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Sujet: [Mare Noire] Remercier un Gromtrommi | Yggdar Jeu 17 Oct 2019 - 23:33
7e jour de la 9e ennéade de Karfias ~ été Le même jour que le Grondement de la pierre, plus tard 17e année du XIe Cycle Almis
Il avait été une quarantaine à s'enfoncer dans le boyau menant au temple. Moins d'une dizaine en était ressorti, dont la moitié des étrangers. Cela ne me surprenait presque plus... J'avais donné les ordres adéquates : évacuer, sécuriser et soigner les blessés; bloquer l'accès au tunnel menant au Temple de Mogar; en faire inspecter les décombres à la recherche d'anomalie; et puis... Sortir les dépouilles de ces profondeurs cachées.
Mon épaule avait été replacée et pansée, de même que mon dos, avant que je ne puisse m'avancer au devant de mes obligations. Les curieux avaient été dispersé, les gardes seuls se trouvant autorisés à aller à l'intérieur. Sur mes ordres, les étrangers blessés avaient été emmenés au plus près des soigneurs, tandis que le forgerune avait été invité à prendre chambre dans une auberge, afin de se remettre des événements. Il me faudrait lui parler... En temps voulu. Ils en étaient d'autres que je ne voulais pas faire attendre, pour leur dernier voyage.
Des chariots furent réquisitionnés, et les corps recouverts, placés au mieux, avec dignité, yeux fermés et mains sur leur arme, quand celle-ci avait été retrouvée. Laborieusement, le bras en écharpe, je parcourus la cité, aidée par quelques gardes. Imperturbable, j'allais frapper à la porte du clan de chaque défunt que je connaissais, au moins de nom. Ainsi payaient les années loin des tunnels, bien près de la surface, à organiser la cité : il m'était possible de reconnaître les morts, et de les ramener auprès des leurs.
Les mêmes mots furent prononcés chaque fois, les mêmes figures se présentèrent. Celles de la stupeur, de la fierté et du chagrin. De la colère aussi, parfois. Cela était normal, et je prêtais l'oreille à leurs maux, avant de passer au suivant. Triste procession que celle-ci, quand bien même la cité y était habituée. Les gobelins, dans les profondeurs, ne faiblissaient jamais, de même que notre ténacité à les repousser. Ainsi, le trépas était une chose bien commune, quoique cette fois-ci l'ennemi responsable fit naître bien des questions et de l'incompréhension. De réponses, je n'en avais guère à leur donner. Certaines, je ne le pouvais tout simplement pas.
Sur ce long chemin, remontant les niveaux de la Perle du Nord, des dawis venaient régulièrement me tenir informée des découvertes, des dégâts constatés. Combien de structures fragilisées par les vibrations ? Combien de tunnels désormais instables, qui s'écrouleraient sur les imprudents n'y prêtant pas attention ? Je donnais des ordres en conséquence : que des mineurs parcourent prudemment les tunnels afin d'estimer leur état. Ces ordres parmi tant d'autres, tandis que je me présentais à un autre clan, annonçait un autre trépas, lui rendant hommage tout en expliquant le pourquoi de celui-ci. Un long chemin, que je sillonnais depuis longtemps.
Après de nombreuses heures, les chariots furent vidés, puis retournés à leur propriétaire. Alors, arrivée dans les hauteurs de la cité, je m'arrêtais à une auberge, le temps de boire et manger quelque chose. Me rappelant les montures de certains étrangers, je renvoyais un messager s'assurer que celles-ci étaient bien gardées. Je fis un détour chez un clan d'éleveur de corbeaux, envoyant une missive au Grand Roi. Puis, je pris à nouveau le chemin des profondeurs, le pas lourd de fatigue, mais aidée par la descende. Descendre m'était toujours plus agréable que monter : la présence de la pierre était bien plus pure dans les profondeurs.
Je fis un détour par l'entrée du tunnel, vérifiant ce qu'il en était, avant de me diriger vers l'auberge où la vieille barbe avait été invitée à séjourner quelques temps. Y étant arrivée, je le demandais auprès de l'aubergiste, qui me renseigna. J'allais, sans prêter attention aux dawis dans la salle, frapper à l'une des chambres, donnant mon nom. Non, ce n'était pas pour donner en donner un à graver dans la pierre cette fois. Je secouais la tête, me défaisant de cette idée, avant de rentrer quand j'y fus invitée.
