Première ennéade de Karfias, An 20 du Cycle XI, Rives de l’Oliya, orée de la forêt d’Aduram.
Les racines se retirèrent de son corps, arrachant au soldat un autre hurlement de douleur, qui finit par s’étouffer en gémissements abattus. Des mains attrapèrent ses épaules, les bras de ses compagnons le soulevèrent du sol pour le remettre debout. Árólindë tenta quelques pas timides avant que ses jambes ne se dérobent. Entourant des bras les épaules de ses frères d’armes, il se laissa soutenir en claudiquant avec tout l’empressement, motivé par l’urgence de s’éloigner du danger qui finirait par se manifester à nouveau, que lui permettaient ses blessures. Un Aigle ramassa l’épée de son lieutenant dans la bourbe et la glissa, lame à nue, à la ceinture de sa propre cuirasse.
Rebroussant le chemin vers le fleuve, Ils émergèrent peu à peu de la forêt sans que nul prédateur, à la gueule l’écume inspirée par la rage d’Aduram à leur égard, n’entrave leur progression. Le groupe resté en arrière, sur la défensive, soignait ses quelques plaies et contusions. Les apercevant, ils firent le compte des Taledhels qui leur revenait et parurent rassurées lorsqu’ils constatèrent qu’aucun n’avait succombé lors de leur poursuite.
« – Lelyahir, fais un rapport au Mainyth. Il devra décider de la suite. »
La concernée dessangla le bouclier dans le dos d’Árólindë et l’aida à s’allonger dernière les lignes de défense du l’expédition et s’en fut vers le commandant. Le Televin accouru et s’agenouilla devant le guerrier, qui lui agrippa le bras.
« – Occupe-toi de Thoron, il aura plus besoin de tes soins. »
Sur la joue du mage-guerrier, le nez humide d’Ëaonira déposa une marque d’affection, teintée d’angoisse. S’abandonnant momentanément à la caresse de la jument Mathandil et face à la douleur qui pulsait faiblement de ses cuisses à son abdomen, Árólindë ferma les yeux et formula une prière à La Mère.
Son propre sort lui importait peu, si son compagnon d’arme vivait.
Frénétiquement, ses doigts dégagèrent de ses vêtements la fiole de liquide cristallin au gémissement bleuâtre et la serrèrent avec fébrilité. Sa prière se mua en dialogue fiévreux à l’attention d’Histraxë, qu’il savait pourtant hors d’atteinte de la moindre supplique.
Des mains s’agitèrent sur les sangles de son armures et les défirent une-à-une.
« – Thoron, comment va-t-il ? »
Il avait perdu bien trop de frères. Pouvait-il supporter le départ d’un autre dans la Tourmente ?
Le bruit du tissu que l’on déchire le poussa à se relever sur ses avant-bras. Il ignora la douleur lancinante dans ses membres et attrapa la manche de l’Aigle qui s’attachait à défaire sa cuirasse.
« – Thoron. Son état. – Il ne s’est pas réveillé. Le Televin dit qu’il a de l’espoir. Je dois inspecter tes blessures maintenant, Árólindë. »
Le lieutenant fut fermement repoussé sur le sol. La soldate palpa là où les racines s’étaient enfoncées, sans faire d’observations. Portant ses doigts maculés du sang de son supérieur à la hauteur de son visage, elle les pinça et les fit glisser l’un contre l’autre comme pour éprouver la qualité d’un textile.
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Lun 5 Déc 2022 - 21:02
En alerte, les soldats restés en arrières peinaient à se retenir de s’élancer au secours de leurs camarades. Leur rôle était essentiel à la survie du groupe, mais oh combien cela était frustrant de savoir leurs frères aux prises avec un danger inconnu sans devoir rien y faire. Parfois, un bruit manquait de faire réagir l’un d’entre eux. Un cri au loin faisait se crisper les poings sur les armes et serrer les dents.
