[Citadelle d'Assar] Rencontre inattendue [Solange]

Citadelle d'Assar, Odélian
7ème jour de la 7ème ennéade de Karfias

Après son duel avec Enguerrand et Louise de Fernel, Jérôme était rentré à Froissart, l'une de ses trois châtellenies de Serramire, et il avait reprit ses entraînements, toujours aussi ardus, voir plus si c'était possible. Il avait renoué avec le plaisir du combat, même s'il avait perdu légèrement le contrôle une nouvelle fois. De ces deux combats qu'il avait livré, il s'était finalement mis en tête de devenir le meilleur bretteur qui existe, du moins au niveau des humains car, par exemple, rivaliser avec un elfe millénaire était une utopie. Cela lui avait donné un nouveau but, et en même temps beaucoup idées, certaines paraissant farfelues, mais d'autres non, et il commençait à désirer voyager, rencontrer des gens et se battre contre les meilleurs combattants existants, et pourquoi pas tenter chez d'autres races si c'était seulement possible.

Avant cela, il se décida pour aller rendre visite à sa sœur Mathilde, qui dirigeait toujours Hyviène, la châtellenie familiale qu'il lui avait donné avant d'abdiquer de la baronnie d'Etherna. Les souvenirs de cette époques n'étaient pas les meilleurs pour lui avec tous les dames qui s'étaient déroulés, dont certains le hantaient encore. De ce fait, cela faisait maintenant pas mal de temps qu'ils n'avait pas vu sa sœur chérie, mais il fallait dire qu'elle faisait naître chez lui certaines pensées impures qu'il avait enfouit au plus profond de lui. En route avec pour seule compagnie quatre compagnons, qui s'apparentaient à des gardes chargés de le protéger, il allait traverser Odélian pour se rendre à Etherna quand il se mit en tête d'aller saluer une vieille famille qui l'avait toujours eu en estime malgré tout ce qu'il s'était passé. Il fit donc un détour, n'étant de toute façon pas attendu, ni sa présence impérative ou que ce soit, pour se rendre à la citadelle d'Assar où se trouvait les Prademont. La famille avait été durement touché, que ce soit Gaubert ou Charles, bien que ce dernier ait lourdement fauté de ce qu'il avait apprit à Serramire, et il souhaitait donc se rendre auprès d'Orphane de Prademont afin de voir comment elle allait.

Les jours passèrent, et la petite troupe arriva finalement à destination. Ils s’avancèrent auprès du garde pour s'annoncer, le faisant lui même, n'ayant pas besoin d'un héraut vu son titre

"Bien le bonjour, je suis Jérôme de Clairssac, je passais dans le coin et je voulais saluer la Dame de Prademont si elle est disponible ? S'il était aussi possible d'avoir le gîte pour la nuit, ce serait fort aimable."

Un des gardes partit porter la demande avant de revenir un certain temps plus tard

"Ma Dame sera heureuse de vous offrir le gîte et le couvert pour cette nuit, et elle vous invite à sa table ou vous pourrez discuter"

Jérôme allait s'avancer quand de la poussière attira l'attention au loin. Curieux, il attendit, et il vit une troupe, bien plus conséquente que la sienne, s'avancer vers la citadelle. L'on annonça que Solange, la mère de l'héritière du Comté, désirait elle aussi voir Orphane, ce qui ne manquait pas de piquant quand on connaissait l'histoire de ces deux familles. Il avait connu son père, et il l'avait aperçu mais elle était fort jeune. Elle avait fait pas mal de chemin depuis, et il se demandait à quoi elle pouvait bien ressembler maintenant. La préséance prévalent, il laissa la troupe de Solange passait devant lui.

Solange d'Escault, Régente d'Odélian et mère de la très jeune comtesse Élisabeth, n'était guère sereine. En effet, elle détestait les voyages, depuis sa dernière aventure, et la saison d'hiver, qui battait son plein, n'arrangeait pas les choses.

Malheureusement, la noble et son fiancé n'avait guère le choix. Elle eut tant aimé passer plus de temps au château, au coin du feu et à sa table de travail ; mais le couronnement du Roi était un évènement rare et d'une extrême importance, aussi avait-elle fait préparer, avec l'aide de ses couturières, une nouvelle garde-robe afin de se montrer dignement à la Cour. Il n'avait également pas fallu oublier le mariage de Dame Louise de Fernel et de son prestigieux époux, le Duc d'Erac - ce qui avait engendré plus de frais que son comté n'en avait prévu. Cependant, c'était là des dépenses nécessaires, tout aussi importantes que la tâche qu'elle s'était fixée tout au long de son périple au côté de son fiancé.

