Faire face à la Rage [Solo]

1ier jour de la 5ième énnéade de Verimios

Alentours d'Alëandir

Quelque chose ne semblait pas tourner rond ces temps ci. Sans doute Aegden aurait-il dû se méfier et sans doute sa méfiance n'aurait-elle pas dû s'effacer les jours suivants.

Cette fois là, à peine avait-il mis les pieds hors de la cité, alors que les rayons de soleil s'élevaient encore timidement, que son cœur s’était douloureusement serré. Il se sentait étrangement pris d'un regret dont l'origine lui échappait.

Voilà un mois qu’il avait fait la rencontre d’un bien étrange druide nommé Haradrenor. Si au départ, il s’était vu entrainé un peu par hasard au grès des facéties du noss, il avait finalement pris sur lui pour lui poser une question insensée, mais qui lui trottait dans la tête : puisqu’il baignait littéralement dans la symphonie, était-il capable de l’aider à trouver un endroit précis ? Etait-il capable de trouver cet endroit dont le citadin avait rêvé?

Et il l’avait fait.

Le sentiment de se retrouver devant un lieu connu seulement en rêve avait été étrange. Heureux, soulagé en un sens de ne pas avoir été pris par une quelconque folie. Mais une certaine amertume aussi. Dans toute les vérités que portait les légendes qu’il avait poursuivie, la fin triste et oublié de leur héro en était une douloureuse.

Mais cette douce amertume a laquelle il avait fini par s’habituer semblait avoir disparu au profit d’une étrange colère depuis quelques jours lorsqu'il s'éloignait de la cité.

Il y avait pourtant quelques elfes dans les jardins, occupés à leurs activités quotidiennes. Rien ne semblait les déranger plus que cela, et Aegden pensa alors après quelques temps d'investigation prudente qu’il ne s’agissait que de sentiment personnels. Après tout, les mois derniers faisaient qu’il était particulièrement tendu ces derniers temps.

-Rentrons Vailimo.

Et petit à petit, en retrouvant la sécurité des murs, le sentiment s’était effacé.
Les jours passèrent alors et doucement, l’incident clos trouva place au fond de sa mémoire.

1ier jour de la 6ième énnéade de Verimios

Alentours d'Alëandir

Il y avait eu d’autres incidents pour lui rappeler ces étrangeté, mais malgré tout ils étaient si minimes et il se trouvait si occupé que le commandant n’y avait pas vraiment prêté l'attention qu'il aurait dû. Parfois l’on parlait d’une bête aperçue près des murs mais sans aucunes traces. Certains cueilleurs se plaignirent parfois de se sentir brusquement mal à l’aise, se sentant presque épié. Mais là encore, ils n’y avaient que de vagues témoignages difficiles à mettre en ordre et jamais la milice lëandrine ne donna d'alerte.

Seulement un jour, l’impression néfaste était revenue, là où elle n'avait encore jamais surpris Aegden.

-On s’arrête là aujourd'hui. Rentrez. Adressa-t-il  après un soudain temps d'arrêt  aux deux recrues qu’il entrainait près des terrain d'entrainements.

Les deux jeunes elfes se regardèrent circonspects.

-On a fait quelque chose de mal ? Tenta l'un d'eux en hésitant.
-Il y a quelque chose qui rode. Fit remarquer le second le regard fixé vers l’orée de la forêt, là où son supérieur semblait chercher une ombre invisible. Pourtant son regard ne trouvait rien.

-Oui. Je ne sais pas ce que c'est. Rentrez à la caserne et parlez-en aux officiers ils sauront quoi faire.
-Et vous ?
-Je vais voir ce qui se passe.
-Mais c’est dangereux…
-Ça le sera moins que si on se retrouve avec un phish oura paniqué dans la cité. Rentrez.

Il leur fit un geste et se détourna, ne leur laissant plus le loisir de protester.

De son coté il n’hésita pas longtemps avant de s’enfoncer dans la forêt. Quelque chose n’allait pas et il lui semblait enfin mettre le doigt sur le sentiment qui lui échappait : cette sensation il la connaissait. C’était la même que dans la carrière. Il fallait à tout prix désamorcer un nouveau drame potentiel.

-Commandant ! Une voix l’appela sur sa droite et rapidement des soldats s’approchèrent.
-On a repéré une bête a l’Est. Mais à leurs têtes, il ne s’agissait pas d’un prédateur ordinaire.On l'a pas bien vu, mais ça semblait agressif. C'est partit aussitôt. On a retrouvé des cerfs abattus non loin
-Montrez-moi.