Mais au bout de longues, bien trop longues minutes, les cris et le mouvement se firent plus proches, et plusieurs ne purent plus s’empêcher de bondir sur leur pieds, armes parées.
Ce ne fut seulement que lorsque les familières silhouettes leurs apparurent entre les branchages qu’ils acceptèrent de relâcher un peu la pression et abaisser leurs lames. Tous étaient en vie, certes mais ils ne furent pas dupes bien longtemps. Deux étaient blessés et le danger avait déjà bien assez prouvé être capable de profiter du moindre instant de faiblesse pour d'autant plus tendre l'atmosphère.
-Montez la garde. le mainyth s'adressa aux deux de ses compagnons les moins harassés après le rapport de l’aigle. Que personne ne s’éloigne seul. S’il faut utiliser la force faite le.
-On reste ici commandant ?
-Le temps de pouvoir aviser en fonction de l’état de nos camarades, il faudra bien oui.
Ensuite, il vint s’enquérir des blessés. L’un était inconscient, l’autre n’avait pas l’air bien loin de le rejoindre. Les oreilles plaquées en arrière trahissant sa contrariété le lancier s’approcha du Televin et de son patient, s’agenouillant doucement à leur niveau.
Avant même d’échanger de quelconques paroles, leur regard se croisèrent. Le médecin secoua la tête, répondant en silence à l’interrogation du Mainyth avant même qu’il ne la prononce.
-Je peut ralentir les effets quelques temps...Détruire certaines racines...Mais l'idéal resterait de le rapatrier dans une cité.
Seulement, cela n'était pas possible. Pas sans stopper l'expédition dans son entièreté...
-Fait de ton mieux. Aegden posa une main amicale sur l'épaule du televin et se releva.
Mais avant même de pouvoir se plonger dans une réflexion quant à la marche à suivre, une silhouette passa dans son champ de vision.
-Inglor ? Je devrais vous laisser vous reposer mais j’ai besoin d’être certain que ce qui vous a attaqué n’est plus autour de nous. Vous ne percevez plus de magie ?
Dernière édition par Aegden Orian le Lun 5 Déc 2022 - 22:13, édité 1 fois
Xal'Zhaun
Drow
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Lun 5 Déc 2022 - 22:12
Ceux restés en Anaëh craignent plus la mort que de raison. Tu ne comprends pas leur langue. Et même si tu l’avais comprise, la sensibilité de tes lointains cousins te force à trop garder tes distances pour que les mots aient le moindre sens. Les tremblements dans leurs voix cependant, ces timbres devenant soudainement rauques… là était un langage qui, s’il n’était pas universel, était au moins encore partagé entre les deux branches de votre grande famille. À quel point prendraient-ils peur ? Quels risquent seraient-ils prêts à prendre ? Le mage mourrait-il ? Et s’il devait mourir, que signifierait sa mort à leurs yeux ? Tant de questions. Trop de questions. Plus le temps passait, et plus tes pensées les multipliaient. Les elfes d’Anaëh… ou du moins ces elfes d’Anaëh en particulier te passionnaient de part leur simple existence. N’étaient-ils pas après tout les plus à-même de t’enseigner – de par leur manière d’être – ce que tu ignorais de la Créatrice dont ils ont refusé de quitter l’égide ?
Tu entends. Tu perçois l’écho de leur présence à travers la Sylve. Mais tu ne vois pas. Tu ne peux malheureusement pas te permettre d’observer d’aussi près que tu le veux. Parce qu’ils sont trop nombreux. Tu n’as pas su en vaincre la moitié quand la forêt avait pris ton parti. Pas possible de prendre le risque d’être repéré par tous. Tout à l’heure tu avais pu fuir. Mais maintenant qu’ils étaient réunis… Le soleil finirait bien par baisser. L’obscurité par remplacer le jour. Là… là tu pourrais véritablement satisfaire ta curiosité.
