous Dame Louise. Cela me ferait même immensément plaisir, lance t-elle, avec toute sa gentillesse naturelle.
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| | | Louise de Fernel
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Mer 12 Mai 2021 - 11:06 | |
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Louise écoute plus qu’elle ne parle. Une technique cent fois éprouvée et qui a toujours cet avantage d’en apprendre un maximum à propos de la personne qui vous fait face sans pour autant vous livrer. Et c’est très exactement ce que fait la châtelaine en cet instant, oui, même en compagnie d’une prêtresse de la DameDieu.
Qu’apprend-t-elle, au-delà du fait qu’elle se soit rendue, elle aussi, en Arétria ? Ce ne sont pas tellement ses déplacements qui l’intéressent, non. Pas plus que ses occupations de charité. Ni même cette armure qui mériterait quelques soins en profondeur. Non, ce qui l’intéresse, c’est la personne qu’elle est et ce qu’elle représente.
La religion est extrêmement présente en Péninsule. Et tant que ses parents étaient en vie, Louise a elle-même d’une piété et d’une ferveur exemplaires. Toujours elle a prié, elle a répondu présente à chaque fête, elle a sincèrement célébré les Dieux, à Fernel ou à Serramire-la-Ville, ainsi qu’il convient de le faire pour chaque être humain vivant sous l’œil du panthéon pentien. Il ne s’agissait pas d’une obligation quelconque, il s’agissait d’un pan entier de sa vie, une chose avec laquelle elle a toujours vécu. La châtelaine a toujours été attentive et bienveillante envers les prêtres de la DameDieu, apportant elle-même à son peuple tous les bienfaits qu’elle a pu apporter tout en créditant Néera de ces mêmes bienfaits. Fernel est prospère, tout le monde rend grâce à la Dame de bleu et d’argent, tout va pour le mieux dans le plus compliqué des mondes.
Et pourtant…Louise n’est plus ce qu’elle a été. La gentille et douce enfant des montagnes, élevée dans la plus pure tradition du Nord, pieuse et dévote n’est plus. La mort d’Eudes de Fernel a été un premier choc, mais il n’était rien en comparaison du décès de sa mère, la si belle et si douce Elisabeth de Paville. Louise adorait sa mère même si elle avait cette tendance exaspérante à la surveiller d’un peu trop près. Affaiblie, elle a autorisé Louise à quitter le domaine pour qu’elle puisse se rendre à Serramire, en compagnie d’une escorte de chevaliers, afin de demander l’aide de son suzerain direct. Et Louise a prié tout au long de ce voyage. Elle a prié comme jamais elle n’avait prié, demandant tous les soirs, dans sa chambre, le soutien de Néera dans son entreprise, la protection pour sa mère, pour ses hommes et pour elle, tout au long de ce premier et périlleux voyage en solitaire.
Et Néera n’a pas répondu. Le Duc a refusé son soutien et le temps qu’elle regagne Fernel, sa mère a rendu son Souffle.
Elle a prié pour recevoir de l’aide en son cœur tourmenté, dans cette solitude amicale qui est la sienne. Néera, c’était cette amie invisible à laquelle elle pouvait se confier et elle avait grand besoin d’un peu de soutien, d’un guide dans cette confusion des sentiments qui était la sienne peu après la mort d’Elisabeth.
Et Néera n’a pas répondu. Elle s’est donnée dans un moment d’abandon d’une tristesse totale et infinie et celui qu’elle aimait l’a abandonnée à son sort.
Louise a prié. Chaque jour de chaque ennéade de chaque mois, depuis qu’elle a été en âge de parler, bien avant même de comprendre le sens réel des mots qu’elle prononçait. Et au moment où elle en avait le plus besoin, la Dame de bleu et d’argent l’a abandonnée à son sort.
Et depuis Louise ne prie plus. Elle n’entre plus dans les Temples ou alors de mauvais gré, pour conserver une apparence respectueuse des dogmes, pour ses Hommes qui eux sont d’une profonde et inébranlable piété. Elle garde les apparences sauves, en feignant, en trichant et en faisant semblant de prier, le cœur gardé par un autre aux griffes acérées et à l’aile chaude, réconfortante. Sans promesse. Elle conserve pourtant une certaine curiosité, un peu malsaine, certes, envers ces personnes qui vouent toute leur vie à une Entité qui peut les abandonner du jour au lendemain. Qu’est-ce qui pousse quelqu’un à servir aveuglément un Dieu ? Elle ne le sait pas, cela lui échappe totalement.
Quoiqu’il en soit, elle est totalement insoupçonnable. Elle est respectueuse envers Zofia, envers quiconque croise leur chemin le long des couloirs du Temple, elle garde le silence, et elle écoute cette personne si douce et si gentille qui lui parle. Une femme qui porte l’armure et l’épée. Rien que pour cela, Zofia a droit à toute la considération de Louise. Pas parce qu’elle est prêtresse, mais bien parce qu’elle connait le poids du métal et le prix du sang qui coule.
- Plus nous serons nombreux et moins nous risquerons nos vies sur les routes. Nous sommes une vingtaine à prendre la route vers Diantra. Nous vous accompagnerons avec joie, d’autant que mon ferronnier fait partie du voyage. Peut-être pourra-t-il jeter un regard expert sur votre armure, si vous le désirez bien sûr.
Une fois dehors, Louise laisse son nez la guider et une odeur délicieuse lui parvient, en provenance d’une auberge non loin du Temple. Un sourire.
- Allons-y. Cela sent merveilleusement bon.
A l’intérieur de l’auberge, il y a peu de monde, il y a quelques tables libres et ils s’installent alors. Les hommes entre eux, Louise et Zofia seules à une autre table. La châtelaine ôte ses mitaines et sa cape, pour se mettre un peu à l’aise.
- J’ai passé un peu de temps en Arétria moi aussi. J’ai pu gouter cette infâme tourte à la cocalse dont le Comte a fait grand cas. Je vous avoue que je n’ai jamais rien mangé d’aussi infect et pourtant j’ai beaucoup voyagé. Par chance, il y avait de la salade…ça faisait passer le goût.
Un petit rire.
- Et donc vous êtes fiancée ? Toutes mes félicitations ! Et où donc se trouve cet heureux homme ? Est-il prêtre, tout comme vous ?
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| | | Zofia Marger
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Jeu 13 Mai 2021 - 18:58 | |
| Un ferronnier ? Ce n’est certes pas un armurier, mais Zofia est curieuse et lui posera bien entendu beaucoup de questions. Elle commence à s’y connaître sur comment entretenir son armure, mais l’avis d’un expert est toujours le bienvenu, avis qu’elle a su glaner par-ci par-là depuis que l’ordre a commissionné son oncle pour l’armure et l’épée. La prêtresse sent qu’elle sera effectivement bien entourée et protégée durant ce voyage. Elle aurait certes pu se débrouiller seule, mais il n’y a plus que sa vie qui est en jeu et sait qu’elle devra être prudente. Adieu les aventures parsemées de danger pour quelques ennéades, car elle a beau manier l’épée et savoir se défendre, protéger son bébé est prioritaire. De toute façon, la prêtresse a besoin d’un moment de répit et veut surtout se concentrer sur sa nouvelle vie qui débutera sous peu. Elle restera toujours prêtresse de Néera et guérisseuse au sein de l’Ordre Hospitalier de Sainte Aliénor, mais elle devra concilier sa vie de famille et son rôle de soignante des routes. Elle n’est pas inquiète, car elle sait que Natael la soutiendra.
Arrivée dehors, la prêtresse suit paisiblement Dame Louise, qui choisit une auberge à l’odeur plutôt alléchante, non loin du temple. Zofia a d’ailleurs très faim, ne s’étant pas rendu compte de cela tellement elle a été absorbée par les soins qu’elle devait procurer. Elle s’installe donc avec Louise et ne peut s’empêcher de rire à la remarque de la Dame concernant une tourte au goût infâme. Elle n’a pas eu le temps de partager un vrai repas avec le Comte, si ce n’est qu’elle a eu la chance de partager un déjeuner avec sa petite sœur, une gentille jeune fille qu’elle a pu aussi aider avec ses vieilles blessures à ses jambes. Elle sourit à Louise :
-J’ai surtout passé du temps sur les routes avec le Comte à distribuer de la nourriture à son peuple. J’imagine que j’ai été chanceuse que l’on m'ait épargné cette tourte.
Encore une fois, Zofia chasse les images violentes qui menacent de surgir à nouveau dans sa tête, désireuse de ne pas gâcher ce bon moment passé en compagnie de la dame de Fernel.
La suite lui arrache de nouvelles rougeurs, mais la détend d’emblée. Le mariage approche à grands pas et si elle a l’impression que tout se déroule très vite, elle a hâte de pouvoir enfin afficher cet amour qui les lie. Après toute cette attente, Néera leur sourit enfin. Un peu plus d’une année s’est écoulée depuis qu’ils se sont rencontrés à Merval, rencontre qui avait été le début d’une profonde amitié et qui s’est transformée au fil des saisons. Que ce serait-il passé si elle n’avait pas ouvert son cœur déjà blessé par un homme dans le passé à Natael ? Ces baisers et ces caresses, échangés la première fois dans une auberge, ont eu une suite et encore une autre, jusqu’à ce que cette passion ne soit en fait le fruit d’un amour profond. Vivre dans le secret durant toutes ces ennéades a été très difficile, mais ce sera chose du passé sous peu.
