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| [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia | |
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Alicia de Terresang
Humain
Nombre de messages : 389 Âge : 37 Date d'inscription : 19/02/2021
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 19 ans (5-2-4 1:XI) Taille : 1m56 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Dim 14 Aoû 2022 - 17:47 | |
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Hiver, Karfias 20:XI Troisième jour de la neuvième ennéade
-Êtes vous certaine de vouloir faire cela ?
Tandis que je regarde mon reflet, j'entends encore la voix de la Mère supérieure qui me pose cette question. Même moi, j'ai du mal à me reconnaître. J'ai laissé de côté tous mes atours. Mes robes, mes bijoux, mes épingles à cheveux. Tout attend dans une malle que j'ai demandé à pouvoir entreposer à l'abri, au Château. Je porte désormais des robes aux couleurs du Temple, même si je n'appartiens pas à l'un des cultes. J'arbore des tenues très simples et même... confortables. Leur facture est assez modestes même si je sais que l'on ne m'a pas fourni les pires. J'ai demandé à ne pas bénéficier d'égards particuliers mais je suis certaine que l'on ne m'a pas écoutée. J'ai ma propre chambre avec un minimum de confort. Elle est même dotée d'un miroir, ce qui est assez coûteux... Et proprement inutile étant donné que je ne cherche pas particulièrement à me faire belle. Je brosse mes cheveux avec lenteur. Même après une quinzaine de jours, c'est étrange de ne pas avoir à descendre plus bas que mes épaules pour en prendre soin... J'ai demandé à ce qu'ils soient coupés. Pourquoi ? Je ne le sais pas vraiment. Je suis dans un lieu que je ne connais pas et j'ai totalement changé d'apparence. Rien ne m'y obligeait pourtant puisque mon séjour ici n'est pas définitif. Mais c'était mon souhait...
J'ai donné congé à Magdeleine avec de quoi lui permettre de vivre et se loger aussi longtemps que nécessaire. Je ne souhaite pas jouir de son aide. J'ai appris à me débrouiller seule à Terrefière et je requiers bien moins de soins actuellement puisque je ne m'attache même pas les cheveux. Elle passe néanmoins tous les jours pour voir comment je vais et prendre de mes nouvelles. Je ne serais pas surprise qu'elle tienne Thorus informée puisque je ne le fais pas moi-même. J'ai besoin de m'isoler et de couper les ponts. De réfléchir, sans influence extérieure. Malheureusement, je ne peux me départir de mes gardes. Même s'ils restent à distance, il y en a toujours au moins deux dans mon champ de vision. Je pourrais leur ordonner de me laisser tranquille mais cela n'aurait aucun effet. Ils ont trop peur de mon frère et je sais qu'ils pensent tous que j'attire le malheur... Et je ne peux pas tellement leur donner tort.
Mes journées sont assez monotones. Je vis au rythme des prières et des messes et, entre... Je reste assise à contempler une statue, un vitrail, une fleur, la rue... Je n'ai aucune envie d'aucune sorte. Ni de jouer de la musique, ni de lire, ni de broder, ni même de manger. Quelques religieuses veillent néanmoins à ce que je ne manque aucun repas et viennent parfois discuter avec moi. Aujourd'hui, je marche un peu dans une allée du cloître. Je cherche un siège sur lequel m'asseoir lorsque Mère Margot m'enjoint à venir m'installer à côté d'elle.
-Venez, ma fille.
Je lui adresse un sourire poli et m'avance dans sa direction à une allure qui m'est propre. Je me pose à ses côtés, laissant mes cannes près de moi. Je ne dis rien. Je sais que si elle m'a appelée, c'est parce qu'elle souhaite me parler.
-Comment allez-vous ?
Je la regarde un petit moment avant de lui rétorquer quelque chose d'une voix presque soufflée.
-Dois-je vraiment répondre ? -Non... Fait-elle après un soupir désolé. Si je puis me permettre... Cela va bientôt faire deux ennéades que vous êtes ici et je ne constate aucune amélioration dans votre état. Malgré tous nos bons soins et toute notre attention. -Êtes-vous en train de dire que je suis un cas désespéré ? Je demande d'une voix presque monotone. -Certainement pas. Mais cela signifie peut-être que la méthode que vous avez choisi d'employer n'est pas la bonne. Vous vous contentez de remplir vos obligations de la journée et ne faites rien d'autre. Vous restez seule... -Parce que je n'ai goût à rien... -Je le sais. A chaque fois que vous vous tenez devant quelque chose qui pourrait représenter un intérêt pour vous, vous restez là à le regarder un moment avant de vous en éloigner comme s'il n'avait jamais existé. -Que me suggérez-vous, ma Mère ? -De ne plus rester seule, pour commencer. Et de vous changer les idées. -Non, j'ai... J'ai seulement besoin de temps... -De temps pour quoi ? Vous ne faites que ressasser tout ce qu'il vous est arrivé. Toutes vos mésaventures, tous vos malheurs... Je comprends que cela vous bouleverse et le dernier coup qui vous a été porté était celui de trop. Mais vous ne pouvez rien y changer. Et rester-là à vous les remémorer sans cesse ne changera pas ce qu'il s'est passé. -Je... Elle a raison... Tellement raison... Mais je suis incapable de faire mieux. Je ne sais pas comment faire...
Des larmes perles sur mes joues tandis que je baisse la tête. Mère Margot me prend alors les mains pour me réconforter. Un geste... Un geste si simple mais que me fait tellement de bien, pourtant. Pourquoi tout le monde semble en être capable, et pas lui ?
-Il faut vous occuper, pour pouvoir passer à autres chose. Je vous recommande de trouver une activité. Et si vous n'avez pas d'idées ni d'envie, alors laissez-nous vous en proposer une.
Je hoche la tête. Il est vrai qu'à Terrefière, j'avais un minimum d'occupation et cela me faisait un peu de bien. J'aidais au repas, je réalisais quelques travaux de couture utiles... Le problème venait de l'attitude de Marc-Aurèle. Tout ce que je pouvais espérer de lui finalement, c'était un enfant dont je pourrais prendre soin et qui me ferait oublier ma douleur. Mais il a choisi de faire autrement. Alors il faut peut-être que mon esprit se fixe sur quelque chose de concret...
-Très bien... -Je vais en parler avec la Mère Supérieure. Fait la religieuse après m'avoir adressé un sourire satisfait. Mais vous devriez sortir vous oxygéner en-dehors de ces murs aujourd'hui. -Je... ne connais pas la ville. J'ai fait le chemin depuis le château jusqu'ici en carrosse et je n'ai plus quitté cette enceinte depuis. -Je le sais... Mais, vous pourriez peut-être accepter la proposition de celui qui vous a accueilli ?
Je fronce légèrement les sourcils, d'incompréhension et de réflexion. Puis je comprends...
-Vous avez discuté avec Magdeleine. -Il ne faut pas l'en blâmer. Elle s'inquiète beaucoup pour vous. Cela vous ferait du bien de sortir un peu d'ici. Nous pouvons lui envoyer quelqu'un pour l'informer de votre souhait. -Il a mieux à faire que de me faire visiter les lieux. -Peut-être mais il a une mission diplomatique à accomplir auprès de vous. Cela fait aussi partie de son travail. Me rétorque-t-elle avec une franchise assez amusante.
J'étire un demi-sourire. Puis je hoche une nouvelle fois la tête. Elle me tapote le dos d'une main en guise d'encouragement puis se lève pour aller organiser tout cela. Le jeune garçon qui aura servi de messager me retrouvera dans une petite heure sur ce banc que je n'aurais pas quitté, m'indiquant l'heure à laquelle me rendre dans la nef du Temple pour y retrouver Clothaire. Je l'y attendrais, assise sur l'un des bancs de la troisième allée, discrètement encadrée par quatre gardes arétans qui se tiendront à une distance respectable, parfois même derrière des piliers. - Robe d'Alicia (sans bijoux ni ceinture):
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Mar 16 Aoû 2022 - 2:11 | |
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Qu'un jeune coursier lui fasse transmettre un message n'est pas une surprise, car des messages, il en reçoit pas mal depuis qu'il gère les affaires courantes. Les courriers sont remis à la garde, qui les remettent à l'intendant, qui les dispatchent à qui de droit, car forcément, Clothaire n'est pas le seul à en recevoir. Que le courrier vienne du Temple et de Mère Margot est une surprise par contre, car s'il est croyant et pieux, Clothaire ne gère pas le Culte et qu'ils ont une représentante au Conseil, Mère Ermangarde, l'une des rares à faire peur à Clothaire. Mazette, c'est qu'elle est tellement bourrue qu'Aurel paraît festif et débridé à côté d'elle. Clothaire craint que le jour où il lui dira qu'il n'y a pas assez d'argent pour réparer immédiatement tel endroit du Temple, elle ne lui jette une malédiction divine. Cela ne le poussera pas à accepter, car il prend son travail au sérieux, mais il refusera l'estomac noué. Le courrier de Mère Margot précise qu'il s'agit pour lui de changer les idées d'Alicia en lui faisant visiter des haut lieux de la ville, comme il s'y était engagé. Brave Margot, comme si des prêtresses ne pouvaient pas organiser de visites. Mais, c'est vrai, il ignore les activités des prêtresses et si elles ont du temps pour cela, puis il s'y était engagé. La seule prêtresse qu'il peut considérer comme une amie, Mère Lucia du Temple, il n'arrive pas à la voir comme Mère car ils ont étudié ensemble. C'est une collègue d'étude qui est devenue prêtresse de Néera et qui continue d'étudier la théologie à la Bibliothèque Royale et avec qui il partageait des discussions et parfois des repas, sur leurs temps libres. Donc, il ne l'a pour ainsi dire vue que durant ses études et ses temps libres, pas de quoi savoir ce qu'elle avait comme activité en tant que prêtresse.
Seulement, "changer les idées" de quelqu'un, et d'une noble en particulier, Clothaire ignore comment le faire. Quels hauts lieux pourraient l'intéresser ? Il est conscient que sa passion pour l'architecture, peu la partagent. Et une bibliothèque n'est un terrain de jeu quasi que pour lui, pour les autres, c'est un terrain de travail, un passage obligé même si chiant. Sauf s'il parvient à conseiller un bon roman, tiens. Lui préfère lire des études, des analyses, tout ce qui aide au savoir, les histoires de chevalier ou de princesse... Ceci étant, il connaît quand même les succès, parce que d'autres les ont lus et ont adoré. Bon, dans le doute, il demande à son majordome : Gontrand, recruté par la Comtesse douairière et qui sait masser. Il ignore encore si la Comtesse l'a choisi pour cette qualité-là où si c'est le hasard, mais cela fait que Clothaire l'apprécie. C'est que les mauvais jours, ça l'aide. Et il est dans un mauvais jour. Son corps est douloureux. Aussi lui demande-t-il de l'accompagner dans sa mission, histoire aussi d'être agréable à la suivante de l'Ambassadrice : Magdeleine. Ils pourront échanger des choses de domestique pendant qu'il tentera de changer les idées d'Alicia.
