Rencontre entre les Emissaires de la Douleur et des Maladies [PV Kha']

2ème ennéade du mois de Karfias, An 19 du XI:
A l'extérieur du Mont Vatna
Début de matinée

L’air était saturée par les odeurs de transpiration et de larmes. La pièce était sombre, elle n’était qu’illuminé par quelque chandelles posés dans la piécette. Il y avait de place pour un lit de fortune, une petite table de chevet et deux personnes au maximum. Maerinios avait été appelé il y a quelques heures pour une maladie étrange qui avait pris possession du corps d’un esclave d’un marchand de l’Elda. Le balafré sentit alors l’haleine du supplicié tout en lui prenant le menton de force puis inspira.

« Usstan xuat satiir jalbol. »
(Je ne sens rien.)

Il se mit à grogner, l’anneau de sa famille était à son cou comme à son habitude. Il n’avait pas besoin de le serrer dans ses longs doigts et invoquer sa magie pour savoir qu’il n’y avait pas d’agents pathogènes dans l’air. Ce n’était pas une maladie, non… non.

« Ukt symptoms? »
(Ses symptômes?)

Le drow à la calvitie apparente se mit à réfléchir, bordel. Il ne pouvait pas aller plus vite ? Pendant que le maître de cet esclave réfléchissait, Druk’Klar palpait son patient. Son torse était couvert de cicatrice, il lui manquait un œil mais quelque chose l’intrigua. Des traces de crocs sur la joue. A peine visible. Il se mit à sentir la blessure et sentit ce qu’il craignait.

« Xunus uk alu ulu faelia's swamps? »
(Il est allé dans les marais de Faëlia?)

Le drow allait lui répondre mais Maerinios l’arrêta avec un doigt en l’air. Il tiqua de la langue et se retourna vers Igor qui lui donna sa cassette dont il ne se séparait jamais et l’ouvrit sans ménagement. Trois compartiments, petits et compactes, s’offrit à la vue du maître de l’esclave et quelques instants flotta pour que le prêtre de Kiran trouve enfin ce qu’il désira. Il prit une petite fiole qu’il tendit ensuite à l’homme.

« llar keven tlu diluted wun liquid whol huela tangin a llar klew'kin intervals. Ori'gato ukta inbal biu escort lil' huthin draeval uk gos ulu lil' swamps. Uk zhah lucky ulu inbal doer naudal natha rilien lauron dalhar »
(Trois gouttes à diluer dans un liquide pendant cinq jours à trois heures d'intervalle. Qu'il ait une escorte la prochaine fois qu'il va dans les marais. Il a de la chance d'être tombé sur un Rilien Lauron enfant.)

Il referma alors sa cassette pendant que le drow prit le remède que le grand prêtre venait de lui soumettre et le remercia mais Maerinios l’arrêta.

« Ussta yaithess zhah natha corpse. Natha fresh khel. Nau g'rftte. »
(Mon paiement, c'est un cadavre. Un corps frais. Pas des remerciements.)

L’homme acquiesça et claqua des mains. La porte s’ouvrit alors et lorsque l’elfe noir sortit, il put voir un corps d’un homme à la peau basané. Un Estreventin à n’en point douter qui n’avait aucune trace apparente sur le corps. Dans son plus simple appareil, il était dans une brouette pleine de sel tirée par un autre esclave.
Il examina alors le spécimen. Palpant les bourses assez longuement pour être malaisant, regardant la dentition du macchabée puis les bras de l’homme. La rigidité cadavérique était installée depuis peu. Il était mort dans les dernières douze heures, c’était parfait.

« Llieh »
(Parfait)

Il rentra alors dans la chambre du malade et referma sa cassette en bois. Son ombre, Igor, regardé toujours avec assistance le Drow qui avait requis les services du Grand-Prêtre. Il semblait le dévorer des yeux et il se léchait même quelque fois les lèvres. Maerinios claqua des doigts et ce dernier se voûta puis pris le fardeau de son maître.

