Une demeure à Sol’Dorn et une partie d’un des domaines familiaux au Puy.
Hasstn’Tizzin, un morgal albinos qui contraste avec la peau sombre de sa maîtresse, qui lui sert autant d’accessoire de mode que de monture.
Rewt’Gandl, un melzoar massif qu’elle traite comme certains pourraient traiter un petit chien de compagnie, Rewt’Gandl est plus gros que ses congénères pour la simple et bonne raison qu’il est à la limite entre le surpoids et l’obésité.
Apparence :
- Taille : 1m75.
- Couleur des yeux : Rouge.
D’une blancheur soyeuse, les cheveux de l’eldéenne reflètent particulièrement bien la lumière, et ses couleurs, et pour cause elle en prend un très grand soin, à l’instar du reste de son corps d’ailleurs, après tout ne pas le faire serait un gâchis. Ses yeux d’un rouge vif qui n’est pas sans rappeler le fameux diction : les yeux sont les fenêtre de la Flamme ; ils ne sont toutefois pas les seuls à être réhaussés de maquillage, souvent d’un noir plus profond que celui de sa peau pour les faire ressortir davantage, ses lèvres y ont également souvent droit, parfois c’est un rouge similaire à ceux de ses pupilles, parfois c’est au contraire pour les foncer. Lesdites pupilles sont d’ailleurs bordées de tatouages représentants des étoiles, signe de sa prêtrise. Le tout sur un joli visage ovale à partir duquel poussent deux oreilles pointues percées pour pouvoir les agrémenter de boucles ou d'anneaux. Née dans une famille de Prima Sanguis, Tysharra’Ssin a eu la chance d’hériter de gênes lui assurant un physique exquis ; fine, avec des formes que d’aucun qualifieraient de généreuse, une musculature légèrement dessinée, dont celle du dos est souligné de tatouages ce qui oblige à quiconque voudrait les lires dans leur intégralité à lire dans plusieurs positions. A ça il faut ajouter de longues jambes galbées et une grâce assurée née d’une certitude : si jamais Isten venait à se présenter devant ses plus fervents adorateurs, Tysharra’Rlynn n’aurait au final que peu à lui envier.
Personnalité : Tysharra’Ssin aime tout particulièrement une chose : s’afficher. Elle aime être le centre de l’attention et comment ne pas l’être quand on est l’exemple même des canons de beauté eldéens actuels ? Comme dit plus haut, l’eldéenne a une très haute opinion de son physique, nourrie en bonne partie par son rôle de prêtresse d’Isten qui se doit de viser la perfection et c’est justement le domaine qu’elle a choisi pour l’atteindre. Par conséquent une attaque sur son apparence a le don de la mettre en rogne, de lui faire passer un certain temps devant son miroir pour finalement se dire d’un ton dédaigneux que le critique n’a aucun goût ; cette perte de temps tend à la rendre particulièrement dure dans sa vengeance qui ne se manifeste que rarement par la mort de la personne qui l’a offensée mais davantage par sa défiguration. Dans ce but l’objet préféré de sa vengeance reste le feu, autant pour son symbolisme que pour son efficacité, quoi de mieux qu’une flamme pour détruire un visage gracieux ? Pour varier les plaisirs l’acide est également un choix qu’elle fait souvent.
Mais Tysharra’Ssin ne fait pas que détruire la beauté, elle la crée parfois, via des danses, des chants ou en jouant d’un instrument. Toutefois elle ne dédaigne pas non plus les autres formes d’art, celles qu’elle n’arrive pas à pratique de façon satisfaisante, celles qui sont moins éphémères comme le dessin, la joaillerie ou les étoffes pour ne citer que ça ; elle aime en faire collection avec une certaine avidité, transformant des parties entières de son domaine dornien et des parties du domaine familial puysard qui lui est alloué en musées dans lesquels figurent autant d’œuvres d’art que d’animaux ou de cadavres naturalisés.
