Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon
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Artiön Laergûl
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Sujet: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Mer 1 Sep 2021 - 20:25
Milieu de la 6e ennéade de Karfias 19e année du Onzième Cycle Au départ de Celimë
- Tout le monde a tout ce qu’il faut ?
L’assistance – y compris celle assise sur tes épaules – acquiesce. Le départ pourrait bientôt être sonné. Ce n’est pas sans appréhension que tu commençais ce périple à travers l’Annon. Le territoire n’avait finalement de repris que le nom. Mais si la Porte d’Anaëh ne vous était pas encore familière, elle commençait au moins – force d’expéditions – à vous être connue, elle et ses dangers. Dangers parmi lesquels les Ornedhels eux-mêmes, et – apparemment – les mercenaires se tentant encore à en traverser les frontières.
- Parfait ! tu lèves un bras en signe de départ Premier arrêt : le bosquet de Yutar !
Premier arrêt et arrêt le plus important. Personnellement déjà, parce que tu avais laissé ton focaliseur entre les mains de ton ami forgeron, et que ce dernier, pour une reforge correcte, avait besoin que tu lui ramènes un peu de pierre de Yutar. En tant qu’Aran ensuite, il te fallait absolument te faire une idée du fonctionnement du clan avec lequel vous partagiez maintenant cet immense territoire et de la vision qu’ils avaient de votre occupation. Tu avais des idées en tête, des plans pour la suite, mais les mettre à exécution sans s’être auparavant entretenu avec l’autre face de votre peuple serait certainement la pire des idées.
- Papa ?
- Oui Rhëa ?
- Pourquoi nous on monte pas à cheval, j’aime bien le cheval.
- Tu peux monter à cheval si tu veux Rhëa, mais papa est lourd, alors il ne montera pas à cheval à moins d’une urgence.
- C’est quoi les urgences ?
Tu soupires, et l’espace d’une seconde, ton regard se perd dans le lointain de la savane. Tu aurais préféré pouvoir te permettre de la laisser dans l’ignorance…
- Ça ne fait pas bien longtemps que notre peuple est revenu en Annon. Du coup on ne sait pas exactement qui on pourrait rencontrer.
- Des méchants ?
- Peut-être ! tu lances dans un ton exagérément sombre Peut-être…
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Jeu 2 Sep 2021 - 18:05
Ponctuel, lorsque l’Aran demanda s’ils étaient prêts, le Maintyh l’était déjà depuis un bon moment et attendais patiemment le signal. On lui avait dit d’être prêt à la première heure, alors, en bon soldat, c’est ce qu’il avait fait. Il n’avait ensuite pas perdu une seconde de plus à enfin grimper sur le dos de sa monture et à entreprendre le long chemin jusqu’à Yutar.
-Je t’en demande encore un peu mon grand.
Le lancier flatta doucement l’encolure de son mathandil, lui parlant à voix basse. Leur lien était à peine naissant et pourtant ils avaient déjà parcouru nombres de chemins ensemble, renforçant peu à peu cette attache qui les unissaient. Vailimo semblait en tous les cas être en totale confiance avec l’elfe, ne rechignant jamais à le suivre, et de son côté l’elfe comprenait de mieux en mieux les réactions de son ami, anticipant plus rapidement à ses besoins propres. L’animal ne le supportant que très peu, Aegden avait d'ailleurs cette fois là finalement abandonné l’idée de forcer son compagnon à porter une selle inadaptée à sa morphologie et son tempérament. Le temps de trouver un artisan capable de la lui créer c’est une simple couverture épaisse qui protégeait désormais le mathandil des frottements de l'armure. Ce voyage n’était pas censé se terminer en conflit armé. Pas cette fois… Une selle ne servirait pas le soldat et encore moins l’animal.
Après cela, Aegden reprit son habituel silence, plongeant son attention sur la végétation qui défilait autour d’eux. Machinalement, il chercha dans le souffle tranquille des feuilles, un peu de sérénité. Il ne s’était pas attendu à parcourir de nouveau ce chemin de si tôt. Comment les Rigwenn'do percevraient-il ce retour, à présent accompagnés de compagnons et de potentielles discutions à leurs soumettre… N’y verraient-il pas, pour sa part en tout cas, une légère trahison à tirer un peu plus sur la main qu’ils avaient déjà tendu… ?
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Ven 3 Sep 2021 - 17:56
Fin de la 6e ennéade de Karfias 19e année du Onzième Cycle À l’approche de Yutar
À l’exception des incessantes questions de ta fille, le chemin jusqu’au bosquet de Yutar avait été extrêmement tranquille. Tranquille au point que pour briser l’ennui, Elorëa et toi vous étiez lancés dans un jeu que l’enfant avait décidé de baptiser « l’elfe des Arbres ». C’est que parmi la petite dizaine d’elfes que vous étiez, il était relativement facile de faire la différence entre ceux venant du Sud-Est, et ceux venant de l’Ouest d’Anaëh. Déjà leur apparence aidait, la plus grande taille et les teintes froides de la peau et des cheveux ayant tendance à trahir les Occidentaux face aux carnes plus vibrantes et aux physiques plus agiles des Orientaux. Mais surtout, surtout il y avait leurs attitudes durant la traversée de la savane d’Annon. Les elfes de l’Ouest connaissaient les plaines, la montagne et les côtes, des paysages bien éloignés des forêts gigantesques du Cœur d’Anaëh. Alors Elorëa et toi vous amusiez à chercher lesquels de vos accompagnateurs semblaient à l’occasion désemparés lorsque les bosquets s’ouvraient sur de grandes étendues de vide. Lesquels de vos accompagnateurs avaient tendance à autant que possible raser les arbres sur leur chemin. Lesquels de vos accompagnateurs avaient le réflexe d’observer l’horizon, et lesquels au contraire avaient le regard plus attiré par les différents obstacles qui vous en séparaient. C’est que – force d’officier sur ce terrain probablement – il était devenu de plus en plus difficile de faire la distinction au fur et à mesure que passaient les heures. Ta fille s’en était d’ailleurs elle aussi rendu compte. Au point qu’il t’ait fallu lui expliquer comment fonctionnaient les processus d’habituation… bon courage à ceux qui seraient ses enseignants une fois qu’elle en aurait l’âge.
- Ça y est, on arrive dans le bosquet.
Difficile de l’ignorer. L’œuvre des assaillants de Yutar. Une forêt factice, plantée de main d’elfe autour des ruines de l’ancienne forteresse Nisétienne devenue avant-poste d’Elda. Un oasis de verdure au milieu des plaines, et un triste rappel à porter pour le reste des temps.
- On peut s’arrêter. la voix d’une de vos sentinelles vous parvient depuis l’Est On est à couvert.
Avec la nuit approchant, machinalement, le camp fut posé. De manière rudimentaire. Pas de feu. Ce seraient les lueurs de soldats tombés à la bataille qui veilleraient sur vous. Sans couvert végétal assez dense pour y tisser de quoi dormir, vous aviez du vous contenter de vous fabriquer une literie de fortune à partir de la litière et de branches mortes, mais l’étrange familiarité de l’endroit, l’invisible caresse qui vous y avait accueilli… elle était suffisante à vous rassurer.
- Attends papa c’est moi qui fais !
Assis par terre, ta fille dans ton dos, et assailli par la fatigue, tu souriais presque bêtement.
- Juste le dos alors. tu bâilles Sinon on en a pour jusqu’à la prochaine ennéade.
- D’accoooord.