« Uk orn xxizz uns'aa carry ussta trok'hr. Dorn kus ukta rath ulu dos zil ulnin zil ukt emp'poss zhah xunor. »
(Il va m'aider à transporter mon dû. Je te le renverrais sitôt sa besogne effectuée. )

Sans laisser le temps à l’homme de repartir, le Grand Prêtre sorti de la grande maison qui servait de logement des esclaves à cette ferme concurrente à sa propre entreprise. Vu comment était traités ces derniers, il n’avait pas de mourront à se faire. La pérennité de l’entreprise familiale était assurée mais qu’importe.

Lorsque Maerinios entreprit de se diriger vers sa prochaine destination, Igor commença à susurrer des mots tout en regardant l’esclave qui suivit le drôle de duo.

« Laissssssez moi le sssssecouer un peu, Maître…. Jusssste un peu … il a l’air endurant … oh oui, endurant ... »

Le Drow arqua un sourcil. Ni une, ni deux, le long bâton d’acier qu’il avait dans sa main droite lui glissa de celle-ci et atterrit malencontreusement dans le dos de l’esclave qui était l’esclave personnel du grand prêtre. Il tomba alors violemment à terre, laissant la cassette lui glisser des mains mais elle ne s’ouvrit pas, fort heureusement. L’homme devant eux eut trop peur pour se retourner mais il s’arrêta tout de même attendant que l’accident se finisse.

« Lu'oh mzil draevalen inbal usstan della dos? »
(Combien de fois, je te l'ai dis ? )

L’esclave se retourna vers son maître et lui baisa frénétiquement ses bottes poussiéreuses.

« Ichl mzilt ! ichl mzil draevalen! f'ssssarn taudl usssssta veldruk, ussssstan nezmuth't xun ol ssssohna! nau, igor nezmuth't xun ol ssssohna! ussssta veldruk zhah ditronw! gi ssssiyo, uk'ssss ditronw! f'ssssarn naut natha rivvil! usssstan z'klaen naut telanth ssssaph natha rivvil! »
(Trop ! Trop de fois ! Je suis désolé mon maître, je ne le ferais plus ! Non, Igor ne le feras plus ! Mon Maître à raison ! Oh oui, il a raison ! Je ne suis pas un Humain ! Je ne dois pas parler comme un humain !)

Dit-il alors rapidement avec un léger accent. Maerinios resta alors comme cela durant quelques secondes puis il lui ordonna de se relever d’un geste de la main, ce qu’il fit tout en reprenant son fardeau assez rapidement. Il fut le premier à la voir lorsqu’elle arriva dans leur champ de vision.

« Gi veldruk! lor ! ol zhah jiv'undus. lil' jiv'undus zhah gaer! »
(Oh maître ! Regardez ! C'est la Douleur. La Douleur est là ! »)

En effet, la loque humaine n’avait pas tort. La Haute-Prêtresse de Kiel était de retour de son périple et cela fit grandement sourire l’émissaire de la Dame Pestilence. Le petit groupe alla donc à sa rencontre.

Il y avait trop de monde. Trop de visages curieux, trop de questions qui trépassaient leurs lèvres. De la fascination? Ou de l’excitation? Qui pouvait bien savoir, cela faisait longtemps que l’Elda n’avait pas eu une victoire. Trop longtemps qu’un cadeau tel qu’on lui avait accordé avait été rapporté dans le Vatna. L’obok yatharil revenait victorieuse, triomphante. Bientôt elle réaliserait sa quête, bientôt elle mettrait en marche ce que le visage hurlant lui avait confié et elle, Kha’linas Do’ath, apporterait le pouvoir au Puy. Plus elle avançait, et plus les puysard se tassaient de son chemin, admirant le retour de celle qui croyait morte. On l’avait cru morte, comme son maître, mais l’Aduram ne l’avait pas réclamé et rien en péninsule n’aurait pu éteindre le brasier qui brûlait derrière ses prunelles blanchâtres.

