Avancer [Solo]

3 ième énnéade de Vérimios - 21:XI
Thaar

-J’aimerais te remercier comme il se doit pour ton aide Esperanz.

Le chef de l’Aile Blanche avait fini par rendre visite à la zephyrante noire. Les femmes de l’établissement-refuge avaient joué un rôle majeur dans l’opération de sa libération. Bien qu’il avait été autrefois convenu qu’elles fussent redevables à l’Aile blanche par le biais d’information et d’une certaine somme d’argent, il était tout aussi convenue qu’elles ne faisaient pas partie entièrement de leur organisation. Elles n’avaient eut aucune raisons d’agir comme elles l’avaient pourtant fait, par amitié.

L'amitié, c’était la raison pour laquelle Viliam se trouvait reçut ici sans rechigner. Les habitantes l’observaient du coin de l’œil, mine de rien, parfois méfiante parfois simplement curieuse. Alors qu’il attendait qu’on le reçoive, dans le petit jardin intérieur, il avait fait mine d’ignorer ces regards plus ou moins discrets, constatant plutôt de son côté les changements de l’endroit par rapport à sa dernière visite. Plus de mobiliers abimés pour encombrer les couloirs qui avaient étés repeint et remeublé avec un goût certain. Ici et là de douces soieries voletaient dans une brise agréable sous les murmures des conversations chuchotées. Ce qui avait été pensé comme un oasis de sororité semblait prospérer. 

Finalement Esperanz avait fini par apparaitre sur le perron, l’arrêt des conversations et les regards tournés vers elles la désignait sans aucun doute comme véritable cheffe de l’endroit et la façon dont elle accueillit le bandit fit automatiquement cesser les élans de méfiances les plus ancrées.

Désormais installé dans un petit bureau en  sa compagnie, il fumait en discutant. A nouveau Viliam savait être bien l’un des rares hommes à pouvoir agir ainsi dans ce lieu.

-Reste en vie et c’est suffisant. Dans son sourire, les yeux de la jeune femme se réduisirent à deux fentes. J’aime bien trop les remous que tu provoques. Les derniers étaient...remarquables.

-Prends quand même ce que je t’offre.

De sa main libre il chercha dans une sacoche à sa hanche et lança sur le bureau un petit sac dont le tintement métallique ne laissait aucun doute. Esperanz vint se saisir de la bourse de pièces d’or et sans plus protester la rangea au fond d’un petit coffre dont elle garda la clé.

-Est-tu seulement venu m’accorder quelques pièces, chef de l’Aile blanche ? Joua-t-elle avec une douceur calculée.

-Non en effet.

Le bandit finit par se redresser dans son siège et posa ses coudes sur ses genoux. Il eut une grimace l’espace d’un instant, la blessure désormais simple cuisante cicatrice sur le haut de son ventre se rappelant à lui. Il faudrait définitivement effacer ce méchant souvenir lorsqu’il en trouverait le temps.

-J’ai un dernier service à te demander.

Le grand marché de Thaar était comme à son habitude. Il régnait y un chaos typique de l’Itrhivaan. Partout où l’œil se posait s’étendaient tentures et étals sur lesquels se disposaient à peu près tout ce que l’on pouvait imaginer. Les odeurs se mélangeaient aux sons. Les sons aux couleurs débordants d’absolument partout et de nulle part à la fois. Tout aussi bigarrée, il y avait foule qui grouillait aux grès des crieurs de rue.

-Je te rappelle que je ne suis pas vraiment bienvenu ici…

Encapuchonné d’une façon qui rendait difficile l’appréciation de ses traits, l’homme qui râlait s’efforçait de suivre la métisse à la robe bleue et portant un panier de fleurs au bras qui, elle, se fondait sans aucun problème à travers la marées d’hommes et de femmes. Habitué à ce manège malgré les protestations, il ne manquait pas de parfois reculer pour se fondre dans la foule et laisser discrètement passer une patrouille ou bien tourner la tête au dernier moment lorsque l’un d’eux avait le hasard de s’attarder un peu sur lui.

-Tu m’a demandé mon aide, fait moi confiance encore un peu.

Elle rit doucement avant de lui faire signe d’avancer. Après un soupir il la suivit, ignorant un marchand qui tentait de l’alpaguer de loin.

Leur chemin continua encore un peu, le duo s’éloignant petit à petit du brouhaha pour se faufiler dans des ruelles adjacentes à ce bruyant marché.

