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| Ah, la famille [Catarina] | |
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Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Ah, la famille [Catarina] Jeu 20 Avr 2023 - 9:53 | |
| 1er jour de la 2ème ennéade de Vérimios – Premier mois de l’Eté – Année XX | XI cycle. Cité ducale de Soltariel – Palais Ducal. Un beau jour d’été.
Voilà plusieurs ennéades que les Alonnais étaient les invités privilégiés, et d’honneur, du Duc de Soltariel. Des ennéades qu’ils mangeaient les meilleures viandes et les plats les plus raffinés ; qu’ils dormaient dans les soieries du Sud ; qu’ils attendaient sous le soleil Suderon, que daigne enfin répondre le pirate malotru. Mais, malgré tout ce temps, et la promesse d’une rançon plus que conséquente… Rien. Aucune réponse. Aucun signe de vie. Tant et si bien que certains pourraient croire qu’au final, Tyra aurait pu avoir raison de la vie du pirate, avant qu’Adriano n’ai pu lui mettre la main dessus. Déception en soi… Mais quid de la Baronne ?
Adriano commençait à s’impatienter. Les informations apprises il y a peu de la bouche du chevalier Aubry, un soir arrosé, lui mirent plus d’une puce à l’oreille quant au devenir du Marquisat de Langehack, entre les mains de la marquise. Arcaménite reconnue – mais point prouvée – en plus d’être une meurtrière avouée – sous les yeux de témoins privilégiés – voilà qui fait beaucoup pour celle au-dessus de qui trône l’ombre de l’assassinat de son propre paternel. Plus que jamais, Adriano voulait mettre ses griffes sur le Marquisat. La fédération des deux terres Suderonnes pourrait être plus proche que d’aucun le pensait… Lui en premier lieu.
Mais voilà, Adélina n’était point revenue. Elle était toujours là-bas, dans les griffes supposées du pirate sanguinaire, fou, et peu organisé qui se fait nommer le Rokvenha. Du moins, d’après les dernières informations. Mais, encore une fois… Le manque de nouvelles pouvait signifier la mort de ce dernier… Et donc, la mort de la Baronne. La situation était précaire… Réellement précaire. Et Adriano, manipulateur et calculateur, détestait cela.
Alors, comme à son habitude depuis quelques jours, il mangeait tôt le midi, sur le plus haut des jardins privés. Depuis ce lieu, ouvert sur le ciel et protégé du soleil par quelques tissus colorés tendus au-dessus de sa tête, celui qui se rêvait vice-roy réfléchissait à ses futures actions… Tout en regardant l’océan, loin devant lui. Au moins oublierait-il ses tracas le temps d’un repas gourmet.
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| | | Catarina di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Lun 24 Avr 2023 - 15:38 | |
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Catarina avait passé une journée paisible.
Bien loin des réflexions politiques de son père, la jeune fille avait été accaparée par ses propres soucis. En l'absence de feu la Comtesse de Sybrondil - l'ancienne épouse de son père, le Duc de Soltariel - elle avait dû prendre un peu plus de responsabilité au palais malgré son jeune âge. Ainsi, elle aidait parfois l'Intendant dans les affaires de la maisonnée, et bien que l'élaboration des menus ne la passionnait guère, s'occuper des serviteurs, de leurs problèmes mais aussi de leur gestion l'intéressait davantage, au même titre que sa peinture ou ses dévotions journalières.
Mais la damoiselle ne s'en était guère occupée le jour-même. A dire vrai, elle avait appris que la rançon envoyée par son père au brigand retenant sa fiancée n'avait encore donné aucun résultat ; et elle s'inquiétait pour son père, si cher à son cœur tendre et encore naïf.
Ainsi, elle avait gravit doucement les marches menant au plus haut des jardins privés dont ils bénéficiaient par l'infinie grâce de Néera, sourit aux gardes qui protégeaient son père des importuns, et fit quelques pas dans sa direction, du bout de ses souliers légers qui ne faisaient guère de bruit sur le marbre du balcon. L'héritière observa le seigneur durant quelques instants, avant de venir s'installer à ses côtés, dans un siège confortable, sans guère de cérémonie. Elle lui coula un sourire doux et un peu triste, perdit ses yeux noisette dans l'immensité de l'océan qu'ils surplombaient avec tant d'orgueil.
- "Bonjour, cher père..." finit-elle par murmurer, tandis qu'elle servait un peu de vin dans la coupe de son noble géniteur.
- "On m'a conté que vous veniez manger votre déjeuner ici tous les jours, et je voulais vous tenir compagnie. Je sais ce qui préoccupe votre cœur, et ... je me disais que nous pourrions peut-être... trouver des solutions ensemble ? Pouvez-vous, peut-être, me parler d'elle ? Cela allègera peut-être votre Souffle que de ne pas vous retrouver seul... Plus que tout autre, vous méritez le bonheur."