Le regard vide s’arrêta soudainement devant un petit groupe qui venait clairement à sa rencontre. La main gantée de fer s’ouvrit, alors que la chaîne semblait s’enfoncer dans sa chair, tel un serpent sur sa proie, tentant de retenir le lien qui la soudait à sa nouvelle maîtresse, laissant une traînée sanglante sur la peau cendrée de l’ilythiiri. Sa robe rouge était en loque, couvrant vaguement un corps torturé, brûlé, alors que la plaie béante qui scindait sa jambe droite tentait toujours de se cicatriser. Oh elle aurait pu se guérir sans problème… Mais cela serait un affront au visage hurlant. Elle était sa voix… son instrument… et les plaies que lui avait infligés sa quête devaient être portés comme un trophée, comme un cadeau. Elle avait été choisie pour une raison.

« Kiran… » souffla la voix par-delà le masque imperturbable. Les initiés qui l’avaient accompagné s’arrêtèrent net derrière leur guide, alors que le visage masqué s’inclina légèrement, curieuse, le regard posé sur le grand prêtre qui s’approchait d’elle. Aucun regard pour les autres qui le suivaient, aucune attention pour la masse, que lui. L’avait-elle seulement vu? Elle en doutait, mais peu importait. S’il était là maintenant, c’était pour un but très précis.

C’est un signe.
La maîtresse nous demande d’avancer.
De les faire souffrir…
…de les faire hurler…

Un sourire carnassier s’illumina derrière le masque, alors que l’ilythiiri s’arrêtait finalement devant elle. Sa main gantée de fer se referma sur la chaîne, laissant le métal crisser sur son semblable alors qu’elle dévorait du regard celui qui lui faisait face en murmurant;

« Dorn plynn rilbol dal nind. Dorn glit'r appart nind orn ulu dro lueth nind orn niyar dosst kaas…»
Je prendrais tout d’eux. J’arracherais leurs volontés de vivre et ils lamenteront ton nom…

C’était une promesse trop belle pour être ignoré. Et une opportunité s’approchait d’elle.

« Bel’la… » Ce fut le seul mot qui sortit de l’arrière du masque pour la flamme.
« Udos ssrig'luin ulu telanth …»
Nous devons parler…

Sans en dire plus, l’Obok Yatharil contourna le grand-prêtre et se remit à marcher. Les initiés firent rapidement signe au Grand-Prêtre de suivra la favorite. Ils marchèrent ainsi, pendant un bon moment, s’engouffrant dans les profondeurs. Au bout de plusieurs minutes de marche silencieuse, ils arrivèrent devant un énorme manoir. Le manoir de la famille Illath. Une demeure immense, dominant les demeures qui l’entouraient. Kha’linas entra dans le manoir, sans se soucier des esclaves qui se prosternèrent devant elle. L’un d’eux ouvrit une grande porte, et l’Obok Yatharil s’y engouffra sans poser de question. La pièce était sombre, noire, ornée d’innombrables œuvres dédiés au visage hurlant. Des taches de sang séché semblèrent orner la pierre du sol alors qu’une bassine d’eau fraîche se trouvait sur un piédestal.

« Suliss …»
Votre Grâce

L’ilythiiri ne répondit rien, se contentant d’enlever les griffes de métal qui lui entouraient les doigts. L’esclave se racla la gorge avant de continuer;

« Udos keer dos orn'la neitar doer rath … Dosst ilninil…»
Nous croyons ne jamais vous revoir… Votre tante…

« Doeb! lueth sila lil' rothen xuil dos. »
Dehors! Et amène les esclaves avec toi.

Sans attendre, l’esclave s’inclina entraînant l’humain – ou du moins ce qui semblait être un humain hors de la pièce. Kha’linas ne bougea pas. Se contentant de rester dos au grand-prêtre alors qu’elle enlevait le voile rougeâtre qui couvrait ses longs cheveux d’un blanc immaculé.

« Vel'bol zhahen dos aluin ulu xun xuil nindel rothe? »
Qu’allais-tu faire avec cet esclave?

Elle ne se retourna point, se contentant de continuer à se débarrasser de la chaîne qui lui servait de ceinture, tandis que le cadeau de Kiel s’accrochait à son bras. Puis ses doigts vinrent sous sa nuque, détachant la ganse qui retenait le masque impassible de la favorite de Kiel, avant de le déposer à côté de la bassine. Toujours dos à lui, elle ne révéla pas son visage, se contentant de tremper ses mains dans la bassine, enlevant la crasse et le sang qui recouvrait sa peau trop pâle.