Et Gontrand est de bon conseil. Il suggère un tour de la ville en calèche, histoire de voir les beaux lieux. L'architecture odeliane est magnifique, même si on n'y connaît rien, visuellement cela la changera d'Arétria-la-ville. Puis, il propose qu'ils s'arrêtent sur l'un des gros marchés. C'est là qu'il achète le mélange d'épices pour son lait chaud. Puis les dames aiment voir les échoppes et non loin de l'épicier se trouve un marchand de tissu et un bijoutier. Si les passions de l'ambassadrice sont proches de cela, elle pourra voir quels bijoux sont vendus par chez nous, puis la couture est une activité que les dames aiment, de la domestique à la noble, de quoi occuper utilement l'ambassadrice au Temple, entre ses soins et ses prières. Ce programme plait à Clothaire et quand Gontrand lui ajoute que ce serait bien qu'il montre aussi à l'ambassadrice un ou deux lieux qui lui plaisent à lui, Clothaire voit où il pourrait l'emmener. Le temps d'avoir la calèche, un garde pour le conduire, trois gardes à cheval car c'est indispensable pour une personnalité que lui a dit l'intendant comtal, et il se rend vers le Temple.
Une fois dans le Temple, Clothaire ne se dirige pas directement vers Alicia, il profite de sa présence dans ces lieux pour prier, ce qu'il fait régulièrement. Ce qui mettra les deux gardes qui l'ont suivi dans la nef dans l'embarras. Il n'avait pas prévenu qu'il prierait et certains fidèles les observeront d'un oeil inquisiteur. Aucune violence n'est tolérée dans la maison d'un dieu, et le droit d'asile y est absolu. Que font des gardes ici ? Puis finalement, des gardes aussi ont le droit de prier, mais le faire en tenue de garde... Ces tourments, Clothaire ne les a pas perçus. Prière terminée, il rejoint Alicia et prend la parole.
- Dame, je suis venu en calèche, afin que nous puissions faire un tour de la ville et que vous puissiez découvrir ses rues et ses maisons. Je propose que nous allions ensuite au marché, l'un des plus importants du Duché. J'en profiterai pour refaire ma réserve personnelle d'épices pour mon lait chaud, si cela ne vous ennuie pas. Et s'il nous reste de l'énergie et du temps, je vous montrerai le lieu où j'aime me reposer quand repos il me faut avoir, et enfin mon lieu de travail : la bibliothèque comtale. Si vous avez une recherche à faire, vous aurez à vos côtés mon aide. Et si vous voulez comprendre ce qu'est mon métier de bibliothécaire, cela m'amusera de vous l'expliquer. Sans être trop complexe, mais je compte sur vous pour me ralentir si je m'emballe. Ce programme vous convient-il ou aviez-vous quelqu'envie précise ?
Il remarque l'absence de Magdeleine, sans la relever, mais aussi le changement d'apparence et tant pis si c'est un défaut d'étiquette, il le relève.
- Votre nouvelle coiffure vous change, j'ai failli ne pas vous reconnaître. Mais cela vous va bien, puis j'ose y voir une volonté d'évolution. Oh, j'ai bien songé à le faire aussi, mais il me faudrait des mois pour avoir un semblant de début de barbe, et une nouvelle coupe de cheveux ne m'irait pas. Je les coiffe vers le haut pour avoir l'air plus grand, les raplatir ne me rendrait que plus petit. Et si je semble assumer ma taille, je ne vous cache pas que si je devais modifier quelque chose en moi, je prendrais 20 cms et 30 kilos de muscle. Mais je doute que les Cinq m'accordent ce voeu.
Il lui sourit et attend qu'elle se lève pour quitter la nef et rejoindre la calèche.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Sam 20 Aoû 2022 - 12:21 | |
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Tandis que je suis en pleine prière, je sens les gardes arétans se rapprocher de moi, bien qu'ils maintiennent une distance respectable. Je clôture alors mon recueillement, j'ouvre les yeux et je relève la tête. Car je ne vois qu'une seule raison pour que mon escorte s'anime de la sorte et, s'il s'agit bien de celui que j'attends, je ne veux pas qu'il croit faire preuve d'impolitesse en m'interrompant. Sans attendre, il m'explique le programme qu'il a élaboré. Il est bien fourni et aurait-il l'air... enthousiaste ? Ou bien parle-t-il toujours autant et aussi vite ? La dernière fois, j'ai pensé que cela venait de la pression que représentait ma réception. Je ne crois pas qu'il y ait matière à s'inquiéter pour une simple visite des lieux alors que je n'ai visiblement pas encore endossé mon rôle.
-Non, je n'ai... aucune envie particulière. Et c'est bien cela le problème d'ailleurs... Je m'efforce de lui adresser un sourire poli alors qu'il va devoir tenir compagnie et changer les idées à une dépressive. Je n'envie pas sa tâche et je n'ose imaginer ce qu'il doit penser de moi et de cette journée. Cela me convient tout à fait. Je le rassure.
Je suis un peu surprise de l'entendre parler de ma coupe. Je ne songeais même plus à cela mais, s'il ait étonnant qu'il l'exprime à haute voix et de manière aussi directe, je ne suis pas surprise qu'il l'ait remarqué. Même si j'avais les cheveux attachés lors de notre rencontre, je n'aurais pas pu en faire un chignon avec cette maigre longueur. Là où le poids de ma chevelure la rendait totalement droite et lisse, elle gondole un peu à présent. Cela les rend moins rigide, je suppose. Cependant, la raison qui m'a poussée à ce geste reste encore floue, même pour moi. C'était ce dont j'avais besoin et je ne me suis pas interrogée sur le pourquoi du comment. Du moins, jusque-là...
-Je parlerais de transition, plus que d'évolution. De rupture même...
Oui, une rupture. Une rupture avec celle que l'on a fait de moi. Avec celle que l'on attaque d'une part et que l'on surprotège de l'autre. Une rupture avec la Dame de Terrefière que j'ai été si peu de temps. Une rupture avec Marc-Aurèle qui m'a rejetée en pensant probablement me rendre service. Je veux couper avec tout cela, je veux tout oublier... Tout en sachant que ce n'est pas possible...
Clothaire exprime son souhait d'être plus grand et plus fort. En somme, de combler une partie de son infirmité. On pourrait penser qu'il préfèrerait pouvoir utiliser son bras mais ce n'est pas son premier vœu. Il a appris à vivre ainsi. Et, surtout, on perçoit d'autant plus sa faiblesse qu'il la porte sur lui. J'étire un sourire, un peu plus sincère cette fois.
-Je suis bien placée pour vous comprendre... De quelques mouvements, je glisse jusqu'au bord du banc où je retrouve mes cannes dont je me sers pour me mettre debout. Après tout, vous avez rencontré mon frère.
Magnus est à l'image des arétans : grand, fort et bourru. Il ne doit être guère difficile pour le Bibliothécaire d'imaginer comment je peux me sentir au milieu de tous ces géants, moi la petite dernière, la sœur chétive de la famille. Nul doute que l'on chercherait moins à me protéger ou à m'atteindre si je n'avais pas l'air aussi fragile que je le suis. J'avais une courbe de croissance tout à fait normale avant mon accident...
J'emboîte le pas à mon guide et c'est ensemble que nous quittons le Temple. Je découvre notre véhicule et je m'arrête l'espace d'un bref instant pour le regarder. Je n'ai toujours voyagé qu'en carrosse fermé, c'est la première fois que je vais monter dans une calèche. Je suppose que ce sera plaisant de pouvoir observer l'extérieur sans avoir à se tordre le cou à cause des limites de la fenêtre. Un garde profite de cette seconde de battement pour me tendre une cape. Je confie mes cannes à l'un de ses collègues le temps de l'enfiler puis les récupère pour rejoindre la voiture. On m'aide à monter et je m'installe à mon rythme pour me mettre dans le sens de la marche. Une fois que nous sommes tous prêts, le cocher mets ses chevaux en action. C'est une sensation étrange... J'ai l'impression d'être assise sur un fauteuil qui serait installé à l'extérieur et qui aurait été monté sur roues. L'air un peu plus doux du printemps qui approche glisse sur mes joues et je sens mes cheveux coupés qui se meuvent au gré de la brise et des quelques soubresauts de la route. Je regarde les alentours et je ne peux que réaliser à quel point je suis loin de chez moi... Si j'ai plus longtemps vécu dans la Malelande, je connais un peu Arétria-la-ville. Assez pour pouvoir la comparer à la cité d'Odélian. On y note bien plus de raffinement et de douceur que dans les constructions brutes arétanes.
-J'ai un peu l'impression de voir une ville décrite dans quelques romans que j'ai lu prendre vie...
C'était la seule façon que j'avais de voyagé et je pensais que jamais je ne quitterai le Comté, devant me limiter à mon imaginaire pour m'évader un peu de mon quotidien. Il n'y a que dans mes rêves les plus fous que j'aurais pensé pouvoir le vivre en vrai.
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Dim 21 Aoû 2022 - 12:26 | |
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Certes, il lui en avait fait l'invitation, mais quand même. Lorsqu'on connait un minimum Clothaire, on ne se dit pas de suite : "ah c'est lui qu'il nous faut si on veut que la fête soit réussie". A l'exception d'une étudiante voulant devenir prêtresse, il n'a pas souvenir qu'on l'ait invité à boire un verre hors d'un cadre professionnel. Et en fouillant sa mémoire, cette invitation n'a pas été renouvelée. C'est un bourreau de travail, nul doute là-dessus, un perfectionniste, un gars qui aime réfléchir, tout ce qu'on veut, mais le dernier à qui on confierait une activité ludique. A-t-il seulement joué dans sa vie. Enfin, des jeux normaux ? La réponse est probablement non.
Et si au début il avait fait un peu la conversation, en établissant le plan de la sortie qui avait été établi avec Gontrand son majordome en espérant qu'il convienne, il s'est montré un poil rassuré que cela convienne à l'ambasadrice. Quoi que ça ressemblait plus à un "j'm'en fous pour être franche" qui est moins enthousiaste que ce "ça me convient" qui n'était que poli... Son analyse sur le changement de tête de la demoiselle était faux et le fait qu'elle finisse par parler de rupture en dit long sur son état de santé mentale. Quels enfers fuit-elle ici ? Il préfère ne pas le savoir, non qu'il manque de curiosité, mais la question serait forcément malsaine et c'est un luxe qu'il ne peut se permettre. Et leurs ressemblances physiques, du moins quant aux handicaps et à l'aspect frêle, pour ne pas dire fragile, n'entraînent qu'un sourire entendu. Clothaire est resté poli mais n'a aucune idée de comment poursuivre. Des banalités sur l'architecture ? Bon point, le lieu semble lui plaire et lui rappeler des passages de romans qu'elle a lus. C'est déjà ça.
- Nos remparts sont en pierre, comme vous l'avez vu à votre arrivée, mais la plupart de nos maisons sont en brique, qui sont solides aussi, bien plus que le bois par exemple. Là, sur le rempart ouest, que l'on voit d'ici mais qui est bien plus impressionnant de près, vous voyez le fort du bélier. Nos meilleurs forgerons ou maréchaux ferrants s'y sont installés, car c'est un peu notre centre névralgique militaire et que c'est là que ces artisans sont certains d'avoir du travail. J'imagine que vous avez des endroits comme ça à Aretria aussi. Si vous aviez l'envie de ramener une épée pour votre frère ou de vous faire fabriquer une dague ou un coutelas, c'est là qu'il faudra vous rendre.
Bon, comme guide touristique, cela reste potable. C'est une information, cela meuble le silence.
