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 Le sang d'Olorainë

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Árólindë Yuitë
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Árólindë Yuitë


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MessageSujet: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeSam 7 Oct 2023 - 18:14

Sixième ennéade de Karfias,
An 21 du Cycle XI,
Ancien Protectorat d’Olorainë.



Le cœur. Le centre, sinon d’Aduram, de ce qu’avait été le protectorat d’Olorainë. Autrefois un berceau pour leurs anciens Frères du Linoïn, dont la canopée étaient les langes d’une culture brillante sous l’égide bienveillant de la Mère et, dorénavant, le couffin honni de Porte-la-Peste, dont la magie était la parfaite antithèse à tous les enseignements des Divines Sœurs.

Les chœurs. Les chants viciés rampant dans leurs esprits et s’y insinuant insidieusement. Une mélopée terrible, hurlante bien qu’inaudible, qui les tiraillaient. Les racines vicieuses qui poussaient autour de leur Souffle et dont l’étreinte, forte, aussi profondément enfoncés qu’ils l’étaient dans les bois d’Aduram, était une souffrance térébrante.

Ils avançaient vers le brasier de haine qui rougeoyait au milieu de ce qu’il fallait bien appeler un royaume. C’était une terre souillée deux fois ; d’abord par la violence aveugle des Ondur, puis par les abjections assujetties au Sorcier-Nécromant. Dans le domaine qu’il s’était taillé, il semblait que la Vie cédait peu à peu à son pouvoir et à mesure que les soldats Taledhels s’y enfonçaient, cette impression s’en trouvait renforcée. Les attaques s’étaient intensifiées avec leur progression, leur faisant tirer le fer des fourreaux quotidiennement contre des créatures monstrueuses à la lumière du jour ou des ombres mouvantes émergeant des frondaisons sous les rayons des lunes. Le nécromant ne rechignait à convertir à son joug le moindre morceau de chair et, dans son acharnement prosélyte, pervertissait une armée de non-mort qu’il déchaînait contre la troupe. S’ils en étaient toujours sortis victorieux, jusque-là sans même déplorer la perte d’un seul camarade, les blessures s’accumulaient à chaque échauffourée et ainsi allait le harassement des combats répétés chaque jour contre un ennemi qui ne céderait jamais face à la fatigue. Puis, alors qu’ils approchaient du cœur, les attaques s’étaient lentement taries. Comme répondant au cor silencieux sonnant le rappel, les engeances se replièrent et leurs attaques se firent moins fréquentes.

Puis il y eu un faux-pas.

La colonne s’était étendue en longueur pour s’adapter à la sente qu’ils suivaient, menée par un Aigle et sa monture. Le cri d’un Berceur perça le silence, anticipant trop tard le piège sur lequel le Soldat avait posé le pied. Sous son poids, le sol céda et s’y perça une gueule béante de chair et d’ossements, réveillée de son sommeil à leur passage par la nécromancie du Sorcier, qui l’engloutit et deux soldats wyslenans avec lui. Les guerriers allèrent grossir le troupeau de corps pantinisés, braquèrent sur ses compagnons leurs regards vidés de Souffle et chargèrent contre eux.

L’épée d’Árólindë déjoua les gestes rendus malhabiles de son compagnon. Il trancha un avant-bras, sectionna les tissus de l’aine et enfonça sa lame dans la propre poitrine d’un de ceux qu’il avait participé à faire soldat. Quand furent coupés les liens magiques qui maintenaient debout le corps sans vie de l’Aigle et l’animait d’une rage absurde, les lèvres du Lieutenant pleurèrent son nom comme si sa supplique avait eu le pouvoir de lui rendre ce que la non-vie avait pris.

Le combat tourna rapidement à leur avantage. Lorsque le silence de la forêt étouffa les cris des elfes et les hennissements montures, ils étaient quatre de moins debout.

Les corps des soldats furent enterrés avant la nuit. Leur Eau n’engendrerait pas de Lueur et leur corps ne seraient pas couverts des quatre linceuls, mais entre leurs lèvres, Árólindë déposa une graine de l’Estel, qui porteraient son Espoir pour une Aduram apaisée.

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Xal'Zhaun
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeSam 7 Oct 2023 - 23:38



Ta lutte est futile. Le temps te manque. La corruption avance plus vite que tu n’es capable de l’affronter. Les douleurs de l’Aduram, des siècles que tu les subis, des siècles que tu vis avec, des siècles que tu essaies de mieux les comprendre, des siècles que tu pensais en avoir saisi la racine. Toi espérais que la Traîtresse finisse par te libérer du labeur qu’elle t’a imposé, qu’elle te laisse l’occasion de prononcer son nom au sein d’Elda, ed questionner sa nature, de pousser les Puysards à questionner leur nature, et celle de la guerre qui les oppose à vos pleutres de cousins du Nord. Tu espérais repartir d’ici avec des réponses, pouvoir percer le mystère derrière des conflits ancestraux, être celui qui canaliserait la fureur d’Elda en une mission nouvelle. Tu espérais être celui qui pousse les Ilythiiri à réclamer leur dû plutôt qu’à simplement détruire. Et à défaut de te lover dans les bras de votre cruelle Mère, tu espérais pouvoir lui prendre ce qu’elle fait mine de vous offrir sans se résoudre à s’en séparer.

Mais la vérité est que tu es prisonnier.

Tu es son esclave. Tu fais son labeur malgré toi. Et tu détestes le fait d’être incapable de te résoudre à faire autrement. Tu aurais aimé mourir, mais tu n’y arrives pas. Il t’en empêche. Le Tréant. Il refuse de te laisser partir, parce que tu as une responsabilité envers cet endroit, parce que ton coeur s’y est attaché. La Traîtresse a infiltré ton Esprit, ses racines se sont ancrées dans ta Flamme, et tes résolutions vacillent.
Ta lutte est futile. Le temps te manque. La corruption avance, et tu en souffres corps et esprit. Tu en souffres corps et esprit au point de vouloir en mourir, mais Elle ne t’autorise pas à te donner la mort. Te voilà forcé de faire son œuvre. Te voilà forcé de lui obéir. Et où est donc Uriz ? Où est donc le Père des Batailles, lorsque sa sœur se fait ta tourmentrice ? Où est donc le Père des Batailles, lorsque tu livres ta plus grande guerre intérieur ? Où est donc le Père des Batailles, pour guider tes griffes, pour guider ta Braise, pour te donner la Liberté d’agir en son nom ? Lui qui est censé avoir offert le Choix à ceux ayant décidé de le suivre, pourquoi te le refuse-t-il ?