-Merci Dame Louise. Il a passé la majeure partie de sa vie à voyager en péninsule et ailleurs, pour parfaire ses techniques de soins. C’est sous peu qu’il a décidé d’enfiler la tunique néerite. Il fait d’ailleurs son apprentissage à Langehack même.
Elle sourit et baisse les yeux, visiblement heureuse. Elle fait le trie de ce qu’elle peut se permettre de dire, car même si cette Dame est avenante, Zofia protège Natael et elle-même.
-Nous nous connaissons depuis un moment. C’est sur les routes que nous nous sommes croisés la première fois d’ailleurs, puisque tous deux de mondes différents, je crois bien que nous n’étions pas destinés à nous rencontrer autrement. Si je proviens d’une famille bien nantis, elle n’a pas de titre contrairement à la sienne.
Elle n’aurait jamais cru rencontrer un jour un homme prêt à respecter ses ambitions et à sacrifier un pan de sa liberté pour elle. La prêtresse sait qu’elle a de la chance et chéri cela plus que tout, mais surtout, elle se promet d’aimer cet homme jusqu’à son dernier souffle. La prêtresse ne peut d’ailleurs s’empêcher de détailler un instant Dame Louise, se disant qu’avec un joli visage comme le sien et un titre, les demandent doivent pleuvoir. Cependant, Zofia sent que cette noble sort du lot. La prêtresse sait que certains dans la noblesse masculine n’apprécient guère les femmes à la personnalité moins commune. C’est pourquoi, elle n’aborde point ce sujet, désireuse plutôt de connaître cette jeune femme.
-Vous avez dit que vous avez beaucoup voyagé. Êtes-vous allé ailleurs qu’en péninsule ?
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Jeu 13 Mai 2021 - 20:46 | |
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- Vous avez été plus que chanceuse, croyez-moi. J’ai mangé, bien entendu, parce que je sais que la nourriture manque en Arétria mais j’espère de tout cœur qu’il n’y aura pas de prochaine fois.
Elle acquiesce d’un bref mouvement de la tête lorsque l’aubergiste dépose une cruche d’eau et deux gobelets simples sur la table. Louise fait craquer ses doigts.
- Aubergiste, apportez donc du vin, je vous prie. Le meilleur que vous ayez. M’accompagnez-vous Mère Zofia ou préférez-vous peut-être autre chose ? Si les cuisines sont ouvertes, apportez-donc de quoi manger, cela sent divinement bon…
Quand Zofia aura fait son choix, l’aubergiste s’en ira près des hommes de Louise qui commanderont de la bière. Seules, les deux dames peuvent reprendre leur conversation.
Et il est question de rencontre, d’un homme dont Louise ignore tout et qui pourtant est parfaitement décrit. La châtelaine a un gentil sourire pour la prêtresse avant de regarder ailleurs, pensive. Elle ne sait pas tellement ce que cela fait de ressentir cette jolie plénitude qui s’affiche sur le visage de Zofia. Malgré son titre, son visage avenant et ses relations, les demandes ne pleuvent pas, non. Et même si elles pleuvaient, elle les refuserait sans doute, pour un tas de raisons.
Elle ne pourra sans doute jamais s’unir à une personne qu’elle aime, non. Sans doute devra-t-elle plier et céder à la pression sociale, ne serait-ce que pour transmettre Fernel à un héritier.
Elle ne peut plus aimer après ce qu’elle a souffert, tout au long de tristes ennéades de solitude avec pour seuls compagnons fidèles son cheval et son cruchon de vin.
Elle n’a plus confiance en qui que ce soit, après avoir aimé un homme qui s’est avéré être un mage, un secret qu’il s’était bien gardé de confesser alors qu’il savait absolument tout d’elle.
Et parmi toutes ces ombres au tableau, la seule et unique petite lueur de joie a été un homme marié, un Duc de surcroît, qui lui a montré la tendresse et la douceur, toutes ces choses qu’elle ne peut plus obtenir.
Un voile traverse rapidement son front, avant qu’elle ne baisse la tête un instant en disant, sincère :
- Je vous souhaite de connaître le bonheur et de le conserver. Les mariages entre les nobles et ceux qui ne le sont pas…sont compliqués. Votre fiancé a choisi la voie du cœur, c’est tout à son honneur.
Elle sourit encore. Elle n’a fait que cela ces derniers mois, assister au bonheur des autres sans se plaindre. Des mariages, des fiançailles, des histoires heureuses qui lui rappellent sans cesse à quel point elle est seule, à quel point elle ne semble être assez bien pour personne. Si c’était difficile au début, ça l’est moins aujourd’hui, parce qu’elle s’est fait une raison. Donc elle est sincèrement contente pour la prêtresse. Cela se voit à son sourire tranquille.
- Et pour répondre à votre question, oui, je suis allée bien au-delà de la Péninsule. Après la mort de ma mère…j’ai chevauché à travers toute le royaume pour le découvrir, cela m’a conduit en Estrevent, j’ai passé quelques semaines à Thaar et j’en suis partie complètement différente de celle que j’étais à l’arrivée. Je pense que cette ville a ce pouvoir sur les gens…Celui de leur montrer le meilleur comme le pire, tout cela dans la même journée. Cela dit…Même si je n’y ai pas vécu que des moments agréables, je brûle d’y retourner. Je pense même m’y rendre après le sacre du Roy.
Elle verse de l’eau dans les deux gobelets et en pousse un vers la prêtresse avant de boire quelques gorgées du sien.
- Pour le reste, je me suis rendue au mariage du Roi Harald, à Kirgan. J’ai pu visiter Thanor tout autant que la capitale. Sa Majesté m’a fait l’honneur immense de me faire visiter quelques endroits remarquables de sa cité…la crypte des rois…le point le plus haut de Kirgan…J’ai vu le Zagazorn comme probablement aucun Humain ne l’a vu jusqu’ici…Et c’était magnifique, Mère Zofia.
L’aubergiste revient et dépose les boissons commandées sur la table en ajoutant, d’un ton désagréable :
- L’reste arrive.
Il a un regard méfiant pour Louise et un peu plus lourd pour les Fernelois assis plus loin. Louise le suit du regard, soupire, puis continue :
- En rentrant, j’ai eu la désagréable surprise d’apprendre la présence d’une Drow dans les Monts d’Or. La Haute Prêtresse de Kiel.
Sa main se crispe un peu sur son gobelet vide, qu’elle remplit maintenant d’un vin rouge clair.
- Peut-être la nouvelle est-elle parvenue jusqu’ici…J’ai fait en sorte de prévenir le conseil royal, les pairs et les grands de ce monde…Peut-elle la nouvelle a-t-elle bruissé dans les couloirs du Temple. En avez-vous entendu parler, Mère Zofia ?
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| | | Zofia Marger
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Ven 14 Mai 2021 - 22:11 | |
| Zofia refuse gentiment le vin sans s’étaler sur le pourquoi, mais demande tout de même un jus de fruit et de l’eau pour se rafraîchir et se désaltérer. Le repas est toutefois plus que bienvenu. Juste à l’odeur, la prêtresse sent déjà sa bouche se remplir de salive et son ventre grogner son envie. D’ailleurs, elle devra faire attention maintenant puisqu’elle n’a plus seulement qu’elle à nourrir.
Lorsqu’elle accroche le regard de la châtelaine et qu’elle lui souhaite tout le bonheur du monde, la prêtresse affiche un sourire sincère, les yeux pétillants de bonheur. Elle sait combien elle a de la chance, mais elle apprécie de savoir que cette inconnue veut son bien, alors qu’elle n’est pas obligée. Elles se connaissent si peu et pourtant, Zofia se sent étrangement bien en sa présence et pas du tout jugé. On ne peut pas dire que Zofia partage beaucoup avec les Dames, si ce n’est qu’on lui a déjà dit qu’elle a leur politesse et leur gracieuseté, malgré sa taille et son physique moins délicat. Si elle n’est pas noble, son titre de prêtresse et son rang de bourgeoise lui a permit d’avoir une certaine éducation, qui fait en sorte qu’elle connaît les protocoles et sait comment s’adresser à quelqu’un de cette tranche sociale. Après tout, elle côtoie des nobles à toutes les ennéades, spécialement ces derniers temps. Seulement, Dame Louise est différente, sans doute parce qu’elle a la liberté de voyager et que cela lui a ouvert l’esprit sur beaucoup de choses. En effet, Zofia ne se sent pas l’obligation de se tenir droite et d’adopter un comportement de bienséance vigoureux comme elle a déjà dû le faire en présence de certains Seigneurs. Seule sa politesse naturelle et sa gentillesse sont de mise.
