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Sujet: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Jeu 16 Nov 2023 - 19:14
Début de la 8e ennéade de Favriüs 21e année du Onzième Cycle Grand-Place de Daranovar
Retrouver les murs de la Cité des Armes n’était au départ pas dans tes plans. Et bien que tu sois chaque fois heureux de revoir la sœur jumelle de la ville qui t’a vu naître, ton véritable foyer est aujourd’hui auprès de ton épouse et de tes enfants. C’est donc avec un mélange de joie et de déception que tu avais approché les hauts plateaux des Norn, forcés d’en prendre la direction par un soudain caprice de Sû.
Tu aurais aussi bien pu laisser l’aigle géant faire son chemin seul. Rentrer à Alëandir par un autre moyen. Les convois entre la Capitale et Quatrième Saison étaient largement assez réguliers pour que tu te le permettes. Seulement le comportement de l’animal était étrange. Il ne voulait pas te laisser partir. La direction des montagnes, il l’avait prise alors que tu étais sur son dos, et durant votre trajet, à aucun moment il n’avait fait signe de vouloir te fausser compagnie. Bien au contraire.
C’est donc le cœur partagé, mais curieux des raisons ayant poussé l’oiseau à t’amener ici que tu étais arrivé – par les airs – au milieu de la Grand-Place. Et puis, en voyant les réactions de l’animal, tout avait commencé à faire sens. Ces montagnes et plateaux avaient été le territoire de l’aigle pendant des décennies, peut-être des siècles durant. Plus que seulement attaché aux paysages, lui aussi était attaché aux gens du Protectorat. Tout méfiant soit-il, nombre des jeunes elfes vivant ici lui étaient des visages connus et des voix familières. Alors ici, il se sentait en sécurité. Et peut-être sentait-il qu’il en était de même pour toi.
- On s’attendait à te retrouver ici. ton cœur manque un battement, et tu t’élances dans la direction d’où vient la voix N’est-ce pas les enfants ?
Tu poses un genou au sol, et un sourire béât au visage, entoure ton épouse et tes trois enfants de tes bras. Oui. Tu te sens en sécurité ici. Tu es heureux ici. Et y retrouver les Souffles qui sont devenus ton ancre… tu n’aurais rien pu demander de plus.
- Comment ? J’étais censé rentrer au Trône Blanc ! tu bégaies, peinant à trouver les mots Et si je n’étais pas venu ?
- Daranovar est ton havre de paix. Je le sais, tes enfants le savent, et nous savons que lui elle tend la main vers Sû le sait aussi. Tous ces derniers mois ont été assez intenses, ce n’était qu’une question de temps avant que tu aies besoin de te ressourcer. elle t’offre un sourire taquin Et puis si tu n’étais pas venu, tu aurais trouvé un mot d’Elorëa disant que « thanno Cìryon a invité la famille à passer le voir.
- Cìryon est passé ?
- Je l’ai croisé à Ardamir. Et il semblait d’excellente humeur. D’excellente humeur, mais épuisé. ton épouse jette un œil à Hràvion, dont le sourire s’est étiré à la seule mention du nom du forgeron C’est bien grâce aux encouragements de ton fils qu’il a réussi à tenir. Donc une fois que tu seras allé voir Cìryon, pense à remercier Hràvion.
- Ah ? tu touches le nez du petit du bout du doigt Et bien je ne vois pas de raison d’attendre jusque-là. Merci petit monstre !
Le forgeron, lui, attendrait. Il comprendrait. Kaëlistravaë, Elorëa, Saeledhel et Hràvion étaient ta moitié et votre sang. Il était normal que tu essaies de profiter de leur présence avant de visiter le reste de ta famille.
Le surlendemain Caserne de la Cité
- Tu as ramené ta peau de dragon ?
- Oui. Tu m'as demandé de venir avec. tu lèves un sourcil Mais pourquoi ?
- Parce que tu n’as toujours pas deviné ? Grawmîn allons ! Un petit effort !
En temps normal, ton meilleur ami est probablement la personne la plus facile à percer à jour. Mais le fait est que tu n’y arrives pas. Tu n’y arrives simplement pas. Tu es trop épuisé pour réfléchir. Chaque pas fait à travers la Cité des Armes, sans presque personne pour te demander audience à l’improviste te rappelle à quel point l’aigle avait eu raison. Tu avais besoin d’une pause.
- Dans ce cas… c’est encore mieux si j’arrive vraiment à en faire une surprise. le forgeron jubile Surtout vu le mal que j’ai eu à la dissimuler aux yeux de il hausse le ton, et ses yeux vont chercher les soldats proches ...Tous les curieux qui se baladent ici !
Les yeux du forgeron brillent alors qu’il recule, s’écarte, et dévoile l’une des portes – normalement vitrées – de l’armurerie, rendue opaque par un large pan de tissu qu’il avait très certainement installé là lui-même. Et la poitrine bombée, avec un exagéré cérémoniel lui permettant à la fois de retenir un fou-rire et de lutter contre l’appréhension, Cìryon ouvre la porte.
- C’est ? tu en restes presque paralysé C’est vraiment ce que je pense ?
- Ma toute première ! tu entends le soulagement dans la voix de ton ami face à ta réaction Mais d’un point de vue technique, Hêdirn m’a beaucoup aidé. Et artistiquement… tes enfants ont de sacrément bonnes idées !
Tu restes à regarder l’objet sans trop savoir que dire. De l’acier véladrien… les Tamin Dolan n’avaient pas perdu de temps. Ton armure était l’oeuvre avec laquelle ils avaient décidé d’inaugurer le retour de la forge véladrienne…
- Qu’est-ce que tu attends, enfile-la !
Les larmes te montaient aux yeux sans vraiment réussir à couler. L’empressement de ton ami y étant pour beaucoup. Mais après t’être déshabillé à la va-vite pour enfiler tout aussi rapidement ta combinaison de cuir de Wyrm, lorsqu’enfin tu eus fini de te sangler, que ton sceptre trouva sa place – parfaitement équilibré – au dos de ce nouveau baudrier, et que ton regard se releva vers une grande silhouette féminine, n’ayant rien à voir avec celle du forgeron, il ne t’était simplement plus possible de te retenir.