Capacités magiques :Aucune.
Histoire
Tysharra’Ssin est née dans l’une des branches cadettes des Tael’Chath et si elle ne naquit pas seule, elle n’eut pas l’occasion de voir sa sœur jumelle qui fit office de sacrifice pour Natha, si elle avait bien des yeux rouges, sa peau eut la fâcheuse idée d’être aussi blanche que les cheveux de sa mère. Plus tard, un adepte du temple de Tysharra’Ssin expliqua à son fils sur le ton de la plaisanterie que la prêtresse, déjà dans le ventre de sa génitrice, ne pouvait tolérer quelqu’un d’aussi belle qu’elle et qu’elle avait tuée elle-même sa sœur à la naissance. Si ç’avait été possible, sans doute l’eldéenne l’aurait tenté pour se débarrasser de quelqu’un et ce très tôt car dès la plus tendre enfance elle rencontra ses premiers rivaux : ses frères et sœurs, ceux qui étaient déjà là et ceux à venir.
Elle répétait la même chose depuis près d’une heure, inlassablement, ou en tout cas elle donnait l’impression de ne pas se lasser de la monotonie de la situation car en réalité ça commençait à légèrement l’agacer de dire pour la énième fois comme Uriz s’était débarrassé de sa prison de glace mais voilà : elle savait que le prêtre de Teiweon était autant attentif à ce qu’elle racontait qu’à la façon dont elle le faisait et que ses parents le sauraient. Si elle n’était pas complétement certaine de ce qui était arrivé à son frère il y avait de cela deux semaines, elle se doutait que ça avait lien avec un échec de ce dernier sur elle ne savait trop quoi et si elle en croyait les bruits de couloirs lesdits parents avaient une grande part de responsabilité dans sa disparition. Alors lorsque le prêtre, d’un air qu’elle aurait presque apparenté à de la satisfaction, ou qu’elle espérait que s’en était, elle se tut et reprit sa lecture de l’Eda Vengeur en se mordant l’intérieur de la joue pour repousser la fatigue qui commençait à peser sur ses paupières.
***
La jeune eldéenne était, pour une fois, seule dans sa chambre et se brossait les cheveux devant un grand miroir en regrettant un peu que ses cheveux perdent leur rousseur d’enfance pour une blancheur toute drow. Mais c’était ainsi, ses premières mèches neigeuses lui avaient d’abord fait un peu peur, elle avait demandé à son frère aîné si elle avait fait quoi que ce soit qui aurait pu déplaire à Isten et ce dernier avait ri en lui répondant que c’était signe que son corps se préparait pour son Clor d’Dormagyn à venir. Maintenant que l’épreuve était passée depuis près d’une décennie, Tysharra’Sinn de ne savait pas trop quoi penser de cette transformation. Devait-elle regretter cette transformation, visiblement inévitable, inéluctable, ou bien l’embrasser pleinement ? L’ilythiiri se retourna lorsqu’on frappa à sa porte.
« Oui ? » Sa main se serra nerveusement sur la poignée en métal de sa brosse avant de relâcher sa prise lorsqu’elle vit que c’était Elrynn qui ouvrit la porte.
« On dirait qu’Isten t’aimes de moins en moins. » Un sourire moqueur, aux lèvres, il désigna la mèche d’un blanc glacial que l’eldéenne brossait.
« Ce n’est pas drôle. »« Ne fais pas cette tête, ça t’enlaidies. » Il avança en direction de sa cadette, son armure au plastron frappé d’un soleil produisait un son presque mélodieux à chacun de ses pas et en voyant sa réaction il se mit à rire le temps de terminer le peu de distance qui le séparait encore d’elle. D’une main gantelée il releva le visage de Tysharra’Sinn pour que cette dernière le regarde dans les yeux.