Tous les deux armés de vos ongles et de pierres ponces, vous partageriez un rituel devenu récemment habituel pour la petite. Vous vous débarrasseriez de l’incroyable quantité de peaux mortes que dissimulaient les larges tuniques que tu portais depuis ton retour. Et comme chaque fois que vous partagiez ce moment, tu y repenserais : pas étonnant que la petite pense que tu te transformes en dragon. Depuis ta rencontre avec le Doré, et depuis la larme, chaque fin d’ennéade te voyait te débarrasser de lambeaux de peau dignes de mues reptiliennes. Là était le prix de ta métamorphose.
Ou alors peut-être n’avait-elle pas totalement tort.
Après tout, tu n’en savais pas plus qu’elle. Tu ne faisais jamais qu’interpréter les choses à l’aulne de ce que tu avais vécu au Sanctuaire.
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Dim 5 Sep 2021 - 19:37
Lorsqu’enfin ils avaient atteint le bosquet, ce fut un véritable soulagement pour le lëandrin. Même sourd, il avait toujours été un elfe vivant sous les arbres après tout. Ceux-là n’égalaient certes pas ceux de la prime forêt mais c’était déjà bien plus agréable… Il n’aimait pas le spectacle des mornes plaines battues par le vent.
A vrai dire, quels que fut leurs origines respectives, tout le monde eut l’air apaisé lorsque le camp de fortune s’était monté et que chacun vaquait à ses dernières occupations. Aegden avait attendu que toute les tâches soient terminées avant de finir par se relever et d’apostropher un de ses camarades.
-Je m’éloigne quelques minutes, j’ai besoin de marcher un peu.
-Fait attention quand même. L’un de ses camarades haussa les oreilles.
-ça va, je ne vais pas bien loin et je suis armé. Le commandant répondit avec un air presque amusé.
L'autre n'objecta pas plus. Après tout, le soldat roux avait toujours gardé quelques tendances solitaires... Gardant une Lueur à la main, il fit à peine quelques mètres avant que son compagnon de route ne fasse mine de le suivre.
-Non. Reste Vailimo.
Il constata presque avec étonnement que la créature obtempérait et, soufflant des naseaux, se décidait à retourner près de ses congénères équestres avant qu’il ne s’éloigne bel et bien du camp des Taledhels.
Depuis le rituel de Tawardil, c’était la première fois qu’il avait l’occasion de se retrouver réellement seul avec l’œuvre. Les voix avaient beau être ténues dans cette neuve région, c’était tout de même un bien immense raz de marée pour le citadin. Après quelques pas instinctifs le soldat voulu soudain tenter quelque chose et posa sa paume contre l’écorce d’un jeune bouleau. Il leva son regard vers les frondaisons à peines éclairées par la lueur qui brillait doucement dans son autre main avant de fermer les yeux et de chercher dans ses souvenirs la manière dont le druide l’avait plongé dans cette étrange transe. Plutôt que d’y chercher la moindre réponse, l’espace de quelque instant,cette fois il voulait simplement se plonger dans l’harmonie intangible de ces lieux.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Mar 7 Sep 2021 - 14:46
La nuit avait été particulièrement calme. Calme au point que même toi – aussi léger soit ton sommeil – tu n’avais pas une seule seconde rouvert l’œil. Ou alors peut-être t’étais-tu simplement laissé emporter par la présence de ta fille ? Elorëa n’avait que rarement dormi dans tes bras, et lorsqu’elle l’avait fait, ce n’avait jamais été pour une nuit entière. Kaëlistravaë et toi vous étiez toujours opposés à ce que vos enfants dépendent à ce point de vous. Surtout pour vous qui étiez souvent très occupés, l’idée qu’ils soient incapables de s’endormir tranquillement sans votre présence était terrifiante. Dans des situations comme celle d’aujourd’hui cependant… disons que c’était une autre manière pour la petite de profiter du voyage.
Le spectacle d’elfes défaisant aussi attentivement qu’ils l’avaient bâti leur campement ouvrait votre matinée. Aucun d’entre vous ne semblait particulièrement pressé. Au contraire, il pesait comme une lourdeur dans l’air, et c’est avec plus d’attention qu’à votre habitude que vous guidiez vos gestes. Tous semblaient aux aguets. Toi y compris. Et c’est dans ce genre de moments que tu regrettais de ne pas avoir ton focaliseur avec toi. La trame t’était toujours accessible. La pulse fondamentale du monde vivant résonnait encore à ton oreille, mais sans ton sceptre, il t’était beaucoup plus difficile d’en faire sens. Tout était là, mais sans le pouvoir de réorganiser la trame à ton bon vouloir, elle ne devenait plus qu’un familier chaos. Impossible pour toi donc de l’explorer et de rassurer tes camarades.
Mais bientôt vous reprendriez la marche, et regagneriez par la même occasion un semblant de tranquillité. Pour autant, la procession resta étrangement silencieuse. Même l’enfant sur tes épaules se refusa le moindre commentaire, trop occupée qu’elle était à s’imprégner de l’atmosphère étrange de l’endroit pour – d’une manière ou d’une autre – se tenter à en faire sens. Pour les mêmes raisons que la petite, tu avais fini par accélérer le pas, refermant la distance avec le début de la procession. Avec un peu de chance, le Mainyth aurait quelques mots rassurants à partager avec vous. N’avait-il après tout pas côtoyé ceux qui étaient l’évidente source de vos appréhensions du moment ?
- Aegden ? tu interpelles le commandant J’ai vu que tu t’es éloigné un moment hier soir. tu lèves un sourcil Rien de particulier à signaler ?
Quelques mots rassurants… même s’il en avait, ce ne resterait jamais que cela. Vous approchiez de Yutar. Vous saviez tous Yutar représenter quelque chose de spécial aux yeux des Ornedhels de la région. Et vous saviez tous ce que représentaient les Ornedhels de la région à vos yeux… Chercher à se rassurer, chercher à se mettre un peu de baume au cœur… idée bien agréable, mais en ton for intérieur, tu la savais futile. Vous, soldats, vos tripes vous trompent rarement. Quoi que quiconque puisse dire, il serait bien imbécile de votre part de vous imaginer ne pas être en ce moment-même épiés.
Restait seulement à espérer que les Noss restent aussi arrangeants qu’ils l’ont été jusqu’ici. Et qu’ils ne vous fassent pas démonstration de ce qui avait conduit à la destruction des Eldéens qui – il y a à peine plus d’une décennie – contrôlaient encore ces territoires.
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Mar 7 Sep 2021 - 19:13
-Tout va bien Artiön.
Le soldat arracha son regard à une singulière ombre aux creux des branches pour le poser sur son ami et sa jambe recula sur son assise, intimant au mathandil de ralentir la cadence. S’il avait l’air pensif encore une seconde en arrière, il lui offrit tout de même un discret sourire. Lui n’ont plus n’échappait pas à l’atmosphère qui pesait sur le petit groupe, et en son for intérieur il n’était pas non plus sans appréhension quant à la prochaine rencontre avec les ornedhels des lieux. Malgré tout, il restait calme et sa réponse avait été sereine.
Si aucun frère des bois ne s’était décidé à le troubler la veille, Aegden était pourtant certain ne pas avoir été seul bien longtemps en s’éloignant du camp. Ils étaient épiés, surveillés, guettés depuis un bon moment, mais au final, aucune flèche, aucune lame, aucune altercation, n’était venue troubler le calme du petit bosquet. Tant que le groupe d’étrangers n’adoptait pas de comportement problématique, tout irait bien. Tout cela n'était qu'un test pour les habitants des abords de Yutar. Ils attendaient sans aucun doute de déterminer comment ils se comportaient, les Talehdels, lorsqu'ils n'étaient pas obligés de suivre leurs coutumes ancestrales.