- Maintenant qu’il est présentable, je te le laisse ! On se reparle plus tard Grawmîn !
- Fils du Naírima ! tu hurles en direction du fuyard entre un sanglot et un éclat de rire Tu me le paieras !
Ton regard s’en retourne à la guerrière, et si les larmes coulent, ton visage paraît soudainement apaisé. Sans un mot, sans un salut, ni une révérence, tu t’avances vers elle, et tu la prends dans tes bras.
- Daernettë,tu la serres contre toi, faisant fi du métal qui vous sépare, trop habitué à ce qu’elle n’existe qu’en cet habit tu m’avais manqué.
Norne tient plus de Maltlin qu’elle ne tient de Cìryon. Du temps, elle en a peu à offrir. Ainsi, pour toi qui n’en a pas plus, prendre le temps de la voir lorsque tu étais de passage en Daranovar était difficile. Extrêmement difficile. Voilà des années… un peu plus d’une décennie en réalité, depuis que tu résidais au Trône Blanc, que vous n’aviez pas pris le temps de vous offrir du temps. Les nouvelles que vous aviez de l’un et de l’autre, voilà quelques temps qu’elles ne venaient plus que de la bouche des autres. Alors cette fois, pour une fois que vous ne feriez pas que vous croiser au détour d’une sente…
- Comment tu vas ? tu refuses de desserrer ton étreinte J’ai cru comprendre que Daenor comptait te passer le flambeau.
Et si elle était aujourd’hui encore ne serait-ce que la moitié de ce qu’elle fut, il n’était pas bien difficile de comprendre pourquoi.
Tradoc:
Thanno = tonton (contraction de òthanno = oncle) Grawmin = Grand Ours (surnom affectif que Cìryon donne à Artiön) Naírima = "Beau Malade" --> Manière de désigner Arcamenel Daernettë = Grande soeur, "daer" voulant aussi dire "imposant" (surnom affectif qu'Artiön donne à Norne)
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Ven 17 Nov 2023 - 19:44
Pourquoi ?
Une question bien inutile en vérité, un simple moyen de prendre du recul sur la situation, un réflexe tout au plus. Qu'il s'agisse du Conseil ou plus largement du cercle d'elfes proches travaillant directement sous l'égide de Daenor, tous avaient rapidement appris de quelle façon il fonctionnait. Outre son intransigeance que certains auraient qualifié d'excessive, généralement partagée par les Taledhels de son âge, il n'était pas homme à perdre son temps avec l'inutile ou le superflu. Il devenait ainsi aisé de comprendre ce qu'il désirait et bien souvent les discussions ne s'alourdissaient pas des explications inutiles qu'il abhorrait. Il ne courrait pas après les belles paroles, il voulait des faits et des personnes qui savaient de quoi elles parlaient.
C'était la raison pour laquelle il se trouvait face à elle en ce jour, ayant lâché ces mots dont l'écho semblait encore persister malgré l'étroitesse du lieu qui les abritait.
Fussent-ils prononcés par un autre, elle en aurait sans doute ri. Même face à Daenor, Norne ne put s'empêcher de réfléchir à toute vitesse, fouillant dans une liste de visages les souffles bien plus à même de remplir un tel rôle. Mais rien ne dépassa le stade de la pensée et n'osa franchir ses lèvres. Car elle comprenait, elle comprenait ce qu'il voyait en elle et son respect pour le vieux Taledhel était bien trop grand pour qu'elle insulte sa perspicacité ou sa réflexion en remettant en cause son jugement.
Se sentait-elle prête à assumer le poids d'un tel fardeau ? Absolument. Ça, et plus encore s'il le fallait pour le bien de Daranovan. Mais cela ne rendait pas la tâche envisagée moins difficile pour autant. Elle devait écraser ses doutes et mutiler ses peurs pour ne pas céder à l'effroi, redoubler d'ardeur pour échapper quoi qu'il en coûte à la médiocrité. Une épreuve monumentale, sans doute la plus grande qu'elle ait jamais traversé.
Norne resta muette, le visage sombre. Sans prendre en compte ce qui la concernait, la simple réalisation que Daenor allait passer le flambeau lui donnait l'impression que des temps bien sombres s’annonçaient à l'horizon pour la cité des armes.
***
Cìryon s'éclipsa promptement, l'étincelle qui éclairait son visage ces derniers temps ne s'était toujours pas ternie. Quiconque avait ne serait-ce qu'un tant soit peu côtoyé le forgeron connaissait sa passion pour son travail, et en particulier son amour pour l'acier véladrien. Il n'était guère étonnant de le voir déjà s'affairer à ce genre de création alors que la rumeur sur le retour des outils n'avait même pas fini de se répandre.
Le regard de Norne croisa alors le sien.
Le temps était passé si vite depuis qu'il était monté sur le trône, appelé loin de la cité des armes. Son visage avait fini par rejoindre ceux appartenant au passé, victime d'une relation que leur responsabilités respectives ne leur permettait pas d'entretenir. Une décennie, bien peu à l'échelle d'une vie Taledhelle, et pourtant tant de choses semblaient avoir changé.
Elle aurait pu imaginer cette scène de bien des façons, l'agrémentant d'une théâtralité excessive ou d'une discipline faussement protocolaire. Mais en voyant son visage et ses larmes, Norne se retrouva soudainement à lutter face à l'émotion qui montait en elle. Un conflit intérieur qui ne fut pas aidé par la soudaine étreinte dans laquelle elle se retrouva.
Daernettë. Voilà bien longtemps qu'on ne l'avait pas appelé ainsi.
Entendre sa voix réchauffa le cœur de la guerrière. Un large sourire apparut sur son visage et elle lui rendit son étreinte en le serrant à son tour. Exercice difficile malgré sa grande taille tant il était devenu massif. « Toi aussi tu m'as manqué. » Souffla-t-elle.