« Tu es bien plus belle avec ton petit air vexée. »Elle voulu répondre quelque chose mais elle n’en eut pas l’occasion, alors qu’elle ouvrit la bouche, il l’embrassa. S’ensuivit un long baiser qui, lorsqu’il s’arrêta, laissa l’eldéenne avec une envie brûlante de recommencer, une envie d’autant plus incandescente que la main d’Elrynn, qu’il avait placé au creux des reins de sa cadette, était descendue. Leurs lèvres se séparèrent, laissant une Tysharra’Ssin qui avait un peu de mal à reprendre son souffle.
« Alors Tysha, tu es prêtes pour notre séances ? » Le sourire moqueur de son frère était de retour ce qui n’amusait pas l’eldéenne qui hocha lentement de la tête en fermant les yeux pour reprendre ses esprits.
« La salle d’arme nous attend. »« Est-ce que Dirzriina va se joindre à nous ? »« Non, pourquoi ? » Il recula légèrement, rompant leur étreinte et devant l’hésitation de sa cadette à répondre, Elrynn éclata de rire.
« Nous serons seuls mais si ça peut te rassurer, tu ne perdras pas ton bras lors d’un… malheureux accident comme Zaknl’Ghym. Vois le bon côté des choses : tu as peut-être perdu un ami mais au moins Jhaelryna et lui ne se débarrasseront pas de toi lors du Clor d’Manor de Zhak’Bar ; ne me remercies pas Tysha, ce fut un plaisir. » Il lui tourna alors le dos et sortit de la chambre sans fermer la porte pour rejoindre la salle d’arme, il ne prit pas la peine regarder par-dessus son épaule pour voir si sa sœur le suivait ou non.
***
Tysharra’Ssin suivait sa tutrice dans le haut-temple d’Isten en lançant un regard curieux sur l’orgie qui se déroulait dans la pièce qu’elles traversaient sans même s’arrêter, si elle eut envie de s’arrêter, elle savait qu’elle n’avait pas le doit de se joindre à la masse de corps noirs qui lui faisait penser au fond des fosses à serpents qu’appréciaient tant certains prêtres de Leetha tant que sa maîtresse ne le lui autorisait ; alors la novice dut se faire violence pour ignorer les appels ou pour ne pas succomber à la tentation lorsqu’un drow lui attrapa la main. Lorsqu’elle baissa les yeux pour rencontrer les siens, l’adolescente y vit un brasier dévorant, l’appelant à venir s’allonger auprès de lui et de son amant. Alors qu’elle allait se laisser emporter, la peur la rattrapa et elle tourna rapidement la tête pour chercher du regard la grande-prêtresse qu’elle suivait jusqu’alors, la Prima Sanguis la vit discuter avec une consœur au service de Natha qui couvait la scène qui se déroulait devant elle d’un regard bienveillant. Cette dernière afficha un sourire et ses lèvres bougèrent brièvement avant que la tutrice de Tysharra’Ssin ne fasse signe à sa protégée qu’elle avait l’autorisation de sombrer. Un signe que ladite grande-prêtresse n’eut pas à faire deux fois.
Ce ne fut alors une surprise pour personne lorsque, le lendemain, après une nuit durant laquelle elle ne dormit que peu, Tysharra’Sinn choisit la Belle Dame comme marraine lors de son Clor d’Beannaighil. Avec la fin de la cérémonie, vint le moment de recevoir son premier tatouage. Si elle n’avait pas complétement terminé son noviciat, elle n’en était pas loin et l’eldéenne se prépara, se faire tatouer était une offrande et elle ne comptait pas le prendre à la légère. Avec l’aide d’un prêtre de Kiran elle fit disparaître toutes ses cicatrices apparues durant ses premières classes, les classes communes et celles dues à la vie naturellement violente du Puy. Au final il n’en restait plus qu’une, sur l’intérieur de son poignet, son P’obon d’Natha. Désormais considérée comme une adulte par la société qui l’a vu naître, Tysharra’Ssin prit une part un peu plus importante dans les intrigues de son peuple et plus particulièrement celles de sa famille. Une part qu’elle ne comprenait pas toujours, sa jeunesse faisait qu’elle n’était pas encore la confidente de ses aînés, à peine un joli outil qui pouvait être utile d’une façon ou d’une autre, il ne restait alors qu’à trouver comment. Or, il se trouva qu’on eut une idée pour elle bien vite. On lui présenta la chose comme un devoir, une façon de porter la responsabilité de son sang comme elle n’en avait jusque là pas eu l’occasion, de repayer la dette qu’elle avait encourue en naissant. Ou du moins de commencer à la repayer. Mais de toute façon l’ilythiiri n’avait pas besoin de motivation supplémentaire, celle de simplement montrer de quoi elle était capable étant déjà amplement suffisante.