Finalement, au bout de quelques minutes de marche, ils atteignirent une allée sans issue, étroite et bordée de quelques maisons moyenne, le genre qu’on ne regardait pas. Au fond, il y avait ce qui ressemblait à un petit atelier de fortune, fait de bric et de brocs. Sur un tapis usé s’étalait quelques plantes à l’odeur fortes ainsi que quelques outils servant certainement à s’en servir. Pourtant le propriétaire ne semblait pas être là…

Esperanz posa son panier non loin de l’atelier de fortune. Soudain un éclair métallique attira le regard du bandit. A peine tira-t-il sa rapière qu’une masse se jeta sur lui, assenant un vif coup de couteau qui teinta contre sa propre lame. L’espace d’une seconde à peine son regard croisa celui de l’inconnu, teinté d’inquiétude et de rancœur. Vif, ce qui semblait n’être qu’un adolescent, ou un très jeune adulte au maximum, lui assena un violent coup de poing au niveau de son ventre qui fit plier le bandit en deux. Le vaurien en profita pour décamper aussitôt en sautant sur un muret alors qu’Esperanz l’interpela.

-Sasha !

-T’as une drôle de définition d’allié, Esperanz…Grogna Viliam en cherchant à retrouver son souffle.

Mais à l’évocation de son prénom, le gamin s’était arrêté, visiblement troublé.

-Si vous êtes de mèche avec le guet allez crever, je vous suivrait pas. Hasarda-t-il, sa voix ayant un petit quelque chose de féminin.

-Non. Bien sûr que non.Se mit à rire Esperanz en comprenant le quiproquo. Elle désigna son compagnon qui toisait toujours un regard méfiant vers le gamin. Mon ami avait besoin du talent d’alchimiste de ton maitre. Tu sais où il est ?

Mais le prénommé Sasha ne semblait pas d’humeur aussi légère que la gérante de la zéphirante…

-Il est mort. Asséna-t-il.

-Mort ?

-ça fait quelques ennéades maintenant. Il faisait ses propres affaires, et ça marchait bien. Probablement trop. Visiblement ça à finit par plus plaire à la garde. Un jour j’étais là et il m’a dit de rentrer en vitesse. J’ai pas obéi. Son air pris un ton un peu coupable. Pas vraiment. ‘Me suis planqué à la place et j’ai écouté. « Tu nous doit dix pièces par énnéades pour l’emplacement » Qu’ils disaient. « T’as pas le droit de faire ça sans payer y redevance au conseil »… Mais mon maitre il voulait pas. C’était chez lui ici. Alors ils ont posé un ultimatum. Puis un jour, il l’on emmené. Il grimaça. C’était un bon gars. Il m’avait appris pas mal de ses trucs. ça m'aidait bien...

Puisque la menace semblait écartée, la silhouette gracile de l’adolescent se déplia finalement, et il sauta en bas du mur, se rapprochant de ses interlocuteurs. Alors que ses yeux scrutaient avec attention les alentours, Viliam se permit de mieux observer son visage. Il y avait, comme dans sa voix, quelque chose de typiquement féminin dans son visage. Peut-être était-ce la hauteur de ses pommettes ou bien l’angle peu prononcé de sa mâchoire. Mais avant qu'il ne cherche d'avantage le détail qui lui faisait penser cela, l’autre sembla s’en rendre compte et leurs regards se croisèrent l’espace d’une seconde un peu étrange.

-Et qu’est-ce que tu comptes faire à présent ? Esperanz ne sembla pas capter l’échange silencieux, plus inquiète pour celui qu’elle semblait considérer comme un ami, ou au moins comme une bonne connaissance.

-Chépa. Récupérer tout ça sans doute. Il fit un geste vers les objets alchimiques éparpillés sur place. Les laisser là aurait certainement été un triste gâchis. 'Doit rester quelques livres historie de finir ce qui à été commencé. Puis trouver un coin tranquille. J'ai cru que le guet venait finir le travail quand vous avez débarqués.

-Je peux probablement t’y aider si tu cherches à éviter les ennuis de la garde.