Dès que la châtelaine lui narre son expérience à Thaar et ensuite, dans la mythique capitale des nains, elle écarquille les yeux, des yeux brillants d’intérêt. Elle connaît si peu de choses sur les nains et leur culture, mais celui qu’elle a croisé, bien qu’inquiétant et d’une tout autre religion, a piqué son intérêt. Et puis, depuis qu’un comptoir commercial nain s’est installé à Chiard, Zofia en croise de plus en plus. Son frère a d’ailleurs entamé des affaires avec ceux-ci, voyant là une opportunité d’agrandir son réseau. Quant à Thaar, Zofia a vu de nombreuses images dans des livres ainsi que des descriptions peu reluisantes de cette ville de vices et d’excès. Elle cache d’ailleurs la violente rougeur de ses joues derrière son verre en prenant une gorgée de son jus dès qu’elle se souvient qu’elle a en sa possession un livre estrevin qui ferait même rougir une fille de joie péninsulaire... En tant que prêtresse de la bienveillante, elle craint aussi cette cité et sait combien les Souffles qui y résident sont pour la plupart corrompus. Et pourtant, et parce que son fiancé et son frère lui ont partagé des descriptions peut-être plus colorés, Thaar la terrible émoustille la fibre voyageuse de la prêtresse, qui veut comprendre tout de ce monde dans lequel elle vit.
-Ce devait être magnifique et impressionnant, Dame Louise. J’ai croisé la route d’un nain, mais je n’ai jamais eu la chance de visiter leur capitale, comme la plupart des humains.
Elle regarde rêveusement son verre d’eau, s’imaginant parcourir les routes sinueuses des énormes montagnes naines ou encore, les rues animées et emplit d’odeurs d’épices et d’encens de Thaar.
-Mes voyages se sont arrêtés en péninsule, mais mon fiancé et mon frère ont déjà voyagé en Estrevent. Elle a un rire gênée. Je crois qu’un choc culturel m’y attend si jamais je mets les pieds à Thaar. Et pourtant, la curiosité m’étreint à chaque fois qu’on me décrit l’exotisme de cet endroit.
Elle sait que Natael adore l’Estrevent et s’est promis d’y mettre les pieds avec lui un jour. Quand ? Elle l’ignore, d’autant plus qu’ils attendent un bébé plus tôt qu’ils ne l’avaient planifié, mais savent que ce jour viendra.
La suite de la discussion prend toutefois une tournure qui prend de court la prêtresse. Un voile passe dans ses yeux et elle sent les pulsations de son cœur s’accélérer. Son corps se crispe dès que les images de cette drow viennent lui assiéger l’esprit et s’empresse de cacher ses mains tremblantes sous la table. Elle...la châtelaine l’a vu aussi ? Sans doute plus pâle, Zofia reprend quand même contenance, chassant l’horrible image de ce cadavre putréfiant la fixer de son regard laiteux et vide, tout en se mouvant vers elle. Elle se racle la gorge, regardant un instant près d’elle, comme si elle a peur que des oreilles l’entendent et que cela brise la gaieté des lieux :
-Je...Oui. Les autres Hospitaliers, Sir Louis de Poiginia et moi-même étions sur le chemin du retour et nous avons eu le malheur de la croiser…
Elle plante ensuite son regard dans celui de Louise, visiblement inconfortable et limite effrayée. Son ton est bas, comme si elle se confie :
-Cette voleuse de Souffle est dangereuse. Elle peut relever les morts et les animés, un affront à Tyra et à notre DameDieu qu’on ne peut tolérer sur nos terres. Elle avait aussi quelque chose à la main, une chose horrible que je n’ai jamais vu, mais qui, d’un seul touché, a ôté la vie de sa victime en le putréfiant vivant.
Elle ravale difficilement sa salive.
-Je n’ai pas pu sauver les malheureux qui ont péri sous ses griffes. Même avec mon don de guérison...Nous avons toutefois pu sauver la vie d’un pauvre jeune homme qu’elle a malmené pendant je ne sais combien de jours. Et par chance, Dame de Lourbier nous a accueillit sur ses terres, pour que nous nous reposions et que le jeune homme puisse se remettre de ses blessures.
Elle prend une autre gorgée, encore un peu agitée, mais plus calme maintenant qu’elle sait que les personnes importantes sont maintenant averties. Elle ne dit rien sur l’usage de sa propre magie qu’elle a osé faire pour se défendre, un gaspillage qui pourrait lui valoir de gros problèmes si son supérieur et le Grand-Prêtre de Langehack savaient…
-Je suis soulagée de savoir que vous avez pris les choses en main et que les gens importants sont au courant.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Sam 15 Mai 2021 - 21:21 | |
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Louise regarde ses mains un instant avec de répondre à la prêtresse.
- Cela l’était. Je ne comprends pas tellement pourquoi les Nains sont parfois appelés le « petit peuple ». Tout ce que j’ai vu là-bas était grandiose. Les portes immenses, les vastes couloirs du palais, Mère Zofia…Des étagères remplies de rouleaux, tout un savoir séculaire, jalousement gardé…Je me suis sentie honorée haut-delà de toute expression là-bas…Il n’y avait pas de noblesse, il n’y avait pas de châtelaine, ils ont juste vu qui je suis…Tout simplement. Et je dois bien avouer que quelque part…ils me manquent un peu, malgré leur bougonnerie et leur attitude un peu rustre, parfois.
Oui, la châtelaine aimerait beaucoup revenir au Zagazorn. Pas tellement pour y faire commerce, ainsi que tous les autres, mais pour apprendre. Et là encore, pas pour en tirer un quelconque profit, mais bien parce qu’elle a une très réelle et profonde considération pour ce peuple farouche et fier. Cela dit, Maître Braähm a bien expliqué que les temps s’annoncent troublés pour les Dawis. Une guerre est imminente dans le Grand Nord. Ils auront donc bien d’autres petits bagrons à fouetter les prochaines ennéades. Elle aussi d’ailleurs, en y songeant.
- C’est un choc oui, pour quiconque n’y est pas préparé. Thaar…C’est un peu tout ce dont on peut rêver à portée de main mais cette portée à un prix. Et il est parfois élevé…
Et sur ce point précis, Louise parle d’expérience…
Soudain, l’ambiance change. L’évocation de la Haute Prêtresse de Kiel a chamboulé Zofia, assez cette fois pour que Louise le remarque sans peine. Plus pâle, nerveuse, le regard fuyant, elle a tout d’une coupable ou d’une personne qui a rencontré l’Horreur incarnée. Et y a-t-il meilleure description que celle-ci pour qualifier Kha’linas Do’ath ? L’explication viendra de la bouche même de la prêtresse. Une prêtresse qui en rencontre une autre et qui laisse visiblement les mêmes traces sur son passage. Au-delà de la peine qu’elle ressent pour Zofia, Louise ne perd donc pas un point essentiel de la conversation.
- Où l’avez-vous rencontrée ?
Le savoir permettrait sans doute de connaître le chemin emprunté par cette abominable créature. Et, ce faisant, anticiper une prochaine venue, si jamais elle devait se produire. Que des Drows puissent circuler si loin en Péninsule sans être remarqués est d’une extrême dangerosité. En connaissant leurs déplacements passés, on peut potentiellement prévoir les prochains. Et donc se préparer.
La châtelaine laisse la prêtresse s’exprimer. Elle sait que c’est ce qu’il y a de mieux à faire concernant cette créature. Elle ne l’a pas fait, incapable de s’exprimer autrement qu’en se mutilant et peignant des horreurs avec son propre sang…
- Ainsi, c’est donc vous dont m’a parlé Adélina de Lourbier…
Louise regarde à nouveau sa main avant de se pencher quelque peu en avant. Elle pose son coude sur la table, main en l’air, avant de crisper ses doigts en d’affreuses contractions douloureuses, non sans regarder Zofia dans le même temps. Cela ne dure qu’une seconde, peut-être deux ou trois mais pas plus et déjà Louise noue sa main qui a repris une apparence normale à l’autre qui patientait sur sa cuisse.
- Je suis incapable de peindre d’autres mains que celle-là, depuis que je l’ai rencontrée.
Et pourtant, Louise a une passion pour les mains, qu’elles trouvent bien plus évocatrices qu’un visage. Les mains, c’est le reflet d’une vie, d’actes. Et celle de Kha’linas Do’ath n’inspire que la peur et le dégoût.
Louise se tait encore un instant. Peut-elle lui dire ? Elle a averti toute la Péninsule oui, certes, mais sans jamais avoir précisé qu’elle a rencontré personnellement la Haute Prêtresse de Kiel. Cela soulèverait bien trop de questions chez les nobles péninsulaires qui ne comprendraient rien du tout, de toute façon.
Zofia représente Néera, même ici, même dans cette auberge. La Bienveillante, comme on l’appelle. La DameDieu. Alors Louise baisse la tête, un peu, avant de commencer à raconter, à son tour, tout ce qu’elle n’a jamais dit à personne à part Dante.
- Je l’ai rencontrée à Thaar. La veille, j’ai assisté à l’ouverture d’une boutique tenue par la sœur d’une dame que j’ai rencontrée à Sainte-Berthilde. J’y avais bu un jus de fruits. Un jus si délicieux, Mère Zofia, je n’en avais jamais bu de tel…Le lendemain matin, je me suis habillée comme tous les Thaaris afin d’aller acheter ces fruits tous ronds qu’ils appellent « oranges ». J’avais un petit sac de toile pour les transporter…cela n’aurait pas pris cinq minutes…Ce n’était pas bien loin, il faisait beau…C’était vraiment une belle journée…
Elle remplit d’eau claire le verre de la prêtresse puis verse une grande quantité de vin dans le sien, avant d’en prendre une gorgée. Elle n’en parle jamais parce qu’elle n’a personne à qui en parler. Elle dépose le verre et joue avec lui, avant de poursuivre.
