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 [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia

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Alicia de Terresang
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MessageSujet: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeVen 5 Aoû 2022 - 17:17

Hiver, Karfias 20:XI
Milieu de la septième ennéade


Par la fenêtre du carrosse -dont le rideau est ouvert-, je vois le château d'Odélian se rapprocher de plus en plus. Je n'ai jamais été aussi loin de chez moi... Je n'avais même jamais quitté Arétria. C'est à peine si je me suis éloignée de plus de quelques jours de notre capitale durant toutes ces années. Depuis mon départ, il y a une trentaine de jours, j'ai traversé de nombreuses villes. J'ai séjourné dans plusieurs d'entre elles. Elles sont toutes plus belles les unes que les autres et, pourtant, je ne parviens pas à m'en émouvoir. Et cela me rend encore plus triste...

Sous l'impulsion de Dame Solange, j'ai accepté de mener mon voyage à son terme mais je ne compte pas gagner le château. Cela signifierait que j'endosse le rôle que m'a attribué Magnus et je n'y suis pas prête. Cependant, c'est Magdeleine qui s'est fait la voix de la raison... Je dois y passer... Au moins pour signaler que je suis bien arrivée. Au moins pour me présenter. Avant de me retirer. J'ignore qui va m'accueillir. La régente a certainement dû partir pour le couronnement. Je ne sais même pas si cela m'aurait rassurée d'être accueillie par elle... Je ne la connais pas, j'ignore quel genre de personne elle est. Dans tous les cas, ce sera un inconnu qui se tiendra devant moi et avec qui j'échangerai les politesses d'usage. J'en suis épuisée d'avance...

-Vous êtes l'ambassadrice et la sœur du Comte. Ils ne peuvent que bien vous recevoir.

Je tourne vers mon optimiste suivante un regard désespéré et las. J'ai l'impression d'être totalement vidée de toute énergie. C'était pour cette raison que je m'étais arrêtée à ce couvent, entre Arétria et Serramire. Je regrette déjà d'être venue ici...

-Comte d'une nation contre laquelle ils étaient en guerre il y a peu, Magdeleine. Magnus m'envoie ici... Moi... Le canard boiteux de la famille... Celle à qui il n'arrive que des malheurs... Qui n'a été préparée à rien de plus qu'à tenir une maison... Fraîchement rejetée par son mari. Il me jette dans la fausse aux lions, sans la moindre formation. Sans préparation aucune. Je dois me montrer forte et inflexible. Mais de forces, je n'en ai plus aucune. Alors je te le demande, Magdeleine. Comment cela pourrait-il bien se passer ?

J'ai parlé avec calme mais on sent le poids de chacun de mes mots peser sur ma voix. C'est le plus long discours que je lui ai tenu depuis notre départ. Peut-être même depuis mon enlèvement... Et il ne contient rien de positif.

Le carrosse s'arrête enfin. Si mes oreilles sont apaisées de ne plus être malmenées par le bruit des roues sur le sol pavé et des parois secouées par le chaos de la route, mon ventre se noue, mon souffle s'accélère. Je ne veux pas sortir... Mais je n'en ai pas le choix.
Un valet ouvre la porte. Magdeleine me tend une main -que je ne prends qu'après une seconde- pour m'aider à me lever et avancer jusqu'à l'ouverture. Là, un soldat arétan prend le relais et m'aide à descendre puis à faire un pas en avant afin de permettre à ma suivante de sortir à son tour. Je suis vêtue d'une robe hivernale grise clair rehaussée de fourrure. La coupe est assez simple, plus que celle que l'on peut trouver dans les plus grandes cours du pays. Mes cheveux sont relevés et orné d'un bijou assez simple qui relie les deux côtés de mon crâne par l'arrière. Je ne tenais pas à m'apprêter autant mais Magdeleine m'en a convaincue...

Essayant de réprimer mes émotions -même si mes yeux rouges et cernés me trahissent-, j'observe le château qui se dresse devant moi. Il est bien plus élégant que la citadelle d'Arétria qui n'a que pour seule fonction de nous défendre. Ici, on ne cherche pas uniquement à impressionner les assaillants... Mais aussi les invités. Mon regard passe rapidement sur les alentours avant de revenir devant moi, cherchant celui ou celle qui se désignera pour m'accueillir. Je sens des regards un peu perplexes, voire surpris, se poser sur ma fine carrure et ma posture gracieuse. Je me sens aussi fragile que j'en ai l'air... Et, pour la première fois de ma vie, cela me met mal à l'aise.

Robe:

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Clothaire de Chtoll
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MessageSujet: Re: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeLun 8 Aoû 2022 - 15:37



- Tout ceci est ridicule, n'est-ce pas. C'est ma troisième ennéade ici en Odelian et ce sera moi le visage officiel pour cette rencontre. Certes, en plein couronnement royal, on peut supposer qu'il ne s'agit que d'une visite de courtoisie, mais quand même, être accueilli par un nabot qui n'était pas d'ici il y a peu...

Il hausse les épaules, ayant conscience qu'il exprimait plus sa nervosité qu'autre chose. La Comtesse douairière lui fait confiance, c'est cela qui est important. Lui espère juste ne pas la trahir.

- Oh, n'ayez aucune inquiétude, j'ai reçu une éducation stricte pour devenir seigneur à la mort du paternel. Je sais qu'il est mal venu d'occire un hôte surtout quand ce dernier est venu pour une mission diplomatique. Le Marquis de Langehack l'a appris à ces dépens. Mais bon, à choisir, j'aurais opté pour une autre personne qu'une "de Terresang".

Il l'a dit avec un tel dédain que son interlocuteur, intendant au château, n'a pu s'empêcher de sourire. N'étant pas particulièrement doué pour l'humour, Clothaire prend ce sourire pour un encouragement.

- J'ignore si vous avez déjà croisé le bestiau, à savoir le Comte Magnus de Terresang. Bestiau n'est pas un mot trop fort. C'est un pur guerrier, géant, tout en muscle. Et les Cinq étant justes, comme il a tout reçu côté physique, ils ont délaissé le reste. Vu qu'il est incapable de comprendre des choses un poil plus complexes que blanc ou noir, ou alors bien ou mal, il n'écoute aucun avis, prend sa décision et fonce comme un taureau. Une méthode qui fonctionne sur un champ de guerre, moins en diplomatie. Et il réfléchit mal, tellement mal que quand il s'exprime, les mots, le temps qu'ils aillent de sa pensée à sa bouche, s'entrechoquent et il mâche un mot sur deux, rendant son propos difficilement compréhensible...

Voilà Magnus de Terresang rhabillé pour l'hiver, le portrait fait par le frêle Clothaire, s'il peut sembler caricatural, n'en est pas mensonger pour la cause. Il hausse les épaules.

- C'est pour cela que je suis nerveux. J'ignore le lien qui lie le Comte à l'ambassadrice mais pour l'heure j'imagine l'ambassadrice avec les trait dudit Comte avec une robe hivernale, des tissus roses dans les cheveux, des muscles saillants et une barbe. Si j'éclate de rire, vu le côté sanguin du gars et si ce trait est familial, la gifle qu'elle m'enverra me fera voler jusqu'à Diantra sans toucher le sol. Et qui sera en tort ? Je n'ai pas la réponse à cette question.