Lorsqu'elle entendit le nom de Daenor, elle ferma les yeux un instant. « Oui... J'avoue avoir encore un peu de mal à l'accepter. » Elle les refrénait autant que possible mais elle ne pouvait s'empêcher d'avoir ses doutes et ses craintes. Elle devait paraître forte, assurée, et la simple idée de partager ce qu'elle considérait comme une légère anxiété la révulsait. Elle se trouvait entre les bras d'Artiön Laergûl, jeune recrue daranovane devenue Seigneur Protecteur d'Anaëh, elle ne pouvait qu'imaginer l'ampleur des responsabilités qu'il devait porter. C'était à lui de se faire écouter. « Mais le devoir n'attend pas et n'admet aucune excuse. »
« Et toi alors ? » Elle s'écarta légèrement sans totalement défaire l'étreinte, comme pour se donner suffisamment de distance pour pouvoir l'observer dans son intégralité. Elle avait entendu les descriptions bien sûr, mais c'était autre chose que de le voir en chair et en os. Bien lointaine était l'époque où ses bras étaient à peine plus épais que ceux d'une lëandrine. « Tu as sacrément poussé, moi qui pensait que le trône blanc allait te ramollir. » lâcha-t-elle avec un sourire.
Il existait ce genre de moments qu'elle savait ne pouvoir réellement partager qu'avec un seul autre souffle et son cœur se réchauffait à l'idée de pouvoir s'y plonger à nouveau. Il était rassurant de constater que malgré tout, certaines choses continuaient de perdurer.
D'une voix bien plus douce et bien moins tonnante qu'à son habitude, elle lui demanda alors « Est ce que tu vas bien ? »
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Sam 18 Nov 2023 - 1:31
- On dit toujours qu’être l’Aran demande d’avoir les épaules solides. tu glousses Il faut croire que j’ai pris les recommandations un peu trop littéralement. et tu lui rends son sourire Et puis… j’ai de qui tenir.
Et de plus d’une manière. Là où Norne t’a façonné, et été – en tant que mentor durant tes premières classes – celle ayant nourri le terreau dans lequel tu poussais, tu es fait du même bois que ton père. La pomme ne tombe jamais bien loin de l’arbre. Camaenor Hrònmectar, ou du moins le souvenir qu’il te reste de lui, n’avait rien à envier à son fils. Ton père était un grand Elfe, dans tous les sens du terme. Tu ne remercieras jamais assez Norne de t’avoir offert la force de faire honneur à son lègue.
- L’armure te va toujours aussi bien.
Un silence s’installe. Court, mais lourd de sens. D’avance, tu baisses les yeux. Ton Souffle entier semble s’attendre aux mots qui menacent d’échapper à ses lèvres. Daernettë, que le haut de ton crâne culmine trois pouces ou un pied et demi plus haut que le sien continuerait toujours de te considérer comme son Cintanno. Ainsi dès lors que la question fatidique lui échappa, tes mains quittèrent les siennes pour se poser sur tes hanches, et haussant les épaules, un soupir plus tard, tu fus obligé de lui confier ce qu’elle voyait déjà.
- En ce moment c’est compliqué. ton menton fait des aller-retours de gauche à droite, comme cherchant à dénier tes mots Je m’en sors, mais c’est compliqué. tu relèves finalement ton visage Entre la forêt qui est devenue méconnaissable depuis la Lune de Sang, la gestion de notre politique extérieure et la gestion de la politique intérieur d’Alëandir, je n’arrête pas. un rire contenu t’échappe des narines Je suis plutôt fier de moi, mais j’avoue que là, ce petit moment de répit était plus que bienvenu.
Tu fais quelques pas en direction de la sortie, et d’un bras, invite ton amie à te suivre. Tu n’as rien contre la caserne, mais tu as tout contre l’idée de rester planté sur place.
- Ça t’irait d’aller faire un tour ? tu soupires, amusé J’essaie de profiter de l’air des montagnes avant d’avoir à retourner à la Capitale.
Tu lances la marche, et Norne te suit. Si tu donnes l’impression d’errer, tu sais en réalité très bien où tu vas. Tu as envie de revoir le bord du plateau rocheux, là où l’un des lacs plonge dans la vallée, et là où s’élève aujourd’hui l’Engyl Sain.
- Et toi ? De ton côté ? tu demandes à Norne avec la même inquiétude qui fut la sienne plus tôt Daenor ne te met pas trop la pression ?
Tu dis Daenor, mais tu penses surtout à elle-même. Norne est solide, mais tu sais très bien sa conscience être à la fois sa première force et sa plus grande faiblesse. Personne en ce monde ne saurait ébranler les résolutions de la guerrière si ce n’est elle-même, seulement lorsqu’elle décide de se faire sa propre ennemie, tu sais d’expérience à quel point le combat peut devenir dur. Tu n’auras personnellement jamais pu le remporter sans la précieuse alliée qu’est ton épouse.
- Quelqu’un qui t’aide à l’évacuer ?
Tu lui lances un regard taquin, le coin gauche des lèvres retroussé. Oui. L’asticoter aussi t’avait manqué.
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Sam 18 Nov 2023 - 14:50
Il eut été étonnant que la réponse soit différente. Tout aussi solide et massif avait-il pu devenir, il ne restait qu'un seul souffle. Une épreuve aussi monumentale que celle de veiller sur les cités et sur l’œuvre toute entière dans un contexte aussi chaotique que celui qui avait suivi la Malenuit ne devait pas laisser indemne. Et si la fatigue se lisait clairement sur ses traits, il n'avait pas perdu cet éclat sur son visage et ce sourire qu'elle connaissait suffisamment pour savoir qu'il était sincère.