-On approche. Ajouta cependant le lancier roux, ses sourcils se fronçant légèrement. On devrait bientôt s’arrêter et attendre que ce soit aux Rigwenn'do de venir nous trouver, et de nous intégrer à eux selon leurs propres termes.
Oui ils étaient surveillés. Le clan, au moins une partie, savait déjà qu’ils étaient là non loin. Mais ce n’était pas un geste de paix que de leur forcer la main en approchant trop près sous prétexte qu’ils savaient. Et justement parce qu’ils savaient, les ornedhels décideraient plus serein de la manière dont ils voudraient réagir à cette nouvelle présence.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Mar 7 Sep 2021 - 23:03
- Bonne idée. tu lances ton regard vers le lointain Si je me souviens bien, il devrait y avoir un endroit intéressant pour établir le camp à quelques heures de marche d’ici. On s’arrêtera là-bas.
Tes souvenirs étaient corrects. À environ une demi-journée de marche à l’Ouest de Yutar, résultat de la combinaison de la végétation naturelle d’Annon et de celle replantée par les Ornedhels suite à la prise du fort, se trouvait un petit ilot plus densément boisé que la majorité du reste de la zone. Ici vous pourriez plus facilement installer un campement digne de ce nom. Vous épargner l’anxiété d’une nuit au sol vous ferait le plus grand bien.
- Ici. tu lèves un bras, faisant signe au groupe de s’arrêter On s’arrête ici.
Une vague de soulagement traverse la procession. Cette fois-ci vous aviez un véritable abri. Certes, il était encore relativement tôt, et la nuit ne tomberait pas avant quelques heures, mais au moins de cette manière vous pourriez prendre tout votre temps pour peaufiner votre installation. Rassembler des branches vives, nouer racines et lianes, préparer vos matelas de fortune quelques mètres au-dessus du sol aura été plus cathartique que tu n’aurais osé l’imaginer. Et ton sentiment – vu la rapidité avec laquelle vous vous étiez installée – aura probablement trouvé écho chez plus d’un de tes camarades. Une fois le camp installé, les activités habituelles ne tardèrent pas à reprendre. Les uns se détendant autour d’histoires et de morceaux de viande séchée, les autres se plaignant en rigolant de ce que la distance entre deux points d’eau en Annon ne les autorise pas à se laver assez correctement à leur goût, tandis que ta fille et toi continuiez de te débarrasser des morceaux d’exuvie de la journée.
- Papa ! ta fille t’interpelle, visiblement extrêmement agacée Ça veut pas sortir !
- Tu es sûre ? tu lèves un sourcil Peut-être qu’il faut juste gratter un peu plus f…aïe !
- Tu vois !
Ta main glisse dans ton dos, à la recherche de la plaque contre laquelle se bagarrait Elorëa, et c’est finalement un renflement bien moins large que tu ne l’imaginais que tu trouves. Du dos de la main, tu en parcours les contours, à la recherche d’un angle d’attaque moins… douloureux, seulement quelque chose finit par t’arrêter. Ta peau ne s’est pas raidie n’importe où. Les contours de la fine couche de corne coïncident presque exactement avec le dessin avec lequel tu as quitté le Sanctuaire.
- Je crois que papa n’arrivera pas à se débarrasser de cette partie-là Rhëa.
- Ah non ! C’est pas juste !
Beaucoup de travail pour peu de résultats. Elorëa pour la première fois venait de légitimement perdre son temps et ne semblait pas en être particulièrement heureuse. Entre ça et l’atmosphère ayant été exceptionnellement lourde durant ce dernier jour de voyage, pas étonnant que ta fille se soit retrouvée agacée, énervée et épuisée. Epuisée au point que te retourner face à elle et la prendre dans tes bras n’aura pas suffi à retenir ses larmes.
- Ça va Rhëa, ça va. tu lui caresses doucement les cheveux Je suis là.
Mais rien n’y fait. Ta fille pleure sans réellement s’autoriser à pleurer. Elle s’était trouvée forcée de garder la tête haute face au reste de son monde ces derniers mois. Dans un Royaume sans Roi, elle avait voulu être une Princesse digne de ses parents, et du haut de ses deux ans, elle s’était longtemps presque interdit d’être triste, de peur que la voir triste n’en rendent d’autres tristes. Alors face au reste de la troupe, aujourd’hui encore, même alors que tu étais là, elle peinait à se laisser aller.
- J’emmène la petite prendre un peu l’air. tu lances à qui veut bien l’entendre Si quelqu’un nous cherche, direction Nord-Est.
Tu t’éloignes à pas pressés, cherchant à donner à la petite autant d’espace que possible, sans jamais proprement y arriver. Parce que chaque pas de plus est un peu de marge pour elle, alors à chaque pas elle autorise ses sanglots à résonner un peu plus, mais se reprends de peur que leurs échos ne percent trop loin. Alors il faut faire un pas de plus. Puis un pas de plus. Et ce n’est qu’après quelques minutes d’une course folle à travers les bosquets que la petite blonde ne s’autorisa à éclater en sanglots.
- Ne t’inquiètes pas Rhëa. tu serres ton enfant contre toi, et t’assois sur une branche basse proche Papa est là.
Caressant doucement le dos de l’enfant, tu emmènes son oreille contre la peau nue de ta poitrine. Tu la berces au rythme du lent battement de ton cœur. Tu te recroquevilles lentement autour d’elle, te faisant le cocon protecteur que tu n’avais pas pu être ces derniers mois. Qu’elle se souvienne que quoi qu’il arrive, tu lui reviendrais toujours. Tu serais toujours là pour elle. Tôt ou tard.
- Je doute que vous enfoncer plus profond dans le bosquet la rassure. une voix doucereuse attire ton attention Qui sait ce qui pourrait s’y cacher ?
- Elle n’a pas peur. dès que l’Ornedhelle se sera dévoilée, ton regard la quitte à la faveur de ta fille Elle est juste épuisée. Ces derniers mois ont été difficiles pour elle.
- La traîner dans l’inconnu n’était peut-être pas la meilleure idée dans ce cas. la dame s’assied à côté de vous
- Je sais, ce n’est pas l’idéal mais…
- Je veux aller au travail avec... Elorëa sanglote, enfonçant ses petits ongles dans ta peau comme pour s’y accrocher ...avec papa.
- …C’était la meilleure chose à faire.
- Je comprends. elle sourit On ne peut malheureusement pas les protéger de tout.
Vos enfants. Être parent. Un défi transcendant la barrière entre les deux faces de votre peuple. Un défi qui l’espace d’un instant, d’un instant beaucoup trop long, aura transformé cette étrange rencontre en un échange entre deux inconnus au service d’une enfant.
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Mer 8 Sep 2021 - 15:44
Lynn regarda le roi réconforter sa fille avec un sourire bienveillant – bien que masqué, et les suivit du regard quand ils allèrent un peu à l’écart. Elle était assise en tailleur contre un arbre, dont l’écorce rêche soulageait son dos qui la grattait follement. Était-ce une puce ou un moustique qui s’était fait si plaisir la nuit dernière ? Ou bien un tout autre insecte ? En se focalisant sur des questions futiles, elle arrivait à ignorer en partie les démangeaisons. Elle posa sa tête sur l’arbre derrière elle et soupira. Vivement qu’ils sortent de cette maudite région.
À côté d’elle, un petit groupe de soldats se racontait une histoire. Elle y prêta attention, d’une oreille toujours distraite. Celui qui parlait évoquait le Voile, comment son cousin avait disparu depuis, et sa quête pour le retrouver. Il disait avoir arpenté Anaëh tout entière, et décrivait avec précision les paysages qu’il avait découvert. Lynn reconnut certains d’entre eux, et se laissa bercer par ses souvenirs.