- J’ai entendu du bruit dans une ruelle. J’ai penché la tête pour voir de quoi il s’agissait et j’ai été bousculée par un homme qui fuyait. Je me rappelle ensuite le contact rude de cette grande main noire sur mon bras qui m’a obligée d’avancer dans la ruelle. Elle était là. Avec un esclave à ses pieds. Je ne comprenais rien à ce qu’elle disait, c’est l’esclave, un Nordien tout comme moi, qui faisait la traduction entre nous. Elle m’a posé des questions, beaucoup de questions. Puis elle a égorgé un homme devant moi. Un homme qu’elle a ranimé avec sa magie et qu’elle a dirigé contre moi…Le regard de cette chose…Son regard à elle…c’est comme se noyer dans un vide abyssal. Il n’y a rien. Aucune étincelle. Rien…Le Néant. J’ai eu la peur de ma vie ce jour-là et cela m’a pris des ennéades entières pour m’en remettre…
Une autre gorgée avant de continuer, la voix rendue rauque par l’évocation d’un souvenir difficile.
- Elle était dans les Monts d’Or. Elle cherchait un masque, un artefact disparu lors de la précédente guerre contre les Drows. Et je le sais parce que son esclave est venu chez moi demander de l’aide…Je n’ai pas pu le retenir, il est reparti vers elle. Avec un message de ma part. Peu aimable certes mais qui a le mérite d’être plutôt clair concernant son sort si elle recommence ses excursions chez nous…
Louise regarde alors Zofia directement en ajoutant :
- Elle a très sérieusement blessé mon ferronnier qui lui a dit où je me trouvais. Elle connaissait mon nom, elle sait maintenant où je me trouve. Et elle a évoqué les Légions Saintes, Mère Zofia. Les Drows préparent quelque chose, j’en suis absolument certaine. Mais…comment expliquer cela à mes pairs ? Je ne suis qu’une châtelaine du Nord, la petite influence que je possède n’est pas suffisante pour exhorter la noblesse à se préparer au pire. Tout ce que je pouvais faire, je l’ai fait, j’ai prévenu et j’apprends dans le même temps que même les plus grands d’entre nous ne semblent pas y apporter l’attention nécessaire…Cela me met dans une colère que j’ai parfois beaucoup de mal à contenir, je ne vous le cache pas.
Le Duc de Serramire n’a pas daigné répondre. Il semble que la baronne d’Alonna ait totalement omis de prévenir qui que ce soit…A ce rythme là…Les Drows peuvent venir, c’est comme si on leur offrait la Péninsule.
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| | | Zofia Marger
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Jeu 27 Mai 2021 - 22:14 | |
| Zofia s’empresse de prendre une autre gorgée d’eau. Son Supérieur est au courant de cette rencontre avec cette voleuse de Souffle. Du moins en partie...Est-ce mal si elle lui a menti sur l’usage qu’elle a fait de son don pour se défendre ? Sans aucun doute, mais la prêtresse est terrorisée à l’idée de tout perdre à cause de toute cela. C’est à leur DameDieu qu’elle doit des explications et la prêtresse n’a cessé justement de prier pour trouver le pardon. Et puis, elle se mariera très bientôt et attend un enfant. La moindre de ses erreurs pourraient avoir des répercussions sur sa future famille, et cela, elle ne peut se le permettre. Comme bien d’autres secrets, Zofia le gardera donc sous coffre, mais pas sans sentir la culpabilité la ronger. C’est pourquoi elle regarde Louise avec compassion, car tout comme elle, la Dame n’a pas mérité de faire cette terrorisante rencontre. Elle répond donc à sa question, la voix aussi basse que la dernière fois :
-Nous l’avons croisé sur le chemin entre Oësgard et Alonna. Je ne sais plus à quelle distance nous étions d’Alonna puisque je dois vous avouer que...Eh bien, je ne me souviens plus de ce qui s’est passé ensuite. Tout est flou jusqu’à notre arrivée en lieu sûr.
Elle baisse donc les yeux, l’air désoler puisqu’elle n’est pas d’une grande aide pour la châtelaine. Cependant, elle veut faire de son mieux et c’est pourquoi elle écoute son histoire d’une oreille attentive, la couvant toujours d’un regard bienveillant. Elle lui narre sa rencontre avec cette créature du mal, une rencontre terrifiante qui l’a visiblement marquée. Et la prêtresse se sent terriblement désoler pour elle. Comme elle, la châtelaine a été forcée d’assister à cet affreux spectacle qu’est la nécromancie en plus d’un meurtre. Et puis, son esclave était en plus un Nordien. Seule une créature du mal oserait s’en prendre ainsi au Souffle et à la liberté d’un enfant de Néera! Elle parle de ce regard laiteux et sans vie et Zofia hoche la tête de compréhension en soufflant :
-J’ai eu la malchance de regarder ces orbes du mal moi aussi. Elle...elle a retiré son voile noire en ma présence. Je ne veux plus jamais recroiser cette voleuse de Souffle.
Et puis, la suite lui arrache un regard effrayé ; un artefact perdu ? Les Légions Saintes ? Comme beaucoup de péninsulaires, elle s’y connaît très peu en religion drow. Pire, on lui a inculqué dès son jeune âge à craindre ces Sombres et qu’il ne faut point s’attarder sur leur panthéon maudit, car des choses terribles pourraient lui arriver si elle usait de son don pour blesser, animer les morts ou faire du mal comme ces Sombres savent le faire. On lui a toujours interdit sans lui expliquer vraiment en profondeur les nuances, nuances qu’elle commence à mieux comprendre bien malgré elle. Zofia est une guérisseuse depuis des années et a une assez bonne maîtrise de son don, mais jamais on ne l’avait préparé à affronter une Maître drow. Et s’ils sont une Légion ainsi...Zofia a peur, peur pour elle, sa famille et sa future famille. Dame Louise lui explique en plus que peu l’on écouté, qu’elle n’est qu’une petite Châtelaine du Nord. Elle lui sourit tristement, consciente qu’elle est peut-être une prêtresse et qu’elle peut avoir un certain pouvoir, mais qu’il y a une hiérarchie à respecter au sein des ordres. Elle n’est qu’une prêtresse parmi tant d’autres, nouvellement mutée ici dans cette ville gigantesque qu’est Langehack.
Sa main se porte rapidement à son ventre et elle la retire tout de suite, consciente que malgré le bonheur qui l’attend, elle devra faire quelque chose. Entre ces arcaménites qui se terrent ici et une menace drow dans le Nord, Zofia pourrait peut-être au moins avertir le Grand-prêtre Langecin que des drows sont à la recherche d’un artefact divin en péninsule et qu’elle a elle-même croisé une de leur Haute-Prêtresse, une voleuse de Souffle dangereuse. Elle plante unn regard inquiet dans celui de Louise, mais tente tout de même de la rassurer un tant soit peu.
-Je pourrais sans doute avertir le Grand-prêtre langecin, le plus accessible de mes plus hauts Supérieurs, mais j’ignore s’il peut prendre des actions plus concrètes, si ce n’est d’envoyer une missive à la Cathèdre de Sainte-Berthilde. Seulement, si l’on me connaît bien à Chiard, ma petite ville natale, je ne suis qu’une prêtresse d’un ordre néerite encore en pleine expansion ici et fille d’une petite famille bourgeoise. Mais je vous entends, Dame Louise et partage votre inquiétude. Ces terres, qu’elles soient Nordiennes ou Suderonnes, sont aux péninsulaires et à personne d’autre.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Dim 30 Mai 2021 - 21:05 | |
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Louise ne dit rien dans un premier temps, parce qu’elle réfléchit. Petit à petit, en tenant compte de ce qu’elle a appris au cours de ses voyages, grâce à Lysandre – malheureux jeune homme, qu’est-il advenu de lui ? -, grâce à Adélina et maintenant à Mère Zofia, le chemin emprunté par la créature se précise. Les doigts posés sur son verre, Louise écoute donc et en déduit deux ou trois choses.
La Noirelfe est à la recherche d’un artéfact perdu à Amblère, lieu de sinistre mémoire et de guerres affreuses, cela elle le sait grâce à Lysandre, ce maigre garçon mutilé qui est son esclave. L’intérêt de la Chose pour le Nord se confirme après sa rencontre à elle, à Thaar, dans cette ruelle où elle était accompagnée d’un esclave nordien. L’Abominable a ensuite attaqué son ferronnier dans les Monts d’Or, en lui faisant parvenir un message à glacer les sangs et il semble que l’on perde sa trace entre Oesgard et Alonna après avoir délibérément attaqué d’autres Péninsulaires.
Pour la châtelaine, le chemin emprunté ne fait donc plus l’ombre d’un doute. Il n’y a qu’un moyen de se déplacer rapidement depuis leur trou à rats jusqu’au Nord et ce n’est pas la balade à travers champs. Elle – ou plutôt ils, car ils étaient plusieurs – a donc plus que probablement emprunté une embarcation et a navigué en toute discrétion sur l’Oliya. Et c’est là que tout se met en branle dans l’esprit de la châtelaine qui semble soudain fort absorbée par la contemplation de son petit verre à moitié rempli.