Il se regarde et regarde les gardes et autres suivants qui attendent l'arrivée de la représentante du Comté d'Aretria. Il est le plus petit de la bande, le plus jeune accessoirement, bien que ce point ne soit pas dérangeant, mais aussi le plus chétif. Le temps étant hivernal, il porte un manteau en fourrure. Un manteau d'enfant mais qui parait si lourd sur ses épaules qu'il semble s'enfoncer dans le sol, donnant de lui une impression encore plus fragile qu'il ne l'est en réalité. Côté prestance, Clothaire n'en impose pas et n'en imposera jamais. Il pourrait compenser par des vêtements magnifiquement travaillés, mais il n'en a pas encore fait. Ce manque de prévoyance est surprenant, mais sa tenue noire reste de bonne facture... sans plus. Il ne fait pas seigneur, il fait à peine conseiller. Cela n'aidera pas à être pris au sérieux.

- ... !

Le carrosse comtal arrive enfin. Une jeune femme assez apprêtée en descend, sous le regard perplexe du frais bibliothécaire comtal. Ce n'est pas une géante, elle n'est pas barbue, elle est menue, presqu'autant que lui. Clothaire marque un temps d'arrêt, attendant la femme à barbe, mais juste quelques secondes. Un violent tic nerveux lui déforme le visage, il soupire, attendant que ça passe, puis prend la parole.

- Clothaire de Chtoll, Bibliothécaire comtal et assistant du grand Argentier. En l'absence de la délégation comtale partie comme vous vous en doutez assister au couronnement royal, j'ai eu l'honneur d'être désigné par sa Grandeur la Comtesse douairière Solange d'Escault pour régler les affaires courantes en son absence. J'espère que vous vous plairez parmi nous et que je serai pour vous un hôte agréable.
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Alicia de Terresang
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MessageSujet: Re: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeJeu 11 Aoû 2022 - 22:26


Tandis que je détaille la petite assemblée qui se tient devant moi, il me semble que le temps se suspend. Qu'attendent-ils pour venir à ma rencontre ? A ma tenue, peut-on douter de ma classe sociale ? Il est vrai que la mode arétane est un peu plus modeste que celle que j'observe ici. Mais tout de même, une suivante ne pourrait d'offrir la toilette que je porte. Ou bien s'attendent-ils à un malaise de ma part ? J'ai perdu un ou deux kilos qui n'étaient pourtant pas de trop et mes traits sont rendus ternes et creux par les émotions qui m'habitent chaque jour et chaque heure depuis de trop nombreux jours. Je fais sans doute peine à voir. Et encore, Magdeleine ne m'a pas encore tendue mes orthèses...

Finalement, après quelques instants, un homme se détache du lot et s'avance vers moi. Je suis habituée à être entourée d'hommes si grands que je dois me faire mal à la nuque pour pouvoir les regarder de près, et si musclés qu'un frôlement de leur part suffirait à me faire tomber. Alors, voir celui-ci s'approcher me fait tout drôle. Je n'ai certainement pas l'envie de me moquer mais je suis victime des préjugés que l'on m'a inculquée. Si ce n'est pas le physique de ce Monsieur qui prime, c'est qu'il doit avoir d'autres talents.
Une fois qu'il s'est présenté à moi, j'exécute un mouvement de la tête que j'ai durement travaillé depuis mon accident pour qu'il mime à merveille cette révérence qu'il m'est impossible de réaliser depuis lors. Et ceux même après les soins de Mère Zofia et après la chute qui a rouvert certaines de mes fractures. Je fais preuve de grâce et m'adresse à lui avec une certaine douceur derrière la lassitude provoquée par mes malheurs.

-Je vous enchantée de vous rencontrer, Sire de Chtoll, et vous remercie pour votre accueil.

Mes salutations sont très formelles car on ne peut pas dire que je sois véritablement enchantée étant donné que je ne parviens même pas à esquisser un sourire sous mon masque de tristesse dissimulée. Je fais montre de respect mais il m'est si difficile de paraître courtoise et avenante, comme avant... D'ailleurs, je ne sais même pas comment enchaîner la discussion et quelques brèves secondes s'écoulent avant que ma suivante ne se manifeste et se rapprochant de moi d'un pas pour me glisser quelques mots que le Bibliothécaire pourra sans mal entendre lui aussi.

-Vos mains sont glacées, vous devriez rentrer vous réchauffer, Madame.

En entendant sa voix, j'ai légèrement tourné ma tête dans sa direction. Son audace me fait doucement sourire... Elle se montre plus attentionnée que jamais avec moi. Sans doute parce que je ne me soucie plus de moi ces derniers temps. Je ne sens même pas le froid qui me mord les doigts.
Je reviens sur Clothaire afin de procéder aux présentations, même si on prend rarement la peine de présenter ses domestiques d'habitude...

-Je vous présente Magdeleine, ma suivante. Une vraie mère pour moi. Peut-être pourrions-nous poursuivre cette discussion à l'intérieur ? Ainsi, elle sera rassurée.

J'ai à peine terminé ma phrase que j'entends un froissement de tissu dans mon dos suivi du bruit caractéristique du bois de mes cannes qui s'entrechoquent. Magdeleine vient de les prendre et s'apprête à me les présenter lorsque mon interlocuteur aura accédé à ma requête. Cependant, je tends déjà le dos car je déteste marche avec... Comme si je n'avais pas déjà l'air assez fragile comme ça...
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MessageSujet: Re: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeVen 12 Aoû 2022 - 5:15



Elle le remercie pour son accueil mais ne lui indique pas l'objet de sa visite. Voilà qui n'est pas ordinaire. Un simple oubli ? Objet de la visite il n'y a pas ? La fatigue liée au voyage peut-être... Lui n'était pas de première fraîcheur physique et mentale en débarquant de Diantra et visiblement, ils n'ont pas fait un arrêt pour se remettre en état avant de faire cette rencontre officielle. Peut-être la dame de Terresang vit-elle sa première visite officielle, tout comme lui vit son premier accueil officiel en tant qu'hôte ? Et le dernier il l'espère. Souligner que l'objet de la visite a été oublié serait un impair pouvant mettre son hôte mal à l'aise, aussi fait-il le choix de ne pas le relever. Sauf qu'il n'est pas simple d'enchaîner quand il n'y a pas vraiment matière à enchaîner. Il devrait faire la conversation mais voilà, discuter n'est pas la qualité première du Clothaire, surtout sans connaître son interlocutrice. Quelles sont ses passions ? Trouver un indice ne sera pas simple, la seule chose remarquable pour l'heure étant qu'elle semble épuisée. Ceci est le genre de détail à ne surtout pas relever. Bon, savoir quoi ne pas dire n'aide pas à trouver quoi dire. Heureusement, sa suivante, qu'il imagine noble elle aussi, sinon jamais elle n'aurait pris l'initiative de s'adresser ainsi à la diplomate, lui offre un sujet de conversation : Lutter contre les frimas hivernaux.

- Peut-être accepterez-vous de partager un lait chaud avec moi ? Mon corps n'est pas armé pour les frimas de l'hiver ici, en Odelian, moi qui ai passé la majorité de mon temps dans notre belle capitale diantraise et sa bibliothèque. Je vous avoue que le lait chaud est d'un grand réconfort, sans compter qu'ici, nous l'agrémentons de miel et d'épices et que c'est rapidement devenu ma petite faiblesse.