Mais pas longtemps. Le camp s’anima un peu alors qu’un trio de Noss se rapprochait, sortant de l’obscurité des bois. Aucun n’était armé, mais difficile d’imaginer qu’un nombre conséquent d’arcs et de flèches n’étaient pas pointés sur eux, armes des Ornedhels tapis dans les branches. Lynn se redressa et observa les nouveaux-venus avec circonspection. Ils marchaient avec assurance, sans vraiment se soucier des apparences.
Lorsqu’ils se trouvèrent à portée de voix, les elfes s’arrêtèrent. Celle du milieu s’avança d’un pas de plus, et s’exclama d’une voix rauque :
« Bienvenue, Taledhels. Nous vous attendions. Hiril Lothren nous a prévenu de votre arrivée. Et puis, l’une d’entre vous nous a promis votre retour. »
Elle jeta un regard vers Lynn qui se recroquevilla sur elle-même. Il ne manquait plus que ça : être le centre de l’attention. Quelle horreur. L’escorte du roi ne bougeait pas, et personne n’osait répondre. Après tout, le Roi s’était écarté, peut-être fallait-il aller le chercher ? Peut-être les Ornedhels ignoraient-ils son identité, mais Artiön n’avait pas dû passer inaperçu. La chef du clan, après une courte pause, reprit de sa voix grave et portante :
« Je vois que notre miraculé est également présent. Ravie de voir que tu te portes bien, Aegden. »
Aegden Orian
Ancien
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Mer 8 Sep 2021 - 20:10
Du Mathandil et de son compagnon adossé à ses flancs, ce fut l’animal qui avait relevé le premier le museau face aux étrangers qui se découvraient enfin. Même pour le maintyh résilient, de longues ennéades de voyages et de luttes à peine interrompues par quelques jours de pause avaient fini par devenir éreintantes, même si cette fatigue-là, le commandant savait très bien la laisser de côté tant qu’il le fallait. En revanche, la fatigue mentale liée à toute ces sensations encore inconnues, elle lui était difficile à appréhender et c’était sans parler de son sommeil déjà difficile, devenu erratique à cause du battement inaudible... Alors, dès qu’il avait pu ôter et son armure, et les lourdes responsabilités qui pesaient sur ses épaules, il s’était entièrement reposé sur son compagnon de route pour veiller et voulant fermer les yeux une seconde, il s’était finalement assoupi.
Malgré tout, soldat qu’il était, l’agitation n’avait pas manqué de lui faire reprendre pied rapidement et ce n’est pas bien longtemps après son ami qu’il avait lui aussi fixé la direction des ombres dont les ornedhels sortaient. Se relevant rapidement, il lança un regard on ne pouvait plus clair à ses camarades hésitant face à cette intrusion dans leur îlot de calme.
Aucune arme sortie. Aucun geste poussant à la suspicion. Aucun mot de travers.
Et sans laisser la moindre once de protestation, son attention se reporta sur la petite noss. Avec déférence, il hocha la tête, remerciant silencieusement sa remarque. Machinalement, sa main vint réajuster le bracelet ornedhel qui n’avait plus quitté son poignet depuis qu’elle le lui avait offert.
-Tawardil a fait des miracles, je ne le remercierais jamais assez.
Aegden était sincère. Mis à part la fine ligne blanche zébrant désormais son côté gauche, la lame du mercenaire vaani n’était à présent plus qu’un mauvais souvenir. Sans parler de l’autre miracle que le druide avait accompli bien entendu…
Et puis son sourire amical s’effaça légèrement alors qu’il s’apprêtait à aborder un sujet moins heureux.
-Pour être tout à fait honnête, nous ne sommes pas seulement revenus grâce à la promesse de Lynn. Fit-il. Nous avons quelques discussions à avoir, au nom de notre peuple à tous et de cette région.
Le regard du commandant s’échappa pourtant vers un autre endroit de la forêt.
-Il nous manque l’un des nôtre en revanche. Même si je ne crois pas une seconde que ça vous ait échappé...
Un hochement de tête de la chef ornedhel confirma l’évidence. Alors, Aegden griffonna rapidement un message, un simple ‘’ils sont là. Revient dès que possible. Tout va bien’’, qu’il noua délicatement à l’encolure de son compagnon, ne veillant à ni le blesser, ni le brusquer. Puis d’un murmure, une dernière caresse et d’une main tendue envoya le mathandil dans la bonne direction.
-Va mon grand.
Et lorsque l’animal partit au petit trot, Aegden l’observa une seconde avant de terminer :
-Voilà. D’ici quelques minutes on sera tous là.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Jeu 9 Sep 2021 - 22:32
- On dirait qu’elle a fini par s’endormir.
Tu continues de doucement bercer ta fille, un sourire apaisé au visage, mais le corps encore tendu prostré autour d’elle. Tu attends. Tu laisses à la tempête le temps de passer, et aux palpitations du cœur de la petite enfant d’être emportées par la douceur du sommeil. Tu attends d’être certain que son sommeil soit assez lourd pour te permettre de la libérer du cocon que tu es devenu sans que l’effroi ne vienne l’arracher d’entre les bras de Maurquimellë. Et finalement tu te redresses, te tournant enfin vers celle qui t’a ici rejoint, sans une seconde t’éloigner de celle que tu gardes.
- Elle en avait besoin. tu poses une bise sur le haut du crâne de ton enfant Pauvre petite.
- J’imagine que si tu as pris le risque de l’amener, c’est que tu devais avoir quelque chose d’important à faire ici.
Tu soupires, et ton visage se referme quelques peu. Aurait-il été mieux d’attendre encore un peu avant d’entreprendre ce voyage ? Peut-être. Certainement cela aurait-il été plus confortable pour toi, pour ta fille, pour ton épouse et pour tes fils. Mais à quel prix ? Bien malheureux était la famille souveraine de votre Royaume, parce que ce genre de confort, vous n’y aviez pas droit. Attendre aurait été prendre un risque, et sachant l’ampleur de ce risque, tu ne pouvais pas te le permettre. Ta famille saura te le pardonner. Tes fils finiront eux aussi un jour par être en âge de comprendre pourquoi tu fais ce que tu fais.
- De capital même. tu te déplaces légèrement sur ton assise, lançant un regard légèrement provocateur à l’Ornedhelle Et je risque fort d’avoir besoin de vous pour ça.
- Oh ! Et bien ! elle glousse, la main devant les lèvres Voilà qui est bien intrigant. Quel est donc l’objet de cette mystérieuse mission ?
L’une des narines de l’elfe qui te fait face se retrousse, signe qu’elle n’est pas loin – du moins en est-elle certainement convaincue – de deviner les raisons derrière ta… derrière vôtre présence. Seulement tu n’auras pas eu le temps de lui répondre qu’une interruption à la silhouette équine vint dévier la conversation.
- Ne te dérange pas. Je sais pourquoi il est là. elle te regarde, heureuse de l’ascendant qu’elle venait de prendre L’Ancienne est à votre camp. J’étais censé t’y ramener mais… même les terribles Noss ne sont pas immunisés aux pleurs d’un enfant.
- Comme quoi. tu te lèves doucement, calant ta fille dans un bras pour flatter le front du Mathandil de ta main libre Vous êtes vraiment pleins de surprises.
Elle roule des yeux, les lèvres tirées en un piquant sourire. Voilà longtemps que Rhewil n’avait pas trouvé de répondant à son petit jeu. C’est que Ringeth – avec qui elle passait la majeure partie de son temps – ne mangeait pas vraiment de ce pain-là.
