Projets et progrès [Catarina]

Catarina di Alcacio était heureuse d'être enfin rentrée au palais.

Bien qu'une ennéade s'était écoulée depuis leur retour d'Ydril, la jeune fille avait le sentiment que l'accident s'était passé la veille. Impossible d'oublier les bruits terribles de l'échauffourée ; mais, plus que tout, la scène qui s'en était suivie était comme marquée au fer rouge dans sa mémoire.

Comment oublier le regard déçu et furieux de son père, la sensation froide et gluante de la boue sous la couche du tissu de sa robe et de ses jupons, les cadavres aux alentours, et les mots terribles du Hérault d'Othar à l'encontre de son géniteur. Elle en avait été profondément troublée et déstabilisée.
Il était naturel pour un fidèle d'Othar de s'emporter, aussi le comprenait-elle en partie - mais la jeune fille connaissait son père mieux que quiconque. Pour les posséder également, l'héritière savait que le duc cachait de profondes blessures en lui, et qu'il ne reculerait devant rien pour protéger sa famille.
Ainsi, loin de le blâmer, elle ne l'en comprenait que mieux encore, même si les apparences contribuaient à le conspuer.

Mais la vie continuait. Ainsi, malgré l'arrivée imminente du frère du comte d'Ydril, Louis, avait-elle rendez-vous dans un couvent de la Mère situé en lisière de la ville. Un de ses projets du moment à laquelle la Suderonne tenait tout particulièrement, car elle comptait en financer, sur sa propre cassette, une extension entière. Il s'agissait de la moitié du revenu qu'Adriano lui allouait pour le fonctionnement de sa Maison, ses toilettes et le paiement de ses femmes au passage ; mais cela importait peu.
Il y avait tant de causes justes à défendre en ce monde, et Catarina s'employait à œuvrer de son mieux pour le peuple et les Dieux.

Ce fut ainsi qu'elle se rendit au bâtiment religieux en milieu de matinée, et commençait à le visiter en compagnie de la Mère Supérieure lorsqu'une prêtresse les rejoignit, le souffle un peu court et les joues rouges d'avoir couru.
Elle s'excusa de les interrompre, tendit un message cachetée à la princesse ducale, qui l'ouvrit avec précaution, avant d'émettre un soupir.

- "Mère, je dois malheureusement vous quitter. Je dois accueillir le frère du comte d'Ydril qui vient tout juste d'arriver au château, au nom de son Altesse Ducale. Mais j'espère que vous pourrez rapidement me consacrer un peu de votre temps. Dans cette nouvelle aile de votre couvent, j'aimerai pouvoir y loger des orphelins des rues. Nous en avons trop à Soltariel qui sont condamnés à voler pour survivre, et nous avons aussi des mères sans époux, qui ont besoin d'un toit. Je crois que nous pourrions conjuguer les deux, et les aider à retrouver une vie décente. Réfléchissez-y, ma Mère, et nous en rediscuterons. Je ne désire qu'à contribuer au rayonnement de la Miséricorde de Néera.
- Et qu'Elle vous bénisse, votre Altesse Ducale.
- Vous de même, Mère."

Il fallut encore près d'une heure avant qu'elle ne fût de retour de retour au château, un peu fatiguée mais enthousiaste à l'idée de voir le jeune frère du comte. Elle ne pouvait lui dénier beaucoup d'efforts pour faire ce que l'on attendait de lui, et ce fut le sourire aux lèvres qu'elle pénétra enfin dans le salon où ils avaient été introduits, dans un bruit d'étoffe de soie et de velours.

Catarina balaya la pièce du regard, s'approcha de Louis à petits pas, non sans dévisager son compagnon du regard, tandis que Ginevra se postait comme d'habitude à ses côtés.

- "Seigneur Louis, messire, bienvenu à Soltariel. J'espère que vous n'avez pas trop attendu... J'étais occupée en dehors de la ville. J'imagine que vous avez pu vous reposer un peu des fatigues du voyage ? S'est-il bien passé ?"

