[Escault] Lune de miel : Entre amour et douce passion | Solange & Aurel

Milieu de la cinquième ennéade
Printemps, Bàrkios 20:XI

L'air est doux. L'été sera là dans quelques ennéades et cela se ressent déjà. Le paysage est néanmoins encore fleurit et on entend les insectes qui bourdonnent et s'affairent joyeusement. Une légère brise anime la verdure et les draperies. Les fleurs embaument l'air de fragrances délicates. C'est un environnement plus que romantique. A croire que la date des noces a été pensée pour cela...

Assis sur le linge qui leur a tenu lieu de salle à manger pour ce pique-nique improvisé sur la route qui mène à Escault, Aurel saisit le brin d'une plante qui ne présente à première vue pas grand intérêt, sa tige étant surmontée d'une boule de forme ovale. Il enroule la tige autour d'elle-même puis tire un bon coup vers l'avant... Et la tête de la plante devient alors un petit projectile inoffensif qui atterrit sur la jeune Elisabeth. Une expérience sans doute curieuse que personne n'avait jamais pratiqué en sa présence. Il répète l'opération, pour l'amuser, mais il est rapidement interrompu par un garde qui approche de la petite famille.

-Monseigneur ?

Le regard sombre et dur de l'ancien Général se relève sur l'officier. Il n'a rien besoin de dire, il sait que c'est l'heure de repartir. Un hochement de tête et le soldat retourne aussitôt vers le carrosse, à quelques pas de là. Il sait ce qu'il a à faire. Aurel, quant à lui, revient sur la petite fille.

-Je vous emprunte votre maman, quelques heures. Nous vous retrouverons ce soir à Escault. En arrivant, demandez votre jeu préféré, nous en ferons une partie.

Depuis le mariage, il fait de son mieux pour essayer de se rapprocher de l'enfançonne. Il lui lit régulièrement des histoires du soir, il lui apprend quelques petites choses sur la nature ou les bateaux et il l'a initiée à la bataille de cartes. Il ne sait pas vraiment comment être un père, d'autant que les siens n'ont pas forcément été des exemples à suivre. Ou pas de ceux qu'il voudrait suivre... Mais il essaie.
Aurel reporte son attention sur son épouse. Il ne lui avait pas parlé de ses projets pour cet après-midi, il l'imagine donc un peu surprise. Pour elle aussi, il produit des efforts afin de lui être agréable. Pour l'heure, s'ils ont partagé la même chambre tous les jours depuis leur mariage, ils n'ont jamais partagé leur lit. Il ne s'en plaint pas et n'insiste pas, considérant d'office qu'il dort sur la banquette ou le tapis. Il ne veut pas imposer sa proximité à la jeune femme qui ne semble pas à l'aise en son unique compagnie. Du moins, en privé. Ainsi, ses rapports avec Solange n'ont-ils pas évolués mais c'est l'objectif de cette retraite dans le petit domaine de naissance de la dame.

Le lantenois aide les deux Comtesses à se lever tandis qu'un soldat apporte les chevaux des époux, déjà sellés pour une petite escapade "en amoureux". Tandis que tout est rangé et qu'Elisabeth prend place dans le carrosse avec sa nourrice et Coline, Aurel aide sa femme à se mettre en selle puis en fait autant, sous le regard touché et amusé de l'assistance. Une fois en place, il se tourne vers la jeune mariée alors que leurs chiens jappent d'impatience de courir à leurs côtés.

-Vous êtes mon guide.

Il ne connaît pas encore cette terre dont il porte maintenant le nom mais il ne veut pas la découvrir avec quelqu'un d'autre. C'est ici que Solange a appris à monter à cheval et à chasser alors elle doit probablement très bien connaître les environs. C'est à travers ses yeux à elle qu'il veut voir tout cela. Et il en fera autant lorsque leurs pas s'arrêteront à Lantenes la prochaine fois.

