Le pénitent et la dame | Owen & Solange

Verimios, fin de la première ennéade en l'an 21, cycle XI. Hiver

Trois années. Cela faisait trois longues années. Plus de vingt-sept ennéades. Il marchait depuis des lustres, ce qui le forçait à contempler chaque journée depuis ce jour inexorable, ayant chamboulé son esprit et sa vie. Trois années à être hanté, noyé dans ces moments sordides et tomber encore plus profondément dans la désolation. Tombé dans une abysse profond, rapidement s'était-il conviancu de n'être point capable de remonter à la surface. Pourtant, avec l'aide de gens généreux et humains, la foi des Prêtres de la DameDieu, ainsi que de l'espoir en lui-même, il avait de nouveau reformer le courage de vivre de nouveau. Après trois longues années. Ce courage était entouré avec une once de doute, un doute qui s'échappait dès que la rage brûlant en son Souffle se tournait vers sa mission. Une nouvelle conviction s'ayant formé à l'annonce du mal sévissant en Oësgard.

Les premiers signes de l'hiver s'étaient révélé des ennéades plus tôt, et le Nordien en lui présagea un voyage mortelle s'il n'était pas préparé. Mais Owen, palefrenier de Saint-Berthilde, fils de nobliard déchu, ainsi qu'Adepte de Néera, ne comptait point reculer et allait accomplir ce périple car il était nécessaire. Ce n'était pas son premier voyage en hiver, il avait déjà voyagé plusieurs lieux auparavant sans broncher, mais jamais sans transport ni avec une abondance de ressources. Pour la première fois, il était seulement vêtu d'un manteau de pélerin, d'un large bâton, et une besace à moitié remplie. De Lodakier à la cité d'Odélian, une nouvelle expérience le marqua, lui fit apprendre de ses erreurs et craindre en partie l'hiver. Cependant une partie en lui trouvait ceci, étrangement, exaltant.

Dans une matinée grise et brumeux, les murs gris de la cité se révélèrent à l'horizon, au sommet d'une rare colline, et un souffle glacial échappa de ses lèvres. Owen s'immisça dans les faubourgs et s'approchant des grandes murailles de pierre, un grand réconfort le réchauffa, heureux de revoir un brin de civilisation depuis un bout. Lodakier n'était guère le petit bourg d'une région méconnue, mais cette cité était plus familier à sa cité natale de Sainte-Berthilde. Il avait toujours eu un cœur de citadin. Une demi matinée s'écoula tandis qu'il trouva un endroit où reposer ses jambes, trouver un repas chaud ainsi que penser plus profondément à son plan d'action. Que vais-je dire exactement ? Se sentait-il un peu idiot de ne pas y avoir tant réfléchit dans son trajet, ayant simplement idolâtré une scène épique pour le réconforter durant les longues nuits froide. Sa main passa le long de son menton, où un semblant de barbichette y poussait.

À ce qui s'apparentait à midi, Owen fini par se décider à improviser, plus ou moins. Il se dirigea alors, nettoyant son visage et ses mains avant, vers le domaine fortifié d'Odélian avec une marche assurée jusqu'à atteindre une entrée bien gardée. Rejetant sa longue capuche vers l'arrière, le jeune homme à la longue chevelure désordonnée, et au semblant de pilosité faciale, se présenta avec dignité.

« Je suis Owen de Villiers. Je viens de la baronnie d'Oësgard. J'ai vu une noirelfe de mes propres yeux. »

Il jeta un regard se voulant sévère malgré des yeux étincelant de naïveté, et il leva ensuite une de ses longues manches pour y révéler des cicatrices complexes serpentant sur sa fine peau.

La neige tombait à gros flocons sur la pierre rosée du large domaine d'Odélian, recouvrant les toits et les rues pavées de la cité comme un long et majestueux manteau d'hiver. Malgré la terre en repos, le bon peuple était actif et travailleur ; et même si les gardes de service aux portes du château se trouvaient passablement fâchés de se trouver au-dehors à se glacer les doigts en gardant la lourde enceinte de pierre, ils conservaient leur sérieux, en sachant pertinemment qu'il ne ferait pas bon d'être pris à rêvasser.

