[Mare Noire] Les secrets de la pierre. (Yggdar)

Quatrième ennéade de Bàrkios,
An 21 du Cycle XI,
Almis.

Les ombres dansent sur les parois rocheuses et les murs de pierres, projetées par les flammes consumant silencieusement les torches de ces quelques barbes guidant les érudits au cœur de cet étage peu fréquenté de la cité. Voilà quelques jours que ces derniers se retrouvent secrètement autour de la mare, source de toutes leurs inquiétudes et leurs désirs d’en apprendre plus. Cet étrange artéfact découvert sous ce qui était le temple de Mogar. Cependant, aujourd’hui est un jour particulier. Les visages sérieux cachent un soupçon de peur, les traits tirés et les mâchoires tendues se dissimulent derrière les barbes fournies.

- J’y ai réfléchi toute la nuit dernière. Souffle l’un des runistes. J'ai bien peur que nous ne puissions pas y couper.

- Ne parle pas de malheur. Il est possible que son éveil fût lié à des tourments liés au portail.

- Je nous le souhaite.

- Quoiqu’il arrive, nous prendrons les précautions nécessaires. J’ai confiance.

À leur approche, l’un des soldats frappe plusieurs fois, dans un rythme irrégulier, contre la paroi de pierre érigée en lieu de place de l’ancienne entrée du temple. Les secondes s’égrènent et, enfin, la paroi se met à bouger. Le mur de pierre tremble, révélant sa nature trompeuse. Ils sont accueillis par d’autres soldats occupés à dresser quelques barricades ci et là dans la salle. Un bruit sourd résonne lorsque l’entrée est refermée, ne laissant aucun indice quant à leur présence en ces lieux.

Les runistes se dispersent dans le temple, alors qu’un d’entre eux emprunte le chemin descendant sous le temple à la recherche d’Yggdar.

Le nombre de runistes dans la cité avait augmenté sur les dernières ennéades, et depuis, les études sur la Mare Noire et sur les évènements apparus il y a plusieurs années, reprirent dans le plus grand secret. Sans cesses escortés, les runistes dédiés à ces recherches étudiaient avec l’ardeur de combattants en plein entraînement. Si les plus malins des poilus ou des bavettes pouvaient aisément deviner que quelque chose se passait, le secret était absolu ! De toute manière, il n’y avait aucune autre compétence autrement obligatoire dans le rôle d’un runiste que le secret total, opaque, et permanent.

Enfin… La majorité du temps. Car, depuis que les appels avaient été lancés par le passé pour que se rejoignent les runistes dans la lutte contre la disparition des secrets, la cuture du secret avait pris… Quelques entraves. Pour le bien des runes, il fallait que les runistes ayant survécus au Voile s’accordent, en œuvrant ensemble. Cela signifiait faire disparaître les voiles opaques sur certaines formules, runes et autres sortilèges. La recherche de l’antique Grandsalle des Scriberunes était une priorité absolue, mais, en attendant, il fallait faire suffisamment d’efforts pour pouvoir œuvrer ensemble vers le retour des belles heures de la magie runique.

L’archiruniste était tout à ses contemplations et autres considérations éthérées lorsqu’il entendit les pas de quelques êtres arrivants dans son dos. Dans l’ancien Temple de Mogar, les recherches allaient bons trains, et les caboches s’égratignaient sur les armures des mystères patentés comme les lames lors des combats militaires. Chacun ses armes, mais des combats similaires, au final.

« Baruk ! » Dit alors Yggdar, se retournant en claudiquant, s’appuyant sur sa fidèle canne forgerunée. « Du nouveau dans vos caboches ? »