Tu l’as choisi, pourtant.

Tu souffres à l’excès. Les voix de la Sylve te déchirent l’âme. Tu n’en peux plus de les entendre pleurer. Tu n’en peux plus de les sentir mourir. Tu as la sensation de mourir avec elles. Mais la délivrance de la mort t’est mille fois refusée. Tu meures en continu, en même temps que le fléau se propage. Tu pleures. Tu pleures. Tu pleures jusqu’à t’endormir. Et puis tu le laisses faire.
Tu as beau lutter pour rester Toi, c’est le Tréant qui vit à ta place depuis quelques mois déjà. Depuis la Lune Rouge, depuis le renouveau des combats, depuis qu’a recommencé la lutte primordiale au sein de cette nature enragée. Tu as beau lutter pour rester Toi, depuis que les Elfes ont mis le pied en Aduram, tu existes en tant que Tréant. Et le Tréant, pour te protéger, panse les plaies de la forêt sclérosée.

Il puise dans tes forces, t’emprunte ta magie et te dérobe ta voix pour commander à l’Aduram. Il hurle à Liltalaima nuit et jour durant, et elle lui répond en des Chants de Guerre. Il hurle à travers la Dissonance, ralliant la forêt derrière ses cris. La Sylve lutte. La Sylve lutte pour sa vie. Pour ne pas finir deux fois morte. Car celui qui l’a servie aujourd’hui l’asservit. Car depuis la Lune Rouge, le Sorcier rendu fou par la Dissonance est devenu le monstre qui lui inspire de nouveaux pleurs.

Avec la Sylve le Tréant pleure, de tristesse et de rage. Au sein du Cœur il erre, hurlant aux Premiers-Fils de garder espoir pour que lui ne le perde pas. Au sein du Cœur il erre à la recherche d’un répit. D’un oasis libre du fléau, auquel se raccrocher. Un oasis libre du fléau, à faire croître pour lutter contre la décrépitude. Ne serait-ce qu’une Voix pure au milieu des Ténèbres.


Deux


Trois


Quatre


La Sylve tremble, sous les ordres du Tréant. Quatre choristes aux voix pures, l’appellent à sa mission. Quatre Voix pures, mais fébriles. Pures, mais trop jeunes pour Sonner. Pures, ne demandant qu’à être instruites. La Sylve tremble, à la faveur de Sa Voix. Le Tréant entonne un Hymne à la joie. Et les Quatre Voix l’entendent, et les Quatre Voix l’imitent. Et les Quatre Voix se soulèvent. Et les graines de l’Estel s’enracinent dans le sol ensanglanté. Elles boivent le sang et s’en repaissent. Elles dévorent la mort et en renaissent. Les jeunes saules aux voix pures s’élèvent vers le ciel, et aux Fils qui les entourent offrent la caresse de leur jeunesse. Enfants de Myrhammen, héritiers de son sacrifice, oasis de Paix au bord du précipice.

Aux Elfes en leur sein ils Chantent la détresse du Tréant. Et quand le Tréant s’avancent ils savent sa force, ils savent son importance, mais surtout, ils savent sa fatigue.
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Inglor Helyanwë
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeMar 10 Oct 2023 - 12:08

Voilà une ennéade que l'expédition taledhelle s'était engouffrée au cœur même de cette forêt maudite, naguère fief d'un Protectorat, dont l'héritage n'est aujourd'hui que haine et violence. Inglor avait, jour après jour, recouvré le plein usage de ses membres, si l'on exceptait quelques blessures plus tenaces. Ces blessures n'étaient que superficielles comparées à l'intensité des chants viciés résonnant dans ses oreilles jusqu'à lui faire perdre la raison. Néanmoins, les elfes s'accrochaient résolument à la raison, et résistaient toujours plus aux innombrables assauts orchestrés par le Nécromant. Si aucun trépas n'était à déplorer, les blessures, plus ou moins superficielles s'accumulaient, tout comme la fatigue.

Un épuisement physique et mental qui leur sera fatal.

Les Berceurs, répartis sur une longue colonne formés pour traverser un étroit sentier, avaient relâché leur vigilance à un moment des plus inopportuns. À l'avant de la cohorte, un piège avait été tendu. Un piège repéré trop tardivement par celui qui surveillait le front, emportant deux soldats dans une embuscade dressée par la mort elle-même. Comme si emporter leur vie ne suffisait pas, le Nécromant avait fait de ses deux victimes les nouveaux esclaves de son maléfice. Le combat qui s'ensuivit ne fut en aucun cas difficile, et ce n'était là pas le but de la manœuvre. Ce que désirait atteindre le Nécromant, c'était leur cœur. Un succès, à en voir les larmes de certains de ses camarades.

Après une courte et facile bataille vint le deuil, malheureusement écourté par les circonstances. Aux cotés d'Inglor, la tristesse et le culpabilité animait le visage de celui qui manquât de prudence. Ses frères se chargèrent d'apporter les seuls rites qu'un prêtre de Tari pourrait leur apporter dans ces lieux infâmes. Alors les elfes s'apprêtaient à pleurer leurs morts en silence, la forêt ne semblait pas encline à leur laisser ce répit.

Les graines déposées par Árólindë sur la bouche des soldats tombés s'animèrent et débutèrent leur germination. Pris au dépourvus, les Berceurs ne réagirent pas devant ce phénomène qui n'avait rien de naturel. Les graines prirent la formes d'arbrisseaux, se nourrissant du sang des trépassés comme s'il s'agissait d'une eau des plus pures. Les arbrisseaux devinrent d'imposants saules, dessinant autour des elfes un immense bosquet aux allures de havre de paix dans cet endroit dans lequel le mal régnait en maître. C'est comme si la Nature reprenait ses droits dans un espace très limité, et peut-être pour une durée tout aussi limitée.