Inglor Helyanwë
Elfe
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Dim 11 Déc 2022 - 19:40
Encombré d'un lourd fardeau, Inglor luttait pour ne pas ployer genou alors que ses épaules lui intimaient de les soulager de ce qui les pesait. Mais il resserra résoluement sa prise sur le soldat inconscient à mesure que le bataillon s'approchait de la sortie, de laquelle attendait le gros de l'expédition resté en retrait. Plusieurs soldats vinrent auprès du Berceur pour l'aider à porter Thoron pour ces derniers mètres, qu'ils déposèrent sur le sol non loin d'Árólindë. Soulagé de ce poids, Inglor roula des épaules et se frotta le visage, s'éloignant de quelques pas pour laisser le Televin faire son office, auquel le Lassörn demanda de se préoccuper de Thoron qui, lui, avait perdu connaissance depuis un long moment maintenant.
Le Berceur demeura auprès des autres Aigles et des blessés, recouvrant peu à peu ses forces et son souffle. Ils furent bientôt rejoints par le reste de l'expédition, dont le Mainyth qui vint s'enquérir de l'état des blessés, qui ne s'avérait pas aussi encourageant qu'espéré. Thoron était toujours inconscient, tandis qu'Árólindë était marqué par l'ébène vivant qu'ils avaient affronté, donc condamné si un magicien vitaliste n'intervenait pas rapidement. Voila qui compliquait déjà cette expédition, alors qu'elle ne faisait que débuter. Devaient-ils poursuivre ou y mettre un terme ? Cela pouvait dépendre des “quelques temps” que le Televin pouvait accorder au Lassörn avant que les marques du Faën Ornë ne lui ôtent la vie. Pouvait-elle seulement réussir sans sacrifice ?
« Pour l'instant, plus rien ne se passe. » répondit simplement Inglor au Mainyth venu l'interroger. « Mais je resterai en alerte, comme nous devons tous l'être. » Le Berceur eut un regard pour les blessés ainsi que le médecin de guerre. « Quoi qu'il en soit, il faudra rapidement décider de la suite des évènements. Il n'est pas prudent de rester au même endroit trop longtemps. »
Aegden Orian
Ancien
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Lun 19 Déc 2022 - 14:13
-Merci Inglor.
Comme il l'avait fait pour le médecin, Aegden posa sa main sur l’épaule du berceur, hochant la tête en signe d'une réelle reconnaissance face à ses efforts. Il était bon de savoir ses compagnons dans de telles disposition lorsque tout menaçait de s’effondrer d'un simple souffle. Il était bon d'avoir des frères, dans de tel moment d'obscurité et le mainyth ne pouvait que saluer le courage et la détermination de ceux qu'il pouvait appeler ainsi.
-Je te rejoint, rester ici n’est pas prudent. Continua-t-il en recroisant les bras contre son torse. Mais en l’état je doute que nous ayons grandement le choix. Imitant celui de son interlocuteur, à son tour son regard s’égara une seconde vers les deux blessés. Nous devons au moins attendre qu’Ilmwë ait terminé ses premiers soins. Pour la suite…
Le mainyth marqua un silence, levant les yeux vers la canopée. La décision qu’il prendrait, peu importe celle qu’elle serait, serait lourde de conséquences. Une partie de son souffle, la moins rationnelle sans doute, lui hurlait de faire demi-tour et d’arrêter là la catastrophe. Mais arrêter là, c’était renoncer à comprendre la menace. C’était renoncer à y mettre potentiellement un terme. Combien de vie couterait l’une ou l’autre de ses décisions ? Combien de vies était-il prêt à mettre en jeu? La sienne? Sans aucune hésitation. Celle de ses frères...?
-Attendez-vous à ce qu’on continue notre route une fois nos camarades en état de le faire. Finit-il enfin par lâcher après un lourd silence. Gardez un peu de vos forces parce qu'il est évident que rien n'est terminé.