Elle aurait pu également s’intéresser aux détails, aux évènements, aux raisons qui avaient mené à la tâche qu’on lui confiait mais dans sa jeunesse elle s’en moquait. Alors il lui suffit d’entendre d’amis, bien que contact fut sûrement un terme plus approprié au Puy, qu’entre deux branches des Tael’Chath les tensions commençaient à devenir palpables et qu’on avait refusé à son père un coup de pouce pour un de ses clients. Ce fut, en quelques sortes, le tremblement de terre qui fait surgir le Karkal.
***
La drow tourna une dernière fois sur elle-même pour retomber dans les bras de son ancien amant et le couple de danseurs se figea, l’eldéenne étant tenue presque à l’horizontale par un bras qui traversait son dos et une main qui lui tenait l’épaule. Tysharra’Ssin leva une des siennes, de main, pour caresser le visage de son cavalier.
« Je ne te plais plus, Yazris? » Elle mit une pointe de tristesse dans sa voix alors que ses doigts effleuraient la peau de l’intéressé.
« Ce n’est pas ça et tu le sais très bien. » Lentement il la souleva sans le moindre effort afin qu’elle soit à nouveau sur ses pieds.
« C’est la faute de Kerhel et de sa malédiction. »« Inutiles de te cacher derrière la Traîtresse, la malédiction vient d’être rompue ! » Son ton était monté au-delà de ce qu’elle avait voulu mais dans sa colère teintée de tristesse elle s’en moquait, reculant alors d’un pas puis de deux pour briser leur étreinte. Et lorsqu’il lui tourna le dos, et ce sans même baisser la tête pour marquer un quelconque regret, une larme apparut au coin de son œil avant de rouler sur sa joue. Elle retira la broche qui retenait une partie de sa chevelure pour se jeter sur Yazris et la lui planter dans la gorge.
S’il eut du mal à produire un son plus fort qu’un gargouillement, ce fut également le cas des spectateurs dans l’amphithéâtre qui faisait face à la scène sur laquelle se déroulait le meurtre. Elle resta un instant à observer son cousin se noyer dans son propre sang mais le temps n’aime malheureusement pas se figer bien longtemps et ses oreilles se redressèrent en entendant quelqu’un tirer une épée de son fourreau en montant sur la scène, Tysharra’Ssin tourna alors la tête et, voyant que sa grand-tante n’avait visiblement aucunement envie de plaisanter, elle prit ses jambes à son cou alors que le chaos s’emparait des quelques spectateurs qu’elle laissait derrière elle. Maudissant ces vieilles robes archaïques quelle avait dû mettre pour son rôle, la jeune eldéenne pouvait entendre la furie qui la pourchassait se rapprocher dangereusement. Se rendant rapidement compte qu’elle n’arriverait pas à lui échapper en courant, elle se retourna pour lui faire face. Elle recula pour esquiver un coup et tomba en arrière lorsqu’elle essaya à nouveau de se dérober. Elle se retourna alors tant bien que mal pour tenter de fuir à nouveau, se rendant compte que s’arrêter fut une très mauvaise idée mais une botte vint la plaquer au sol en s’écrasant entre ses omoplates.