En prenant par le fleuve, il était tout à fait simple et légitime de passer par la Forteresse d'Assar. Encore une fois, il s'agissait d'une étape obligée de leur périple, car elle savait Dame Orphane de Prademont aigrie et probablement emplie de rancune à son égards, ainsi qu'à celui de sa fille tant adorée. Ainsi, elle devait absolument s'assurer qu'en son absence, le comté resterait loyal et bien gardé, car il ne s'agissait pas de voir une révolte naitre au sein de son domaine !
Tel était son devoir, malgré l'angoisse qui s'amplifiait de jour en jour dans son ventre. Car cela serait alors sa première manifestation d'autorité devant ses vassaux, et la jeune femme se rendait bien compte qu'elle passerait là par une épreuve du feu.
La présence d'Aurel à ses côtés la rassurait néanmoins, tout comme la lourde escorte d'hommes d'armes qui ne la quitterait pas de tout le voyage ; aussi la noble dame quitta son bateau pour le carrosse comtal, qui devait la mener au château de son ennemie potentielle.

Cinq officiers - dont le seigneur de Lantenes - louèrent des chevaux frais, et ils pénétrèrent enfin les grandes portes de la ville, qui bruissait d'une énergie bien différente à celle d'Odélian. On y voyait considérablement moins de marchands, car elle était dédiée toute entière à la guerre. Parmi les étals, il s'agissait surtout d'armes de toutes sortes, d'armures et de vêtures pratiques, mais ce fut surtout les cris des hommes à l'entrainement qui poussa la péninsulaire à écarter ses rideaux de soie pour observer au-dehors.
Ils dépassèrent à ce moment un noble et sa suite, qui semblaient patienter pour entrer dans le château à leur tour - mais, trop perdue dans ses pensées, elle ne lui prêta pas vraiment attention.

Évidemment accueillie par les principaux serviteurs, dépêchés en hâte, et par les châtelains, qui ne semblaient pas ravis de la voir, mais qui ne pouvaient manquer aux bases élémentaires de politesse, elle et sa suite furent alors installés, qui dans une vaste chambre confortable, qui dans les quartiers militaires, afin de mieux pouvoir se reposer du voyage. Cependant, Dame Solange d'Escault n'était pas paisible. Elle savait la fin de soirée agitée, après le diner, car tout se jouerait à cet instant-là - la confrontation n'étant guère dans sa nature, elle avait besoin de préparer une dernière fois ses arguments. Ce fut donc accompagnée de sa nouvelle suivante, Coline, et de son plus robuste lieutenant qu'elle se réfugia dans les jardins, afin de récupérer un peu de sérénité.

Elle aimait le parfum des fleurs, leur fragilité et leur manière de s'accrocher à la vie, armée de leur seule fragilité ; et celui lui inspirait des prières de grâce à Néera, qu'elle récitait à mi-voix, quand un bruit de pas la fit se retourner.

Elle se rappela aussitôt le visage du noble et de sa suite qui s'était trouvé contraint d'attendre son passage, et la jeune femme lui adressa un sourire aimable, tandis que d'un geste machinal, elle se lissa le bas de sa robe de velours bleue sombre, aux broderies d'argent reproduisant des poissons.

- "Bien le bonjour, messire. Les jardins sont bien agréables en fin d'après-midi, après une longue route de voyage. A qui ai-je l'honneur ?"

Depuis son arrivée, et surtout l'annonce de son nom, Jérôme avait reçu des regards bien différents, encore plus vu les antécédents ultra récents entre la Comtesse d'Odélian et la famille Prademont. De ceux qui considéraient que son abdication de la baronnie d'Etherna avait été le commencement de tous les soucis actuels et qui lui en voulaient et ceux qui étaient sympathisants de son geste et ce qu'il avait vécu, la façon dont les regards se posaient sur lui ou lorsqu'on l'abordait étaient en opposition. Cela l'indifférait pour sa part, ayant passé l'âge, tout en ayant plus le statut, pour s'inquiéter de la perception des autres à son égard. Tout cela le hantait tout de même encore, surtout les conséquences comme la mort de Maélyne de Lourmel ou l'exil de son frère, mais la question était soulevée de savoir si c'était suite à son départ de la baronnie ou si le mal couvait et que tout se serait passé également s'il était resté. Tout se serait peut être, sans doute même, passé autrement, mais avec des hypothèse, l'on pouvait refaire le monde.