Inglor ressentait comme un étrange sentiment de surdité. D'ordinaire si agressive, la Dissonance n'avait plus aucun effet sur lui de quelle que manière ce soit, comme si elle avait disparu. Ou n'était-ce qu'une mauvaise illusion ? Les elfes endeuillés restèrent de marbre face à ce phénomène sur lequel ils n'exerçaient aucun contrôle. Les plus méfiants n'hésitèrent pas à porter la main à la ceinture, sinon à tirer leur lame, tandis que d'autres restèrent figés, partagés entre consternation et fascination. Les Berceurs s'accordèrent pour se préparer à contrecarrer toute menace magique si jamais tout ceci n'était qu'une autre embûche.

À l'approche d'un arbre immense, aux capacités motrices qui plus est, Inglor eut un bref mouvement de recul. Il l'avait déjà vu auparavant, mais ses souvenirs demeurèrent vagues dans un premier temps. Ce n'est qu'en échangeant des regards interrogatifs avec ses compagnons qu'il comprit. Seuls ceux qui s'étaient élancés au secours de Sornor, durant la précédente expédition, pouvaient le reconnaître. Cet arbre était le même que celui qui avait contraint cette dernière à l'abandon, en emportant l'Aigle si loin et si brutalement dans les bois qu'il faillit perdre la vie, sauvé de justesse par Inglor. Avant d'être finalement vaincu, cet ennemi était même parvenu à mortellement blesser Árólindë. Ceux qui s'en souvenaient ne se montrèrent que plus méfiant encore, sinon menaçants. Inglor lui-même ne savait pas comment réagir, car l'inimitié de naguère ne semblait plus à l'ordre du jour, bien que prudence était mère de sagesse. Il ne put s'empêcher d'adresser des regards aux officiers militaires, dont il attendrait les ordres pour prendre l'initiative. Il intima également à ses Berceurs de se tenir prêts.
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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeMar 10 Oct 2023 - 13:37


-C’est la chose qui nous a attaqué l'autre fois. Ne put s’empêcher de glisser un soldat, tendu, guettant les ordres mais dont le corps hurlait de l'envie de venger ses compagnons d'arme.

Seulement cette fois-là "chose" semblait plus désespérée qu’agressive… Quoi qu’elle ne parlait pas et qu’elle n’avait pas vraiment de visage pour s’exprimer. Aegden n’était pas certain de savoir par quel moyen, mais il le sentait. Cette créature était aussi épuisée et affaiblie qu'eux.

Il rendit un hochement de tête aux regard interrogateur de ses soldats, leur intimant de rester sur leurs gardes. Lui aussi gardait son arme au poing, prêt à renvoyer la créature d’où elle venait si elle osait le pas de trop. Pourtant, lui s’avança, prudent. Etait-ce là on nouveau piège du seigneur des bois maudit ? Peut-être. Mais dans ce cas, pour quelle raison s’exposer ainsi ? Le sorcier nécromant avait prouvé être largement assez puissant pour se passer de ce genre de manipulation.

-Nous comprend-tu ? lança-t-il alors au Tréant d’une voix forte et suffisamment claire. Peut tu t'exprimer ?

Après tout, peut être que le temps que la colère et la haine refluait,repoussés par les branches de ceux qui donnèrent leur Souffle, subsistait dans ces lieux maudits une infime part de bon, comme le fantôme d'Estiam l’avait autrefois été.
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Árólindë Yuitë
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeLun 16 Oct 2023 - 21:08

Le Lassörn pleurait les morts à l’endroit où ils étaient tombés et à celui d’où émergerait peut-être un salut pour la forêt viciée. C’était un espoir mince, voire vain, né sous les branches de l’Estel quand il en avait récupéré les fruits. A la fatalité de voir des compagnons tomber, il s’était résolu à faire de leur mort une renaissance.

Dans le silence de son deuil, Elle hurlait toujours. Et dans ce moment où le chagrin s’ajoutait à l’accablement, Elle fichait ses épines pernicieuses encore plus profondément dans le cœur du Lieutenant. Elle donnait corps à sa colère, faisait brûler sa fièvre revancharde et nourrissait en même temps son marasme. Elle était l’écho des Chants de Liltalaima, ayant trop longtemps résonné dans la rancœur d’Aduram ; la Dissonance. L’Harmonie de la Symphonie de l’Œuvre absente, Árólindë prenait conscience, au son de ce que sa version pervertie lui inspirait, ce que les Chants avaient représenté pour son propre Equilibre, même sans en avoir l’Ouïe.

Par les pleurs, son fardeau s’allégea. Ses prières sollicitaient une secours bienveillant aux épreuves encore à venir, qui lui fut accordé. L’Art se fit audible alors qu’une présence – était-ce une absence ? – se révélait, échancrant de son apparition la chape de ténèbres. Ouvrant les yeux, l’Aigle constata que les Enfants de l’Estel avaient pris racine et s’élevaient contre la forêt. Le Tréant était derrière eux, pleurant des larmes de cristal.

Dans l’instant de stupeur qui le saisit, Árólindë entendit un soldat intuiter ce qui était déjà pour lui une intime certitude. Le Faën Ornë était celui dont le spath grandissait dans ses entrailles. La haine flamba dans le cœur du guerrier. Pourtant, n’irradiaient du golem de bois que peine et résistance fourbue.

Les yeux exaltés mais le visage interdit, le Lieutenant leva le poing devant son visage, entraînant les Flux. A la frontière de la transmutation, le construct crépita. Mais le feu ne se déchaîna pas. En suspens, les arcanes attendaient le dénouement du dilemme que posait, pour le mage-guerrier, de voir venir en allié celui dont il s’était convaincu être l’ennemi.

