Quelle liberté ? [Louis]

<<<  Un comte pour un comté

Et dire que des gens ne rêvaient que de ça. Se retrouver au travers d’innombrables gens, tous habillés de leurs plus fins atours, tentant tant bien que mal de paraître plus puissant, plus riche que leurs voisins. Certaines femmes se lançant même dans un jeu de séduction bancale pour séduire un quelconque partie. Adélina ne manqua guère les regards ravageurs au-dessus d’éventail qu’on lançait au Duc et au nouveau Comte. C’était même palpitant à regarder, les jeux de regard, avant de se ventiler à l’aide d’un morceau de dentelle. C’était quelque chose qu’elle n’avait jamais fait, ni même pensée exister. Ce n’était que depuis qu’elle avait rejoint la cour Soltarii qu’elle avait remarqué les attentats désespérés de femme en tout genre pour avoir l’attention masculine. Peut-être que si elle avait passé plus de temps à la cour Berthildoise, elle aurait vu un peu plus ce jeu. Mais de toute évidence, cela semblait être de puérils attentats pour atteindre une attention déjà portée ailleurs. Le Comte et Adriano étaient dans une discussion qui semblait des plus passionnantes, dont les échos n’arrivèrent guère aux esgourdes de la nordienne. La jeune femme balaya son regard azuré sur les convives devant elle. Tous s’étaient assis avant de se mettre à parler entre eux, les gobelets se faisant remplir de boisson en tout genre alors que d’autres se mettaient à rire, à manger. L’évidence la frappa alors ; elle était bien loin de chez elle… Adélina remercia d’un sourire un serviteur qui déplaça un énorme plateau de fruits de mer devant elle et Antioche avant qu’une voix ne vint la sortir de ses pensées :



« Des erreurs du passé, nous apprenons tous les jours, votre honneur. »



Adélina retourna finalement son regard vers Louis, l’air toujours aussi sereine avant de l’observer alors que ce dernier ne remplisse sa coupe de vin blanc. La jeune femme le laissa faire, l’observant d’un visage plus ou moins neutre. Elle n’avait pas raconté à quiconque sa rencontre avec Louis d’Ydril, et pour être honnête, mieux valait qu’Adriano n’en apprenne jamais un mot, autant pour Louis que pour la jeune femme. « Vous allez croire les gens quand ils vous déclineront leurs identités ? » Murmura-t-elle couverte par le brouhaha des convives. Un sourire amusé orna les lèvres de la baronne alors qu’elle fit signe un rapide signe de tête à Louis. « Tout l’honneur est pour moi, Messire. » Adélina porta la coupe à ses lèvres avant de jeter un regard vers Adriano, tenta de voir si ce dernier lui portait une quelconque attention, voyant que ce dernier était obnubilé par une conversation avec Antioche et le futur comte, la jeune femme lâcha un léger soupir avant de porter son attention à la foule. « Comment trouvez-vous votre premier banquet ? Je suppose que cela doit être bien différent de ce que vous avez pu expérimenter jusqu’à présent. » Ce n’était aucunement une insulte, ni un commentaire déplacée, la jeune femme avait engagé la conversation avec autant de délicatesse qu’elle le pouvait. Adélina porta de nouveau son regard bienveillant vers le jeune homme avant de murmurer ; « En espérant que la réalité ne fut pas trop décevante… »

La baronne reporta sur le jeune homme alors qu’il reprenait la parole. La jeune femme haussa un sourcil alors qu’un léger sourire vint orner ses lèvres lorsque qu’il la tutoya, avant de se reprendre maladroitement. « Pardonnez-moi. Loin était mon intention était de vous insulter. Je ne connais pas votre vie d’antan, mais je suppose que ce n’était rien de cet acabit… » Elle balaya la salle une nouvelle fois du regard avant de continuer : « Après tout, les événements que nous célébrons aujourd’hui sont assez rares. » Elle fit un sourire sincère à Louis alors que ce dernier lui avouait apprécier particulièrement celui-ci avant de simplement conclure ; « Vous m’en voyez ravie. » Adélina tourna légèrement la tête vers son interlocuteur, l’observant silencieusement pendant quelques secondes. Difficile d’imaginer qu’il y a quelques semaines à peine, le pauvre ne l’avait pas cru. Ne croyant pas qu’elle était la baronne d’Alonna. « Vous me flattez, messire, mais rien n’a changé depuis notre dernière rencontre. » Adélina jeta un nouveau coup d’œil vers Adriano avant de se retourner rapidement vers le jeune homme lorsqu’elle se rendit compte que ce dernier était vint. La nordienne soupira avant de murmurer ; « J’ignore qui est le plus chanceux entre son Altesse et moi-même. » Répondit-elle tout simplement avant qu’elle ne retourne son regard sur l’assemblé devant elle.



Les rires s’élevaient de la salle, trahissant la légère ivresse qui commençait à s’installer. C’était une agréable fête - enfin, si l’on se sentait un tant soit peu à sa place au travers de cette fête. Adélina avait l’impression que tout cela était légèrement amer, comme si elle hurlait à l’aide, mais que personne ne pouvait l’entendre au travers de ce brouhaha. Elle avait l’impression de manquer d’air, et surtout de ne pas être à sa place. Quelque chose avait changé depuis son retour de Meca, mais elle n’arrivait pas à se retrouver, à laisser tout cela derrière elle. Reprenant finalement ses esprits, la jeune femme se retourna de nouveau vers lui, un sourire timide sur son visage; « Mais non… Je dois vous avouer que je ne m’attendais certainement pas à vous retrouver à mes côtés pour cette grande occasion. Je me doutais que vous n’étiez pas n’importe qui… Mais delà à imaginer que vous étiez le frère du comte ; pas du tout. » Murmura-t-elle, espérant qu’Antioche était toujours absorbé par sa conversation avec le Duc. « Que nos deux souffles se croisent ainsi semble presque surréaliste, comme si la mère avait quelque chose en tête. » Adélina observa quelques secondes le pauvre bailli, ce dernier avait presque l’air de somnoler sous les effets de l'alcool. La jeune femme prit une légère gorgée avant de tourner son attention vers Louis. « Je crois que Messire le Bailli ne se porte pas bien… À moins que l’alcool que vous m’avez servi soit particulièrement traître. » Dit-elle avant de tremper à nouveau ses lèvres dans le verre de cristal finement décoré.