L'apparition des cannes est par contre une grande surprise, bien que le visage de Clothaire soit resté impassible. Il se rappelle sans peine le regard de mépris qu'avait porté sur lui le Comte d'Aretria en voyant Clothaire et son aspect famélique et imagine aisément combien les difficultés que la dame rencontre doivent être décuplées avec un abruti pareil dans son entourage, ce qui la rend immédiatement sympathique aux yeux du bibliothécaire. Et c'est aussi la première fois que son handicap à lui pourrait aider à briser la glace. Il laisse à la diplomate le temps de se saisir de ses cannes et de trouver son équilibre pour se déplacer puis entame la marche vers l'intérieur du château où ils pourront se réchauffer. Il en profite pour entamer la conversation.

- Dame,

Car user du titre de Damoiselle serait comme rappeler le jeune âge de la diplomate, ce qui serait une erreur. Si elle même préfère se faire appeler Damoiselle, elle pourra aisément le préciser. Puis il ignore son statut marital de toute façon.

- je vous avoue avoir des sentiments ambivalents envers Aretria. Mon précepteur était aretran et si j'ai pu faire des progrès spectaculaires entre les dégâts importants liés à ma naissance et l'homme que vous voyez aujourd'hui, c'est à lui que je le dois. Les gens voient encore les séquelles, mon bras presque mort, mes tics nerveux, mon physique très éloigné des standards guerriers qu'on apprécie tant dans ma cité d'origine qu'en Aretria entre autres joyeusetés, mais en sachant qu'au départ j'étais incapable de parler ou marcher et que j'avais également un retard intellectuel que d'aucuns considéraient comme irrécupérable, vous comprendrez aisément que je lui dois de mener une vie pour ainsi dire normale. Ce fait est d'autant plus remarquable que dès mes dix ans, il a fait ce travail à titre bénévole, après la mort de mon paternel.

Cette description fait du précepteur aretran quasi un saint homme. Il est probable aussi que le fait qu'entretemps Clothaire étant devenu l'un des élèves les plus brillants vu à Diantra et le côté spectaculaire de sa guérison auront aidé notre précepteur à se faire sa propre publicité et l'auront motivé à conserver son "élève témoin", qu'il l'aurait abandonné si Clothaire avait été plus... banal. Mais qu'importe.

- Une fois atteint l'âge adulte, mes connaissances théoriques faisaient de moi un bon gestionnaire potentiel. Aussi, quand mon précepteur a appris que votre Comte avait du mal à trouver quelqu'un pour gérer la cité portuaire de Lün a-t-il suggéré mon nom. Un gestionnaire extérieur, qui offrait l'avantage de pouvoir prendre les critiques à la place du Comte tout en lui laissant ses succès, c'était une opportunité inespérée, tant pour le Comte, qui pouvait laisser quelqu'un faire le "sale boulot", que pour moi qui pouvais me faire un nom dans le grand monde. J'ai accepté la mission. Un poste de Bailli, même pour quelques saisons, le temps d'apaiser une situation complexe, était un défi passionnant, et ce malgré les importantes difficultés, parmi lesquelles n'être qu'un prête-nom puisque je n'aurais aucune réelle marge de manœuvre, n'ayant ni les clés de la cité, ni des hommes d'arme ni un accès au coffre, juste un titre laissant croire que j'étais le décisionnaire. Un simple titre qui pouvait me permettre d'amener mes idées. Mais en rencontrant le Comte, même ce titre m'a été refusé. De potiche, je devenais un gratte-parchemins décoratif et vu qu'il n'y aurait même pas de possibilité de suggérer une réforme, votre Comte n'étant pas homme à apprécier que l'on fasse une suggestion, j'avais pu le constater durant les trois minutes que durèrent notre entretien, je suis rentré à Diantra. Il avait toléré ma candidature car il devenait allié par alliance de ma cousine Adelina de Lourbier, la nouvelle Baronne d'Alonna. L'homme qui avait été mon précepteur, ayant vécu mon refus comme une insulte personnelle, m'a renié. Mes plus belles victoires et l'une des pires humiliations de ma vie sont liées à Aretria. J'ai renoncé à mes ambitions nobliaires pour devenir bibliothécaire et copiste royal et j'ai été heureux. Puis le hasard a fait que j'ai rencontré la Comtesse douairière, qu'elle ait apprécié mes capacités et ai souhaité m'engager à ses côtés, comme bibliothécaire et assistant grand argentier.

Il ne dira pas le regard méprisant porté par le Comte sur lui, le fait qu'il l'ait toisé pour le menacer physiquement, histoire de rappeler à Clothaire qu'il pouvait le tuer d'une seule main ou l'impression nauséeuse qu'il l'a considéré au mieux comme un mignon, au pire comme un monstre de foire, et probablement comme un mélange des deux. Si, comme il le craint, l'ambassadrice a connu le même rejet, il lui sera aisé de comprendre combien cela peut être dérangeant. Et si pas, il ne tient pas à ce que la jeune femme réalise que pour d'autres personnes "différentes", Magnus peut témoigner d'un mépris aussi écrasant, le classant immanquablement dans la catégorie des abrutis finis.

- Alors j'ai eu quelques appréhensions. L'arétrane que j'allais rencontrer ressemblerait-elle à mon précepteur, envers qui je conserve une profonde admiration ou ressemblerait-elle à celui dont elle partage le nom, Sa Grandeur le Comte Magnus de Terresang ? Cette appréhension a disparu, car vous ne ressemblez ni à l'un ni à l'autre, pas plus que votre suivante d'ailleurs. J'imagine que cette mission, neuve pour moi, me rend un peu nerveux. Aussi me permets-je d'espérer que vous me pardonnerez un éventuel impair. Je ne cesse de découvrir les importantes différences entre la théorie et la pratique. Et j'ai le profond désir que cette rencontre se passe au mieux et que vous conserviez, à votre départ, une bonne image de nos terres odelianes.

Les voici arrivés dans une salle où l'on peut visiblement manger. Les ordres ont été donnés pour le lait chaud et chose surprenante, Clothaire se tourne vers Magdeleine.

- Vous prendrez également un lait chaud ou désirez-vous autre chose ?

Tant que l'objet de la visite n'est pas précisé, ils restent dans l'informel. Accueillir convenablement celle qu'il considère comme la dame de compagnie de l'ambassadrice ne sera pas considéré comme une faute. Clothaire apprécie énormément l'aide que lui offrent ses propres domestiques, chose nouvelle pour lui, et c'est le genre d'attention qui peut aussi aider à se faire bien voir et à briser la glace. Lui fait le choix de rester seul. Il s'assied à table et soulève son bras pour le poser sur la table, histoire qu'il semble être naturellement là. Il n'est pas ballant mais n'a quasi aucune mobilité. Il sait le garder plié contre lui et c'est à peu près tout. Ses tics ne sont pas trop présents, mais peuvent encore surprendre. Et il a parlé à l'ambassadrice sans sembler le moins du monde gêné par ses cannes et sans les relever. Lui même est incapable de courir, de toute manière. Aucune question sur le sujet. Comme il a indiqué être né avec des difficultés, il imagine qu'Alicia comprendra qu'il sait ce que c'est. Il n'est pas nécessaire d'en dire ou d'en faire plus. Il a fait le choix de voir au-delà de cela. Il aimerait aussi savoir quel lien la lie au Comte, mais imagine qu'elle lui en parlera, maintenant qu'il a indiqué l'avoir rencontré, même si ladite rencontre n'a pas été très... fructueuse.
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Alicia de Terresang
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MessageSujet: Re: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeVen 12 Aoû 2022 - 10:36

J'accepte l'invitation d'un sourire poli et d'un hochement de tête. Maintenant que je suis là et que Magdeleine s'en est mêlée, je ne peux plus faire marche arrière de toute façon... Je pivote légèrement tandis que je me saisis des cannes qui me sont tendues. J'en arme chacune de mes mains puis me mets en marche, au rythme qui est le mien. Le pire, ce sont les escaliers... J'étais plus rapide lorsque j'avais des béquilles mais elles sont plus encombrantes... Je ne sais plus ce qui est le mieux pour moi : avoir l'air d'une vieille dame ou d'une malade. Dans les deux cas, cela n'enlève rien à mon infirmité que je ne peux dissimuler.