Elle se servit elle-même une coupe d'eau fraiche, en but une gorgée, baissa les yeux, en mordillant sa lèvre. Catarina espérait tant que la fiancée de son père survive quelque part, qu'elle serait bientôt de retour. Les Dieux n'avaient-ils pas assez éprouvés leur famille ? Adriano ne méritait-il pas d'autres héritiers, le bonheur insigne de beaux enfants et de rires insouciants près de lui ? La jeune fille connaissait la profondeur de la piété de son interlocuteur, et elle souffrait pour lui, car rien n'était plus important pour elle que son bonheur.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Mar 25 Avr 2023 - 10:36 | |
| L’air iodé avait quelque chose de rafraichissant, de vivifiant, de plaisant… D’admirable. Tous les Suderons dignes de s’appeler ainsi, aiment la mer. Et, par extension, vouent une admiration plus prononcée qu’autre-part en Péninsule pour Tyra, la déesse des morts. Marins, pêcheurs, matelots, tous prient la déesse des flots, afin qu’elle les laisse prendre la mer, et revenir, chargés de poissons, de nourriture et autres victuailles. Voilà longtemps – entre guillemet – qu’Adriano n’avait point réellement prit la mer. La rencontre des couronnes n’était point une navigation à proprement parler, car, après tout, remonter un fleuve n’a rien d’extraordinaire. La navigation, c’est partir au loin sur les flots d’un océan s’étendant à perte de vue ; c’est braver vagues scélérates et creux immenses ; c’est prier Tyra que la pêche soit bonne, ou que la guerre soit victorieuse. Mais voilà, il n’était plus l’Amiral de la flotte, il n’était plus l’officier en chef, le marin combattant. Il était Duc, dorénavant. Et ainsi devait-il gouverner au nom du Roy, et pour le Roy. Se battre, naviguer, même pêcher… Ne lui incombait plus désormais. Lorsque sa fille entra, il eut un sourire. Si les gardes n’avaient point fait de révérence en déférence à la princesse héritière, et donc, que le cliquetis des armures ne s’était point fait entendre, jamais il n’aurait su que quelqu’un approchait. Les pas de velours de la jeune femme étaient aussi silencieux que le vol d’un hibou dans la nuit. « Bonjour ma fille. Comment s’est passée votre journée ? » Demandait-il, souriant, accueillant sa fille en saisissant la coupe que cette dernière était en train de remplir. « En effet. Depuis l’arrivée des Alonnais, la salle du trône, les salons et les jardins, sont tout le temps occupés… Ici, au moins, je peux réfléchir en paix et apprécier la vue. » Partageait-il, pragmatique, mais surtout fatigué. « Votre sollicitude me touche, très chère. » Pour le coup, Adriano était sincère. Sa jeune et magnifique fille n’avait point seulement hérité de la beauté physique de sa défunte mère, mais aussi de sa bonté d’âme, et de sa bienveillance. Plusieurs fois, la candeur de Catarina avait été salvatrice pour Adriano, qui trouvait en elle, une légèreté de cœur et d’esprit qui rendait vint toute manipulation, tout calcul, toute insincérité fomentée. Avec elle… Il pouvait baisser la garde, et être, et bien… Bon ? « Malheureusement, ma chère, il n’existe point plus de solutions que celles déjà usitées, et en attente. Nous ne savons pas où se trouve l’île infâme de Méca… Nous ne connaissons pas l’étendue de la flotte pirate, et la force de leurs seigneurs… Nous ne pouvons que prier, et attendre. Et connaissant Adélina, je pense que s’en référer à La Mère lui ferait honneur. Sa dévotion n’est plus à prouver, depuis qu’elle, ses prêtres et ses soldats, ont tout fait pour nous aider à démanteler les sectes draconniques. » Dit-il, brossant le tableau. « Il faut croire en La Mère, prier Tyra… Et nous préparer. Car les cultistes n’attendent qu’une faille dans notre armure pour pouvoir nous attaquer à nouveau. »
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| | | Catarina di Alcacio
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Dim 30 Avr 2023 - 19:02 | |
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Le spectacle tout à la fois de la mer et de l'harmonie du jardin lui réjouissait l'esprit et le cœur. Depuis la mort terrible de son cher grand-père, de sa belle-mère et de ceux qu'elle considérait comme ses frères, la vie n'avait plus le même goût qu'auparavant. Qu'importait finalement qu'elle semblait avoir reprit le cours de son existence ; qu'elle priât les Cinq chaque jour, qu'elle tentât d'occuper son esprit par tout ce qui constituait son quotidien : en réalité, elle continuait de porter le deuil.
Catarina ne doutait pas que son père procédait de même. Il avait tant de responsabilités et d'ennemis qu'il ne pouvait laisser filtrer aucune faiblesse - et qu'elle ne devait pas en devenir une. Néanmoins, la jeune fille restait sa plus fervente partisane, où un amour profond et sincère se mêlait à une grande admiration.
- "Je vais bien, père, je vous remercie."
Quant à ce dernier, elle n'osait imaginer son état. Tant de morts avaient jalonné sa vie ; mais la princesse connaissait sa détermination aiguisée par la douleur.
- "J'avais le projet de prier avec les Alonnais, et de prendre le temps de mieux les connaitre. Je sais bien en quelle estime vous tenez la baronne, et je songeais, d'ailleurs, à lui faire décorer des appartements, afin qu'elle se sente chez elle lorsqu'elle sera de retour. Croyez-vous que ce pirate soit un cultiste ? Dans ce cas, cela nous donnerait une nouvelle piste pour le chercher, même si la délivrance de la rançon saura probablement faire fléchir ce vil coquin."
La fille unique du duc s'interrompit pour reprendre une gorgée d'eau, ainsi qu'un grain de raisin qu'elle garda quelques instants entre ses doigts graciles avant de le manger en soupirant. La beauté de ce qui les entourait était à couper le souffle, et il semblait presque irréel à l'adolescente qu'il pût se passer de si terribles évènements, alors qu'elle était assise là, en compagnie de celui qu'elle aimait le plus au monde.
- "Mon cher père, j'aimerai, moi aussi, vous aider dans cette quête contre les cultistes. Je grandis, et je ne suis plus une enfant aujourd'hui. J'aimerai apprendre, et veiller sur vous comme vous le fîtes autrefois pour votre géniteur. Je ne sais pas me battre, mais je sais qu'il y a d'autres formes de combat. Sans nul doute, nous pourrions trouver allié en la personne de la duchesse du Langehack ? Elle aussi doit être dans tous ses état de l'enlèvement dramatique de sa vassale, même si je m'étonne qu'elle n'ait pas envoyé d'émissaire ici."
