Nombre de messages : 786 Âge : 33 Date d'inscription : 09/08/2018
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 106 ans Taille : 1m70 Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Quand la réalité nous rattrape [Solo] Mer 5 Jan 2022 - 18:32
Oglicos, VIIeme ennéade de Favriüs, An XIX, Cycle XI Palais Irohivrah, Les soieries, Thaar, Ithri’Vaan
Khaled poussa doucement la porte des appartements de la Princesse Marchande. Des éclats de verre brisés suivirent doucement le mouvement de l’énorme porte de bois, alors que ce dernier entrait dans les appartements de la Princesse d’Uldal’Rhiz. La pièce était dans un état pitoyable, reflétant très bien ce que la vaanie avait endurer depuis qu’elle avait appris la mort de son époux. Cela faisait maintenant une ennéade que le fatidique pigeon était arrivé. Et il n’y avait pas une seule journée ou un sanglot, ou un éclat de colère s’échappait des luxueux appartements de Maralina. L’elfe fit signe à un humain de le suivre, tentant tant bien que mal de faire le moins de bruit possible. Ils traversèrent le grand salon, avant d’apercevoir la silhouette fine de la demie-elfe. Cette dernière, dans une tunique des plus simples, fixait un point à l’horizon. Un point qui lui semblait aussi familier qu’inaccessible en ce moment. Maralina avait la plus glorieuse vue de Thaar, et tout ce qui semblait l’intéressé à ce moment précis était le Langehack qui se trouvait beaucoup trop loin.
« Maralina… Nous avons un visiteur qui doit absolument te voir. »
Ce fut à ce moment que Lars se racla finalement la gorge avant d’approcher, ignorant les regards mauvais que Khaled lui lançait. « Son excellence, m’a donné une mission avant sa mort. » Ces quelques mots firent retourner doucement la tête de la Princesse alors qu’elle entendit les mots du chevalier qu’elle détestait tant. La vaanie se retourna vers les deux hommes, tous les deux bouche-bée devant le spectacle qui leur faisait face. Pour la première fois, ils voyaient une femme déchirée. Les yeux cernés, bouffis, signent que le sommeil n’avait pas réussi à combler sa peine. Une robe simple, aucun bijou. Elle semblait frêle, défaite. Pour la première fois, ils pouvaient voir la peine qui comblait son cœur, une peine qui lui semblait bien difficile à gérer. Lars sembla rapidement reprendre ses esprits, avant de s’approcher de la grande table qui aurait pu être un bureau dans le passé. D’un geste rapide, il remonta sa cape crasseuse avant de déposer un sac en velours noir. Puis, il enleva rapidement le marteau de Griffon de son fourreau, le posant délicatement sur la table avant de reculer de quelques pas. « Il ne pouvait partir sans vous donner cela. Je crois que vous devriez regarder ce qui est à l’intérieur quand vous serez prête. » Il toussota avant de passer sa main dans ses cheveux clairement nerveux, avant de continuer; « Je comprends votre… »
« Tu ne pourras jamais. » Rétorqua sèchement la Princesse Marchande alors que son regard azuré se posait sur le chevalier. Lars tenta de faire un pas en avant, mais s’arrêta, conscient que la colère ainsi que la peine de la Princesse Marchande ne pourrait être apaisée par des paroles. Il replaça nerveusement le sac contenant les effets de Griffon sur la table de marbre, avant de s’incliner, bien que la Princesse se soit déjà retournée, avant de tourner les talons pour s’arrêter devant l’elfe qu’ils avaient vu quelques fois déjà. « Merci d’être venu nous donner ce message. Je suis certaine que sa Majesté apprécie. Kona vous accompagnera à des appartements pour vous reposer. » L’humain fit un signe de tête avant de suivre la petite naine qui l’attendait nerveusement à l’extérieur. Cette dernière l’accompagna dans une petite chambre dans l’aile réservée aux serviteurs. Ce n’était pas le grand luxe, mais c’était déjà mieux que les geôles. Khaled, quant à lui, referma rapidement la porte derrière lui. Regardant la Princesse d’Uldal’Rhiz qui était toujours dos à lui, le regard posé sur l'horizon. Khaled avala difficilement sa salive avant de finalement briser le silence; « Comment te sens-tu? »
« Comment je me sens? » Maralina eut un léger sourire faux, avant de fermer les yeux, semblant tenir fermement un bijou dans sa main droite. Elle porta doucement la main à son cœur, semblant rechercher une quelconque chaleur, une quelconque parole rassurante. Au bout de quelques secondes, elle perdit son sourire avant de se retourner vers Khaled, qui s’arrêta devant elle. « J’aurais espéré ne rien ressentir. Toute cette solitude, je ne peux pas l’endurer. » Sa voix, qui pouvait être si porteuse, si forte, semblait avoir perdue toute sa torpeur. Elle tentait d’être forte, mais le vaani voyait bien que la demie-elfe était brisée.