Parler. Oh oui, parler.

La douleur faisait parler. La douleur était aussi engendrée par la Maladie. Quel merveilleux mélange qu’était la douleur et la maladie, n’est ce pas ? Se vider dans la douleur, mourir dans la douleur tandis que vos cellules se consumaient sous l’effet d’une bactérie ou d’un virus quelconque. La Douleur voulait parler. La Maladie répondra. Mais que devait-elle répondre ? Devait-elle répondre par la rémission ou l’extermination ?

Il hocha alors la tête avec un grand sourire à l’encontre de la Haute Prêtresse de Kiel qui était revenu d’un étrange périple avec des trophées. La Maladie ou la Vie ? De quel facette avait-elle besoin ? Il sentit l’excitation de son serviteur mais il sentit aussi la peur de l’esclave qui portait la brouette pleine de sel dont le cadavre était encore dedans. Il avait raison d’avoir peur. Il murmura quelque chose en Eldéen et sa bague se mit à briller doucement. Une prière avait été envoyée à sa déesse. Les germes autour de ce microbe entraient en action. Rien de bien méchant pour un Drow. Rien de bien gentil pour un humain.

La cohorte suivit alors la Douleur. Elle amenait tout ce petit monde jusqu’à son manoir. Qu’avait-elle à dire ? D’habitude, Kiel laissait bien peu de mots à ses suppliciés, les hurlements faisaient places à la parole. Maerinios allait-il en subir les effets ?

Sa suite lui fut retirée. Ainsi que les disciples de la Douleur sous l’oeil craint du serviteur de la maisonnée. Il observa alors le manège de Kha’linas, toujours avec ce sourire qui lui scindait les lèvres en deux. Il regarda alors autour de lui tout en sentant la mort recouvrir l’entièreté de la prêtresse. Elle sentait l’Aduram, la mort. Elle avait des germes de cette maudite région sur elle, il les sentait, c’était un parfum enivrant. Une main derrière son dos, il répondit à sa supérieure hiérarchique avec un détachement dans sa voix.

« lil' rothe zhah naubol, obok yatharil. Ilta ember orn alu ulu lil' yin'xir'ziji kingdom de' teiweon whol ilta ulu inbal jivvin xuil. Uk er'griff served uns'aa zil natha wanre ulu colare' nindol corpse vel'bolen zhahus offered ulu uns'aa a nindol negligent ehmtua d'lil rothe farms. Uk orn hardly dro'xun lil' tangi, »
(L'esclave n'est rien, Haute-Prêtresse. Sa Braise ira rejoindre le royaume glacé de Teiweon pour qu'elle s'amuse avec. Il ne me servait que de serviteur pour transporter ce cadavre qui m'a était offert par ce propriétaire négligeant des fermes d'esclaves. Il ne survivra guère à la journée. )

Et c’était vrai. Il avait manipulé des agents pathogènes venant de la forêt d’Aduram pour les transmettre magiquement au serviteur. D’ici peu, il allait se vider les entrailles au sens strict du terme. C’était un corps faible, cela n’allait pas duré longtemps.

Il observa alors les murs puis posa une question à son tour :

« xunus dos ragar dosst loff'tarien do'suul de' udossta chev puy, jabbress? aduram kluthak ves popular zil natha region whol tourism a nindol draeval. »
(Avez-vous trouvé votre bonheur en dehors de notre bien aimé Puy, Maîtresse ? l'Aduram semble très prisé comme région pour le tourisme en cette période. )

Il avait lui même entreprit certaines choses. Comme sa petite virée en Ithri-Vaan où il avait possiblement trouvé un moyen de répandre sa future maladie.

«Usstan shlu'ta fell nind rei. Usstan shlu'ta satiir nind crawl wun nind khel»
Je peux les sentir se flétrir. Je peux les sentir s’emparer de leurs corps.