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Lun 1 Mai 2023 - 14:14 | |
| L’ingénuité et la candeur de sa propre fille, faisait rire le Duc, autant qu’il trouvait cela navrant. Il aimait sa fille, bien-sûr. Elle était son héritière, elle était sa seule enfant, l’unique rescapée de tous les mariages qu’il a noué par amour ou par politique. Il aimait sa fille… Mais il se demandait régulièrement si cette ingénuité ne serait point négative pour elle-même. Il se demandait si, en tant que princesse héritière de tout un duché Suderon, il n’aurait point dû l’éduquer un peu plus aux risques qu’une telle position pouvait engendrer. Complots, noués contre elle ou qu’elle pourrait nouer contre un concurrent, contre une lignée ennemie, contre une ville, une maison. Manœuvres politiques, pour obtenir plus de pouvoir, plus de richesses, pour obtenir plus de comptoirs commerciaux, plus d’accords avec la couronne. Manœuvres militaires, car l’histoire récente et ancienne de la Péninsule regorge de guerres intestines, souvent perdues ou gagnées par des tactiques nouvelles, inconnues, ou tout simplement inhabituelles, par des dirigeants et des dirigeantes capables de lire le champ de bataille comme on lirait l’avenir. Peut-être devait-il commencer à l’éduquer en ce sens ? Peut-être… Mais la bienveillance de cœur et d’esprit de Catarina pourrait compromettre tous les plans établis par Adriano. Lui, au contraire, n’hésitais pas à tromper, mentir, calculer, abattre… Tuer… « Je ne penses pas que ce… Rokvenha, soit un cultiste d’aucune sorte. Du moins, point ici, en Péninsule. Qui sait quelles divinités vénèrent les pirates ? » Demandait-il, même s’il possédait sa propre idée de la chose, puisque, en tant que marin, il avait naturellement une grande affinité avec Tyra, la déesse des eaux et de la mort. « En tous les cas, je n’ai aucun indice permettant de tenir une telle piste. Vraisemblablement, il s’agit d’un pirate chanceux ayant tenté sa chance face à ce qu’il voyait comme une opportunité… Peut-être l’opportunité de sa vie. L’or, voilà ce qui l’intéresse. » Il réfléchissait. Visiblement, il était difficile pour Adriano de se détendre dans ce palais, quand bien même ce dernier fut une demeure incroyable, luxueuse, et richement décorée. Combien de statues avaient été modifiée depuis l’accession au trône, pour représenter le visage d’Adriano, et non celui des Ducs avant lui ? L’habitude sans doute… Il était presque traditionnel de voir les Ducs et Duchesses retoquer les statues, tableaux, dorures, pour se présenter eux-mêmes sur ces objets d’arts qui glorifient leurs règnes, leurs noms, leurs lignées. Et pourtant, il était difficile de se détendre, en ce moment… Adriano avait bien trop de choses à faire, de choses à décider, de plans à mettre à exécution. « Vous avez raison. » Dit-il, regardant alors sa fille avec un sourire, avant de retourner prendre un verre de ce délicieux vin blanc qui trônait là, avant de saisir lui aussi un raisin. Il attendait encore que le chef termine la cuisine du jour, un repas gastronomique en devenir, inspiré de la mer. « Il existe plusieurs formes de combats. Et plusieurs armes. La principale qui demeure à notre disposition, et même, à la disposition de tous les nobles qui se trouvent à des rangs similaires aux nôtres… Est la politique. » Dit-il, prenant une gorgée. Puis, il se tourna vers sa fille, la regardant avec insistance, comme le ferait un père se préparant à donner la leçon à un enfant ayant fait une bêtise. « La politique, n’est qu’histoire de manipulation, ma chère. La manipulation de l’information… Tout n’est que secret. Notre discussion, ma fille, doit demeurer secrète, à partir de maintenant. » Il fléchit la tête, insistant alors bien sur son regard plongé dans celui de sa fille, témoignant du côté sérieux de sa demande. Il n’y avait plus d’humour, ici. « Pourquoi croyez-vous que la Marquise de Langehack n’a point fait envoyé ni messager, ni troupes, ni soutien d’aucune sorte ? » Demande-t-il, dans une question rhétorique. « Car Prudence de Langehack est une hérétique, elle aussi. C’est une Arcaménite, et, en plus de cela, une menteuse et une tueuse. Elle a attenté à la vie d’Adélina, voilà plusieurs mois, sous les yeux de Théodoric, feu son époux, et d’Aubry, le chevalier que nous hébergeons. Un poignard fut l’arme de son crime. Et figurez-vous qu’elle serait l’autrice du meurtre de son propre frère, Théodoric, pour l’éloigner d’une potentielle prise de pouvoir, si quelque chose venait à lui arriver à elle. Enfin, d’aucun pense qu’elle serait la manipulatrice derrière l’incident de Langehack, où un assassin tenta d’ôter la vie à feu Griffon, résultant en un incident diplomatique avec les Nains. » Conscient que tout ceci était effrayant, et… Nouveau, Adriano laissa flotter un temps de pause, afin que Catarina puisse assimiler tout cela. Il s’agissait également d’un test : la réaction de sa fille allait être déterminante pour la suite de cette discussion. Si Adriano jugeait que sa fille ne pouvait point être digne de confiance, alors plus jamais il ne lui parlerait de politique.
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| | | Catarina di Alcacio
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Lun 1 Mai 2023 - 19:31 | |
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Sans discuter plus avant de la nature infâme du pirate ayant trouvé le culot d'enlever une baronne, puis de faire attendre son bon vouloir, la jeune Catarina buvait les paroles de son père.
Si le regard de ce dernier lui avait fait craindre, un bref instant, une réprimande qui n'était pas venue, elle perdit bientôt sa moue légère, pour adopter une physionomie plus grave. La politique n'était pas un jeu, et si elle permettait, comme elle l'avait compris enfant, de soulager la misère et de rétablir justice, en maitriser parfaitement l'exercice requérait des méthodes évidemment moins reluisantes. La question était finalement : que pouvait-elle accepter de faire pour perpétuer l'héritage de son père ? Jusqu'où aller pour avoir le loisir de faire régner l'ordre au sein de son duché, et en faire en bastion dévolu au culte Pentien ?
Mais les propos tenus par le Duc arrêtèrent net ses réflexions. Et si la jeune héritière comprit immédiatement la portée gravissime des accusations que son interlocuteur formulait à l'encontre de la Marquise de Langehack, elle garda le silence un instant, déposant lentement ses mains délicates sur le tissu immaculé qui recouvrait la table.
- "Je vois."
Elle imagina soudainement l'armée d'espions de son géniteur, visualisant - ou plutôt supposant - son réseau d'information à travers les marchands, marins ou autres mercenaires soltariens ; puis songea brusquement à Adelina. Voilà qui expliquait le choix de ces fiançailles, mais aussi de leur discrétion. Elle déglutit lentement, tâcha de se maitriser sa physionomie comme ses précepteurs s'évertuaient à lui enseigner, fixa son père avec des yeux emplis de conviction et de curiosité.
- "Ainsi, vous épousez Adelina pour vous rapprocher de notre ennemie, n'est-ce pas ? Il est évident qu'une arcamémite ne peut rester assise sur son trône, et qu'elle constitue un danger immédiat pour nos propres terres. Soyez tranquille, Père, mon cher Père, sur ma discrétion à ce propos, car je suis votre fille. Peu importe vos secrets, car ils sont également miens. ...J'imagine bien que vous ne pouvez vous permettre de vous consacrer à la charité. Nous avons des ennemis, et vous devez les combattre, qu'ils soient armés d'une dague, ou de paroles fielleuses."
Elle inspira profondément, expira plus brièvement, les yeux déterminés.
- "Pour la confondre et la faire exécuter, elle ne doit rien soupçonner. Mais.. si je puis juger sa stratégie, je la trouve très peu subtile. Je veux dire que si je désirais la mort d'un de nos vassaux, et que j'en fomentais la disparition, je serai la première à déployer des moyens pour la retrouver, même si je ne chercherai pas au bon endroit. Le point que je cherche à soulever est que je désirerai que le Roy et mes autres vassaux ne trouve rien d'anormal dans mon comportement. Mais Père... comment savez-vous tout cela ? Est-ce grâce aux informations de vos espions, ou Dame Adélina vous a t-elle conté tout ceci ?"