Mon interlocuteur est fort bavard. Je ne me souviens pas avoir déjà entendu un discours aussi long, à part à la messe. Cela n'a rien de désagréable et je m'évertue à écouter le jeune homme qui me guide dans le château, d'autant que son introduction a eu de quoi éveiller mon intérêt. Si j'ai remarqué qu'il est petit -plus encore que moi- et chétif, je ne me doutais pas qu'il avait traversé tant de difficultés pour savoir ne serait-ce que marcher ou raisonner. Je ne sais ce qui est pire... Devoir fournir tant d'efforts pour tout apprendre ou bien évoluer normalement pour tout recommencer, comme moi.
Puis il me parle de Lün et cela m'aiguille sur le contexte dans lequel j'ai entendu son nom par le passé. Nous avions discuté de cette cité avec Magnus et je m'y suis rendue pour faire un état des lieux sur le Temple en rénovation. Le nom du Baillis envisagé a dû échapper dans une conversation mais, ne connaissant pas cet homme, il m'est sorti de la tête. En revanche, je ne suis guère surprise de la position que mon frère a voulu faire tenir à Clothaire. S'il travaille jour et nuit jusqu'à s'en rendre malade, ce n'est pas sans raisons... En fait, l'histoire du Bibliothécaire comtal m'apporte même un éclairage sur la gestion d'Arétria que je n'avais pas perçu jusqu'alors.

Arrivé dans la salle qui nous accueillera, je prends place avec l'aide de Magdeleine qui récupère ensuite mes cannes. Le rouge lui monte aux joues et aux oreilles lorsque notre hôte l'invite à se joindre à nous. Elle réalise l'erreur qu'elle a faite en s'impliquant dans la conversation, tout à l'heure. Elle s'incline alors rapidement et enchaîne les mots avec confusion.

-Mon rang ne m'y autorise pas, Messire. Je vous présente mes excuses pour ne pas être restée à ma place, je m'inquiétais seulement pour le bien-être et la santé de ma maîtresse.
-Magdeleine n'est pas noble mais vivre en ma compagnie toute ces années a sans doute influencé son attitude et son langage. Reprends-je afin de me porter garante d'elle et de la protéger. Elle veille sur moi depuis mon accident et se montre très dévouée. J'ignore ce que je serais sans elle.

Je n'ai pas besoin de la regarder pour savoir qu'elle me sourit avec gratitude et tendresse. Ce n'est pas la première fois qu'elle entend ces mots de ma bouche et le fait que je la couvre aujourd'hui est une marque de plus de ma reconnaissance. Elle peut bien se permettre un peu de liberté parfois avec tout ce qu'elle fait pour moi. Elle a même quitté Terrefière pour m'accompagne sans la moindre hésitation et sans demande de ma part alors que je sais qu'une homme, là-bas, avait retenu son attention. Et, dans ma dépression, je ne pense pas lui montrer toute la gratitude qu'elle mérite...
On me sert une tasse de lait et le parfum du miel et des épices monte aussitôt jusqu'à mes narines. C'est très doux... Et apaisant en même temps. Cela me réchauffe le Souffle sans même en avoir bu une gorgée. Nous ne prenons pas tant de soins à nos mets en Arétria. Sans doute parce que nous mangeons ce que nous pouvons après toutes ces années difficiles. Je prends alors la tasse à deux mains, tenant l'anse d'un côté et posant deux doigts sur le rebord de l'autre, de sorte de ne pas me brûler alors que je suis gelée. D'un geste délicat et gracieux, je porte le breuvage à mes lèvres et en avale une petite gorgée. Je sens aussitôt le liquide chaud descendre dans ma gorge et rayonner à l'intérieur de moi. Étais-je frigorifiée à ce point ? Je repose la tasse dans un petit bruit de porcelaine et relève les yeux vers mon interlocuteur.

-Je suis davantage habituée au froid mais je risque de développer la même addiction que vous à cette boisson. Elle est très réconfortante. Nous n'avons pas de telles douceurs dans mon pays.

Sans le vouloir, j'expose mon besoin immédiat qui n'est pas de me réchauffer... C'est mon cœur et mon Souffle qui sont mis le plus à mal. L'état de mon corps -à l'exception de mes jambes- n'en est que la conséquence. Mais j'imagine que ma santé psychique se lit sur mon visage... Mon hôte a simplement la délicatesse de ne pas me le faire remarquer.

-Je suis désolée que vous passage en Arétria se soit si mal passé. Mais je crois que vous venez de révéler à mes yeux la raison de la surcharge de travail de mon frère : il ne sait pas déléguer. Vous avez dû penser qu'il se moquait de vous et ne vous traitait pas à votre juste valeur et je m'en excuse pour lui. Je suis certaine que vous ne méritiez pas le traitement que vous avez reçu.

Je ne peux aller plus loin dans ma critique. Je suis ici pour représenter Magnus et le Comté, quel genre d'Ambassadrice serais-je si je dénigrai celui qui je suis venue servir ? Mais ce qu'il a fait est incohérent à mes yeux. Pourquoi nommer un Baillis si c'est pour gérer à sa place ? Craint-il que la cité soit mal administrée ? Qu'elle soit de nouveau annexée ? N'a-t-il personne dans son entourage en qui il ait suffisamment confiance pour appliquer ses volontés ? A tout faire par lui-même, je comprends comment il en soit arrivé à faire une attaque et à devoir prendre un mois de repos.

-Quant à votre tuteur, je suis certaine qu'il a fait un travail remarquable mais vous n'en seriez pas là si vous n'aviez pas fourni les efforts nécessaires à votre réussite. Je sais de quoi je parle. Conclue-je en baissant légèrement les yeux.

A l'origine, après mon accident, je ne marchais même pas. Je me déplaçais avec des porteurs ou un fauteuil qui avait été doté de roues. Apprendre à me déplacer seule a été long, difficile et douloureux... Et si j'ai reçu le soutien de mon entourage, je n'y serais pas parvenue sans ma persévérance. Alors, autant je suis reconnaissante envers mes proches, autant je sais que je peux être fière de ce que j'ai accompli. Même si je ne montre que peu d'orgueil à ce sujet, même en temps normal.