- Nous quittons le quartier bourgeois pour rejoindre le quartier marchand et l'un des trois marchés, le principal. Il va falloir mettre pied à terre, mais les principales échoppes ne seront pas très éloignées d'ici. De mon côté, l'épicier fera l'objet de ma gourmandise et je compte sur Gontrand pour me choisir l'assortiment d'épices pour mon lait chaud, que je boirai même en pleine canicule n'en doutez pas. Ensuite j'irai chez le papetier pour y faire l'acquisition d'un lot de parchemins et d'encre. Il m'est avis que la Comtesse me les déduira rapidement de mon salaire pour que j'en diminue la consommation, qui risque de gréver le budget odelianais. Juste avant le papetier se trouve un bijoutier dont on m'a dit le plus grand bien et j'ose imaginer que c'est le genre de lieu que les dames ont plaisir à visiter, et juste en face un vendeur d'étoffes. Je sais que Gontrand doit s'y rendre pour qu'on puisse me confectionner d'autres tenues, car ma position l'impose...
Il grimace, visiblement c'est le truc qui l'emmerde le plus et il ne parvient pas à le cacher
- et j'espère, cher Gontrand, que vous avez retenu que la seule couleur qui m'intéresse est le noir, que tout autre choix serait considéré comme une lubie et que nous attendrons le retour de la Comtesse pour savoir si elle a des exigences concernant une ceinture en tissu particulière ou un ruban qui devrait me distinguer lors des conseils. Je ne vois pas pourquoi il faudrait distinguer l'assistant du grand Argentier ou un bibliothécaire. Bien. Donc, madame l'Ambassadrice, si une activité entre vos soins vous gréerait et que la couture ou la broderie font partie de celles que vous aimez faire, cette échoppe devrait faire votre bonheur. Gontrand, vous l'accompagnez. J'ai des gardes, à mon corps défendant, qui pourront porter si j'exagère sur les parchemins.
Ce n'est pas une question, plutôt un ordre. Et descendre de la calèche s'avérera bien plus douloureux qu'attendu pour Clothaire, qui tente de le cacher au mieux mais paraît étrangement "vieux" dans sa démarche, étant plus ankylosé qu'à l'ordinaire. C'est pourquoi il fait travailler ses muscles, discrètement, pour retrouver une certaine souplesse ou qu'il marche un peu plus loin ou d'un pas plus grand qu'attendu. Le fait d'être rompu à ces exercices ne les rendent pas plus agréables.
- Nous nous retrouverons à la calèche, avec nos gardes respectifs nous n'aurons pas de mal à voir où nous nous situons, puis nous partirons vers mon endroit préféré, du moins en extérieur, dans toute cette cité. J'ose espérer qu'il vous plaira aussi. Je pense même qu'il n'y avait pas pareil endroit magique à mes yeux à Diantra, et pourtant l'architecture en imposait aussi dans la Capitale. Mais, j'ignore pourquoi, peut-être saurez-vous me le dire en le voyant, ce lieu m'inspire et me fait presqu'oublier mes obligations.
Il lui fait un sourire et l'abandonne devant l'échoppe aux épices pour rejoindre le papetier. Il se dit que ce petit moment de liberté pourrait être profitable à Alicia. Quoi que s'il avait su l'absence de Magdeleine, il aurait choisi sa nouvelle domestique, plutôt que Gontrand, histoire qu'elle ait une présence féminine. Mais bon, il ne peut pas tout prévoir non plus. Et bon sang, que le parchemin sent bon...
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Dim 21 Aoû 2022 - 19:47 | |
| Clothaire comble la conversation pour moi. Et je me contente de le suivre. Je tourne la tête dans les directions qu'il m'indique, j'observe les bâtisses tandis qu'il me décrit leur confection tout en lui prêtant l'oreille. Je ne manifeste certes pas autant d'enthousiasme que lui mais je reste polie et attentive, m'efforçant de n'avoir à l'esprit que les sujets qu'il aborde. Bientôt, je m'intéresse moins à ce qui nous entoure qu'à ses paroles elles-mêmes. Il nous mène au marché. Mais plutôt que de m'en faire faire le tour, il m'envoie avec son valet faire quelques emplettes, démarche que j'ai un peu plus de mal à comprendre. Est-ce parce que c'est un sujet qui ne l'intéresse guère ou nous séparons-nous pour gagner du temps ? Habituellement, cela aurait pu me plaire de me rendre dans un magasin d'étoffes plutôt que de faire venir le toilier à moi comme j'y suis contrainte en Aretria. Mais aujourd'hui... à quoi bon ? Les robes que je porte me conviennent très bien et correspondent davantage à ma situation. Clothaire me parle aussi de bijoux et, si je ne le relève pas, je ne peux m'empêcher de me demander s'il m'a suffisamment bien étudiée pour penser qu'un passage chez le bijoutier me ferait plaisir aujourd'hui. En d'autres circonstances, ne serait-ce que par curiosité... Mais si je ne porte strictement aucun atour, ce n'est pas sans raison. M'y intéresser maintenant n'aurait pas de sens.
Finalement, le véhicule s'arrête et nous descendons, aussi péniblement que nous y sommes montés. Nous nous séparons, lui avec ses gardes, moi avec les miens et... Gontrand. Lorsque ce dernier m'y invite, je l'accompagne jusqu'au marchand de soie et d'étoffes qui nous salue à notre arrivée. J'erre dans la boutique sans but précis. Mon regard est attiré par une couleur, mes doigts par un velours... Cela ne dure qu'un instant avant que je ne m'en détourne sans plus m'en soucier.
-Rien n'éveille votre intérêt, Madame ? -Je n'ai aucun besoin... Merci. Je réponds poliment, d'un ton monocorde et las.
A quoi bon prendre du fil et du linge ? Je n'ai nullement envie de broder. La dernière fois que j'ai tenu une aiguille, c'était pour repriser quelques vêtements. Un geste nécessaire qui n'a rien de créatif... car la fibre créative semble m'avoir quittée. Tandis que je continue à parcourir les étals avec une absence totale d'entrain, je ne sens pas sur moi le regard du valet à la fois intrigué et inquiet. Toutes les dames ont été éduquées pour se passionner de ce genre de choses. Sous ma robe simpliste et mes cheveux laissés libres, n'importe qui peut voir que je sais prendre soin de moi. Je suis propre, ma tenue est bien ajustée, mes cheveux sont brillants et ordonnés. Même dans mon état actuel, je ne me néglige pas totalement. Mais, lorsque je regarde ces rouleaux de soie, aucune inspiration ne me vient... Ni aucune envie... Et cela me désespère plus encore de constater mon propre état et je soupire lourdement.
-Que pensez-vous de cette étoffe... pour la toilette de mon maître ?
Lentement, je me retourne vers Gontrand. Je sais ce qu'il essaie de faire... Et je ne peux que le remercier intérieurement de son souci à mon égard. Je le rejoins et observe le tissu qu'il était en train de regarder. Je vais m'efforcer de jouer le jeu. J'ai accepté cet après-midi afin d'essayer de détourner mon esprit de ses sombres pensées après tout...
-Je ne suis pas certaine que l'aspect satiné lui plaise. Rapprochez-vous autant que possible de ce qu'il porte habituellement. Et, dans quelques temps, tentez quelques nuances. Un bleu très sombre... Ou un velours noir avec quelques reflets. Il n'en sera certes pas content mais laissez-lui le temps de s'habituer. Par petites touches, vous devriez progressivement parvenir à varier les teintes de sa garde-robe. -Voilà qui est avisé.
Je lève mon regard vers le valet. Je le toise un instant avant d'étirer un sourire de remerciement, certes triste mais sincère. Je n'ai pas beaucoup de qualités pour évoluer dans ce monde mais on m'a éduquée pour gérer une maison et veiller sur un mari. Si la situation est très différente dans le cas présent, les préceptes que l'on m'a inculquée restent valables. Au bout de seulement quelques minutes, nous avons sélectionné des tissus que Gontrand s'occupe de négocier avec le marchand avant de les porter jusqu'à la calèche, aidé -sur mon ordre- par l'un de mes gardes. Je prends mon temps pour marcher. Dieux que mes pas me semblent lourds par moment... Néanmoins, nous revenons les premiers et attendons le retour de Clothaire, patiemment.
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 19 ans Taille : 1,50 mètres Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Mar 23 Aoû 2022 - 8:59 | |
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Clothaire a pris son temps. Entre les conseils pour conserver le parchemin aussi longtemps que possible, les nouvelles techniques de fabrication de tel encre ou les derniers ouvrages qui plaisent à la haute bourgeoisie et à la noblesse, il y a là matière à s'enrichir intellectuellement. Et le papetier s'est enrichi tout court, car Clothaire a pris une solide réserve. C'est qu'il y a des projets, des réformes à réfléchir, et une bibliothèque à réorganiser. Des livres à acheter aussi, sans doute, puisque telle est la volonté de la Comtesse douairière. Mais en sachant que Gontrand avait plusieurs magasins à faire et lui un seul, il pensait être le premier de retour. Et force est de constater que ça n'est pas le cas. Il remercie chaleureusement le soldat qui a porté ses achats, volumineux sans être trop lourd et doit être poussé pour monter dans la calèche, ce dont il ne s'offusque pas. Marcher lui a fait du bien, il paraît un peu plus souple qu'au moment où il est descendu.
- Vous avez fait quelques achats ou vu des choses qui vous plaisaient ?
Mais la dénégation de la tête de Gontrand lui tire une grimace, lui qui tente d'ordinaire de conserver un visage aussi placide que possible, exercice dans lequel il n'excelle pas, mais qu'il espère maîtriser un jour.
- Direction la fontaine, merci. Apparemment, le marché était une mauvaise pioche. J'ai voulu imaginer ce qui pourrait occuper le temps d'une dame sans vous consulter au préalable, mais, oserais-je espérer que vous me pardonnerez cette audacieuse conclusion, mais je crains que vous ne l'ignoriez vous-même. On pense parfois savoir, et le jour où l'on réalise que l'objectif poursuivi n'a pas toute l'importance qu'on lui accordait, le choc est rude... mais parfois salutaire. Je rêvais de retrouver le rang pour lequel j'étais né, et devenir seigneur d'une terre. Que là était mon bonheur. Et quand on m'a proposé chez vous un rôle de troisième conseiller, j'ai réalisé que ce qui m'importait, c'était le respect, et que je puisse me faire entendre. Oh, cela ne signifie pas qu'il faille me donner raison, je suis faillible, mais juste ne pas me laisser m'exprimer dans le vide. Cela, ce fut ma première découverte et mon premier pas vers mon autre moi. Puis j'ai compris que j'aimais les jeux d'esprit, les études, les énigmes, comprendre, analyser, trouver des solutions, aiguiser mon esprit. J'ai voulu vous réduire à votre condition de noble et de femme en pensant bien faire. En cela, j'ai mal agi et je m'en excuse.
La fontaine est dans un parc, sa sculpture est majestueuse. C'est, clairement, un chef d’œuvre dont Odelian peut s'enorgueillir. Elle se situe en son centre avec plusieurs chemins qui y mènent. Nul doute que durant les chaleurs, les enfants aiment s'y amuser et leurs aînés s'y rafraîchir, mais le temps restant hivernal, voire début printanier, l'onde est plus glaciale qu'autre chose. Les bancs ne sont pas ou sont peu occupés, et pourtant, c'est là où Clothaire choisit de se rendre. Il accepte sans discuter l'aide d'un garde pour descendre puis marche à pas lent vers un banc proche, sans accélérer, et fait le choix de poursuivre la conversation, jusqu'à l'arrivée sur ledit banc.