Je ne m'étais pas défais de ma tenue de mineur, mais ma pioche avait été emportée avec les blessés et les morts, je crois qu'elle reposait entre les mains de l'un de ses derniers. Les traits tirés, sans doute, je saluais la vieille barbe, la main de mon bras valide sur le cœur.
"... Je vous connais, Gromtrommi.Et je fus surprise en réalisant que c'était vrai. A présent, dans le calme de cette chambre, ma mémoire me donnait son nom.Je vous salue, Yggdar Frappe-Rune, Ancien des vôtres. Il m'a été donné de vous voir lors de l'Althinkalan. Je vous souhaite la bienvenue, à vous et à votre fils, à Almis, bien que j'eus souhaité des circonstances plus appréciables pour votre venue.Je m'inclinais face à lui, imperturbable malgré mes mots.Votre concours fut salvateur... La Perle du Nord vous en est redevable."
J'avais conscience de me présenter seule, dans ma tenue de travail, la poussière et la sueur de ma journée, mais cela ne changeait rien au poids de mes mots, et le bleu froid de mes yeux, alors que je me redressais, n'annonçait aucun euphémisme.
Dernière édition par Inga Chante-Roche le Dim 20 Oct 2019 - 23:05, édité 1 fois
Yggdar Frappe-Rune
Nain
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Sujet: Re: [Mare Noire] Remercier un Gromtrommi | Yggdar Dim 20 Oct 2019 - 17:40
Les moments qui suivirent le désastre souterrain devinrent bien plus agréables aux goûts d’Yggdar et de son fils Yörl. Les deux runistes étaient bien heureux d’être sortis indemnes des boyaux de la montagne, chose peu commune au regard du nombre de Dawis qui donnèrent leurs Braises-Vies pour combattre l’abomination rocheuse. Dans sa grande clémence, Yaron éclaira la voie des Dawis qui purent anéantir dans l’œuf une seconde création maléfique avant qu’elle ne pût rejoindre la première, sous une forme identique. Nul doute que cette seconde créature aurait provoquée de lourds dégâts à son tour.
Trop heureux de poser son séant sur une chaise de cuir à l’assise rembourrée, Yggdar s’affala, tel le fromage fondu sur son lit de patates et de frongols. Les deux avant-bras posés sur les accoudoirs, il laissa à son fils la déplaisante tâche d’installer les affaires des deux Nains, et de faire venir un repas, et surtout, de la bière. Pour cette occasion, Yggdar n’hésite pas à dépenser plusieurs écus pour commander la meilleure bière : un breuvage distillé dans des tonneaux faits d’un conifère à la résine spéciale, laquelle imprégnait les lattes du tonneau, et qui devait y rester pour maturation durant sept décennies. Comme tous les taverniers Nains, celui qui tenait cette échoppe disposait de breuvages bien spéciaux, certains, rarissimes, n’étaient fabriqués que par son clan et consommés que par celui-ci. Cependant les actes réalisés ce-jour, et qui ne manquèrent pas de retentir aux oreilles des bavettes et des poilus, justifièrent l’accession temporaire à ce breuvage aussi rare que puissant. Yggdar, cependant, refusa de goûter une seule goutte du breuvage sans qu’il ne lui soit autoriser de payer pour cela. D’un commun accord, le tenancier demanda 50 écus par chope. Yggdar en offrit 80, et en commanda cinq. Excessif, mais l’excellence méritait tous les sacrifices. Le vieux Forgerune était plus que bien placé pour le savoir.
Ils disposèrent alors les cinq chopes au centre de la table. Connu comme étant un bon vivant – chez les Nains cela signifie qu’il mange et bois des quantités colossales – Yggdar bénéficiait de trois chopes, et Yörl, de deux. Toutefois, la qualité du breuvage et son originalité encouragèrent les deux runistes à prendre une gorgée à la fois. Et très vite, les bières furent rejointes par un sanglier cuit dans son jus, assaisonné par plusieurs gousses d’ails, de l’ognon, une pincée de poivre, un peu de sauge et agrémenté de pommes-de-terres. Le parfait repas pour poilus affamé.
Les effluves embaumaient la chambrée, couvrant la sueur des Dawis qui devaient empester. Les deux runistes s’adonnaient à une activité à laquelle ils excellaient : manger, boire et discuter dans de gros rire gras. Jusqu’à-ce qu’un bruit provenant du dehors ne fasse se dresser les oreilles du vieux Rhunki, et qu’on ne frappe à la porte.
- Entrez, par Yaron !