« Tu n’as pas à être effrayée de tes sentiments, Maralina. »
« OUI. JE LE SUIS. » Sa voix sembla résonner dans la pièce, avant que la Vaanie ne sert à nouveau les dents pour continuer; « Personne ne peut me comprendre! » Elle fit un pas vers Khaled, alors que son regard colérique se porta sur son second. « Pense à la personne que tu as aimés le plus dans cette vie. Un homme. Un amant. Un mari. Un père. Lorsque l’on pouvait finalement être ensemble, ils me l’ont enlevé. Une dizaine d’année perdue. »
Khaled s’avança prudemment alors que Maralina se mit à frotter ses yeux fatigués. « Je ne peux pas… » Sa voix se brisa alors qu’elle sentit ses jambes se dérobés sous elle. Khaled eut juste le temps d’attraper la Princesse alors qu’ils tombèrent les deux sur le sol de marbre. « Cela fait trop mal… Fais que ça s’arrête…» Un sanglot sembla s’étrangler dans sa gorge alors qu’elle agrippait le pourpoint de soie de Khaled, enfouissant par la même occasion sa tête dans le creux de son épaule. L’elfe, pour une fois, semblait complètement prit au dépourvu. Il avait vu les innombrables éclats de la Vaanie, mais jamais il ne l’avait vu avec autant de peine, autant de mal. C’était la première fois qu’il la voyait, réellement, en douleur. Et malheureusement, cette douleur-là, elle ne vieillit jamais. Les habits de deuil auront beau s’user, un siècle pourrait passer et son cœur serait toujours aussi noir. Sans le vouloir, il serra la demie-elfe dans ses bras. Il aurait voulu la réconforter, mais il ne savait pas quoi dire. Oui, la vie était injuste. On peut perdre quelques choses encore plus rapidement que l’on a obtenu. Cela faisait plus de treize ans que ces deux êtres vivaient séparés, malheureux, tentant tant bien que mal de faire leurs vies et soudainement, on leur arrachait un moment de bonheur à peine acquis.
« C’était une nouvelle page, et maintenant cette personne est parti… J’avais besoin de lui et il est partit. » Sans le vouloir elle serra encore plus le tissu sous sa main, enfouissant par la même occasion son visage dans le creux de son épaule. « La personne qui m’aimait le plus. » Un sanglot s’étrangla de nouveau dans sa gorge alors qu’elle rajouta; « Cela fais tellement mal que je ne peux plus respirer. Je ne peux être pire et je veux simplement que la douleur disparaisse… » Khaled serra de nouveau la Princesse Marchande dans ses bras, incapable de dire quoi que ce soit. Après tout, qu’es qu’était le deuil? Si ce n’est que l’amour qui persévère? Elle se sentirait complètement seule, vide, mais elle se relèverait éventuellement. Elle l’avait toujours fait, il ne voyait pas pourquoi cette fois-ci serait différente. Il ouvrit la bouche, mais avant qu’il ne puisse rajouter un mot, la Princesse se détacha rapidement de ce dernier avant de se relever, retournant au balcon pour observer de nouveau l’horizon.
« Sors… »
Khaled soupira, se releva puis s’inclina à son tour, et sortit de la pièce à son tour. Mieux valait ne pas la mettre dans un pire état en ne respectant pas ses volontés.