- Allez, dépêchons nous un peu. Sinon on n’y est pas avant l’aube. Rhewil ouvre la marche Tu t’expliqueras une fois là-bas. elle se retourne vers toi Rhewil d’ailleurs.
- Artiön. tu baisses les yeux vers ta fille Et Elorëa, ma fille.
Se dépêcher était un grand mot. Vos pas étaient allongés plutôt que rapides, l’enfant endormie vous interdisant une cadence trop soutenue. Eviter le bruit, éviter les remous, tels étaient vos mots d’ordre. Alors c’est quelques peu après l’heure escomptée que vous étiez arrivés à bon port. Et même arrivés, il t’avait fallu prendre encore quelques instants, durant lesquels tu t’étais permis d’ignorer vous invités, le temps de rendre ta fille à sa couche, et de l’installer aussi confortablement que tu le pouvais. Ce n’est qu’à ce moment que tu t’autorisas à rejoindre l’assembler, et à sommairement, d’un hochement de tête, saluer ceux que vous attendiez.
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Ven 10 Sep 2021 - 11:14
La petite elfe eut un sourire narquois à l’évocation de Tawardil. Ses yeux s’illuminèrent une petite seconde, brillant d’une fierté non feinte. C’est d’une voix chaude qu’elle répondit au Mainyth, toujours dans un ton grave.
« Il nous est d’une grande aide. Tawardil a su s’insérer dans les brèches et colmater les fissures de notre rassemblement. Il est la pierre de voûte à laquelle nous nous accrochons aujourd’hui, et répond présent lorsque nous cherchons conseils et réponses. Comme tu as pu toi-même le vivre... »
Elle s’arrêta un instant, et écouta l’elfe aux cheveux roux. Le groupe de soldats royaux put la voir acquiescer à ses propos, mais elle ne lui répondit pas. Elle attendit que le Mathandil sorte de leur champ de vision pour reprendre calmement.
« Attendons-le. Il n’est de toute façon pas seul, je doute qu’il ne tarde à nous rejoindre. »
Ils durent attendre un certain temps, tout de même, durant lesquelles les groupes se toisèrent respectueusement, d’abord en silence. Ce n’était pas de la tension qui électrisait l’air autour d’eux, mais plutôt de la curiosité réciproque. Et puis les discussions reprirent peu à peu entre soldats, à voix basse. Certains d’entre eux continuèrent leur bivouac. La chef du clan Rigwenn'do resta de marbre, elle, tout comme ses deux compagnons. Aegden et Lynn pouvaient maintenant les reconnaître, ils les avaient côtoyés à plusieurs reprises lors de leur séjour dans le campement Noss. Ils attendaient tous trois patiemment, les mains croisées derrière leur dos, observant l’escouade d’un air neutre. Lynn, quant à elle, resta sur son arbre et en profita pour piquer un petit somme. Ils étaient en sécurité, ici.
Le compagnon d’Aegden refit enfin surface, accompagné d’Artiön qui tenait sa fille dans ses bras. Elle dormait à poings fermés. Une autre Noss les suivait de près, un sourire bienveillant sur son visage. On réveilla Lynn doucement. Les discussions coupèrent net, et les seuls bruits qu’on entendait, mis à part le son des pas du roi et de l’équidé, étaient ceux de la nuit. Tous attendirent respectueusement la mise au lit de la petite. Enfin, le grand elfe salua silencieusement le trio de Noss, qui avait été rejoint par Rhewil. Les trois répondirent d’un hochement de tête, et la chef reprit la parole.
« Maintenant que nous sommes au complet, laissez moi vous souhaiter la bienvenue. Avant toute chose, sachez que les Rigwenn’do vous sont redevables pour votre aide face au groupe de mercenaires qui s’est introduit sur notre territoire. Il est évident que nos patrouilles n’étaient pas suffisantes pour qu’ils puissent s’avancer aussi loin. Nous avons traqué les survivants et les avons tous éliminés. Ils ont payé pour la mort de l’un des vôtres. »
Elle marqua une courte pause, pendant laquelle elle observa plusieurs de ses interlocuteurs dans les yeux. Lynn, pour sa part, ferma les siens. La douleur de cette perte récente était encore forte. La camaraderie qui se créée dans un petit groupe armé a vite fait de tisser des liens. Mais la mort faisait partie intégrante du métier, et aujourd'hui, son Souffle s'était arrêté, tout comme tant d'autres. La chef du clan Noss mit sa main sur son cœur et continua, intense.
« Je me nomme Astal Sirthaal, et je suis la représentante des Rigwenn’do, choisie par ceux qui ont formé notre clan. Vous voici dans notre bosquet, notre repaire, notre refuge, en notre sein. Peu de Taledhels y ont mis les pieds. Considérez notre... invitation comme un geste de bienveillance. »
Ses yeux se troublèrent, et elle se mordit la lèvre.
« Comme l’a si bien dit Aegden, il nous faut nous parler. L’Annon, la porte d’Anaëh, a besoin de discussions franches, et j’espère que notre hospitalité nous garantira votre honnêteté. »
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Ven 10 Sep 2021 - 18:22
Quelques pas de recul après ces sommaires salutations, et ton dos avait trouvé appui contre l’écorce d’un arbre. L’instant n’était pour l’heure pas le tien. L’espace lui était tout offert. L’Ornedhelle, sans tarder, s’en saisit, et à la manière dont elle le fit, tu devinas aisément quel genre d’autorité devait être la sienne auprès des siens. Ton regard s’aiguisa, redevenant celui du chef de guerre que tu avais été avant ton couronnement, mais tes prunelles retombèrent rapidement, trouvant la direction du sol en même temps qu’un désappointé soupir, lorsque ton voyage fut marqué de la couleur du sang. Les mots du Doré résonnèrent en ton sein de manière assourdissante, étouffant jusqu’au dernier murmure – l’espace d’un court instant – le monde qui t’entourait. Autant aurais-tu aimé pouvoir te bercer d’illusions, là était la vérité de ton peuple. Autant aurais-tu aimé pouvoir l’ignorer, ou mieux encore, pouvoir vous en dédouaner, la violence qui habitait le cœur des Sombres était née bien avant l’Aduram. Mais l’heure n’était pas à prêcher la douceur de La Mère. Ni à leur reprocher l’éternelle condescendance à peine voilée dont ils continuaient encore et toujours de faire preuve. Pas quand ils avaient au moins montré – à leur manière – une forme de compassion pour le soldat que vous aviez perdu. Ni quand ils avaient accepté de faire aveu de faiblesse. S’ils avaient accepté de faire aveu de faiblesse, c’est que la situation devait leur paraître plus grave encore qu’à toi.
- Artiön Laergûl. tu te lèves finalement, venant prendre place face à la petite OrnedhelAran Lîn des Cités d’Anaëh.
Tu croises les bras dans ton dos, et ton regard vient chercher celui de la cheffe Ornedhelle. Tranchant. Dur. Mais étonnamment chaleureux. Tu sais mieux que personne ce que c’est que d’avoir à porter des responsabilités trop lourdes pour un seul. Tu ne peux qu’imaginer le désarroi qui a été le sien lorsque l’un d’entre les vôtres perdît la vie. Pas seulement parce que le Souffle d’un Frère avait été perdu, mais parce que sa perte était un triste rappel d’une difficile situation. Si vous teniez encore Annon, si les Chants recommençaient à se faire écho entre le cœur et la frontière de la Sylve, c’est parce que jusque-là, vous aviez eu de la chance. Mais qu’arriverait-il si vous aviez à faire face à plus que juste quelques mercenaires ?