La jeune suderonne s'assit dans un fauteuil tranquillement. Elle était un peu étonnée de la question de son invité, car il n'était pas habituel d'insister sur le fait que son père fût - ou non - au courant des nobles qui transitaient au château.
Comment pouvait-il ignorer qui - pour peu que cette personne ait un tant soit peu d'importance politique - se trouvait chez lui ? Elle attribua cette question à son inexpérience, ce qui était logique, après tout, et darda sur le frère du comte un doux sourire, où ne perçait aucune supériorité.

- "Ne vous inquiétez pas de mon père, son Altesse ducale. Il sait tout ce qui se passe ici, et sera ravi de souper avec vous ce soir. Malheureusement, il est très occupé durant la journée, et ne saurait accueillir chaque noble qui passe les portes du château presque chaque jour."

Catarina oublia presque instantanément la question banale de son interlocuteur, au profit de la nouvelle, plus importante, des ennuis que ce dernier avait rencontré en chemin. Apparemment, la route entre Ydril et Soltariel-la-Ville semblait truffée de bandits, ce qui en faisait un problème très important. La sécurité de tous - voyageurs, marchands, nobles - devait être assurée, et elle nota mentalement de faire remonter le sujet jusqu'à son père. Mais pour cela, il fallait en savoir plus, pour aider la garde à s'occuper de ce souci majeur.

Elle expira d'un air plus songeur, mais sembla se reprendre, tandis qu'elle hochait la tête devant le serviteur, la mine affable mais étonnée de son intervention. Pourquoi s'excuser de servir le thé ?
Elle songea tout d'abord qu'il s'agissait d'un nouveau valet, et qui n'aurait pas été formé ; mais elle doutait fortement que l'Intendant le laisse servir la servir - et ses invités - s'il était encore novice.
Il faudrait également régler ce souci mineur, qui ne l'était pas tant que ça malgré tout. Il s'agissait de l'honneur de la famille ducale après tout, et donc de Soltariel même. Elle fut ravie d'en avoir été témoin, et pourrait donc y remédier avant l'arrivée du Roy pour la noce.

- "Notre escorte était bien protégée, messire Louis, je vous en remercie de vous en soucier."

Le souvenir de l'embuscade lui serrait toujours la gorge d'une terreur irraisonnée. Elle avait cru mourir alors ; mais heureusement, il n'y avait eu aucun dégât, colère paternelle mise à part et ego froissé de chaque côté des partis.

- "D'ailleurs, nous n'avons pas vraiment eu le temps de visiter votre cité, ce qui est une grande perte. C'est un port notable du duché, d'où beaucoup de marchandises et d'êtres de toutes races transitent. Se trouver à la tête du Comté d'Ydril est à la fois un honneur, mais aussi une immense responsabilité."

Une idée commença à se faire jour dans son esprit. Elle devait absolument retrouver le Hérault d'Othar, avant d'en parler à sa future belle-mère. Elle savait son géniteur contre l'idée - mais pourtant, Catarina était bien décidée à le servir, et à servir Soltariel dans son ensemble. Il n'était pas inédit qu'une fille désobéisse à son père pour le bien de tous, surtout si ce n'était pas dans le but de le trahir, car la Damedieu savait que ses intentions étaient pures.

- "Avez-vous réfléchi à ma demande, messire Louis ? Est-ce pour travailler main dans la main dans le but de développer le duché que vous êtes venu ?"

Les yeux attentifs, elle observait ses deux interlocuteurs avec toute l'ingénuité de son Souffle encore innocent, dévoué à son rôle et à son devoir. Elle espérait avoir vu juste en offrant à cet inconnu la chance de se distinguer, d'apprendre l'importance de son rôle. La richesse était une ressource trompeuse, dont il fallait se méfier, car tout un chacun s'y complaisait aisément. Mais nul n'en avait jamais assez, et l'avidité éclosait alors dans les cœurs asséchés par le péché. Malheureusement, elle-même n'y faisait pas exception ; elle avait toujours vécu dans le confort, et n'avait pas assez donné encore, car jamais la jeune fille n'avait manqué de rien au cours de sa vie.

Ses efforts pour le duché ne faisait que commencer.