La petite fille, occupée à compter des brassées de fleurs sur le tapis précieux déployé sous ses jambes soigneusement recouvertes d’une paire de bas bleus, se retourna en riant lorsqu’un projectile heurta pour la troisième fois sa petite tête ronde.
Les serviteurs débarrassaient les reliefs de leur repas, mais elle n’y prêtait pas attention ; elle offrit son plus beau sourire à l’homme qui venait d’épouser sa maman. Elle l’aimait beaucoup, car il venait le soir, à l’heure de son coucher, pour lui raconter des histoires, et il partageait même certains jeux avec elle. Oh, comme elle était heureuse de voir le château de Grand-Maman et de Grand-Père ! Elle se réjouissait d'avance de cette aimable récréation, et ne pouvait s'empêcher de se faire beaucoup de doux rêves sur les heures délicieuses et amusantes qui l'attendaient là-bas. Juste en famille !

Malgré son jeune âge, elle comprenait parfaitement ce que signifiait la présence de cet officier, mais loin d'en prendre ombrage, elle se redressa presque en même temps que sa noble maman.
Elle avait confiance dans tous les adultes de sa suite, et offrit un sourire ravi à Aurel, ainsi qu'une étreinte empli d'amour à la Comtesse Régente - avant de leur faire de grands signes, tandis que l'ancien général aidait sa mère à se mettre en selle.

- "Au revoir, Mère ! Au revoir, Aurel ! Je n'oublierai pas de jouer avec vous ! Faites bon voyage !"

Elle les enviait tout autant qu'elle les aimait profondément, et finit par donner la main à sa nourrice, qui l'aida promptement à remonter dans le carrosse, où l'attendait un livre et sa précieuse poupée qui ne la quittait jamais.

Solange d'Escault, de son côté, dédia un regard attendri à sa douce enfançonne, si enthousiaste et si pure ; puis offrit une moue emplie de fierté à l'égard de son époux. Elle se tenait droite en selle, confortablement installée en amazone, et, lorsqu'elle se fut assurée qu'il était bien prêt, piqua des deux, afin de partir au galop.

Le vent souffla à son visage, s'insinuant jusque sous sa coiffe de velours, qui retenait ses cheveux sombres en un chignon toujours strict, lui arracha un rire, alors qu'elle s'enfonçait dans cette forêt qui lui était familière. Elle sauta un ruisselet, évita habilement une souche, et émergea plusieurs minutes plus tard dans une clairière, où elle ralentit sa monture.
Bien qu'elle ne se sentit plus à l'aise, ni en sécurité sous l'abri des arbres, la présence rassurante de son chevalier de mari la tranquillisait, et elle mit sa jument au petit trot, afin de pouvoir discutailler paisiblement avec lui.

Il était merveilleux de rentrer à Escault, de pouvoir lui faire visiter sa chambre, de sentir à nouveau les vieilles odeurs qui avait bercé son enfance ; et de montrer, finalement, les terres qui appartiendraient un jour à Aurel.

- "Mon cher ami, je suis heureuse qu'Elisabeth vous aime. Elle ne peut plus se séparer de vous, et, parait-il, vous a érigé comme son héros. Elle ne parle que de vous à ses servantes... Je ne pouvais espérer meilleur début pour notre vie commune, Aurel. Nous ne sommes plus très loin d'Escault, maintenant... Tout au plus, deux heures à cheval, sans doute moins. J'aimerai surtout vous présenter le Haras et les Jardins, en espérant qu'ils vous plaisent. Vous y trouverez certainement des améliorations à y apporter..."

Aurel est un peu surpris de voir Solange partir au galop. Mais... Agréablement surpris. C'est un côté espiègle qu'elle ne montre que très peu, voire pas du tout. Et jamais encore elle ne l'avait fait de cette manière. Il réagit cependant presque aussitôt et s'élance à sa suite. Il n'éprouve pas de mal à la rattraper mais il reste malgré tout en retrait, se contentant de rester à quelques foulées derrière elle.
Bientôt, le petit convoi n'est plus en vue et ils se retrouvent seuls, tels qu'ils l'attendent depuis des jours... des ennéades... Bien sûr, ils sont seuls tous les soirs mais le contexte est loin d'être aussi détendu qu'en cet instant. D'ailleurs, Aurel se dit soudain qu'il faudrait qu'il fasse de ces soirées un moment plus paisible pour son épouse. Le coucher du soleil ne doit pas devenir source d'angoisse alors qu'ils ne dorment même pas ensemble.