L'enjeu était si énorme que l'adolescente peinait à contenir sa curiosité naturelle. Pour la première fois depuis longtemps, elle avait le sentiment de progresser - bien qu'elle ne désirait pas le mal, il était des causes qu'elle ne pouvait mettre de côté. Elle n'était pas sotte, à défaut d'être naïve ; et elle se doutait bien que la charge de duc était émaillée de décisions difficiles.
Un jour, cela serait sa tâche, et si elle désirait protéger sa population, ne devrait-elle pas user, à son tour, de ses propres armes ?
Dernière édition par Catarina di Alcacio le Jeu 4 Mai 2023 - 7:11, édité 1 fois |
| | | Adriano Cortès di Alcacio
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Mer 3 Mai 2023 - 15:46 | |
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Adriano testait sa fille, sans doute pour la première fois de sa jeune vie. La candeur de son ainée, les malheurs de sa vie, ceux qui parsemèrent la vie d’Adriano, empêchèrent bien des choses, bien des rapprochements, bien des discussions. Aussi, pour dire la vérité, Adriano ne voyait point sa fille comme quelqu’un capable de faire face aux médisances, aux traitrises, aux machinations, aux calculs, aux mensonges… A la mort. Peut-être que les derniers évènements auront provoqué quelques changements en l’esprit de la jeune, candide, douce et innocente Catarina. Car les réflexions et les liens qu’elle était en train de faire trahissaient un cerveau en pleine ébullition, mais surtout, une naïveté de surface. Se lier avec Adélina dans le but d’atteindre le Langehack ; la menace que représentait Prudence ; se débarrasser de Prudence… Pour la première fois de sa vie, Adriano entendait des mots qui n’étaient ni doux ni bienveillants, dans la bouche de sa propre fille. Etonné, il arqua un sourcil, eut un sourire et, voyant l’arrivée du chef des cuisines, maintint un silence entendu. Le chef cuisinier, accompagné de quelques serveurs, s’approcha, et déposa les plats. L’entrée tout d’abord : des huitres, du citron découpé en quartier, et un vin blanc en provenance des côtes d’Ydril. Satisfait, Adriano fait signe à l’ensemble de l’équipée de s’en aller, avant de plonger une main vers les huitres, d’en saisir une, et de s’en délecter bruyamment. Il revint ensuite vers Catarina. « Vous avez raison. Epouser Adélina me permet de légitimer, et d’introduire dans un certain futur, bien des prétentions sur le Marquisat de Langehack. Je souhaite m’en emparer. » Dit-il, sans détour, regardant à nouveau sa fille avec une grande intensité dans les yeux. « Je souhaites créer un vice-royaume Suderon, vassal de notre Roy à la lignée bénie. » Dit-il, droit, fier, tout en gardant cette étincelle dans ses yeux trahissant une machination monumentale. « Je dois avouer, ma fille, que le comportement de la Marquise face à la disparition d’Adélina, ancienne sa belle-soeur, laisse effectivement à désirer. Cela nous servira, le jour où nous pourrons confondre Prudence face au Roy. » Dit-il, expliquant donc le futur des plans qu’il peaufine en son esprit. « Eh bien… Figurez-vous qu’Adélina m’aura beaucoup parlé mais, surtout… J’ai surpris le chevalier Aubry de Lourbier, l’autre soir, aussi saoul qu’un tonneau de vin en pleine maturation. Il n’a pas été avare d’informations, ni de témoignage. Il ne se souvient sans doute de rien… Ce qui est gênant… Mais, je pourrais utiliser ce levier contre lui, un jour, le forçant alors à avouer sous serment. Car je suis Duc… et ce n’est qu’un chevalier. » Dit-il, médisant et le regard empli d’un certain… Attrait, pour tout cela. « Je n’ai malheureusement aucune preuve tangible. Rien qui ne pourrait être irréfutable… Attaquer une Marquise demande non seulement des témoignages solides, mais aussi, et surtout, des preuves irréfutables. »
Dernière édition par Adriano Cortès di Alcacio le Dim 14 Mai 2023 - 11:37, édité 1 fois |
| | | Catarina di Alcacio
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Jeu 11 Mai 2023 - 13:08 | |
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Avec sincérité, la jeune Catarina dédia un doux sourire au cuisinier et aux serviteurs qui leur installaient les plats devant eux, en respectant un silence presque religieux ; puis, tout en contemplant son redoutable géniteur s'emparer d'une huître, pencha légèrement sa tête sur le côté.
Elle l'écoutait avec attention, consciente qu'il s'agissait là de sa première véritable leçon. Mais elle écarquilla légèrement ses yeux alors que le Duc lui confiait ses projets, tandis que son cœur battait un peu plus vite. Loin d'en être scandalisée, elle avait l'impression de comprendre ses motivations, de mieux le connaitre. Il était un grand seigneur, mais qui avait dû se battre pour acquérir tout ce qu'il avait. Il s'était mis en danger, s'était élevé contre ses ennemis, avait connu la mort et la souffrance.
Désirer aujourd'hui étendre son domaine, chercher à venger la mort de son épouse décédé et de ses malheureux enfants innocents, était évidemment tout naturel de sa part - et la jeune fille savait également ce qu'elle était en devoir de faire.
Tout comme son père avait épaulé étroitement son grand-père, l'héritière, elle, avait passé son existence dans l'égoïsme. Bien que se consacrant aux autres, elle réalisait qu'elle n'avait jamais rien fait qui puisse réellement être utile à la famille. Une boule de culpabilité pesa immédiatement sur son estomac, et elle se mordit doucement la lèvre.
- "Père, j'entends bien votre problème. Vous n'avez pas de preuves, et vous en avez besoin pour la faire tomber. On ne peut laisser une femme de sa trempe sur le trône du marquisat, tandis que vous apporteriez les lumières de votre dévotion."
Elle estimait, dans le secret de ses pensées, qu'ils n'avaient en aucun cas besoin d'étendre leur pouvoir. Devenir vice-reine lui était parfaitement indifférent ; mais la noble soltarii savait une chose : elle était la plus fervente vassale de son père, et devait devenir son meilleur soutien. Peu importait ses propres sentiments. Elle croyait en la loyauté, en la confiance et en l'unité de la famille. Il n'était pas question de ce qu'elle désirait, car ce n'était guère important à ses yeux - Catarina Cortès Alcacio savait ce qu'elle devait faire, au plus profond de son âme.