- Merci, messieurs les gardes. Je vous demande de nous laisser une certaine intimité. Le lieu est dégagé, vous laissant le temps d'intervenir en cas de trouble. Mais, et que les Cinq m'entendent, j'ai besoin d'air et ne tolérerai à mes côtés que la présence de l'Ambassadrice.
Une fois les gardes éloignés à une vingtaine de pas, distance que les gardes odelianais et les aretrans semblent considérer comme maximale, Clothaire soupire et poursuit.
- Voyez-vous, je suis un homme qui réfléchit beaucoup. Tout le temps. Mais pour se connaître, se comprendre soi-même, il faut du repos et être capable d'introspection. J'en suis rarement capable... sauf ici. C'est pour cela que je vous y emmène. Car si ce lieu ne vous inspire pas, vous saurez qu'il existe, quelque part, un lieu qui vous apporte calme et paix. La dernière fois que j'y suis venu remonte à moins d'une ennéade. J'avais besoin de faire le point.
Il hausse les épaules puis il sourit.
- Et bizarrement, cela m'a replongé dans des temps où j'étais plus jeune en âge, car petit je l'étais déjà, et où un moment où je n'étais pas trop occupé par mes pensées trop agitées m'ont permis de faire une observation. Quand les gens marchent, ils regardent le sol, rarement droit devant eux. Mais aucun ne regarde vers le haut. La fontaine a des jets qui montent vers le ciel et y attirent le regard, vous avez remarqué ?
Il semble un peu plus détendu et regarde les airs, rêveur. Il remet machinalement son bras invalide contre son ventre.
- La nuit, le voile noir est percé par les lumières des étoiles et je m'imagine que près de l'une d'elle se trouve un soleil, et que ce soleil tourne autour d'un monde comme le nôtre. Alors, j'ai une certitude. Longtemps avant que je ne naisse, ce ciel était déjà là. Et longtemps après que je sois redevenu poussière, ce ciel sera toujours là. Et que pour Ceux qui ont créé ce monde et les autres, ma petite existence doit durer le temps d'un battement de cil, et que donc, mes actions n'auront que peu d'importance. Pour ne pas dire aucune. Et qu'au final, la vie n'est qu'une étrange absurdité et qu'il nous appartient à nous de décider quoi en faire. Et que nulle autre que vous ne pouvez le faire. Mais là n'est pas l'essentiel.
Est-ce à elle qu'il parle ou le fait-il seulement pour lui ? Il est probable que lui-même n'en a pas la réponse.
- Quelque part, quelqu'un, dans ce monde ou un autre que j'imagine autour des étoiles, est comme moi, en train d'observer le ciel et de comprendre sa place dans l'univers, l'absurdité des mondes et de la vie, son absence de logique. Et de le savoir me fait réaliser que rien n'est important, ni hier ni aujourd'hui ni demain. Et je n'ai plus peur, je n'ai plus d'envie, je sais juste que j'ai ma place dans ce monde pour une raison qui m'échappe. Et alors, je me sens en harmonie avec le monde et je me découvre en paix. Un court instant, mais en paix...
Il ne quitte pas l'observation du ciel, semblant en état de plénitude, avant qu'un tic nerveux ne lui déforme le visage puis que ses douleurs le reprennent. L'instant de grâce est passé et il lui faut bouger pour éviter d'ankyloser.
- J'ignore vos rêves, vos projets, même insensés, même fous ou non racontables. Un voyage ? Un homme ou une femme ? Etre écuyère ou ne plus être de votre sang ? Un désir d'écrire peut-être ? Peindre ? La maîtrise d'un autre art ? Les bibliothèques sont un lieu où on peut faire des recherches sur des projets un peu fous, ou moins fous. Je ne maîtrise pas totalement la nouvelle bibliothèque, j'essaie de la réorganiser, j'en ignore encore tous les ouvrages, malgré une mémoire très fonctionnelle. Mais je sais faire des recherches et je mettrai volontiers mes talents pour vous y aider. Et si vraiment vous ne trouviez rien, j'ai acheté un "roman"... pour femmes. J'en avais eu de bons retours mais j'avoue n'avoir aucune passion pour les romans. Par contre, il semble qu'il permet de voyager et j'en ignore la fin. Je vous en laisserai la découverte, ne serait-ce que pour lire dans votre carrosse quand vous ferez le chemin du retour. J'ai toujours trouvé les voyages fort longs. Et s'il ne vous plait pas, cela vous aura occupée quand même et vous pourrez l'offrir à une autre.
Il se déplace, restant à portée de voix mais sans partir. Il a besoin de marcher mais laissera à Alicia le temps qu'il faut pour quitter ce lieu si elle en ressent le besoin, ou y rester un peu histoire d'y trouver un moment de décontraction. Clothaire n'est pas sociable, il préfère les livres aux gens. Il ne s'intéresse pas forcément à eux. C'est la première fois qu'il essaie de soutenir quelqu'un et n'est pas forcément doué pour ça. Et il ne ressent pas une envie de retenter l'expérience.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Sam 27 Aoû 2022 - 12:10 | |
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Clothaire parle beaucoup, encore une fois. Je commence à croire que cette situation génère plus d'inquiétude et de malaise qu'autre chose pour lui. A moins qu'il ne réfléchisse trop ? Ce n'est pas forcément incompatible. En tout cas, il n'a pas l'air de quelqu'un qui aime juste s'entendre parler car son souci semble bien orienté vers moi. C'est... Surprenant, rafraîchissant, troublant... Il joue son rôle d'hôte politique. D'ailleurs, il m'appelle toujours par ce titre que je n'ai pas encore accepté d'endosser.
-Vous n'avez pas à vous excuser. Et... dans mon état normal, j'aurais adoré cette activité qui m'est défendue dans mon Comté.
Si on me l'avait proposé il y a quelques mois à peine... J'aurais eu l'air d'une enfant parcourant les étals avec émerveillement. Et je ne me serais pas arrêtée au marchand de tissu... J'aurais voulu tout voir, humer toutes les senteurs, goûter à toutes les spécialités, observer les artisans en plein ouvrage... Mais aujourd'hui... J'ai simplement remercié la bienveillance de Gontrand en le conseillant sur quelques étoffes. J'y ai employé le savoir-faire que l'on m'a inculqué pour être une bonne épouse.. Le reste du trajet se fait dans le silence jusqu'à ce que l'on rejoigne un parc au centre duquel trône une magnifique fontaine. Du moins... Je la trouve magnifique car c'est la première que je vois qui n'ait pas un but purement utilitaire. Ici, elle est décorative avant toute chose... Tandis que je m'en tiens tout près, j'entends à peine Clothaire demander aux gardes de se tenir éloignés. Si les siens lui obéissent, les miens sont plus réticents. L'un d'eux interrompt ma contemplation en m'interpellant poliment. Je me tourne alors vers lui, puis vers le bibliothécaire, avant de revenir sur le soldat et de hocher la tête. Il souhaite visiblement me parler en privé et je n'ai pas de raisons de le lui refuser. Enfin, je rejoins mon interlocuteur et m'assois à ses côtés. Clothaire entame la conversation, m'expliquant pourquoi il aime se trouver ici et le fait qu'il réfléchisse en permanence.
-Cela explique pourquoi vous parlez autant... Je remarque à haute voix avant de me reprendre. Ce n'est pas une critique, c'est juste... que je ne suis pas habituée. Mais il est préférable d'interagir avec quelqu'un qui dit ce qu'il pense que quelqu'un qui ne dit rien.
Je m'étais faite à mon époux si silencieux. Enfin, j'imagine. Magnus emploie parfois autant de mots que celui qui a failli être son Conseiller mais ils sont très différents. Il y a une raison derrière chaque phrase formulée par Clothaire, elles font partie d'un tout. Comme son anecdote sur ses aspirations passées et présentes qui soulignent simplement le fait que ma condition seule ne suffit pas à décrire qui je suis et ce que j'aime. Et puis il parle, encore et encore. J'observe la fontaine lorsqu'il l'évoque puis lève le nez vers le ciel, tout comme lui. Je m'en détache bien avant, d'abord pour le regarder puis pour laisser mon regard se perdre dans le vide. Je l'écoute toujours et je me sens... comme percée à jour alors qu'il semble avoir compris l'état dans lequel je me trouve. Ma dépression est assez évidente mais s'est-il renseigné sur moi pour en comprendre l'origine ? Si tel est le cas, rien ne transparaît dans son discours. Je pense plutôt qu'il ne sait rien de moi sinon il ne me parlerait pas de mes aspirations personnelles, celles qui donnent foi en la vie.
Lorsqu'il a terminé, un silence plane longuement avant que je ne décide de le rompre d'une voix faible et enrouée par l'émotion.
-Le seul rêve que j'avais... s'est brisé dans mes mains. Mon existence... n'a aucun plus sens ni but. Mes loisirs n'ont plus aucun intérêt à mes yeux. Je n'ai plus touché un instrument de musique depuis deux mois. Mon aiguille n'a rien produit d'artistique depuis plus longtemps encore. Je n'ai plus joué aux échecs avec mon frère Thorus depuis un éternité... Magnus m'a envoyée ici afin de m'éloigner de ce qui me faisait souffrir mais mes blessures sont trop profondes. A cause de la cruauté d'un seul, j'ai tout perdu... Et j'erre maintenant dans ce monde en me demandant ce que je suis censée y faire quand plus rien n'éveille quoi que ce soit en moi, autre que de la tristesse, de l'incompréhension et de la souffrance.
Ce vide en moi laissé par le rejet de Marc-Aurèle me fait si mal... Je me sens si seule alors que je n'ai jamais été aussi entourée que depuis mon arrivée. Ici, on ne parle pas de moi en se tenant juste à côté, on ne m'ignore pas lorsque je ne me sens pas bien. Je m'en montre surprise à chaque fois et je m'efforce d'étirer un sourire qui sonne faux malgré tout parce que... ce ne devrait pas être à eux de se préoccuper de moi. Et Clothaire, avec ses mots à lui, essaie lui aussi de m'ouvrir une voie vers la lumière. Mais ce geste, bien que généreux et bienveillant, n'a pas de sens pour moi.
-Si je puis me permettre... Et sans vouloir vous blesser... Je vous imagine mal prendre le temps de consoler ainsi une inconnue. Il vous a été demandé de m'accueillir mais votre mission envers moi ne vous oblige en rien à veiller sur moi de cette façon. Alors... Pourquoi faites-vous cela ?
Ma question est tout à fait sincère. J'ai commencé à lui dévoiler ma détresse avec tant de facilité... Il me semble aisé de lui parler. Peut-être parce que nos combats quotidiens sont similaires. Mais je pose sur lui un regard ingénue. Je voudrais connaître la raison pour laquelle il cherche à m'aider. Peut-être n'en a-t-il aucune ou bien me suis-je trompée sur lui et c'est quelqu'un de très altruiste, qui tend aisément la main vers son prochain. Je ne manquerai pas de m'excuser si tel est le cas. En attendant, je reste pendue à ses lèvres. Je ne sais même pas ce que j'espère entendre...
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Dim 28 Aoû 2022 - 7:38 | |
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Apparemment, l'option "bibliothèque" ne semble pas attirer plus notre jeune arétane, mais ce que Clothaire lui a dit semble éveiller en elle une envie de s'exprimer. Le lieu est propice pour ce genre de chose et les gardes sont éloignés, leur offrant, toutes proportions gardées, une relative intimité, sans que celle-ci soit ambiguë. S'il venait à Clothaire l'idée de gifler Alicia pour la réveiller, il sera transpercé dans les 3 secondes par ses gardes. Bref, rien dans cette intimité ne pourrait choquer les mœurs. Et elle lui avoue qu'aller sur le marché est une activité qui lui est interdite en Aretria.