L'arrivée de la Comtesse était une variable de l'équation qu'il n'avait pas pris en compte, mais lui même n'avait aucun grief contre elle, et malgré ses tourments, il avait tourné la page Odélian depuis bien longtemps, ayant ses propres soucis. Il se promenait en attendant le repas, songeur en raison de rumeurs persistante sur des disparitions inexpliquées à Serramire. Il n'avait rien à redire sur les disparus, mais il savait que le folklore et l'imagination, surtout de la populace, était vivace. Il énumérait donc les raisons qui pouvaient engendrer cela, à commencer par une bête sauvage si toutes étaient au même endroit. Peut être une troupe de brigands qui ne souhaitait que l'on connaisse leur emplacement, et qui capturait ou tuait carrément ceux qui les découvrait. Des wandrais venu faire des incursions, ou en fin de liste, et qui serait le pire, des sombres venus faire des raids, pour avoir des esclaves ou des sacrifice à leurs dieux impies. La liste était longue et il en oubliait certainement.

Il arpentait les couloirs, marcher lui faisant toujours le plus grand bien lorsqu'il était en pleine réflexion, n'aimant pas rester assis quelque part, et au détour d'un coude, il arriva devant une porte qui menait aux jardins. Il y pénétra, peu aguerri à l'art floral, mais appréciant les différentes couleurs des fleurs et plantes. L'hiver ne permettait pas l'éclosion des plus beau spécimens, mais un jardinier compétent pouvoir exercer son métier en toute période. Jérôme ne profita pourtant pas du spectacle, apercevant trois personnes déjà présentes, deux femmes et un homme. Il avisa la Comtesse d'Odélian, sans reconnaître les deux autres, et il décida de s'avancer vers elle afin de la saluer, au moins par courtoisie. Il verrait selon sa réaction ce qu'elle pensait de lui.

Solange se retourna, et le garde était sur le qui vive, prêt à faire son office. Cela ne se voyait pas forcément vu son métier, et sans doute l'habitude, mais le châtelain savait reconnaître quelqu'un qui était prêt d'un autre qui n'était pas à la hauteur de la tâche. Elle lui sourit, et il ne manqua pas son geste pour lisser sa robe qui était à la hauteur de son statut. Jérôme lui rendit, un sourire aimable sur les lèves, sa chevelure toujours en bataille comme à l'accoutumé, et elle fut la première à le saluer verbalement. Elle ne l'avait pas reconnu, mais vu son âge à l'époque c'était pardonnable. Il fit un signe de tête suivit d'une révérence de convenance

"Bonjour, votre Grandeur, vous avez raison, les jardins sont souvent un lieu de calme, surtout en hiver, propice au repos. Je suis Jérôme de Clairssac, j'espère que je ne vous ai pas dérangé ?"

I marqua une pause pour la laisser répondre avant de reprendre. Il savait qu'elle s'était déplacé à Diantra, puis à Serramire afin d'avoir justice, mais il ignorait les détails de tout ce qu'il s'était passé

"Comment se porte Odélian ? J'espère que toutes les tragédies qui ont eu lieu sont arrivés à leur terme et que vous serez plus tranquille pour diriger le Comté."

Le nom de Jérôme de Clairssac lui fit hausser les sourcils, avec surprise. Sans l'avoir jamais rencontré, elle avait évidemment entendu parler de lui car il était étroitement mêlé aux troubles qui avaient envahi la région qui avait conduit l'annexion de la baronnie d'Etherna. Elle avait ouïe de lui qu'il avait renié sa fidélité envers Odélian pour obéir au Roi, mais qu'il avait cédé son domaine à sa soeur, et qu'il vivait désormais entre ses châtellenies, sous le suzeraineté de Serramire.

En réalité, la jeune veuve savait que l'histoire en question avait été extrêmement compliquée, que le noble avait dû se trouver écarteler entre deux autorités - et que, si aujourd'hui elle pouvait se permettre de le juger, car elle était la Régente, elle se savait jeune et inexpérimentée. Comment, alors, s'autoriser un commentaire qui pourrait s'avérer malvenu ? La chose était délicate ; et elle se força à apaiser son visage, à détendre ses épaules et à offrir un sourire aimable à son interlocuteur.