Une part d'elle regrettait de ne plus être en mesure de pouvoir veiller sur lui. Il n'était pas homme à se laisser ébranler par un rien, mais elle ne pouvait s'empêcher de penser au destin qu'avaient connu ses prédécesseurs, particulièrement en sachant que son influence s'étendait désormais au delà de la Prime Forêt. Une inquiétude qu'elle musela temporairement, car elle possédait au moins en ce jour la capacité de l'aider à oublier le trône blanc, ne serait ce que le temps d'une balade.
Norne lui emboîta rapidement le pas, les deux Taledhels empruntant le sentier menant à l'extérieur de l'Institut militaire, passant juste devant la colossale statue à l'effigie d'un fantassin daranovan qui en symbolisait l'entrée. Un terreau fertile pour les jeunes souffles de la cité, une forge ardente qui avait façonné nombre de générations et dont les œuvres continuaient perpétuellement de représenter une source d'inspiration pour le peuple des montagnes.
Un vent frais descendait des sommets surplombés par les neiges éternelles, l'annonce de l'hiver qui doucement s'approchait. Une période propice aux fêtes et aux rapprochements chaleureux, une atmosphère que tous ceux qui avaient grandi au sein de la cité des armes chérissaient profondément.
La guerrière pencha légèrement la tête sur le côté en entendant la question d'Artiön. « Ah ! C'est à peine s'il est venu me parler depuis. J'aurais aimé pouvoir m'appuyer davantage sur lui et ses conseils seront d'une grande aide dans le futur. » Elle marqua une courte pause. « Mais je sais très bien ce qu'il attend de moi. Ce que la Cité attend de moi. Plutôt crever que de les décevoir. »
Son regard porta au loin, sur cette architecture blanche si familière. En parler ainsi faisait remonter cette étrange anxiété. Elle pouvait presque le sentir, ce frisson de crainte se faufilant à travers sa chair. Une crainte non pas pour elle, mais pour les siens. « Le fait de savoir que Daenor va se retirer... Je ne sais pas. Ça ne me plaît pas. » Il était rare qu'elle ressente sans comprendre et elle n'y accordait d'ordinaire pas plus d'attention. Mais cette fois les choses étaient différentes.
Voir le rictus de Cintanno suite à sa remarque étira les traits de la guerrière en un large sourire. Elle serra son poing droit et l'envoya percuter l'épaule d'Artiön avant de fléchir légèrement les jambes, prête à une éventuelle riposte. « Va pas croire qu'être devenu Aran et aussi grand de surcroît ne change quoi que ce soit. »
Il laissa soudainement échapper un rire franc. « Eh ! Je ne fais que m'inquiéter du bien-être de ma tutrice ! »
Elle se redressa, son sourire ne disparaissant pas complètement. Dire qu'elle n'y allouait pas la moindre pensée serait pure mensonge, mais elle était également bien consciente d'avoir autrefois relayé de telles considérations au simple rang de fantaisies. Un refus de s'attacher, de prendre le risque de connaître à nouveau une telle douleur ou d'avoir à l'infliger à quelqu'un.
Aurait-elle pu agir avec tant de témérité au cours de la Malenuit si une moitié avait attendu son retour ? Elle n'en était pas certaine. Son devoir ne pouvait être absolu en de telles circonstances. Mieux valait enfoncer sa tête dans son travail et espérer ne pas avoir à regarder alentour. Elle était bien trop vieille de toute manière pour voir son cœur battre la chamade comme le ferait celui d'une jouvencelle.
« Même si j'aurais pris grand plaisir à te faire deviner, ce n'est malheureusement pas le cas. » Elle détourna légèrement la tête, son regard glissant le long de la sente qu'ils arpentaient. « Cette vie là n'est pas pour moi. La force du lien qui m'unit à mes frères et sœurs d'armes m'est largement suffisante. »
Son regard vint alors se planter à nouveau dans celui d'Artiön. « Et toi, tu arrives à t'en sortir avec ta famille ? J'ai croisé Hràvion un peu plus tôt, un vrai petit monstre. Je me demande bien de qui il tient... »
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Dim 19 Nov 2023 - 1:39
- De sa mère, évidemment ! tu ris En réalité, ni Kaëlistravaë ni moi ne savons de qui il tient sa fougue. tes paupières retombent, et tes yeux contemplent un lointain passé Il faut dire qu’on a tous les deux vécu dans des familles extrêmement strictes. Aucun de nous deux n’a eu le luxe de pouvoir se permettre ce genre facéties. tu souffles des nasaux C’est que mes petits ont bien de la chance d’avoir des parents aussi patients que nous ! un tendre sourire se dessine sur ton visage Mais ils nous le rendent bien. Ce sont de bons gamins.
Parfois tu te demandes si les choix que ton épouse et toi faites en terme d’éducation sont les bons. Si – marqués que vous êtes par la sévérité de vos parents – vous n’avez au contraire pas trop relâché la bride. Et puis chaque fois que tu te poses ces questions tu te rends compte de la pression que vous mettez, même sans le vouloir, sur vos petits. Tout le temps qu’ils passent à vous accompagner dans votre travail, et à étudier attentivement vos faits et gestes là où d’autres parents auraient le temps de plus jouer. Toutes l’étiquette qu’ils ont dû rapidement intégrer en tant que la progéniture du couple royale. Toute la patience dont ils doivent faire preuve, en voyant leurs parents offrir à d’autres l’attention qui leur est due… ce sont de bons gamins. Vous leur devez bien de les dorloter autant que vous pouvez.
- C’était l’une de nos grandes peur au départ. tu dis presque honteusement Les enfants. Kaëlistravaë a toujours été très dévouée à son rôle de médiatrice, et moi je suis un militaire… Au départ on avait peur d’être incapables d’offrir à un enfant une vie heureuse. Elle avait peur d’être négligente, et moi et bien… j’avais peur de mourir avant l’heure et de les priver d’un père. tu soupires, repensant au choc qu’a été la mort du tien au cours d’une bataille à laquelle tu as pourtant participé Et quand on a fini par se faire une raison, on a découvert que Kaëlis avait les entrailles fragiles. tu n’arrives pas à te retenir de jeter un coup d’œil au bas de ton propre ventre, puis ton regard croisant celui de Norne, de légèrement rougir Certes, là-dessus je n’ai probablement pas beaucoup aidé… tu ris Enfin… au final, accueillir les enfants dans nos vies, pour nous ça a été un véritable miracle. Et les voir heureux, s’épanouir, ça n’a pas de prix.
