Derrière le masque [Libre]

4ièeme énnéade de Favrius 21:XI
Thaar- Soieries Hôtel Iziihr

Jamian Ab’Eldir était un de ces membres bien placé de la magistrature Thaarie. Pas assez pour se considérer d’un puissance dangereuse attirant les convoitises, mais suffisamment pour user à sa guise de son influence au sein de son petit monde.

Il y avait des rumeurs à son sujet que son silence social exacerbait. Bien qu'il ait le bras plutôt long, c’était un homme froid et calculateur. Paranoïaque diraient certains. Après avoir essuyé quelques tentatives d'assassinats, l’homme, ou plutôt, le nain, aussi rare fussent-t-il hors de l'influence des milles-caves, vivait pour la majeure partie de son temps reclus dans sa confortable demeure. Lorsqu’il sortait, c’était sous bonne garde. Jamais il ne s'aventurait dans les bas-quartier qu'il avait en horreur. Et s'il avait à juger un homme de là bas, son verdict était rendu avant même qu'on lui ait présenté la moindre preuve. En revanche pour qui payait bien...Là la question était plus intéressante.

En bref il était comme tous. Il avait ses petits secrets. Du genre de ceux qui faisaient terriblement mal lorsqu’ils tombaient dans l’oreille de la mauvaise personne. Du genre de ceux qui ne restaient jamais bien longtemps vraiment secret à Thaar…

Aux yeux de tous, à la surprise générale, Jamian avait pourtant un jour décidé de déroger à sa tradition de quasi Hermite intouchable. Une grande fête s’organisa de la part de l'un de ses amis : Tayllqa'ina Iziihr, dans la confortable maison de ce dernier. C'était l’occasion pour les sphères les plus basses des malgré-tout-aisés de la ville de tenter de se faire bien voir, peut être même de trouver nouvel allié. Bref, de naviguer dans les sphères des intrigues, sans le risque d'être écrasé par de trop grand qui n'auraient définitivement aucun intérêt à venir si bas....ou bien de profiter d'une soirée agréable, alors que les rumeur de violence et de groupes rebelles causant du tort s'intensifiaient en ville. Si le nain avait publiquement accepté l'invitation, c'était avait-il dit en vertu de l'amitié qui le liait a l'hôte et pour des services qu'ils s'étaient mutuellement rendus autrefois. Et puis il fallait s'amuser en ces temps troublé...

Pour les oreilles les plus attentives en revanche, celles à l'affut des secrets bien gardés, l’intérêt était bien plus croustillant. Il ne s’agissait que d’un prétexte afin de camoufler un échange de quelques documents d’importance qu'on ne voudrait pas voir dans la nature.

Esperanz, bonne espionne et propriétaire de la Zéphirante noire, des bains de femmes, avait réussi à obtenir pas mal de renseignement en écoutant ça et là les ont dit de dames de passage, bien qu’ils ne soient pas totalement complets et parfois contradictoire. De ce qu'elle était parvenue à rassembler, en quelques ennéades d'écoute attentive, il s’agissait potentiellement de listes de criminels à gracier dans les plus bref délais qui devrait être passé en échange de service, ou d'intimidation dont elle n'avait pas saisit la nature. Elle n'avat malheureusement pas non plus réussit à percer à jour qui serait le second participant à cet échange, bien que l'hôte de la soirée soit sans doute lui aussi mêlé. Bien entendu il ne s’agirait ici que de gracier un entourage bien utile et bien placé. L’Aile blanche devait absolument récupérer cette liste où qu’elle soit, et s’en servir. L’occasion était trop belle.

Normalement, c'était aussi Esperanz qui aurait dû se charger de cette partie de la mission, puisqu’elle n’était pas aussi connue et même pas vraiment affiliée au groupe de bandit. Mais la jeune femme avait été retenue par l'une de ses compagnes subitement tombée malade et, comme elle l'avait clairement énoncé, ses filles passaient avant l'Aile Blanche. Ils ne pouvaient attendre qu’elle soit à nouveau disponible, la fenêtre de manœuvre était déjà bien assez fine. Leur homme ne ressortirait pas de si tôt de sa forteresse, encore moins pour se rendre dans un lieu aussi peu protégé qu'une soirée mondaine.

Alors, Viliam avait pris le relais, bon grès mal grès. L’idée de mettre à nouveau les pieds dans ce genre de panier de crabe le rendait nerveux et il avait longuement hésité, mais il n’y avait pas grand-chose à y faire et le temps manquait. Il devrait mettre ses démons de coté pour cette fois.

Le soir tombait lorsque les portes de l’Hôtel Iziihr s’étaient ouvertes pour laisser entrer les quelques invités. Ce n’était pas une réception non plus digne du faste écœurant des princes, a vrai dire ça aurait presque pu paraitre simple au yeux de qui était habitué aux mises en œuvre pour impressionner. Mais c'était assez pour mettre mal à l’aise les deux bandits qui se glissèrent dans la foule, l'air de rien. Heureusement pour eux, l’hôte avait eu une idée aussi singulière que particulièrement utile pour eux : les invités devaient porter un masque en plus de leurs beaux atours. Dans les fait, la plupart les relèveraient sans doute au bout de quelques minutes, las de discuter camouflés, mais l'intention était là. Apparemment c'était très à la mode dans les hautes sphères...

Évidemment, les bandits n’avaient pas les moyens de telles extravagances, aussi il y aurait pour la soirée, un pauvre duo de marchand dormant profondément, bien à l’abri dans un grenier caché quelques rues plus loin...Leurs atours mystérieusement disparus.

