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 Et ta braise brillera pour l'éternité

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Azralith Zaurahel
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Azralith Zaurahel


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MessageSujet: Et ta braise brillera pour l'éternité   Et ta braise brillera pour l'éternité I_icon_minitimeLun 7 Nov 2022 - 12:29

6ème ennéade de Favriüs
An 20 du XIème cycle
Sol'Dorn



Innombrables, insaisissables, les insectes s'affairaient à leur œuvre sans un brin d'hésitation, perçant la peau, la déchirant, s'insinuant en son sein telle une enveloppe protectrice afin d'atteindre cette chair molle et tendre si convoitée. Le corps de la drow était pris de tremblements alors qu'elle ressentait chacun d'eux, leur pattes minuscules s'agitant en tout sens et résonnant dans son crâne tel un essaim putride et maléfique sur le point de la consumer toute entière. C'était sans aucun doute ça le pire, surpassant la douleur d'être dévorée vivante, cette sensation dont elle ne pouvait se soustraire, cette impuissance à y résister, à en diminuer les échos d'une quelconque manière.

Le corps d'Azralith, qui s'avérait cette fois ci bien solidement enchaîné à la paroi humide dans son dos, était recouvert d'une myriade d'insectes de la taille d'un pouce, creusant sa chair à de multiples endroits avec une avidité débordante, ignorant totalement les hurlements et les secousses de cette entité devenue leur hôte.

Et pourtant, elle aurait fait n'importe quoi pour se soustraire à son propre corps ne serait ce que quelques instants, pour laver son esprit de cette sensation qui s'y logeait, toutes ces pattes beaucoup trop nombreuses qui lui donnaient la nausée, paralysant son corps en une terreur et un dégoût implacable. Son visage meurtri, tourné vers le plafond austère de la petite cellule, était larmoyant. La douleur était une chose mais son frère avait réussi à trouver bien pire, ce qui lui insufflait une peur irrationnelle, une terreur qui rendait la torture terriblement plus efficace.

Une silhouette pénétra dans la petite pièce et que ce soit par incantation ou à avec la proximité d'un quelconque produit chimique, les insectes se dispersèrent soudainement, quittant son corps et s'éparpillant sans grande cohésion sur le sol. Elle demeura ainsi tremblante, meurtrie, ensanglantée.

S'avança alors celui qui avait renforcé magiquement son métabolisme, s'assurant que jamais elle ne s'évanouisse. L'homme à l'origine de sa captivité, celui qui avait trouvé son point faible et qui s'apprêtait à régénérer son corps pour que le cycle recommence, encore et encore. Mais son frère avait fait une erreur monumentale, ses supplices ayant commencé depuis sa plus tendre enfance, gagnant peu à peu en cruauté et en perversité, la dame noire avait eu le temps de s'y accommoder, de faire de cette douleur une sœur aimante, une alliée, un carburant.

Il ne parviendrait pas à la briser.

Et cette affirmation résonnait dans son crâne, s'enroulant autour de son corps et de son esprit tel un bouclier que jamais il ne parviendrait à franchir. Le visage sombre et meurtri, Azralith demeura immobile autant que possible, ne pouvant retenir les tremblements de son corps dû au choc, ne daignant même pas lever son regard pour croiser le sien.

Elle frissonna lorsqu'il caressa l'une de ses joues du bout des doigts, exprimant par la lenteur de ce geste une tendresse qui contrastait tant avec la brutalité de ses supplices. Toujours avec la même délicatesse, il s'approcha alors, la prenant dans ses bras et se blottissant contre elle. Prostrée à genoux, la dame noire était plus petite que lui, mais son épaisse corpulence n'était pas amoindrie par sa position et le drow moins large ne pouvait l'enlacer entièrement.

Elle sentit son souffle irrégulier sur sa peau, sa tête posée contre la sienne. Elle aurait pu refermer ses mâchoires sur son oreille et la lui arracher malgré les coups. Mais elle n'en fit rien. Elle demeura immobile, fermant les yeux et constatant le dégoût que lui inspirait cet ersatz d'affection provenant d'un esprit malsain rongé par la jalousie et la crainte. D'un point de vue très ironique, il avait été le seul des deux a réellement sombrer après toutes ces années.

Prenant une grande inspiration, Azralith mis fin au silence, étant désormais certaine de sa décision.

« Il est grand temps que tout cela cesse... » Sa voix éraillée résonna dans le cellule et elle sentit le corps de son frère se crisper contre le sien. « J'invoque l'ordalie de Tewyn, et je sais que tu ne résisteras pas à cette chance d'être le bourreau. »

Silence.

Le corps de son frère sembla être pris de tremblements qui dégénérèrent en un puissant rire lorsqu'il se redressa, plaçant l'une de ses mains sur son front. Cette même main qui soudainement se serra avant d'aller violemment percuter la mâchoire d'Azralith.

« Je ne te tuerai pas tu sais ? Je vais te laisser la vie sauve. » Rétorqua-t-il avant de s'emparer du visage de sa sœur entre ses mains. « Tout ce que tu y gagneras sera une démonstration publique de ta faiblesse et de ton indignité aux yeux du Créateur. » Son regard et sa poigne semblèrent subitement s'adoucir. « Alors, tu seras entièrement mienne. » Il passa une main dans sa chevelure de jais avant de poursuivre. « Je t'aurais bien rasé le crâne mais, il y trône déjà la preuve de ton blasphème. »


***


Sol'Dorn était magnifique. Puissante, dangereuse, impériale, son architecture noire dénotait tant avec les autres cités vaanies. Même la beauté exotique de Thaar dégoulinante de luxure ne parvenait pas à concurrencer son éclat. Les bannières gigantesques du Puy trônaient sur les imposantes remparts, symbole de la toute puissance eldéenne. A l'image du peuple qui la dirigeait, la ville était sombre et imposante, marquant d'un voile d’appréhension et de peur ceux qui ne vénéraient pas le panthéon drow.

Le regard d'Azralith parcourait chaque recoin d'architecture, imaginant Sol'Dorn comme un trône gigantesque sur lequel pourrait s’asseoir le Père des Batailles, son regard tourné vers le nord et sur la pourriture verte infecte que répandait Kerhel sur le monde. Un puissant sentiment de fierté l'envahissait lorsqu'elle contemplait la ville, elle était fière d'appartenir à ce peuple et de servir une divinité si grandiose.

En d'autres circonstances, elle aurait visité la cité sombre avec grande joie, s'imprégnant de son histoire, de ses habitants et de sa toute puissance.

En d'autres circonstances, elle aurait pu se laisser envahir par la joie d'être enfin de retour parmi les siens, de partager sa vie avec ses collègues sombres, ses camarades de chair et de foi.

Mais pas en ce jour.

Car déjà au loin sonnait le tintement sinistre des cloches annonçant l'approche de l'ultime absolution.

La dame noire se tenait au milieu d'une petite assemblée drow, ne portant comme protection sur elle que quelques lanières de cuir. Plusieurs morceaux de parchemins sur lesquels figuraient des passages de l'Eda Vengeur y étaient attachés, parfois à même sa peau. Une épée longue lui avait été accordée, une arme qui s'avérait bien peu efficace au vu de son adversaire, mais un combattant se devait d'improviser et de s'adapter en toutes circonstances.