Tu souffles longuement, ton regard se perdant vers le lointain. En plus de ton épouse et de tes enfants, tu as une pensée pour le reste de ta famille de sang. À l’heure qu’il est, tes cousins Hrònmectar et Laergûl devaient déjà se réjouir à l’idée de pouvoir continuer à armer un peu plus Elorëa de tes anecdotes les plus embarrassantes.
- Je… pourquoi je te disais tout ça déjà ? tu soulèves les sourcils, et puis les raisons t’en reviennent Oui ! Tout ça pour dire que c’est compliqué. C’est toujours compliqué en réalité, mais je m’en sors. Et je suis certain que tu t’en sortirais bien toi aussi, pour peu que l’Hirnuith mette la bonne personne sur ton chemin. tu poses une main sur son épaule Si j’ai réussi à trouver quelqu’un prêt à s’accommoder de tout ça tu te désignes de haut en bas de ta main libre il n’y a pas de raison que ça ne marche jamais pour toi. tu ris, puis ton ton se fait un brin plus sérieux Rien ne sert d’aller pourchasser ce qui n’est pas là, mais d’expérience, je te ferai savoir que totalement s’en refuser la possibilité n’est pas non plus une bonne idée.
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Dim 19 Nov 2023 - 16:30
C'était bien là la marque de parents consciencieux, cette aversion à une éventuelle projection de leur vécu sur leurs enfants, tâche qui n'était en rien simplifiée par cette position qui était la leur. Si complexes pouvaient s'avérer les méandres de l'éducation, un monde lointain qu'elle ne connaissait que par l'observation et dont elle se retirait par conséquent le droit d'y établir un jugement plus approfondi.
« De ce que j'ai pu en voir en tout cas, vous n'avez pas à rougir de votre travail. » Elle ne s'en rendit compte que quand la phrase s'échappa de ses lèvres. « travail ». Un terme bien peu valorisant pour qualifier quelque chose d'aussi formidable que l'éveil de nouveaux souffles. Peut être était-ce la conséquence d'une réflexion inconsciente, une tentative de détachement envers un monde si éloigné du sien ?
A entendre Artiön parler ainsi, Norne se mit à sourire sans s'en rendre compte. Chacune de ses phrases transpirait de son amour pour les siens. Et bien qu'il était conscient de la complexité qui en émergeait, il s'agissait de son sang, son propre sang, une source de bonheur et de fierté qu'il était bien incapable de dissimuler. Il avait tant grandi. Venno, père, Aran.
Il y aurait pu avoir de quoi ressentir une certaine solitude pour qui ne pouvait goûter à cette vie face à une telle démonstration. Et peut être que ce fut le cas pour la guerrière, sans qu'elle ne s'en rende réellement compte. Voilà bien longtemps qu'elle avait appris à embrasser cette sensation. Elle était une arme autant qu'une armure, animée d'une volonté profonde de faire perdurer le bonheur de ceux qui l'entourait, au détriment du sien s'il le fallait.
A la dernière remarque de Cintanno, Norne fut sur le point de lui rétorquer qu'elle ne s'interdisait rien, mais elle s'en empêcha. Car elle savait que ce n'était pas entièrement vrai. Son dévouement parfois excessif à son travail n'était pas uniquement dû à une volonté de bien faire. Elle savait quand relâcher les rennes, quand savoir profiter pour faire retomber la pression, parfois peut être un peu trop intensément. Mais il existait cette ligne, cette barrière invisible qu'elle avait érigé.
Tant de visages disparus, de camarades tombés, de familles détruites. Une épouse privée de sa moitié, un jeune souffle privé de ses parents. Une idylle à peine obtenue avant d'être brutalement déchirée. Ils n'étaient plus, mais elle, elle était toujours là. Il n'y avait ni justice, ni mérite, seulement l'exécrable indifférence de ceux qui avaient pris sans comprendre ce qu'ils détruisaient.
A cette pensée, sa mâchoire se serra. Elle ne pouvait réparer, reconstruire, mais elle pouvait infliger cette même douleur. Briser leurs corps et écharper leurs âmes, que ceux qui respiraient encore ne vivent plus que dans la terreur et que les autres se perdent à jamais dans la Tourmente. Il n'y aurait pas de pardon, il n'y aurait pas de chants. Seulement ce sang qu'elle avait fait couler et qu'elle continuerait de verser, pour ceux qui n'étaient plus et pour ceux qui pouvaient encore être préservés.
Elle cligna soudainement plusieurs fois des yeux, desserrant les poings, constatant qu'elle s'était perdue dans ses pensées, emportée par ses émotions. Il lui fallut quelques instants pour se rappeler des derniers mots d'Artiön. « Si jamais l'occasion se présente, je saurais y réfléchir. Mais en attendant, il y a nombre d'autres choses qui nécessitent mon attention. » Il souhaitait qu'elle puisse goûter à ce qu'il vivait et en cela, elle le comprenait parfaitement. Mais elle arpentait un chemin bien particulier et elle savait parfaitement ce qui l'attendait.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Dim 19 Nov 2023 - 19:34
Le voile sombre qui avait couvert son regard disparaît enfin, et tu lui passes un bras autour des épaules, un grand sourire au visage. Aussi importante que soit Norne dans ta vie, tu l’es probablement au moins autant dans la sienne. C’est d’ailleurs parce que tu sais la place que tu as occupé dans sa vie que tu la sais plus que capable de tisser des liens différents de ceux qui vus unissent au reste de vos frères d’arme.