Dans un même temps, Aegden siffla son mathandil qui broutait paisiblement non loin. Celui-ci s’ébroua avant de s’approcher au petit trot. La petite troupe se rendit donc là où avait été apperçue l'inquiétante créature mais...
 
-Il n’y a rien ici. Souffla l’un des soldat en observant la zone.
-A quoi elle ressemblait votre bête ?
-On en sait rien. On a juste vu…
-D’énormes griffes… Fit un troisième elfe, un éclaireur un peu plus loin agenouillé sur le sol.

L’herbe autrefois fraiche à ses pieds était maintenant jaunâtre et la terre balafrée d’immondes crevasses. Tout autour, la zone semblait comme...asséchée ou brulée.

Pourtant, les trois elfes eurent beau tenter de suivre les traces, rien n’y fit. Les heures défilèrent inlassablement sans la moindre créature à l’horizon, rien que l’herbe abimée sur le sol et des branches d'arbres cassées témoignant du passage d'un très gros animal dans les parages.

-Peut être qu’on s’est inquiété pour rien…avait-finit par souffler l’un d’entre eux en observant le soleil qui entamait lentement sa course descendante.

-On devrait rentrer. Acquiesça un second, l’air inquiet et sans doute déçu. du manque de découverte.Il commence à se faire tard.

Mais Aegden ne semblait pas convaincu. Quelque chose trottait toujours au fond de son esprit. Il hésitât sachant que ce qu’il envisageait allait bien au-delà des limites de la prudence. Il finit par claquer sa langue, d’agacement.

-Rentrez. Je vous rejoins plus tard, je vérifie juste une dernière chose.

Les soldats ne protestèrent pas, se contentant d’un hochement de tête et d’une promesse de rentrer avant la nuit. Après tout personne ne pouvait leur en vouloir de n’avoir qu’une envie : celle de rentrer chez eux après cette étrange et vaine expédition…Ils firent donc demi-tour au petit trot, laissant le commandant seul.

-Je sais que c’est stupide Vailimo. Parla-il ensuite à son mathandil qui tournait son long cou vers lui, comme si celui-ci comprenait le sens de ses paroles.Mais je ne peux pas laisser le temps à une quelconque menace de s’installer si près de nos murs. On vérifie une dernière fois et c'est finit.

Dans un même temps, il glissa du dos de l’équidé pour retrouver pied à terre, gardant simplement une main dans la crinière noire et blanche de son ami en marchant au fil de son instinct.

Levant les yeux vers les frondaisons, il laissa échapper un soupir. Se sentait-il tendu ? Définitivement. Mais il n'était pas certain d'être capable de différencier ses propres pensée de celles de l’œuvre. Devenait-il trop inquiet, ou avait il raison de suivre cet instinct ? Il lui était impossible de le déterminer. D'ailleurs, au bout d'une dizaine de minute, il finit par lui même se résigner à prendre le chemin de la cité. Demain ils se contenterait de signaler cet incident à la milice et tout irait bien.

Mais c'est alors qu'ils atteignaient un petite dégagement rocheux qu'ils les virent : deux yeux d'un bleu presque blanc brillaient dans l'ombre d'une caverne.

-On recule. Le soldat souffla, en faisant un discret pas en arrière.

Mais bien vaine était la manœuvre. La créature le fixait déjà il en était certain. Ses perles lumineuses se rivèrent aux siennes alors que sa gigantesque silhouette bougeait dans l’ombre, s’extirpant des ténèbres. Aegden vit lentement le monstre s’avancer vers lui. D’abord sa tête émergea, semblable à celle d’un félin ou d’un loup surmonté de cornes sur son front et à l’angle de sa mâchoire. Il pouvait jurer que ses crocs s’étiraient en un sourire mauvais alors que son immense silhouette ursidée se dessinait.

-Vailimo on s’en va ! Cria-t-il soudain, réalisant brutalement le danger devant eux.

Il fit mine de se retourner et de partir en courant mais quelque chose vint lui saisir le bras. Il sentit une brutale pression sur son avant-bras avant de voir l’étrange tentacule partant du dos de la bestiole venant le saisir avec une force impressionnante. D’autre, peut être deux ou trois du même type, battaient dans son dos d’un gris pierre et dont les proportions rappelaient celle d’un ours, quoi que bien plus imposant. Il s’hérissait par ailleurs de plaques d’os à la manière dont la fourrure d’un animal se hérissait sous la colère ou la crainte. Enfin, au bout de ses quatre énormes pattes luisaient des griffes acérées qui labouraient la terre à chaque pas en avant.