- Je ne passerai pas par quatre chemins, tu relèves légèrement le menton à l’heure actuelle, l’Annon est beaucoup trop fragile. ton regard se soulèves par-dessus sa tête et en direction de l’horizonLiltalaima ne les a pas abandonnés… mais à l’heure actuelle, on ne peut toujours pas vraiment en dire autant de nous.
Tes mains trouvent le chemin de tes hanches, et ton regard retrouve celui de l’Ornedhelle.
- D’une manière ou d’une autre, s’il on tient vraiment à protéger l’Annon, il va falloir qu’on la réinvestisse. La question maintenant c’est : Comment ?
Raisonnement simpliste. Car tu sais très bien que votre présence, même en nombre ne suffirait pas en tant que facteur déterrant. Pas avant qu’elle n’ait été installée depuis des années, voire des décennies. Il faudrait du temps avant que les autres peuples reconnaissent ces territoires que vous aviez abandonnés il y a des Cycles de cela comme de nouveau une part d’Anaëh… seulement il vous fallait faire le premier pas si vous ne vouliez pas que tard reste jamais.
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Lun 13 Sep 2021 - 18:56
-Il faudrait déjà qu’on arrive à réellement collaborer entre nous.
Le commandant était assis sur une haute racine, ses coudes contre ses genoux et ses doigts qui se rejoignaient. Son air chaleureux avait laissé place à la froideur de la réflexion. Ils n’étaient certainement pas à prendre à la légères, les sujets abordés en cette étrange soirée... Aegden était particulièrement bien placé pour le reconnaitre.
L’évocation de son frère tombé pour si peu n’avait, quand à elle, fait qu’achever le visage du soldat de se fermer. Il s’en blâmait encore et cela durerait longtemps. Il n’avait même pas pu s’assurer qu’il soit bel et bien enterré en bonne et due forme…
-Et par collaborer j’entends plus que se contenter de vivre les uns à côté des autres en s’ignorant un maximum, à moins qu’un aléas ne nous pousse à faire autrement...
Peut-être l’échauffourée ne se serait-elle pas déroulée de la même manière s’ils s’étaient écoutés, au lieu de simplement se tolérer. Ils s’étaient battus côte à côte, certes, mais sans s’entendre. Les uns avaient étés forcés de composer dans la précipitation des autres et un souffle l’avait payé.
-Quoi qu’il en soit. Reprit-il après un court silence, se retrouvant de nouveau sur ses deux pieds et ses bras croisés contre son torse. Avoir laissé passer des troupes aussi importantes que les mercenaires vaanis de l’ennéade passée est inacceptable. Et dans un même temps, ça prouve pas mal de choses. Dans la configuration actuelle, ni Talehdels, ni Ornedhels ne sommes capables d’assurer une surveillance décente de la zone. Même cartographiée, l’Annon est trop grande pour nos patrouilles. D’une manière ou d’une autre il nous faut réduire les temps d’interventions et de communication en cas d’imprévus. Quelques heures laissés à des intrus, ce sont des heures pour se préparer, pour se cacher, des heures pour nous impossibles à regagner, et des heures pendant lesquelles les troupes sur place sont mises en danger sans espoir de renfort.
Lynn Antadolen
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Mer 15 Sep 2021 - 17:08
L’identité du Taledhel géant fit trembler Astal. La présence d’un elfe si important pour les citadins teintait la rencontre d’une tout autre couleur. Il était impossible qu’il soit là par hasard, mais comment avait-il pu avoir vent de l’escarmouche, et voyager si vite en Annon ? Tout cela manquait de sens, et la chef de clan admit que sa présence était peut-être simplement due au hasard. Mais ce n’était pas qu’une coïncidence pour elle : les dieux étaient responsables, il n’y avait aucun doute. Elle s’inclina respectueusement, une main sur le cœur, en silence, avant qu’il ne reprenne la parole.
Le roi toucha du doigt le problème. En seulement quelques mots, il avait remis le contexte à sa place, énoncé la problématique, et demandait une solution. Astal inspira, prête à répondre, mais l’elfe roux lui coupa l’herbe sous le pied. Sa remarque lui fit grincer des dents. Elle eut du mal à y croire, mais le Mainyth semblait incriminer les Rigwenn'do. L’elfe souffla, sentant un poil de tension s’élever en elle, et son visage se fit un peu plus froid.
Elle s’avança et se retrouva face à lui, à moins d’un mètre de distance, pour lui lancer un regard de défiance. Sa voix, bien que grave, résonna aux oreilles de chaque elfe ici présent.
« Tes mots font mal, Aegden. Qui, à ton avis, a mis vos éclaireurs au courant de la présence d’intrus en Annon ? Qui s’avance loin de la protection de la Sylve pour surveiller les innombrables chemins qui mènent en Anaëh ? Qui se retrouve si loin de ses frères et sœurs pour s’assurer de leur sécurité ? Alors que vous, vous vous terrez dans un fort qui meurtrit la roche. Vos quelques bandes d’éclaireurs suivent des sentiers erratiques qui sont pour la plupart déjà observés bien en amont. Tu parles de collaboration, mais pour l’instant, c’est nous faisons le plus gros du travail. »
Tous restèrent, pendant un instant, suspendus à ses lèvres. Ses poings s’étaient fermés, et son visage semblait rouge de colère. Elle semblait sur le point de crier, mais n’en fit rien. Elle ferma les yeux, et son corps se détendit brusquement.
« Les seuls efforts qu’il reste à faire sont les vôtres, Taledhels. » Sa main s’était levée, un peu au-dessus de sa tête, pour qu’un doigt atteigne la poitrine de l’elfe roux. Elle rouvrit les yeux et lui lança un regard bienveillant. « Alors, ne dis pas notre erreur est inacceptable. »
Son doigt quitta sa poitrine, et elle se retourna pour se diriger vers Artiön.
« Je suis honorée de te rencontrer, Aran Lîn. Tu dis vrai, si la Sylve souffre ici, Sa voix parcoure encore ces terres, mais elle reste encore muette dans beaucoup de lieux. Ces terres ont été trop longtemps ignorées par les Anëdhels, et seul le temps pourra rétablir l’ordre des choses, avec notre concours. » Elle plongea son regard dans le sien et croisa les bras. « Il est évident que la solution actuelle ne convient pas. Nous sommes trop peu nombreux, et nous n’avons pas les capacités d’augmenter nos patrouilles. Nous ne pouvons fracturer encore plus notre clan déjà si fragile. Les arbres ne nous cachent pas assez bien, et le danger est réel. » Son regard brillait alors qu’elle énonçait ses paroles. Derrière elle, ses compagnons baissèrent les yeux, et acquiescèrent à sa prochaine affirmation. « Prêtez-nous des forces, suffisamment pour couvrir le territoire tout entier. Construisez vos tours de guet, jusqu’à ce que la Sylve reprenne ses droits et nous protège elle-même. Nous sommes à la porte d’Anaëh, et vous savez aussi bien que moi ce qui rôde au-delà. Cette fois, ce n’étaient que des mercenaires qui n’avaient pas pour but de nous traquer. Mais qu’adviendra-t-il quand une toute autre menace franchira la frontière ? »
Dernière édition par Lynn Antadolen le Dim 19 Sep 2021 - 9:29, édité 1 fois
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Mer 15 Sep 2021 - 22:47
- Hiril Lôthren me châtie pour cela, j’aurais préféré ne pas avoir à y penser.