C’était le risque, c’était toujours le risque de telles missions, ici ou ailleurs. Il faudrait prier la Mère une fois de plus dans ces terres maudites. Qu’elle leur donne le courage et le force de protéger ce qui leur était cher, même si cela devait leur coûter la vie.
Inglor Helyanwë
Elfe
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Ven 6 Jan 2023 - 22:36
L'expédition s'empêtrait déjà dans le premier obstacle qu'elle avait eu à affronter. Nul doute que les suivants se seraient avérés plus âpres encore. Plus ils s'engouffreraient au cœur des bois, plus ils s'exposeraient aux plus sombres des secrets oubliés de l'Aduram, mais également à son influence néfaste sur les fils de la Symphonie. Poursuivre cette quête constituait un véritable danger pour la vie et le Souffle de ces soldats. Y renoncer menaçait Anaëh tout entière.
« Je n'aurais certainement pas dit mieux. » acquiesça résolument Inglor. « Cela ne fait même que commencer. » surenchérit-il non sans une pointe d'amertume dans sa voix pourtant si souvent inébranlable.
Aduram tenait désormais les elfes pour avertis de ce qui les attendaient par delà les ténèbres de cette forêt maudite. La folie les guettera autant que les créatures qui s'y sont d'ores et déjà abandonnées, tout comme les morts et autres pièges tendues par les nécromanciens qui hantaient ces lieux. Dès lors, il leur était difficile de ne pas montrer leur inquiétude ou leurs craintes, plus encore devant le sort funeste qu'auraient pu connaître Árólindë et Thoron.
« Je vais faire passer le mot… et me préparer, au passage. » fit le Berceur, jetant un dernier regard vers les blessés avant de tourner les talons.
Árólindë Yuitë
Ancien
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Jeu 19 Jan 2023 - 23:04
La robe d’Eäroníra étaient maculées de la boue que ses sabots projetaient à chaque fois qu’ils frappaient le sol détrempé. Comme la Mathandil, qui fermait la marche, les montures affrontaient les conditions avec une bravoure encouragée par leur cavalier, qui mettaient régulièrement pied à terre pour les ménager. Árólindë, évoluant à la gauche de la jument, avait les mains crispées sur les sangles de son bouclier et les yeux dansant dans un affût permanent en direction du cœur de la forêt.
Avec leur bifurcation à la défluence de l’Oliya, la forêt les cernait de tous côtés. L’avantage stratégique du fleuve et l’appui rassurant de l’Œuvre leur avait été retiré dès lors qu’ils s’étaient engagés vers le Sud. Dorénavant, le danger venait de tous les côtés, et n’avait pas manqué de se manifester. Les attaques de la faune étaient un lot quotidien, auxquelles s’ajoutait le harcèlement du Sorcier-Nécromant. La pression de la Dissonance était permanente.
Les soins d’Ilmwë lui avaient permis de reprendre le voyage. Mais les radicules du Faën Ornë s’étaient ancrées en lui. En de multiples endroits, sa peau était entaillées de cicatrices fraiches issues des tentatives – parfois réussies – du Televin pour les lui retirer. Mais quelques-unes avait été impossible à traiter sans mettre la vie du soldat en danger. Les racines du Tréant étaient en lui, assoupies par la magie du médecin mais néanmoins vivantes, parasites se nourrissant de sa lymphe pour grossir. Il sentait chaque jour les raideurs s’étendre sous sa peau et le cristal gagner la bataille sur ses chairs.
A la faveur d’un amincissement du cours de la rivière, ils l’avaient traversée et avaient pénétré plus avant dans le territoire de Porte-la-Peste, dont ils constataient de plus en plus l’influence. Le danger semblait hurlé par toute chose. Avec une douloureuse acuité, le Cri d’Aduram se faisait ressentir même des plus Sourd au Chant de l’Œuvre. La lutte que tous menaient plongeait la cohorte dans le silence, uniquement chahuté par les informations laconiques lancées sporadiquement faisant état des périls à venir.