Elle ferma les yeux mais elle les rouvrit bien vite en entendant le doux son de flammes arriver sous la forme d’une boule de feu pour la libérer d’un talon vengeur. Elrynn arriva en courant avec une poignée de gardes, arme à la main ; si jamais sa grand-tante survivait alors la jeune drow aurait tout le loisir de la voir dans les prochains jours lors de l’inévitable réunion des Tael’Chath pour remettre de l’ordre mais pour le moment elle avait fait sa part et n’avait pas envie de rester plus longtemps dans les parages, de toute façon elle avait du mal à voir ce qu’elle pourrait faire de plus.
***
Les célébrations de son deuxième siècle à peine achevées au Puy, Tysharra’Ssin s’en alla faire un petit tour d’Ithri’Vaan, en commençant par Sol’Dorn, poussée par une curiosité concernant cette partie de l’empire eldéen et ce qu’on pouvait en tirer. En effet si Isten pousse les drows à toujours en vouloir plus le souci était que si on ne sait pas ce qui se trouve un peu plus loin alors comment peut-on le désirer ? Et la première chose qu’elle désirât fut le domaine de sa cousine dans le quartier des temples dans lequel elle résidait lors de sa petite escapade en dehors du Puy. Cette dernière, qui ne devait durer qu’un an tout au plus, pour pouvoir s’arrêter quelques temps où elle voulait, se transforma bien vite en une décennie puis une deuxième alors qu’elle se découvrait un certain amour de la surface. Elle aimait dormir dehors pour être réveillée par le soleil, elle avait alors l’impression d’être plus proche d’Uriz qu’elle ne l’avait été dans les profondeurs du Vatna. Et puis il fallait dire que le clergé d’Isten n’avait pas la même place ici ce qui fut particulièrement flagrant lors du Voile ; un mois que Tysharra’Ssin, qui avait pourtant l’habitude de se laisser aller, de ne pas réprimer ses pulsions, trouva particulièrement éreintant mais ô combien jouissif et outre une sexualité encore plus débridée qu’à l’accoutumé, elle vit naître en elle un amour tout particulier pour la musique qu’elle se mit à étudier. Ce qui n’était au final pas étonnant, après tout c’était le chant d’Isten qui avait fait causer tout ça. Du Voile naquit autre chose : un enfant dont l’identité du père lui est inconnue, autrement dit, un bâtard. Un bâtard qu’elle aurait d’ordinaire sacrifié mais voilà : il était un présent de la Belle Dame et on ne renvoie pas un présent et encore moins à celui, ou en l’occurrence celle, qui vous l’a offert et ce peu importe l’identité du père. Une identité qu’elle ne connaissait d’ailleurs pas, les possibilités étant bien trop nombreuses pour qu’elle ait ne serait-ce qu’un soupçon.
Au final ce qui la poussa à partir fut l’instabilité grandissante de Sol’Dorn après près de quarante ans à vivre dans la cité vaanie. Alors elle prit ses gardes, son fils et repartit pour le Puy, de toute façon ça serait mieux pour le Clor d’Vlos de son nouveau-né de se passer dans les tréfonds du Vatna et tant pis s’il devait attendre un peu pour qu’il se fasse. En s’en allant elle se surpris à passer une dernière fois par le quartier des Echoppes, non seulement pour dire aurevoir à quelqu’un mais pour le dire à un humain. Il avait fallu plus d’une décennie pour qu’elle se fasse à l’idée que des humains puissent être libres sans pour autant qu’on les extermine et presque autant de temps pour qu’elle leur adresse la parole mais voilà : maintenant, bien qu’elle ne l’admettrait jamais, il y en avait bien un ou deux qu’elle appréciait. Dont celui à qu’elle était venue voir, à qui elle fut à deux doigts de s’abaisser à lui proposer de l’accompagner. Mais elle savait très bien qu’elle essuierait un refus alors elle s’abstint. Il se trouvait qu’elle n’était pas la seule à repartir pour le Puy, outre les soldats du IVème ost qui quittaient la ville et parmi ces fuyards le long de la Sente Noire remontant jusqu’au Puy elle jeta passa devant des drows qui avaient rassemblés leurs possessions dans un chariot. Toutefois ce ne fut pas leurs affaires qui attira l’œil de la prêtresse mais ce qui les portaient.