-J'ignore ce que la Dame d'Escault vous a dit à mon sujet. Mon frère m'a transmis le courrier dans lequel elle m'invite en Odélian afin de me ressourcer. Je ne sais pour quelle raison le Comte a voulu donner un caractère officiel à ma venue en faisant de moi son Ambassadrice... Toujours est-il que je ne me sens pas en mesure d'assumer une telle fonction en l'état actuel des choses. Je m'étais arrêtée en Serramire dans un couvent qui se trouvait sur ma route pour... y reposer mon Souffle. C'est sous l'impulsion de Dame Solange que j'ai achevé mon voyage jusqu'ici puis qu'elle se souciait de me savoir en sécurité après tout ce qu'il m'est arrivé... Mais je ne suis pas encore capable de remplir la charge que mon frère m'a assignée... et je voudrais retourner sous la protection de la DameDieu afin de reprendre ma retraite spirituelle. J'espère que vous n'avez pas travaillé trop dur à la préparation de mon accueil et, si tel est le cas, je m'excuse de vous faire cette impolitesse dès mon arrivée...

J'aimerais enchaîner avec un "mais"... Cependant, je ne peux m'épancher devant un inconnu. D'autant que je risque de fondre en larmes et cela ne serait pas très bon pour mon image alors que je dois représenter une région aussi fière et solide qu'Arétria.
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Clothaire de Chtoll
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MessageSujet: Re: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeSam 13 Aoû 2022 - 8:49



Tenir une conversation, ou plutôt un monologue, le temps du déplacement, histoire que l'on soit concentré sur celle-ci et non sur les difficultés de déplacement, visibles chez la diplomate, mieux cachées chez Clothaire, qui a tendance à s'ankyloser assez vite, était une bonne chose, car la teneur des propos, plutôt bien amenés, ont fait que l'on a oublié la marche pour constater, surpris, qu'on était "déjà" arrivé à destination. Avec une dame ayant d'importantes difficultés locomotrices, l'exploit n'est pas anodin. L'intendant comtal, qui jusque là avait du mal à cerner le "petit homme" comme le surnomment certains, l'érudit nain pour d'autres, voire "le poisson d'argent gris" pour ceux qui ont un apriori négatif sur le nouveau bibliothécaire dévoreur de parchemin, le découvre plus habile qu'il ne s'y attendait au départ. Oh, c'est un bourreau de travail, nul doute sur ce point, et une "tête", mais qui ne paraissait s'intéresser qu'à ses lectures et aux défis intellectuels. Mais l'intendant doit reconnaître que le jeune homme s'en sort très bien jusque là et il sera ravi d'en faire rapport à la Comtesse douairière à son retour.

La gêne ressentie par la domestique est le premier "incident diplomatique" auquel il est confronté. Il y en aura certainement d'autres, car sans incidents nul besoin de diplomatie, n'est-ce pas ? Il sourit simplement.

- Excuses acceptées. Mais vu la grande affection que la Dame de Terresang vous porte et le fait que les domestiques aussi doivent se nourrir ou se réchauffer, sachez que je considérerai comme une offense, personnelle évidemment, il serait malvenu de créer un froid entre deux Comtés pour du lait épicé, que vous n'y goûtiez pas vous aussi. Considérez que c'est pour pouvoir en refaire à votre maîtresse si celui-ci était à son goût... ou pour m'éviter de sombrer dans un excès de gourmandise qui serait malvenu.

Visiblement, pour notre bibliothécaire, l'incident est clos car sans importance. Et le fait qu'elle apprécie autant que lui cette petite douceur le rassure. Les choses se passent bien. La suite est un poil plus surprenante. Si la diplomate se permet de trouver une excuse au Comte qui s'avère être son frère, elle lui présente ses excuses pour les désagréments que son voyage en Aretria ont occasionné.

- Excuses refusées, pour la simple raison que je n'en attends pas. Tout est apprentissage et cet échec a été formateur. Avant, je vivais mes fonctions au sein de la Bibliothèque royale comme une obligation, dans l'attente de temps meilleurs. J'ai découvert à mon retour que j'aimais être bibliothécaire et copiste, que je prenais énormément de plaisir à étudier et plus étonnant que j'y étais apprécié, malgré le fait que je ne sache pas ranger aussi vite que quelqu'un qui a ses deux bras. Et croyez-moi, le rangement et le classement sont importants dans une bibliothèque. Et finalement, j'ai découvert que j'étais heureux dans mon travail. Si mes collègues n'avaient pas vus dans l'invitation de la Comtesse à travailler pour elle une reconnaissance de l'excellence du travail et de la formation fournie chez eux, j'aurais refusé le poste qui m'a été offert ici. Mais comme cela rejaillissait sur mes pairs, j'ai accepté. Je n'attends aucune excuse du Comte, qui est comme il est. Mais, dussé ma modestie en souffrir, si un jour il pouvait se dire "Et mince, dire que j'aurais pu avoir ce gestionnaire chez nous", j'avoue que j'en retirerai une satisfaction très égoïste et personnelle.

Et chose rare : il rit. Il devra faire ses preuves et il débute, mais ici il a le cadre pour pouvoir présenter ses idées, ses projets et il y travaille avec acharnement. Et il a déjà des idées pour Odelian, dont il étudie la faisabilité. Il est pressé d'être au prochain conseil pour exposer ses projets et voir s'ils seront perçus comme réalisable pour le couple comtal. Il prend une nouvelle gorgée de lait, que visiblement il savoure lui aussi, ce qui laisse le temps à Alicia d'exposer le fait que le principal moteur d'une guérison, c'est le patient lui-même. Et il sait qu'elle a raison, car le plus brillant soigneur ne pourra rien si le patient ne veut plus faire les efforts, et ils sont douloureux, pour que la situation, peut-être, s'améliore.

- Je vous entends et je vous approuve pleinement. Sans doute faut-il l'avoir vécu pour comprendre. Mais étant pour ma part né avec ce retard, je n'avais pas conscience de ce qui était perdu et parvenir à me mobiliser pour me pousser à travailler et progresser n'était pas une mince affaire. Chaque étape était une victoire. De bébé avec un retard, j'ai pu parler, puis marcher. Oh, pas aussi bien qu'un autre enfant, mais quand même. Puis observer. Avoir soif d'apprendre. J'ai résorbé mon retard sur certains plans, et les progressions motivent. Avoir rejoint le niveau des autres ne m'a pas suffi, j'en voulais encore plus. J'ai voulu les dépasser, pour compenser les domaines où j'avais atteint mes limites.

A nouveau un violent tic nerveux qui fait partir sa tête sur le côté, suivi d'un effort de concentration, yeux clos, pour calmer la chose. Voilà une des limites dont il parlait, illustrée stupidement à ses yeux. Il hausse les épaules et soupire.

- Alors oui, mon orgueil, ma personnalité, mon envie de revanche sur un destin facétieux, tout cela a joué. Mais au départ, il a fallu qu'un homme parvienne à mobiliser tout ceci, puis qu'il me guide histoire que mes efforts ne soient pas vains ou que mes limites infranchissables ne me démotivent pas. Et cela, je le lui dois à lui. J'ignore qui j'aurais été si j'étais né... normal. J'ai renoncé à trouver une réponse à cette question.

Il finit son verre de lait chaud, qui a eu le temps de tiédir un peu mais qui visiblement lui fait du bien. Lorsque l'ambassadrice fait l'aveu qu'elle se sent incapable d'assumer sa fonction, qu'elle était venue surtout pour se reposer, à l'invitation de la Comtesse douairière, et que son souhait immédiat serait de reprendre une retraite spirituelle, Clothaire comprend, dans les grandes lignes.

