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 Une aube d'automne | Solo

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Louise de Fernel
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Louise de Fernel


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MessageSujet: Une aube d'automne | Solo    Une aube d'automne | Solo  I_icon_minitimeSam 15 Jan 2022 - 22:16


Bàrkios de l'An 19:X1
3ème jour de la deuxième ennéade
A l’aube,
Duché de Serramire, Seigneurie de Fernel

Au lendemain de ce texte





Tout le monde dort encore à l’étage seigneurial et des invités de prestige. Tout le monde sauf la petite silhouette emmitouflée dans cette épaisse robe de chambre de laine bleue de sous laquelle s’échappe une longue chemise beige auréolant deux petits pieds nus sur le doux tapis placé devant la haute fenêtre de la plus vaste chambre du château. Les longs cheveux sont librement épars sur la laine, encore un peu décoiffés d’un sommeil tranquille. Plus de tresses, il n’y a que des boucles, lourdes, longues, couvrant tout son dos pour aller chatouiller ses reins. Ainsi vêtue, elle a l’air fragile, délicate, vulnérable, elle a l’attitude d’une jeune fille romantique, une jolie demoiselle rêvant à sa fenêtre, peut-être à un gentilhomme rencontré là-bas à Diantra…Pourtant, sous ces boucles pleines et rondes, sous ces joues roses et ces lèvres tendres, derrière ce visage poupin, il y a quelque chose qui dénote furieusement avec l’apparente candeur d’un visage jeune et resplendissant de beauté.

Il y a un regard, dur, froid, inflexible, un regard posé sur sa seigneurie tel celui d’un aigle veillant sur sa couvée, celui d’un loup protégeant sa meute. Ce regard-là a vu bien trop de choses dernièrement pour avoir conservé son innocence. Le regard de Louise sur le monde a changé de bien des façons, consciente désormais que celui-ci n’est que le reflet de ce qu’on l’en fait. Et en l’occurrence, ces dernières ennéades n’ont pas plaidé en la faveur de toutes les espèces qui peuplent le merveilleux monde de Miradelphia.

Ce regard-là, c’est celui de la déception teintée d’amertume, c’est le regard de la détermination également, la farouche volonté d’agir selon son propre code de conduite et de remettre Fernel, ses gens, ses terres, ses traditions au milieu de son existence au lieu de courir les chemins à la recherche de quelque chose d’inatteignable. Elle a parcouru le monde, du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, pour se chercher, se trouver et finalement revenir à Fernel, le cœur cloisonné et l’esprit soigneusement mis à l’abri par une saine distance avec tout ce qui pourrait la perturber : les complots, la politique, les nobles sangs de la capitale et même les Nains qui ont pourtant toute son estime et même, pour certains, son affection. Trop de choses en trop peu de temps…Son corps, son cœur et son esprit réclament la paix et la sérénité, et il n’y a qu’ici, à Fernel, qu’elle les trouve.

L’automne est là, la pluie, le vent, la boue sont de retour, tout autant que les couleurs flamboyantes, les derniers jours de soleil et les visions féériques des chênaies teintées de pourpre et d’or. Bientôt l’hiver…Le rude hiver du Nord qui lui convient bien…Elle est rentrée à temps, se dit-elle avec un large sourire.

En contrebas, même si l’aube se montre à peine là-bas au loin, il y a déjà de l’agitation. Il y a les palefreniers, les soldats, même ces reîtres arétans qui patrouillent près du grand corral, longeant l’enceinte extérieure, juste sous les hourds. Louise n’a même pas eu le temps de nouer un quelconque lien avec ces rudes hommes, revenus avec elle après les accords passés avec le Comte Magnus de Terresang. Observatrice, elle note que ces soldats peu communs ne se mélangent guère aux autres Fernelois, patrouillant en binôme, mais saluant tout de même les Nordiens d’un bref signe de la tête.

Et en parlant d’Arétans, il y a ce petit homme, là, qui réside désormais sur le même étage, à l’autre bout du long couloir, le jeune Harven, son pupille, qu’elle a entraperçu la veille mais vers lequel elle n’est pas allée spontanément. Elle sentait le cheval, la crasse, la boue et un tas d’autres horreurs, il valait mieux d’abord prendre soin d’elle et revenir vers lui une fois propre et décente. Elle le verra aujourd’hui, après ce qu’elle s’apprête à faire, le cœur en fête.

Sautant dans ses habits de tous les jours, des habits qui n’attendaient que son retour, elle se coiffe à la hâte, enfile sa ceinture, ses bottes, un simple justaucorps et d’épaisses couches de laine avant de se draper dans sa cape, la gorge soigneusement préservée du froid, les cheveux libres sous la capuche, les mitaines ajustées. Le petit pas rapide et silencieux de la châtelaine n’échappera certainement pas à Dante qui ne dort jamais que d’un œil mais tant pis.

- Dame Louise ! Mais…Enfin ! C’est pas Dieux possible !, tonne une grosse voix de vieille femme.