L’armée est comme une très grande famille. À réciproquement mettre vos vies entre les mains les uns des autres, il était difficile de ne pas développer une certaine affection. Seulement au sein de cette grande famille – comme au sein de n’importe quelle famille, finalement – des liens privilégiés se développaient. Et en tant que son tutoré, c’est d’un de ces liens privilégiés que tu bénéficiais auprès d’elle. Plus que de simples sobriquets, Daernettë et Cintanno étaient la manière dont vous vous voyiez. Plus que de simples frères d’armes, plus que des Frères au sein de l’Œuvre, vous étiez vraiment comme frère et sœur.
La Tourmente qui gronde en elle, tu la connais. Tu sais où sont les faiblesses dans son armure rutilante. Parce que souvent, tu as été celui qui lui a offert le sourire lui permettant de passer outre peines et fatigue. Aujourd’hui encore, tu espérais pouvoir en faire de même. Lui emprunter de sa rigueur en échange d’un peu de ton optimisme.
- J’espère qu’aucune de ces choses ne t’ont coupé l’appétit !
De ton bras tu la tires pour l’éloigner de votre chemin initial. Pas pour longtemps. Juste le temps d’un crochet par des cuisines bien connues de toute la Cité. Du poisson, du riz, des arachides, des légumes, des algues et des épices, un délicieux mélange enroulé dans une fine galette de méroca. L’un des plats signatures du début d’hiver Daranovan, et vous aviez étés copieusement servis.
- Rien de tel qu’un bon rouleau de méroca pour accompagner une belle promenade.
Le bras toujours enroulé autour de ta sœur de cœur, tu avais repris le chemin des bordures. Marchant d’un bon pas, tu avais au moins fait l’effort de lui accorder un peu de silence. Ou du moins, tu y avais été forcé par les premières bouchées de ton repas. Mais vint un moment où la liesse de la redécouverte des saveurs familières te passa, et où l’envie de converser te revint.
- Dans toute cette histoire... tu termines d’avaler une bouchée ...j’ai beaucoup parlé de moi. Mais et toi ? Raconte moi. Qu’est-ce qui occupe tes journées dernièrement ? En dehors de la salle d’entraînement du moins… tu soulèves un sourcil et le coin gauche de tes lèvres ...Quoique je ne serais pas contre parler soulevé de poids non plus. Ça fait longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de crâner.
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Lun 20 Nov 2023 - 10:19
« Ce serait bien mal me connaître ! »
Les portions qui leur furent servies s'avérèrent particulièrement copieuses, rien de bien étonnant au vu de la taille et de la corpulence des deux elfes. Mais si Norne se considérait déjà vorace, elle n'osait imaginer les quantités qui devaient être nécessaire à Artiön pour entretenir une telle masse.
« Pour une fois que tu as droit à un vrai repas. Non pas que je souhaite critiquer la cuisine de la capitale bien sûr... » Une affaire d'habitude sans nul doute, mais les quelques fois où Norne avait foulé du pied Alëandir, elle n'avait guère était conquise par les spécialités locales. Elle ne remettait en aucun cas en cause leur talent, mais l'exotisme ne s'avérait pas toujours avoir que du bon.
Leur route continua donc mais cette fois ci avec un arrière goût de méroca. La chair blanche du poisson était particulièrement tendre et se mélangeait si parfaitement avec le reste. S'il existait bien un plaisir dans la vie dont elle pouvait être persuadée de ne jamais se lasser, c'était très certainement celui ci.
« Parce que tu penses que je peux encore être impressionnée par un jeunot ? » Elle tapa légèrement du coude sur ses côtes. « Cela dit, j'apprécierai qu'un jour on puisse avoir l'occasion de s’entraîner à nouveau ensemble. Je suis persuadée que tu as attrapé quelques mauvaises habitudes. » Elle lui rendit son rictus avant de croquer à nouveau dans sa galette.
« Kolvar est parti pour Ardamir le temps de quelques ennéades, alors je m'occupe de certains sacres des lames en attendant. On a eu des novices plutôt prometteurs récemment, même si on échappe jamais à ceux qui se pensent plus malins que nous. Il y en a un qui me fait penser à toi d'ailleurs, à ton toi de l'époque. »
Elle leva légèrement la tête, ses yeux se perdant dans le ciel. « Il y aussi quelques nouvelles inquiétantes de l'extérieur. Il y a une Harde là dehors, on a pas de témoins, seulement des restes à chaque fois. Nos éclaireurs ont confirmé la présence de traces d'un troupeau, mais ils ignorent de quoi il s'agit. Je vais devoir prendre la tête d'une expédition et tirer ça au clair. D'ordinaire je ne m'y serai pas attardée plus que ça, mais tu sais à quel point la forêt est agitée ces derniers temps. »
Elle s'interrompit le temps d'une autre bouchée. « On a aussi quelques unes de nos armes qui se sont révélées porteuses d'un acier défectueux. On ignore si ça vient des forgerons ou du matériel en lui même, mais il va falloir tester tout ce qu'on a en réserve et faire le calcul de ce qui nous manque. Il faudrait voir aussi avec la nouvelle forge véladrienne pour... » Elle se stoppa soudainement en croisant à nouveau le regard d'Artiön. Emportée par le flot de ses pensées et par une myriade de détails inutiles dont il aurait franchement pu se passer. « Désolée. Il y a pas mal à faire. »
Serrant son poing droit, elle vint percuter le haut de son torse à deux reprises. « Mais qu'on me noie dans la Tourmente si je n'arrive pas à apprécier à sa juste valeur l'ardeur d'un travail exigeant.»
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Lun 20 Nov 2023 - 21:52
- Ne t’inquiète pas pour ça. tu arraches nonchalamment une nouvelle bouchée de rouleau Si j’avais voulu passer à autre chose, je te l’aurais dit.
Quelque pas de plus, et tu t’arrêtes. Les pieds contre le rebord de la falaise. Laissant le vent de souffle dans les cheveux.Ton regard se porte vers l’horizon, et le scrute avec nostalgie. Quelques miles en contrebas, s’élève l’Engyl Sain, entouré par les grandes chutes du Tinno. Tes pupilles longent ensuite le bord du plateau sur lequel vous étiez debout, jusqu’à s’accrocher à l’escalier naturel qui vous mènerait en bas. Et là, tu reprends tranquillement la marche.