Comment, par tous les Dieux, cette créature de cauchemar a-t-elle pu, en compagnie d’autres Drows, remonter le cours de l’Oliya jusque là-haut sans que personne ne voie rien ou sans, au moins, disséminer la mort comme ils savent si bien le faire, sans éveiller le moindre soupçon ? Comment a-t-elle pu traverser cette frontière naturelle jusqu’en Oesgard, région qui a payé un si lourd tribut à la guerre contre cette engeance du Mal, sans être arrêtée, démasquée, exécutée ?
Pour agir de la sorte, il faut être rapide et donc posséder des moyens de locomotion adéquats, la navigation semble donc la seule option. Si ça se trouve, quand elle a alerté tout le monde par écrit, la Haute Prêtresse de Kiel était déjà loin. Et tout ceci inquiète peut-être encore plus qu’avant la châtelaine. Si un seul Drow parvient à exécuter cet exploit, qui sait ce qu’elle a pu apprendre, noter, retenir, transmettre aux autres monstres ? Les faiblesses des frontières, la perméabilité de la surveillance, les endroits précis où frapper, attaquer, briser. Un long frisson désagréable secoue l’échine de la châtelaine…A son retour à Fernel, il faudra revoir les défenses et poster plus de soldats aux frontières de sa seigneurie. Améliorer les moyens de communications avec Oesgard. Préparer ses hommes à une attaque sournoise…
Ce qui l’amène une fois de plus à afficher ce sourire si amer, en parlant de manière à n’être entendue que de la prêtresse.
- C’est à se demander ce que fait la…bienveillante, dans ce cas précis…Il faut croire que le peuple de Péninsule n’a visiblement pas assez souffert pour Sa gloire par le passé pour qu’elle autorise de nouvelles ignominies…
Toute la retenue de Louise s’envole en quelques mots.
Tant de colère, tant de fureur contenue sous ce regard dur qui n’est pas sans rappeler un autre, gris acier, un regard assassin rempli de toutes les horreurs qu’il a commises.
- Il lui est facile de recevoir les prières sans répondre. Il lui est facile de recevoir les pleurs sans apporter de réconfort. Il lui est facile de regarder sans seulement réagir…Comment la DameDieu pourrait-elle être encore appelée la Bienveillante, Mère Zofia, quand son peuple a souffert le martyre et qu’il est à nouveau menacé ? Parce qu’il l’est, qu’on ne s’y trompe pas. Et ma voix, Mère Zofia, même si elle vibre de vérité, ne sera jamais écoutée par les plus grands parce que je suis une femme, une petite noble de rien du tout perdue dans son fief que personne ou presque ne connait…
Elle vide son verre d’une seule gorgée sans que cela ne provoque la moindre grimace sur son visage. L’habitude.
- L’existence même de ces …choses…est une insulte au bon sens. Les gentils ne sont-ils pas toujours censés gagner contre les méchants ? Pourquoi Neera laisse-t-elle ces horreurs arriver, Mère Zofia ? Dites le moi, vous qui parlez pour Elle…Pourquoi suis-je témoin de tout cela sans pouvoir clamer haut et fort que ce n’est que vérité ?? Pourquoi avoir fait de moi, un ridicule seigneur du Nord dont tout le monde se fiche, un témoin de tout cela ? Pourquoi ?
Louise se penche un peu, le visage fermé, inflexible, les traits durcis par une froide colère.
- Je ne laisserai jamais cette Khalinas Do’ath s’en prendre à Fernel ou au Duché. Je suis prête à lui arracher le cœur avec les dents si j’y suis obligée…Et j’y prendrai même grand plaisir. Ne serait-ce que pour noyer dans son sang maudit toutes les horreurs que je vois sans cesse toutes les nuits.
La chatelaine inspire profondément et regarde ailleurs, avant de fermer les yeux, le cœur battant, les tempes agitées par les mêmes mouvements de ce palpitant ardent qui est le sien.
- Neera nous a abandonné, Mère Zofia. Elle m’a abandonnée…Peut-être même que cela l’amuse. Je ne vois pas d’autres explications, après toute une vie de prières et de dévotion sans failles à son égard...
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| | | Zofia Marger
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Mar 1 Juin 2021 - 2:33 | |
| Zofia ne s’est pas du tout attendue à cette suite. Du moins, pas à cette colère qui transpire chez la châtelaine à l’égard de leur DameDieu. La prêtresse est quelque peu bouleversée par les paroles acides de la Dame, qui ferait frémir plus d’un de ses collègues et les ferait crier à l'hérésie. Alors que Louise termine son verre d’alcool d’un coup, Zofia baisse plutôt les yeux sur son verre, les joues rougies par toute cette agitation dans son Souffle que provoque l’orage qu’elle discerne dans les yeux de la châtelaine, orage qu’elle n’a point l’habitude de voir. Et pourtant, la prêtresse écoute ces mots qui, bien qu’ils écorchent sa propre foi, semblent cacher plutôt un cri du cœur bien plus profond. Elle pose ensuite les yeux sur le verre d’alcool déjà vide de la Dame, cogitant sur ce qu’elle vient d’entendre plutôt que de s’emporter. Lorsqu’un Souffle sombre à ce point, c’est qu’il a souffert et qu’il a peut-être besoin qu’on lui tende une main amicale et qu’on le guide. La prêtresse laisse donc Louise s’exprimer, jusqu’à ce qu’elle lève enfin les yeux sur elle. Elle l’enveloppe alors d’un regard sans colère, mais plutôt de sa douceur naturelle malgré l’immense malaise qu’elle ressent. Peut-être un peu de tristesse aussi, car la détresse d’autrui l’a toujours affecté.
-Je crois que d’accuser notre Mère de tous les maux des hommes est un raccourci, un raccourci dont j’ai déjà moi-même usé lorsque j’ai perdu espoir durant la période la plus noire de ma vie.
Elle ne veut point s’immiscer ainsi dans la vie de la Dame ni la pousser à s’ouvrir à elle, mais la dernière chose qu’elle souhaite, c’est qu’elle se referme telle une huître parce qu’elle se sentirait bousculée par ce que la prêtresse lui lance. Et c’est pourquoi elle désire plutôt comprendre en usant de calme et de patience. Elle pèse ses mots, essayant d’apaiser en même temps Louise sans la forcer à accepter ce qu’elle lui dit.
-Je suis certaine que de voir ses enfants souffrir de la sorte ne l’apaise point, bien au contraire. Je suis certes sa représentante, du moins, j’essaie de l’être du mieux que je le peux malgré mes défauts d’humaine. Seulement, je ne serai jamais Elle et c’est pourquoi je ne pourrai jamais prétendre connaître tout de ses desseins. J’ai vu de nombreuses choses horribles, mais cela, je ne peux que blâmer l’humain et ses imperfections, car jamais Néera n’abandonnerait ses enfants de la sorte.
Elle observe Louise, sans jugement, mais hésite. La châtelaine est visiblement perdue, mais comment le lui dire sans se montrer condescendante et risquer un désastre ? La prêtresse sent que la Dame ne comprend pas tout à fait ce que Néera tente peut-être de lui communiquer. Zofia ancre donc son regard dans le siens, un regard serein et qui se veut invitant et se lance à nouveau :
-Et puis, Néera est certes notre guide, mais nous sommes avant tout maîtres de notre propre destin. C’est à nous de prendre les choses en main et d’éviter que ces noireelfes ne viennent ravager nos terres et voler le Souffle de ceux qui nous sont chers.
Elle lui sourit doucement, pleine de compréhension pour cette jeune femme visiblement meurtrie par la douleur et les déceptions. Elle lui aurait pris la main, mais elles sont cachées sous la table. Elle se contente donc de l’envelopper d’un regard bienveillant, pendant que son sourire se dissipe légèrement, mais que sa douceur reste constante. Elle se lance à nouveau, usant de toute la diplomatie qu’elle peut pour oser une affirmation :
-Je suis désolé de constater que la vie vous a malmené de la sorte pour que vous ayez cette impression qu’Elle vous a abandonnée. Loin de moi l’idée de peindre une fausse image de vous, mais je crois que vos repaires semblent avoir disparu et que vous avez peut-être du mal à déchiffrer les signes qu’Elle tente de vous envoyer.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Mer 2 Juin 2021 - 16:21 | |
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- AUBERGISTE ! Et le reste de cette commande, je dois venir le chercher moi-même ? C’est trop demander, un service rapide, ou il faut que je me travestisse en Suderonne pour que vous daigniez déplacer un peu plus vite cet énorme postérieur qui est le vôtre ?
Trop de colère contenue, trop de choses dissimulées, trop de rage, trop de ressentiments, d’injustice, de malheurs et de débâcles. Il est très très rare que Louise élève la voix et cela n’est pas sans étonner Enguerrand et Aymeric, qui se regardent longuement sans dire un mot. Que la châtelaine fasse preuve, en public, d’un mouvement de colère et de toute sa voix roulant de cet accent du Nord, est assez exceptionnel pour qu’ils observent attentivement leur seigneur.
Le ton est sec, directif, un ton de commandement qui ne souffre pas les délais ni l’attente, tandis que ses doigts tapotent nerveusement le bord de la table, le visage fermé. Elle tente de se contrôler, c’est l’évidence même, par un exercice de respiration appris sur le terrain face à une situation potentiellement dangereuse. Elle tente de reprendre le dessus sur tout ce feu qui consume et brûle son être, inspirant et expirant longuement, alors qu’une servante accourt, posant sur la table des victuailles et de quoi boire sans que Louise ne remercie, ou ne pose un regard sur elle. La servante s’enfuit, laissant les deux femmes à table. La châtelaine s’empare du pichet de vin et remplit un second verre, sans dire un mot, les lèvres serrées.