Du plus loin que la noble Soltarii fut capable de se souvenir, son père avait toujours été un homme un peu distant, et perpétuellement occupé. Non pas que cela froissât ou attristât sa fille : il s'agissait là des règles du pouvoir et de l'administration d'un Duché. Rien ne s'obtenait sans travail, bien que ce dernier pouvait prendre plusieurs formes, et s'adapter à toutes les circonstances.

En l’occurrence, le mariage était l'occasion de démontrer la puissance, la richesse, mais aussi la dévotion de la famille Di Alcacio, et bien que la jeune fille ne l'avait pas prévu ainsi, elle était heureuse que son entreprise puisse servir, tout autant que les intérêts du Duché. Elle comprenait fort bien que la vie de son interlocuteur n'avait pas été facile - à l'instar de son frère ainé - et la doulce damoiselle savait que, de par sa position particulière, il était de son devoir de l'épauler.
Cependant, elle remarquait leurs traits tirés, leurs sourires un peu crispés et leurs vêtements poussiéreux de la route qu'ils avaient encore accomplis le matin-même, et fronça brièvement les sourcils.

- "Je ne serai jamais trop occupée pour vous oublier, messire Louis. Je suis dévouée à mes devoirs filiaux et à ceux de maitresse de maison, bien sûr, mais je me dois également à nos invités. En tant que fille unique du Duc Adriano, il est de ma responsabilité de l'épauler du mieux que je peux, même si ma jeunesse et mon inexpérience me pousse parfois à commettre des erreurs. En tout cas, je serai ravie d'écouter vos idées, et de vous exposer les miennes, mais je crains que ce ne soit pas le bon moment. Vous devez être fatigué du voyage... N'avez-vous pas pris le temps de vous baigner et de vous changer ? Une servante va vous conduire à vos appartements, ils sont prêts depuis quelques jours déjà, en prévision de votre arrivée."

Elle leur offrit à chacun un sourire lumineux, pencha légèrement sa tête, avant de reprendre la parole, d'une voix presque timide, sinon modeste.

- "Cependant, avant que vous n'alliez prendre un juste repos, j'aimerai vous faire part de l'unique condition de mon aide. Il m'est important de vous épauler pour deux raisons : la première, c'est qu'il me parait naturel que deux frères puissent compter l'un sur l'autre, puissent agir de concert, et ce en toute confiance. De ce point de vue là, je suis ravie de vous aider à faire vos preuves. J'agis également dans l'intérêt de votre Comté, qui est vassal de mon père. Nous devons prendre soin de la population, qui nous nourrit et nous habille. Nous devons leur être dévoués, afin qu'ils puissent vivre sereinement leur vie. C'est pourquoi je voudrais que vous consacriez la moitié des revenus que vous générerez ainsi à des bonnes œuvres : à l'entretien des Temples, à l'entretien des routes, à l'aumône indispensable, sans lesquels les veuves et les orphelins ne survivraient pas. J'y ai réfléchi, et nous avons tant de voleurs, c'est certainement parce que leur misère est trop grande... Et je veux la combattre. Réfléchissez-y, et donnez-moi votre réponse lorsque vous serez reposé."

Les plis de velours de sa robe bleue pervenche se lissèrent gracieusement tandis que leur propriétaire se redressait, les mains docilement entremêlées sur son ventre corseté.

- "Vous devez avoir des serviteurs sur place, ou faut-il que je vous envoie une domestique ?"

La Damoiselle Soltarii esquissa un sourire doux. Elle aimait les compliments, comme tout le monde, bien sûr, mais elle ne se faisait aucune illusion. Il était clair qu'elle n'était pas la plus indiquée pour devenir duchesse, car elle se préoccupait probablement trop du peuple, et n'était pas assez maligne pour la politique ; cependant, pour l'instant, elle était à sa place.

Se concentrer sur le présent était important, aussi secoua t-elle la tête comme pour en chasser ses dernières réflexions.

- "Ne vous inquiétez de rien, tant que vous serez dans ce château. Vous auriez dû faire le trajet avec des gardes supplémentaires, alors je vous ferai préparer une escorte lorsque vous désirerez repartir."

La jeune fille saisit une petite clochette qui trônait sur la table, la fit sonner, et dévisagea le serviteur qui entra aussitôt pour s'incliner brièvement devant elle.