- Je vous remercie pour votre franchise, c'est une qualité que j'apprécie. Aussi vais-je être franc aussi. Dame d'Escault ne m'a informée en rien à votre sujet, m'indiquant juste que votre visite ne serait probablement qu'une formalité. Je sais maintenant pourquoi, puisque vous êtes en Odelian pour vous reposer, à son invitation. Je sais qu'elle a un grand coeur et pour découvrir les lieux, je sais aussi combien cette région est propice au bien-être, le savourant moi même. Le temps reste clément, car je craignais de plus grand frimas. La nourriture est excellente, tout comme les infrastructures et tout ceci offre une réelle oxygénation. Il ne m'est pas nécessaire de savoir pourquoi vous avez besoin de vous ressourcer et je ne vous poserai pas la question. Je pourrais éventuellement vous inviter à vous reposer ici, mais ce serait une tragique erreur. Oh, le personnel est compétent et bienveillant, mais un Temple reste et restera toujours plus adapté à la retraite spirituelle, si tel est le besoin, et aux soins aussi. J'avais fait une halte en votre Temple de Néera, à Aretria la ville, avant d'aller voir votre frère, histoire de prier et me ressourcer. Mais si vous souhaitiez, à la fin de votre retraite, passer quelque nuit ici, pour découvrir les lieux, vous seriez la bienvenue. Peut-être la Comtesse sera-t-elle de retour ? Si pas, je vous ferai découvrir deux trois lieux qui m'intéressent, dont, forcément, la bibliothèque comtale, ce qui ne vous surprendra pas.

A nouveau un grand sourire, il semble clair que les livres sont sa passion, mais l'organisation d'une bibliothèque n'est pas sans intérêt.

- Et je me permets de présumer que si votre frère vous a donné le titre d'ambassadrice, c'est pour fournir un caractère quelque peu officiel à votre voyage, histoire déjà d'indiquer au monde qu'il vous tient suffisamment en estime que pour vous confier une mission, ce qui est important et bien vu de sa part, puis pour vous permettre de rester discrète sur les réelles raisons de ce voyage. Je vous avoue que je ne m'attendais pas à cette finesse de sa part et que cela me permet de le faire remonter un peu dans mon estime.

En même temps, il partait de tellement bas que ça n'est pas un exploit non plus, mais elle pourrait apprécier le propos. Il ajoute néanmoins :

- Ceci étant, histoire que vous ne rentriez pas les mains vides, ce qui dans votre cour pourrait apparaître comme un échec de votre mission, je vous propose qu'on fasse un accord qui sonne bien mais n'engage à rien. Laissez-moi une minute pour trouver la formulation.

Il réfléchit, échafaude diverses hypothèses puis sourit :

- Nous avons à nos frontières de l'Est le territoire où vivent les drows. Je n'ai aucun doute que s'ils devaient nous attaquer, votre frère serait l'un des premiers à lever une armée pour les combattre. Aussi serait-il positif que nous ayons quelques synergies, afin de nous entendre sur le terrain. C'est pourquoi il serait intéressant que nous partagions nos connaissances. Vous disposez d'excellents chevaux, il serait intéressant que certains de nos officiers découvrent comment vous les entraîner. Et vos officiers pourraient être intéressés, par exemple, de voir comment nous entraînons les archers qui aident à la protection de nos murailles, histoire de découvrir l'efficacité d'autres techniques de combat. Ainsi, en fonction de nos besoins, pourrions-nous procéder à quelques échanges. Nous marquons un accord quand à l'échange de quelques soldats pour découvrir des arts militaires que votre Comté et le nôtre maîtrisent mieux. Cela devrait plaire à votre frère sans déranger la Comtesse et tout le monde est content. Qu'en dites-vous ?

Elle pourra rentrer avec une mission réussie. Libre ensuite aux officiers d'indiquer ce qui pourrait les intéresser, si cela devait aller plus loin que la simple "déclaration d'intention".


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MessageSujet: Re: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeSam 13 Aoû 2022 - 11:03

Magdeleine a sourit à notre hôte. Puis à moi. Elle me demande du regard si elle peut accepter la proposition qui lui est faite. Comme si je pouvais lui dire non... A Terrefière, elle mangeait à notre table. Sans doute ne s'attendait-elle pas à une telle faveur à une cour aussi importante et sophistiquée que celle d'Odélian. Alors elle prend place et goûte à son tour au lait. Elle essaie d'en reconnaître les notes qui le compose mais, malheureusement, la cuisine ne fait pas partie de ses attributions et de toute façon même moi je ne connais pas toutes les épices qui se trouvent dans ce breuvage. Il faudra qu'elle aille en demander la recette...

Le fait que Sire Clothaire refuse mes excuses officielles me surprend un peu et l'incompréhension se devine sur mon visage alors que mon dos se tend de nervosité. Ai-je commis une erreur ? Je ne suis pas en état de réfléchir... Si seulement j'avais pu avoir la présence d'esprit de dire à Magnus que je ne pouvais pas assumer la mission qu'il me confiait... Mais, tout ce que j'avais en tête, c'était le néant dans lequel l'annulation du mariage m'avait plongé et le désir de m'enfuir au plus vite loin de cet endroit, et de lui... Cependant, en entendant les explications de mon interlocuteur, je comprends mieux son refus. Il a vécu cela comme une expérience qui n'a pas été inutile. Et il a reçu une autre opportunité depuis qu'il n'aurait pas eu s'il avait pu devenir Baillis de Lün. Connaissant mon frère, cette ville et même notre Comté, je pense qu'il sera bien mieux ici. Arétria est une terre très rude où l'on manque de beaucoup de choses.

-Vous êtes très honnête, Monsieur, et c'est tout à votre honneur. Mais je crains que votre modestie soit à l'abri pour un moment.

J'esquisse un sourire sans joie mais qui se veut un brin amusé. Mon frère reconnaît difficilement ses erreurs et, envers quelqu'un de l'extérieur, encore moins. Il voit cela comme une faiblesse. Pour moi c'est une force car cela signifie que l'on est capable d'avoir un regard critique sur ses propres actions et de se remettre en question. Cela n'est pas donné à tout le monde. Je parle par expérience...
L'interrogation de Clothaire sur celui qu'il aurait pu être dans d'autres circonstances est intéressante. Quoi qu'un peu vaine dans son cas.

-La seule réponse que vous pouvez trouver est que vous n'auriez pas été l'homme que vous êtes aujourd'hui. Et si ce dernier vous convient, alors cette réflexion n'a plus de raison d'être.

Et moi ? Qui serais-je aujourd'hui s'il n'y avait pas eu mon accident ? Magnus ne m'aurait sans doute pas fiancée à Marc-Aurèle, alliance qu'il a vu aussi comme une façon de me protéger et de m'offrir une vie paisible... J'aurais eu un peu plus de valeur et il aurait pu me trouver un mari de plus grande importance. J'aurais pu être éduquée autrement aussi. Peut-être ne pas être uniquement bonne à tenir une maison... Quelque soit ce qui me serait arrivé, je ne suis pas certaine que j'aurais regretté ce destin à l'heure actuelle. Je souffre tellement... Je voudrais que cela s'arrête.

-Je vous remercie pour votre offre. Pour toutes vos offres en réalité... Lorsque je me sentirais suffisamment remise, je devrais prendre mes fonctions et j'ignore la durée de ma mission. J'aurais donc le loisir de rencontrer la Comtesse douairière et de la remercier moi-même pour son invitation.