Ce manège n’échappe pas à Enguerrand qui baisse la tête. Il a déjà vu cette attitude et cela ne lui rappelle guère de bons souvenirs. Il y a fort à parier qu’après cette houleuse entrevue, la châtelaine sera encore en un tel état de fureur qu’il lui faudra sans doute s’isoler et combattre, ainsi qu’elle le fait à chaque fois qu’elle ne peut s’épancher…En somme, c’est devenu une routine quotidienne.
- Ce n’est pas une impression. C’est la réalité.
Elle boit d’une gorgée la moitié de son verre, trouvant un apaisement factice dans cette chaleur qui brûle son estomac. Louise reprend, deux tons plus bas, de manière à n'être entendue que de Zofia.
- Elle m’a abandonnée. Et pourtant j’ai prié. Tous les jours. Depuis même bien avant que je ne comprenne ce charabia que mes parents me faisaient répéter matin et soir. Peut-être que je ne priais pas assez. Ou mal. Peut-être ne suis-je pas assez intéressante à Ses yeux, à l’instar de ceux qui évoluent dans le même monde que moi. Allez savoir…
Elle a un rire totalement désabusé et regarde ailleurs, croisant la mine furibonde de l’aubergiste qui pose sur elle un regard plein d’animosité. Louise lève tranquillement son verre, le visage traversé d’un immense sourire sardonique dévoilant toutes ses dents.
- Voyez Mère Zofia…Vous voyez ce gros homme là-bas ?
Elle pose son verre sur la table et croise ses doigts sur la table pour la regarder elle :
- Vous savez ce que je vois dans ses gros yeux de bouzon mort ? Plusieurs choses. A l’instant où j’ai posé le pied ici, il a décidé d’être désagréable. Parce qu’il a entendu mon accent du Nord et que les Nordiens sont à peine mieux considérés ici qu’une couche pleine de déjections. Parce que je porte des habits de voyage destinés aux hommes alors que je devrais sans doute, à ses yeux, rester chez moi à tricoter des chaussettes pour mon époux et mes enfants, joliment enserrée dans de beaux tissus de velours. Parce qu’il a vu ma lame et que cela l’offense, lui qui n’a pas le droit d’en porter une. Parce que je commande à des hommes, lui qui ne commandera jamais rien d’autre, dans sa vie, que des serviteurs peureux craignant pour leur solde. Je passe ma vie à prendre les choses en main, comme vous le dites si bien, et pour quel résultat ?
Louise pointe du doigt l’aubergiste qui devient tout rouge et qui s’éloigne.
- Celui-là, Mère Zofia. Ce que vous voyez là, c’est MON quotidien. C’est MA lutte. Et ce n’est qu’un aubergiste. Imaginez maintenant à quoi je suis confrontée en présence de mes pairs masculins…Imaginez, ne serait-ce qu’un seul petit instant, ce que je peux ressentir quand je suis en leur présence, quand je sens leurs yeux se poser sur moi au mieux avec indifférence, au pire avec cette condescendance que j’exècre ? Quand je les entends murmurer à mon passage, quand je les vois ricaner sous cape ? Qui croyez-vous que j’ai prié, dans ces moments difficiles ? Quand j’ai perdu mon père, puis ma mère, quand j’ai demandé de l’aide, tous les soirs en pleurant ? Quand je devais me lever et affronter tout cela, encore et encore, garder la tête haute, le regard clair ?
Elle reprend son verre et en vide le contenu tout aussi rapidement que la première fois.
- La DameDieu. Ohh que oui je l’ai priée. Pendant des jours et des jours, inlassablement…Et voyez où j’en suis.
Elle ricane amèrement, maintenant, la gorge nouée.
- Elle n’a pas daigné m’aider. Il faut donc croire qu’elle avait nettement mieux à faire. Et que je n’ai donc, à ses yeux comme à ceux du reste de ce monde, absolument aucune valeur, aucun intérêt.
Louise a prié. Tous les jours. Bien plus encore avant le décès de sa mère, quand elle a vu sa santé décliner, quand elle l’a vue dépérir petit à petit, quand elle a pris sa petite escorte, ses petits souhaits de jeune fille naïve et qu’elle a voulu demander de l’aide à son Duc. Quand elle est devenue seigneur à son tour et qu’elle a du lutter pour sa vie. Quand celui qu’elle aimait l’a laissée sur le bord d’un chemin qu’elle se voyait arpenter à deux, abandonnée comme un déchet…La châtelaine passe une main sur son visage, avant de se servir un troisième verre.
- Peut-être n’a-t-on de la valeur aux yeux de Néera qu’à l’instant où on porte un nom prestigieux...Après tout, c’est elle qui a choisi notre premier roi…Si je ne représente rien à ses yeux, imaginez ce que je suis pour le reste du monde.
Elle lève son verre, le regard trouble.
- Les autres membres de la noblesse agiront à Diantra comme ce gros imbécile d’aubergiste, Mère Zofia. Ils ne tiendront pas compte de mes avertissements ni de mes courriers. Même si j'ai pris les choses en main. Alors je ferai ce qu’on attend d’un tout petit seigneur du Nord qui vient se ruiner à Diantra pour le bon plaisir de son Roi : je la fermerai bien comme il faut, je mettrai mes pieds sous la table, je mangerai et je rentrerai dormir tous les soirs jusqu’à ce que je rentre à Fernel pour ne plus en sortir. C’est assez…On ne pourra pas dire que je n’ai pas tenté d’avertir du danger. Je suis fatiguée de me battre pour rien. Je suis fatiguée tout simplement, en réalité. Fatiguée et vide.
Louise se tait alors, se rendant compte qu’elle vient de verbaliser près d’une année de colère en à peine quelques phrases. Elle regarde ailleurs, la boule dans sa gorge menaçant de crever en sanglots silencieux.
- Je ne souhaite à personne d’être à ma place. De vivre ce que je vis au quotidien. A personne. Pas même à mon pire ennemi. C’est une torture atroce, de vouloir et de ne pas pouvoir. De savoir et de ne pas être écoutée. D’être ce que je suis et de ne pouvoir en parler à personne. De prier et de ne pas recevoir le moindre petit réconfort de celle qu'on appelle pourtant la Bienveillante...
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| | | Zofia Marger
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Ven 4 Juin 2021 - 16:18 | |
| L’élan de colère de Louise lui arrache un sursaut violent et Zofia sent sa gorge se serrer un instant. Rouge, elle regarde un peu autour d’elle, prise au dépourvu par ce revirement de situation auquel elle n’était pas du tout prête. Ce charabia ? Elle fronce les sourcils, le cœur battant, et plutôt mal à l’aise que l’on piétine son mode de vie de la sorte. Après tout, elle est prêtresse et si Dame Louise souffre et qu’elle n’arrive pas à comprendre tout à fait la signification des prières qu’on lui a enseigné, ce n’est point du charabia pour Zofia, qui voue sa vie pour Elle. Mais si d’autres avaient pu le prendre personnellement et s'emporter, la prêtresse sait que c’est la colère chez Louise qui l’a fait parler de la sorte. Sans doute l’alcool aussi, car l'œil acéré de Zofia a bien remarqué à quel point le vin dans son verre descend vite. Ce n’est pas le premier Souffle esseulé qu’elle rencontre et qui tente vainement de trouver réconfort dans un breuvage abrutissant. Elle jette un bref regard à ses deux hommes d'armes, dont un des deux qui paraît bien désolé de voir la châtelaine ainsi. Elle baisse les yeux sur ses mains qui s’accrochent à son verre d’eau, comme si elle y trouverait des réponses dans le liquide clair à comment elle pourrait bien apaiser Louise :
-Ce charabia fait tout de même partie intégrante de ma vie. C’est aussi mon rôle de guider les Souffles qui se sentent perdus et qui ont du mal à le comprendre. On vous a visiblement blessé et fait beaucoup de mal. Assez pour que ces prières ne vous apportent plus le réconfort qu’elles devraient.
La suite la déstabilise tout autant et si Zofia est calme, le rouge de ses joues et son regard fuyant trahissent son malaise probant. Plusieurs les fixent, les sourcils foncés. L’aubergiste encore plus et si la prêtresse pouvait disparaître dans une craque du plancher, elle le ferait. Et pourtant, elle reste droite et calme sur sa chaise, malgré tous ces mots difficiles à entendre, des mots qui pourraient valoir à la châtelaine des problèmes bien grands si des oreilles indiscrètes les entendaient. Et si Zofia ne respectait pas autant le dogme du pardon, elle aurait très bien pu rapporter ce manque de foi en leur Mère à son supérieur. Seulement, la prêtresse n’est pas ainsi et surtout, Louise n’a point besoin qu’on la malmène davantage. Elle a seulement besoin de patience.