-ah oui ?... Un silence passa avant qu'une lueur de révélation brille dans le regard de l'adolescent. Ah tient ça explique ça. Soudain dans une de ses mains brilla un éclat métallique que Viliam connaissait bien. Automatiquement sa main vint chercher sa broche qu’il n’avait pas remarqué avoir disparue entre des doigts visiblement bien habiles. Je reconnais ce truc, et je te reconnais à bien te regarder. Tu fait partie de l'Aile Blanche...Il rit. J’ai vu votre petit tour de l’autre jour, effectivement vous avez besoin de quelqu’un qui sache faire autre chose que des bombes au poivre. Sa voix avait prix un ton amusé alors qu’il lança l’objet à son propriétaire.

Malheureusement pour le petit groupe, les présentations devaient s’écourter rapidement. Le gamin n’était visiblement pas le seul à avoir reconnu le bandit. Alors qu’il rassemblait les possession de feu son maitre, l’apprenti entendit le son des bottes métalliques avant d’apercevoir un groupe de guetteur approcher dans l’impasse. On les somma de s’arrêter, ce que fit bien gentiment Viliam qui, après un regard entendu vers ses camarades s’avança, tendant ses mains en signe de paix.
Il y avait trois hommes, deux portaient des lames, un dernier plus en arrière les tenaient en respect à l’aide d’une petite arbalète. L’un des gardes s’approcha un peu, tenant des fers dans ses mains. Un sourire narquois étira les lèvres du bandit lorsqu'il en aperçut. dire que c'était lui qu'on qualifiait régulièrement de naïf...

L’autre fit un pas de trop et les mains tendues vers lui se transformèrent en un coup rude de haut en bas en plein dans le menton, et qui l’envoya sèchement en arrière. Il y eut un tir d’arbalète qui n’atteignit que l’air. Un simple balayage aux chevilles acheva de suffisamment déstabiliser le second garde. Immédiatement Viliam pris le bras de son camarade et l’entraina avec lui, alors que de sa main libre il lança une petite porterie d’argile sortie d’une sacoche à sa ceinture. Elle vint se fracasser sur le sol et aussitôt une fumée âcre était venue s’écouler sur la place que les trois fugitifs quittaient prestement en escaladant un empilement de caisse, puis sautant par-dessus le mur. Le jeune alchimiste n’eut qu’à peine le temps de récupérer quelques outils, un sac épais et un manuel qu’il fourra sous son bras avant qu’on ne l’entraine dans la course. Esperanz réprima un léger rire, alors qu’elle aussi se retrouvait entrainée dans une fuite rocambolesque de plus. Par chance –ou par habitude- les soldats ne poursuivirent pas bien longtemps les fuyards qui terminèrent par se retrouver perché quelques rues plus loin, sur un toit plat à observer les alentours agités.

Viliam cherchait à détecter une potentielle menace autour d’eux tandis qu’à ses côtés le dénommé Sasha s’était installé  a même le sol avec une certaine nonchalance, fouillant dans le sac qu'il avait ramassé à la va-vite. Soudain quelque chose lui passa visiblement par la tête et il releva les yeux vers le semi-elfe.

-Tu lui voulait quoi au fait à mon maitre ?

A nouveau un air étrange sur son visage intrigua le bandit mais il réprima ses questions, préférant d’abord répondre.

-Bah ça à plus vraiment d’importance j’imagine. Maugréa-t-il un peu en s'appuyant sur le muret qui ceignait le toit.

-Tu sais, moi aussi je peux y faire. Y m’a appris depuis tout ‘pti. Sasha se leva et tendit la main.
Donne-moi ton truc à fumée tu vas voir. Il souriait à pleine dents.

-Qui a construit ça ?

l’adulescent faisait tourner la petite poterie dans sa main, l’examinant sous toutes ses coutures, démontant littéralement l’objet du regard. Curieux de le voir faire Viliam l’observait à son tour, toujours appuyé contre le petit mur. Il haussa les épaules.


-Des amis. C’est peut-être particulièrement amateur à tes yeux mais ça nous a sauvé la vie plus d’une fois…
-J’ai cru comprendre. Hm.. Je pourrais modifier ça…Marmonna-t-il alors que ses doigts agiles démontaient la petite grenade

Viliam grimaça un peu en le regardant faire. Ce genre d’objet valait…cher. Pour autant il laissa faire.

-C’est ingénieux, mais j’imagine que l’efficacité laisse à désirer. Continua alors l’autre. Le poivre c’est bien mais…

Alors il se mit à fouiller dans son sac, durant de longues secondes, marmonnant et râlant tout seul. Avant que finalement, sa main ne ressorte, avec une toute petite fiole qu’il tenait avec précaution. A l’intérieur il y avait une matière visqueuse.