Et si cela signifiait qu'elle devrait se préoccuper de plus de monde, alors il en serait ainsi.
- "Père... Je.. je suis abasourdie de votre confiance, et sachez que je tâcherai de m'en montrer digne. Cela me fait prendre conscience que je me suis trop consacrée à la charité et à mes études. Ma place, si vous y consentez, bien entendu, est à vos côtés. Vous savez que je crois en la famille, et qu'il est important que vous puissiez trouver un soutien indéfectible, car il doit être difficile de tout porter seul, mon cher Père."
Elle songea brièvement à Adélina, à la Marquise qui semblait inatteignable, et qui gardait si bien les secrets révélés par le chevalier de Lourbier. Qu'y faire ? Comment le pouvait-elle, alors qu'elle n'avait aucun pouvoir ? Une idée lui vint subitement. Catarina déglutit rapidement, avala une gorgée d'un rafraichissement qu'elle oublia aussitôt, rougit légèrement, assombrissant encore ses joues à la peau dorée par le soleil.
- "Il semble évident que vous ne pouvez accuser la Marquise si facilement. Mais Père, il y a certainement un moyen, j'en suis sûre. Vous savez que j'ai beaucoup de contacts avec les différents Temples de la ville. Je pourrais parler à un des supérieurs, et trouver un religieux qui puisse nous servir d'espion. je veillerai à ce que l'élu ait une réputation irréprochable, ainsi, le Roy ne pourrait mettre sa parole en question. Si le religieux se faisait passer pour un barde, ou un intendant quelconque cherchant du travail, il pourrait ... s'installer au château de la Marquise de Langehack. Il n'aurait plus qu'à s'insinuer dans ses bonnes grâces, en se laissant convertir. En apparence, évidemment. Et lorsque le Roy saura tout le mal que vous vous serez donné, et comment les vassaux de la Marquise se sont laissé aller au silence devant la situation, il ne l'oubliera pas. Et si vous pensez que ce n'est pas suffisant, il ne serait pas choquant que vous m'envoyiez dans une autre cour pour parfaire mon éducation, et peut-être trouver un mari. Le prêtre ferait parti de ma suite, sous une fausse identité, bien sûr."
La jeune femme fixa son interlocuteur dans les yeux, un brin de timidité brillant dans son regard ; et lui offrit un sourire résolu.
- "Je sais bien que ce sera dangereux, mais je ferai de mon mieux pour distraire la Marquise de notre entreprise. Et si vous jugez mon idée inappropriée, je pense que nous pourrions nous tourner vers les vassaux de Prudence. Il y en a forcément qui ne se trouvent pas heureux de ses décisions, ou des impôts qu'elle leur exige. Et ce cas, nous pourrions forger une alliance de circonstance."
Son cœur battait à tout rompre. Elle commençait à redouter le jugement du Duc ; lorsqu'elle se demanda s'il n'avait pas cherché à lui extorquer habilement des idées potentielles.
Au fond, quelle importance ? C'était leur première discussion, et il fallait en passer par là pour apprendre, car elle savait bien que la tâche de son père était ardue - et que ce n'était pas peu de le penser.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Dim 14 Mai 2023 - 12:14 | |
| Le déjeuner était excellent, comme d’ordinaire. Le cuisinier avait fait chercher les meilleures huitres du duché, le matin même, au bord de l’océan, avant de les faire préparer par quelques-uns de ses cuisiniers dans sa brigade, selon ses ordres à lui, toujours les mêmes. Charnues, avec un petit arrière-goût de noisette, il ne suffisait que d’une simple goutte de jus de citron pour rendre le tout… Merveilleux. Prenant une gorgée de ce vin blanc liquoreux pour chaque huitre dévorée avec avidité, Adriano fermait régulièrement les yeux, appréciant ce jeu de textures, de goûts, d’odeurs et de saveurs. Il n’était peut-être pas le plus grand gourmet de ce monde, sans doute même n’arrivait-il point parmi ceux qui, en Péninsule comme ailleurs, maîtrisaient autant la cuisine que l’art de la dégustation culinaire… Mais il savait apprécier. La nourriture et la calligraphie, voilà deux aspects du monde qu’Adriano appréciaient réellement, sans détours, ni mensonges. Il acquiesça doucement, mais de manière visible, lorsque Catarina fit un résumé clair et précis de la situation. Le besoin de preuves, le fait qu’une femme comme Prudence ne peut rester sur le trône, la volonté d’Adriano de confondre ce monstre tout en se plaçant encore plus haut sur l’échelle de la dévotion. Il acquiesça encore, lorsque, abasourdie, elle marqua du sceau de ses remerciement, l’étendue des confidences faites par son paternel. Mais, plus encore, elle comprit qu’à l’orée de sa dix-septième année d’existence – laquelle arriverait bien assez tôt – elle n’avait encore rien fait de très concret, pour sa famille, son père et les siens. Tout, jusqu’ici, était dédié à ses études, mais surtout, à la charité et l’aumône faite aux petites gens. Par candeur, par grandeur d’âme… Peut-être, aussi, par peur de son propre paternel ? Pour pouvoir changer la vision que la population aurait de la nouvelle famille Ducale ? Après tout… Les Cortès di Alcacio, au départ petits seigneurs locaux à la tête d’une cité proche de la mer, sont devenus, à force de guerres, de blocus maritimes, de machinations politiques, la nouvelle lignée Ducale de tout le Sud. Pour cela, défiance, mensonges, morts et pleurs, furent semés dans le sillage de Félipé, d’abord, puis d’Adriano ensuite. Peut-être que la douce et naïve Catarina, désirait changer cela ? Même inconsciemment ? Peut-être… Ou peut-être pas. Toujours est-il qu’aujourd’hui, père et fille partageaient une discussion qui, si elle devait tomber dans d’autres oreilles que les leurs, pourrait leur coûter très cher, provoquer bien des soulèvements, détruire bien des vies. Par confiance ? Oui, sans doute. Mais Adriano marchait bien peu à la confiance : il marchait davantage à la manipulation et aux épreuves. Si Catarina devait se montrer indigne de confiance, cela lui briserait le cœur, bien-sûr… Mais il n’hésiterait sans doute qu’une seule seconde, à peine, pour la déshériter. Peut-être une seconde de plus, pour la faire disparaître ? « J’y consens, ma fille. » Dit-il, regardant soudainement sa progéniture dans les yeux, un verre dans la main. Il prit une gorgée, sans lâcher son regard. Voulait-il l’impressionner ? Oui, bien-sûr. « Je souhaiterais trouver en vous, ce soutien indéfectible. Mais je sais que vous demander cela, à votre jeune âge, pourrait être douloureux pour vos épaules encore frêles. Vous êtes l’avenir du Sud. Je suis encore jeune, mais vous êtes ma première née, et, par cet avantage de naissance, vous prendrez les rênes du Duché, et peut-être du Vice-Royaume, lorsque mon décès surviendra. Vous n’êtes plus une enfant, aujourd’hui. Vous ne pouvez plus vous préoccuper uniquement des petites gens. Dorénavant, votre famille doit devenir votre priorité. Et vous devrez apprendre comment diriger. Car, voyez-vous ma fille… Cette discussion, n’est que la première parmi tant d’autres que nous aurons. » Lui dit-il, omettant volontairement de lui parler des futures décisions qu’il faudra prendre, parfois cruelles, souvent difficiles. Les idées proposées ensuite par la jeune femme étaient intéressantes, presque même brillantes, à dire vrai. Adriano y avait déjà pensé, du moins, en partie. Mais envoyer sa fille dans les griffes du monstre Langecin ne lui plaisait pas à l’époque. Et cela ne lui plaisait toujours aujourd’hui. A moins que… « Vos idées, ma fille, sont excellentes. Il me faut l’avouer. Mais elles sont très dangereuses… Oui, très dangereuses. » Dit-il, faisant ensuite semblant de réfléchir en buvant un peu de son breuvage. « Je ne consentirais à cela qu’à une seule condition : que vous appreniez à vous battre. » Et cela était, évidemment, non négociable.