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Xal'Zhaun
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeLun 16 Oct 2023 - 22:28


Il ne comprend pas, mais il sait. Il sait les sentiments contradictoires bouillant en leurs coeurs. La méfiance qui est la leur. La rancœur qu’ils ont nourri. L’empathie, dont ils ont su se pourvoir. L’espoir, qu’il se fasse allié de circonstances.
La forme vaguement humanoïde du Tréant s’affaisse, s’abaissant sur ce qui lui sert de genoux. Son crâne sans visage se baisse vers le sol, et il se penche, il s’écrase, il supplie, à la manière des Hommes, à la manière des loups, à la manières des chats, à la manière de ceux qui offrent leur soumission. Puis son bras se lève, les vignes qui le composent se délient, s’étendent, et s’étreignent à nouveau, pour toutes ensembles pointer dans une même direction.

Le Tréant sait où les le noyau de ces lieux souillés ; car les Chants..., non les Hurlements y sont plus déchirants que partout ailleurs. Le Tréant n’a d’autre choix que de plonger vers ce monde de peines, mais en tant que Voix de la même nature que les Premiers Fils, en tant que héraut de Liltalaima, son pouvoir y est instable. Car plus que tout autre, il risquerait de ployer devant les pleurs, plus que tout autre, il risquerait de se trahir.

Le Tréant a besoin de toi. Mais il sait que toi, tu as besoin d’eux.
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Aegden Orian
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeMer 18 Oct 2023 - 17:10


-Árólindë

Aegden lança un regard vers le lieutenant, tendu à l’extrême. Comment n’aurait-il pas pu l’être, face à la créature qui avait manqué de lui prendre sa vie… Sa réaction était légitime. Mais était-elle la plus nécessaire ? Devaient-il chercher à combattre la créature ? Sans doute pas. Pour une raison qui leur échappait, ce qu'il semblait vouloir, c'est que leur chemin continue.
Devant la créature qui avait ployé, inspirant presque pitié tant la détresse qui émanait de lui semblait  forte et tangible, Aegden avait lentement abaissé son arme, la tenant simplement au poing.

-Nous devons continuer. Lança-t-il simplement à l’Aigle. Je doute que cette créature cherche à nous attaquer à nouveau.  Il l'aurait déjà fait. Ailagos tourna malgré tout une dernière fois dans la main de l’elfe. Et quand bien même, Son regard revint sur l’étrange tréant à genoux, cette fois il n’aura pas la surprise pour nous avoir.
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Árólindë Yuitë
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeMer 25 Oct 2023 - 20:58

« – Il l’aura si nous lui accordons notre confiance ! »

Une colère ourdie pendant un plusieurs mois étreignait ses paroles, outrepassant la virulence qu’il avait eu l’intention de mettre dans sa réponse au Mainyth. Árólindë ne se dédit pas, néanmoins, fixant toujours le Tréant. A la lisière de la Matière, le construct palpitait, jouant un rythme contrastant avec l’Harmonie apparue avec la naissance des sépultures. Une pulsation destructrice qui réclamait – qui exigeait – d’être relâchée. Un rythme soufflé, non par la sagesse de la Paisible, mais par les élans de rancœur d’Aduram. Le golem de bois avait ployé l’échine, se remettant à une merci que l’Aigle n’était pas sûr de savoir accorder.

Le feu se libéra. L’éclair igné frappa le tas des charognes abandonnées par la magie de Porte-La-Peste.

« – Si notre ennemi est le même, battons-nous ensemble. Aduram ne vaincra pas, pas plus que le Sorcier. »

Il tourna le dos au Tréant et rejoignit Eäroníra et le réconfort de leurs deux fronts réunis.



Le sang d'Olorainë Szopar10



Deux nuits plus tard,
Alentours des ruines d’Olorainë.



Les attaques de non-morts s’étaient à nouveau renforcées à mesure que la cohorte avait évolué vers leur épicentre, arrachant un nouveau Souffle aux troupes wyslenanes. Exaltée par la magie du Tréant, la graine qu’Árólindë plaça dans sa bouche perça la gangue hostile et fit naître un îlot où le Cri était moins prégnant. Quelques heures de repos et de veille, qui ne furent pas troublées par les engeances du Nécromant, leur furent accordée dans cet abri bienvenu au cœur de la Tourmente.

Au petit matin, ils chevauchèrent à nouveau en colonne, qui s’était néanmoins élargie tandis que la sente le permettait Les Berceurs et les Televin s’étaient répartis pour parer à toute attaque qui aurait scindé la troupe en plusieurs fronts. Dans le combat qu’ils mèneraient bientôt, ils seraient les ressources les plus essentielles à leur victoire et leur survie à tous. Les premiers signes de l’ancienne occupation Taledhelle étaient déjà perceptibles depuis quelques jours, dans les contours sinueux de la route avalée par la forêt ou les traces d’une ancienne carrière. Mais quand les elfes arrivèrent à la lisière de la Cité d’Olorainë, ces témoins sibyllins de la présence du Haedhrim en Aduram sept Cycles plus tôt laissèrent leur place à de véritables ruines. Quelques stèles gravées et des piliers de pierre noire s’élevèrent plus fréquemment à mesure qu’ils approchaient de la cité. Toutes étaient taillées dans la même roche anthracite infusée de discrètes veinules azur, parfois mise à nu dans une petite zone épargnée par les lierres. La forêt rendait méconnaissable toute structure qu’il put y avoir entre les décombres. Toute trace d’architecture avait disparu, lentement rongée par la renaissance de la forêt.

De ces réminiscences millénaires jaillit un cri bestial, triomphant.

Les engeances déferlèrent, les lames furent dégainées.

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Xal'Zhaun
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeMer 25 Oct 2023 - 23:12


Le Tréant offrait ses dernières forces à la tâche. Sa carcasse de bois et de feuilles était bien plus lente qu’elle ne l’aurait dû. Les Elfes ne le savent pas, mais si le pas du géant sylvestre est si lourd, ce n’est pas à cause de sa taille. C’est parce qu’il est épuisé. Abattu par une fatigue qu’aucun repos ne saurait effacer. Il tire cependant. Il tire autant qu’il peut, ne sachant que trop bien la haine que tu voues aux êtres qui l’accompagnent. Mais il prie. Il te prie de sa Voix intérieure de faire honneur à sa mission. À ta mission. Il te prie comme si tu avais le choix.