Pour l'heure, je ne donne pas suite à sa proposition de me faire visiter quelques endroits qui ont sa préférence. En vérité, je ne la retiens même pas, ignorant que ce n'est nullement le cas de Magdeleine qui se tient bien silencieusement à mes côtés en buvant son lait. J'écoute plus attentivement les propos qu'il tient au sujet de mon frère. A ses yeux, ce titre d'Ambassadrice serait une couverture... Mais à quoi bon ?

-Honnêtement, je n'en vois pas l'utilité... Fais-je d'un ton las. Que dira-t-on en apprenant qu'à peine arrivée je me suis retirée au couvent pour un long séjour ? Quelle image aura-t-on d'une Ambassadrice qui s'isole au lieu de se mettre au travail ? Mon histoire sera bientôt connue, ici aussi, et on ne me verra que comme une femme pleine de faiblesses. Comment pourrait-on me prendre au sérieux après cela ? S'il m'avait laissé venir me reposer, tout simplement, je n'aurais pas ressenti cette pression sur mes épaules... Je n'aurais pas éprouvé cette incapacité face à la mission qui est la mienne... Et je n'aurais sans doute pas ressenti le besoin de me retirer de la société. Il aurait pu me laisser un peu de temps... et me confier ce rôle par la suite. Du temps, c'est tout ce dont j'ai besoin.

Magdeleine me regarde. Elle est peu convaincue. Du temps, j'en ai eu se dit-elle sûrement. Mais c'était du temps aux côtés d'un homme que j'aimais, qui disait m'aimer aussi mais qui préférait ignorer ma douleur plutôt que de simplement se tenir à mes côtés. Et le voir agir de la sorte me faisait plus souffrir encore, m'empêchant de guérir de mes maux. Être rejetée ainsi ne m'aide pas non plus. Je me sens trahie... Parce que c'est ce qu'il a fait. Lui, un homme qui vante sans cesse sa droiture et son code d'honneur, il a trahi son serment envers moi, celui fait devant la DameDieu. Et, pour l'heure, au lieu de me mettre en colère, cela me blesse profondément. Je me sens abandonnée...

Dans une grande inspiration, je relève mon regard qui s'était perdu sur la table pour retrouver les traits de mon interlocuteur qui a une suggestion à me faire. Je l'écoute attentivement et j'avoue que je ne m'attendais pas à devoir parler affaire maintenant. Je viens de lui dire que je me porte mal, que je ne peux être l'Ambassadrice de mon pays pour le moment, et il persiste à vouloir négocier avec moi. A quoi joue-t-il ? Je n'ai pas envie de cela pour l'instant... Je n'en ai pas le courage. Mais, j'ignore comment, je parviens à trouver une façon d'esquiver la discussion.

-Si vous êtes venu en Arétria, alors vous savez que nous n'avons pas de besoins sur le plan militaire. Je décline gentiment. De plus, n'ayant pas été préparée à cette mission, je ne suis pas en mesure de mener des négociations pour le moment. En temps utiles, je demanderai à mon frère quels sont nos besoins et ce que nous pouvons offrir en échange.
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MessageSujet: Re: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeSam 13 Aoû 2022 - 17:26




- Messire Intendant, une plume, un parchemin et un encrier je vous prie.

Et pendant que l'intendant comtal lui apporte cela, Clothaire ajoute, à l'attention d'Alicia.

- Dame, vous avez raison. Je pense qu'une déclaration d'intention suffira amplement, puisque ni vous ni moi n'avons la possibilité de négocier bien plus actuellement. Oh, messire Intendant, Sa Grandeur la Comtesse douairière Solange d'Escault avait prévu un courrier à l'attention de l'Ambassadrice Alicia de Terresang. Je vous prie de nous apporter ce courrier maintenant. Oh, n'ayez crainte, je doute que l'Ambassadrice ou sa suivante profitent de l'occasion pour m'occire.

Et quand après une vague hésitation l'Intendant quitte la pièce pour aller chercher ledit courrier, Clothaire débute la rédaction de son parchemin.

- Ma Dame, vous réclamez du temps, et c'est ce que je vais vous donner. Mais, et j'espère que vous pardonnerez mes propos, ce que d'aucuns pourraient penser de vous, vous devriez vous en moquer comme de votre première chemise. S'il se trouve des gens en Aretria pour vous critiquer, ils n'oseront le faire devant votre frère. Et les critiques des gens manquant de courage n'ont pas à vous toucher. Les trois quarts des gens dans votre Comté tout comme du mien se moquent éperdument de ce qui se passe ici, parce qu'ils ont d'autres préoccupations. Et les moins préoccupés songent plus au couronnement de notre bon Roy qu'à la discussion qui se déroule ici. Et la minorité qui y songe espère qu'il n'y aura pas de guerre entre nous et sauf erreur de ma part, ce n'est ni votre intention ni la nôtre. Vous voir ici est le signe que ceux que nous représentons aspirent à la paix, et cela donne de nous, tant vous que moi, une bonne image. Voici pour le premier point.

C'est à peine s'il a relevé le nez du parchemin sur lequel il rédige. En tant que copiste, il a une grande habitude de l'art d'écrire, forcément.

- Second point, ceux qui sauront que vous êtes dans un Temple en concluront que vous êtes pieuse et je ne connais personne en Péninsule qui pourrait reprocher ce fait à quelqu'un, quel qu'il soit. Puis vous êtes noble, vous êtes la sœur du grand Magnus de Terresang, Comte d'Aretria. Ce serait grande faute de vous imaginer faible ou incompétente. Qui pourrait douter de votre force ou de votre sérieux ? Vous êtes une noble, et que vous connaissiez un moment difficile dans votre vie ne change rien à cet état de fait. Si vous estimez que vous devez prier, alors vous devez prier. Vous n'avez besoin de l'aval de personne. Pas même du mien ou de celui de la Comtesse. Et peu importe le temps que cela prendra. Et quand vous repasserez après cette retraite par ici, la tête haute, le regard fier et peut-être même une petite étincelle de colère dans le regard parce que j'ai osé vous parler comme je le fais actuellement, vous ferez mon bonheur, Dame de Terresang.

L'intendant revient avec le courrier de la Comtesse, qu'il remet sur invitation par geste du bibliothécaire directement à l'Ambassadrice. Clothaire secoue le parchemin qu'il vient de rédiger pour le faire sécher, puis le lit :

- Par la présente, le Comté d'Odelian souhaite à sa Grandeur Magnus de Terresang, sa famille et l'ensemble de ses administrés une longue période de paix et de prospérité. Que les nouvelles bases sur lesquelles vont s'établir nos futures relations soient saines et fructueuses.

Simple, clair, concis. L'Ambassadrice a réussi sa mission, car le Comté d'Odelian souhaite que les rapports entre les deux Comtés soient aussi positives que possibles. Cela n'engage à rien, comme il l'avait indiqué, mais cela ouvre des portes pour des relations à minima commerciales. La porte est ouverte pour de futures négociations, la mission sera considérée comme réussie.

- C'est un honneur pour le Comté que vous souhaitiez rester sur nos terres pour votre retraite spirituelle et un gage de confiance que nous savons apprécier. Dame, permettez que je souhaite que cette retraite vous apporte tout ce que vous recherchez, et peut-être même un peu plus. Sachez que ma porte vous sera ouverte pour toute demande que vous jugeriez utile, ne serait-ce que pour obtenir miel et épices afin d'agrémenter votre lait chaud.