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| | | Catarina di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Lun 22 Mai 2023 - 8:09 | |
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Si Catarina n'avait que faire du pouvoir et des honneurs, elle savait qu'il s'agissait pourtant de sa destinée. Mais sa propre satisfaction ne venait pas de sa gloire personnelle ; celle de sa famille, du clergé pentien, du bonheur de la population, en revanche, avait toujours été le moteur puissant de ses actions.
Elle ne prêtait, de fait, plus aucune attention supplémentaire au délicieux déjeuner apprêté devant eux, préparé avec soin pour leurs papilles seules. Et bien qu'elle ne fut pas ingrate, ce luxe éhonté ne lui arracha pas même une pensée reconnaissante. Habituée aux mines hautaines de son impressionnant géniteur, la jeune fille ne se sentit pas rabaissée par son regard perçant et sa gestuelle presque négligente - bien au contraire, elle se sentait fascinée par l'aura de confiance et d'intelligence qui émanait de lui.
Néanmoins, elle eut du mal à ne pas déglutir, à garder son apparence tranquille et paisible. Il consentait donc à la laisser partir dans la forteresse de la Marquise impie, afin de la piéger ? Si son plan avait été énoncé d'un coeur sincère, elle se sentait brusquement emplie d'une forte anxiété. Toute sa famille était morte de l'hérésie de ces fanatiques, et voilà qu'elle se rendait d'elle-même, volontairement, dans l'antre du monstre ?
Mais l'Héritière avait conscience qu'elle le devait à son père ; qu'elle le devait également à la population du Langehack, qui ne pouvait vivre décemment dans le péché ! Il lui faudrait alors mentir et tricher - mais ne serais-ce pas pour la bonne cause ? N'étais-ce pas au seigneur de mettre sa vie spirituelle en danger, dans l'intérêt même de sa population ? C'était l'ultime sacrifice du dirigeant, comme si mener une vie de luxe compenserait un peu les tourments de l'au-delà qu'il devrait endurer ensuite.
Mais son si doux père la soutenait et l'approuvait, ce qui allégeait grandement son Souffle ; et elle lui offrit un sourire naïf, empli d'amour et d'un brin de mélancolie.
- "Vous avez raison, mon cher Père. Il est grand temps pour moi d'apprendre à vous seconder, et à mener mes propres batailles pour fortifier notre famille dans la Foi. J'ai conscience de vos sacrifices, du danger que vous avez encouru maintes fois pour nous préserver tous, pour tirer la famille di Alcacio de son anonymat. C'est pourquoi je serai désormais votre bras armé, et la coupole qui recueillera vos confidences. Vos conseillers peuvent vous trahir, car ils ne sont pas de votre sang, et poursuivent leurs propres intérêts ; quant à moi, je suis heureuse de vous servir tout à la fois d'outil et de futur. S'il le faut, j'apprendrais à me battre, mais surtout à commander, afin de préserver votre œuvre et celle de Grand-Père. Dès demain, je m'adresserai au Sieur Aubry, car j'ai besoin de mieux connaitre le Marquisat de Dame Prudence, mais je désire également, en attendant de savoir manier la dague, participer au Conseil à vos côtés. Il est temps pour moi de savoir comment gérer le duché, et de mieux en comprendre les affaires courantes. Je suis déterminée à œuvrer de mon mieux, Père, car je ne suis effectivement plus une enfant !"
Elle émit un soupir. en servant négligemment d'une huître dont elle ne sentit guère le goût tant la Princesse Ducale était concentrée.
- "J'arriverai sûrement à trouver également un noble langecin prêt à soutenir notre oeuvre religieuse et à m'épouser. Ainsi, cela nous donnerait d'autant plus de légitimité à prendre la place que vous visez, en sus de nous offrir un allié sur place, en plus de la baronne, bien entendu. J'étudierai plus attentivement la généalogie langecine pour ce faire, sauf si vous savez déjà une idée ? Vous les connaissez sans doute mieux que moi... Je pourrais écrire à un des comtes langecins qui se trouvait présent au couronnement du Roy, cela serai peut-être un bon début ?"
Elle darda des yeux brillants d'un enthousiasme un peu enfantins sur le Duc de Soltariel, joignant ses mains en un geste presque rêveur. Jamais encore il ne s'était produit autant d'action dans sa jeune vie ; et pour la toute première fois, elle se sentait réellement utile, missionnée. La peur était reléguée par son désir intense de briller aux yeux de son père ainsi qu'à ceux du clergé : enfin, elle pourrait venger sa famille, ses malheureux frères et sa belle-mère. Et cela comptait plus que tout à ses yeux encore purs.