Tu ne peux qu’obéir ou mourir.
Comme quoi Kerhel n’est pas bien différente de son frère.

Sans que tes véritables yeux ne s’y posent, tu vois s’élever face à toi les restes d’un monde qui a été celui de tes ancêtres. Et ton coeur est pris d’une profonde angoisse. Ce n’est pas la première fois que tu traverses les ruines jonchant les bois d’Aduram, pourtant. Voilà bien longtemps que tu arpentes ces lieux. Voilà bien longtemps qu’il t’a été donné de toucher du doigt ce qu’ont été les tiens, de communier avec certains des souvenirs – fussent-ils seulement les plus horribles – ayant marqué tes origines. Mais cette fois… cette fois tu le faisais accompagné des traîtres qui vous ont condamné.

Oh, à quel point serait-il facile de simplement les laisser mourir ? À quel point serait-il simple de les offrir en pâture à la forêt tordue qu’ils ont créé, et au sorcier impie que leur peuple d’hypocrites a enfanté. Trop simple. Bien trop simple. S’il ne s’agissait que de toi. Seulement le Tréant se meurt dans l’espoir qu’ils vivent, et tu tiens trop au Tréant pour lui infliger une telle mort.

Lorsque les non-morts arrivèrent, tu te résous à soulager ta moitié, arrivée à bout. Les ronces qui le faisaient se rétractèrent en l’armure qui embrassais ta peau de jais. Ainsi lorsque la Sylve se mit en branle, et que les racines percèrent les chairs putréfiées de vos agresseurs, c’est à un Eldéen qu’elle obéit.
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeDim 29 Oct 2023 - 11:33


Árólindë  avait réagi avec toute la véhémence à laquelle le mainyth s’attendait. Il ne le retint pas. C’était bien inutile. Après un bref soupir d’agacement, son regard se tourna à nouveau vers le fichu tréant. Il ne lui faisait pas confiance, c’était certain, mais maintenant il était là et il venait d’être clair qu’il les suivrait.

Il aurait dû tenter de parler avec l'Aigle il savait bien. Mais agacé, tendu à l’extrême comme le reste de ses camarade, il ne s'en sentait pas la patience.
Lorsqu’ils se remirent en chemin, il lui fit un geste, lui indiquant de suivre la marche. Chose que la créature sembla faire, qu’il ne comprenne ou non. Pourtant, durant ses quelques tentatives suivante de communiquer, au-delà de se contenter de le fixer sans rien dire, le mainyth était persuadé qu’à défaut de comprendre ses mots, la créature en captait au moins l’intention générale. Cependant, ajouter à la situation déjà tendue cette non communication acheva de l’exaspérer et il finit par abandonner a nouveau, se contentant de malgré tout surveiller lavec soin les fait et geste de leur étrange invité.

Sur les nerfs, une fois, sur le chemin il se surpris même à repousser plus sèchement qu’il ne l’aurait voulu une attention pourtant douce d’un Vailimo inquiet pour son camarade dont il sentait l’étrange instabilité émotionnelle qui lui ressemblait si peu et l’elfe s’en effraya aussitôt, en silence.
Deux jours passèrent ainsi dans cette lourde atmosphère et rien ne changea assez pour alléger leur humeur, bien au contraire.

Bientôt, des pierres taillées mais rendue difforme par le temps percèrent çà et là le chemin qu’ils parcouraient, et à la colère qui bouillonnait dans son souffle, le soldat sentit une pointe d’amère mélancolie poindre à nouveau. L’espace d’un instant, il se laissa aller à passer sa main contre un amas de pierre en une espèce de ruine de colone. Autrefois, un jour lointain, ces pierres avaient peut-être soutenu une demeure. Peut être avait-elle vu les rires et les pleurs de quelques enfants. Peut être avait-elle vu une famille se construire ici. Ou bien cela avait il été un bâtiment consacré à la simple vie communautaire et des dizaines d'elfes avaient pu, en un geste banal poser leur main à ce même endroit. Qui avaient-t-ils été? Qu'elle avait été leur vie ici? Tout cela, disparu à jamais. Et ces questions resteraient à jamais sans réponse. Et aujourd’hui, plutôt qu’enfin trouver le repos de l’oubli. Celui qui en avait fait son royaume vicié ne cessait d’un peu plus profaner ce qu’il restait.

Un cri de presque victoire retentit et arracha le lëandrin à sa mélancolique contemplation. Le combat reprenait.
Des non morts se jetèrent sur eux tel l'immonde vague qu'ils formaient. Quelques-uns trouvèrent la route du commandant et des soldat formant l'arrière du convois. D’un coup net, Ailagos trancha un buste. Un revers et le vent repoussa le sursaut de rage d’un second dont les os explosèrent sur une souche. Un troisième vit son élan stoppé net par les flèches d'un allié et sa non vie cessa par l'intervention d'un berceur. Mais soudain un mouvement capta l’attention du mainyth sur sa droite. Le tréant n’était plus. A sa place se tint un drow. Épuisé certes. S'attaquant à leurs ennemis, certes. Mais un drow.

De rage, Aegden repoussa un dernier cadavre à s’approcher trop près et d’un même geste, pivota et releva sa lame pointée vers celui qui se présentait en allié, laissant la vague d'air froid s’abattre sur lui.

-Explique toi par la Mère ! Lui hurla-t-il.

Seulement cette brève inattention fut l’opportunité pour une engeance de se jouer de sa garde. L’amalgame d’un humanoïde mêlé à une bête canine,rongée par la pourriture se jeta en avant et mordit soudain dans le cuir de son bras avec tellement de force qu’elle en perça l’armure. Alors l’elfe n’eut d’autre choix que de laisser un répit à l’intrus et  rediriger toute sa rage qui explosa contre cette bête et celle qui suivaient de près. Il planta brutalement la pointe de sa lance dans la tête de la première qui céda finalement dans des gargouillement immondes. Les lames de vent glacial qui s'ensuivirent sifflèrent avec rage et semblèrentredoubler de la même violence qui anima son propriétaire.
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeMar 31 Oct 2023 - 20:19

Face au tréant, les douloureux souvenirs des uns se mêlèrent à l'indécision des autres. Devaient-ils se fier à cet arbre, auparavant ennemi, dont les desseins demeuraient flous ? Ou était-il préférable de ne se fier à rien ni personne dans ces lieux maudits, quitte à se passer de potentiels alliés ? En d'autres circonstances, nul doute que personne ici présent n'aurait daigné se poser la question. Mais, en Aduram, les doutes étaient permis.