Étonnement, pour entrer, ce fut Ren qui sembla le plus tendu du duo lorsqu'ils passèrent près des gardes à la porte. Ceux-ci ne bronchèrent pourtant pas, ne prenant même pas la peine de plus qu'un vague coup d’œil aux quelques invités qui leur passèrent devant.

Quoi qu'il en soit, ils passèrent avec une facilité presque déconcertante le grand porche, se retrouvant dans une large cours habillées de statues et d'allées entre des jardins bien taillés. Il y avait même une fontaine au centre, déjà l'objet de multiples discutions et commentaires. On ne voyait pas encore l'hôte, mais une musique s'élevait déjà dans l'air, se mêlant au brouahaha de la foule. Certain, plutôt que de venir écouter l'orchestre,préférèrent plutôt s'approcher des tables longues disposés près d'un mur de colonnades sur lesquelles étaient disposées tout un tas de met et d'alcool dont les fumées promettaient monts et merveilles. Et parmi ce joyeux chaos, des serviteurs couraient déjà de long en large, s'échinant à contenter tout ce petit monde.

-On va devoir se séparer si on veut rester discret.

Mais le ton sur lequel il avait soufflé ses mots laissait tout indiquer de l'absence totale d'envie de se séparer de son seul ami ici. D'ailleurs, le masque qu'il portait laissait apercevoir le bas de son visage et la moue peu enjoué qu'il échappa.

-ça ira ne t'inquiète pas.Un sourire étira les lèvre du second. On sera vite loin. Il tapota son propre masque. Ni vu ni connu.

Ren saurait se débrouiller. Bien qu'il abhorrait autant que son compagnon ce monde qu'il avait fuit sans regret, il ne pouvait totalement oublier d'où il venait. Aussi, il n'aurait aucun mal à adopter les manières de la foule. En revanche, lorsqu'il tourna les talons, Viliam, lui, se sentit soudain terriblement seul.

Inspi tenue (y a un masque avec imaginez le) :

Eänwen avait été invité à un bal masqué par un de ces partenaire commerciaux qui était à la fois invité et prestataire de l'évènement. Il voulait lui montrer la variété de produits et leur qualité pour essayer de négocier un contrat plus gros. Elle savait très bien qu'elle ne changerait pas d'avis mais elle savait également que ne pas venir aurait été une erreur car ce fournisseur était caractériel et capable de lui mettre de moins bon produits juste parce qu'elle ne serait pas venue.

Elle était arrivée la veille dans son auberge habituelle de Thaar. Dans la journée elle était partie à la recherche d'un masque pour le soir même pour cela elle se balada de boutique en boutique dans les soieries. Elle tomba sur un masque de dentelle importé de péninsule mais il était hors de son budget. Elle ne pouvait pas mettre autant dans un objet si petit à des fin de divertissement occasionnel.  Elle opta pour un masque en tissu moins travaillé qui couvrait juste le nez et les yeux. Elle le choisit blanc jugeant le noir ou les autres couleur trop provocante pour elle.
Après son achat elle retourna se préparer à l'Auberge. Elle avait pris une de ces robe de soirée déjà portée plusieurs fois mais qui avait un certain succès à chaque fois. C'était une robe blanche avec deux bande recouvrant la poitrine rejoignant la ceinture faisant ainsi un décolleté très plongeant qu'on avait pas l'habitude de trouver sur l'aubergiste.  Le tissu était savamment plissé  et cousu. La robe était d'une grande simplicité si on omettait les détails de broderie de petites feuilles d'olivier au niveau de la taille. Eanwen avait coiffé ses cheveux en un chignon haut dont aucune mèche ne s'échappait dégageant ainsi sa nuque et son long cou. Cou qu'elle habilla d'un collier avec un cordon en tissu sur lequel on pouvait trouver un pendentif représentant une étincelle la fleur des forêts. Quand à ses chaussures elle n'avait que ces botte de voyage qu'elle enfila sans se poser des question. Elle prit le temps de mettre un peu de rouge sur ses lèvres pulpeuses. Elle enfilerai son masque juste avant d'entrer dans le lieu de la réception.

quand elle fut arriver sur place elle fut impressionnée par le bâtiment. Elle se fondit assez facilement dans la masse saluant qui voulait bien la saluer. Elle se dirigea vers les tables ou l'on trouvait l'alcool pour en prendre un verre. Elle était bien plus à l'aise dans ce genre d'endroit que la première fois qu'elle y avait mis les pieds mais ce n'était toujours pas son monde ainsi l'alcool aidait un peu à se détendre. Il faut dire que pour que fois ce n'était pas elle l'hôte et elle comptait en profiter un minimum et qui sait peut être rencontrer quelqu'un qui serait charmant. Un quelqu'un qu'elle aimerait revoir et qui amènerait un peu de fantaisie dans ses pensée. Un instant Viliam lui traversa la tête elle devint rouge et culpabilisa un peu d'être dans une de ces soirées alors que la basse ville mourrait de faim. Elle se promit de passer le lendemain acheter un bijoux de bois à l'artisant qu'ils n'avaient pas vu la dernière fois. Elle ne pouvait pas faire grand chose mais si celà pouvait l'aider u peu elle dépenserai de l'argent là bas à chaque fois qu'elle viendrait à Thaar.
Elle chassa ces pensées de la tête en buvant un peu d'alcool et sonda la foule pour essayer de repérer un visage ou du moins une allure connue.  

inspiration robe:

Voilà près d’un mois que Zaahrian enquêtait sur de mystérieuses disparitions en ville et ça n’avançait pas. Autant dire que sa frustration montait en flèche. Jamais de sa vie il n’avait été confronté à autant de difficultés. Peu importe les responsables, ils étaient admirablement discrets et tout autant organisés, mais il n’avait pas dit son dernier mot. Ce soir, il s’était fait inviter à un bal. En fait, il avait surtout demandé à son client, celui dont il recherchait les meurtriers de sa fille, de s’arranger pour qu’il reçoive une invitation. Il ne fréquentait plus trop ce genre de soirée, mais celle-ci était toute particulière, parce qu’elle était organisée par un homme qui n’en donnait jamais. Par expérience, lorsqu’un homme faisait quelque chose qui sortait de l’ordinaire, ça méritait qu’on s’y intéresse. Ab’Eldir n’était pas particulièrement puissant au sein de la ville, mais il était ambitieux et son influence non négligeable. Zaahrian espérait que sa petite soirée attire quelques personnes d’intérêt. Il s’intéressait surtout aux rumeurs et espérait apprendre quelque chose de nouveau qui l’aiderait dans son enquête.  

Ce qui compliquait sa tâche en plus, c’est que la ville était encore plus désorganisée qu’à l’habitude. Naturellement, il connaissait le responsable derrière tout ça et bien qu’il soit tenté plus que jamais de lui mettre son poing au visage, Zaahrian n’avait pas le temps et, très franchement, pas vraiment le goût de lui courir après. Il espérait que les circonstances finissent par le mettre sur son chemin, ce qui arriverait forcément s’il continuait à agir en imbécile.

Pour un homme qui n’organisait jamais de réception, Ab’Eldir n’avait pas fait les choses à moitié. Les tables croulaient sous la nourriture et l’alcool. Un ensemble de musiciens jouaient dans un coin de la musique plus qu’acceptable et la foule réunie était intéressante. Malgré les masques, Zaahrian reconnaissait quelques personnes, des dignitaires de la ville. Encore là, ce n’était pas les plus puissants, mais ce ne sont pas les gens qui trônent au sommet qui sont forcément dignes d’intérêt. C’est à ceux qui veulent l’être qu’il faut accorder le plus d’attention. Et ces hommes ne manquaient pas d’ambition.

Zaahrian se démarquait parmi la foule et c’était l’effet désiré. Déjà pour sa taille, mais aussi pour sa tenue rouge et le masque doré qui couvrait la moitié de son visage. Il ne portait aucun bijou afin de mettre l’accent sur ce véritable objet d’orfèvrerie, qui, l’avait-on assuré, était orné de véritables rubis. S’infiltrer en se faisant passer pour un serviteur ne lui aurait pas servi à grand-chose. Il lui aurait été impossible d’approcher les invités suffisamment longtemps afin d’écouter leurs conversations. En jouant les gentilhommes, il faisait partie du groupe et donnait l’impression d’être suffisamment fortuné pour être digne de leur attention. Pour l’instant, ça fonctionnait. Quelques invités l’avaient approché pour discuter. Ils avaient échangé quelques banalités, apparemment une façon pour eux de tâter le terrain de voir à qui ils avaient à faire. Zaahrian s’exprimait toujours respectueusement, remplissant à la perfection son rôle de gentilhomme. Au bout d’un moment, il se retrouva seul et il profita de l’occasion pour se placer en périphérie de la salle, une coupe à la main en profitant de sa taille pour surveiller discrètement la foule.

La tenue:

Précisions:

Viliam ne savait pas vraiment où il doit se diriger. Devait-il tenter d’entrer dans le bâtiment, ou bien rester dans la cours ? En tout cas plutôt que de rester les bras ballant au beau milieu il préféra prendre une position d’observateur un peu en retrait.  Malgré tout son instant d’hésitation dû attirer l’attention plus que nécessaire car un elfe chercha à lui parler, se présentant d’un façon tout à fait élégante et mentionnant bien haut son nom…Chose qui ne manqua pas d’interroger le bandit quant à l’utilité d’un bal masqué si c’était pour donner son nom au premier inconnu qui passait.

-Tomass Se’rek. Avait-il répondu sans réfléchir. Un lointain cousin de Rahret.


Viliam ignorait pourquoi c’était le nom de cet esclavagiste qui lui était venu en tête en premier. L’homme avait fui il y avait plus d’un an à présent et son commerce avait disparu avec lui.

-Ah donc vous avez repris son affaire ? Je l’ignorais. Des pièces de collections uniques que votre cousin possédait... Un vrai gâchis qu'elle fussent évaporées dans la nature


Visiblement l’elfe ne voulais pas le lâcher.  Alors que l’un fit un pas en arrière, il fit un pas en avant.

En effet. Un vrai gâchis. Un sourire un peu coincé. Mais si vous voulez bien m’excuser.

Il fit une petite révérence et s’éloigna. Naturellement il prit la direction des banquets, cherchant à ne plus attirer ce genre de gros lourds…  Là, il aperçut un éclat roux qui lui passa sous le nez sans le remarquer. Il crut avoir rêvé, avant qu’un rictus amusé ne naisse sur ses lèvres. Une peau aussi pâle surmontée d’une crinière de feu de la sorte était rare dans un pays où la plupart des habitant humains portaient une peau tannée par le soleil et le cheveux sombre. Elle était facilement identifiable. Il n’était pu être pas le seul souffle perdu ici-bas.
Mine de rien, il se glissa non loin de l’aubergiste, s’amusant de cette coïncidence.  

-Si vous voulez mon avis, le vin d’ici ne vaut pas celui du Crin d’Écume. Lança-t-il avec une pointe d’amusement.