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Mar 23 Mai 2023 - 14:59 | |
| L’esprit d’Adriano fourmillait d’idées, de projets, de calculs… Et cela lui plaisait. L’espace d’un instant, le Duc se demandait s’il n’avait point été trop tardif, trop laxiste, quant à l’éducation de sa douce fille. Sans doute aurait-il pu lui apprendre plus de ficelles, plus tôt, dans d’autres situations autrement plus parlantes ? Après tout, combien de progénitures commencent déjà à apprendre leurs places dans la société nobiliaire, dès les jeunes années ? Seize ans, pour une femme du Sud… Cela est peut-être un peu trop tardif… Mais à cela, il ne peut s’en vouloir qu’à lui. Les réactions et les paroles tenues par Catarina, montrent toutefois l’ouverture d’esprit, la vivacité de celui-ci, et une intelligence qu’il aurait qualifiée de candide encore hier… Et qu’il voit, aujourd’hui, comme l’étoffe d’une souveraineté à venir. Oui, Catarina ferait une bonne souveraine, sans doute une excellente vice-reine. Son éducation, toutefois, devait encore se peaufiner. Et Adriano y comptait bien. « Il y en a eu, des batailles, ma fille… En effet… » Dit-il, terminant son assiette d’huitres avec une pointe de citron. Prenant la clochette qui se trouvait non loin, il l’agita, signifiant alors aux serviteurs non loin que l’entrée était consommée et que la suite du repas devrait suivre d’ici peu. « Toutefois, je ne peux consentir à faire de vous mon bras droit, sans vous garantir un apprentissage de qualité. De la même manière que je souhaite vous voir manier la dague et l’épée pour vous sortir des pires situations, j’aimerais vous apprendre l’art de la politique. Vous serez à ma droite dans tous les conseils : militaire, économique et civils. J’assurerais moi-même le perfectionnement de votre apprentissage, et ferais de vous une future duchesse digne de ce nom ! » Dit-il, un léger sourire dans la voix et sur le visage, alors qu’il répondait à sa fille… Heureux, de ce qu’il se passait actuellement. « Il me faut encore peaufiner l’analyse des nobles du Langehack. Quelques-uns pourraient être de bons appuis, mais nous ne savons pas à quel point cette terre est infestée de cultistes, ni quels nobles est acquis à la cause de Prudence. Mais bientôt, oui, bientôt : nous passerons à l’attaque. »
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| | | Catarina di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Jeu 27 Juil 2023 - 12:17 | |
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Catarina rosit de plaisir. Elle avait l'impression d'avoir remporté une grande victoire, et aussi le plus précieux des cadeaux. Une bouffée de fierté agrandit encore son sourire, tandis que son père, ce Duc tout-puissant qui faisait plier des armées, consentait à faire d'elle son bras droit, à l'associer à ses décisions.
Elle avait conscience d'avoir évolué jusque-là dans un monde que l'ombre de son géniteur avait toujours protégé, et qu'aujourd'hui, il lui faudrait sortir de son cocon, pour grandir enfin - pour devenir la digne héritière que tout le monde attendait. La jeune princesse n'était guère pressée de régner, et savait que son enfant aurait plus de chance d'avoir le pouvoir, car son père était dans la fleur de l'âge ; mais il fallait se préparer, néanmoins, à toutes les possibilités.
Qui pouvait prédire ce que les Dieux décideraient ?
Alors qu'il agitait la clochette réclamant l'attention des serviteurs, elle n'eut garde de répondre, laissant le domestique faire son office et ramasser les plats avant de repartir ; puis se redressa, pour faire quelques pas sur cette large terrasse qu'elle connaissait bien. D'en haut, le monde paraissait gigantesque, avec cette vue idyllique sur l'océan bleuté, sur lequel un bateau se détachait, fragile et pâle comme un jouet, avec ces voiles blanches, grandes comme des mouchoirs. Etait-elle aussi fragile que lui, bravant les dangers de l'inconnu avec audace malgré les écueils ?
Finalement, elle reprit la parole en se retournant plus poliment vers son père, ses mains sagement posés sur la riche étoffe de sa robe légère.
- "Je vous remercie, cher père, de votre permission. Je tâcherai de me montrer digne de votre confiance, mais... je ne sais pas si je saurais un jour manier l'épée, car j'ai peur qu'il soit fort tard pour apprendre, à mon âge. Ma soit, je consens ! Je saurais aussi bien manier la dague que je ne suis douée pour vous concocter vos anti-poisons. D'ailleurs, je voulais vous proposer quelque chose, pour votre sécurité, mon cher père. Vous savez comme je tiens à vous et à votre santé : j'aimerai que vous preniez un remède pour vous prémunir du poison, tous les jours. Au début, cela risque de vous rendre un peu malade, mais vous vous habituerez. Et si, un jour, quelqu'un s'en prend à vous de cette manière, l'impact en sera d'autant plus affaibli. Je... Je ne pourrais supporter l'idée que l'on vous fasse du mal. Vous veillez sur moi depuis si longtemps ; désormais, j'aimerai également vous rendre la pareille. Vous et moi, nous sommes les seuls à pouvoir placer notre confiance en l'autre."
Catarina di Alcacio se rassit sagement. Ses yeux semblaient déterminés et emplis d'amour tout à la fois, et lui offrit un sourire sincère et indéfinissablement empli d'innocence.
- "Servez-vous de mon mariage, Père, pour séparer le bon grain de l'ivraie parmi les vassaux de Dame Prudence. Peut-être pourrions-nous leur faire miroiter une alliance comme ils n'en auraient jamais rêvé, à condition de n'en rien dire, s'ils désirent le pouvoir en se positionnant contre leur Duchesse : ou même mieux..."
Elle se mordait la lèvre dans l'intensité de sa réflexion.
- "Si vous faites circuler la nouvelle de ma disponibilité, certains vassaux pourraient même faire des demandes discrètes et se ranger spontanément de notre côté. Cela nous garantirait des espions, il me semble, car un fervent loyaliste à la Duchesse Prudence ne songerait même pas à pareille alliance. Qu'en pensez-vous ?"