Le visage assombri à l’idée de voir la forêt reculer une nouvelle fois, comme alourdi par le poids des décisions futures, tu choisis de t’asseoir. En tailleurs, au sol, les index glissant contre l’arête de ton nez, ton visage n’aura finalement jamais été aussi proche de celui de la cheffe du Rigwenn’do. Plus près des yeux… mais soudainement plus loin du cœur. Parce que les choses étaient loin d’être aussi simples que l’Ornedhelle ne semblait bien vouloir le croire. Parce que vous aviez fait bien plus d’efforts qu’elle ne semblait vouloir le constater. Parce qu’à tes yeux, vous aviez déjà mobilisé bien plus d’énergie dans la protection et le réapprivoisement de ces territoires perdus que les clans ne l’avaient fait… alors même qu’ils étaient ceux les ayant reconquis.
- Seulement je crains de ne pas être en mesure de vous offrir ce que vous demandez. tu ouvres les mains sur un visage désolé Pas de cette manière du moins. L’Annon est un territoire immense. Jamais les Cités ne pourront mobiliser assez de soldats pour la rendre impénétrable. Quoi que l’on veuille bien en penser, même le Cœur d’Anaëh lui-même ne l’est pas. tu baisses les yeux un instant et prends une visible inspiration avant de continuer, sur un ton moins grave L’Histoire l’a mainte fois prouvé.
Tu marques une pause, tes doigts se croisant sur tes chevilles pour y retenir le moment. Ton regard se tourne vers un Mainyth vêtu de déception après des mots durs – peut-être trop durs – mais entièrement vrais, pour lui offrir un peu de réconfort. Puis ton attention retourne à la cheffe de clan, et tes traits se durcissent à nouveau.
- Les mots du Mainyth ont été durs, je l’entends. Mais je doute qu’il vous tienne responsable des événements. événements dont tu n’es pas fier toi non plus, tant à cause de ce qu’ils disent des risquent courus par la forêt que de la manière dont ils semblent présenter les tiens Pas plus qu’il ne s’en blâme lui-même. Personne ne saurait plus s’en vouloir de l’échec de nos armées que leur Commandant. Problème étant, il est difficile pour nous à l’heure actuelle de faire autrement que de nous reposer à l’excès sur vous, parce que nous n’avons simplement pas les armes pour opérer correctement dans ces conditions.
Tu te penches légèrement en arrière, et lèves le menton. Tu y arrivais finalement. À la conclusion que tu t’étais jusque-là refusé d’arriver.
- La vérité est que, même si dépêcher assez de soldats pour fournir une garnison digne de ce nom à l’Annon est chose possible, toute une armée des nôtres ne serait guère plus efficace que les quelques bataillons en présence, parce que nous ne vivons et nous ne nous battons pas comme vous. tu soupires À quoi sert le fantassin dont l’armure et l’épée se brisent à trois ennéades de voyage de l’artisan capable de la lui réparer ? À quoi sert l’artisan capable de réparer épées et armures sans son atelier ? À quoi sert l’atelier sans cesse assailli par les bêtes sauvages ? tu souris tristement Abandonnons notre arsenal Citadin alors. Armons-nous de ce que veut bien nous offrir l’Annon. Que vaudront nos soldats à ce moment ? Certes, l’armure ne fait pas l’elfe, mais ils ne se comptent plus les elfes sauvés par nos armures. En priver nos soldats nous forcerait à grossir nos rangs. Grossir nos rangs en Annon nous forcerait à atrophier ceux des autres territoires, et les autres territoires ne mincissent pas pour autant. tu marques une courte pause Grossir nos rangs en Annon, c’est aussi gonfler leurs besoins, et forcer plus de soldats à s’occuper de tâches annexes plutôt que de leur devoir martial… ce qui finalement vient à l’encontre des raisons pour lesquelles les rangs ont été grossis au départ.
L’Annon était part d’un tout mais loin de son reste. La tenue des camps à sa bordure était un véritable cauchemar logistique. La vérité était qu’à moins de pouvoir faire des vôtres des Ornedhels du jour au lendemain, y stationner une armée dédiée serait plus cauchemardesque encore… mais que votre armée se mette à fonctionner à l’image des Ornedhels, et alors l’Annon ne serait jamais aussi sûre que vos Protectorats.
- Et d’autres elfes pourraient remplir ces tâches, bien mieux que ne le feraient des soldats, et pourraient permettre à nos guerriers d’agir avec plus d’efficacité, mais à ce moment, ces autres elfes auront eux-mêmes besoin de protection. Et là quelques tours de guet risquent de ne pas être suffisantes.
Elle avait raison. Vous, Taledhels, que vous efforts aient été plus grands ou pas que les Noss, manquiez tout de même à l’appel ici en Annon. Quand les Noss étaient ses yeux et oreilles, vous, Citadins aviez dès l’érection des premières Cités étés le bras armé d’Anaëh. C’est ainsi que des Cycles durant vous aviez gardé la forêt. Restait cependant à savoir si aujourd’hui, vos yeux et vos oreilles de l’Est accepteraient que vous leviez vos armes en leur nom.
Mais surtout, au delà de ces considérations... serait-ce vraiment se réapproprier une part de l'Œuvre que de ne la peupler que de guerriers ?
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Sam 18 Sep 2021 - 21:38
S’il n’avait pas décroisé les bras durant toute les reproches que lui fit la cheffe de clan, l’elfe au cheveux roux avait bel et bien l’air profondément attristé par sa vive réaction…et un peu décontenancé aussi. Non, il n’était pas là ni pour insulter ses hôtes, ni leur faire des reproches infondés. Mais il n’était pas non plus ici pour se voiler la face. Oui, qu’ils le veuillent ou non, pour les noss autantque pour eux citadins, la situation était bel et bien inacceptable et c’était pour cela qu’ils étaient tous réunis ici. Pour pallier à un problème commun. S’en offusquer et tempêter n’arrangerait rien.
-Jamais je n’ai eu la prétention d’exiger quoi que ce soit de votre part, Astal. Finit-il par renchérir calmement après la diatribe du roi, s’approchant d'eux, de manière à ce qu’elle ne lui tourne plus le dos. Du moins, comme l’a souligné Artiön à juste titre, rien que je n’exige pas déjà de moi-même et de mes hommes. La situation de L’Annon est aussi de notre fait j’en suis aussi conscient que toute le monde ici. Tout comme je suis conscient des faiblesses et des effort qu'il nous restent à faire.
Ceci étant dit, le soldat ne s’attarda plus sur ses précédentes paroles et continua aussi calmement qu’il avait débuté, les mains sagement croisées dans son dos.
-Artiön à quasiment tout dit en fin de compte. Son regard vogua de ce dernier à celui de l'ornedhelle. Notre problème est dans le nombres d’hommes que nous impliquerons mais surtout la logistique derrière tout ça. Il fronça légèrement les sourcils. En plus de ça, j’ai peur de l’impact violent qu’un renforcement drastiques de nos armées pourrait avoir sur l’Annon, vu la fragilité de la zone. Sans parler de potentielles constructions… La forêt se reconstruit lentement, il faut l’aider et non lui infliger de nouvelles contraintes. Notre organisation est primordiale sur notre nombre.
Lynn Antadolen
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Dim 19 Sep 2021 - 12:53
Lynn sortit la tête de ses mains et observa les trois elfes qui parlaient entre eux. Comme à peu près tous ses collègues, sauf les deux-trois qui avaient judicieusement estimé que c’était le bon moment pour piquer un somme, elle était très attentive à leurs propos. Les discussions étaient parties d’excuses, et voici que l’Aran Lîn énonçait son rêve de réinvestir l’Annon, et pas seulement militairement. Un rêve qu’on pourrait qualifier de fou. Les deux civilisations voisines n’avaient peut-être pas encore bien compris qui étaient les nouveaux maîtres des lieux, et pourraient se fâcher d’entendre que des colons Anaehls mettent le pied sur le territoire. Et puis, Aegden amenait un contre-argument redoutable : les conséquences d’un investissement plus fort de l’Annon pourrait amener de nouvelles blessures à la flore déjà si faible.