Son frère face à elle, était recouvert de la tête aux pieds par une armure en plaques noires, un bouclier recouvrant son avant bras gauche et un fléau traînant au sol dans sa main droite. Bien qu'Azralith était plus grande et plus imposante que son adversaire, la différence d'équipement était assez flagrante. Certains prêtres appréciaient visiblement légèrement favoriser le jugement d'Uriz si cela menaçait de mettre en péril un véritable Zaurahel. Voilà bien la preuve qu'ils ne servaient pas le Créateur comme ils le devraient.

Mais ces considérations n'étaient que des bourdonnements futiles et éphémères, car la dame noire jubilait. Cette épreuve qui lui faisait face pouvait tout aussi bien être la dernière, mais en cet instant, elle était libre. Plus libre qu'elle ne l'avait jamais été ces dernières années, elle pouvait enfin prendre les armes pour réellement forger son destin.

Son regard passa un instant dans la petite assemblée, l'avatar du visage hurlant s'y trouvait-elle ? Elle espérait sincèrement que ce soit le cas, car la présence de cet être béni des dieux, véritable instrument de leur volonté, signifiait que leur regard serait incontestablement tourné sur ce combat, sur elle. Une chance, une dernière, de prouver sa valeur et de sortir de ce cercle vicieux et mortel qui finirait immanquablement par l'engloutir.

Un claquement retentit soudainement, le signal annonçant le massacre à venir.

Sans attendre un seul instant, la dame noire chargea son adversaire. Elle devait trouver un point faible, une jointure, ces fines ouvertures dans son heaume, et s'y engouffrer de toutes ses forces. Mais plus que tout, il lui fallait ne jamais ralentir, ne jamais lui laisser le temps de souffler et de lancer une incantation qu'elle ne pourrait malheureusement pas contrer.

Chose aisée que d'y penser, mais l'accomplir s'avérait légèrement plus ardu lorsque l'adversaire en question était un serviteur d'Uriz. Le bruit du métal s'entrechoquant s'éleva dans les airs, l'épée rebondissant sur la carapace noire du bouclier. Son frère semblait être sur la défensive, attendant un faux pas, une erreur de sa part pour frapper.

En voyant le fléau s'élever, Azralith y projeta le bout de sa lame, les chaînes s'enroulant tout autour pour l'empêcher de gagner en vitesse. Tentant de s'extirper, son frère lui asséna un violent coup de bouclier, en profitant pour démêler son arme et s'éloigner de quelques pas. Il fit à nouveau tournoyer son fléau et sa sœur montra les crocs en lâchant un grognement avant de reprendre son assaut.

La dame noire leva son épée mais elle entendit une phrase ténue, courte, une incantation. Elle sentit alors soudainement ses poumons se contracter, l'air quittant son corps et bloquant sa respiration l'espace d'une seconde. La surprise paralysa son corps juste assez longtemps pour que le fléau fasse mouche, l'une de ses extrémités métalliques percutant le bas du visage de l'imposante drow. Elle entendit un craquement dans sa mâchoire et quelques unes de ses dents quittèrent leur prison charnelle pour rebondir sur le sol un peu plus loin.  

Azralith reprit rapidement ses esprits, crachant du sang au sol avant de se tourner à nouveau vers le prêtre, écumant de rage. Elle lâcha un soupir, vidant ses poumons et bloquant sa respiration aussi longtemps qu'elle le pourrait afin de prévenir une récidive. Se concentrer sur ses voies respiratoires s'avéra difficile, ses coups manquant de précision en conséquence. Mais sa vitesse et sa force n'en étaient pas impactés, ses assauts semblaient même soudainement bien plus furieux, stimulés par une douleur aiguë résonnant dans sa mâchoire.

Une nouvelle incantation, ses poumons se serrèrent à nouveau mais cette fois ils étaient déjà vides, ne provoquant qu'une simple douleur interne. La dame noire en profita pour attraper son épée par la pointe, utilisant la poigne comme un marteau et assénant un violent coup dans le casque de son adversaire. La puissance de l'impact aurait pu sonner un humain, mais pas un prêtre d'Uriz.

Le fléau mordit à nouveau sa chair, ses pointes déchirant sa peau et compressant ses organes internes ainsi que ses os qui menaçaient de se briser. La dame noire posa un genoux à terre, reprenant son souffle observant son frère qui s'était à nouveau éloigné, entamant une séquence de mouvements étranges qu'elle comprit bien trop tard comme étant un nouveau sort.

Elle sentit sa magie l'enserrant soudainement et hurla de douleur, observant un instant son bras droit. La peau à sa surface flétrissait à vue d’œil, s'arrachant à la chair et tombant en lambeaux sur le sol. Elle relâcha alors ses muscles, abandonnant ce morceau de chair inutile qui pendait désormais mollement à ses côtés.

La douleur résonnait dans tout son corps par intervalles réguliers, son sang battait violemment dans ses tempes tel le tintement d'une cloche retentissant implacablement, envahissant ses sens, ses pensées, s'insinuant dans chacun de ses muscles encore en état de fonctionnement, lui insufflant une soif de sang, de destruction. La dame noire se redressa et plongea en avant en poussant un hurlement de rage, son visage déformé par la haine n'avait plus rien de drow, son regard écarlate semblait briller d'un éclat presque surnaturel.

Toujours concentré sur son incantation, son frère observa avec stupeur la géante ensanglantée qui le chargeait et qui ne semblait en aucun cas ralentie par ses blessures. Elle agrippa son épée comme un poignard et la plongea vers sa cible devenue lente et pataude sous l'énergie magique qu'il était en train de manipuler. La pointe de l'arme passa dans l'une des fentes du heaume, se plantant dans son orbite droite ce qui lui arracha un hurlement. Il perdit le contrôle et en l'espace d'un court instant, Azralith crut presque apercevoir la trame se déformer autour d'elle.  

La réaction ne se fit pas attendre. Une violente puissance magique sembla détonner entre les deux combattants, les propulsant tous les deux en arrière. La dame noire retomba violemment au sol, soudainement prise d'une épouvantable nausée qui lui fit recracher du sang mêlé à un liquide âcre sur le sol. Le prêtre était lui aussi en proie à des vomissements, ayant retiré précipitamment son heaume, prostré de douleur.

Azralith sentit alors ses muscles la lâcher, roulant sur le dos avant de s'immobiliser. Elle posa son regard sur le ciel nuageux qui surplombait la cité sombre. La chaleur de son propre sang lui réchauffait la peau et elle lâcha un long soupir, appréciant cette position qui lui paraissait étrangement confortable. Pourquoi se relèverai-t-elle après tout ? Pourquoi continuerai-t-elle de lutter vainement, de souffrir encore et encore sans jamais obtenir le moindre résultat ?