Et c’était vrai. Elle sentait la flamme de l’esclave vaciller. Une mort trop doucereuse, trop clémente à son envie. L’obok Yatharil l’aurait fait hurler, avant de lui aurait arracher les cordes vocales pour voir sa bouche s’emplir de sang, pour entendre ce sifflement flétrir devant elle. Une image qui la fit frissonner de plaisir alors qu’un sourire carnassier vint orner ses lèvres. Néanmoins, la favorite continua son manège, enlevant doucement la crasse et le sang qui recouvraient ses mains. Mais la question du prêtre changea bien rapidement son attitude. S’arrêtant net, alors qu’elle entendit la remarque du prêtre, l’Obok Yatharil se retourna finalement cers ce dernier, dévoilant son visage presque parfait. Si ce n’était que de la petite cicatrice qui ornait sa lèvre inférieure, on aurait dit que son visage avait été épargner des innombrables supplices que son corps laissait sous-entendre. Un sourire carnassier vint orner ses lèvres, alors que la prêtresse s’approcha finalement de son invité. S’arrêtant qu’à un souffle de ce dernier.

« Mzild nindel udos gumash rin'ov kestal whol »
Plus qu’on n’aurait pu rêver.

Elle leva sa main, montrant la chaîne accrochée à son bras, fixant toujours l’ilythiiri avant de reprendre;

« Usstan muth vel'bol zhahus usst. Usstan muth ilta»
J’ai trouvé ce qui me revenait. Je l’ai trouvé elle.

Dis-lui ce que tu as trouvé.
Dis-lui la mission qu’elle t’a donnée.
Peut-on simplement lui faire confiance?
On ne peut faire confiance à personne au Puy.
Ils voudront tous ta place. Ils voudront tous servir le visage hurlant.

Dès que les voix s’emparèrent de son esprit, l’ilythiiri ferma doucement ses yeux, levant doucement la tête, cherchant SA voix au travers de la cacophonique qu’il l’habitait. Sa main torturée se crispa pendant quelques secondes alors qu’elle entend finalement la voix de sa maîtresse.

Dis-lui.

Ouvrant rapidement les yeux, fixant l’ilythiiri qui se trouvait devant elle, alors que sa voix rauque vint emplir la pièce.

« Il belbaus uns'aa natha juss'a. F'sarn ilta velnarin, ilta ssivah, ilta zhal'essin. Il morfel uns'aa lil' obli'san, lil' elge. Usstan z'klaen quorin nindol tresk'ri wun vlos lueth b'morfeth ol ulu ilta zigh»
Elle m’a donné une quête. Je suis son instrument, sa voix, son cris. Son avatar. Elle m’a fait l’oubli, la destruction. Je dois noyer ce monde dans le sang et le reconstruire à son image.

Kha’linas eut un sourire carnassier, alors que son menton se déplaça un peu plus vers le sol, plongeant les prunelles vides dans les rubis qui la fixaient.

« Lil' er'griff erg'les zhah xun dos ssinssrin ulu valm uns'aa? xor orn dos el pholor udossta colbauth de' xhandalt»
La seule question est est-ce que tu te joindras à nous? Ou seras-tu détruit sur notre chemin de conquête.

La Douleur avait ses manières de faire. Ses émissaires savaient comment. Ils étaient la brutalité incarnée. Des anges de la mort. Mais la Maladie était plus subtile. Maerinios sentait que son interlocutrice aurait voulu qu’il fasse plus, qu’il crie sa Douleur, qu’il crie pour Kiel mais les émissaires de la Pestilence avaient eu aussi leur façon de faire. Leurs victimes pouvaient aussi bien mourir en gueulant leur mère que dans l’apaisement sans douleur … mais la dernière option était un cas exceptionnel. Le mieux était l’entre-deux. La mort est la mort. La douleur est la douleur. La maladie est les deux.

La prêtresse était mignonne. Un visage si parfait qu’on se demanderait si elle était vraiment une prêtresse de la Douleur. Une émissaire de sa Crainteté. Et désormais son Avatar. Il sentait son pouvoir rayonnait jusqu’à lui et il n’avait pas grand mal à le faire, la dame de l’épouvante se mouvait jusqu’à lui tout en montrant son artefact.