Aegden voulut lutter, tirant son poignet en arrière pour se dégager mais la bête résistât. En réponse, il fit tourner sa lance dans sa main libre et l’abattit sur la liane. Il y eut un éclat de lumière suivit d'un claquement sec  alors qu’elle cédait en se rétractant et que l’elfe se trouva soudain libre. La créature se mit à rugir, faisant presque trembler le sol autour d’elle. Avait-elle mal ou était-elle frustrée de ne pas obtenir ce qu’elle désirait ?

Avant que l’elfe ne tente de fuir de nouveau, elle lança d’autre de ses lianes à l’assaut qu’il esquiva cette fois d’une roulade, venant se réfugier derrière quelques rochers salutaires. L’espace d’une seconde il observa son avant bras dont le cuir de son armure semblait déjà souffrir de sérieux dommages. En l'espace de quelques seconde les épines de la créature semblaient avoir mis la protection a rude épreuve et l'on eut presque dit qu'elle avait brulée. Mais le bref moment de répit ne devait pas durer et avant qu’il ne trouve une échappatoire, le sol tremblait sous une nouvelle charge de la créature.

Le sol sembla se dérober sous ses pieds tant le poids de l’immense créature qui chargeait secouait la clairière. Au dernier moment le lancier roula sur le côté et les cornes de l’animal ne se heurtèrent qu’à la pierre qui éclata à leur impact.

Le vent n'attendit pas et se leva en sifflant. L’air soumis par Ailagos voulu trancher une immense patte aussitôt protégée par les ronces de la bête. Tels des serpents affamées, elles semblaient mues de leurs propres volonté. Soudains elles s’élancèrent en avant prêtes à frapper. Un mur d'air glacé les retint in extremis alors que le soldat s'esquiva prestement sur le côté.

La patte de la créature qui chercha à l'intercepter le rata pourtant de peu. Aussitôt il profita de son mouvement pour trancher le cuir de la bête au niveau de son coude. Un autre coup de patte fut accueilli de la même manière mais le lancier ne vit que trop tard la liane qui passa sur son flanc et saisit à nouveau son bras.

L’espace d’une seconde il croisa le regard de la bête dont les babines se retroussaient toujours dans ce mauvais sourire étrangement humanoïde. Un nouvel éclat blanc scintilla, formant des étincelles qui léchèrent les ronces contrôlées par le monstre. Aegden vit l’éclair atteindre son avant-bras avant de sentir la vive douleur que le cuir n’atténua que bien peu.

Un cri de douleur et de rage lui échappa avant qu’il ne se libère d’un nouveau tour de lame. Une des maudites tentacules céda et la bête lui rendit son hurlement. Elle recula, comme si elle cherchait à cerner cet elfe dont les défenses étaient pour le moins inhabituelles. Il lui résistait et il pouvait jurer que le montre en était contrarié. Il cherchait ses défenses, d'un mouvement ou deux testait sa  position. Lui faisait pareil, lui tenant tête, évaluant cette créature inconnue qu’il ne pourrait définitivement pas fuir et dont les blessures qu’il avait infligées lui semblaient bien vaines.

Il y eut un instant de flottement entre les deux combattant s’observant l’un l’autre. Le lancier se fit bas sur ses appuis en même temps que la bête se repliait sur elle-même. Soudain l’un se mit à courir en direction de l’autre qui bondit. Les racines de la bête ne firent cette fois que frôler l’elfe qui se déporta sur sa gauche.

Trop lente, et trop lourde, elle ne parvint pas à s’écarter suffisamment de la trajectoire de la lance. L’air déchira la peau de son flanc. Mais une fois de plus l’air fut le seul à lui répondre lorsque son énorme patte voulu se saisir du guerrier.

Le pic s’enfonça alors dans son talon qui s’abattit alors rageusement plusieurs fois sur le sol, cherchant à déloger l’agaçante épine qui s’acharnait. Les dents claquèrent devant le mainyth qui se glissa encore et encore hors de portée des griffes de crocs et de lianes, jouant de sa lame et du vent qui harcelait son adversaire.

-Mainyth !

La voix d’un de ses camarades résonna dans son dos, accompagné du hennissement caractéristique de son mathandil certainement partit chercher du renfort un peu plus tôt.
Une flèche vint alors seconder le nouvel assaut du lancier. Les dents du monstre claquèrent alors qu’il bondit au-dessus de son museau. De leur coté, les lianes crachaient leurs étincelles vers un troisième soldat qui joua aussitôt de son bouclier. La furie des trois elfes se déchaina alors sur la créature, scellant son sort sous les coup du vent, des flèches et des lames.