Finalement, Solange ralentit et le lantenois comprend le signal. Il vient se placer à sa hauteur pour trottiner à ses côtés pendant que leurs chiens les rejoignent, leurs pattes plus courtes les ayant fait perdre du terrain.
Le nouvel héritier d'Escault en apprend beaucoup sur la façon dont la petite fille le perçoit. Il ne pensait pas qu'elle l'appréciait autant, même s'il fait de son mieux et qu'elle a l'air d'apprécier ses attentions.

-Je suis heureux qu'elle me voit ainsi et non comme celui qui lui vole sans arrêt sa maman.

Il esquisse un sourire, un peu amusé malgré la sincérité de ses paroles. Il faut dire que, depuis leur rencontre, il ne fait que "s'enfuir" avec Solange en laissant Elisabeth derrière eux. Pour aller demander justice à Diantra, pour le couronnement du Roi et le mariage ducale, pour la rencontre des Rois et, maintenant, pour une petite escapade à deux.

-Je vous suivrais où que vous m'emmeniez. Je dois apprendre à connaître Escault aussi bien que je connais Lantenes.

Cela lui paraît étrange d'avoir changé de nom... Tout comme d'entendre "Fribourg" accolé à celui de Solange. Ils sont mariés... et peine encore à le réaliser. Peut-être pas qu'ils n'ont pas réellement de vie de couple ? Ou parce qu'il s'était résolu à ne jamais se marier et que les deux derniers mois n'ont pas suffis à lui retirer cela de l'esprit. Pourtant, il l'a fait et il se tient aujourd'hui aux côtés de celle qui est parvenu à faire flancher sa détermination.
Aurel ralentit son cheval jusqu'à l'arrêter totalement.

-Mais ce n'est pas mon futur rôle ici qui occupe mes pensées pour le moment. Et le carrosse mettra deux fois plus de temps que nous à arriver. Remarque-t-il.

Il met alors pieds à terre puis rejoint son épouse pour l'aider à faire de même. Il prend ensuite les rennes des deux montures dans l'une de ses mains et offre la seconde à Solange pour l'inviter à marcher à ses côtés.

-Je ne sais pas comment être un père et, ne le dites pas à Lambert, mais je dois malheureusement m'inspirer de lui... Dit-il avec sarcasme, jouant toujours à l'ami exaspéré. ... tout en jonglant avec ma propre expérience en tant qu'oncle. Si cela fonctionne, alors tant mieux. Mais j'avoue que je ne sais pas davantage être un mari. Et c'est pour moi tout l'intérêt de ce séjour... Apprendre à être le père qu'il manque à Elisabeth et le mari dont vous avez besoin pour vaincre vos démons.

Dans un soupir, Aurel s'arrête et se tourne légèrement vers Solange.

-J'ai réfléchi à mille façons de procéder pour me rapprocher lentement de vous tout en respectant votre besoin de sécurité et la confiance que vous avez placée en moi. Mais je serais curieux de savoir... comment vous avez imaginé les choses. Comment vous aimeriez me voir me comporter avec vous. Y a-t-il des choses dont vous avez envie ?

Toujours étourdie de sa vivifiante cavalcade, Solange avait toujours le cœur battant, tandis que ses joues, si pâles d'ordinaire, s'en trouvaient toutes rougies.

Il était terriblement étrange de se trouver seuls dans les bois, d'écouter la vie s'agiter, foisonner tout autour d'eux ; comme une tour de bois et de feuilles qui les isolaient du reste du monde, qui la renvoyait à cette longue cavalcade qui l'avait mené jusqu'au château de la Dame de Fernel. Malgré la situation, la jeune femme avait alors apprécié, comme aujourd'hui, cette espèce de division de la réalité, qui lui avait fait oublier rang et presque la retenue de son éducation - car au cœur de cette forteresse de rêves, elle pouvait oublier la parade et la représentation permanente qui marquait chaque instant de sa vie.

Ce qui n'était pas si simple, tant la retenue et le contrôle faisait désormais partie intégrante de sa personnalité.

- "Elisabeth mène une vie séparée de la nôtre. C'est ainsi, et je pense qu'elle y est habituée. La voir tous les jours est un immense privilège que je savoure, mais son enfance ne sera jamais celle des gens du commun... Je suppose qu'il s'agit du prix à payer pour les honneurs, la protection et la richesse. Bien qu'inexpérimenté, vos attentions à son encontre sont remarquables, et ont suffit pour créer un lien déjà profond entre vous deux."