Pendant ce temps, Ren aussi évoluait à travers ce petit monde, rendant sourire, salutation, et politesses dont tout le monde se fichait. Seulement il fut bientôt face à un affreux dilemme qui le fit se stopper à quelques mètres de sa cible…Le magistrat qu’il surveillait s’approchait soudain d’un grand semi-elfe au cheveux blond, rayonnant comme jamais, et dont le nom était aussi évident que glaçant pour le lieutenant de l’Aile Blanche. Zaahrian Las'Danir aussi était ici.

Eanwen était concentrée sur la recherche de l'homme qui l'avait fait ve,ir jusqu'ici aussi bien elle ne se rendit pas compte qu'un autre individu c'était approché d'elle avant qu'il ne lui adresse la parole. Ce qui eu pour effet de la faire sursauté renversant presque son verre sur le semi elfe. Elle souffla comme après un moment de crise évité de justesse. Elle ne voulait pas s'attirer d'ennuis en salissant une personne importante avant même de regarder l'individu elle commença à s'excuser.

"Je suis vraiment désolée vous m'avez surprise et..."

Elle s'arrêta au moment ou elle compris à qui elle avait affaire. Elle ne voulait pas le croire. Ce n'était pas possible ce n'était pas lui. Le rouge lui monta aux joues.

"C'est troublant vous ressemblez à un ami"

Troublant c'était le mot, voilà un certains temps maintenant que le semi elfe qu'elle croyait voir en face d'elle venait lui rendre visite dans son esprit alors qu'elle dormait profondément. Elle ne comprenait pas vraiment pourquoi elle rêvait aussi régulièrement de Viliam mais delà le trouver dans une soirée mondaine ça en était trop. Elle sourit à l'inconnu avant de le regarder plus en détail. Il lui rendit son sourire et elle jura que c'était le même que le bandit. Son regard aussi semblait exactement le même. C'était trop de ressemblance pour pas que ce ne soit lui.

"Mon ami ne serez pas assez stupide pour se jeter dans le gueule du loup comme ça n'est ce pas ?"

Elle fronça les sourcils sous son masque plongeant son regard vert de jade dans celui de Viliam. S'il avait la sensation de se faire gronder c'était surement parce que c'était le cas. Eanwen trouvait la présence du chef de l'aile blanche au milieu de tous ces gens qui voulaient sa tête servie sur un plateau d'argent très peu maline. Elle bu une gorgée d'alcool sans défaire son regard inquisiteur.

Évidemment, on ne pouvait pas le laisser tranquille bien longtemps. Il était à son point d’observation depuis quelques instants à peine lorsqu’une femme s’approcha de lui. À cause du masque, Zaahrian ne la reconnaissait pas, mais il l’avait aperçu plus tôt en compagnie d’un homme qu’il devinait être son mari. Celui-ci n’était nulle part en vue et à la façon dont elle le regardait à travers son masque, son intention ne laissait aucune place à interprétation. Il sourit, un peu tendu. Ce n’était pas la première fois qu’il attirait ce genre d’attention et certainement pas la dernière. Il n’y pouvait rien si son physique plaisait. En revanche, il ne se sentait pas particulièrement d’humeur à tenir compagnie à une femme insatisfaite de son époux.

« Bonsoir, madame… Oh! » Zaahrian fit semblant d’apercevoir une connaissance parmi les invités. « Je suis désolé, un ami à moi vient d’arriver. Veuillez m’excuser… » Il s’éloigna, conscient qu’il ne pourrait pas fuir éternellement. Un rapide coup d’œil en arrière lui indiqua cependant qu’elle semblait avoir changé de cible pour l’instant. Soulagé, il soupira au même moment où un homme venait vers lui cette fois. Zaahrian l’accueillit d’un sourire nettement plus détendu. Il le reconnaissait comme l’une des personnes d’intérêt de cette soirée et il ne pouvait pas se permettre de créer un malaise s’il espérait obtenir quoique ce soit.

« Une agréable soirée, n’est-ce pas? » Un mouvement au coin de l’œil attira l’attention de Zaahrian. Un homme s’était approché dans leur direction avant de s’arrêter net. Quelque chose dans ses entrailles se serra. Difficile de dire exactement comment il l’avait reconnu, mais après avoir passé des heures en sa compagnie, de l’avoir gardé captif et même de s’être battu avec lui, Zaahrian n’avait aucun doute que c’était lui, le beau Ren. Il ouvrit la bouche, étonné. Pendant un instant, il ne dit rien comme si son cerveau n’arrivait pas à vraiment accepter ce qu’il voyait et surtout, déterminer la bonne façon de réagir à cette mauvaise surprise. « Je dois vous abandonner un instant. On se reparle plus tard. » Il avait prononcé ces mots sans quitter Ren des yeux, craignant, avec raison, qu’il ne se volatilise. Zaahrian marcha en sa direction. « Toi, tu viens avec moi et on fait ça calmement. On va aller là-bas, derrière ces colonnes. » Zaahrian marchait près de lui, prêt à le rattraper si l’idée de fuir lui passait à l’esprit. Un tas de pensée peu charitable lui venait à l’esprit. De toutes les soirées qui devaient avoir lieu dans cette ville en même temps, c’est à celle-ci qu’ils se présentaient. Ils y étaient peut-être pour les mêmes raisons que lui. Dans tous les cas, ils ne pouvaient pas rester et ne devaient surtout pas exécuter ce qu’ils avaient en tête. Dès qu’ils furent à l’écart des oreilles indiscrètes, il se tourna vers lui. « Qu’est-ce que tu fais ici? » Il se passa une main dans les cheveux. « Ai-je vraiment envie de le savoir? Honnêtement, non! Bordel, je travaille là-dessus depuis un mois! » Il serra les poings, visiblement énervés. Il inspira un bon coup, réussissant à se détendre légèrement. Laisser la colère prendre le dessus n’aiderait pas plus sa cause. « Il est ici, n’est-ce pas? Viliam… Amène-moi à lui, tout de suite. »

-Pense-tu vraiment qu’il aurait pris le risque de venir ici ?