-Regardez.

Il versa une infime partie du contenu dans un autre récipient – qui au vus du chaos contenu dans le sac n’était en bon état que par miracle- et prit un petit objet dont il s’aida pour enflammer son second flacon, qu’il jeta immédiatement à l’autre bout de la terrasse. Au bout d’une ou deux secondes il y eut une détonation sèche alors que l’étrange matière réagissait violemment à la flamme. Une fumée acre plus épaisse et d’une couleur de terre brulée s’éleva en un filet mince mais suffisant pour faire régner une odeur désagréable. Par réflexe le bandit avait relevé son foulard, laissant malgré tout échapper un sifflement appréciateur. Esperanz, elle s’était rapprochée pour s‘éloigner d’un même mouvement de la zone d’impact.

-Par les dieux, moi qui commençait à me dire que vous vous étiez bien trouvés...


-C’était un accident à l’origine. Sasha se mit à rire. J’étais dans l’atelier à tenter de faire quelque chose de ça, et je l’ai approché trop près de ma flamme… j’ai toussé l’ennéade entière après ça et j'ai dû jeter une bonne partie de mes ingrédients. Je vous raconte pas comment je me suis fait taper sur les doigts... Mais je crois bien que ça pourra servir finalement ! Il haussa les épaules. C’est pas comme si le vieux rabougrit allait s’en resservir de là où il est.

-T’as l’air d’avoir repris tes marques.

Depuis une énnéade, après avoir trainé dans le coin faute de mieux, Sasha avait décidé de venir s’installer définitivement parmi les bandits. Après tout, ces derniers lui offraient un atelier, des matériaux et la tranquillité dont il avait besoin. Leurs idéaux était loin d'être déplaisant. Alors il s’était installé dans les galeries creusés dans les falaises.

Il était assis en tailleurs à même la pierre et ne cessait de manipuler les dieux savaient quoi alors que Viliam était passé lui parler.

-J’ai terminé ce que tu m’as demandé. Le jeune homme sourit et désigna un petit sac dans le chaos organisé de son petit atelier. Alors que Viliam, étonné, s’en saisit, il ajouta : ça fait déjà quelques jours en fait.

Rapidement, le chef de l’Aile blanche se retrouva à tenir dans le creux de sa paume, un petit orbe de terre cuite qui ressemblait à celles qu’il utilisait si souvent. Quoi que cette objet-là était plus lourd dans sa main.

-Je déconseille de le tester ici ou dans un quelconque intérieur. L’alchimiste rit alors que son visage androgyne s’illuminait d’une certaine fierté. J’ai repris la structure de base, mais j’ai changé les composants à l’intérieur. S’empressa-t-il d’expliquer, prenant même le temps de lâcher ce qu’il avait dans les mains pour venir récupérer le fumigène. La base c’est des graines de tilleul cœur de feu. Ces trucs-là sont pas faciles à trouver quand on ne sait pas où chercher mais ça vaut le détour tu verras. Celle-ci sont couplés à de la poudre de perlecuivre. Il tendit le bout de ses doigts qui semblaient avoir fait les frais de ses décoctions. Corrosif. Je me demande ce que ça ferait si j’utilisais de l’eryolis..Mais j’en ai pas sous la main, Esperanz m’a promis d’essayer d’en planter dans ses jardins, mais elle ne veut pas créer d’accident. Il tapota sa tempe. Ça rend fou ces choses-là…

Soudain alors qu’il s’apprêtait à ajouter quelque chose, un crissement désagréable résonna en même temps qu’une odeur de brulé parvenaient jusqu’à eux. L’alchimiste jura en se relevant à toute vitesse. Viliam l’observa retirer une marmite de fonte du feu, alors qu’il laissait échapper tout un tas de jurons fleuris.

-Celle-là est plutôt ratée.

-Visiblement. Le jeune homme râla, déçu. Mon mentor parlait d’une préparation pour rendre le fer des épées encore plus léger. Il disait qu’on aurait presque pu s’envoler avec. Alors j’ai voulu le prend au mots… Il grimaça. Mais il me manque encore quelque chose. Je vais finir par trouver mais en attendant…

Il jeta l’ustensile devenu irrécupérable a ses pieds. Malgré tout il y avait une lueur d’entrain dans ses yeux, alors Viliam ne s’inquiéta pas trop pour lui.

-Il va falloir recommencer.