Elle ne faisait que prolonger son agonie, se débattant futilement pour s'extirper d'un destin auquel elle ne pouvait se soustraire. Elle aurait pu l'accepter il y a bien longtemps, elle aurait pu accepter la mort en Anaeh, perdant la vie au cours d'une croisade sainte, sacrifiant sa braise sur l'autel de la guerre et de l'accomplissement de l'Eda Vengeur. Mais elle s'était découverte une ténacité étonnante, survivant à la guerre, aux tortures, à l'exil. Pourquoi s'acharnait-elle à ce point ? Qu'est ce qui justifiait cette rage sanguinaire qui l'envahissait au combat, et cette peur qui la transperçait à l'approche de la mort ? Quelle était cette raison qui la poussait à survivre, encore et toujours ?

Son regard qui parcourait le firmament se fixa alors sur un détail particulier. L'une de ses mèches qui était retombée sur son visage s'avérait étonnement claire. Utilisant sa main valide, Azralith écarta la mèche pour mieux l'observer, écarquillant les yeux en voyant cet éclat blanc. Elle s'empara avec empressement d'autres mèches, constatant qu'elles étaient toutes similaires, pourvu de cet ivoire éclatant. La peau de sa main mais également du reste de son corps avait elle aussi prise une teinte plus claire.

Il lui sembla alors, l'espace d'un court instant, observer une silhouette énorme derrière les nuages, une silhouette de femme voilée.

Elle... Elle avait attiré leur regard ?

Le temps sembla comme s'arrêter et Azralith éclata de rire.

La douce caresse de Teiweon lui avait été accordée, lui offrant ce qu'elle avait toujours souhaité, la marque des drows, des Prima Sanguis. Elle venait de recevoir une faveur divine, une récompense pour avoir surmonté toutes les épreuves du Créateur et les supplices du Visage Hurlant, cet ivoire éclatant représentant l'accomplissement de tous ses efforts. Ce combat était désormais le sien, son occasion de s'élever, de transcender l'exilée à la chevelure de jais pour devenir bien, bien plus. Elle ferma les yeux un instant, accordant une prière silencieuse à la Voilée avant de se redresser avec difficulté, lâchant un grognement.

Elle avisa son frère qui souffrait visiblement toujours de dégâts internes, paniquant et tentant de se relever alors que sa sœur se rapprochait lentement de lui. Elle ne tenta même pas de ramasser son arme qui avait elle aussi volée un peu plus loin, assénant un violent coup de poing sur le visage du prêtre. Il tenta vainement de contre attaquer, son poing en armure percutant mollement l'abdomen d'Azralith, porté par un bras qui semblait dénué de force.

L'imposante drow réitéra alors son coup, sentant un craquement sous son poing et envoyant cette fois ci son frère au sol.

« C'est... » Le mot sortit à peine qu'elle fut prise d'une quinte de toux, du sang remontant dans sa bouche qu'elle cracha rapidement. « C'est terminé. » Son visage était dénué de malice ou de haine, observant son adversaire et rétorquant presque d'une voix douce, « Abdique. »

Son frère se dressa sur les genoux en silence, sa tête orienté vers le sol et sa chevelure d'ivoire masquant son expression. Azralith sentit alors tous ses muscles se détendre, figée alors qu'elle surplombait la silhouette vaincue de son adversaire. Elle ferma les yeux, prenant une profonde inspiration. Il lui sembla entendre un hurlement lointain, étouffé, voilé. Là, un autre. Et ce froid glacial qui semblait avoir soudainement envahi les lieux. Une caresse ? Qu'est ce que... Teiweon ?

Azralith ouvrit subitement les paupières, se cambrant autant que possible alors que l'éclat d'une dague brilla juste sous ses yeux. Une réaction lente, mais suffisante pour que l'arme manque la gorge, se plantant à la place dans son épaule. La géante hurla, attrapant le visage de son frère dans sa main valide et basculant son corps pour fracasser l'arrière de son crâne contre le sol.

Le deuxième coup fit entendre un craquement, étouffant son hurlement, le troisième brisa une partie de l'os et fit ressortir le dernier œil du prêtre de son orbite, le quatrième fractura définitivement la boite crânienne qui s'émietta sous sa main. Azralith tomba alors à genoux, essoufflée, épuisée, contemplant le visage brisé de son frère.

Elle s'était déjà imaginée cette scène de bien des manières, elle aurait dû exulter de joie, elle aurait dû sentir cette euphorie se répandre sous sa peau, elle aurait dû dévorer cette sensation nouvelle de liberté et de puissance. Mais en cet instant, il n'y avait rien d'autre qu'un vide absolu.

Elle cligna plusieurs fois des yeux, constatant que sa vision était devenue floue et elle en sentit l'humidité lorsqu'elle passa sa main valide sur son visage. Des larmes ? Mais... Pourquoi ?

Le lambeau de chair putréfié qui avait été autrefois son bras traînait sur le sol à côté d'elle et de son autre main, Azralith souleva délicatement le visage brisé de son frère avant de le placer contre sa poitrine. Plusieurs gouttes quittèrent son visage pour aller se mélanger au liquide écarlate sur le sol.

Car elle venait de tuer le seul être qu'elle avait jamais aimé.


Dernière édition par Azralith Zaurahel le Ven 18 Nov 2022 - 11:19, édité 1 fois
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Kha'linas Do'ath
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MessageSujet: Re: Et ta braise brillera pour l'éternité   Et ta braise brillera pour l'éternité I_icon_minitimeJeu 17 Nov 2022 - 22:27





Si le couinement répugnant de Brane' klez apporta un grand déplaisir aux prêtres de Kiel, il faut dire que l’acide qui s’échappa de sa bouche pour tomber sur sa victime eut tôt fait de raviver les esprits. La chair blanchâtre commença à fondre sur la peau de l’homme, alors que des hurlements de douleur semblaient résonner dans l’énorme salle de pierre noire. Des bulles se formèrent, laissant une odeur putride envahir l’atmosphère, avant que le bagron n’envoie un nouveau crachat dans les yeux de sa victime. Les prêtres de Kiel jubilèrent de nouveau, en observant l’esclave se tordre de douleur, ses chaînes retenant ses mouvements. La créature, assez fière de ses exploits alla rapidement se poser sur l’épaule de sa maîtresse au visage masqué. Il se frotta sur le masque d’obous’delab avant que la main tordue, ne le rejoigne, lui donnant un morceau de la chair qui venait de tomber de leur sacrifice. Brane’klez l’attrapa rapidement en poussant un nouveau couinement, et avala son repas.