Sans perdre ses moyens, Ren se fendit en un sourire moqueur. L'assassin pensait-il que parce qu'il l'avait reconnu, il allait vendre son compagnon? Il y avait un air de déjà vu.... Mais le grand blond savait jouer au mondain, et cela impliquait aussi de savoir mentir en souriant de toutes ses dents.

-Il ne sait même pas que je suis ici, je suis là pour mon propre compte. Il baissa le ton, laissant échapper une confidence. J'ai des comptes à régler avec les amis de mes frères vois-tu.

Il fit ensuite un pas de côté, s’esquivant avec calme.

-Maintenant si vous voulez bien m’excuser, Saÿ'n Las’Danir. Ajouta-t-il plus fort, et d’une voix élégante, ajoutant une brève révérence, Mais j’ai fort à faire. Promis, vous pourrez quand même profiter de la soirée.

Et avant qu'il ne proteste, Ren s'avança à nouveau à travers la foule, s'y fondant. Le nain avait disparu et il se mit à jurer en silence.

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-Stupide sans aucun doute. Mais sans doute votre ami aurait-il eut ses raisons. Viliam sourit doucement. Si j'avais été votre ami, naturellement...

En même temps il aperçut l'hôte de la soirée apparaître sur le perron de sa demeure, attirant toute l'attention. C'était un demi-drow, vue la légère teinte grisâtre que portait sa peau, tandis que sa chevelure était noire de jais. Il avait cette élégance qu'on retrouvait chez les races immortelles, et l'éclat de l'avidité qui habitait ceux qui vivaient sous le soleil de l'Ithri'vaan.

Du coin de l’œil Viliam observa ce qui se passait tout en répondant à l'aubergiste. L'hôte était là mais où était le magistrat ? Une seconde plus tôt il aurait juré le voir en compagnie d'un grand elfe, Ren dans les parages. Maintenant il n'y avait ni l'un ni l'autre.

- Mais nul doute qu'il ne lui serait pas favorable de faire des vagues. Suggéra-t-il. Parfois il faut savoir s'approcher de la gueule du loup pour pouvoir se saisir de l'os qu'il y tient. Le tout, c'est de savoir s'éclipser avant que ses mâchoires ne se referment.

C'était bien lui. Elle comprit qu'il était en mission et elle ne voulait pas le gêner plus que ça. Aussi elle allait lui répliquer quelque chose quand son regard fut attirer par l'hôte de la soirée. Enfin c'est ce qu'elle en avait déduit aux vus des réactions quand à son arrivée. Eanwen applaudit mollement pour faire comme la foule avant de retourner à Viliam.  Elle lui saisit le bras délicatement.

"Fais attention à toi d'accord"

Son regard était bien plus doux que précédemment presque inquiet. Elle relâcha sa prise avant de boire d'une traite son verre. Elle fit signe pour en avoir un autre. Puis elle se tourna à nouveau vers le bandit plus élégant qu'elle ne l'avait jamais vu.

"J'ai entendu parler de vos talent en tant que peintre en bâtiment. Bravo votre réputation à fait le tour du pays je pense."

Il était évident qu'elle faisait référence à l'incident du Joyaux qui avait retenti jusqu'au crin d'écume. Elle n'avait pas l'habitude de parler en nom de code ou de cacher les choses mas elle avait essayer d'être le plus discrète possible. Elle ne voulait en rien nuire aux projet de l'aile blanche. Elle espérait juste que tout irait bien pour Viliam et ses acolytes car elle espérait qu'il n'était pas seul dans ce panier de crabes.

"MAdAme Riba quelle jOie de VOUS voir IcI"

Voilà qu'il l'avait trouvé avant même qu'elle ne le trouve. C'était un homme grand et fin au sourire carnassier. Il lui prit la main qu'elle avait de libre et y déposa un baiser dessus. Non sans attarder son regard dans la poitrine pourtant peu proéminante de Eanwen. Il était vêtue d'un costume similaire à celui que portait Viliam mais aux couleur bien plus criardes et selon les gouts de l'aubergiste très peu assorties.

"Je vOIs que VOUUS Avez déjààà de ma marchANdise alorrrs qu'en pensEZ vous ?  et VOUS MONsieur ?

Eanwen regarda Viliam ne voulant pas griller sa couverture alors elle ne fit pas les présentation le laissant répondre seul. La façon qu'avait de parler le négociant en vin était exaspérante mais il fallait reconnaitre que ces produits étaient parmi les meilleurs sur le marcher.  Elle bu une gorgée alternant son regard entre l'homme et le bandit.  

Zaahrian s’attendait à ce qu’il réagisse de cette façon et il était quasi certain qu’il mentait également. Des comptes à régler avec des amis de ses frères, après toutes ces années, vraiment? Il savait les membres de l’Aile Blanche rancuniers, mais à ce point? Résistant à l’envie primale de lui mettre son poing à la figure, Zaahrian lui emboita le pas.