1ière énnéade de favrius
La plaine (Quartier général de l'Aile blanche) - galeries

-J’y suis presque !
Le cri du jeune alchimiste résonna dans toute l’étendue des galeries  de la Plaine et même par-delà. Aussitôt quelques souffles curieux se tournèrent vers lui alors qu’il se penchait devant une toute petite fiole. A l’intérieur du flacon de verre, un liquide bleuâtre bouillait à grosses bulles.

Mais alors, il ajouta un dernier élément et les bulles se transformèrent en mousse épaisse.
Devant son désarroi évident, l’un de ses spectateurs se releva, lui tapa amicalement l’épaule en refoulant un rire.

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3ième énnéade de Favrius 21:XI

-Cette fois c’est bon.

Un mois. Cela faisait quasiment un mois qu’il tentait et retentait cette foutue recette que son mentor n’avait pas pris la peine d’expliquer clairement. Un mois à déchiffrer des pattes de mouches dans des vieux bouquin, à tenter les ingrédients les plus idiots et les plus rares…Au prix de ses finances personnelles…

Cette foi il allait rester méthodique.

L’alchimiste souffla un grand coup avant de se relancer dans ses expériences.

Tout reposait en premier lieu sur un ingrédient majeur : les os de marchevent. Il était déjà connu que correctement traités, ils permettaient à n’importe quel matériaux une légèreté exceptionnelle. Ici, il les avait réduits en une poudre si fine qu’on eut dit du sable, et rien que cela lui avait pris un temps considérable. Il n'avait qu'un équipement rudimentaire après tout et sa main et son bras étaient encore endolori des mouvements répétés du pilon des heures durant... Ensuite, il l’avait rigoureusement préparée comme les recettes le préconisaient. Il avait chauffé le tout à part du reste à deux reprise différés de quelques heures, à un feu d’une température très spéciale. Trop chaud, le matériau devenait inutilisable. Trop faible, le résultat était quasiment nul. C’était un jeu d’équilibre afin de maintenir les propriétés du matériaux auquel le jeune homme se livra alors au fil de ses essais car nul manuscrit ne prenait la peine de détailler cette étape… Une fois fait, on ajoutait une gelée d'ibak.

Là, à nouveau il avait dû chauffer son ensemble pendant de longues heures…Jusqu'à ce que de translucide, l'ensemble prenne peut à peu quelques reflet, garantissant alors le bon mélange des ingrédients. Le tout bien entendu en veillant à ce que personne ne méprenne sa préparation avec quoi que ce soit de comestible…Quoi que l’odeur de brulé qui se dégagea à ce moment-là aurait même dissuadé Suif le chien du camps…

L’étape suivante, c’était l’introduction d’une infime touche de poison de fleur de feu. C’était l’étape la plus périlleuse du procédé car une erreur et on assurait une mort lente et douloureuse au destinataire de la préparation. D’ordinaire la fleur de feu une fois dans l’organisme à une trop forte dose détruisait lentement les tissus musculaires. Ici l’opération devait faire en sorte de canaliser se principe, avant d’altérer le corps de la personne concernée sans amener à la mort, afin de laisser le reste des substances agir. C'était le même principe que d’altérer le fer afin de lui faire prendre de nouvelles disposition, le tout sans le rompre vraiment, avait-il simplement pensé. Sauf qu'ici, on travaillait sur un corps vivant et qui devait le rester.

Par la suite, dernière étape il avait habilement mélangé sa décoction à un élixir basique de plantes médicinales, des ombrefeuilles et de l’étincelle principalement car les traités qu’il avait lus parlaient trop souvent d’un procédé douloureux pour le corps qui le subissait. Le tout c’était de ne pas dénaturer l’équilibre de l’ensemble avec tant d'ingrédients, sinon cela devenait mousseux et, encore une fois, bon à jeter…C’était de sa propre initiative et lorsqu’il s’était aperçu après plusieurs essais sur un des kréaora dont il se servait comme cobaye que cela semblait assez bien fonctionner, il en tira une profonde fierté.

Fierté qui l’étreignait toujours, lorsqu’au bout de son long combat, il tenait entre ses mains une petite fiole d’à peine la longueur de sa paume, dans lequel un liquide semblable à de l’huile d’une couleur changeante reposait.

Celui qui boirait ça, il en était certain malgré la nécessité de quelques tests futurs, deviendrait certainement le plus léger des hommes, capable de courses fantastiques ou bien encore de bonds défiant l’imagination.