« Finalement, elle est utile cette bestiole… »
« Son couinement m’exaspère. »


L’Obok Yathrail fit un léger signe au bagron, qui se frotta sur son épaule avant de s’envoler, allant trouver un endroit pour roupiller après son repas. Ce n’était guère une journée comme les autres dans le temple de Kiel. Une excitation particulière semblait résonner dans la ville alors que l’Orthae Dek'za se réunissait pour sa quête. Ils étaient nombreux, beaucoup plus qu’elle l’aurait espéré. À croire que la parole de Kiel avait résonné. Elle avait lancé son appel, et tous avaient répondu. Les puysards semblaient vouloir obtenir leur vengeance, leur rédemption face aux dieux. Kiel leur donnait cette parfaite opportunité. Ils leur arracheraient la chair, briseraient ce qu’ils appelaient leurs souffles et assassineraient leurs rêves. Cette racaille s’agenouillerait devant eux, alors que leurs ombres s'installeraient au plus profond de leurs territoires. L’humain devant eux poussa un dernier cri, avant que sa voix ne s’étrangle dans sa gorge. Puis, ce dernier s’arrêta net, alors que sa cage thoracique sembla retomber sur la table. Un sourire carnassier s’illumina sous le masque. Il était temps.


« Il est temps d’aller rejoindre les autres. »
« Oui, Suliss. »


L’Obok Yatharil tourna rapidement les talons, et sortit de la pièce, suivit de près par quelques prêtres du visage hurlant. Les figures masquées, habillées de tunique rougeâtre, la majorité d’entre eux tachés de sang, traversèrent le temple de la maîtresse des souffrance avant d’en sortir, se dirigeant vers les portes de la cité, là où ses fidèles devraient l’attendre. Soudainement, Kha’linas s’arrêta, relevant la tête, son masque impassible fixant le vide devant elle. Elle l’avait senti. Elle l’avait senti se tordre, comme une toile qu’on déforme de la pire des façons.


Finalement, quelque chose d’intéressant…
Aucune rage ne devrait être contenue.
La trame…
La rage
Cette rage.



Sa tête se retourna alors que les prunelles blanchâtres se tournèrent vers un groupe d’ilythiiri qui semblait regarder un combat. Sans attendre, l’Obok Yatharil bifurqua, alla rejoindre l’objet de sa curiosité. Les ilythiiris se tassèrent rapidement, alors que le groupe masqué s’avançait dans la foule. Si certains s’inclinèrent devant eux, d’autres trouvaient un certain intérêt à regarder ailleurs. Au première loge, Kha’linas regarda les deux combattants aux sols. Décidément, c’étaient eux qui avaient altéré la trame pendant un moment, les deux ilythiiris étaient aux sols, en train de vomir leurs tripes. Mais la jeune ilythiiri fut celle qui attira son attention. Le masque impassible, regarda le combat la fin du combat. Combat qui ne dura guère longtemps d’ailleurs. À peine de retour sur ses pieds, les deux êtres s’échangèrent quelques coups avant que celle aux cheveux noirs ne fracasse le crâne du prêtre d’Uriz au sol. La chaîne a son bras sembla se crisper un moment, comme impressionné par la scène qui venait de se dérouler. Sans attendre, Kha’linas s’avança pour aller rejoindre la gagnante de l’ordalie.


«Il n’était pas digne.»


La main torturée, brûlée apparut du tissu rougeâtre, alors que la Prêtresse s’accroupit pour mettre sa main dans le sang encore chaud de la victime toujours au sol. Un frisson sembla la parcourir, alors qu’elle semblait caresser la morbide flaque qui ornait le sol de pierre. Le sang coulant dans les crevasses et les marques qui ornaient ses doigts. Puis, elle remonta doucement la main, faisant glisser ses doigts sur le liquide rougeâtre avant de finalement tourner son regard vers l’ilythiiri en pleurs.


« Chaque douleur a un goût différent. Je peux sentir la tienne et elle est délicieuse…»


L’Obok Yatharil remonta le menton de l’enfant de son doigt ensanglanté, la forçant à plonger son regard dans le sien. La seule chose qu’elle pourrait voir à travers le masque étaient les prunelles blanches qui l’observaient. Comme si elle fixait un vide froid et dangereux. Elle l’observa un moment, regardant les yeux remplis de larme, avant que sa voix ne résonne de nouveaux ;


« Tu l’as entendu… N’est-ca pas ? Tu as entendu le cri... »


Un sourire carnassier s’agrandit derrière le masque, alors que sa main se crispa pendant que les voix prirent de nouveau le dessus.


Est-ce qu’elle sera digne ?
Probablement pas.
Les faibles ont peur des ombres…
Des ombres…
Oui, il y en a partout.
La peur les contrôle.
S’empare d’eux pour les mener dans le vide.
Mais elle a entendu le cri.
Le cri l’a probablement ravi.
Oui, Ravi
Ou terrifié.
Donne-lui sa chance.
Elle l’a tué.
Oui, et elle le mérite.
Rédemption.
Damnation.



Le corps entier de l’Obok Yatharil sembla se crisper, avant qu’elle ne décide finalement de reprendre la parole. « Assez jouer. Il est temps de prouver qui tu es. La souffrance est le sens de la vie. Prouve qui tu es devant les dieux. Après tout, c’est la désespérassions qui t’as poussé à moi. » Kha’linas se releva, non sans lâcher du regard sa victime. « J’ai vu la peur lorsque tu as saisi ton arme. J’ai vu le doute qui arrêtait ton cœur. Laisse cette vie pitoyable derrière toi. » Oh, elle avait une bonne idée de quoi lui proposer pour obtenir ladite rédemption, mais avant la prêtresse voulait voir si elle avait réellement ce qu’il fallait…
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Azralith Zaurahel
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MessageSujet: Re: Et ta braise brillera pour l'éternité   Et ta braise brillera pour l'éternité I_icon_minitimeVen 18 Nov 2022 - 11:13


Elle avait l'impression d'étouffer. Des murs se refermaient tout autour de son corps, compressant la chair qui lui restait et rendant sa respiration particulièrement difficile. Elle pouvait sentir cette sensation incontrôlable qui montait lentement en elle, cette terreur qu'elle savait ne pas avoir la force d'arrêter. Sa respiration se coupa à plusieurs reprises, reprenant en flots saccadés, parfois étranglés, les sanglots ne montrant aucun signe de tarissement.

Comment pouvait-elle lutter contre ces parois étouffantes qui l'encerclaient ? Contre cette terrible sensation bien plus douloureuse que n'importe quel coup de lame ? Elle s'insinuait dans tout son corps, dans les tous les recoins de son esprit, assombrissant son âme qui vibrait de colère, d'incompréhension, de chagrin. Elle lâcha un râle qui ressemblait plus à un gémissement qu'à un hurlement, en proie à un flot d'émotions dans lequel elle se savait sur le point de se noyer.

Elle avait l'impression d'avoir perdu une fondation, une structure si solide et ancienne que jamais on ne pouvait la penser disparaître un jour. Il y avait pourtant désormais un vide béant en lieu et place de cette figure que la jeune drow avait connu d'aussi loin que ses souvenirs puissent remonter. Elle n'avait jamais connu la vie sans, elle n'avait jamais ne serait-ce qu'essayé de concevoir à quoi elle pouvait ressembler.

Elle était prostrée, blessée, tel un monstre au pelage épais et aux mâchoires recouvertes de sang, recroquevillé sur le sol froid, tremblant face à ce que sa rage avait fini par déchiqueter. Un choix qu'elle avait été la seule à faire, un destin qu'elle s'était forgée de ses propres mains, un caprice dans lequel elle s'était noyée, se gorgeant sans aucune retenue de cette sensation de libération, de cette ivresse délicieuse.