Cela ne rendit que le hurlement de l’Aigle en avant de colonne plus perçant lorsqu’un crâne exhibant quatre cornes et une crinière brune percuta sa monture, désarçonnant le soldat.
Aegden Orian
Ancien
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Lun 23 Jan 2023 - 22:42
Et s’il avait fait le mauvais choix ? S’il avait mieux fallu reculer ? Si c’était ça que l’Aduram voulait ? Si elle avait raison tout au fond ? S’il fallait l’accepter pour avancer ?
Les mains crispées dans les crins noir et blanc de son mathandil, le mainyth s’était fait aussi silencieux que ses camarades, suivant la marche douloureusement monotone. Lui aussi était plongé dans ses propres pensées...Propre ou presque. La symphonie criait sa douleur, et sa haine et il faisait tout pour ne pas y répondre. Plus le temps passait, plus elle semblait devenir leur normalité. Et moins elle dérangeait, plus elle en devenait terrifiante.
Mais alors qu’il se surprenait à nouveau s’interroger avec amertume quand à ce qu’avait pu ressembler ce sinistre chemin, autrefois, lorsque le sang n'avais pas encore coulé, un cris cette fois elfe, retentit en avant du convoi. Sans réfléchir, à peine l'appel retentit-il, le lancier bondit en avant au secours de son camarade, sa lance tournoyant dans sa main.
Il ne fallait pas que ça recommence. Pas encore.
-Tel’sorn ! lança-t-il tandis qu’une lame d’air glacé allait s’abattre avec rage sur la créature venue de nulle part pour tenter de les emporter encore dans la Tourmente.
Inglor Helyanwë
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Ven 27 Jan 2023 - 20:23
Engouffrés désormais au cœur de la forêt, la cohorte elfe perdait son seul repère fiable, l'Oliya qui protégeait ses arrières. Faillibles de toute part, les elfes devaient redoubler de vigilance alors que l'influence se faisait toujours plus forte. Pire encore, le temps leur était compté, du moins l'était-il pour ceux dont des soins étaient nécessaires. Cependant, presser l'allure les précipiterait certainement au devant d'un piège qui pourrait sonner le glas de leur quête.
Au cœur de la formation, Inglor guettait la moindre distorsion dans la Trame, le moindre son, le moindre signe annonçant une nouvelle attaque du nécromant. Les luttes intérieures des elfes contre le chant maudit l'ancien Linoïn, tout comme la vigilance dont chacun devait faire preuve pour déjouer toute embuscade, les rendaient silencieux. Si dans les forêts où la Symphonie régnait, cela ne serait pas nécessairement désagréable tant la nature œuvrait paisiblement, en Aduram, l'atmosphère n'en était que plus malfaisante et oppressante. Si oppressante que le cri déchirant de l'Aigle, à l'avant de la cohorte, pouvait fendre les arbres.
Attaqué soudainement par une créature, son cheval fut renversé et lui-même désarconné, rendant les autres montures tout aussi nerveuses que leurs cavaliers, surpris par la soudaineté de l'attaque. Ces derniers réagirent néanmoins rapidement : les guerriers s'avancèrent, couverts par les quelques magiciens et les archers. En retrait, les Berceurs et d'autres soldats surveillaient les arbres alentours, prêt à intercepter tout nouvel assaut embusqué, qu'il soit d'origine magique ou non.
Árólindë Yuitë
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Ven 3 Fév 2023 - 18:26
Le corps décharné, le Menlelth se redressa, exposant son torse au cuir lacéré. Sa mâchoire béante s’ouvrit et laissa échapper un rugissement pénétrant. Les flèches taledhelles, profitant de l’ouverture sur le poitrail de l’animal, volèrent et atteignirent leur cible en deux endroits, faisant redoubler le cri de la créature. Invoquée du bout de la lance du Mainyth une lame d’air fendit les chairs putréfiées du primate sans faire couler de sang.
