Il y avait cet étrange livre récupéré par hasard au milieu des gravats de Faeldorën. Les artisans n’y avaient d’abord pas fait attention, mais l’un d’eux l’avait gardé avant de plus tard le donner à Aegden, pensant qu’il serait sans doute plus apte à en retrouver le propriétaire, lui qui voyageait par mont et par vaux.
Pourtant le mainyth n’y avait pas touché depuis qu’il l’avait mis en sécurité dans sa sacoche. A vrai dire il l’avait presque oublié jusqu’ici. Mais ce jour-là, le temps semblait être au calme plat et l’armée semblait, au-delà de sa routine, prise dans une étrange léthargie. Aegden avait alors repensé à l’étrange carnet, et pris d’une intuition avait machinalement commencé à le feuilleter, assis sur le rebord de la fenêtre de son bureau.
L’ouvrage, constitué de vélin brunit par le temps, ne payait pas de mine. Aegden avait d’abord pensé qu’il ne s’agissait que d’un simple journal intime et n’avait pas vraiment voulu le lire pour autre chose que pour avoir une éventuelle occasion de le rendre à son propriétaire. Mais parmi les écritures vieillies et pour la plupart pratiquement illisibles aucuns nom n’était jamais clairement mentionné ou bien avaient-il disparus avec le temps. Seule partie réellement notable , il y avait des schémas et des esquisses, comme si ce carnet avait servi d’étude à quelques créations particulières.
Un dessin en particulier avait retenu l’attention du lancier:
La pointe, grossièrement crayonnée était accompagnées de descriptions illisibles et d’un nom : Erca
S’il n’avait jamais été très assidu dans les études, Aegden avait quand même longuement étudié ce qui touchait à ses spécialités. L’histoire de l’armée et ses grands noms, et plus spécifiquement les lanciers reconnus et leurs techniques avaient fait partie des bases théoriques essentielles de sa formation. Pourtant jamais ce nom n’avait croisé son chemin. Alors, intrigué, il avait décidé de mener ses recherches et de reconstituer l’histoire derrière cet étrange journal.
Ne sachant pas vraiment par où commencer des recherches si incertaines, c’est vers l’académie militaire et ses archives qu’il se tourna alors. Si le mystérieux inconnu avait accompli quelques hauts faits, peut-être l’armée royale se serait-elle penchée sur son cas…
-Tu cherche quelque chose Commandant ?Après de longues heures de recherches peu fructueuses, un de ses camarades était finalement venu à sa rescousse, sans doute intrigué par sa présence peu commune, lui qui n’aimait guère la compagnie des livres et la réclusion des murs.
-Quelqu’un je crois. Le mainyth releva le menton vers son interlocuteur avant de lui tendre le carnet d’origine.
Est-ce que tu as déjà entendu parler de ça Tùven?-Le dessin, absolument pas. Ce surnom en revanche… Le soldat appuya ses poings contre ses hanches.
Où as- tu trouvé ça exactement?-On ma l'a donné il y a quelques ennéades, j'ignore à qui il appartenait.
-ça c’est pas banal…Je croyais qu’il ne s’agissait que d’un conte de chez moi. Bon écoute, je doit y aller mais tu veux bien me rejoindre après mon service? Je pense que j’ai ce qu’il te faut. Ah ! Et garde le carnet...