Finalement, l'expédition avança avec le tréant, épié par les elfes les plus méfiants. Les assauts morts-vivant s'intensifièrent, emportant un autre soldat dans leur sillage. Une nouvelle opportunité pour le Tréant de créer une nouvelle zone dans laquelle l'abominable Dissonance devenait inaudible, au profit d'un doucereux silence. Le sacrifice de quelques uns étaient-ils la clé de leur salut ? Un bien sordide constat, s'il était vrai, vu leur ennemi.
Les Taledhels reprirent la route, trouvant, au fil des jours, de nouveaux vestiges de ce qui était jadis un glorieux Protectorat elfique. Si certaines structures voyaient certaines de leurs pierres résister à la progression naturelle de la forêt, la grande majorité de l'antique cité était désormais ensevelie par la broussaille. Sept Cycles durant ont contribué à la disparition définitive d'Oloraïné de la surface du monde, et les seuls témoins de sa grandeur étaient devenus le pire ennemi de ceux qui étaient venus jusqu'ici pour purifier cette forêt de son maléficien. Nul doute que la haine et la violence du peuple volcanique avaient effacé cette cité de leur mémoire.

Chacun des expéditionnaires furent, le temps de quelques minutes, suspendus à ce lieu chargé d'histoire. Contemplant les pierres et le feuillage roncier, tous s'essayaient à imaginer les lieux tels qu'ils étaient sept cents ans auparavant, et s'il était réellement possible de lui rendre sa superbe originelle. Un rictus anima le visage d'Inglor, lui qui venait d'un Protectorat îlien potentiellement aux antipodes de ce qu'était Oloraïné. Ce faisant, cette dernière ne pouvait être aussi belle qu'Holimion, et cette simple pensée l'amusait.

Tous pensaient, ou, du moins, espéraient que l'origine de l'horreur se trouvait là, au cœur de l'Histoire. Mais, ici comme ailleurs, la mort était maîtresse des lieux. Les soldats durent répondre à un nouvel assaut opéré par le nécromant, tirant leurs lames et préparant leurs sorts. En formation derrière les soldats, exaltés par la nostalgie d'une époque révolue ravivée par les ruines desquelles ils s'approchaient, les Berceurs jouaient de la lame et de l'incantation pour vaincre cette nouvelle vague de non-morts. Entre temps, le Tréant s'était dématérialisé, laissant apparaître sous son écorce celui qui le commandait. Et quel commandant. Un Daedhel. Nombreux furent les combattant décontenancés, et pour preuve, même le Mainyth s'était fait piégé. Si ce dernier était parvenu à se dépatouiller de la créature qui l'avait férocement accroché, d'autres nécessitèrent l'intervention de leurs camarades. Les Berceurs tournèrent leurs arcanes vers les soldats piégés, et les soulagèrent de ce fardeau mortel. Cette difficulté surmontée, les Taledhels purent reprendre l'avantage, et repousser l'assaut. Le dernier cadavéreux fut violemment abattu par Inglor, assénant trois amples attaques de sa grande épée sur la tête de son purulent ennemi.

À peine la bataille terminée, tous se tournèrent aussitôt vers celui que nombreux surnommaient déjà “l'imposteur”. Les moins atterrés purent appeler cette situation un comble. Arcamenel n'avait vraisemblablement pas le monopole de la farce. Alors que les elfes se regroupaient, arme à la main, autour du Drow, Inglor intima les guérisseurs de s'occuper des blessés. Cette fois-ci, aucune perte n'était à déplorer, en tout cas pour l'instant. Pendant de longues secondes, les Taledhels observèrent avec ardeur le Daedhel, qui ne tressaillait pas devant eux.

« Je suis tenté de demander comment est-ce possible, mais je ne suis même pas sûr de vouloir connaître la réponse… ni d'être prêt ou d'en être digne. »

Inglor ne fit preuve d'aucune ironie, bien qu'il aurait pu. Non pas qu'il questionnait l'intérêt que Kÿria ait pu lui porter, encore que, mais force était d'admettre qu'il était pour le moins surprenant de voir un Drow commander aux tréants. Ils étaient, d'ordinaire, plus prompts à les incendier ou les empoisonner qu'à communier avec eux. Du moins, c'est ce que l'histoire récente leur avait appris.

« Et le temps nous manque. » tout comme la patience de certains ici présents, faillit-il ajouter avant de s'abstenir.
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeJeu 9 Nov 2023 - 22:46

Aduram et ses créatures avaient eux-mêmes aiguisé les armes qui causeraient la perte de celui qui s’en proclamait Seigneur. Les engeances qui faisaient face aux guerriers elfes étaient toujours plus nombreuses, combattaient toujours plus férocement à mesure qu’ils avançaient vers leur berceau, mais s’engageaient toujours dans les combats avec les mêmes tactiques. La routine des affrontements permettaient d’anticiper les mouvements de la meute de non-morts, d’anticiper dans quelles ouvertures dans les rangs Taledhels seraient-ils plus susceptibles de s’enfoncer, ou au front de quelle lame ils se jetteraient sauvagement, et ce savoir permettait de les abuser.

L’épée d’Árólindë fraya avec les créatures du Sorcier, déchira les chairs et ouvrit des brèches dans le mur de corps difformes qu’elles formaient. Sa danse de lame, de bouclier et de flux ouvrit la voie aux Aigles, qui se lancèrent derrière leur Lieutenant en faisant reculer le front loin des Berceurs qui délivraient, de leurs baisers d’éther, les engeances de leur servitude.