- J’espère que cette « harde » ne se révélera pas être de la même nature que ce qui s’est passé à Malereg et Quatrième Saison. tu soupires C’est le genre de sujet que j’aurais aimé éviter aujourd’hui, mais puisqu’on y est… tu lèves les yeux au ciel et pestes silencieusement Le clan Baar’Ane a perdu son chef. Et pour ce que j’en ai compris, les rituels pour en choisir un nouveau ont mal tourné. tu pinces les lèvres Résultat, une part du clan parcourt l’Anaëh et provoque la disparitions d’autres elfes dans leur sillage. Selon le reste de leur clan, il serait impératif de détruire le groupe de « rebelles » au plus vite. Il en irait de l’intégrité d’Anaëh. tes paupières se ferment à moitié Ils ne m’en ont pas dit plus.
Ils ne t’en ont pas dit plus, mais il est facile d’imaginer de quel genre de cataclysme ils pourraient se faire les auteurs. Le Baar’Ane, la maîtresse des Hydres, elle est dans vos contes à vous aussi, dans vos histoires à vous aussi, où elle existe en tant qu’avertissement. Une allégorie de la fureur d’Hirîl Lothren et de ce dont vous êtes capables, vous-mêmes, elfes, lorsque les plus sombres de vos pulsions vous dépassent. Seulement puisque toutes les légendes ont un fond de vérité…
- Je n’aime pas l’idée d’avoir à tuer des Frères, mais je ne vois pas d’autre solution. tu lèves ton bras armuré au ciel dans un geste exagérément désespéré À ce rythme, le Lòcerain va mourir dans l’œuf et on ne se rappellera plus de moi que comme le Fel’Unqualë. tu soupires Remarque, peut-être qu’au moins qu’un Aran avec une réputation pareille suffirait à dissuader les Arïn et les Daedhels les plus scrupuleux de s’en prendre à l’Œuvre.
Beaucoup d’agacement pour peu de choses en apparence. Mais à qui a combattu au sein de vos Osts, et t’as déjà vu combattre au sein des Osts, les raisons en sont presque évidentes. Les Elfes des Pierres ne connaissent que trop peu la réalité des combats. Ceux qui ont vécu à l’abri des murs toute une vie durant, et même beaucoup de ceux qui ont vu les murs rongés par l’envahisseur ne se rendent pas compte de la véritable horreur du combat. De la normalité des combattants. De ce qu’il vous faut être capables de faire, accepter de faire, être prêts à faire, et être même fiers d’avoir fait, pour assurer leur sécurité.
Et c’est probablement l’une des choses qui te pèsent le plus en tant qu’Aran. Car aux yeux de beaucoup, tu n’es « que » l’Aran. Et s’ils te savent être un guerrier, ils n’ont aucune idée de la véritable portée de ce mot.
Parfois tu as peur que si tes propres Frères se rendaient compte de ce qu’il t’a coûté, et de ce qu’il te coûte encore de conserver leur candeur, alors, candides qu’ils sont, ils se sentiraient trahis.
Traductions:
Lòcerain = le Roi-Dragon Fel'Unqualë = le (sorcier) semeur d'agonie
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Mar 21 Nov 2023 - 16:12
Était-ce possible ? Se pouvait-il qu'il s'agisse là de l’œuvre d'une noss étrangère au protectorat, camouflant leurs traces en les faisant passer pour celles d'animaux ? Si tel était le cas, la situation s'avérait bien plus alarmante qu'elle n'avait pu l'imaginer.
Tout en continuant à marcher, Norne se mura dans un profond silence, plongée dans ses réflexions.
Si elle avait toute confiance en les paroles d'Artiön, ce n'était en revanche pas le cas pour celles des ornedhels. Pouvait-il réellement les croire et courir dans toute l'Anaeh après ce qui pouvait très bien s'avérer être une diversion, l'éloignant du réel cœur du problème ? Cela ne retirait en rien la nécessité de s'occuper du groupe nomade, mais elle doutait fortement de la véracité des propos du reste du clan, particulièrement alors qu'ils étaient incapables de neutraliser leurs propres dissidents malgré l'apparente urgence de l'affaire.
On pouvait la qualifier de pessimiste, mais elle avait appris avec le temps à toujours anticiper le pire venant d'un problème. Et pour ce qui était de la situation à Daranovar, s'il y avait une chance même infime que les deux événements soient liés, il valait mieux se préparer à la possibilité la plus dangereuse.
« Il va falloir que je parte bien plus rapidement que prévu. » Elle brisa finalement le silence. « S'il s'agit bien d'un groupe ornedhel, il est hors de question de les laisser continuer à emporter les nôtres. » Et la Mère seule savait pourquoi ils emportaient les corps, si jamais ils ne les prenaient pas vivants. « S'ils ont déjà frappé à Malereg cela ne peut signifier que deux choses. Soit ils vont bientôt quitter la région, soit ils opèrent en plusieurs groupes, dans les deux cas, il va falloir agir vite. »
Dénicher une noss souhaitant passer inaperçue était généralement un exercice particulièrement difficile. Prendre l'apparence d'un groupe de voyageurs en partance pour une autre cité pouvait s'avérer être une solution pour les attirer s'ils se trouvaient toujours dans les environs. Mais elle ignorait leur nombre et leur façon d'agir, il valait mieux éviter de se jeter ainsi dans la gueule du loup sans plus d'informations.