Le melzoar massif avançait d’un pas pataud sur la route et fut rapidement dépassé par Tysharra’Ssin mais elle fit faire demi-tour à son morgal et les voyageurs s’arrêtèrent alors que l’escorte de la prima la suivait. Peut-être était-ce la couleur rougeâtre de ses écailles, sauf celles de ses pattes qui étaient bleues ou bien son regard abruti ou encore la façon qu’il avait de laisser un bout de langue pendre hors de sa gueule, qui ne faisait rien pour le rendre plus intelligent, mais un second coup d’œil suffit à l’eldéenne pour savoir qu’elle voulait l’animal. Elle donna alors l’ordre aux inconnus de retirer leurs affaires alors qu’elle s’approchait de sa nouvelle bestiole pour lui gratouiller le cou et si lesdits inconnus pensèrent bien un instant à protester ils se ravisèrent bien vite en voyant que c’était une prêtresse qui leur prenait leur compagnon un peu débile. Une prêtresse qui avaient plus de soldats à ses côtés qu’eux, ce qui, sans doute, eut tôt fait de les convaincre qu’obéir était la meilleure chose qu’ils pouvaient faire.
Toutefois son gros problème fut justement de maintenir son fils en vie car l’explication ne convainquit pas la totalité des Tael’Chath. Un certain nombre ne croyaient pas en l’apparition d’Isten mais d’autres refusèrent qu’on touche à l’enfant, dans le doute, de peur d’encourir l’ire de la déesse, d’autres bâtards avaient gardés la vie sauve et n’avaient pourtant pas la chance d’être nés dans de telles circonstances.
Durant les années qui suivirent Tysharra’Ssin ne s’inquiéta guère de ce qui se passait au Puy, trop occupée à assurer la survie de son fils pour s’occuper de ce qui pouvait se passer au-delà des murs du domaine Tael’Chath qu’elle occupait. Que ses peurs furent fondés ou bien le produit de la paranoïa qui afflige si souvent ses congénères, ça il aurait été difficile de le dire mais le résultat restait le même ; après qu’on lui eu dit d’assassiner son cousin quelques décennies auparavant sans vraiment savoir pourquoi, elle restait plus que méfiante à l’égard des motivations de sa famille proche, et encore plus pour celles de ses parents plus éloignés. Les guerres passaient sans qu’elle en fasse grand cas, apportant avec elles leur lot de mort, de gloire et de changements. Alors lorsque les osts sortirent du Puy pour partir pour Sol’Dorn, la Prima Sanguis les suit ; à la chute de la cité elle apprit que sa cousine mourut une décennie après son départ, Tysharra’Ssin récupéra alors le domaine Tael’Chath dornien une fois les rues pacifiées et débarrassées des monstres qui y rodaient la nuit. Elle passa bien un jour ou deux à rechercher la poignée d’humains qu’elle aurait aimé revoir mais, les chances qu’ils aient survécut étaient si maigres qu’elle ne s’y attarda pas plus que ça. Laissant son fils à Sol’Dorn, au bon soin de prêtres pour s’occuper que même hors du Puy il reçoive tout de même une éducation eldéenne et une fois de retour au Puy elle passa les années qui suivirent à reformer son réseau social ; en quarante ans d’absence les liens qui l’unissait à tant et plus de drows s’étaient estompés et c’était ce qui lui avait fait défaut au moment de faire accepter son fils par le reste de sa famille.