« Un instant », siffla Zaahrian en ses dents, faisant un effort pour garder sa voix sous contrôle. « Tu ne me fais pas confiance, très bien, je peux vivre avec ça. Toutefois, écoute-moi un instant. » Il le regarda dans les yeux. Son regard brillait d’une intensité peu commune, signe de son sérieux. « Je soupçonne qu’il y a dans cette salle, des personnes appartenant à un groupe particulièrement dangereux. Je te demande simplement… Peu importe ce que vous aviez en tête pour ce soir, ne le faites pas. Des vies sont en jeu. Des gens ont disparu, d’autres disparitions sont à venir et le chaos qui règne en ville présentement est une situation de rêve pour eux. » Zaahrian espérait vraiment qu’il le croit. « Je dois découvrir qui ils sont et les arrêter. » Il ne connaissait pas beaucoup Ren, mais il semblait être le plus raisonnable des deux, mais il était aussi d’une loyauté sans faille. S’il lui tournait le dos une fois de plus, il n’aura pas le choix d’agir. C’était peut-être aussi l’occasion de couper la tête de l’Aile Blanche. Ça ruinerait ses plans pour la soirée, mais rétablirait peut-être un peu de calme dans la cité et l’aiderait ultimement dans sa tâche d’arrêter ce culte. Tout dépendait de Ren maintenant.

-Non sans blague, je ne te fais pas confiance.

Ren n’aurait pas dû il le savait mais il n’avait pu s’en empêcher. Il avait perdu ses faux airs enjôleurs, au profit d’une brusque froideur.  Sa voix basse la rendait plus grondante qu’il ne l’aurait voulu.

-Je vais m’épargner la peine te rappeler ce qu’il s’est passé la dernière fois que tu as croisé le chemin de notre ami commun et où des « vies étaient en jeu ». Fit-il lourdement. Mais à la place je vais te donner un dernier conseil avant que tu ne me foute définitivement la paix : joue les héros et rachète-toi une conduite si ça te chante. Il pointa son doigt vers l’assassin. Mais ne t’avise pas de croire que ça te donne le droit de nous dire ce qu’on doit faire ou non. Tu n’as aucune légitimité pour ça.

A nouveau il fit mine de s’éloigner, agacé que l’autre le poursuive alors que des regards commençaient à se tourner vers eux avec insistance.

-Les affaires qui me concernent ce soir ne vous empêcherons pas de profiter de la soirée. Fit-il un peu plus haut, retrouvant ses faux airs de bon marchand hypocrite. Bonne soirée Saÿ'n Las’Danir. Appuya-t-il.

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-Oh, je craint fort ne pas avoir votre goût en matière de vin.

Viliam sourit et s’inclina légèrement, prenant la posture d'un bourgeois un peu plus humble que son extravagant confrère.  Il n'avait goûté à aucun vins de la table. En général il n'était pas le dernier pour ça...mais dans des circonstances plus légères. Là, il voulait garder les idées claires, et une partie de lui craignait un peu la présence d'un quelconque poison dans ces mets. On ne savait jamais avec les magouilles des marchands. 

-Je vous insulterais en voulant essayer d’égaler votre expertise. Il recula légèrement. Aussi devrait-je sans doute vous laisser entre connaisseurs.

Son regard se porta sur l’aubergiste. L’homme semblait particulièrement désagréable mais sans doute la jeune femme avait-elle l’habitude de s’en sortir avec ce genre de types. Il semblait plus idiot que vraiment dangereux et le bandit ne doutait pas des compétences de son amie. Il ne voulais pas se risquer à la gêner.

Qui plus est, il apercevait à nouveau son ami de l'autre coté qui s’engueulait discrètement avec un autre type qui ressemblait définitivement à Zaahrian et ça sentait beaucoup trop les ennuis pour rester là à papoter.
 
-Je vous remercie d’avoir pris le temps de discuter affaire « madame Riba ». Il avait légèrement exagéré sur le madame, parce que ça l’amusait un peu. J’ose espérer que nous nous recroiserons bientôt. Il lui fit un clin d’œil que l’autre marchand ne capta pas. Je ferais attention à ce dont nous avons parlé c’est promis, tant que vous faite de même.

Eanwen sourit à Viliam alors qu'il disparaissait dans la foule. Puis elle revint au négociant en vin qui lui faisait face elle soupira avant de reprendre une gorgée de l'alcool fort goutu. On sentait que le raisin était de grande qualité et que le vieillissement en fut de bois apportait des notes supplémentaire à la symphonie des gouts.

"Ce vin est un des meilleurs que j'ai eu l'occasion de gouter je vous l'accorde. Malheureusement au vu de vos prix le crin d'écume ne peut se permettre d'en faire son vin de table. Lors de grands évènement comme des mariage c'est avec plaisir et honneur que je ferais appel à vos service."

L'homme soupira avant de lui rétorquer :

"Mais ma CHERE vous n'avEZ pas encOOre gouter tOUt ce que MON empIre a à vous offrirrr"

Il héla par la suite un des serviteur pour lui dire quelque chose l'oreille. Après un hochement de tête ce dernier fit demi tour assez rapidement.

"VOUS m'en dIrez des NOUvelles"

Eanwen se retint de tout son être de ne pas rouler des yeux et se contenta de sourire avant de remettre son nez dans le vin. Elle espérait fort qu'une personne viendrait l'aracher à cette conversation pour l'emmener danser. En attendant elle se contentait de souire et d'écouter le bourgeois déblatérer sur les secret de fabrications de ses alcools avec des recettes inédites que tout Thaar s'arrachait. Fort heureusement il fut interrompu par le serviteur revenu avec deux verre rempli d'un alcool à la robe dorée. Il sentait fort les plantes et l'alcool. L'aubergiste retint une grimace lorsqu'elle sentit le tout devant le sourire et le regard de son interlocuteur qui avait l'air très fier de ce qu'il était entrain de lui présenter.