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Ven 28 Juil 2023 - 16:25 | |
| « Il n’y a pas d’âges pour apprendre, ma fille. » Dit-il, pliant son assiette en triangle, appuyant sur les coins avec fermeté et maîtrise, comme tous les aspects de sa vie depuis des années. « L’érudit apprend tous les jours de sa vie, du jour où il décide de dédier sa vie à l’apprentissage, jusqu’aux derniers de sa vie. Après tout, n’est-il point communément admis qu’un sage mesure sa sagesse à l’étendue de ses rides ? Et à la blancheur de sa barbe ? » Dit-il, pour pouvoir prouver son point de vue un peu plus, et montrer à sa douce fille que sa décision, bien que partagée par celle-ci, devait être appliquée et suivie quoi qu’il arrive. « Vous apprendrez. » Son faciès surpris et intéressé qui suivit, lui, ne fut ni travaillé, ni manipulé. S’il savait sa fille versée dans les arts de la littérature, des sciences et des arts dédiés aux femmes – enfin selon les mœurs Suderones – il ne se doutait point que Catarina savait préparer des antidotes aux poisons les plus connus de Péninsules, et sans doute ceux des autres contrées alentours. Acquiesçant, plus en signe d’écoute active qu’entre autres formes d’accords, il allait lui répondre… Mais cette dernière enchaîne avec la notion de mariage. Et là aussi, Adriano est… Subjugué. Voilà qu’en quelques instants, sa première née, jusqu’ici calme, distante, joviale, naïve et chaleureuse, se montrait capable de préparer et prendre des décisions politiques… Et même, de s’investir pleinement dedans en offrant un mariage purement politique, en lieu et place d’un mariage sentimental. Et pourquoi ? Afin de pouvoir prendre le dessus sur Prudence de Langehack, d’une manière si subtile, si inavouable, si… Traditionnelle, que ni Catarina, ni Adriano, ne pourraient être soupçonnés en aucune manière. Là encore, il allait lui répondre… Lorsque des serviteurs firent leur entrée dans le jardin privatif. Alors, il fit silence. Si, voilà plusieurs ennéades, une épuration avait été faite parmi les serviteurs, les nobles et la cour ducale, Adriano ne pouvait réellement être sûr que tous les traîtres avaient été trouvés, puis jugés. Les serviteurs déposèrent alors sur la tablée, deux sublimes carpaccios de bœufs aux tranches coupées très finement, délicatement assaisonnées, accompagnées d’une laitue, de tomates, d’une vinaigrette prisée des Suderons, et de tranches de fromages laiteux réalisé ce matin même. « Brillant… » Dit-il, témoignant à sa fille une impression qu’il n’avait sans doute jamais partagé jusqu’ici. « Je concède à votre proposition antidotique. Et pour votre mariage… Eh bien… Il semblerait que vous soyez déjà très douée en politique, ma fille. Ce que vous proposez pourrait très bien être l’arme la plus puissante de notre arsenal. Brillant ! »
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| | | Catarina di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Sam 19 Aoû 2023 - 17:08 | |
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Sans répondre, Catarina di Alcacio fixait son père. Depuis des années, elle apprenait de lui, bien qu'elle ne l'avait jamais beaucoup côtoyé. Elle aimait à observer ses manières, sa façon de parler, étudiait avec ses précepteurs sa politique, la façon qu'il avait eu de conquérir son trône ; et si elle n'avait jamais apprécié la fourberie et les machinations - pas plus aujourd'hui que la veille - elle n'était pas stupide.
Ruse et force, aussi bien que la bonté, devait faire partie de l'arsenal d'un dirigeant. Plus tard, elle devrait mener des armées et se montrer sans pitié pour son adversaire, tout autant qu'elle devait se méfier de ses serviteurs et de ses vassaux même. Pour la douce et bonne Catarina, il s'agissait là d'un défi, car la paranoïa ne faisait pas partie de son caractère, mais elle avait une mission, un but dans la vie. A son tour, il était temps d'aider au maintien de leur famille sur le trône, de garder suffisamment de pouvoir pour lutter contre la Duchesse Prudence de Langehack ; de soutenir son père de toutes ses forces, de tout son Souffle.
Aussi la jeune fille imita t-elle son père qui garda le silence tandis qu'on leur servait du carpaccio à l'air succulent, se contentant de hocher la tête avec satisfaction, avant de rougir de fierté en réponse à son géniteur. Être qualifiée de "brillante" par ce fin stratège faisait battre son cœur de fierté, et elle baissa les yeux avec modestie, les yeux brillants d'un bonheur sincère.
- "J'espère que cela fonctionnera. En attendant, je trouverai un professeur qui m'enseignera l'épée et la dague. J'aimerai aussi apprendre à manier l'arc : car si cela se trouve être une arme moins noble, elle n'en reste pas moins efficace... ne serais-ce que pour rivaliser devant nos vassaux à la chasse. Je n'aimerai pas que l'on m'imagine inoffensive."
Comme il était étrange de prononcer ces mots ! Elle, d'ordinaire si douce, si posée, si pieuse, n'avait guère pratiqué la chasse jusque là. Mais l'enthousiasme, les compliments de son père, l'entrainait sur une pente qu'elle n'aurait jamais pensé dévaler ainsi. Il faudrait travailler dur, comme il le faisait chaque jour - et ainsi, leurs ennemis sauraient qu'ils ne pourraient s'en prendre impunément à eux... et que tous les hérétiques seraient châtiés comme ils le méritaient.
Soudain, elle se mordit la lèvre, alors même qu'elle terminait une petite bouchée de viande.
Ils devaient la croire fragile et désarmée, au contraire.
- "Pardon, Père, je me suis laissée emporter. Nous avons intérêt à ce que l'on me pense incapable de me défendre. L'effet de surprise jouerait alors en notre faveur. Mais... je me fie à votre jugement. Comment dois-je procéder, à votre avis ?"
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| | | Adriano Cortès di Alcacio
Humain
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| Sujet: Re: Ah, la famille [Catarina] Dim 20 Aoû 2023 - 11:12 | |
| Catarina apparaissait de plus en plus comme une jeune femme intelligente, tactique et puissante, et de moins en moins comme une enfant préférant vivre dans les tréfonds des villes, afin de demeurer bienveillante, naïve et… Eloignée des fastes d’une cour ducale. L’entendre proposer ses idées, la voir faire preuve de zèle, et surtout, considérer les options qu’elle proposait, était d’une véritable richesse pour Adriano. Catarina était bel et bien aussi intelligente que feu sa mère… Puis vint l’emportement lié à l’émotion personnelle. Elle voulait apprendre l’épée, la dague et l’arc, afin que personne ne l’imagine comme inoffensive… Avant de se reprendre, considérant que la position inoffensive était un avantage sur le commun des mortels et des nobles, puisque personne ne la considèrerait comme une menace quelconque. L’effet de surprise… Avoir toujours un coup d’avance… Être toujours la personne possédant l’ascendant… Voilà des choses qui sont nécessaires pour des nobles de haut rang. « Apprenez les lames et les armes à distance. Cela est une excellente idée. Mais vous avez aussi raison : faites ça dans le secret de ce palais gigantesque. Nos adversaires doivent vous croire inoffensive, incapable de manier une lame. Aux yeux du monde, vous devez demeurer la petite fille naïve qui souhaite rester éloigner des affres de la politique. »
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