[L'Egide]Le tout débuta par une lettre

Cinquième ennéade, jour 2
Vérimios
L'An 18

La vie suivait son cour dans la cité aux milles canaux malgré la tempête qui grondait à l’horizon. Dans l’une de ces somptueuses villa qui se dressaient non loin du palais ducale, Christian lisait sans vraiment se concentrer un livre apparemment aussi volumineux que rébarbatif. Tout près de lui, posé sur un guéridon, se trouvait une coupe de vin rouge et une bouteille vidé à moitié de son contenu.

« Tu peux sortir de ta cachette, elle est enfin partie. »

« Ta mère est terrifiante. »

Christian leva les yeux de sa lecture afin de regarder la jeune femme venant vers lui. Elle portait une tenu d’homme trop grande et avait caché sa chevelure sombre de soltarii sous un chapeau, mais son visage ne pourrait tromper personne. C’était bien une femme et, en outre, c’était sa femme bien que leur union ne soit qu’un arrangement à l’amiable.

« Je crois que cette veste m’appartient. » Dit-il en refermant le volume.

« Je vais arrêter de t’emprunter tes vêtements, quand je trouverai un couturier qui acceptera de me faire des vêtements d’homme sans sourciller. Un messager vient de t’apporter ceci. À la poussière qui couvrait ses vêtements, je dirais qu’il vient probablement de loin. »

Bianca lui donna une enveloppe avant de prendre la coupe de vin pour la vider d’une seule traite. Christian brisa le sceau de cire et déplia l’épais parchemin. Sans même commencer à lire, il reconnu l’écriture et sourit.

« Ah, je reconnais cette expression. » S’exclama Bianca, affichant elle-même un large sourire. « C’est ta mystérieuse correspondante. »

« Elle n’est pas si mystérieuse et je suis certain qu’elle te captiverait tout autant que moi. »

« Tu me la présentera un jour? »

« Certainement, mais je doute que tu parviennes à l’attirer dans ton lit si c’est ce que tu as en tête. Quoique si ça arrive, je veux voir ça. »

Très cher Christian,

J’espère que cette lettre te trouvera en bonne santé. Pour ma part, je vais très bien. Je suis présentement sur les routes dans l’espoir de nouer quelques accords commerciaux pour Papincourt. Après avoir passé tout l’hiver enfermé, ce voyage est tout à fait le bienvenu bien que je m’ennuie terriblement de Lohie et de mes enfants.

Si je t’écris, c’est surtout parce que j’ai un service à te demander. Serait-il possible pour toi de me rejoindre le plus rapidement possible à Diantra? Je ne peux pas t’en dire plus pour l’instant, mais j’ai fais une rencontre intéressante hier. Au moment de t’écrire cette missive, je suis à Langehack le jour de Kÿrianos de la quatrième ennéade et si tout va bien, je dois partir pour la capital au début de la prochaine. Normalement, je serai déjà en route au moment où tu liras ce message.

Si tu devais arriver à Diantra avant moi, j’ai fait envoyer un message à Cassio afin qu’il prépare la maison de ville pour te recevoir.

Passe mes salutations à ton épouse et embrasse tes garçons pour moi.

Tibéria.

« Elle te fais dire bonjour. »

« C’est gentil de sa part. Qu’avait-elle à te dire? »

« Pas grand-chose, mais elle me demande de la rejoindre à Diantra. Donc à Diantra je vais. Et tu avais raison, cette missive vient de Langehack. »

Christian replia la lettre et se leva de son fauteuil.

« Elle t’a dit pour quelle raison? »

« Non, mais je suis trop curieux pour refuser. Je ne sais pas quand je vais revenir… Tu penses t’en sortir sans moi? »

« Je n’ai pas besoin d’un homme pour me débrouiller. Va et amuse-toi bien! »