L’Avatar de la Douleur. La prochaine cible des adorateurs du pouvoir au Puy. Elle avait le réceptacle de sa déesse en elle. Elle était la Déesse. Ou presque. Qu’est ce que l’émissaire de la douleur voulait au serviteur de la Maladie ?

Elle énonça alors son souhait, la raison de sa présence dans ce lieu qui se devait être privé. Rejoindre la Douleur dans sa guerre contre les Impurs. Rejoindre la Mort dans sa conquête de ce monde qui allait être refaçonné. Le Grand-Prêtre se mit à sourire narquoisement. Il observa quelques secondes la nouvelle avatar et répondit :

«Sickness zhah naut xuileb elghinn lueth jiv'undus, obok yatharil. Zil lil' xonathull zhah naut natha xonathull xuileb elghinyrr lodias, amputated limbs lueth niyin widows. »
(La maladie ne va pas sans la mort et la douleur, haute prêtresse. Comme la bataille n'est pas une bataille sans des morts, des membres amputés et des veuves éplorées.)

Il regarda autour de lui toujours sans se départir de son sourire. Il ne voulait pas tomber dans le moindre piège de la part de ses supérieurs pour leur permettre d’arrêter ses recherches.

« jhal ele uns'aa, jabbress? isn't lil' obok m'thain de' kiran natha alur candidate taga uns'aa? f'sarn er'griff usstan natha jahk lac'nala whol udossta chev nation. F'sarn er'griff natha wanre d'lil pestilence »
(Mais pourquoi moi, maîtresse ? Le Haut-Prêtre de Kiran n'est-il pas un candidat plus compétent que moi ? Je ne suis que moi-même qu'un simple chercheur pour notre bien aimée nation. Je ne suis qu'un serviteur de la Pestilence.)

Langue de bois que tout cela, pour ne pas se faire vernir, car il était heureux que l’avatar de Kiran en personne pense à lui pour ses projets de conquête mais tout le monde savait que Le Grand Prêtre Druhk’klar était en marge des autres prêtres de son culte. Il dispensait certes des cours à l’Etude Noire mais la plupart du temps, il était en vadrouille ou enfermé dans son laboratoire. On ne faisait pas attention à lui, et c’était justement le but recherché. Il voulait qu’on le laisse à ses recherches.

Il semblait…comment dire ? Nerveux? Non… peut-être plus méfiant. Son sourire ne trompait personne, tous pouvaient orner leurs visages d’un sourire et tenter de cacher leurs réels sentiments. Mais l’Obok Yatharil pouvait sentir son cœur battre, s’accélérer. Des battements qui ressemblaient plus à de l’excitation que de la crainte. Les prunelles vides remarquèrent le manège du Grand-Prêtre alors qu’il observait les alentours, tentant de déterminer s’ils étaient réellement seuls. Kha’linas, elle, resta immobile, fixant l’ilythiiri qui lui faisait face.

«P'wal lil' juss'a nindel lil' jabbress de' jiv'undus zhah aluin feir tu'jol lil' plynn de' natha thac'zil quanth xuil jora...»
Parce que la mission que m’a confiée la maîtresse de la souffrance va plus loin que la conquête d’une terre ornée de parasite…

Son sourire carnassier sembla s’agrandir alors qu’elle releva doucement sa main près de son visage, observant doucement ses mains couvertes de ses griffes acérées. Puis, les prunelles albâtre se retournèrent dans ceux du grand-prêtre avant que son poing ne se referme violemment, comme si elle écrasait une vermine invisible. Les griffes se figèrent dans sa chair, alors que le sang commençait à s’échapper de son poing. Elle expira doucement, comme un soupir satisfait avant de reprendre la parole;

«Il joros uns'aa ulu morfeth nind yell, ulu morfeth zhaunus naukhel shlu'ta gotfrer ilta kaas. Jhal il mziln joros uns'aa ulu corrompt lil' thac'zil. Corrompt ol whol ilta honnor, morfeth zhaunus naukhel shlu'ta gotfrer ilta yorn. Lil' yorn nindel belbau udossa jiv'undus »
Elle m’a demandé de les faire hurler, de faire en sorte que personne n’ose oublier son nom… Mais elle m’a aussi demandé de corrompre éternellement une terre. La corrompre en son honneur, faire en sorte que personne n’oublie la puissance du visage hurlant. La puissance que nous donne la douleur.