Doucement, elle vint saisir sa main, lui offrant un sourire plus timide, leva un regard apaisé sur des oiseaux qui chantaient pratiquement au-dessus d'eux, ferma ses yeux brièvement, en se laissant guider par son époux, auprès de qui elle trouvait tant de calme.
Il était si peu sûr de lui, si demandeur de son propre avis. Jamais encore la jeune Régente n'avait été confrontée à tant d'égards, de douceur, ni de prise de décision de toute sa vie. Pour la toute première fois, elle était maitresse de sa vie, de sa destinée, de celle de sa fille ; et celui lui donnait le vertige, car elle eut soudain peur de faire les mauvais choix. Et si elle détruisait son couple, avant même qu'ils n'aient eu le temps de s'épanouir et de mieux se connaitre ?

- "Vous êtes déjà parfait comme vous êtes, Aurel. Je suis étonnée que, bien que nous ne soyons pas encore... charnellement proches... nous sommes si complices. Je me sens bien en votre compagnie, et sans aucun doute plus encore depuis que vous vous montrez... plus tendre."

La Dame d'Escault vint presser sa main, avant de la porter à ses lèvres avec un candide enthousiasme, plantant ses yeux dans les siens.

- "Je ne me poses jamais ces questions, d'ordinaire. Plus encore depuis que je suis devenue Régente, mais déjà alors que j'avais épousé Charles, je me suis concentrée sur mon devoir. Ce que je souhaites n'entre pas en ligne de compte, car tout ce qui est important n'est pas pour soi. Alors... pour m'exprimer clairement, doux Aurel, je veux que vous soyez heureux. Chassez, profitez de la vie, écoutez parfois votre cœur et emmenez-moi en promenade. Devisons, plaisantons, tâchons de vivre ce que nous pouvons voler entre deux obligations... Vous savoir heureux, content, apaisé, m'offrira plus de joie que mille cadeaux, vous savez. De vous, j'accepterai tout, et bien que... certaines angoisses semblent difficiles à abattre, sachez qu'elles ne viendront pas détruire ce que nous construisons. Je vous autorise à les franchir, car je désire plus que tout la chaleur de vos bras."

Solange sentait ses joues brûler d'un feu inhabituel, son Souffle palpiter d'une émotion grandissante. Elle songea à ce pauvre bandit, à qui elle devait la vie, et qui devait toujours croupir dans une geôle - en ces temps de liesse, elle était tenue de lui offrir une seconde chance - tout comme son beau seigneur lui offrait un futur chantant par la solidité de son étreinte et de ses convictions.

Quelques Mois auparavant, elle songeait à la mort ; mais Aurel lui redonnait vie, tout comme Néera offrait ce cadeau à chaque être vivant. Comment l'oublier désormais ?

Aurel le lui a toujours promis et Solange peut enfin le constater par elle-même : dans l'intimité, il fait preuve de beaucoup plus de douceur, jusqu'à se montrer relativement proche. Il est encore loin du maximum qu'il peut atteindre mais il procède lentement afin de ne pas l'effrayer mais aussi parce qu'elle lui a expressément demandé d'attendre d'être ici, à Escault. A présent, il sait qu'elle attend de lui qu'il aille plus loin, même s'il ignore encore à quel rythme progresser. Cela ne dépend pas que de lui, d'où sa question.
Cependant, la réponse est loin de celle qu'il attendait. A chaque fois qu'il lui demande de quoi elle a envie, comment la rendre heureuse, elle le renvoie à son propre bonheur. Ce n'est pourtant pas le sens de ses paroles mais il n'est pas sans connaître l'éducation des jeunes filles de ce pays, et notamment celle de son épouse qui a été plutôt stricte sur le sujet. Une femme doit mettre son mari en priorité... au point que, s'il est heureux, elle le sera aussi. Alors que le mari n'a pas à se soucier du bonheur de sa femme. C'est une éducation qu'il n'apprécie guère mais Solange n'y peut rien. Alors, il se contente d'un soupir un peu las avant de lui répondre avec douceur.