Quelle ne fut pas leur surprise lorsqu’ils découvrirent que la Naine qui entrait dans la chambré n’était nulle autre que la Narundi elle-même : Inga Chante-Roche. La Naine semblait sortir tout droit de cette mine sombre, celle-là même qui vit mourir tant de Dawis. Elle était sale, poussiéreuse, le bras en écharpe et la trogne misérable. Une vraie Naine du Zagazorn ! Elle prit la parole la première, et Yörl fut le plus surpris. Il se tourna vers son père, attendant sa réaction qui guiderait probablement la suite de cette entrevue.
- Narundi, Thane du clan Chante-Roche, la perle du Nord n’nous dois rien. Yaron m’en soit témoin, nous n’faisons qu’œuvrer pour l’Zagazorn, et pour la grande Almis. R’joignez nous pour ce p’tit festin. Ce groin f’sait bien 150 kilos d’après les dires du tenancier, et la portion qu’il nous a donné saura sustenter nos trois ventres ! V’nez ! On en s’rait honoré ! Prenez cette chope, elle contient la meilleure bière produite par not’ tavernier. 70 ans qu’elle mâture dans sa cave ! Pour sûr qu’elle est bonne ! Prenez ! Et mangez ! On l’a bien mérité ! Ha ! Haha !
Pour une fois qu’Yggdar n’était ni grognon, ni ronchon, ni un ours mal léché. Sans doute que faire face à ce danger avait fait bruler de plus belle sa braise vie, et qu’il se sentait on-ne-peut-plus en vie !
Inga Chante-Roche
Ancien
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Sujet: Re: [Mare Noire] Remercier un Gromtrommi | Yggdar Mar 29 Oct 2019 - 18:52
La dawi ne se dérida point face à pareille enthousiasme nain, offrant aux deux Frappe-Rune une figure figée, habitée seulement par la raideur du devoir à accomplir, indifférent à leurs expressions de joie. Une naine faite pierre, la Chante-Roche en donna l'impression un instant. Pourtant, une subtilité se glissa dans son expression, et elle ploya bientôt face à la bonhomie, telle une reddition, temporaire, face aux manières de ses semblables.
"J'en serais honorée, Gromtrommi.fut-il répondu avec raideur.Mais pas davantage que cette choppe : il me reste à faire."
Rejoindre les Derniers Halls était une chose commune au sein de la cité aux profondeurs continuellement assaillies. Cependant, la créature qui y avait envoyé bien des leurs à coup de roche était loin d'être commune. Pourquoi, alors, ne pas rendre hommage aux disparus à qui leur corps, si ce n'est leur bravoure, avait fait défaut ? Ainsi, la dawi prit place et choppe, et leva bientôt cette dernière.
"A ceux qui ne sont plus, et qui rejoignent les Derniers Halls.fit-elle d'une voix forte.A Almis."
Alors la tête se releva, et l'eau de vie coula dans la fine gorge crasseuse, entourée de mèche à la dorure terne. Une deux gorgées, et le bras fut abaissée, la figure de la dawi semblant encore plus vidée, non pas ravivée par la chose. Cela ne dura pas longtemps, et la naine se secoua, quand bien même son faciès attestait la fatigue accumulée.
"Le breuvage est bon.dit-elle seulement. Brusquement, ses mires glacées se portèrent vers le forgeruniste. Un instant, où elle ne dit rien... Et tout à coup, son visage s'anima à nouveau, au rythme de ses paroles.Je suis venue m'enquérir de vous, Gromtrommi, non seulement afin de vérifier que vous étiez bien installés mais aussi pour vous demander votre aide. Aviez-vous déjà vu les runes sur le... Coeur, de ces créatures ?Sitôt qu'il eut répondu, elle continua.Aucun des runistes présents à Almis ne les connait. Les dommages subies par la cité - récents, comme de longues dates - requièrent leurs efforts. Puisque vous n'êtes pas soumis à cette exigence, peut-être pourrez-vous apprendre quelque chose ?"
Délaissant la choppe entamée, la Chante-Roche dégagea de la place devant-elle, y déposant aussi un sac de toile. Se trouvait dedans quelque chose de la taille d'un poing. Relevant les yeux, la Narundi regardant franchement le maître runiste étranger.
"Elle a été découverte dans les ruines du Temple, cachée à nos regards par des corps. Des runes ont pu être tracées afin de mettre un terme à la magie qui l'animait, qu'aucun runiste ne sut m'expliquer.Là, ses pognes ouvrir le sac, en révélant le contenu.Qu'en pensez-vous, maître Frappe-Rune ?"