Árólindë attrapa son bouclier dans son dos et le fit glisser sur son avant-bras. D’une pression asymétrique des genoux, il fit faire un pas de côté à Eäroníra et la talonna pour remonter la colonne de cavaliers qui s’organisait autour des archers et des Berceurs pour faire face à la bête et aux menaces potentielles qui leur viendraient de dos. Son épée tirée au clair, il en embrasa le fer. Sans peur, la jument Mathandil s’élança à l’injonction silencieuse de son partenaire. La charge, entravée par le terrain inégal et boueux, n’était qu’un trot laborieux qui amena l’Aigle et sa monture à portée du Myynark. Celui-ci battit l’air de ses membres griffus, qu’Eäroníra évita d’une cabrade habile. Le lieutenant riposta d’un coup de taille qui vint marquer le torse de l’animal d’une morsure ardente.
Une nouvelle agression de l’hast du Commandant frappa la bête lorsqu’Árólindë faisait reculer sa monture. Le Menlelth recula en titubant, perdant son équilibre bipédique. Le hurlement qu’il leur opposa, déchirant, se fit de plus en plus aigu. Tout en rugissant, la créature parut disparaître, son corps rapetissant jusqu’à faire la taille d’un sabot équin. Sa crinière fondit en une couronne de squames noires, poils et cornes se résorbèrent et se changèrent en une peau hérissée d’écailles brunes. Sa métamorphose achevée, le serpent louvoya entre les jambes des chevaux, que la panique avait gagné, et mordit l’un d’eux au mollet. Un cavalier wyslenan fut envoyé au sol.
Une main dans les sangles de son bouclier et la seconde tenant son arme, rassurer la jument n’était pas aisé. Les quelques mots à son attention, criés dans la mêlée, semblèrent néanmoins lui suffire pour reprendre contenance.
La terre ondula dans l’espace que s’était ménagé le reptile en s’agitant entre les montures, dressé dans les pieds desquelles il s’escrimait à planter ses crocs venimeux. La bourbe se souleva et tenta d’avaler le serpent, mais il sinuait entre les assauts élémentaires du mage-soldat. Brusquement, la créature s’arrêta, et son corps se mit à gonfler, formant un crâne aux poils gris et exhibant trois paires d’yeux.
Dernière édition par Árólindë Yuitë le Lun 3 Avr 2023 - 17:26, édité 1 fois
Aegden Orian
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Mer 15 Fév 2023 - 22:42
Alors que la bête profitait du chaos qu’elle provoquait, comme se délectant de chaque expressions de panique comme le meilleur des mets, un vent glacé vint à nouveau frapper l’immonde animal, forçant son attention sur le Mainyth et l’Aigle à ses cotés plutôt que les montures paniquées.
Ultime frustration dans cette quête devenue insensée, nulle goutte de sang ne coulait pourtant de la chair arrachée. Un autre coup d'hast, guidée par la colère qui vrombissait comme une nué d’insecte dans leurs oreilles. Une flèche vint s’abattre dans l’une des immenses pattes que la créature brisa comme s’il n’eut s’agit que d’une brindille d’une simple inflexion de ses doigts griffus. Une autre épée cingla la chair meurtrie sans plus de résultat.
En représailles à ces assauts qui ne faisaient que bien peu de dégâts, l’énorme fendoir grisâtre déchira l’air sordide en un hurlement strident et abattit toute sa hargne, auquel l’égide mordoré de l’Aigle s’opposa aussitôt. De son côté, le lancier s’esquiva souplement du duel qui s’engageait pour mieux harceler le flanc laissé sans défense de leur ennemi mais déjà…
-Berceurs il faut l’empêcher de changer !