- Interdire une femme sur les marchés ? Sérieusement ?
Il évite d'exprimer le fond de sa pensée, à savoir que c'est une totale hérésie. C'est que la seconde fois qu'il est aussi étonné de quelque chose qui sort totalement de son cadre logique. La première fois, c'est quand il a appris qu'Odelian ne produisait pas ses propres alcools. Ce qui pour lui n'a pas de bon sens non plus. Mais c'est quand il évoque les rêves que cela fait écho en elle, mais pas de la façon qu'il espérait. Elle n'a pas un rêve inassouvi, elle a perdu son unique rêve et tout goût aux choses. Et s'il entend bien que ça s'est brisé et les implications que cela implique, il reste dans les hypothèses quant à ce qui a été brisé et qui est cet homme.
- Ne considérez pas que je pose la question car ce n'est pas le cas, mais tant que j'ignorerai, et je ne chercherai pas l'information car elle ne me regarde pas, ce qu'est ce rêve brisé et qui est celui qui a brisé ce rêve, tout restera obscur. Oh, je suis capable d'émettre des hypothèses, et beaucoup, mais incapable de trouver laquelle serait correcte. Alors, pour l'une de ses hypothèses, je peux avoir une idée brillante, même si elle peut être choquante, pour réparer le rêve et pour une autre de ces trop nombreuses hypothèses, je serai incapable d'envisager quelque solution que ce soit, tout simplement parce que ça se trouverait dans un de mes domaines d'incompétence. Et j'en ai.
Il l'a dit dans un grand sourire, comme si le fait qu'il existe des domaines où il puisse passer pour un débile profond était une joie pour lui. Mais il y a un autre point qui attire son attention.
- Les échecs ? Un jeu de... stratégie qui aiguise l'esprit mais auquel il faut jouer à deux. Où chaque pièce a des déplacements limités et où l'objectif est de prendre le roi adverse ? J'en ai vaguement entendu parler, j'ai vaguement lu à ce sujet, mais je n'y ai jamais joué.
Et pour cause, il n'a jamais joué "tout court". Sinon pour résoudre des énigmes seul. Les échecs sont un passage obligé quand on forme un élève, mais il est probable que son précepteur ait perçu depuis longtemps que son élève le surclasserait rapidement... ce qui aurait pu nuire à leur relation, si l'élève s'était considéré plus fort que le maître. Alicia le surprend, comme quoi c'est possible, avec une question beaucoup moins naïve qu'il y paraît.
- Vous ne me blessez pas, car effectivement, je prends rarement le temps de consoler une inconnue ou veiller sur elle. Par faute de temps. Et par faute d'envie aussi. Je pense vous avoir expliqué déjà pourquoi je le faisais, mais sans doute n'était-ce pas assez clair. Alors je vais le réexpliquer simplement et tant pis si dans mon explication il y a des mots qui vous blessent ou me blessent. Si je n'étais pas un "de Chtoll", voire l'héritier du trône seigneurial mais né dans une famille commune, voire bourgeoise, j'aurais été jeté au fleuve ou déposé dans une forêt et cet acte aurait été perçu comme de la mansuétude. Auriez-vous survécu à votre accident si vous n'étiez pas une de Terresang ? Auriez-vous bénéficié des soins dont vous avez bénéficié ? Et si vous aviez survécu, que vous restait-il comme avenir. Couturière ou érudite, si vous aviez appris, mais payée moitié prix car vous perdiez du temps. Au mieux. Sinon, il restait la mendicité ou la prostitution, option qui n'étaient même pas envisageable pour moi à ma naissance.
Il hausse l'épaule, la gauche n'ayant pas suivi le mouvement, puis après un violent tic nerveux il poursuit.
- J'ai beau vouloir être optimiste et me réjouir des progrès que j'ai fait, il n'en reste pas moins que j'ai connu les frustrations nées de mes limitations, nées de ces moments où j'ai réalisé que mes tics resteraient, que mon bras ne progresserait plus et que je ne gagnerai ni en muscle, ni en taille ni en poids. Tout ceci était absurde et n'avait aucun sens. En quoi ce mélange de désappointement, de colère, de haine envers le monde et moi même et cette apathie qui en résultait pouvait-elle avoir un sens ? Puis vous êtes apparue, vous une de Terresang que j'imaginais sous les traits de votre frère mais avec des tissus roses dans les cheveux, plutôt mignonne et frèle. Et très féminine. Je ne parvenais pas à imaginer une Terresang féminine, à dire vrai et je me suis dit que les négociations pouvaient être agréables. Et vos cannes sont apparues et j'ai compris mon élan de sympathie envers vous. Nous nous ressemblions. Et rapidement, j'ai réalisé que vous passiez par des phases que j'avais connues. Et tout ce qui était absurde dans ma vie a soudain eu du sens. Ce que j'avais appris, je pouvais le partager, le transmettre, à vous. Je pouvais vous aider à surmonter quelque chose de pas agréable ou vous offrir des voies pour parvenir à vivre avec ces limitations. Ce n'est pas moins injuste, mais c'est moins absurde. Je ne sais pas, peut-être dans un an, vous croiserez un guerrier limité par une blessure, que vous pourrez conseiller, vous aussi, grâce à votre vécu. Et tout comme moi, vous remarquerez aussi que cette expérience ne sera pas à sens unique, que vous apprendrez beaucoup de ce guerrier, comme j'en apprends pas mal de vous, même si dans votre état je sais que vous doutez avoir un quelconque intérêt, parce que ce doute, je l'ai déjà eu et malgré mon poste actuel je l'ai encore. Moins, mais encore.
Il s'en veut d'avoir dit les choses ainsi. Était-ce la réponse qu'elle espérait ? Il ne se voit pas nier ce qu'il est lui, et ne lui fera pas l'insulte de prétendre ne pas voir ses blessures, parce qu'elles sont là, tout simplement. Mais il espère qu'elle aura remarqué qu'il la considère dans sa globalité et que ce qui les éloigne d'ordinaire des autres fait qu'ils se rapprochent et qu'ils sont plus proches qu'ils ne le voudraient. Probable que s'ils avaient été "normaux" tout deux ne se seraient-ils jamais parlés, car ils n'auraient pas eu grand chose en commun. Mais ils ont cette blessure, cette limitation, qui les rapproche, qui les lie, et qui logiquement pousse soit au rapprochement soit au rejet.
- J'espère avoir répondu clairement à votre question et si mes mots vous ont heurtée, sachez que ça n'était ni mon envie ni mon but.
Cela reste délicat, même avec lui qui sait prétendre que ça ne le touche pas et qui n'a pas tremblé quand son frangin l'a clairement menacé
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Dim 28 Aoû 2022 - 15:27 | |
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Oui, j'imagine qu'il est surprenant d'entendre qu'une femme se trouve privée d'une activité qui est pourtant au centre de ses préoccupations. Mais tout m'est interdit avec Magnus, et Thorus ne le contredit pas du fait de mon passé. Seul un mari pouvait m'offrir la liberté qui m'était refusée mais même cela est terminé. Infirme, j'étais déjà difficilement mariable, alors maintenant... On se demandera forcément quelle tare je peux cacher pour que mon mariage ait été annulé au bout de seulement deux mois. Jamais plus personne ne voudra de moi. Et je ne suis pas sûre de le vouloir pour le moment alors cela m'arrange bien en fin de compte.
J'écoute avec attention les explications de Clothaire quant à l'intérêt qu'il me porte, à ce qui le pousse à vouloir m'aider à me relever. Il a raison sur bon nombre de points et notamment au sujet de l'attention que l'on m'a portée et les soins dont j'ai bénéficié... Le fait que je sois la petite sœur d'un Seigneur influant a probablement contribué à ce que l'on me porte plus d'attentions qu'aux autres. Cependant, le contexte de mon accident a joué un rôle, lui aussi, car il a attendri plus d'une oreille. Ils n'ont pas pu me sauver, malgré tous leurs efforts, car il était trop tard. Mais il se trompe en pensant que c'est l'objet de mon état dépressif. Il ne peut pas le deviner et je le corrige gentiment.
-Mon accident date d'il y a sept ans. Lorsque j'ai été secourue, mes fractures s'étaient déjà consolidées. Le mieux que les soigneurs soient parvenus à faire, c'est de me soulager afin que chaque mouvement ne me soit plus aussi douloureux. On a récemment pu faire en sorte que les changements de position ne m'arrache plus de grimace. Mais à moins de me briser les os une seconde fois, jamais je ne pourrais remarcher sans orthèses pour faire plus de quelques pas. Alors... J'ai depuis longtemps fait le deuil de mes jambes...
Je les regarde comme si je pouvais les voir à travers le tissu de ma robe de faible facture. Ces derniers mois, elles se sont un peu épaissies. La vie de Dame terrienne me forçait à me déplacer tous les jours et le fait que l'on soit parvenu à les rendre moins douloureuses m'incite à en faire usage plus souvent. Elles se sont remusclées un peu et sont légèrement moins disgracieuses qu'avant... Mais elles restent une tare que je ne peux dissimuler.
Je garde le silence quelques instants encore. Je n'ai à aucun moment pu cacher que l'attention de Clothaire à mon égard me touche, autant que sa volonté de nous voir faire preuve de solidarité. L'image qu'il se faisait de moi avant mon arrivée me fait un peu sourire malgré moi. L'image que le monde a des arétans n'est pas infondée alors il est normal qu'il ait pensé cela. J'ai toujours été entourée d'hommes et de femmes solides. Mes sœurs sont plus ou moins féminines elles aussi mais elles n'ont pas l'air de pouvoir s'ébranler à la moindre brise, contrairement à moi. C'est la première fois que je rencontre quelqu'un qui me ressemble autant et je crois comprendre ce qui m'a poussée à aborder un sujet aussi douloureux tout à l'heure. Il est plus aisé de dévoiler ses faiblesses à quelqu'un qui les partage, au moins en partie. Même si le sujet de ma souffrance est bien différent de ce qu'il croit.