Après tout, cela faisait déjà vingt ans que ces funestes évènements avaient eu lieu, et elle n'était pas ici pour se faire des ennemis. Odélian n'avait pas besoin de cela, et elle en avait la responsabilité. L'évocation de son époux exécuté à Serramire était, en réalité, bien plus présent dans son esprit, et lui fit serrer les lèvres, ses yeux couleur de saphir empreint de gravité.

- "Messire de Clairssac, c'est une grande surprise de vous trouver ici, à Assar. Vous ne me dérangez pas du tout, bien au contraire, je suis bien aise de faire plus ample connaissance avec vous."

Escomptant qu'il la suive, elle fit quelques pas en direction d'un pavillon de pierre envahit de plantes grimpantes dans un bruit de jupons, se donna le temps de regarder u oiseau perché sur une branche, le temps de rassembler ses esprits et de donner le change.

- "J'imagine, en effet, que vous avez dû entendre beaucoup de rumeurs sur ses tragédies. Le Comte Charles de Prademont était mon époux, et ces évènements ont évidemment perturbé l'ensemble du Comté. Cependant, j'espère que la paix reviendra désormais. Je m'y emploie, en tout cas, bien que je dois avouer encore mon inexpérience. Heureusement, je suis bien entourée, et j'espère me trouver être une élève talentueuse."

Elle n'avait donné aucun détails, se rendit-elle compte ; mais que dire ? Que son époux avait cherché à la faire enlever par des bandits ? Qu'elle s'était trouvé détenue deux mois, qu'elle avait mendié l'aide de la dame de Fernel pour survivre ? Que Charles avait à nouveau voulu la faire tuer, et qu'elle n'avait trouvé, pourtant, aucun plaisir à le voir écartelé sous ses yeux, une vision d'horreur qu'elle ne tenait pas à se rappeler.

- "Vous êtes bien loin de vos domaines, messire de Clairssac. Êtes-vous familier d'Assar, ou avez-vous demandé l'hospitalité de ma cousine avant de reprendre votre voyage ? Le Couronnement du Roy va avoir bientôt lieu, peut-être, si vous le souhaitez, voudriez-vous vous joindre à mon escorte. La Damedieu sait qu'il est toujours difficile de quitter son domaine pour se lancer sur les routes."

Pure politesse, car elle ne le connaissait pas et se trouvait plutôt mal à l'aise en sa présence. Mais qu'y avait-il d'autre à faire ? La bienséance même lui dictait ses mots, qu'elle additionna d'un doux sourire empreint de bonne volonté et d'innocence.

Solange était fort jeune la dernière fois qu'il l'avait vu, il était donc logique qu'elle ne se souvienne pas de lui, ce qui fut démontré par sa réaction à l'énonciation de son nom. Vivant le plus possible à l'écart des mondanités, l'on aurait pu croire que Jérôme avait perdu l'habitude de côtoyer la haute noblesse. Les rapports qu'il faisait au Duc de Serramire, et le fait que comme le disait le dicton «  c'est comme la bicyclette, on oublie jamais », il n'avait rien oublié de l'étiquette, et de l'art de ne pas manquer les expressions de son interlocuteur, ou plutôt interlocutrice en ce moment. Il remarqua donc immédiatement le haussement de sourcil, tout comme les épaules de la jeune régente qui s'étaient crispées lorsqu'il s'était présenté. Etait-elle donc partisane de ceux qui le voyait comme un félon, et avaient oublié la raison de cela, tout comme le pardon qui lui avait été offert par Gaston ?

Le châtelain la laissa digérer l'information, préférant attendre ses prochaines paroles pour savoir à quoi s'en tenir pour la suite, ou pas, de leur conversation. Il avait adopté une expression neutre sur son visage, mais après un instant, celui de Solange se radoucit, ses épaules se détendirent et un sourire avenant s'afficha sur ses lèvres. Elle répondit alors, indiquant qu'il ne la dérangeait pas et qu'elle était contente de faire connaissance. Jérôme la laisse continuer tout en lui emboîtant le pas quand elle se met en marche, les mains reliées derrière son dos. Il l'écoute, et bien qu'ayant connaissance de quelques bribes de l'histoire qu'elle lui débite, il ne sait pas grand chose de la réelle situation d'Odélian, s'étant détourné de son ancien fief, et de son ancienne vie, espérant même en oublier certains passages, ce qui est malheureusement impossible.