Inglor Helyanwë
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Lun 27 Mar 2023 - 19:21
Sa main posée sur la tête de sa jument, Inglor lui intimait de s'avancer, tout en lui prodiguant calme et sérénité. Tirant son épée au clair, le Berceur suivit les soldats et s'avança vers la bête sauvage agressive et lui asséna un puissant coup de taille succédée par un coup d'estoc. Il s'éloigna rapidement lorsque la bête exécuta un immense balayage griffu afin de se dégager de l'espace face aux nombreux combattants elfes. Mais, exposé aux incessant tirs de flèches, et bien trop lent face à la vélocité des chevaux et de leurs dompteurs, le Myynark ne parvint pas à se défaire de leurs assauts répétés, auxquels s'ajoutaient cette arme redoutable qu'était la magie. Ses hurlements féroces n'y changèrent rien : elle ne put que s'incliner et trépasser.
Du moins était-ce ce que les elfes espéraient, ou même ce qui aurait simplement dû arriver dans leur esprit. Mais, au lieu de s'effondrer dans son propre sang, qui n'avait d'ailleurs jamais coulé, la créature semblait se dématérialiser, telle une illusion ou une invocation à laquelle le mage aurait choisi de mettre fin. Cependant, au lieu de tout bonnement disparaître, la créature muta, l'imposant Myynark devenant un agile serpent se faufilant aisément entre les pattes des chevaux paniqués face à cette discrète, mais non moins dangereuse menace. Les cavaliers tentèrent de l'atteindre du bout de leur lance sans plus de succès que les chevaux qui désiraient l'écraser sous leurs sabots avant d'être mordu et empoisonné. Seule la magie élémentaire d'Árólindë parvint à le forcer à changer de tactique, sans quoi il aurait été littéralement enterré.
Le serpent s'échappa des sortilèges de l'Aigle et, de la même manière que précédemment, entama une nouvelle métamorphose en une nouvelle créature. Inglor ne se laissa pas duper une seconde fois, et sans attendre de savoir la forme qu'elle voulut prendre, se concentra sur sa cible et conjura le sort avant que la transformation ne s'achève. Nul doute que le magicien à l'origine de ces sortilèges avait encore quelques mauvais tours à jouer aux expéditionnaires elfes.
Árólindë Yuitë
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Mer 5 Avr 2023 - 21:01
Les écailles du serpent se rebroussaient en poils ternes, sans tout recouvrir des lambeaux de chair croupie que la vie avait délaissé depuis longtemps. Corrompue par la mégie du nécromant, la créature frappait indistinctement dans la masse de corps et de métal qui s’opposait à elle, éraflant de ses griffes le bouclier d’Árólindë puis les plantant dans la cuisse d’un cheval, qui s’ébroua en éjectant son cavalier. Le Kerkand n’avait atteint que la moitié de la taille que l’on pouvait lui présager, mais il distribuait les coups sans sembler être affecté par ceux qu’il recevait.
Mais la métamorphose cessa soudainement. Les Berceurs, le front plissé par l’intensité de leurs incantations, fixaient fiévreusement l’engeance. Celle-ci suspendit son attaque et se mit à se débattre contre les liens invisibles qui la retenaient en une forme inachevée.
Inachevée et donc vulnérable.
Les flammes qui avalaient l’épée du guerrier daranovan s’arrangèrent en un long filament souple dans le prolongement de la lame. D’une impulsion, l’Aigle vint faire percuter la lanière de feu contre le cuir fragile du kerkand. Un deuxième coup suivi, et un troisième qui enroula la corde ignée autour du cou de la bête. Ses cris surpassaient les hennissements de panique des chevaux et de hurlements leurs maîtres.
Le lieutenant fit faire volte-face à sa jument et, d’une torsion du bras, enfonça son épée dans la gorge du suppôt de nécromant. Celle-ci répliqua en balançant sa patte, qui percuta le soldat et le désarçonna. Il atterrit plusieurs pieds plus loin et vit, dans le flou de sa vision embrumée par le choc, le kerkand tomber et s’écraser lourdement sur le sol, la lame taledhelle à l’éclat de l’acier de nouveau à nu, fichée dans sa clavicule. Trois empennages de flèches dépassaient de sa poitrine, de son front et de l’une de ses orbites.