Au fur et à mesure que les paroles franchissaient ses paroles, les griffes acérées entrèrent profondément dans la chair de sa main, marquant la peau grisâtre alors que son sourire semblait s’agrandir, semblant excité par les possibilités qui s’offraient à elle.

« Lueth nindol, usstan z'reninth, zhah wun dosst yorn, Mæriniòs Drukh'Klar.»
Et cela, je crois, est dans tes capacités, Mæriniòs Drukh'Klar.

Oui, elle connaissait son nom. On l’avait murmuré plusieurs fois dans les couloirs du temple de Kiel, racontant la dévotion de cet adepte de la Dame de la Pestilence. La favorite de Kiel releva finalement sa main ensanglantée, retournant son regard vers la main torturée, marquée, alors que son sourire sembla flétrir devant le sang qui s’échappait de sa paume. Elle tourna légèrement cette dernière semblant observer les trous qui ornait la paume de sa main, ignorant la douleur. Au contraire, elle semblait… lasse. Comme si plus rien ne semblait lui faire du mal. Son regard se retourna finalement vers le Grand-Prêtre, avant de reprendre finalement la parole;

«Ji dorn joros dos lil' erg'les uss vaen draeval. Phu' dos doerin uns'aa? xor orn'la dos tlu elgg pholor udossta i'dol »
Alors je te repose la question pour la dernière fois. Te joindras-tu à nous? Ou seras-tu détruit sur notre chemin?

La vie ou la mort… Un choix qui semblait si facile, si seulement cela était la question… Kha’linas offrait une chance sans précédent à son homologue. Se joindra-t-il à elle, profitant de cette occasion pour se faire voir de la dame de la pestilence? Où restera-t-il avec la peste qui ornait le Puy?

Le projet de la Douleur était clair : Elle voulait faire de ce monde, un monde emplit de douleur, un monde débarrassé de la vermine, elle voulait le rendre pur. La pureté, le but recherché des Drows. La pureté, le but même de Maerinios, oh oui, la pureté. La douleur allait faire son chemin à coup de faucille, fauchant les impurs sur son passage tandis que la maladie allait récolter son dû pour permettre à la Pestilence de faire son œuvre : Trouver l’infection ultime. Trouver un remède contre l’impureté qui faisait rage dans le monde et même chez les Drows.

Le Grand prêtre fixait toujours sa supérieure hiérarchique mais d’un autre culte, et il sentait les germes de l’Aduram sur ses griffes métalliques.

Résister, surtout résister. Ne pas mettre en colère l’Avatar du Visage Hurlant.

Elle se les était enfoncées dans la main comme si c’était juste une épingle que l’on s’amusait à mettre sous la première couche de la peau parce que c’était rigolo, car elle sortait de l’autre côté.

(Mentez pas, vous l’avez tous fait au moins une fois)

Drukh’klar sentait la douleur aussi bien que la maladie et il sentait que d’un rien, s’il refusait - même si ce n’était pas son attention- elle pourrait lui trancher la gorge et même l’ouvrir en deux si elle le voulait. Il se sentit presque rassuré de voir que ce n’était pas qu’un vulgaire test ou peut être que si. Mais de la part de la Douleur. Il se mit à soupirer puis à sourire avant de mettre son bras gauche vers l’instrument de torture qu’était devenu la Haute-Prêtresse , sachant pertinent ce que ce geste allait causer en lui mais n’était-ce pas le rôle d’un émissaire de Kiel ? Mais la Maladie n’allait pas sans la Douleur.

« F'sarn xuil dos, zhal'essin de' jiv'undus, Sickness joins jiv'undus lueth lil' impurity de' nindol tresk'ri orn tlu consumed a nind combined forces. Xal ussta vlos lueth dossta announce biu inviolable pact »
(Je suis avec vous, avatar de la douleur. La Maladie se joint à la Douleur et l’impureté de ce monde sera consumée par leurs forces conjuguées. Que mon sang et le vôtre annonce un pacte inviolable.

La messe été dites.

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