-Mon histoire n'a rien de secrète et parviendra de toute manière jusqu'ici... Lorsque mon rôle en Odélian sera connu, nombreux seront ceux qui chercheront à se renseigner à mon sujet et ils n'auront guère de mal à apprendre ce qu'il m'est arrivée. Dis-je en préambule pour lui signaler que, même s'il ne cherche pas à savoir, il saura tôt ou tard. Et, lorsque cela se produira, il vaut peut-être mieux que j'ai un allié... Quelqu'un sur qui je peux d'ores et déjà compter... Je prends un instant pour rassembler le peu de courage que je peux avoir pour me replonger dans tout cela... Aussi douloureux cela soit-il.J'ai fait l'objet d'une tentative d'assassinat déguisée en accident. La chose est passée pour telle et je ne l'ai pas contredite car personne n'était apte à m'écouter. Et c'était de toute façon ma parole contre la sienne. Sans compter que j'ignorais pourquoi il avait fait cela... J'ai joué la carte de l'amnésie, en espérant naïvement qu'il me laisserait en paix. Mais il a commandité mon enlèvement, peu de temps après mon mariage. Les bandits qu'il a engagé m'ont conduite dans un hameau perdu de la Malelande. Il m'a laissée au milieu d'une grange en flamme et pleine de cadavres, après m'avoir dit que les crimes sur lesquels j'enquêtais en secret était les siens... et que j'allais mourir de la même manière que ses précédentes victimes. J'ai été sauvée de justesse par mon mari. J'étais à peine sorti que le toit de la grange s'est effondré... J'ai été... marquée par tout ceci. Durant des jours, nous avons traqué cet homme jusqu'à la capitale d'Arétria. Je me suis confrontée à lui pendant un procès que nous avons bien failli perdre car nous n'avions toujours pas la moindre preuve jusqu'à ce qu'un complice soit identifié. Son exécution a eu lieu deux ennéades plus tard et était... aussi atroce que le reste. Je marque une pause avant de reprendre. Le choix de la sentence a bien évidemment été faite par Magnus... Et ce jour me faire horreur. Jour et nuit, je suis hantée par toutes ces images... J'ai peur de la moindre flamme qui soit plus forte que celle d'une chandelle. Je me réveille en pleurs toutes les nuits. J'estimais avoir de la chance d'avoir pu me marier malgré mon infirmité. Mon mari est... était... un homme d'honneur. Nous nous aimions... Mais il ne faisait rien de plus que me regarder dépérir... Et lorsque je lui ai demandé de ne plus m'ignorer, d'être au moins à mes côtés lorsque j'étais au plus mal, de me montrer ses sentiments ne serait-ce qu'en me tenant la main, de faire en sorte que je ne me sente plus seule face à tout cela... Il a répondu qu'il ne le pouvait pas... Que c'était aller à l'encontre de ce qu'il était.
Une première larme perle sur ma joue tandis que ma voix s'étrangle. Depuis un moment déjà, mon regard est perdu dans le vide, quelque part devant moi. Les mots sortent avec douleur mais c'est comme si je ne parvenais plus à les arrêter... C'est la première fois que je raconte tout ceci à quelqu'un qui ignore tout ce qu'il m'est arrivé.
-Il a demandé l'annulation de notre mariage. J'étais déjà meurtrie... Et à présent je me sens également... abandonnée. Brisée. Trahie... Et plus seule que jamais. Je ne comprends pas... Je ne comprends pas comment les religieuses et vous parvenez à faire tout naturellement ce qu'il a été incapable de faire alors que je n'avais que lui. Les gens que j'aime ne font rien pour moi et des inconnus me tendent la main. Je devrais me sentir moins seule face aux épreuves que j'ai traversé et pourtant... Je souffre d'autant plus parce que tout cela n'a pas le moindre sens.
Cela fait trop... Les tentatives de meurtres en elles-mêmes -sans parler de l'aspect macabre de la dernière- ont de quoi choquer une jeune femme comme moi. La première fois que l'on s'en est pris à moi, il y a sept ans, mes sœurs et ma nièce étaient près de moi au quotidien. Aujourd'hui, il n'y a plus personne. Et le geste de Marc-Aurèle n'est qu'un coup de massue supplémentaire que je n'étais pas prête à encaisser et qui a achevé de me mettre plus bas que terre. Un geste qui va à l'encontre de sa déclaration d'amour... Moi qui avait relevé le regard vers Clothaire en parlant de lui à la fin de mon discours, je le détourne de nouveau. Je viens de réaliser quelque chose...
-Pardonnez-moi, ce n'était pas le sujet de l'aide que vous comptiez m'apporter. Je ne sais même pas comment je suis parvenu à vous parler de tout cela alors que je ne l'ai fait que par bribes jusque là. Mêmes les religieuses qui m'accueillent n'en savent pas autant...
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Sam 3 Sep 2022 - 14:09 | |
| Et pourtant, j'avais précisé que je ne voulais pas savoir et que je ne chercherais pas à savoir, que je respecterais son intimité, mais voilà que sa parole se déverse, ininterrompue. Et il y a des choses à dire, mais j'attends qu'elle ait fini, par instinct sans doute, me doutant que si je l'interromps elle ne parlera pas, et que parler doit être important pour elle. Comment je le sais ? Je l'ignore, peut-être un signe des Cinq...
- Sept années, ce n'est rien. C'est l'âge où on m'a fiancé, à peu de choses près, quand j'ai commencé à récupérer suffisamment que pour passer du statut de monstre à celui de potentiellement humain. Mes capacités mentales étaient reconnues comme dignes de la moyenne à peu de choses près. J'ai encore fait du chemin depuis. Et vous aussi, n'est-ce pas ? Il m'en a fallu le double pour atteindre mes limites.
Quel est l'intérêt de ceci ? Probablement aucun. Sinon pour dire que tout n'est pas fini, même si les cas médicaux sont différents. Lui n'est pas soigneur, il est inapte à jauger si une évolution peut encore venir. Pour la suite de son histoire, il est plus perplexe. Et sans réelle réponse.
- Dame, j'ai la prétention d'être un érudit et de savoir beaucoup de choses, plus que la moyenne, du moins sur le plan théorique. Mais je suis incapable d'imaginer les affres que vous avez subis et leurs conséquences ni les effets que cela aurait pu avoir si j'avais vécu pareille tragédie. Et tant pis si vous y voyez une curiosité malsaine, car je ne peux m'empêcher de me poser des questions.
Avoir le cerveau en ébullition n'est pas toujours positif et s'il sait qu'il ne devrait pas, il ne peut s'en empêcher.
- Vos tourmenteurs, nommons-les ainsi, ont été identifiés, reconnus comme tourmenteurs et exécutés. Je présume que vous avez été obligée d'assister à l'exécution et qu'elle fut aussi atroce que le reste. Je sais que certains voient dans ces démonstrations un moyen de prouver qu'ils ont le pouvoir et votre frère en avait besoin, la conclusion semble logique. Alors que vous, j'imagine, n'aspiriez qu'à du repos et à oublier. Cela n'a pas encore pu soulager vos peines, j'imagine, même si j'ose espérer que dans un avenir proche vous pourrez vous sentir rassurée de savoir qu'ils ne peuvent plus vous nuire.
Reformuler la chose permet de la mettre au clair et indiquer si ce qui a été dit a bien été compris. Et ici, ce n'était pas le plus compliqué pour lui.
- Par contre, et croyez bien que je le regrette, je n'ai pas compris grand chose à ce lien avec votre mari. Ne croyez pas qu'il s'agisse d'un jugement envers vous ou lui, c'est que pour les affaires de cœur, ou romantiques comme aime le dire notre Comtesse douairière, je n'y entends rien. Je suis un homme, disons, cartésien. Si vous voulez me comprendre, il faut me voir comme un architecte. Un architecte voit la solidité du sol, le choix des matériaux, les bons calculs pour que la bâtisse soit solide et les réparations éventuelles à faire. C'est ainsi que l'amour devrait fonctionner. Sauf que l'amour ne répond à aucune règle. Il est impossible de savoir pourquoi deux personnes s'aiment, cela n'a aucune logique. Cela échappe à toute logique. Il paraît même que c'est ça qui le rend magique. Je n'aime pas la magie. Je n'ai pas d'attrait pour les femmes. Pas pour les hommes non plus, je le précise de suite. Est-ce parce que j'ai tué ma mère en naissant et que la perspective de devoir fonder un foyer m'angoisse ? J'aimerais que ça soit ça, mais même à l'âge où les Dieux se plaisent à nous tourmenter pour qu'on observe le sexe opposé, je n'ai pas eu d'attrait. Étais-je déjà trop conscient du peu d'attrait que je pourrais susciter auprès des femmes et est-ce cela qui m'a permis de ne pas m'y intéresser ? Ou sont-ce des séquelles des troubles liés à ma naissance ? J'ai lu sur le sujet de l'amour, des romances, et la conclusion est la même que pour la vie : l'amour est une étrange absurdité. Et je n'ai pas de solutions pour l'absurde.
Clothaire s'en veut de cet aveu, car cela le rend vraiment différent des autres. Les hommes sont attirés par le sexe et l'assument, les femmes le sont souvent aussi, ne serait-ce que pour enfanter. Lui ne l'est pas. C'est ainsi, c'est factuel.
- Donc, vous avez aimé votre époux, fort bien, je vous crois, car je suis incapable d'en préjuger. Il n'a pas su vous soutenir et je le regrette, pour vous deux, car j'imagine que ça a dû être une souffrance pour lui aussi, personne n'aime être confronté à ses impuissances et tous nous en avons. Mais il reste une question qui m'obnubile et pour laquelle je n'ai pas trouvé réponse. Il a demandé le divorce, ok. Mais sur quelle base l'a-t-il obtenu ? Ce n'est pas quelque chose qui est accepté comme ça, juste parce qu'on le demande...
Il y a là une part de logique qu'il peut comprendre et qui lui échappe et c'est pour cela qu'il pose la question. Car à sa question à elle, où elle demande pourquoi les religieuses et lui arrivent à lui apporter un soutien que les siens n'ont pas été capable de lui apporter, il a une réponse, d'une simplicité telle qu'elle est sans doute vraie.
- Comme je vous l'ai dit, je ne suis pas doué pour les choses de l'amour ou même tout ce qui est relationnel. Je préfère la compagnie des parchemins en général, même si je ne regrette absolument pas cette sortie. Mais je pense pouvoir répondre à votre question. Si nous y parvenons là où les vôtres n'y parviennent pas, c'est assez simple en fait. Si nous échouons à vous aider, si vous souffrez plus qu'actuellement par la faute de notre maladresse, vous pourriez nous en vouloir à mort que cela ne changerait pas grand chose pour nous, car nous n'avons pas un vécu, une histoire ou des intérêts en commun. Ou très peu. Parce que vous êtes quand même particulière pour moi. Mais nous réussissons probablement car nous n'avons pas peur d'échouer. Vous, vous avez un lien avec votre époux, votre frère et Aretria. Si vous souffrez, si vous leur en voulez, ils souffriront, pour vous certainement, mais pour eux aussi. Et quand la peur est présente, elle empêche d'agir ou fait agir de la mauvaise façon. Bizarrement, j'y vois un témoignage d'amour, ou de respect, ou d'amitié, vous pouvez mettre là-dessus le mot que vous voulez. Cela ne console pas, mais cela pourrait vous rassurer.
Il a un sourire triste, c'est loin d'être le premier aujourd'hui.
- J'ignore quoi faire, Dame. Je peux vous ramener au Temple et vous laisser découvrir le roman que je vous ai choisi, car même brisée, je me dis qu'une évasion où vous vous imaginerez être l'héroïne de l'histoire pourrait vous faire du bien, ne serait-ce que quelques heures. C'est toujours ça de pris. Et si vous avez un projet que vous souhaitez étudier, ma proposition de vous aider à la bibliothèque tient, aujourd'hui et n'importe quel autre jour, pour peu que mes obligations ne me retiennent pas, évidemment. Durant un conseil, c'est plus compliqué de m'éclipser mais pour le reste, je gère mon temps.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Mer 21 Sep 2022 - 20:48 | |
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Les premiers mots de Clothaire sont doux à mon oreille. Il fait preuve de compassion et comprend mon point de vue. Je parviens à tourner mon regard vers lui et mes traits s'adoucissent. Cela fait du bien de me sentir entendue et comprise. Je me sens subitement moins seule. C'est comme si, enfermée dans une pièce aveugle, une fenêtre venait de se créer et de s'ouvrir sur l'extérieur, apportant avec elle un rayon de lumière et un air frais et léger. Ma peine semble moins m'affliger tout à coup. Puis je l'écoute expliquer qu'il n'entend rien à l'amour, sans être capable d'en expliquer les raisons. Il émet plusieurs hypothèses mais il ne peut hélas pas les vérifier. J'en suis désolée pour lui... Je sais qu'il ne peut pas éprouver de regret face à sa situation. Comment pourrait-on éprouver du manque face à une chose que l'on ne connaît pas ? Les bras d'un homme ne m'étaient pas nécessaires avant Marc-Aurèle, même si l'idée me rebute pour l'instant. Alors, j'imagine qu'il en est de même pour lui. Est-ce que le fait de rencontrer la bonne personne ou tout simplement de se marier et de découvrir la vie maritale suffirait à le faire changer de point de vue ? Je n'en est aucune idée et je ne sais pas si je dois le lui souhaiter. Il semble heureux tel qu'il est et changer sa situation ne le comblera peut-être jamais... Après tout, j'en ai rêvé toute ma vie et voilà où cela m'a menée...