A leurs côtés, le Tréant se joignit à la bataille. Sa silhouette, fugacement aperçue alors que le Lassörn jetait un œil en arrière pour évaluer la situation du front, s’était ramassée en un amoncellement de racines portées en armure par un elfe à la peau d’ébène, à qui la flore obéissait pour terrasser les non-morts.

Le trouble qui le figea faillit lui coûter la vie. Aduram ne laissait pas la temps de la compréhension. L’horreur, l’indignation et les perspectives de cette révélation s’évanouirent devant le bras décharné d’une engeance heurtant le heaume du soldat. Aduram ne laissait pas la liberté de choisir ses ennemis.

« – TENEZ LE FRONT ! »

Amplifiée par l’Air qu’Árólindë convoqua pour porter sa voix, l’injonction tonna au-dessus de la clameur du combat. L’épée de l’Aigle se dégagea d’un torse humanoïde, son bouclier brisa le crâne d’une chimère qui s’écroula peu après, ses liens nécromantiques sectionnés par un berceur.

Lorsque sa lame décapita le dernier ennemi qui s’était présenté à son fil, le Lieutenant poursuivit son mouvement, pointant l’acier à un pouce du visage du Tréant métamorphosé. Il avait les yeux ambre-sanguine et le derme d’Elda, une cuirasse faite de l’écorce de l’arbre vivant et sourdait de cet être abjecte la même sérénité qui avait émané du végétal. Ses cheveux étaient d’un noir inhabituel sur un visage drow.

« – Si tu comprends notre langue, explique-toi. »

Tout juste sortis de l’affrontement, c’était le sang-froid nécessaire aux combats qui présidaient aux émotions d’Árólindë. Son injonction, il l’avait prononcé froidement, raide dans sa posture, son arme tendue, promesse d’une mort en sursis. Seuls son regard brûlant de colère perçait de son heaume.

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Xal'Zhaun
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeVen 10 Nov 2023 - 20:12



Il fallait s’y attendre. Tu aurais probablement réagi de la même manière à leur place. Ou peut-être encore plus violemment. Qui sait ? Même dans ton actuelle position, s’il n’y avait pas les hurlements de la forêt et les pleurs du Tréant… tu les aurais… tu les aurais… à quoi bon ? Tu n’as plus la force d’aller contre les ordres de la Traîtresse. Qu’ils fassent de toi ce qu’il leur plaît, tes cousins. Au moins s’ils cèdent aux mêmes pulsions que celles brûlant dans ton ventre, tu emporteras au Nahali la réponse à toutes tes questions. Et peut-être… peut-être Teiweon rendra-t-elle ta Flamme au monde des vivants juste pour un temps, le temps que tu partages la vérité qui leur échappe à tes Frères.

Le nez retroussé, le regard à la fois défiant et provocateur, tu dévisages tes alliés de circonstance. C’est sur leurs faciès plus qu’à l’écoute que tu essaies de lire leurs intentions. C’est ce qu’ils dégagent, leur manière de vibrer, leur manière de Chanter la seule chose qui te permets de les comprendre. Et peut-être ainsi les comprends-tu mieux que si tu avais pu comprendre leurs mots. Peut-être ainsi les comprends-tu mieux qu’ils ne se comprennent eux-mêmes.

Tu te méfies du blond. De son calme apparent. De la manière dont sa Flamme semble refuser à embraser les charbons d’Aduram. Tu l’as vu maintes et maintes fois chez les fous s’aventurant à travers ces bois. La plénitude est une traître maîtresse. La Dissonance l’atteindrait tôt ou tard, et l’horloge a déjà beaucoup tourné. Si le Linoïn devait hurler, il serait le premier à succomber.

Tu as pitié du roux. Parce qu’il s’évertue à lutter dans un combat perdu d’avance. Il s’évertue à lutter alors qu’il a déjà perdu. D’entre tous c’est à lui que plaît le plus l’odeur du sang. D’entre tous c’est lui le seul qui ne saurait s’en passer. Même sans Aduram il pourchasserait la mort l’éternité durant, car il ne connaît rien d’autre.

Le brun, lui, te plaît. Car il a cédé. Ses camarades ne le savent pas, mais il a cédé. Sa Flamme brûle du même feu que les peines de cette forêt. Il ne se bat que pour donner sens à une existence qu’il abhorre. À la manière de ces bois, il dirige sa violence vers d’autres car sans cela il s’autodétruirait. La fin. L’anéantissement. Le repos. C’est à la fois tout ce qu’il désire, et tout ce qu’il refuse de s’accorder. Car il est déjà mort. Devenu une mission faite chair plutôt qu’une personne.

Tu lèves le menton, et laisses peser le silence quelques instants encore, attendant de voir si les meneurs Sylvains étaient assez puissants pour trahir leurs propres Chants. Mais il n’en est rien. Ils sont toujours esclaves. Tout aussi esclaves que toi. Tout aussi esclaves que le reste de votre race.

- Je Entends.

Ce sont les seuls mots de leur langue que tu connaisses. Ceux que t’a inlassablement répété ta « mentor » durant les longues années qu’elle a passé à t’imposer mille tortures. Les seuls mots de leur langue – finalement – qui fassent réellement sens.

Tu te retournes et pointes du doigt le lointain. Toi tu ne le vois pas, mais tu sais que leurs yeux à eux le peuvent. La tanière du nécromant est là. Ta cible est là. Ta cible, et celle que tu sais intimement être la leur.
Faisant fi des armes te menaçant toujours, tu te retournes et lances la marche. Et ta main va à ta ceinture, pour y cueillir quelques graines, et l’une après l’autre, ta magie fait de ces graines des poupées végétales, et si les Elfes ne le font pas, ton bataillon au moins t’emboîtera le pas.
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeLun 13 Nov 2023 - 18:01


De l'altercation qui suivit entre l'intrus et le reste du groupe, Aegden ne dit rien et écouta. Il se contentait d'attendre, de chercher à comprendre ce que le drow pouvait avoir à dire. Ce qu'il pouvait avoir à montrer. Mais à nouveau, rien. Des bribes.

Assez. Assez de ce jeu.