Là, dans l'écrin de tissu brute, se trouvait une pierre précieuse de la taille d'un poing, gravée d'un enchevêtrement complexe de rune. Les deux runistes ne pouvaient que reconnaître une semblable à celles qui s'étaient éveillées dans le Temple de Mogar, animant les géants de pierre, avant d'être brisées par les armes dawis.
Yggdar Frappe-Rune
Nain
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Sujet: Re: [Mare Noire] Remercier un Gromtrommi | Yggdar Mer 30 Oct 2019 - 14:04
La rare jovialité qui animait le vieux Forgeruniste disparut soudainement devant l’attitude renfrognée et le visage fermé aux traits tirés de la Narundi. En son fort intérieur, le vieux runiste se sentait quelque peu honoré de la présence de la gardienne de la perle du Nord, quand bien même elle fut beaucoup plus jeune que lui. Yggdar était, comme la très grande majorité de ses pairs, un Nain fier qui, sous couvert de grognements, d’un caractère rude et d’un visage buriné très sévère, savait reconnaître la valeur de celles et ceux qui étaient dans son entourage. Aussi prêtait-il à la Narundi, l’existence d’un courage indéniable et de ce que les humains appelaient « une noble d’esprit ». Cependant, il ne pouvait réellement cacher son amertume quant à l’attitude de la bavette aux boucles d’or.
Il leva alors sa choppe lorsque la Dawi proposa de rendre hommage à ceux qui ne sont plus. Dans une pensée sincère, il recommanda leurs Braises-Vies, qu’elles trouvent leurs chemins jusqu’aux Derniers Halls et qu’elles festoient avec les dieux, fiers à jamais. La gorgée de bière eut une toute autre saveur soudainement, tant le silence était religieux et respectueux. Abaissant le bras, avalant une portion de viande, il écouta soudainement les mots prononcés par la jeune bavette alors qu’il s’enfonçait un peu plus dans sa chaise, tout avachi qu’il était. A la première question, il répondit de sa voix quelque peu bougonne, assez différente de celle qui avait accueilli la Naine.
- Nuf, Narundi. Jamais vu de telles runes, ni moi, ni mon fils. Les arts et les savoirs d’Yaron sont aussi grands qu’les Derniers Halls, et d’ma vie, j’n’ai jamais eu à-faire avec celles d’cœur d’c’te créature… Répondit-il en soufflant lourdement, dans un grondement presque animal, alors qu’il ne cachait pas sa frustration. Sa passion et sa curiosité quant aux runes et aux arts de l’éther apportés par le Grand Scribe, étaient aussi grands que le plus grand sommet des Monts du Nord. Aussi, la suite des paroles de la bavette vint titiller cette curiosité qui ne tarda pas à se manifester. Ip, Narundi. Je l’peux et je l’frais, par Yaron !
Du travail. Il avait passé toute sa vie à œuvrer pour maîtriser les arts de sceller des runes et de les forger au sein même des matériaux. Il avait passé toute sa vie à travailler au fond de sa forge, pour créer les armes ou les armures ou les objets les plus puissants et les plus rares de tout le Zagazorn. Et pourtant, encore aujourd’hui, après toute une vie de travail et malgré un âge tout de même avancé pour un Dawi, il était désireux de travailler et d’apprendre. Aussi s’était-il saisit de cette mission avec un véritable entrain.
Cette curiosité fut poussée à son paroxysme lorsqu’un sac fut déposé sur la table renfermant ce qui semblait être un élément géologique, de la taille d’un poing. Le bruit typique de la roche contre le bois fit même sortir Yörl de ses pensées – tout subjugué qu’il était par le repas délicieux – et père et fils se redressèrent suffisamment pour pouvoir observer ce qui allait être de toute évidence dévoilée. Ecoutant attentivement les dires de celle qui était la plus proche de tout ce mystère, tant de par sa fonction que de par sa dévotion, Yggdar commençait à comprendre où la Narundi voulait l’emmener. A l’évocation des circonstances de la découverte de la pierre – cachée sous les corps des Nains sacrifiés – Yggdar prit entre ses pognes caleuses, son pendentif portant une rune de Yaron. Et lorsque la pierre fut dévoilée, éclairée par les lueurs de ces lieux, Yggdar reporta toute son attention et tout sa concentration sur la pierre précieuse.