"Du RAtaFIA de MA comPOsiTiON"

Eanwen lui sourit l'air un peu gêné alors qu'il attendait qu'elle goute; Elle prit une grande inspiration et avala le liquide d'une traite. Elle toussa un peu tant celui ci était fort. Le goût n'était pas aussi pire que ce qu'elle imaginait. Il y avait une note florale qu'elle n'arrivait as à identifier. On décelait évidemment le marc de raisin mais quand au reste de la composition il était réellement difficile de le dire. Surtout qu'elle n'était pas une experte du goût.

"C'est original je n'avais jamais gouter quelque chose comme celà avant ce soir."

Il eu un petit rire de fierté comme si la rouquine avait énoncé une évidence et que tout le monde devait le savoir.

Zaahrian serra les poings. « Oui, je m’en souviens. J’ai failli être tué. Il m’a fallu tout un mois pour retrouver la forme et sans l’intervention d’un mage, je ne serais pas là à discuter avec toi. Pas une seule fois notre ami commun n’est venu me voir pour s’enquérir de mon état. Je lui avais pourtant dit qu’on devait s’enfuir, mais il a insisté pour rester en disant bien que je n'étais pas obligé, mais je suis quand même resté. Il serait probablement mort sans ça. Ça me prouve à quel point il se soucie peu des gens qui mettent leur vie en jeu afin de l’aider. Dans tous les cas, ce n’est pas pour ça que je suis ici. » L’assassin avait toutes les raisons du monde de s’énerver et, une fois de plus, l’idée de mettre un terme en cette mascarade en dénonçant leur présence. Ça serait facile. En un instant les issues seraient bloquées. Il ne resterait plus qu’à les cueillir. L’aile blanche était une nuisance pour ces gens aussi. Malgré cela, Zaahrian resta silencieux. Il le regarda s’éloigner, les poings toujours serrés. Pourquoi agissait-il comme si c’était sa faute? Était-ce en lien avec ce que Guilin avait fait? Certes, c’était horrible de sa part, mais Zaahrian était inconscient, entre la vie et la mort. En quoi il était responsable des gestes commis par un autre? Ren affirmait qu’il était déshonorable, mais ne l’était-il pas lui-même en lui mettant sur le dos ce qui était arrivé. Zaahrian avait essayé de sauver ces gens. Il avait fait son possible, jetant par la fenêtre le peu de bon sens qu’il avait pour suivre Vil après avoir réalisé qu’il ne pourrait jamais remplir son contrat. On l’avait poignardé, mais il avait trouvé la force de les escorter jusque chez lui où tout était devenu noir par la suite. Mais non, c’était sa faute. Comme toujours, il était le méchant de l’histoire. Plus facile de rejeter ça sur le dos de l’assassin que d’admettre ses propres erreurs.

Zaahrian laissa Ren filer. En tournant la tête, il aperçut un homme dont le style vestimentaire s’apparentait à celui de Ren. Il n’avait aucune preuve que c’était Vil, mais son état de frustration ne demandait aucune preuve. Il marcha d’un pas rapide en sa direction, passant entre un homme et une femme en train de discuter. Zaahrian ne fit pas attention et écrasa le pied du marchand qui s’écria de douleur, renversant le vin qu’il tenait à la main obligeant l’assassin à s’arrêter. Il détourna le regard la fraction de seconde qu’il suffit pour que Vil disparaisse dans la foule. Découragé, il espérait que sa présence les découragerait au moins de faire quelque chose de vraiment stupide. À ce point, il n’y pouvait plus rien de toute façon.

« Toutes mes excuses, monsieur. J’ai cru voir une connaissance à moi là-bas et je n’ai pas fait attention. »

-Tu m’explique ?

Viliam avait discrètement rejoint son partenaire, dont la mine peinait à contenir l’agacement. Ou peut-être le remarquait-il a ce point, parce qu’il ne le connaissait que trop bien. Quoi qu’il en soit-il émanait du grand blond élégant une franche aura de colère contenue à grande peine.

-Le GrAnd champion de ThAAr est là et il a une mission.

Persifla-t-il avec une méchante pointe de mesquinerie, avant de finalement expliquer plus en détail et plus sérieusement la conversation qui venait d’avoir lieu. Viliam l'écouta et laissa échapper un soupir lorsqu’il termina, sans s'énerver, ni en rajouter. C’était là une cause perdue de toute façon. Si l’Aile blanche pleurait toujours les morts innocents, ils ne pouvaient perdre du temps en de stériles tentative d’ouvrir les yeux à qui ne le voulait pas. Ils avaient autre chose à accomplir avant de disparaitre de cet endroit.

-Jamian ?
-Perdu de vue.
-Fait chier.

Mais alors qu’ils cherchaient un nouveau plan, ils aperçurent quelques invités qui allaient et venaient entre les jardin et l’intérieur du bâtiment. Leur nain venait d’en faire partie alors que le demi drow lui s'en était allé à travers de ses jardins, paradant autour d'une cours qui s'était formé autour de lui. Ren vint saisir le poignet de son ami.

-Viens.