Ce qu'il dit ensuite me perturbe bien plus. Mes traits s'assombrissent de nouveau et mon regard se détourne. Il sous-entend que Marc-Aurèle aussi souffre de cette situation qui l'a conduit à me quitter... Mais est-ce vrai ? S'il m'aimait vraiment, alors peut-être. Mais la solution était-elle de me rejeter de la sorte ? S'il le pense, alors c'est un idiot car cela n'a rien arrangé, au contraire. Je ne lui demandais pas grand chose pour me venir en aide... Et même rien du tout si on le compare aux efforts que j'ai moi-même fourni pour être l'épouse dont Terrefière et lui avaient besoin. Alors mérite-t-il ma compassion ? La question de Clothaire me coupe dans cette réflexion toute fraîche et j'y réponds avec honnêteté après un instant de confusion.
-Hum... Il l'a fait annuler... Pour non consommation. Nous n'étions pas mariés depuis un an, j'ignore pour quelles raisons mon frère a accepté de le lui accorder.
Je passe sur le fait que ce motif est en partie faux. Il y a eu la nuit de noces... Puis il ne m'a plus jamais touchée. Je le pensais pourtant comblé au petit matin car il était heureux comme jamais. Et les ennéades qui ont suivi aussi. Mais cela ne s'est jamais reproduit alors que nous partagions la même chambre. Je n'ai jamais su pourquoi... Pas plus que je ne comprends pourquoi on m'a éloignée de chez moi en m'envoyant ici. Clothaire essaie bien d'y apporter une réponse mais elle ne me convainc pas.
-Ma famille m'a soutenue après mon accident... Mon carrosse a été attaqué par des brigands. La voiture s'est renversée sur moi et ces hommes m'ont emmenée. Ils ont fait traîner les discussions autour de ma rançon en espérant que je serais suffisamment rétablie à mon retour pour qu'on ne découvre pas mes blessures au moment de l'échange. J'ai passé plusieurs ennéades parmi eux, dans la douleur, avant que mes frères ne perdent patience et ne viennent me chercher. Ils ont tous été là pour m'aider à me relever de cette expérience qui m'a fait perdre une grande partie de ma mobilité et ils se sont montrés très protecteurs depuis lors. Je n'avais même plus de droit de quitter ma demeure. Alors vous comprendrez que me retrouver subitement à plusieurs ennéades de chez moi, avec ma suivante pour seule compagnie, et dans ce qui est une des périodes les plus douloureuses de ma vie est plus qu'incompréhensible à mes yeux...
Clothaire suggère de mettre un terme à notre sortie pour aujourd'hui et je ne peux pas vraiment lui en vouloir. Nous nous sommes dit bien des choses et nous nous sommes beaucoup dévoilés l'un à l'autre. Je repars avec bien des idées nouvelles à méditer concernant ma situation. Je ne sais pas si cela m'aidera à sortir de mon marasme mais je peux au moins réfléchir un peu différemment.
-Tant qu'il ne s'agit pas d'une histoire d'amour... Je lui adresse à mon tour un triste sourire. Ce sujet, j'en ai soupé pour le moment... Je veux bien essayer de me plonger à nouveau dans un livre. Je n'ai pas de projet pour le moment mais je devrais peut-être m'en trouver un... Difficile de prendre du recul sur un sujet lorsque l'on ne parvient pas à penser à autre chose. Mère Margot voulait m'y aider, peut-être a-t-elle fini d'en discuter avec la Mère supérieure...
Quelques instants plus tard, nous revoilà dans la calèche. J'apprécie un peu plus le trajet qui nous reconduit au couvent que celui qui nous a amené au marché puis aux jardins. Cela a mis du temps à venir mais cette sortie semble avoir porté ses fruits malgré tout. Le changement est minime mais néanmoins notable. Je n'ai pas la sensation que je pourrais me mettre à pleurer à tout instant ni qu'un mur de pierre pèse sur tout mon Souffle. Je me sens légèrement mieux... Arrivés devant le bâtiment, les portes s'en ouvrent avant même que j'ai pu mettre pieds à terre avec l'aide d'un soldat arétan. D'un pas décidé, la Mère Magot nous rejoint, m'examine rapidement du regard avant de se tourner vers le Conseiller de la Régente.
-Sire Clothaire. Je souhaitais vous remercier en personne n'avoir accepté de prendre sur votre temps afin d'accompagner Dame Alicia pour une sortie. C'est un temps que nous avons manifestement tous mis bien à profit.
A l'air radieux de la religieuse, je me montre suspicieuse. J'ai l'impression qu'elle a quelque chose en tête... Serait-ce dû à sa conversation avec la Mère Supérieure ?
-Que voulez-vous dire ?
Margot se tourne à nouveau vers moi, me sourit et pivote afin de me faire totalement face.
-Il se trouve qu'une expédition se rendra bientôt en Ithri'Vaan et j'ai obtenu l'accord de vous convier à vous joindre à eux. Il s'agit d'un échange de bon procédé avec quelques Temples de Thaar qui ont besoin d'un soutien temporaire. Vous pourrez apporter votre soutien pour les actes de charité ou l'organisation logistique. Un changement d'air est souvent salutaire et vous n'aurez pas le temps de repenser sans cesse à ce qui vous préoccupe. Qu'en dites-vous ? -Je... Je ne sais pas. Je réponds, à la fois interdite et perplexe. Odélian est déjà un grand changement pour moi... Et je ne parle pas leur langue...
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| | | Clothaire de Chtoll
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Ven 23 Sep 2022 - 4:54 | |
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La raison qu'invoque l'Ambassadrice pour l'annulation du mariage lui tire un sourire amusé d'abord, suivi d'une intense perplexité... qu'il finit par partager avec Alicia.
- De tous les motifs qui existent pour justifier un divorce, celui-là était le seul qui à mes yeux était inenvisageable, surtout pour un guerrier dans un pays guerrier. Je m'explique. Les arts guerriers sont souvent associés à la virilité, tout comme l'acte sexuel du point de vue de l'homme. Admettre publiquement qu'il a un problème sur ce plan le met en défaut et fait qu'il sera difficilement pris au sérieux à l'avenir. Car, et pardonnez mon propos, s'il avait été capable de consommer, rien ne l'empêchait de vous posséder physiquement contre votre gré si telle était la situation, dans un cadre marital, cela ne me paraît pas interdit. J'émets un doute, je n'ai pas étudié la question et l'avis d'un prêtre ne serait pas superflu, mais c'est l'impression générale que cela donnera. Il prend donc la cause du divorce pour lui exclusivement, ce qui reste une manière de vous protéger. C'est étrangement... chevaleresque, finalement.
Mais bon, le sujet reste extrêmement délicat, surtout quand un homme et une femme abordent des sujets qui touchent, même de loin, à la sexualité et même si l'Ambassadrice doit se douter qu'il n'y a rien de pervers dans ses propos. Autant dire qu'il n'attend et n'espère aucun détail supplémentaire et ne posera aucune question. Elle revient, avec quelques détails, sur son accident et l'attention qui lui a été portée, et l'étrangeté de sa situation ici.
- Je comprends partiellement votre douleur, partiellement car mon seul entourage était mon précepteur et j'ignore donc l'effet que cela peut faire d'avoir un soutien plus important, qu'il soit adroit ou non. C'est la première fois que j'ai des personnes pour me protéger et des domestiques, par exemple, et je ne vous cache pas que c'est agréable. Mon domestique sait masser et quand mes muscles durcissent, c'est une aide précieuse, un luxe dont j'aurai du mal à me passer désormais. Mais à l'analyse, même si ici vous êtes éloignée des vôtres, j'ai du mal à y voir un abandon, mais plutôt la recherche d'une autre solution pour vous. Le seul point qui me chagrine réellement vous concernant, c'est que ça n'est jamais votre choix. Et cette liberté de choisir, on en ignore la richesse tant qu'on n'y a pas goûté. Si vous aviez fait le choix de venir ici, choix qui n'aurait rien de honteux ou même de surprenant, le lieu s'y prête, c'est une douleur que vous ne connaîtriez même plus. J'ignore si vous comprenez ce que je vous explique. Avant mon départ en Aretria, j'ignore avoir la possibilité de poser mes choix et n'en cernais donc pas l'importance.
Elle opte pour le retour au Temple, et Clothaire ne réalise pas qu'elle a sans doute posé ce choix par crainte d'ennuyer son interlocuteur, pour la simple raison qu'il ne s'ennuie pas. Il ne peut confirmer ou infirmer que le roman qu'il lui a choisi contient ou non une histoire d'amour, mais il craint que oui. Les romances font partie des éléments qui intègrent pas mal d'histoires imaginaires, si pas toutes. Mais il ne le dira pas, espérant qu'au moment où l'héroïne aura le coeur qui tremble à la vue d'un beau chevalier, - ou marin, ou juge ou peu importe, voire d'une jolie jouvencelle, après tout, même si cela apporterait au roman un goût de scandale, du moins si cet amour était consommé - Alicia aura suffisamment accroché à l'histoire pour ne pas être dérangée par l'histoire d'amour. Tiens, cela lui donne presque l'envie de le lire. Mais presque, seulement. Il n'a pas le temps pour ce genre de frivolités.
Le retour se fait dans le silence, mais un silence qui n'est pas pesant. C'est l'occasion de la contemplation des lieux, de la remise en place des idées, d'une mise au point finalement, et il sait en temps qu'intellectuel et érudit que ces moments sont précieux. Il ignore s'il a pu être une aide pour Alicia, mais l'espère. Il n'est pas doué pour les relations, n'ayant ni ami ni même confident. Il s'est juste senti lié à elle en raison de l'infortune physique qu'ils partagent et la seule chose qu'il espère en cet instant, c'est qu'il lui a été secourable. L'entrée dans le Temple sort par contre des habitudes, la Mère Margot débordant d'enthousiasme à une idée que le Temple a eue pour Alicia. Sauf que l'Ambassadrice est hésitante. Et Clothaire sent que c'est le moment pour intervenir.
- Mère, si vous me permettez de prendre la parole... Dame de Terresang, nous en parlions encore en quittant la fontaine, mais il m'apparaît important de reformuler mes propos. Vous l'avez compris, j'aime illustrer ce que je dis pour être compris. Jusqu'ici, vous n'avez jamais eu le choix, ni pour l'accident, ni pour votre libération, ni pour vos soins, ni pour votre mariage, ni pour la fin de ce dernier, ni pour votre voyage jusqu'ici, ni même pour votre rôle d'ambassadrice et pas plus pour votre séjour dans ce Temple, car un Temple en Aretria pouvait parfaitement faire l'affaire, n'est-ce pas ?