Hubert et Thibault étaient, heureusement, deux bons amis ; et ils étaient sur le point de sortir un bout de saucisson - histoire de se sustenter et de s'occuper en attendant la fin de leur garde - lorsqu'ils virent arriver un homme un peu dépenaillé, avec sa chevelure désordonnée. Il avait l'air cependant assuré et digne, et le plus gradé des deux hommes d'arme s'avança en bombant le torse, dévisageant avec un brin de morgue son interlocuteur qui ressemblait à un roturier. Cependant, son nom à particule le fit tiquer, tout comme son annonce inattendue.
Il réfléchit rapidement qu'il valait mieux se montrer poli avec le nouvel arrivant, au cas où ce dernier serait véritablement important ; et inclina son chef avec déférence, l'air un peu ahuri, en se grattant le nez.

- "Messire... que voilà quelque chose de grave ! En effet..."

Il songea que la comtesse avait récemment reçu des émissaires d'Oesgärd - et que ce dernier devait faire partie de leur délégation.

- "Une Noirelfe ? Euh... Eh bien, vous devriez peut-être parler avec notre officier... Vous... Où l'avez-vous vu ? C'est une information importante, mais il nous manque quelques éléments. Thibault... va faire avertir le chef."

Un peu embêté, il se gratta à nouveau son nez rendu rouge vif par le froid, tandis que son compère partait en trottant.

- "Messire... Désirez-vous en parler à sa Grandeur, la Comtesse d'Odélian ? Elle a reçu une délégation il n'y a pas longtemps, à cause de la zone silencieuse d'Oesgärd. Vous en revenez, c'est ça ?"

Il ne comprenait pas bien pourquoi son interlocuteur n'en avait pas parlé avec un sergent de ville - mais ça devait être plus compliqué que ça. Certainement de la politicaillerie, et lui, c'était pas vraiment son truc !

Pour se couvrir du froid hivernal, il redescendit la manche de son long manteau et garda le regard figé vers les deux gardes. À présent, il agit avec prudence, afin de ne pas finir dans les geôles. Au moins, les gardes le prenaient sérieusement à ce sujet. Même si peu de gens seraient sujet à rire à propos de noirelfes, il s'inquiétait à ce que ses propos furent pris que pour des illusions. Ce serait mentir de dire qu'il n'était pas nerveux, il était terrifié de parler à des gens de la haute. Et la première fois de sa propre initiative, à initier la conversation. Auparavant, c'était eux qui venaient l'enquiquiner, et lui de soumettre. Mais il ne montrait point sa nervosité, il gardait la tête froide. Littéralement, après une longue journée de voyage sous l'hiver. La mention de délégation l'intrigua, et il arqua un sourcil. Owen crût en avoir entendu parler, pourtant cela semblait lui échapper.

« Une délégation ? Quand est-elle parti exactement ?. »

Demanda-t-il de manière surprise. Il faillit oublier répondre à la question du sieur. Était-il arrivé trop tard pour rejoindre les braves qui allaient explorer la région ? Il inspira, il ne devait pas être trop tard. Restait à convaincre la Comtesse, ce qui devra se révéler difficile étant donné qu'elle ait déjà envoyé un convoi à ce sujet. Owen avait des comptes à régler, et des cauchemars à confronter dans les noirceurs d'Oësgard. Elle qui hante toujours ses rêves. Gardant sa main serré dans son bâton, à son tour de répliquer au garde, confirmer à qui il souhaitait en parler.

« Oui... la Comtesse. Sa Grandeur souhaitera en entendre parler.  »

Peut-être il pouvait simplement en discuter avec un haut officier, mais sa seule expérience à échanger son expérience fût avec le Comtesse d'Odélian qui s'en était enquis d'elle-même. Owen attendit patiemment, même si ses mains tremblantes et lourde respiration le faisait détester le froid. La délégation venait creuser dans sa tête, et les doutes venaient le ronger. Et si Sa Grandeur savait déjà tout ce que lui, il savait ?