Le regard de Norne glissa vers celui de l'Aran. La situation s'était relativement apaisée entre leur peuple depuis la fin de la Malenuit, mais la guerrière n'avait plus sa patience d'autrefois, plus pour eux. S'il s'agissait bien d'ornedhels, là dehors, ils allaient rapidement regretté d'avoir provoquer l'ire de la cité des armes. « Les autres protectorats sont au courant ? » Son expression se fit plus sévère. « Est ce qu'au moins un seul de leurs congénères daigne lever le petit doigt pour réparer leurs erreurs ? »
Ce qu'elle pouvait les haïr. Cette capacité à prendre, tuer et détruire sous couvert de traditions et d'une culture qui n'avait pas su évoluer, dépassés par le monde dans lequel ils vivaient. Ils n'avaient aucun respect pour les cités, aucun remord. Elle n'en aurait pas plus à leur égard.
Artiön Laergûl
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Mar 21 Nov 2023 - 22:11
- D’autres clans leur ont déjà donné la chasse. tu baisses le regard Et j’ai vu des Elfes du Baar’Ane exécuter leurs propres Frères de mes yeux. La question n’est pas de savoir s’ils daignent lever le petit doigt. tu relèves le menton Mais plutôt de chercher un moyen d’éviter d’avoir à verser plus de sang… si seulement il y en a un.
Tu as vu de tes proprs yeux les Baar’Ane exécuter les leurs, mais tu as aussi vu de tes propres yeux l’état de rage de ceux qu’ils ont exécuté. À défaut d’être les hérauts d’un cataclysme, il fallait reconnaître qu’ils étaient au moins dangereux. Extrêmement dangereux. Et pour ce que tu en as vu, si tous les dissidents sont ainsi, tu doutes fort qu’il soit possible de les ramener à la raison sans avoir à se battre. Mais peut-être avec le temps trouveriez-vous au moins le moyen de ne pas avoir à tuer… tu l’espères.
- Quant au Protectorats, naturellement, l’Epine Dorée et Quatrième Saison sont au courant. Alëandir – en vertu de la participation de l’armée royale aux recherches – l’est aussi. Mais tant qu’aucun épisode de disparitions étranges s’y soit manifesté, j’avoue que j’hésite encore à comment annoncer les choses à Ardamir et Holimion. tu claques de la langue Il suffirait que l’information arrives aux mauvaises oreilles pour provoquer un vent de panique et inutilement endommager les relations entre Taledhels et Ornedhels des Protectorats épargnés. Ce qui au final ne ferait que provoquer des violences là où la situation aurait pu rester apaisée. tu fronces les sourcils en direction de Norne Pour cette raison d’ailleurs, je t’ai confié ces informations parce que je te fais confiance, mais fais très attention à comment tu les utilises et avec qui tu vas les partager. Surtout qu’à Daranovar, ni les Clans ni les Elfes de Pierre ne sont très hésitants à sortir les lames.
Tu lèves une fois de plus les yeux au ciel, et laisse s’échapper un râle d’exaspération. Un grognement sonore se répercute de falaise en falaise, jusqu’à éventuellement se perdre dans le néant. Puis tu soupires, et comme libéré du poids des mots, tu souris à nouveau. D’un sourire attristé, mais tu souris tout de même.
- Et dire que je m’étais promis de prendre quelques jours pour penser à autre chose ! Demain, sans faute, à la caserne. Tu me dois une séance d’entraînement pour que je termine de passer mes nerfs.
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne] Jeu 23 Nov 2023 - 13:48
Ils agissaient contre leurs propres frères, et cela venait apporter beaucoup de poids à la valeur de leur paroles. Mais elles en devenaient également bien plus inquiétantes. « L'intégrité d'Anaëh, as-tu la moindre idée de ce qu'ils ont pu vouloir dire par là ? » Elle doutait fortement que les Baar'Ane emploient ce genre de termes pour qualifier la disparition d'ornedhels provenant d'autres noss, ou même encore d’elfes provenant des cités.
Elle observa Artiön plongé dans ses pensées, réalisant la différence de valeur qu'ils accordaient tous deux à la vie des Baar'Ane dissidents. Il portait un amour pour tous les souffles qui parcouraient l’œuvre, voyant en sa position la responsabilité de les préserver, ne faisant qu'un avec les enseignements de la Mère. L'âge et les expériences l'avaient assagi, adouci. La guerrière elle, n'en était devenu que plus pragmatique. Elle voyait une certaine beauté dans la perspective de Cintanno, et une part d'elle aurait aimé encore être capable de penser ainsi. L'autre, craignait que cela ne le mène sur le même chemin que certains de ses prédécesseurs.
« Prends garde à ce que cette quête d'une alternative ne finisse pas par coûter plus de vies encore. » Norne le fixait d'un regard intense. « Je sais que ce n'est pas une question de vouloir bien faire et que tu préoccupes réellement de leur souffles, mais tu sais très bien comme moi qu'un excès de bonté ne permet pas toujours d'éviter les conflits, encore moins de les remporter. »
Elle laissa planer un court silence avant de poursuivre. « Je pense que l'Anaëh ne se porterait pas plus mal à voir son Aran légèrement plus vindicateur, pour peu que cela ne lui coûte pas son intégrité. » Combien de conseils, d'avis, de jugements sur ses décisions devait-il entendre à longueur de journée ? Quel poids réel pouvait avoir le sien, au milieu d'une nuée de souffles aux aspirations et à la perspective différentes ? Pas grand chose en réalité, et c'est pour cette raison qu'elle ne chercha pas à développer davantage. Ce n'était pas là son rôle. Elle pouvait veiller sur lui, mais pas argumenter ses décisions en tant qu'Aran.
Les deux elfes continuèrent leur chemin menant jusqu'à l'Engyl Sain. « Voilà qui est parfait, il me fallait justement m'entretenir avec certains mages, non pas que je sois surprise que tu m'aies emmenée ici. Comme si tu allais résister à l'envie d'aller tourmenter Maltlin et loin de moi l'envie de me retrouver entre vous deux. » Elle recula de quelques pas, frappant son plastron. « Demain, sans faute. Et si jamais j'apprends que tu es parti en douce, je te jure que j'irai te chercher jusqu'au fin fond d'Holimion s'il le faut. »
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Sujet: Re: La famille qui nous a choisi [PV Norne]