Il l'a dit avec un grand sourire.
- Et si vous vous rappelez mon histoire, le premier choix que j'ai posé est d'aller rencontrer votre frère dans l'espoir de devenir Bailli. Alors, je ne connais pas l'Ithri Vaan, il paraît que les humains y côtoient les elfes, je n'en connais ni l'architecture, ni la mentalité, ni la langue. Mais Aretria avait pour moi le même mystère, tout pareil pour l'Odelian, à l'exception évidemment de la langue. Et même si mon expérience là-bas s'est limitée à trois minutes, elle a été un changement majeur dans ma vie et a entraîné le fait que je sois ici et que l'on m'appelle Sire... Alors, je ne suis pas votre Conseiller, je suis à peine une vague connaissance et n'ai aucun droit de vous donner un ordre ou un conseil. Mais je vais émettre une suggestion. Pour la première fois, vous avez l'occasion de faire quelque chose pour vous-même, par vous-même, en vous servant de vos compétences. J'ignore si l'expérience sera fructueuse ou si, comme moi, au bout de trois minutes vous compreniez que votre salut est ailleurs. Mais pour la première fois, vous pouvez agir pour vous, et cette expérience a bouleversé ma vie. Qui sait si ce départ en Ithri Vaan ne sera pas bouleversante pour vous ? Et comme c'est à la demande du Temple qui veut utiliser vos talents, personne ne pourra s'en offusquer, ni votre frère, ni la Comtesse douairière que je représente.
Tout à y gagner et rien à y perdre. Clothaire aurait refusé avant d'être allé en Aretria. Là, il accepterait s'il n'était pas épanoui ici, en Odelian. Ou, dit autrement, s'il n'avait pas trouvé sa voie. Il ignore ce qu'il en sera pour Alicia, mais il est convaincu que ce voyage l'aidera, même s'il ignore comment. Il l'ignorait lui-même en partant en Aretria. Et ce qu'il y a découvert, c'est qu'il était heureux dans ce qu'il faisait. Ce qui ne l'a pas empêché de tenter une autre aventure par la suite. Bon sang, il a participé à un Conseil comtal et a été écouté et entendu. Lui, la "chose" qu'il aurait fallu noyer à la naissance. Et qui là parle d'égal à égal avec la sœur d'un Comte et une Mère, sur le parvis d'un Temple.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Sam 24 Sep 2022 - 9:52 | |
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J'écoute Clothaire me faire un plaidoyer en faveur de ce voyage. Un voyage que je pourrais décider par moi-même de faire ou non. Une bouffée d'air pour m'éloigner de tous mes tracas. Cette sortie m'a déjà permis de découvrir la sensation de dépaysement et je songe un peu moins à mes maux. Cependant, je retrouve rapidement un environnement familier car les mœurs ici sont les mêmes -ou presque- que chez moi. En Ithri'Vaan, tout serait nouveau pour moi. Rien que son nom, je ne suis pas certaine de le prononcer correctement. On en dit bien des choses... Nombre de négatives, surtout dans une région aussi rigide que la mienne... Mais je resterai au service de Néera et donc sous sa protection, entourée de personnes qui comprennent ma langue et ma vision du monde. Alors, c'est effrayant à envisager mais...
Après avoir longuement conservé le silence sans quitter le Conseiller des yeux, je me tourne vers Mère Magot.
-Combien de temps durera ce voyage ? -Il faut quelques jours pour s'y rendre par la mer puis vous resterez trois ennéades si tout se passe bien. Peut-être quatre si le Temple en a besoin. -Quand aura lieu le départ ? -Dans cinq jours.
Je garde à nouveau le silence. Je crois avoir tous les éléments dont j'ai besoin pour prendre ma décision. Finalement, je hoche la tête en signe d'acquiescement. Je ne saute pas de joie non plus car mes sentiments vis à vis de ce périple sont multiples et variés mais je n'aurais peut-être plus jamais l'occasion de partir aussi loin. Ici, je peux provisoirement échapper à l'autorité de Magnus et je ferais peut-être mieux d'en profiter. Il restera la question de mes gardes car je ne peux pas partir avec une telle escorte, cela ne ferait qu'attirer l'attention sur moi... Mais nous pourrons en débattre plus tard. Mère Magot, quant à elle, se montre enthousiaste face à ma réponse. Elle étire un grand sourire, salue Clothaire brièvement puis retourne à l'intérieur d'un pas rapide et enjoué. Je la regarde s'éloigner.
-La simple pensée de ce voyage est effrayante... Je ne pense pas avoir besoin de me montrer plus explicite après les discussions que nous avons eu aujourd'hui. Il sait que je n'avais pas le droit de sortir de chez moi jusqu'à récemment, alors voguer par delà la mer... Mais je n'aurais peut-être plus jamais pareille occasion. Il faudra que vous m'excusiez auprès de Dame Solange de ne pas être plus présente à son retour qu'à son départ.
C'est un constat ambivalent. Cela montre d'un côté la tragédie de ma situation et de l'autre l'expression d'un rêve jamais assouvi, alors que je pensais ne jamais connaître plus grandiose que les murailles d'Arétria... Finalement, je me tourne à nouveau vers Clothaire.
-Du fait de mes conditions de vie, je n'ai pas tellement d'amis non plus. Mais, pour un presque inconnu, je pense que vous m'avez témoigné plus d'amitié que n'importe qui en ce monde. Vous manquez peut-être d'expérience mais je ne me suis jamais sentie aussi écoutée de ma vie. Et même si vous ne pouvez avoir toutes les réponses, vous donnez votre point de vue avec une totale transparence. Je ne crois pas que l'on puisse en attendre davantage d'un ami. Et il me plairait de pouvoir vous considérer ainsi.
Derrière le masque de tourments qui voile mon visage et pèse sur mes épaules, malgré l'incertitude et l'angoisse de ce voyage qui se profile, je m'adresse posément à lui alors que je lui demande implicitement la permission de l'avoir pour ami. On m'a déjà témoigné de la sympathie, de la compassion et même de la pitié, mais ce n'est pas ce que j'ai ressentie durant nos échanges. Clothaire ne me voit pas comme une infirme ou une malade, que ce soit sur le plan physique ou mental. Il a tenté de m'aider par solidarité, certes, mais il n'y a pas que cela. Et même s'il n'a pas dit ce que j'aurai aimé entendre, ses réflexions étaient pertinentes et visaient à me permettre d'avancer. J'aimerais pouvoir continuer à bénéficier de son soutien et lui apporter le mien un jour, s'il en a besoin.
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| | | Clothaire de Chtoll
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Dim 25 Sep 2022 - 19:28 | |
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Alicia l'observe un long moment, comme si Clothaire pouvait lui fournir les réponses. Mais ce dernier est conscient de l'enjeu et conserve un visage impassible. Il ne peut prendre la décision à sa place. Et quand après réflexion elle accepte la mission, il sourit, avant de soupirer devant l'énergie de la Mère Margot.
- Elle déborde d'optimisme, mais je pense qu'elle m'épuiserait si je devais la côtoyer ne serait-ce qu'une journée complète... Enfin, qu'importe. Ainsi donc, nous nous reverrons dans cinq à six ennéades.
Il affiche un sourire sincère. Est-ce la perspective qu'Alicia vive une fantastique aventure qui le réjouit ainsi ou la simple perspective de la revoir ? Toujours est-il qu'il acquiesce gravement quand elle réalise à voix haute que ce voyage est assez effrayant. Plonger dans l'inconnu n'est pas chose aisée. Et quand elle lui demande de l'excuser auprès de Dame Solange, il ne peut s'interdire un petit rire moqueur, mais gentil.
- Oh, quand elle apprendra que vous avez posé le choix de suivre le Temple et de vous rendre en Ithri Vaan pour y être secourable et vous retrouver vous-même, je pense qu'elle se réjouira, au contraire, et priera pour que votre initiative soit couronnée de succès.
il pense que la rencontre va se finir sur ces mots, avant que celle qui était encore l'Ambassadrice avant d'accepter sa nouvelle mission ne lui fasse une déclaration simple, mais émouvante. Il la regarde, un peu surpris, puis accepte d'un simple mouvement de la tête.
- Ce serait un honneur, Dame Alicia de Terresang.
Il dessine une révérence assez adroite, si ce n'est que son bras gauche reste raide, et il se permet d'ajouter :
- J'espère vous revoir et que nous pourrons partager et deviser sur nos projets respectifs. Cela signifiera que j'aurai trouvé des idées pour l'Odelian, ce qui n'est pas simple, et que vous aurez trouvé des projets personnels, ce qui n'est pas aisé non plus. Dame...
Un salut de la tête et il fait demi-tour, vers la calèche. S'éterniser lui plairait, et c'est rare qu'une personne passe avant son boulot. Finalement, cette rencontre avec une Terresanguine aura été à l'encontre de tout ce qu'il avait imaginé.
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| | | Alicia de Terresang
Humain
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia Dim 25 Sep 2022 - 20:14 | |
| Je souris avec sincérité... Amusée par l'idée que Clothaire se trouverait épuisé par la compagnie de Mère Magot. Attendrie par la réaction qu'il prédit pour Dame Solange. Touchée par la façon dont il accepte notre lien. Comment... Comment ces quelques instants peuvent réussir à changer ainsi mon humeur ? Est-ce que la perspective de m'en aller, d'échapper à tous mes soucis, est suffisante pour me rendre un peu de vitalité ? On le dirait bien... Toujours est-il que je me sens encore un peu mieux qu'en descendant de la calèche. Et la perspective de revoir Clothaire, de le savoir mon ami et de ne plus être aussi seule que j'en avait l'impression, suffit à m'apaiser un peu. A mon tour, je m'incline dans sa direction, de la même manière que je l'ai fait en descendant de mon carrosse le jour de notre rencontre. Il ne pouvait alors pas comprendre pourquoi je n'utilisais que ma tête et mes épaules pour cela mais la chose doit lui paraître limpide aujourd'hui.
-Et peut-être vous apprendre à jouer aux échecs, si cela vous agrée. C'est un excellent stimulant pour l'esprit. En attendant, si vous m'y autorisée, j'aimerais prendre le temps de passer vous rendre visite à la bibliothèque avant mon départ afin de me renseigner un peu sur ce pays et ne pas sauter totalement dans l'inconnu.
J'ai bien compris qu'il ne porte pas grand intérêt pour autre chose que les activités intellectuelles. Mais j'ai encore beaucoup à découvrir de lui et j'espère en avoir l'occasion lorsque je reviendrai d'Ithri'Vaan. Je pourrais peut-être tenir un journal afin de consigner ce que je verrais et lui en faire part. Il me faudra réfléchir à un présent pour Dame Solange afin de me faire pardonner mais, pour lui, mon cadeau est déjà tout trouvé. A moins que mon séjour ne me réserve quelques surprises... Je reste sur le parvis du Temple, jusqu'à ce que la calèche ne s'en aille. Il doit déjà me trouver bien différente... Je ressemble un peu plus à ce que mes proches connaissent de moi. Une femme douce et posée, bienveillante et délicate... Une femme de cœur et d'esprit. Je ne suis pas encore tirée d'affaire mais je suis en meilleure voie que ce matin... Et c'est en partie grâce à lui.
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| Sujet: Re: [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia | |
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| | | | [Odélian] S'occuper l'esprit... | Clothaire & Alicia | |
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