Son frère était mort. Et c'était désormais après tout ce temps, ces supplices, ces épreuves, alors que sa braise s'était éteinte qu'elle se rendait réellement compte de ce que cela signifiait.

Elle, la dame noire, la drow imposante, puissante, enragée, dangereuse, celle qui se plaisait à penser que la douleur physique était une arme, que rien ne pouvait freiner son élan, que rien au monde ne pouvait assombrir l'éclat de sa braise... La voilà qui était désormais dans un état de détresse mental qu'aucune torture au monde n'aurait réussi à accomplir. Ce fut en quittant cette terre que son frère avait finalement accompli sa volonté.

Il avait gagné.

« Il n'était pas digne. »

Pas digne ? N'avait-il pas réussi à vaincre son adversaire au moment de sa mort ? N'avait-il pas accompli l'ultime acte de dévotion que toute braise se devait d'effectuer avant de s'éteindre ?

Un doigt se posa sous son menton et releva son visage. Elle vit alors un masque de métal froid, pouvant presque apercevoir son reflet déformé à sa surface. Ce masque... Ce genre de masques. Elle ne les connaissait que trop bien. La voix de la prêtresse était à l'image de son apparence, glaciale, dénuée d'émotions. Des paroles qui auraient très bien pu être elles aussi aspirées par le néant si quelques mots n'étaient pas parvenu à retenir son attention. Peur ? Doute ?

Non...

Non. Ce n'était en aucun cas possible. Sa foi ne pouvait vaciller, sa colère face à l'adversité ne pouvait s'apaiser. L'éclat de sa braise jamais ne devait se ternir. Et pourtant... Qu'était-elle devenue ? Créature meurtrie et brisée face à un adversaire déjà vaincu ? Avait-elle réellement laissé le doute dicter ses actes ?

Elle repensa alors à plusieurs visages rencontrés lors de son exil, cette main ouverte qu'elle avait tendu face à elle, cet embryon de confiance qu'elle avait voulu si rapidement voir se forger. Et tout ça pour quoi ? Qu'y avait-elle gagné ? Les sourires n'avaient remplacé que temporairement le dédain avant qu'elle ne sente la morsure froide d'une dague dans son dos.

Combien de vaanis avaient abusé de son état de faiblesse pour leur profit ? Combien de fois s'était-elle fait trahir ? N'avaient ils donc pas eu la moindre considération pour son sort, pour son destin ?  Elle repensa au prêtre dans le désert, à cette taverne sans enseigne... Mais elle repensa surtout à un visage, celui d'une drow, celui qu'elle avait interprété telle une lumière dans les ténèbres.

A cette pensée, elle sentit quelque chose la remplir à nouveau, recouvrant ce gouffre béant et relâchant quelques étincelles bondissantes autour de sa braise qui menacer de s'enflammer à nouveau. Une ébullition brûlante et explosive, une colère sombre qui dévorait tout sur son passage. Les doigts crispés de sa main valide se refermèrent alors sur la poigne de la dague qui était toujours plantée dans son épaule. Elle la retira dans un filet sanguinolent avant que les deux rubis enflammés ne se posent sur le cadavre qui lui faisait face.

Elle planta violemment la dague dans son plastron avant de la retirer et de recommencer, encore et encore, ses mouvements gagnant en énergie, en puissance, le craquement de l'armure ne faisant qu'attiser cette colère malveillante, cette haine incommensurable qui l'envahissait et qu'elle dirigeait sur elle même, sur ses faiblesses.

Lorsque l'armure céda et dévoila le torse à nu de son frère il n'y eut pas la moindre hésitation, il n'y avait plus le temps pour ça, plus la place. Elle avait été jugé digne, elle avait reçu le don de Teiweon et elle ne laisserait plus la même chose se produire, plus jamais.

La lame se mit à creuser la chair, déchirant la peau et tout ce qui se trouvait en dessous, mais lorsqu'elle se planta dans un os, la dague fragilisée par les coups répétés sur l'armure en plaques se brisa. Azralith lança la poigne au sol et enfonça ses propres doigts dans la plaie, déchirant les muscles et les nerfs, brisant les os, se frayant un passage à travers cette chair encombrante pour finalement y arracher son objectif.

Le cœur de son frère se trouvait dans sa main et avec un grognement de douleur, elle se releva lentement avant de refermer ses mâchoires sur son trophée. Plusieurs dents lui manquaient et certaines fragilisées semblaient s'effriter à chaque morsure, enflammant l'ensemble des nerfs de sa mâchoire. Mais elle ne ralentissait pas, crachant ses propres morceaux de dents au sol avant de reprendre son carnage, avalant une par une chaque bouchée du cœur encore chaud jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.

La géante se dressa ainsi, ensanglantée, une partie de sa chevelure nouvellement ivoire désormais cramoisie, ses puissants muscles gonflés suite à l'effort, ses plaies purulentes mordant sa chair. Elle eut un léger haut-le-cœur, luttant contre cette nausée et contre sa propre conscience qui semblait vouloir s'échapper. Titubant un instant pour rester debout et prenant une large respiration saccadée, elle leva alors sa tête vers le ciel.

Et elle se mit à hurler.

Un hurlement de rage, empli de violence et de haine, un hurlement inhumain qui fit vibrer la pierre centenaire, qui mordit la chair et qui secoua l'âme de ses notes terrifiantes, percutantes et inaltérables.
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Kha'linas Do'ath
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MessageSujet: Re: Et ta braise brillera pour l'éternité   Et ta braise brillera pour l'éternité I_icon_minitimeMar 29 Nov 2022 - 13:48





Le spectacle qui se déroula devant ses yeux enchanta l’Obok Yatharil. Cette dernière pencha sa tête sur le côté observant la scène qui se déroulait devant elle. On aurait dit que ces paroles avaient touché juste, car la rage qui s’en suivit fut des plus délicieuses à regarder. La dague s’enfonça sans arrêt dans le corps au sol. Encore et encore elle laissa s’échapper un crissement contre le métal jusqu’à ce que cette dernière se brise. Puis la lame s’enfonça dans la chair, la déchirant, la brisant alors que le gargouillis du sang ne se fasse entendre. Les gouttelettes rougeâtre se mirent à voler devant tant de rage, devant tant de dédication. Un noble carnage, qui ne s’arrêta guère là. Elle extirpa finalement le cœur du cadavre, avant de se relever lentement. Kha’linas la fixa de son regard blanchâtre. Un regard défiant, fière, la poussant à se libérer. La poussant à faire l’imaginable.



Et elle le fit.



Elle en prit de grandes bouchées, le sang encore chaud sembla éclabousser son visage, virevoltant en laissant de longs rubans rougeâtres. « J’ai crié contre le silence. Faux esclave asservi dans une vie sans valeur. Propre ennemie de ta vie. Il est temps de récolter ce que cette imbécile sans valeur t’as laissé. Il se moquait de son cadeau. Réclame le tien. » Puis, des murmurements se firent entendre de sous le masque, avant que l’ilythiiri ne le ressente finalement. Ce qui sembla être un légèrement fourmillement au bout de ses doigts au départ, prit rapidement d’assaut le reste de son corps. La douleur se fit soudainement insoutenable, paralysante même. Pas un seul de ses membres ne serait à l’abri. Pas un seul de ses membres ne pourraient résister au terrible cadeau de Kiel Elamshinae.