Les quelques pas qu'il fit pour s'esquiver furent l'étincelle de trop à une colère qui ne cherchait qu'à toujours plus s'embraser. Le mainyth ne pouvait pas laisser le drow s’en tirer si facilement. De quelques pas il rattrapa la carcasse noireaude qui s’en allait comme si l’incident était déjà clos. Lame au poing comme s’il s’agissait d’une épée, il la tint à la gorge du drow, son regard froidement planté dans ses prunelles rouges. Il ne le blessa pas, mais le défiait définitivement d’avancer plus.

-Toi. Écoute. Lui fit-il dans sa langue honnie qui lui rappait la langue. Toi reste près et nous suivre, même…but. Mais si tu danger nous. Moindre…

Sa prise changea, et la lame vint appuyer un peu plus sur la peau d’ébène et elle suffit à illustrer la menace de l’elfe sans mots supplémentaires. Un faux pas. Il n’en faudra pas plus pour abattre la menace potentielle que cette créature représentait. Le lancier n'en éprouverait nulle remord alors que la haine et la colère,...mais aussi la peur, au fond, faisait bouillir son sang. Cette fois quoi qu'il en était, l'étrange drow n’aurait pas l’excuse de la langue pour ne pas comprendre.

Sachant bien au fond, qu'insister d'avantage était vain, il fit deux pas en arrière, la lance retrouva sa place naturelle.

-Suivons le. Et restons sur nos gardes.

Car, ils n’en avaient malgré tout pas vraiment le choix. Leur objectif était commun qu'ils le veuillent ou non et ils avaient un ennemie bien plus important à abattre. 
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeMar 14 Nov 2023 - 19:21

Exposé aux douloureux hurlements viciés de la forêt, un rien pouvait définitivement condamner les braves expéditionnaires s'approchant, jour après jour, de leur objectif. Un rien comme la présence d'un ennemi séculaire que l'on ne penserait jamais capable de se montrer dans ces bois maudits. Encerclés par les soldats elfes, le Drow était étonnement flegmatique, loin des standards de ceux de sa race. À l'instar de ces derniers, l'otage ne s'écrasait pas, bien au contraire. Le défi animait son visage noiraud et ses yeux pourpres. Faute de parler le même dialecte, les deux parties se toisaient du regard, afin de mieux cerner leurs intentions respectives.

Dans un vocabulaire approximatif, le Daedhel fit entendre le son de sa voix. Quelques mots qui disaient tout et rien. Des mots dont le sens était plus équivoque qu'ils ne pouvaient le paraître. Mais cela ne suffirait pas à assouvir la curiosité mêlée à l'incompréhension des soldats Taledhels. Savaient-ils seulement ce qu'ils pouvaient obtenir de lui ? Et inversement ? Petit à petit, la situation se tendait, et, derrière son voile impassible, Inglor observait ses compagnons, espérant que personne ne s'oserait à commettre l'irréparable.

Le Mainyth céda le premier. Furieux, le soldat roux aux origines Noss s'élanca vers lui pour attraper le drow par le cou. À force de côtoyer les champs de batailles, il avait appris à s'exprimer dans une langue maudite, probablement dans une approximation similaire à celle du drow pour s'exprimer en elfique. Plusieurs soldats s'échangèrent des regards interrogatifs, sans pour autant en manifester plus.

« Nous n'avons guère le choix. » affirma Inglor, rengainant son épée. « Et nos menaces ne changeront pas ses plans. » renchérit-il d'un ton neutre. « Reste à savoir s'il est plus risqué de le suivre ou de le laisser partir, mais il n'y a qu'une seule façon de le savoir. »

Et non des moindres, malheureusement. Si ce drow était la clé d'une bataille finale imminente, il ne fallait pas la manquer. Le temps était un de leurs principaux ennemis. Les drows étaient-ils un ennemi plus dangereux que le Nécromant ou la forêt ? S'ils étaient une armée de guerriers assoiffés de sang, la question se poserait sans doute. En revanche, celui-ci semblait bien différent.
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Árólindë Yuitë
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MessageSujet: Re: Le sang d'Olorainë   Le sang d'Olorainë I_icon_minitimeLun 20 Nov 2023 - 21:07

Le menton insolent et le regard cynique, le drow toisait ceux qui pointaient leur acier vers lui. Probablement avait-il fait les mêmes calculs et était arrivé aux mêmes résultats que les soldats taledhel. La situation ne lui appartenait pas ; tout juste, peut-être, aurait-il obtenu un Souffle elfe à offrir à ses dieux avant de succomber. Effronté et arrogant, il braquait ses prunelles de sang sur eux. Pourtant, s’il s’était fait juge des émotions d’Árؚólindë, s’il savait lire, dans son regard et sa posture, l’intimité de son cœur, il aurait vu combien le soldat était proche d’abréger d’un estoc le paradoxe que constituait son existence.

J’Entend.

De sa bouche il prononça des mots à l’accent hésitant, mais dans la langue des Gardiens de l’Œuvre. Dans ces mots résonnant dans la Sylve qui les auréolait de sincérité, le Lieutenant perçut avec acuité de leur vérité et de ce qu’elle charriait avec elle de conséquences. Le daedhel tendit le bras, mais Árólindë ne prit pas le risque de tourner les yeux dans la direction qu’il indiquait. Elle ne faisait, de toute façon, aucun doute. La pointe de son épée s’abaissa imperceptiblement.

Le Tréant à la chair sombre s’élança, semant ses graines et les transformant en soldat à la faveur Celle qui aurait dû être son ennemie. Interdit, le Lassörn regarda la créature s’éloigner. Il avait déjà accepté, tacitement, l’alliance proposée. Néanmoins, il approuva la main ferme du Mainyth, qui fixa, dans la langue impie aux inflexions rauques des descendants des Exilés, les termes de leur coalition.

Aux propos du Berceur, Árólindë acquiesça encore. Sans remettre sa lame au fourreau, il enfourcha Eäroníra.

« – En avant. »

Dans le sillage de la jument tombèrent d’autres graines, qui, se joignant à celles du Sombre, firent grossir leurs rangs.
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