"Faites venir Anneta, je vous prie. J'espère que leurs appartements sont bien prêts." Catarina dévisagea ensuite ses invités, tandis que l'homme repartait accomplir sa tâche. Elle reprit la parole rapidement, tout en lissant les plis de sa robe machinalement. "Considérez que vous êtes ici chez vous durant votre séjour au château. Nous pourrions certainement nous revoir dans quelques heures ? Vous n'aurez qu'à me retrouver dans la bibliothèque... je vous y attendrais avant le diner. J'imagine que vous avez prévu une tenue adéquate, mais dans le cas contraire, Anneta pourvoira à vos besoins."

Elle s'éclipsa tandis qu'une adolescente aux cheveux noirs, coiffée d'un bonnet de dentelle et d'une robe noire surmontée d'un tablier de dentelle, rentrait à petits pas dans la pièce, avant de s'incliner devant les deux hommes.

- "Mes seigneurs, je vous prie de me suivre."

A petits pas, elle les conduisit dans les couloirs richement décorés de tapis, de tableaux et de statues, monta deux escaliers, pour finalement pousser une porte sculptée, révélant une suite de deux vastes pièces noyées de soleil. La première, pourvue d'un balcon donnant sur les jardins du palais ducal, comportait une cheminée ainsi qu'une table à manger avec quatre chaises, tandis que la seconde était pourvue de deux lits à baldaquin séparés pour l'occasion et d'un paravent brodé d'oiseaux dans un décor bucolique. Enfin, un gros baquet avait été préparé au centre de la pièce, que deux autres domestiques emplissaient avec de l'eau chaude et des pétales de fleurs.

- "La coiffeuse et le miroir sont dissimulés derrière le paravent, mes seigneurs. J'ai pris la liberté de vous faire préparer un bain. Je resterai pour vous aider, si vous avez besoin de moi, mes seigneurs, sinon, je vous attendrais dans le couloir. Il vous suffit d'agiter la cloche."

Catarina était sortie du salon un peu préoccupée. Toujours suivie par sa dame de compagnie et par une servante, elle descendit dans la bibliothèque du château, où elle posta un garde afin que personne ne la dérange, et s'attela pensivement au livre de compte ducal où se trouvait répertorié les dépenses des cuisines.

C'était une de ces tâches habituelles et ennuyeuses desquelles elle ne pouvait éviter ; mais en réalité, elle attendait principalement l'Intendant Ducal. C'était un homme bedonnant et dont la tignasse d'un noir de jais avait tendance à se dégarnir, aux vêtements flamboyants et aux tissus coûteux, car il aimait à croire qu'il était indispensable ; ce qui n'était pas loin d'être vrai. Cependant, l'héritière ducale, qui l'estimait pourtant beaucoup, l'avait pourtant fait mandé.
car bien que la jeune fille dût gentille et compréhensive, il était inacceptable qu'un domestique non formé au service soit affecté à des nobles invités de la maisonnée. Après tout, même ces derniers représentaient l'hospitalité ducale - ce qui signifiait que tout devait être parfait.

Ils parlèrent ainsi une petite heure de la sélection et de la promotion des serviteurs, avant de laisser repartir le nobliaud à ses obligations. La jeune fille commenta longuement ses choix avec Ginevra, établissant un petit rapport destiné à son père. Elle n'était pas malheureuse d'échapper aux leçons de ses précepteurs pour la journée pour s'acquitter du quotidien, et, absorbée par son travail, ne vit pas tout de suite le noble arriver. Ce ne fut que la main de sa dame de compagnie sur son épaule qui lui fit redresser la tête, les yeux d'abord intrigués, puis amicaux.

- "Ah, messire Louis ! Asseyez-vous, je vous en prie. Je suis contente que vous ayez pu vous délasser, il est important de se ménager, je ne voudrais pas vous voir tomber malade."

A nouveau, la demoiselle soltarii lui offrit un sourire lumineux, et saisit un parchemin qu'elle avait déjà noirci de son écriture élégante avant d'en relire quelques lignes brèves.