Kha’linas était sa lumière contre les ténèbres. L’ennemi de toute vie, la destruction, son cri dans sa nuit. Elle devait goûter son cadeau, comprendre son cadeau. Renaître de la cruelle trahison que les nobles idéaux de l’Elda lui avait inculqué. Elle comprendrait… Et serait ampli de cette fureur.



« Hurle »



Un sourire carnassier sembla s’agrandir derrière l’impassible masque, ses prunelles semblant brûler d’une excitation palpable, alors qu’elle regardait sa victime se battre contre ce qu’elle lui imposait.


« Ressent sa douleur devient un avec elle. » Murmura-t-elle, comme si elle parlait à une amante. Les mires vides semblèrent s’agrandir de nouveau sous l’excitation, alors que ses mains déformées, brûlées, se crispèrent. La chaîne sembla se serrer autour du bras de sa maîtresse, semblant apprécier le spectacle qui se présentait devant elles.



Nourris-moi de plus de cris.
Elle veut plus de hurlements.
Plus de cris.
Et elle l’entendra.





« Hurle jusqu’à ce que tes poumons explosent. Hurle jusqu’à ce que tu puisses l’entendre murmurer à tes oreilles. »



Puis soudainement, l’Obok Yatharil arrêta ses supplices sur l’ilythirii alors que les voix se mirent à nouveau à gronder.


Ceux qui sont déséquilibrés mourront.
Ils mourront.
Va-t-elle mourir ?
En a-t-elle assez eu ?
Nous verrons bien assez vite.



L’Obok Yatharil eut l’impression que son corps entier se crispa alors qu’elle entendait sa maîtresse. Elle reconnut sa voix rocailleuse, presque feinte, comme si elle avait survécu à un hurlement incessant, comme si elle n’attendait qu’à reprendre sa clameur. Ceux qui sont déséquilibrés mourreront. Elle avait attiré son attention, mais c’était à sa victime de prouver si elle valait définitivement sa rédemption, de prouver sa valeur pour l’Ortae Dek’za.



« Tu sais ce que tu as à faire… » Sa voix éraillée se fit entendre par-delà le masque, alors que les mires vides de la favorite de Kiel retournaient sur le trou béant du cadavre près d’elle, lui rappelant de charmant souvenir. Ses griffes de métal se resserrèrent, s’enfoncèrent dans sa peau grisâtre, avant que cette dernière ne tourne finalement les talons. La foule assemblée se tassa, laissant un chemin pour l’avatar du visage hurlant. Des murmures de respect semblaient s’élever dans la place, alors que certains regards fuyants s’étaient plutôt portés vers celle qui venait de terminer son ordalie. Beaucoup avaient le souffle coupé, se demandant quel était la suite. Est-ce que l’ilythiiri choisirait la favorite ? Ou choisirait-elle de continuer son existence?
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Azralith Zaurahel
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MessageSujet: Re: Et ta braise brillera pour l'éternité   Et ta braise brillera pour l'éternité I_icon_minitimeMar 29 Nov 2022 - 17:00


Ce qui s'ensuivit fut tout bonnement indescriptible.

Un picotement, d'abord léger, se répandant le long de sa peau, s'enfonçant dans ses muscles, s'insinuant dans le moindre de ses nerfs comme autant d'étincelles prêtes à s'embraser. Elle pouvait sentir ces vibrations qui annonçaient la tempête à venir, sa propre chair qui s'apprêtait à la trahir. Elle ne pouvait s'emparer d'aucune arme, elle ne pouvait se positionner ou se concentrer d'aucune manière, absolument rien ne pourrait lui permettre d'encaisser ce qui allait suivre.

Car soudain, vint la douleur.

Ses muscles lâchèrent immédiatement, sa carcasse tombant au sol alors qu'elle perdait le contrôle sur son corps et sur l'intégralité de ses nerfs qui se mirent à hurler à l'unisson telle une chorale funèbre et démente annonçant sa fin proche. Il était impossible de décrire cette douleur, ce chant qui résonnait dans son crâne, ce supplice qui dépassait de loin tous les autres.

Elle ne s'entendait même pas hurler. Sa conscience aurait dû lâcher depuis longtemps, mais la nature magique de l’œuvre l'en empêchait, la forçant à en ressentir le moindre éclat. Elle aurait voulu s'arracher la peau et les muscles, retirer toute cette chair jusqu'au squelette pour en être ne serait ce que temporairement débarrassée. Si seulement ses muscles avaient pu lui répondre, si seulement elle avait pu déchirer cette chair traîtresse.

L'irrationnel manqua de pointer le bout de son nez, protégeant la conscience qui menaçait de sombrer à tout jamais dans les abysses de la folie. Mais elle se replia sur elle même, s’évaporant telle une volute fugace pour laisser place à quelque chose de bien plus primitif, quelque chose de sauvage, d'agressif, une gueule béante avide de violence et incapable de connaître la moindre satiété.

Puis la douleur s'estompa presque aussi soudainement qu'elle était arrivée. Ses muscles tétanisés et encore sous le choc tremblaient sur le sol froid, son corps entier pris de convulsions. Elle mit un certain temps à reprendre pied dans la réalité, sa conscience et son âme s'étant enfoncés si profondément dans son crâne pour se préserver.

« Tu sais ce que tu as à faire… »

Les bruits de pas s'éloignaient, la prêtresse masquée avait terminé son œuvre. La respiration rapide et saccadée, Azralith se redressa avec lenteur, réalisant qu'il n'avait s'agit en aucun cas d'un simple châtiment. Elle avait reçu la caresse du visage hurlant. Les signes ne trompaient pas depuis le début de l'ordalie, ils étaient ici.

Prostrée tel un animal, un grognement sourd s'échappa de sa gorge alors qu'elle fixait du regard celle qui avait été bénie des dieux, celle qui avait été choisie pour devenir l'instrument de leur volonté. Ses muscles se crispèrent, quelques filets de bave et de sang s'échappant de ses lèvres alors que sa voix gutturale s'éleva soudainement avec difficulté.

"Rinovdro zhah ussta orn, yibin zhah ussta siltrin..."
(Inébranlable est ma volonté, imparfaite est ma chair...)


Une violente quinte de toux coupa court sa phrase. La géante avait le dos courbé, quelques uns de ses doigts rampant et agrippant la poigne de la dague brisée.

"Rinovdro zhah ussta orn, yibin zhah ussta siltrin. Jiv'undus zhah ukt ak'uech, sweer zhah ukt tein'sar."
(Inébranlable est ma volonté, imparfaite est ma chair. La douleur est sa forge, l'excellence est sa poursuite.)