Maralina Irohivrah
Hôte
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Sujet: Re: Quand la réalité nous rattrape [Solo] Lun 28 Fév 2022 - 19:37
Le temps avait passé, pénible. Elle était incapable de dire combien de temps avait passé. Tous les jours lui semblaient pareils, drables et noires. Pour la première fois, la Princesse Marchande avait du mal. Elle luttait contre les idées noires, luttait contre ses ombres qui semblaient l’entourer, incertaine et fatiguée. Maralina avait l’impression que tout ce pour quoi elle s’était battue, tout ce qu’elle avait réellement voulu était détruit. Ruiné, mort. Elle venait de réaliser à quel point elle était seule, complètement seule, vide sans fin, sans rien. La vie semblait amère, terrifiante. La vie qu’ils avaient bâtie ensemble était le seul réconfort qu’elle avait réellement eu. La seule fois qu’elle avait eu l’impression d’avoir trouvé son chez soi. Elle ne pouvait se mentir, elle l’aimait, et elle l’aimerait probablement pour toujours.
Maralina se leva finalement, avant de s’approcher de son bureau, regardant le sac que lui avait apporté Lars. Ses longs doigts agrippèrent Bec-de-Grif avant de le soulever. Son regard se promena sur l’arme, détaillant le moindre détail, la moindre fissure. Elle se souvenait si bien d’avoir pris cette arme à Sorault, menaçant Griffon, demandant sa liberté. Un sourire lointain vint orner ses lèvres, avant qu’elle ne dépose l’arme sur le bureau. Tant de souvenir dans différents objets, sans le vouloir, ses mains se posèrent sur son bureau, alors que les larmes vinrent orner ses prunelles azurées et elle pleura, laissant couler les larmes qui ne voulait plus couler. Laissant couler les larmes qu’elle avait tentées de retenir ces dernières ennéades. Cela prit plusieurs minutes avant qu’elle ne reprenne le contrôle d’elle-même. Mais elle trouva finalement l’énergie pour continuer, ouvrant doucement le sac, elle vit un parchemin. S’arrêtant net, elle avala difficilement sa salive, et attrapa le message.
Sa gorge se serra, et elle relut encore la lettre.
Et puis une fois encore.
Jusqu’à ce qu’elle eu l’impression de la connaître par cœur. D’avoir imprégné dans sa mémoire le moindre mot.
Elle porta la lettre à son cœur, la serrant comme s’il s’agissait du bien le plus précieux qu’elle avait. Avant de la déposer doucement sur le bureau de bois. Elle reprit doucement la broche ornée d’un griffon, la caressant doucement du pouce avant de refermer sa main sur le bijou finement sculpté. Elle soupira avant de relever le menton, observant la ville endormie. Son regard se porta sur l’océan, fixant un point lointain. Ce monde était réellement sale, puant. La vermine se promenait sans écorcher le moindre problème. Ils étaient si confiants, semblaient si sur d’eux alors qu’elle était complètement déchirée. Sa main se serra alors qu’elle sentait la colère monter. Pourquoi était-il mort lui, alors que la pourriture rampait sur cette terre? C’était cela qui était difficile à accepter, parce que vous continuez à vivre, sachant pertinemment que ceux ont qui vous tenez ne sont plus de ce monde. Que devez-vous changer à l'intérieur pour survivre ? Qui devez-vous devenir ? Elle en avait assez. Assez de cette peine, assez de ce monde pourri, assez de cette noirceur. Car une fois que vous touchez cette obscurité, elle ne disparaît jamais, ne vous apportera jamais la paix. Huit ans avaient passé, et lorsqu’elle avait finalement connu le bonheur, on le lui avait enlevé tel un jeu des plus cruel. Pas pour rien que les gens devenaient fous, mauvais… La vie les guidait, les créait, leur apprenait à survivre avec leur peine. Et la peine finissait par apporter la haine. Au final, les gens qui étaient réellement sans cœur, étaient probablement ceux qui avaient le plus aimé.
Le regard de Maralina sembla s’obscurcir. Il lui avait pris ce qu’elle tenait le plus. Ils avaient touché à sa famille… Maintenant, elle prendrait tout ce que ces pathétiques êtres aimaient…. Ses yeux s’ouvrèrent, alors que son menton se baissa légèrement. Elle leur montrerait… Elle leur montrerait tout ce que l’obscurité pouvait faire. L’humanité avait toujours eut peur de ce qui était différent. Elle leur montrerait. Elle était leur futur. Plus de cachoteries, plus de complot dans l’ombre. Tout ce qu’ils avaient construit serait détruit à ses pieds. Après tout, la paix n’avait jamais été une option.