Le visage poisseux de sang, l’Aigle tenta de se relever deux fois avant de vaincre les vertiges qui le ramenaient sans cesse contre le sol, et se traîna difficilement au milieu du cercle des cavaliers qui s’escrimaient à ramener les chevaux paniqués et stabilisaient l’état des blessés, elfes et équidés. D’une flatterie à la joue, Árólindë s’enquit de l’état d’Ëaonira, qui lui rendit son affection, assurance qu’elle allait bien. En tenant ses côtes douloureuses, il se laissa tomber aux côtés du cadavre de la créature, qui avait perdu ses poils au profit d’une chevelure brune et abandonné ses trois paires d’yeux pour deux cornes sinueuses et des traits féminins. Dans la forme de son visage transparaissait les allures d’un cervidé, mais torturé par la magie nécromantique et défiguré par leurs attaques, il ne restait sur le visage de la Nymphe rien de la naïveté proverbiale de sa race.
Des larmes se mêlèrent au sang ruisselant sur ses pommettes.
« – Il a corrompu les Ailinis… »
Ilmwë approcha et apposa ses mains, apaisa la douleur de son abdomen.
« – Mainyth, ce sont des adversaires trop puissants. Avec un groupe si réduit, nous ne tiendrons pas contre les alliés que Porte-La-Peste s’est arrogé. »
Ils avaient sous-estimé son influence. Sa malfaisance imbibait la forêt maudite dans des proportions qu’ils n’avaient pas su anticiper. Avant un assaut plus puissant – et définitif – il leur fallait se retirer. Se relevant, il se pencha sur le cadavre et arracha les cornes qu’arboraient le crâne fragilisée de l’engeance. Il fallait prendre à la forêt viciée toutes les armes qu’elle pourrait leur fournir pour la vaincre.
Aussi douloureuse qu’elle puisse être, la retraite était préférable à un coût plus grand qu’une seule vie en sursit.
« – Je propose une retraite, Mainyth »
Aegden Orian
Ancien
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Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 410 ans Taille : 2m Niveau Magique : Non-Initié.
Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram Lun 17 Avr 2023 - 21:15
Le combat faisait rage, déchainant autant l'ardeur de la forêt maudite que la colère désespérée des enfants de Kÿria luttant non plus pour une quelconque quête de savoir que pour leur simple survie. Soudain, un sort fit mouche, les flèches transpercèrent l'immonde créature. Elle tomba et il y eut un instant de silence qui tomba aussi net sur eux tous.
Le combat cessait, brutalement.
Son arme achevant alors de conjurer les vents, sifflant quelque secondes avant que les brumes ne se dispersent tout à fait, Aegden fixa alors la créature dont même la mort ne lui avait pas offert le repos. A l’instar de ses camarades, son visage reflétait la profonde tristesse qui agitait son souffle devant ce terrible spectacle. Mais aussi, il y avait toujours la même rancœur lancinante. Elle dévorait tout, ce monde maudit, ceux qui était responsable, ce qui avait corrompu l’Alinis, eux pour n’avoir pas anticipé.
La voix de l’aigle ne lui fit qu’à peine détourner son regard assombrit du cadavre déformé. Ses paroles étaient sages, elle étaient même plus qu’évidentes, mais face aux tambours de guerre qui leur hurlaient de continuer, il ne semblait qu'un bien faible murmure.
-Entendu. Gronda-t-il finalement, l'amer gout d'une quasi défaite sur la langue, malgré ce qu'il s'avait n'être que nécessité. On bat en retraite.
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Sujet: Re: Les cendres du Linoïn - Les Choeurs d'Aduram