Ses pensées étaient erratiques, mais ces mots se formaient clairement dans son esprit, les paroles d'une légende drow, une litanie qui transcendait les âges et qui avait laissé une marque profonde dans l'esprit de la jeune Zaurahel. Chaque phrase était presque crachée alors qu'elle pouvait sentir quelque chose l'engloutir petit à petit.

"Wun eluith'orth, kampi'unin. Wun l'hak, olt xundus."
(Dans la foi, la compréhension. Dans le conflit, sa réalisation.)


Son visage déformé en une expression de haine, c'était comme si son corps se transformait en celui d'une créature immonde dégoulinante de sang et aux mâchoires acérées. Ses muscles gonflés faisaient apparaître ses veines à leur surface, son dos courbé dans un angle étrange tandis que ses ongles s'enfonçaient dans sa propre chair, ses tremblements n'apparaissant plus que par successions rapides.

"Pholor nindol tangi lu'wun nindol k'lar, ussta avuna orn tlu l'er'griff jabbress lu'ussta reiken orn tealc xuil folt ssussun nindel tangis'avariel orn naut tlu z'lonzic ulu gotfrer ol."
(En ce jour et en ce lieu, ma fureur sera seule maîtresse et ma braise brillera d'un tel éclat que même l'éternité ne suffira pas à l'oublier.)


Les derniers mots se noyèrent dans un rugissement alors que la créature se mit à bondir en avant, tenant fermement la dague brisée dans sa main gauche. Une masse de muscle et de chair sanguinolente animée d'une ferveur fanatique et désespérée. Une épée émergea de la foule et se dirigea vers elle, son regard brûlant se posa sur l'arme qui approchait, mais jamais elle ne ralentit.

Et la lame lui transperça le visage.

Pourtant, la fureur n'avait pas quitté la bête. Ouvrant grand les mâchoires, elle avait laissé l'arme lui transpercer les deux joues sans endommager l'intérieur de son crâne. Ses crocs se refermèrent sur la lame et elle enfonça la dague brisée dans les orbites du drow.

L'épée toujours logée dans sa chair, la créature reprit sa course effrénée. Ils étaient là, elle en était persuadée. Elle pouvait presque sentir leur présence, presque entendre cette puissante orgue à la mélodie implacable qui soulignait chacun des pas de son avancée.

Elle tendit la main vers la prêtresse masquée qui se retournait vers elle. Elle se trouvait si proche d'elle... Si proche d'eux. Une autre lame, sa main gauche vola dans une gerbe de sang avant de tomber au sol. Une inconvenance qui ne pouvait en aucun cas la ralentir, elle poussait sous ses épaules, elle broyait sous son dernier poing, elle avançait, qu'importe le prix à payer.

Une flèche se planta dans son abdomen et une lance transperça violemment sa cuisse, mettant subitement fin à ses mouvements. La volonté seule ne suffisant plus, la bête sentit la morsure du sol contre ses genoux et la chaleur presque réconfortante du sang qui léchait sa peau. A travers sa vision devenue floue, elle pouvait voir un drow qui s'apprêtait à lui trancher la tête. Il s'immobilisa, jetant un œil à la prêtresse masquée.

Elle aurait voulu parler, hurler, rire, mais plus rien ne répondait. Les ténèbres l'entouraient et engloutissaient tout ce qui n'était pas éclairé par sa braise dont l'éclat commençait à faiblir. Elle avait brûlé d'un éclat si intense... Elle aurait pu faire plus, tellement plus. Elle aurait pu en faire fondre jusqu'aux glaces éternelles des P'leiks.

Mais la bête, victime de sa propre fureur, de sa folie, était désormais vaincue. L'heure n'était plus à servir le Créateur mais à subir le jugement de la Voilée.

L'ultime tintement d'une cloche résonna dans le lointain.
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MessageSujet: Re: Et ta braise brillera pour l'éternité   Et ta braise brillera pour l'éternité I_icon_minitimeMar 13 Déc 2022 - 11:09

<]




Ses paroles semblèrent réveiller l’ilythiiri qui se leva finalement pour lui adresser la parole. Des mots rageurs pour une enfant. Des mots qui ne lui illumineraient guère le trajet qu’elle devait prendre. Aucunement impressionnée, l’Obok Yatharil ne se retourna même pas vers celle qui lui adressait la parole, ce ne fut qu’une fois qu’elle entendit le cri qu’elle se retourna, assistant au grotesque spectacle qui se dévoila devant elle. Aucune émotion, qu’un masque impassible alors que les yeux blancs, se posèrent sur la créature inerte sur le sol, alors qu’un claquement de langue vint briser le silence de la foule.


Quel gâchis…
Gâchis...
Es-ce réellement une perte ?
C’était au moins un spectacle amusant.
Très amusant.

Je veux le revoir. Je veux réentendre le hurlement.



Le regard blasé sur sa victime, l’Obok Yatharil pencha la tête sur le côté, avant de se mettre à murmurer. La main détruite, brûlée par les traitements qu’elle s’était faits se crispa avant de pointer le corps de l’ilythiiri de son doigt déformé.


« Dro »
Vis.


L’ilythiiri reprit soudainement une goulée d’air, avant de se laisser glisser sur le côté. Elle émit quelques râles avant de tousser, alors que la foule regardait curieusement cette dernière. Si certaines blessures avaient été guéries… Celle qui ne mettait pas sa vie en danger n’avait pas été totalement fermée. Ainsi donc l’ilythiiri porterais à jamais la marque de l’épée qui lui avait zébré le visage, alors que le sang coulait toujours sur sa peau. Sa main ne serait jamais plus… Tandis qu’elle s’habillerait de la dernière marque qu’avait laissé la flèche. Kha’linas se redressa, observant son travail à travers le masque noire avant que sa voix ne s’élève des profondeurs ;


« lueth usstan phord lil' statha de' ussta elghinn
wun ilta sssiks solen, phord ussta ehmtu
ssinssrigg lueth jiv'undus gaer
wun lil' thir'ku suur il held doeb.
gaer zhah ssuu'hha p'luin ssuu'hha,
lil' mumbaro de' dosst khel dal klew'ar
ulu klew'ar, p'los lueth rin'ov wun draeval
hwuen lil' tangi dos el, lueth tu'jol.

gaer zhah nindel zhaunil nindel roesor
lanne mzil jindurnen, lueth nindel fol de' nindolen
shlu'ta tlu zotreth wund rothe
xor nelgeth, rena byrren h'ros.

lueth ka dos ragar thry whol numl'esstu wun nindol,
dos phuul lle'warin lil' mon'tu:
vel'drav jiv'undus jihard olt qwe wund dos,
nindol zhah naut ussta elghinn d'sreft, xor ussta cha'kohk;

ol zhah ussta screa ulu dos, lotha uss,
nindel lil' kor'inth qu'madosfan uriu nau yorn
lueth lil' knif de' ssinssrigg uriu nau ssussun
xuileb nindel ula suul de' oloth. »


Il y a cette connaissance que le chagrin
porte de nombreux visages, et que certains de ces
peut se guérir dans la soumission
ou l'oubli, tandis que d'autres ne le peuvent pas.