- "Puisque vous êtes là, nous pouvons aller directement au sujet qui vous intéresse. Voyez-vous, j'ai pensé que pour faire à la fois la charité et développer un comté, il fallait de l'argent. Vous devez savoir quelles sont vos ressources : les impôts en nature et en argent des paysans, le cens, que vous prélevez de ceux qui possèdent un bien, les banalités qui sont prélevés des moulins, des fours et des pressoirs, mais il s'agit de biens en nature. Vous avez ensuite les péages, le...
- Droit de Mainmorte, dame Catarina.
- Voilà, le droit de Mainmorte sur les successions, la gabelle qui est une taxe sur le sel, le droit d’étalage, demandé aux marchands lors des jours de marché ou de foire, une redevance dû pour faire paître les porcs dans les forêts..."

La jeune fille soupira, parcourut son parchemin du regard, et reprit, d'une voix concentrée.

- "Le Formariage est une redevance exigée pour un sujet qui veut se marier à l’extérieur de la seigneurie, et enfin, il existe une taxe due par la personne qui déménage vers une autre seigneurie. Elle correspond en général au dixième de la valeur des biens et effets emportés. Le but est d'indemniser le seigneur qui perd un de ses justiciables. Pour clore le chapitre des revenus, la ville ou le village touche la moitié des amendes versés par la famille des condamnés, et le seigneur en perçoit l'autre moitié. Tout le problème vient du fait qu'il y a beaucoup de gardes, voir de soldats à payer, que leur entretien coûte cher, comme l'entretien des routes, des fortifications, ponts, et château. Il faut également payer les domestiques, l'habillage, le logement, la nourriture, bref, tout le quotidien d'une très grande maisonnée. A cela, il ne faut pas oublier la prévôté, veiller à la moitié de l'entretien des guildes, en tout cas pour leurs bâtiments, et les autres fonctionnaires, comme les percepteurs d'impôts. Si je vous dis tout cela, c'est que, de fait, on peut se demander, à juste titre, sur quel argent faire la charité. Personnellement, il m'arrive de prendre sur ma cassette que m'alloue annuellement mon père pour mes bonnes œuvres ... Mais le premier problème est qu'il est plus difficile de le faire lorsque l'on se trouve responsable des fonds, en tant que seigneur. Un deuxième problème est que les impôts varient d'une année à l'autre, en fonction principalement de la récolte. C'est pourquoi j'ai pensé à une solution."

Catarina reprit son souffle. Elle saisit un nouveau parchemin, les yeux brillants d'une excitation sincère, joignit brièvement les mains, et reprit son discours.

- "Je pensais à une entreprise contrôlée par votre comté. Je pensais demander à Père l'autorisation d'en créer une autre, qui serait directement dirigée par le duché, sur le même modèle. Bien sûr, il est d'usage qu'un noble ne travaille pas, enfin, ne se comporte pas comme un marchand. Mais l'affaire serait possible avec un prête-nom et un intendant, qui s'occuperait de gérer pour votre frère, ou mon père."

Il fallait se jeter à l'eau, et, en dévisageant son interlocuteur pour chercher à en connaitre sa réaction, continua sur sa lancée.

- "Vous savez qu'Ydril est au bord de la mer. S'il y a bien un commerce qui ferait connaitre la région, il me semble que les perles, mais également la nacre, serait une source de rentrée importante d'argent. Et dans un contexte de bonne entente, le duché pourrait acheter votre nacre pour créer un atelier où on pourrait fabriquer des meubles nacrés, et laqués, avec de la sève d'arbres rouges. Nous fournirions la sève et le bois, vous fourniriez la nacre. Que pensez-vous de mon projet ? Cela nous fournirait une rentrée importante d'argent, que vous pourriez dépenser en faveur de la population qui en aurait besoin, mais également pour les infrastructures et les routes, par exemple... Je m'engagerai de même à dépenser la moitié de ces revenus à ceux dans le besoin. Cela fournirait des emplois, et contribuerai à la renommée de notre magnifique région. De plus, cela permettrait même de baisser certains impôts en cas de récoltes désastreuses, pour donner un peu de latitude aux paysans. Ils doivent vivre, et non point survivre."