-Je sais ce que c’est que d’être moins bien traité à cause de ses origines. Selon vous, ai-je physiquement l’air d’une Suderonne? J’ai grandi ici et je parle comme eux, mais malgré tout cela, on m’a souvent traitée différemment, simplement parce que je suis trop grande et moins délicate que mes comparses féminines du Sud. Je porte aussi l’épée et l’armure et si ce n’était de mon statut de prêtresse, je crains que je n’aurai point le respect que j’ai en ce moment de la part de nombreuses personnes qui ont croisé mon chemin. Ce que les gens ne comprennent pas les rebute et pour que cela change, il faut de la patience. Ces guerres entre Suderons et Nordiens sont peut-être terminées, mais malheureusement, les préjugés resteront encore quelque temps.
Elle n'a certes pas les responsabilités de la Dame non plus et à la chance d'avoir encore sa famille ainsi qu'un futur mari aimant et qui respecte ce qu'elle est. Elle a de la chance et cela, elle en est très consciente. Cela ne veut pas dire qu'elle n'a pas sacrifié des choses en retour. Seulement, elle sait aussi que c'est facile pour elle de ne voir que du positif alors que sa vie va très bien en ce moment. Elle regarde donc Louise, pleine de compassion. Cette jeune femme a seulement besoin qu'on l'écoute et c'est ce que la prêtresse fait malgré la dureté de ses mots. Elle avance alors sa main pour la poser sur celle de Louise et doucement, elle sert. Elle finit par le retirer ne sachant pas exactement si ce geste la rendrait mal à l'aise. -Je ne suis peut-être pas un roi ni un riche seigneur, mais moi je vous écoute Louise. Je suis soignante et ma spécialité est certes les blessures physiques, mais mon rôle de prêtresse me permet aussi de faire tout mon possible pour soigner les maux du Souffle.
Elle voit la nourriture et surtout le vin et d'une voix plus basse, elle lui propose quelque chose.
-S'il y a quoi que ce soit que je puisse faire pour apaiser votre cœur visiblement meurtri, dites-le-moi et je ferai tout mon possible pour vous tendre la main et vous aider. Les prêtres et prêtresses ont le devoir de garder sous silence les confidences, peu importe leur nature ou ce qu’elles sont. Si vous le désirez, nous pouvons donc continuer de manger dans une chambre, là où nous serions plus tranquilles.
Elle sourit, un sourire léger, même si cette tristesse qu'elle voit chez Louise l'affecte. Zofia n'a jamais adoré voir quelqu'un souffrir autant émotionnellement que physiquement. Elle veut seulement calmer la tension en offrant un environnement plus propice à Louise pour qu'elle se sente mieux et moins dévisagée.
-Si nos routes se sont croisées aujourd'hui, c'est peut-être parce qu'Elle vous a entendu.
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| | | Louise de Fernel
Humain
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| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Sam 5 Juin 2021 - 17:07 | |
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Ce breuvage abrutissant est le seul réconfort qu’il lui reste. Quand vous êtes seule dans un monde qui vous rejette sans arrêt alors que vous avez à cœur de le défendre, quand vous n’avez confiance qu’en une seule personne que vous n’êtes jamais certaine de revoir, quand tout vous semble fait de ténèbres et d’horreurs, oui, ce breuvage de rubis, plein de force et de goût, de réconfortante chaleur, c’est le seul soutien qu’il vous reste. Du moins, c’est ce que pense Louise, en cet instant où toutes les barrières sont en train de vaciller sous le poids d’un aveu qu’elle ne s’attendait pas à déclarer aussi directement. La dernière fois que ces barrières qu’elle place toujours autour de ses sentiments et de son cœur ont vibré de la sorte, elle a vécu un moment qui lui semblait beau sur l’instant mais qui avec le recul, et l’expérience qu’elle a acquise ces dernières ennéades, ne ressemble plus qu’à un moment d’infinie tristesse. Elle a compris bien des choses ces derniers temps, surtout qu’on peut feindre des sentiments y compris pendant des moments qui devraient pourtant en être remplis…
- J’ai cessé mes prières. Pourquoi prier si c’est pour être constamment ignorée, après tout…
Une nouvelle gorgée de vin.
- De la patience hein ? Je n’en manquais pas…avant. Je n’en ai plus. Je ne tolère plus cette attitude. Je ne la supporte plus. Parce que c’est injuste. L’injustice me révolte. Elle me dégoute. Elle me répugne.
Elle se tait, écoutant alors les propos de la prêtresse, cherchant à apaiser ce feu qui brûle au creux de son ventre. Tout autour de son cœur, les petits monstres s’acharnent à planter leurs griffes, pour maintenir les morceaux, pour faire en sorte qu’elle ne s’effondre pas totalement. La châtelaine pose un regard sur l’assistance, sur ses deux hommes derrière elle et sa mine devient encore plus sombre, si c’est possible.
Lorsque Zofia pose sa main sur la sienne, elle la retire, comme si on venait de lui brûler la peau. Personne ne prend la main de la châtelaine sans le lui demander, personne. Elle déteste ce contact là. A chaque fois que quelqu’un a pris sa main, c’était toujours pour obtenir quelque chose d’elle, en l’amadouant par de belles paroles, de beaux sourires ou de belles perspectives qui ne se réaliseront pas. Prendre la main de Louise, c’est lui demander de faire confiance. Or, elle ne fait confiance qu’à une seule personne qui est loin, très loin. Lui seul peut s’en saisir parce qu’elle sait très bien qu’il n’en fera jamais rien. Il a bien trop de mal à approcher qui que ce soit…sauf pour remplir ses contrats.
Un malaise s’empare de Louise qui voit bien, pourtant, que Zofia n’est pas là pour lui faire du mal. Enfin c’est ce qu’elle se dit. La châtelaine a caché ses deux mains sous la table, gênée par la violence de son geste et de ses paroles aussi. Elle regarde ses petits doigts, abîmés ici et là par de longs jours de chevauchée, par le maniement presque quotidien de sa lame…par le travail qu’elle fournit aussi, en cas de besoin, à Fernel, pour le soin des chevaux par exemple…Sont-ce bien là de jolies mains de dame péninsulaire ? Même ses mains trahissent ses activités et sa vie, une vie difficile de petite noblesse terrienne. Elle en arrive même à en avoir honte, prise par l’alcool et par un océan de regrets qui l’étouffent un peu plus chaque jour.
Lorsque Zofia énonce sa proposition, Louise ose à peine la regarder. Un rictus s’affiche sur ses lèvres en songeant à ce qu’elle a sur le cœur, tous ses secrets, ces choses qui font qu’elle a le sentiment de perdre pied. Déposer son fardeau sur quelqu’un d’autre, serait-ce correct ?
La châtelaine a un regard rapide, plein d’appréhension pour la prêtresse. Ce qu’elle a à confesser est lourd, très lourd. Cela peut lui couter sa vie, son rang, tous ses espoirs. Même si elle s’est toujours appliquée à tout dissimuler et qu’elle s’est assurée que rien ni personne ne pourra jamais lui nuire, il n’en demeure pas moins que ces poids-là, ceux qui pèsent sur sa conscience, sont bien difficiles à porter tous les jours. Elle sait tant de secrets, elle pourrait mettre tant de vies en danger, elle pourrait sans doute même, sans le moindre doute, plonger tout le Nord de la Péninsule dans un chaos indescriptible si elle le voulait. Entendre Louise en confession, c’est entendre des mois de choses horribles…des mois de lutte et de doute…de peur aussi.
- Je ne suis pas bien certaine que vous ayez envie d’entendre ce que j’ai sur la conscience, ma Mère. Je n’en suis pas certaine du tout.
Elle lève son verre de vin et ajoute :
- Et Elle non plus…Et si je le fais…qu’arrivera-t-il…Et si elle me rejette définitivement après que je vous ai tout dit?
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| | | Zofia Marger
Humain
Nombre de messages : 261 Âge : 34 Date d'inscription : 21/08/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 30 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Mar 8 Juin 2021 - 18:47 | |
| Plus elle entend Louise et plus Zofia sent le découragement l’abattre tout doucement. Encore plus lorsqu’elle retire sa main rapidement et que le visage de Louise se ferme, donnant ce sentiment à la prêtresse qu’elle vient de reculer de plusieurs pas au lieu de s’avancer. Pourtant, la prêtresse refuse de la laisser ainsi, même si elle a l’impression que peut-être seul le temps arrivera à mettre la Dame plus en confiance en sa présence. Après tout, elles ne se connaissent pas tout à fait et la prêtresse peut clairement voir que la châtelaine n’accordera pas sa confiance aussi facilement, même à une représente de la DameDieu. Au contraire, sa fonction semble même la rendre réticente...Et pourtant, Zofia sent son trouble lorsque Louise se rend compte de la portée de ses mots. La prêtresse sait qu’il faut encore un peu de patience avec la jeune femme et si ce n’est pas aujourd’hui qu’elle s’ouvrira à elle, Zofia veut tout de même lui faire comprendre qu’elle l’attendra et qu’elle respectera ses barrières. La châtelaine est incertaine et cela se voit par le regard méfiant qu’elle lui lance après sa proposition.
Elle ne peut s’empêcher de baisser à nouveau les yeux sur son verre; si seulement la châtelaine savait combien elle-même n’est point parfaite malgré ses robes néerites. Écouter son cœur et ses pulsions comme elle l’a fait pourrait la défroquer sur le champ. Devrait-elle sous-entendre cela pour l’apaiser? La prêtresse doit avouer qu’elle-même a peur et comprend la réticence de Dame Louise. Après tout, sa propre famille ne connaît point tous ses secrets, que Zofia refuse de dévoiler, d’ailleurs. Briser le cœur de sa mère, elle aussi prêtresse de Néera, est la dernière chose qu’elle souhaite. Elle ose alors un triste sourire, mais ne dis rien, préférant donner l’entière parole à Louise qui en a définitivement plus besoin qu’elle.