Et si vous trouvez une cause de désespoir là-dedans,
vous manquez le point:
quand la douleur met son aiguille en toi,
ce n'est pas mon coup de grâce ou ma malédiction;

c'est ma leçon pour toi,
que l'océan déchaîné n'a aucun pouvoir
Et la lueur d’espoir n'a pas de miroitement
sans ce beau bord des ténèbres.

N'aie pas peur de souffrir, m'a-t-elle dit,
car ma bénédiction pour toi est la survie.
La pointe de son épée sur ma poitrine,
car il vaut mieux se précipiter sur cette lame maintenant
que de s'éloigner de la vie, de peur.



Récita-t-elle, connaissant sa prière par cœur, s’en servant pour la diriger dans l’obscurité, pour se rappeler de qui elle était, mais aussi de son but. La douleur n’était pas une épreuve, la douleur n’était pas mal. Elle était une vieille amie qui nous modelait, nous poussait à aller plus loin, à se dépasser pour l’Elda. La chaîne sembla soudainement se réveiller alors que l’Obok Yatharil l’interpella, relâchant son emprise sur le bras de sa maîtresse avant de s’agripper au coup de la drow, la faisant mettre à genoux devant sa dirigeante.


« Dos zhahen rosin ulu elgg dosst veldruk.
orior whol dosst xuz. Orior whol dosst seke ul-Ilindith.
lil' dalhar zhah alus. Lil' elggur orn zexen'uma »

Tu es née pour tuer ton maître.
Prépare ta fin. Prépare pour ta réelle destinée.
L’enfant est parti. La tueuse va rester.



La chaîne se resserra, alors que la tête de l’Obok Yatharil se pencha sur le côté, fixant l’ilythiiri.


« Kl'ae lil' barra bauth dos.
kl'ae ol zil natha ky'ostal »

Utilise les ombres autour de toi.
Utilise-les comme une armure.



Sans attendre, la chaîne libéra sa victime, retournant sur le bras mutilée de sa maîtresse, alors que cette dernière tournait les talons pour laisser l’ilythiiri à son sort. Puis semblant se rappeler de quelque chose, elle s’arrêta net avant de reprendre la parole ;


« Nin, usstan ehmtu lil' barra lueth dorn unleashed nind pholor nindol wretched k'lar.
satiir duul'sso ulu valm uns'aa. Xor el wun ussta colbauth »

Maintenant les ombres m’appartiennent, et je les libérerais sur ce pathétique monde.
Libre à toi de me rejoindre. Sinon, meurt sur mon chemin.



Une réplique bien claire en soit. Qu’elle ne relève plus jamais la main sur la Kiel Elamshinae, sinon elle mourra…
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MessageSujet: Re: Et ta braise brillera pour l'éternité   Et ta braise brillera pour l'éternité I_icon_minitimeVen 16 Déc 2022 - 11:41



Bientôt, les flammes perdraient en intensité et finiraient par s'éteindre, ne laissant derrières elles que les cendres pour seules maîtresses de ce monde condamné à une fin sans éclat. Je ne voyais déjà plus la moindre lumière, juste une nuit éternelle aux ténèbres implacables.

J'attendais ainsi, impuissante, j'attendais la fin de toute chose... Sans but, sans objectif et ironiquement au final, sans la moindre émotion. Pas de frisson, pas de colère ou de peur, juste un vide béant et assourdissant. Et au bord de cette abysse, je me rendais compte que je ne me rappelais même plus de mon propre nom.

Je me rappelais d'une chose cependant. La seule chose qui me nourrissait, qui me dévorait lentement de l'intérieur.

La Haine.

Cette haine qui m'accompagnait depuis si longtemps, palpitant sous ma peau et réclamant à être libérée, relâchée, à prendre le contrôle. J'étais née dans la souffrance et j'avais survécu pour trouver une raison à cette douleur, une explication, un but. A travers le divin, il m'avait été dévoilé. Mon destin, ce qui me donnait cette force de vivre, j'étais née pour tuer, pour prendre la vie de ceux qui s'opposaient à mon ascension.

J'avais pourtant toujours refusée de me livrer toute entière à cette haine, de la laisser décider de mes actes et de mon jugement. Et plus je la repoussais, plus elle hurlait avec violence, cherchant libération. Elle vibrait en moi, me faisant miroiter ces ambitions, ces envies destructrices. Une soif de puissance intarissable, ce désir profond et irrépressible d'atteindre une telle force, une telle dangerosité que seule la crainte pourrait se lire dans les regards autour de moi. Elle souhaitait que je devienne l'incarnation physique du Créateur, de sa rage destructrice, de sa puissance sauvage et primitive, que j'arrache les braises encore chaudes de tous ces corps brisés, que j'éradique en moi toute trace de lumière, pour toujours.

Mais si tout allait finir par disparaître, qu'est ce qui pourrait rester de moi ? Peut être seulement un écho faible et vacillant de ma douleur. Et jusqu'à cet instant, tout ce que j'avais entrepris s'était soldé par le sang et la souffrance. Ce dernier combat, ce dernier éclat avait été épuisant, mon corps était devenu lourd, les épines de l'incertitude broyant ma braise comme si elle s'était trouvée en cage.

En tout cas jusqu'à cet instant.

Elle était là, cette étincelle parmi la cendre.

Ma voie ensanglantée m'avais finalement menée jusqu'ici, face à cette créature masquée. Elle était pâle, petite, frêle, fragile. J'aurais pu briser son corps sans le moindre effort. Mais ma violence ne parvenait pas à l'atteindre, à la toucher.

Elle était l'avatar du Visage Hurlant. En elle, je pouvais sentir la même douleur qui se reflétait en moi.

Elle était magnifique.

Ce fut à cet instant que je réalisai l'étendue de mon ignorance, tout ce potentiel restreint qui ne cherchait pourtant qu'à s'exprimer et qui se sentit pour la première fois réellement libérée alors que je posais les yeux sur cette merveilleuse créature, mon absolution, ma rédemption, mon salut.

J'avais désormais une nouvelle raison de vivre, une nouvelle raison de mourir. Qu'importe l'honneur, qu'importe les insécurités, je teindrais en rouge mes armes et mon corps autant de fois qu'il s'avérerait nécessaire, je plongerais dans cette douleur jusqu'à m'y noyer, je l'embrasserai de toute ma braise, pour elle.

Mais déjà elle se détournait, reprenant sa marche, alors je tendis vers elle le moignon qui me servait désormais de bras gauche. La douleur étreignait toujours mon corps brisé au bord de l'inconscience. Mais je ne pouvais pas la laisser me ralentir, surtout pas maintenant.

Ramassant cette main, ce morceau de chair à mes pieds qui n'avait pas été jugé digne de la servir, je me relevais encore une fois, engloutie dans cet océan de ronces et d'épines douloureuses qui transperçaient ma peau jusqu'à l'os. Mes pas bien qu'hésitants et encore faibles, se mirent à suivre d'eux mêmes ceux de la Kiel Elamshinae.

Celle qui m'avais faite entière à nouveau.

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