-J'espère que vous vous montrerez un peu plus égocentrique, parfois. Commente-t-il sans pour autant chercher à lui faire la morale. C'est juste un souhait et en aucun cas une requête ou une leçon de sa part. D'ailleurs, il complète bien vite ses paroles. Vous avez aussi le droit de réclamer mon attention lorsque vous en ressentez le besoin... Ou simplement l'envie. Je suis aussi là pour vous. Cependant... ce n'était pas tout à fait le sens de ma question.

Il s'arrête alors et cherche à se placer face à elle après avoir bloqué les rennes des chevaux derrière le pommeau des selles. Il pose alors ses mains sur la taille de la jeune femme et les laisse glisser pour venir l'enlacer, lentement, tout en lui parlant avec tendresse, presque à mi-voix.

-Vous avez exprimé l'envie d'être dans mes bras. En avez-vous eu d'autres ? Il lui laisse quelques instants pour y réfléchir ou trouver le courage de le lui avouer mais il s'attend à la voir rougir encore. Il la sait gênée par les questions d'ordre intime mais il souhaite lui apprendre qu'elle n'a pas à l'être, encore moins avec lui. N'ayez pas peur de vous exprimer, rien ne me choquera. La rassure-t-il.

S'était-elle réellement trompée ?
Solange, dans son innocence, en fut brièvement interloquée ; mais, tandis qu'il la prenait dans ses bras, que ses bras enserrait sa taille fine, elle comprit aussitôt de quoi son époux désirait parler. Rien ne le choquerait, assurait-il, rien ne saurait le déranger - tout le souci était qu'elle n'avait guère de fantaisies particulières à lui demander.
Elle se sentait bien en sa compagnie, n'éprouvait pas de terreur à être seule avec lui. Elle aimait rire et discuter, lui tenir la main et même le doux souffle de ses baisers ; mais la jeune femme avait la sensation de se trouver comme gelée à l'intérieur.

Mais Aurel trouvait ce sujet important. Elle lisait l'inquiétude et l'intérêt dans ses yeux, ce désir de lui offrir des sensations charnelles, de la rendre... heureuse. Il y avait tant de bonne volonté et de douceur derrière ces gestes, ces mots caressants - il lui fallait trouver quoi dire, quelque chose qui les contenterait tous deux.

Autour d'eux, les arbres formaient comme un palais de verdure impénétrable, dont les voûtes de bois semblaient garantir leur intimité, et la jeune femme embrassa son époux sur ses lèvres rugueuses, avec douceur et sincérité.

- "Mon amour... j'aimerai ... j'aimerai beaucoup que vous me déshabilliez ce soir. J'aimerai que vous m'embrassiez parfois, même si c'est en secret lorsque nous serons seuls... Croyez-vous que vous seriez d'accord ?"

La comtesse régente ne savait guère demander d'autre. Elle avait simplement envie de se trouver près de lui, et trouverait le courage de faire face à la nuit de noce. Cela ne pouvait-il pas être suffisant ?

- "Mais je vous en supplie, Aurel. Arrêtez de me demander ce que je souhaite dans l'intimité. Je la souhaite pour avoir des enfants et vous faire plaisir, et je serai heureuse de m'y plier, je vous le promets, mais je... je n'ai aucune demande. Ces questions... me causent beaucoup d'angoisse. Je comprends que vous cherchiez... une épouse plus zélée dans le domaine, mais cela n'a aucune importance dans ma vie. J'aime partager ma vie avec vous, et je suis très amoureuse de vous. Vos baisers me donnent du bonheur. Nous chasserons, nous danserons et nous deviserons ensemble.. nos vies sont très remplies, et elle m'apporte déjà beaucoup de satisfaction. Je suis sincère en disant que mon bonheur proviendra du vôtre, réellement. Je sais que vous saurez faire ... jouer mon corps entre vos mains, et je ferai de même avec beaucoup de joie. Vous me ferez découvrir tout cela, vos désirs, et... il est fort probable que cela éveille le mien. Mais tout ce que je souhaite, c'est me trouver dans vos bras en privé, de partager nos joies et nos peines, et de pouvoir vous faire confiance. Vous veillerez à mon bonheur ainsi, je vous l'assure, Aurel. Je n'ai besoin de rien d'autre."