Louise arrête net sa progression dans le grand hall avec un sourire puis se retourne. Dame Maïeté. Evidemment.

- Et vous n’avez rien mangé, en plus ! On vit peut-être comme ça chez les Nains ou chez ces sauvages Suderons mais pas ici, pas tant que je commande ces offices !

La châtelaine a un petit rire du nez avant d’approcher la cuisinière. Elle s’arrête, penche la tête et regarde le visage tout ridé d’inquiétude, les grands yeux bleu délavé, les fils d’argent qui s’échappent du bonnet impeccable et sans rien dire s’empare de la main de cette dame au service de Fernel depuis si longtemps. Un geste d’une spontanéité rare qui décontenance un peu Maïeté, tandis que Louise tapote les gros doigts rougeauds d’un air tranquille et amusé :

- Allons, allons, Maïeté…Reprenez-vous. Je ne fais que ma ronde habituelle…Je vais revenir et j’aurai faim !

Les doigts de la cuisinière tremblent un peu d’émotion sous la poigne ferme de Louise, qui ne la quitte pas du regard. Est-ce que son menton vient de trembler ?

- Vous avez dit ça aussi, la dernière fois, et vous êtes partie des mois entiers…
- Je suis là. Ne vous inquiétez donc pas, je vais revenir, je vous le promets. Il faut bien que je vous raconte comment les Nains préparent leurs banquets, après tout.
- Peuh !, dit la cuisinière en ôtant sa main de celle de la châtelaine puis en levant son index vers le ciel, les joues toutes rouges de fausse indignation. Ils n’ont rien à m’apprendre j’en suis sûre !
- Je n’en serais pas si sûre si j’étais vous. Ils servent un champignon farci au fromage…Mhhh…, exagère la châtelaine en embrassant son index et son pouce du bout des doigts, C’était dé-li-cieux ! et…
- D’accord, d’accord ! Filez !, boude Maïeté en croisant les bras, ce qui fait rire Louise, un vrai rire de cristal, heureux et doux. La châtelaine rabat sa capuche sur ses cheveux et s’éloigne en riant toujours, sous le regard attendri de la cuisinière. Louise aura, sans le moindre doute possible, un petit déjeuner de reine au retour…



Une aube d'automne | Solo  Szopar10



Elle se dirige vers les écuries, le cœur battant.

Il y a ici quelqu’un qui a une place particulière en son cœur, quelqu’un qu’elle a du laisser à ses hommes pour pouvoir se rendre au Zagazorn. Il n’aurait jamais pu atteindre Kirgan…

Les palefreniers interrompent leurs tâches, la saluent en s’inclinant, avant de se lancer des regards entendus et des sourires sur son passage. Ils savent, eux, ce que cela fait de laisser une monture, un ami, un partenaire de route, sur le bas-côté, ils savent aussi à quel point il a du lui manquer et les hennissements sonores qui emplissent soudain les écuries se répandent en écho sans fin.

- Lasgalen…

Agité, le hongre encense tout en s’agitant dans sa stalle. Louise doit lever les mains tout en parlant en cette langue propre aux palefreniers fernelois.

- Calme…Ami…Pardon.

Alors le cheval s’apaise un peu et ne bouge plus, renâclant un peu à l’approche de la châtelaine avant de laisser les deux bras fins entourer l’encolure grise et de laisser le visage se piquer les joues au contact du poil rude. Elle ne dit plus rien, lui ne bouge pas davantage, et il y a un silence dans les écuries, un silence respectueux que même le grand cheval noir de la stalle voisine ne viendra pas troubler.

- Tu m’as manqué, mon ami.

Le chanfrein d’argent vient bousculer le bras de Louise qui rit avant de s’occuper de lui, brosser sa robe avec soin avant de l’équiper pour une sortie. En tenant la longe pour sortir des écuries, la châtelaine croise alors les nouveaux venus, cadeaux de Dante, des chevaux somptueux mais totalement différents des chevaux de Fernel. Et que dire de ceux qui s’en occupent présentement, quelque peu boudés par les palefreniers du château ? Des visages dorés, des yeux noirs, emmitouflés sous des couches et des couches de vêtements, visiblement peu habitués au froid du Nord. Et parmi ces quatre paires d’yeux, une seule retient réellement son attention. Un long échange de regard a lieu avant que l'homme, poussé du coude par son voisin, ne s’incline maladroitement. La châtelaine inspire puis expire profondément avant de brièvement saluer à son tour.

- Bienvenue à Fernel, dit-elle en Thaari avec des fautes de prononciation en posant le bout de ses doigts sur son cœur avant de les tendre vers eux.

Les sourires s’élargissent, les regards s’illuminent et ils parlent alors, vivement, s’exprimant en leur langue, si vite que Louise ne comprend pas tout. Un rire et ses deux mains levées en signe de paix les interrompent.

- D’accord, je n’ai pas tout compris, je viendrai vous voir tout à l’heure…

Elle s’éloigne déjà, reprenant la longe de Lasgalen, sous le regard médusé des autres palefreniers qui observent les Quyriotes avec intérêt. Un petit palefrenier, son bonnet à la main, approche alors de la famille emmitouflée et tire timidement la manche de l’un d’entre eux.