"Je vous assure que je n'en ai pas entendu tant que cela, mais sans doute cela est du au fait que je n'y ai pas prêté attention, occupé comme je l'étais. Si vous vous êtes bien entouré, et que vous avez l'assiduité que vous dites, je ne doute pas que vous finirez par stabiliser la noblesse odéliane. Je ne vois aucune raison que vous n'y parveniez pas, et votre inexpérience n'est pas un frein tant que vous en avez l'envie"

Le tout était de savoir si son entourage avait été bien choisis, et que ce ne soit pas juste des opportunistes voulant profiter de la jeunesse et la naïveté de la Dame afin d'en tirer le plus de profit pour leurs soutiens et eux-même. Depuis Gaston et tout ce qui s'était passé pour sa famille, Jérôme n'avait pas cherché à connaître la succession qu'il y avait eut au Comté, mais la perte d'Etherna était une tâche qu'il faudrait faire oublier, et tout faire pour ne pas passer pour une faible, même si cela n'avait pas eu lieu sous sa gouvernance. Comme la politique était compliquée et dur, avec des nobles si entrains à l'hypocrisie que l'on ne savait plus à qui se fier.
Un peu absorbé par sa pensée, il revint au moment présent quand Solange lui demanda la raison de sa présence ici. Etait-ce un stratagème pour savoir s'il avait des intentions peux louables, ou pour confondre la Dame d'Assar, ou juste de la politesse pour maintenir la conversation à des banalités. La proposition qui suivie, de se joindre à son escorte, le laissa abasourdi un instant, prit au dépourvu par cette demande. En effet, il était évident qu'au sein de la suite qui accompagnerait Solange à Diantra, il y aurait des gens le détestant, tout comme certains plus neutres, voir sympathiques à son égard, mais nul doute que ces derniers seront prit entre deux feux, craignant de s'attirer le mauvais œil de certains voisins s'ils étaient trop amicaux avec l'ancien Baron.

"Je me rendais à Etherna afin de rendre visite à ma sœur, et chemin faisant, j'en ai profité pour faire escale à Assar. Je ne suis pas familier de la famille, mais nous avons toujours eu des échanges cordiaux, ce qui m'a amené à préférer séjourner ici plutôt que dans une taverne."

Il ne voulait pas non plus attirer une attention trop grande, et suspicieuse sur la pauvre châtelaine d'Assar par sa faute. Quand au couronnement, étant toujours Maréchal Royal pour le nord, nul doute qu'il devrait s'y rendre, c'était indéniable. Il aurait pu renoncer à ce titre, mais sans savoir pourquoi, il ne l'avait pas fait. Il se décida à jouer cartes sur table avec la Régente d'Odélian, tout en restant sur la pointe des pieds, peut être n'avait elle pas prit tous les éléments en compte dans son offre, ou était-ce par pure politesse, auquel cas elle s'attendait à un refus de sa part.

"En raison de mon titre de Maréchal, j'ai le devoir de me rendre au couronnement du Roy, c'est indéniable. Voyager à vos côtés aurait été un honneur, croyez le, mais ne pensez vous pas qu'il serait malvenu de me joindre à votre escorte ? Je ne voudrais pas rendre l'atmosphère pesante et créer des tensions qui ne vous servirez sans doute pas."

Il avait joué sur la franchise, mais en même temps, il n'avait pas répondu, éludant la question et laissant à la pauvre la décision finale, ne sachant pas du tout comment prendre Solange.

"C'est que je sais que certains Seigneurs me tiennent toujours rigueur de certaines choses, et il me serait désagréable de les faire ressurgir."

Solange d'Escault eut un soupir. Décidément, Assar se trouvait empli de difficultés, et elle regretta brièvement la présence d'Aurel à ses côtés.

Mais c'était à elle de gérer cette conversation. A elle de prendre cette décision, à savoir de laisser le passé au passé ou de tenter de le poursuivre, comme un fantôme. Elle ne pouvait, néanmoins, s'empêcher de se penser lésée par son propre Duc, car il avait consenti à l'arrachement d'un morceau de son territoire ; et ce faisant, il en avait appauvri sa province.

Et si Jérôme de Clairssac avait été récompensé de sa loyauté envers le Roy avec plusieurs domaine et un titre de Maréchal - du moins, de son point de vue - son propre comté avait été lésé pour les générations à venir. Cela avait dû être difficile à vivre pour un noble, et finalement, elle ne regrettait pas d'avoir été trop jeune pour avoir une opinion quelconque des faits au moment où ils avaient eu lieu.

La Régente soupira, esquissa un nouveau sourire, plus pensif.