Il se lève et lui apporte le parchemin qu'il vient de rédiger et qui prouvera le succès de sa mission, puis il fait quelques pas. Pour une raison très simple, rester immobile l'ankylose et il a besoin de bouger. Il ne cache pas trop ces quelques exercices d'étirement. Pas devant elle en tout cas.

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MessageSujet: Re: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeSam 13 Aoû 2022 - 19:32

Tandis que l'Intendant hésite à partir et que Clothaire le rassure sur nos intentions, je regarde cet homme. Comment peut-il penser que je puisse tenter de vouloir faire du mal à qui que ce soit dans mon état psychologique actuel ? Certes, je pourrais être bonne comédienne, voire même exceptionnelle, mais il reste mon infirmité qui m'empêche de disparaître rapidement. Mon histoire n'a vraisemblablement pas traversé les frontières, d'autant qu'à l'époque je n'étais que la demie-sœur d'un petit Seigneur aretan. Et même après l'accession au trône comtal de Magnus, on m'a soigneusement tenue à distance de la société. Alors, si la véracité de mon état est facile à vérifier, pour l'instant le monde ne me connaît pas. Et je ne sais pas si c'est effrayant ou rafraîchissant...

Lorsqu'il ne reste plus que Magdeleine pour seule témoin de notre échange, je reporte mon attention sur le bibliothécaire, curieuse de savoir ce qu'il est en train d'écrire. Il parvient à parler en même temps qu'il formule une toute autre pensée par écrit, je suis assez étonnée par sa dextérité...
Avec l'audace qui est sienne, il enchaîne les paroles et donne son avis sans la moindre retenue mais avec suffisamment de politesse pour me prouver son respect. Il se trompe en me pensant forte... Je me le suis cru... Mais j'ai atteint ma limite et j'ai l'impression que je ne retrouverai jamais le courage qui était le mien autrefois. J'ignore si j'ai raison de penser ainsi, tout est confus dans mon esprit pour le moment. J'ai hâte d'avoir du temps pour moi...

Alors que j'écoute à moitié mon interlocuteur, il a cette phrase qui m'amuse... Celle selon laquelle, quand j'aurais retrouvé l'orgueil, ma colère s'éveillera en repensant à cette discussion... Je souris, avec sincérité, soufflant par le nez. Magdeleine tourne son regard vers moi et m'observe avec une légère surprise. Je n'ai pas témoigné une telle réaction et de manière aussi spontanée, depuis près de deux mois.
Clothaire me lit sa production tandis que je reçois la lettre de la douairière de la main de l'Intendant. Je ne l'ouvre pas tout de suite et entreprend de répondre avant tout à mon hôte.

-Vous ne me connaissez pas assez pour le savoir mais, même en retrouvant mon état... normal, il y a peu de chances pour que je vous reproche quoi que ce soit. Une femme arrogante prendrait en effet ombrage de vos paroles qui sont des plus directes. Seulement je ne suis pas ce genre de personne. Et je serais bien sotte d'en vouloir à quelqu'un dont les intentions sont parfaitement bienveillantes à mon égard.

Avant de se lever, il a de nouveau les meilleurs mots pour moi, m'offrant même sa porte pour répondre à tous mes besoins. Mais, ce dont j'ai besoin, ce serait d'un ami. Ce n'est pas quelque chose que l'on demande. Ce serait même totalement inconvenant de la part d'une femme de demander une telle chose à un homme. Je caresse du bout du doigt la lettre d'intention qu'il vient de rédiger pour me "donner du temps". C'est très prévenant de sa part. Rien ne l'obligeait à faire cela et encore moins aussi vite. Il y a certes un objectif diplomatique dans son geste mais pas uniquement... C'est étrange... Qu'un inconnu ait ce genre d'attentions alors que mon mari...

Je baisse les yeux pour ravaler des larmes que le bibliothécaire, occupé à faire des gestes étranges, n'aurait pas vu de toute façon. J'ouvre la missive de Dame Solange pour me couvrir et je parcours les lignes qu'elle a rédigé de sa main. Elle aussi fait preuve de bienveillance mais sans doute aussi par sympathie alors que nous avons vécu des malheurs similaires. Elle s'excuse de ne pas être présente, ce que je trouve ironique car c'est de ma faute si j'ai manquée notre rencontre... Elle m'assure un bon accueil, me confiant aux soins de Clothaire, et m'informe qu'elle souhaite me rencontrer pour me parler de certains sujets concernant nos Comtés respectifs avant de m'adresser les formules d'usage. Une partie, toutefois, me surprend dans sa lettre. Elle se marie ?! Déjà ?! Le précédent Comte est mort depuis quelques ennéades... Pour ma part, je ne m'imagine pas fiancée prochainement. Mais elle se projetait sans doute en célibataire depuis plus longtemps que moi. Cela fait trois ennéades et demie seulement... Et j'avais la chance d'aimer mon époux. Même si je me demande si c'était vraiment une chance finalement...

-J'ignorais que la Comtesse douairière se remariait. Je ne connais pas ce Messire de Lantenes. Est-il d'Odélian ?

Elle donne son nom mais j'ai bien peur de ne pas connaître les seigneurs de la région ou encore les nobles de la cour. J'aurais beaucoup à apprendre pour être une bonne diplomate... J'ai l'impression de voir une montagne s'opposer à moi et je ne suis définitivement pas prête à la franchir...
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MessageSujet: Re: [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia   [Château d'Odélian] La soeur du barbare | Clothaire & Alicia I_icon_minitimeDim 14 Aoû 2022 - 8:50




Les choses se passent au mieux, malgré le fait que l'ambassadrice ne soit pas en état de procéder à une négociation diplomatique. Les observateurs devraient dire à la fin de cet entretien que les contacts furent positifs et chaleureux et dans le fond, c'est tout ce qui importe. Pour Clothaire, avec la remise du courrier de la Comtesse, auquel s'ajoute la déclaration officielle du Comté d'Odelian qu'il a rédigée lui-même, l'entretien est terminé. Mais l'Ambassadrice tient à lire le courrier maintenant et a une question concernant le futur époux de la Comtesse.

- Ainsi donc c'est officiel ! Lantenes n'est pas odeliane mais olysséenne. Si j'ai bien compris, il s'agit d'une petite seigneurie avec accès sur la mer et qui vit en paix. Quand un lieu ne pose aucun problème, il est moins connu. Je vous avoue que si je ne l'avais pas rencontré à Diantra, où il était venu avec la Comtesse afin de la protéger, j'ignorerais aussi où est Lantenes.

Le fait qu'il soit un officier et un excellent meneur d'hommes est moins important pour l'heure. Une fois qu'ils seront mariés, si un nouveau conflit devait opposer les deux Comtés, Magnus dirigerait une armée et Aurel l'autre. Qu'ils se découvrent par eux-mêmes, ça n'est pas à Clothaire à en faire la publicité.

- Je m'en voudrais de vous retenir plus avant alors qu'il vous faut rejoindre votre  nouveau domicile au Temple et que la démarche prend du temps. C'est pourquoi je vous propose que cet entretien se clôture ici, sur une impression que je m'autorise à qualifier comme excellente.

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