Louise assume ensuite qu’elle n’a point envie d’entendre ses maux. Zofia fronce alors les sourcils, pensive, mais surtout, désireuse d’approcher la situation d’un autre angle. Elle plante à nouveau son regard dans celui de la châtelaine et se lance :
-Il n’est pas question de mes envies ici, mais du bien-être de votre Souffle Louise et surtout, de ce que vous désirez vraiment. On nomme notre DameDieu la Bienveillante parce qu’elle pardonne ceux qui veulent se racheter, peu importe leur passé. Vous me semblez avoir peur de perdre cet infime lien qui vous unit toujours avec Elle, malgré votre sentiment d’abandon et vos prières qui se sont éteintes. Alors, je vous pose cette question : acceptez-vous de donner une autre chance à notre Mère ?
Elle soutient son regard, toujours avec calme et patience, mais consciente de l’ampleur de ce qu’elle lui demande. Doucement, elle ajoute :
-Mais surtout, de quoi avez-vous besoin pour que vos troubles s’apaisent enfin ? Qu’attendez-vous d’Elle exactement ?
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| | | Louise de Fernel
Humain
Nombre de messages : 1064 Âge : 42 Date d'inscription : 09/02/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 22 ans Taille : 161 cm Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Mer 9 Juin 2021 - 17:18 | |
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Elle finit son verre d’un trait, comme pour se donner du courage. Car du courage, il en faut pour dire de pareilles choses. Du courage ou de l’inconscience, allez savoir. Quoiqu’il en soit, il est évident que Louise a des choses à dire, à confesser, elle a besoin de confier toutes ces choses qui la poursuivent depuis si longtemps, des choses dont elle ne parle jamais à qui que ce soit, pas même à Dante. Il est de ces considérations spirituelles qui ne peuvent être apaisées, expliquées, éclairées que par le truchement d’une personne qui y est totalement dévouée.
La châtelaine a un regard douloureux pour la prêtresse. Le regard d’une personne qui en a trop vu et qui ne sait plus comment gérer tout ce qu’elle ressent par crainte de tout et de tout le monde, par crainte qu’on lui fasse du mal à nouveau. Une personne qui n’est pas en paix, qui n’est jamais tranquille, alors que sa personnalité profonde est tout entière dévouée aux autres et à son service envers le bien commun. Un Souffle troublé par des tempêtes si puissantes qu’il s’est égaré et qu’il ne sait plus comment revenir auprès des siens. Entendre Louise en confession sera un poids pour Zofia. Un poids bien lourd et difficile à porter…Un poids que Louise a des scrupules à confier à d’autres.
Pourtant, pour une fois, quelqu’un semble lui tendre la main, de manière totalement désintéressée, uniquement poussée par l’envie sincère d’aider. Et cela déstabilise Louise qui n’est guère coutumière des personnes sincères. Serait-ce un nouveau piège ? Une façon de l’amadouer pour lui faire du mal ? Elle observe la femme qui lui fait face, à la dérobée, un peu honteuse d’avoir ce genre de pensées, sans même lui laisser une chance de prouver le contraire. Le comportement, le manque de ferveur et les craintes de Louise sont les conséquences d’actes désastreux qu’elle ne maîtrise pas totalement. Ce qui augmente encore son désarroi et cette sensation de solitude insupportable qu’elle ne parvient plus à gérer.
Tête baissée, elle observe ses mains, l’œil troublé de larmes qui refusent de couler.
- C’est plutôt à elle de m’en accorder une, de chance, Mère Zofia…Je me suis perdue…bien loin de tout ce qui est possible d’imaginer…et je doute qu’elle veuille d’un Souffle aussi corrompu que le mien.
La boule qui se formait dans sa gorge étrangle sa voix, de sorte qu’elle semble sur le point d’éclater en sanglot :
- Je n’attends rien de plus que…
Un regard pour la prêtresse :
- …que ce que j’ai toujours demandé…un peu d’aide. C’est la seule chose que je lui ai jamais demandé, Mère Zofia…juste…un peu d’aide.
La châtelaine se revoit, dans sa chambre de jeune fille, à Fernel, s’abîmant les genoux lors de longues prières pour que la Bienveillante accorde un répit à sa mère. Pour qu’elle étende ses grâces à Fernel. Pour que le Duché soit en paix. Pour que le petit Jehan guérisse de sa méchante maladie. Pour que les juments survivent à leur mise bas. Jamais elle n’a demandé quoique ce soit pour elle, jamais, à part un soutien dans les moments difficiles, un soutien qu’elle n’a plus ressenti dans ses prières…Sa mère est morte dans d’horribles souffrances, vidée de sa substance par des poisons savamment distillés, elle a du se battre pour garder Fernel alors qu’on tentait de le lui prendre par un odieux complot, elle n’a reçu que de la condescendante moquerie de la part de son suzerain, le petit Jehan n’a pas survécu...Et elle s’est sentie si seule, à la merci de tout et n’importe qui. Prête à donner sa confiance à qui aurait le temps de l’écouter, au moins un peu. Avec quel désastreux résultat…
Elle se lève, brusquement, imitée en son mouvement par ses hommes qui approchent. Louise fouille maladroitement dans sa bourse et dépose sur la table de quoi payer au moins cinq repas, incapable de compter compte tenu de sa confusion et de son état d’ébriété.
- Je ne peux pas parler de cela ici. Si cela ne vous répugne pas de m’entendre…alors venez me voir demain…Je ne suis plus capable de continuer cet entretien…A demain Mère Zofia.
Elle s’éloigne déjà, suivie par Aymeric qui surveille son pas, un pas qu’elle tente de garder droit et sans trop de mouvements désordonnés. Enguerrand, lui, reste près de la prêtresse un instant et la regarde s’éloigner avant de baisser la tête. Même si Louise ne lui parle jamais de rien, il sait tout, parce qu’il était là, à chaque fois qu’elle a pris une gifle. A chaque fois. Il a un regard pour la prêtresse et dit, de sa profonde voix grave :
- Dame Louise réside, le temps de son séjour, dans la petite auberge tout au bout de la rue commerçante.
Il s’incline respectueusement et fait mine de s’éloigner quand il se ravise et murmure, à son attention :
- Aidez la, ma Mère, avant qu’il ne soit trop tard… Je viendrai vous quérir au temple afin d’assurer votre sécurité, peu avant les dix heures.
Il s’en va rapidement, rejoignant Louise et Aymeric qui sont déjà dans la rue, avançant en silence vers l’auberge. Arrivée en sa chambre, Louise s’y enferme après avoir demandé une cruche de vin, un verre et surtout…qu’on ne la dérange sous aucun prétexte. Elle s’endormira tard dans la nuit, toute habillée, les paupières rouges et gonflées, les lèvres tâchées de vin, d’un sommeil lourd et sans rêve, tourmentée par des Ombres qui ne sont pas issues des effets du vin mais de sa conscience malmenée.
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| | | Zofia Marger
Humain
Nombre de messages : 261 Âge : 34 Date d'inscription : 21/08/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 30 ans Taille : Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Quand la moindre pièce compte [Zofia & Louise] Mar 29 Juin 2021 - 16:44 | |
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Ce n’est pas la première fois que la prêtresse s’accroche à ce genre de regard éperdu. Elle l’a déjà retrouvé chez un autre fidèle égaré et il a fallu de la patience pour qu’elle le ramène sur un chemin plus lumineux. Seulement, de la patience, ce n’est pas ce qu’elle manque et c’est pourquoi elle laisse plutôt le choix à Louise de s’ouvrir à elle au rythme qui lui convient. Elle sent toujours cette réticence et pourtant, la jeune femme paraît flancher doucement. Les digues de ses yeux n’ont certes pas encore cédé, mais il suffit d’une bourrasque pour que le torrent s’échappe enfin. Et puis, elle se lève soudainement, arrachant un froncement de sourcils léger à la prêtresse. Si elle ne parle pas maintenant, la Dame de Fernel lui propose toutefois de venir la rejoindre demain, bafouillant en cherchant la monnaie et visiblement bousculée et enivré d’alcool. Zofia ne peut s’empêcher de l’envelopper d’un regard inquiet, mais se souvient qu’elle n’est pas seule. Ses hommes d’armes se sont d’emblée levés, prêts sans doute à l’accompagner.
Un de ceux-ci, le plus vieux, s’arrête devant elle, l’air inquiet. Ce qu’il murmure la fait sourire doucement. Elle tente de se montrer rassurante et lui promet qu’elle fera tout en son pouvoir pour la soutenir, peu importe le poids de cette confession que sa Dame porte.
-Je promet de faire tout ce que je peux pour votre Dame.
Elle le regarde ensuite s’éloigner, jouant avec son amulette de Sainte Aliènor. Elle sent qu’elle devra s’armer de beaucoup de force pour demain et c’est pourquoi elle termine son plat et décide de retourner au temple prier leur Mère. Si Elle a pu l’entendre après tous les impairs qu'elle a commise malgré son statut de représentante de la DameDieu, Elle peut certainement faire quelque chose pour la châtelaine de Fernel.
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