- "Je comprends vos réticences. Mais je crois qu'il est temps d'aller de l'avant et de laisser le passé là où il doit être. Je suis la gardienne de la terre d'Odélian, et non sa véritable maitresse. Ma fille, la Comtesse, prendra ses propres décisions, et en attendant, je préfère la voie de la prospérité et de la loyauté. C'est pourquoi je renouvelle ma proposition, afin que chacun comprenne à Diantra que je respecte mes serments, et ceux fait avant moi. Voyageons ensemble, en bonne intelligence. Je serai heureuse d'apprendre à mieux vous connaitre."

Elle prit le temps de sentir une fleur, sentit les muscles de ses épaules se détendre un peu. La jeune femme avait hâte de parler d'autre chose, de sujets plus légers ; mais c'était son devoir, avant tout, de régler ce qui pouvait l'être, et d'assurer la paix sur ses terres. ...Sur les terres de son enfant.

- "Oserais-je m'enquérir de votre vie de Maréchal ? C'est un titre prestigieux, mais je m'y entends fort peu dans les questions militaires. Je suppose que vous êtes fort occupé, avec l'apparition des... monstres... apparus sous la Lune de Silène. Y en a t-il d'apparus en terres royales ?"

Un soupir, suivit d'un sourire alors qu'elle pensait, voila qui était étrange et qui n'aidait pas le Châtelain à cerner la nouvelle dirigeante d'Odélian. Il s'attend naturellement à ce que Solange comprenne ce qu'il vient de dire et qu'elle retire son invitation, mais à sa grande surprise, elle renouvelle sa demande, ce qui, il doit l'admettre, le perturbe plus qu'il ne l'aurait imaginé. Est-ce lui au final qui craint la rencontre avec certains Seigneurs, autrefois alliés, amis, et qui le voient désormais d'un œil moins amical ? Il ne saurait le dire, mais il note que celle qui a les rennes du Comté ne semble pas lui en vouloir, ce qui est déjà une bonne chose. Enfin de toute façon, il va de soit que le voyage aura un long cortège, il ne risque donc pas grand chose

"Et bien votre grandeur, je ne doute pas que vous voyagerez au sein du cortège que le Duc ne manquera pas d'organiser avec tous les Seigneurs se rendant au couronnement. J'en ferais bien entendu moi aussi partie, nous pourrons alors converser quand vous en aurez envie lors de ce trajet qui sera assez long. Nous pourrons alors nous découvrir l'un l'autre."

La grandeur de la suite ne manquera pas de ralentir tout ce beau monde, et il faudra un temps certain pour arriver à la capitale. Mais voila déjà qu'elle s'enquiert de la tâche qu'elle vient de soulever, en lui demandant des précisions sur son titre de Maréchal

"Un titre royal amène toujours du prestige, c'est un fait, mais je n'ai pas été occupé par celui-ci ces dernières années. En effet, les dirigeants savent mener leurs armées, et il faut un fait très grave pour que le Roy décide de donner le commandement des armées de ses Hauts Seigneurs à son Maréchal. De plus les temps de paix que nous avons passés n'ont pas été propices à cela, Néera en soit remerciée."

Maréchal du nord, il ne savait pas grand chose de ce qu'il se passait dans les terres de la capitale qui se trouvent dans le médian, encore plus après ce qu'il venait de dire, et le fait qu'on ne l'ai pas appelé pour exercer son art

"Je vous avoue que je ne me suis pas rendu à la capitale, en dehors du dernier couronnement, depuis fort longtemps, je ne saurais donc vous répondre. Par contre Serramire à beaucoup de gobelins que je m'efforce, en tant que châtelain, à éradiquer de mes terres. Les Wandres, bien que discrets, sont toujours présents également, et comme je suis proche de la frontière, c'est une vigilance constante en plus des raids contre les gobelins qui sont un véritable fléau."

L'invasion s'était répandue un peu partout en péninsule, mais uniquement dans les territoires montagneux, Solange n'avait donc pas eu à subir cela. Jérôme y avait sans doute perdu sa femme, bien qu'elle soit disparue, et que l'on ait jamais retrouvé son corps, qu'il recherchait toujours activement malgré le temps. Et que dire des nombreux villages qui avait tout simplement disparu de la carte.

"Qu'en est il d'Odélian ? Même si vous avez été épargné par ces humanoïdes dégénérés, vous devez avoir votre lot de soucis, surtout après le décès de votre époux ?"

Il ne savait presque rien sur les derniers évènements qui avaient eu lieu dans le Comté