- Felix, dit-il en pointant son index sur son petit torse. Toi ?

Celui que Louise avait personnellement salué regarde les autres avant de faire la même chose, se désignant du bout de son index tout en répondant d’une voix profonde et douce, à l’accent d’orient.

- Eliyas…




Une aube d'automne | Solo  Szopar10



Dans la cour, il ne lui avait pas fallu bien longtemps pour reprendre sa place sur le dos de Lasgalen et pour le caresser d’une main douce. Un petit mot et les voilà qui avancent dans les rues encore engourdies par une nuit fraîche. Il n’y a que les soldats qui sont déjà à leur tâche, les membres de son escorte la saluent, il y a Enguerrand et Aymeric en grande discussion là-haut sur les remparts, comme souvent. Pourtant, elle ne s’arrête pas. Les discussions sérieuses, les retours de voyage, les affaires, la politique extérieure, tout cela peut attendre, elle y a déjà consacré bien du temps, après tout.

La herse se lève devant elle et demeurera levée jusqu’à son retour.

Une joie, une flamme de plaisir pur lui étreint le cœur alors que ses mains se serrent sur le licol et qu’elle se penche subtilement tout en donnant un ordre silencieux, d’un mouvement de ses genoux. Lasgalen n’attendait que cela et bientôt le sourd galop d’un cheval lancé à toute vitesse fait trembler le sol sous le regard des gardes de Fernel qui prennent appui sur leur vouge pour observer le spectacle. Louise et Lasgalen sont déjà loin dans les terres…

Louise, elle, a un rire. Un rire de joie totale. L’air est sec, le soleil est en train de se lever sur Fernel, Lasgalen est là. La routine peut reprendre…Déjà la première chaumière est visible, une chaumière de laquelle s’extirpe une famille qu’elle vient saluer. La châtelaine a un contact avec son peuple, un contact qu’elle entretient de cette façon, en sillonnant ses terres et en prenant soin de ceux qui sont dans le besoin. Pour elle, c’est un réel privilège que de pouvoir agir de cette façon, d’être proche des gens. Bien sûr, ces personnes savent que leur châtelaine n’est plus seulement qu’une châtelaine. On raconte qu’elle a mangé à la table des rois et qu’elle était présente lorsque la Bienveillante s’est manifestée. On dit aussi, partout dans la seigneurie, que c’est elle qui est allée au Zagazorn pour faire en sorte qu’il n’y ait pas de guerre. Puis d’autres choses encore, certaines vraies, d'autres fausses, grandement exagérées par un sentiment de fierté pour leur châtelaine…Le peuple de Fernel a les yeux grands ouverts alors qu’elle revient, comme avant, prendre le pouls de ceux qui sont sous sa protection, habillée simplement, une lame au côté.

- Dame, c’est vrai que vous avez vu la Bienveillante ?

Une petite fille, dans une autre chaumière plus loin dans ses terres, lui avait posé la question et ses parents, derrière, n’avaient pas réprimandé la petite pour l’avoir interrogée aussi directement, sans doute parce qu’eux aussi mourraient d’envie de savoir. Louise, elle, est descendue de cheval et s’est accroupie devant l’enfant pour prendre sa main.

- J’étais présente, oui. Et je n’ai pas vu grand-chose, tu sais, j’étais à genoux, tête baissée dans l’immense cathédrale, là-bas…
- Et vous avez eu peur ? Moi j’aurais eu peuuuur…
- C’est vrai…J’étais un peu effrayée au début, parce que je n’ai pas compris tout de suite…Il y avait de la lumière et une voix profonde…et une petite plume tombée du ciel. C’était très beau…
- hoooo !

La chatelaine sourit et se redresse en ébouriffant la tignasse blonde.

- Des travaux au petit temple de Fernel sont nécessaires. Je compte agrandir les lieux afin de remercier notre DameDieu de tout ce qu’elle fait pour nous tous. Peut-être seront-ils terminés à temps pour le garnir de carmines, qu’en penses-tu ?
- Ben…Je sais pas…Ce serait mieux des petites fleurs bleues pour la Bienveillante, non ?
- Oui, tu as raison…C’est une excellente idée que tu as là ! Je ferai chercher des graines de fleurs bleues.

La gamine se tourne vers ses parents, le regard tout empli de fierté. Louise sourit largement avant de remonter en selle et de saluer, continuant ainsi sa route, tendant la main, écoutant les doléances, les petits malheurs et les bonheurs, toute à sa joie de retrouver ce contact simple et sincère qu’elle affectionne tant.

Ce n’est qu’après deux heures de promenade qu’elle revient au château pour trouver dans la salle de repas, en plus d’un petit-déjeuner savoureux, un jeune garçon qui l’attend, debout à côté de sa chaise. Ôtant ses mitaines et sa cape, elle approche et s’arrête en souriant devant le garçon qui s’incline.

- Bonjour Harven


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