Chaque phrase de ces discussions politiques était ponctuée d’une déflagration d’émotions, venant de chacun des elfes. Lynn se rendait peu à peu compte de l’importance de cette rencontre. Cette dernière ne visait pas qu’au rapprochement des Taledhels et Ornedhels de la région, mais bel et bien à savoir ce qu’ils feraient de ce territoire « fraîchement » reconquis. Elle était aux premières loges d’un débat historique, mais n’y avait clairement pas sa place. Elle restait donc en silence, contre le tronc de cet arbre qui la soulageait toujours de ses démangeaisons. Elle entendit Astal reprendre d’une voix toujours si grave, presque envoûtante, alors que ses yeux, qui s’étaient quelque peu perlés de doute, reprenaient une vive lueur d’espoir.
« Je ne prétendrais pas connaître vos nombres, ni le détail de vos faiblesses, mais tu m’as l’air sincère, Artiön. Je crois comprendre ce que tu essayes de me dire. »
Elle soupira, et ses yeux passèrent l’un après l’autre sur les différents membres de l’escouade. La plupart étaient en effet lourdement armés. Même s’ils étaient bien équipés pour la marche pour ce grand tour d’Annon, ils n’en demeuraient pas moins dotés d’équipement périssable. Leurs lames pouvaient se casser, et les armures se cabossaient. Le contraste avec celles des Noss était flagrant : ils étaient incapables de se débrouiller seuls, sans leurs outils, leurs forges et les métiers qui gravitent autour de l’armée elfique.
« Nous avons reconquis ces terres pour mettre en déroute l’infamie qui s’y propageait. I Emël nous en est redevable, nous le sentons, et ce, malgré les choix que nous avons pu faire. » L’espace d’un instant, ses yeux se perdirent dans le vide, où ses souvenirs semblèrent se ternir d’incertitude. Elle reprit plus fermement. « Tu as raison, l’Annon a besoin du Souffle de beaucoup d’autres Anedhels. Nous pouvons garantir leur protection contre les bêtes sauvages, mais nous devrons pour cela cesser de surveiller les frontières. Ce sera votre rôle, mais ce ne sera peut-être pas un mal. Vos cavaliers se déplacent bien plus vite que nous, et les informations circuleront mieux... Si danger il y a, nous pourrons nous regrouper et faire face, ensemble. »
Elle prit le temps de réfléchir, et se tourna vers Aegden. Quelque chose semblait la troubler.
« L’Annon est très meurtrie, tu n’as pas tort. Nous pouvons peut-être vous aider à bâtir en respectant mieux la Sylve. J’ai vu Ardamir la magnifique, je sais que vous êtes capables de vivre en symbiose avec Elle. Une telle collaboration pourrait nous faire du bien à tous. » Elle lança un regard à l’assemblée, puis son attention se posa de nouveau sur Artiön. « Nous pouvons faire renaître ces terres, et leur rendre leur fierté d’antan, bien des Cycles avant ma naissance. En revanche… Tout ne sera pas simple : tous les Rigwenn’do ne seront pas favorables à cette option. Je peux travailler de mon côté pour tenter de les convaincre, mais notre clan peut ne pas être le seul problème. Si nous sommes seuls en Annon, la forêt d’Ardamir n’est pas si loin, et on peut s’attendre à des avis très... tranchés de leur part. »
Lynn se mordit la lèvre sous son masque. Elle n’avait pas oublié l’agressivité des Ornedhels d’Ardamir, et leur colère face aux citadins. Et la joue d’Aegden devait également bien s’en souvenir.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: Les limites de votre monde | Le grand tour d'Annon Dim 19 Sep 2021 - 15:30
Un projet pour les prochaines décennies. Voire les prochains siècles. Voilà ce que représenterait la conclusions de ce dont vous aviez choisi de parler ici… dans le cas où les choses se passaient pour le mieux. Que les militaires – dont c’était le métier – se soient rapidement fait à l’idée de devoir garder les territoires nouvellement reconquis était une chose. Que les Ornedhels qui les avaient reconquis cherchent à les conserver en était une autre. Que la population générale s’excite à l’idée de voir les frontières d’Anaëh s’étendre vers ce qu’elles étaient au début des temps en serait encore une autre. Mais là n’étaient pas les problèmes. Qui parmi les elfes restés dans le cœur de l’Œuvre – Taledhels comme Ornedhels – accepterait de faire le sacrifice de la vie qu’il a connu durant de probables longs siècles pour rendre son Souffle à une terre abandonnée ? Qui parmi les elfes restés dans le cœur de l’Œuvre accepterait de faire de l’Annon son nouveau monde, et prouverait à I Emël que vous étiez prêts à embrasser ces terres désolées ? Ce serait ton travail d’aller le découvrir.
- Quant à moi je m’occuperai d’amener la question devant les Taledhels, tu baisses un instant les yeux et pour ce qui est des Ornedhels du cœur, je verrai ce que je peux faire.
La dynamique était nouvelle. Presque étrange. Mais quelque part, tout faisait sens. Commencer à se réapproprier l’Annon donnerait toute leur signification à tous les grands travaux que vous aviez entrepris ces dernières années. Les Cités rendues à la nature sauvage. Les elfes rapprochés. Les échanges – quoique très aléatoires dans leurs résultats – de plus en plus fréquents entre les deux faces du peuple. La tranquillisation des abords d’Aduram. La paix gagnée à la frontière Nord-Ouest. La fébrilité actuelle d’Elda. Et dans ton cas… le pouvoir offert par le Dragon d’Or. Vous étiez dans une position idéale pour avancer. Certes, le peuple était encore fragile. Indécis. Confus durant cette période tempétueuse… seulement n’étais-ce pas cette confusion, cette recherche d’un nouvel ordre l’occasion idéale pour créer une Ère meilleure que la précédente ? Le changement appelle le changement. Le changement ouvre au changement. À toi maintenant – au moins au sein des Cités – de faire ce qu’il fallait pour aider les tiens à cristalliser leurs aspirations, et à bâtir dans le bon sens.
- En temps et en heure. tu te lèves, pour mieux lever les yeux au ciel Nous rendrons La Mère fière.
La dynamique était nouvelle. Parce que vous étiez habitués à recevoir. Mais cette fois c’était à vous de donner. De guérir. De construire. De réparer. À vous cette fois d’offrir aux Dieux plutôt que de recevoir d’eux. À vous cette fois de donner à l’Œuvre plutôt que d’attendre d’elle. À vous de faire renaître ces terres, pour que l’Estel termine de s’en saisir. À vous de faire la fierté de vos parents. Comme L’Amant, repoussez les limites de votre monde. Comme La Dame Sauvage, battez-vous pour votre foyer. Comme Le Barde, rendez sa beauté à un monde dépérissant. Comme La Mère, portez-le à son épanouissement.
Dignes enfants du Prime Désir, celui même qu’Arcamenel fit Premier Amour, à vous de continuer l’Œuvres de vos Pères célestes.
Ta courte prière, contrairement à la tradition, tu la gardes silencieuse. Mais ton regard en dit long. Tu es décidé. Et tu prendras le temps qu’il faut. Mais qu’on te le donne, et alors Lörn, Annon et Anaëh seront à jamais et pour toujours unies au cœur de l’Œuvre.