Alors ils se glissèrent dans un grand hall, où d’autres gens bavardaient tranquillement. Là l’ambiance était rendue tamisée par un étalage remarquable de tapis et de tentures habillant l’immense pièce. C'était presque un sacrilège de fouler les épais pans de tissus tant ils valaient probablement cher. Mais personne ne s'en préoccupait vraiment. On entendait encore un peu la musique de dehors étouffée et cela achevait de donner à cette pièce un aspect presque plus intimiste que le vaste extérieur. En face, de par et d'autre d'un immense escalier, il y avait deux lourdes portes fermées. Des serviteurs attendaient patiemment devant, sans doute ayant reçu l'ordre de les ouvrir plus tard. Mais loin de s’attarder sur le faste du décor, les deux bandits cherchèrent surtout à discrètement entendre ce que le magistrat pouvait bien raconter à une élégante dame dont il venait de trouver la compagnie.

Zaahrian en vint à la conclusion qu’il serait sans doute plus sage de renoncer à les poursuivre. Cela ne ferait qu’envenimer une situation déjà trop complexe à son goût. De toute façon, le bref échange avec Ren l’avait convaincu qu’ils n’étaient absolument pas intéressés à lui parler bien qu’il aurait préféré en savoir la raison. Était-ce relié à ce qu’avait fait Guilin? Sans doute et Zaahrian pouvait difficilement leur en vouloir. Lui-même fut choqué en l’apprenant. Cela dit, qu’on rejette sur lui la faute, ça le piquait un peu. Autant cesser d’y penser et se concentrer sur ses affaires plus pressantes. Ce n’était pas la première fois que les gens l’accusaient à tort de certaines choses et ça ne serait pas la dernière.

« Non, je vous assure, j’aurais dû faire plus attention. J’ai été distrait. Vous devriez aller voir les serviteurs. Ils pourront vous aider à faire disparaitre cette vilaine tache. Ce n’est sans doute pas la première de leur carrière. »

Sans attendre sa réponse, Zaahrian fit signe à l’un des serviteurs et confia le marchand à ses bons soins, ignorant totalement ses protestations. Il rapporta ensuite son regard vers la jeune femme et, malgré le masque, il y avait quelque chose de familier. Ils s’étaient déjà rencontrés, mais cela remontait à quelque temps déjà. À la façon dont elle lui souriait, nul doute qu’elle le remerciait de son intervention quelque peu cavalière. Cet homme s’était-il montré trop insistant? Pourtant, s’il se fiait à ses souvenirs, cette femme pouvait aisément tenir tête à un courtisan trop insistant. À l’image de sa chevelure enflammée, elle affichait tout un caractère.

« J’ai bien peur de vous avoir privé de votre cavalier, mademoiselle. Nous nous sommes déjà rencontrés, n’est-ce pas? Je me souviens de vos yeux. » Zaahrian sourit, charmant. « Y a-t-il une façon pour moi de me faire pardonner mon impolitesse? Je suis à votre service. »

Zaahrian croyait les avoir dérangés, mais elle paraissait réellement soulagée de s’être débarrassée de lui, ce qui amusa l’assassin. Elle était jolie. Du coup, elle attirait l’attention et beaucoup trop d’hommes ne comprenaient pas — ou ne voulaient pas comprendre — lorsqu’une femme ne désirait pas de leur compagnie.

« Tant mieux dans ce cas. Je me demande d’où il peut sortir. Et son accent? Un genre qu’il se donne sans doute, je n’ai jamais rien entendu de semblable. Qu’est-ce que ces bourgeois ne feraient pas pour se faire remarquer. »

Il sentait sa nervosité. Sa présence la rendait-elle nerveuse? Elle n’avait pourtant aucune raison de le craindre et si quelqu’un pouvait maintenir à distance les indésirables, c’était bien lui. Il crut d’ailleurs discerner parmi les gens autour d’eux la femme qui l’avait abordé un peu plus tôt. Il ne voyait pas distinctement ses yeux, mais juste à sa posture, il lui était facile de deviner son agacement. La jeune femme lui proposa de prendre un verre, ce que Zaahrian trouvait tout à fait acceptable comme condition pour se faire pardonner. Ensuite, si elle le souhaitait, il pourrait l’inviter à danser.

« J’accepte avec plaisir. »

Puis, elle précisa dans quelles circonstances ils s’étaient rencontrés et le souvenir lui revint plus nettement à l’esprit. Comment pouvait-il l’avoir oublié? En fait, la réponse était très simple : beaucoup de choses lui étaient arrivées depuis le temps.

« Oui, je me souviens maintenant. Je rentrais chez moi quand je me suis arrêté à votre auberge. J’étais blessé et vous m’avez soigné. Votre nom est Eänwen, n’est-ce pas? Ma dette envers vous devient de plus en plus importante. Je crains qu’un simple verre ne soit plus suffisant maintenant. »

Un serviteur s’arrêta à côté de lui avec un plateau. Zaahrian prit un verre et le remercia. Le vin était de bonne qualité et se buvait aisément. Il ne craignait pas trop les effets de l’alcool à cause de son sang d’elfe, mais il ne pouvait pas en dire autant des autres invités dont certains démontraient déjà des signes d’ivresses. Combien de temps encore avant que l’un d’eux ne se ridiculise? Il profita d’un moment afin de rapidement balayer la salle du regard, mais il ne vit aucun signe de Ren. Il était peut-être parti. Les autres invités ne leur accordaient plus tellement d’attention, sauf quelques regards ici et là. Il faut dire qu’ils étaient tous les deux remarquablement attractifs et formaient un charmant couple.

« Puis-je savoir ce qui vous a amené ici ce soir? Vous aviez envie de délaisser momentanément la quiétude de votre auberge pour le chaos de Thaar? J’ai bien peur que la ville ne soit pas à son meilleur présentement. »