Ses yeux fatigués s’illuminèrent de milles et unes étincelles. Cherchant dans une de ses poches intérieures de sa grande toge bleutée, il plaça devant ses mires deux lentilles sensée l’aider à voir plus précisément. Un dispositif ingénieux qu’un vieux Nain lui avait offert jadis, lui permettant d’analyser les métaux sur lesquels il travaillait, et reposant ses yeux afin qu’il puisse travailler plus longtemps. D’une autre poche, il prit sa fidèle pipe déjà bourrée qu’il alluma en passant son index sur la rune d’ignition. Se dégagea alors une douce odeur de tabac aux effluves noisette et chocolatées. Il prit plusieurs minutes pour observer cette pierre. Elle était précieuse, tant par sa composition que par les runes qu’elle possédait, information immuable de la magie qui l’animait jadis et ultime indice qui permettrait de lever le voile sur ce mystère. Cela rappela à Yggdar cet étrange sentiment, ou plutôt, cette étrange sensation qui l’avait envahie alors qu’il était, tout à l’heure, dans les souterrains. Finalement, il prit la parole.
- J’reconnais bien là les runes qui s’trouvaient dans l’cœur d’cette créature maudite. Il m’semble… Il m’semble qu’j’ai d’jà rencontré ces runes, mais pas dans ce patois et pas sous dans de telles dispositions… Quels corps r’couvraient cette pierre ? Ceux des fanatiques emmurés hein ? D’quoi c’te pierre est-elle faite d’ailleurs ? Il laisse une courte pause. J’dois vous dire Narundi, qu’dans cette grotte, là où la créature fut détruite, j’ai… J’ai r’ssenti comme une onde, une onde magique. Cette grotte effondrée renferme une grosse concentration d’magie anormale. Qu’est-ce qu’y-a dans c’te grotte effondrée ? Puis-je garde c’te pierre avec moi ? Je la ramènerait à Molgrunn en temps voulu, et par Yaron, je r’viendrais avec des informations. Mais en attendant, puis-je parler à vos barbes ?
Inga Chante-Roche
Ancien
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Sujet: Re: [Mare Noire] Remercier un Gromtrommi | Yggdar Lun 4 Nov 2019 - 16:21
Leur réaction ne se fit pas attendre, et la Narundi observa sans un mot les apprentis de Yaron se pencher sur la pierre maudite. Maudite... Elle le serait sans doute aux yeux de bien des nains, pour avoir emporté tant des leurs dans la tombe, sans parler de son origine. Que penser d'une pierre tirée des flancs d'un Temple condamné par le Grand-Roi lui-même, au moment de la reprise d'Almis des mains des fanatiques ?
Et pourtant, les deux dawis scrutèrent avec une infinie curiosité la pierre couverte de rune, la vieille barbe sortant même un curieux outil. Patiente, la Chante-Roche ne dit mot, buvant encore une gorgée du breuvage. Son assise soulageait ses jambes et son dos, mais là se trouvait aussi un piège dont elle prit bientôt conscience, tandis qu'une torpeur se déployait en son sein. Déposant la chopine, ce fut néanmoins d'un timbre plus doux, érodé par l'alcool et la fatigue, qu'elle répondit. Même son regard fixe fit montre de faiblesse, sous la lourde voûte de ses paupières.
"Dans le temple, il n'y avait que les corps des prêtres, oui.Fut-il dit avec un détachement froid, le regard cillant un bref instant, avant qu'elle change de sujet, ajoutant dans un souffle.De cette grotte, je ne puis vous parlez ainsi, Gromtrommi.S'entendant, la bavette se secoua, reprenant plus distinctement.Il me faut votre parole, ainsi que celle de votre fils, que vous n'en parlerez pas avec qui que ce soit, si ce n'est les dawis dans dans la confidence, et moi-même.Peut-être du fait de l'incongruité d'une telle demande, adressée à une si vénérable barbe, à moins que ce ne soit du fait de l'expression de son autorité, la Narundi ne s'en raidit pas moins... Avant de poursuivre, sitôt les mots adéquats prononcés.Nul ne sait ce que contient cette grotte, Gromtrommi. Elle fut découverte il y a de cela trois ans, au cours de travaux sous le Temple de Mogar, ainsi que la 'mare' qu'elle contient. Celle-ci est faite d'un liquide jamais vu, froid... Dont le moindre contact est douloureux. Le Grand-Roi a fait dépêché des runistes afin d'en savoir plus, sans grand succès, pour ce que j'en ai entendu. A présent que l'avez vu, rien ne vous empêche d'aller question ceux-ci."Quelque chose dans ces mots dénotait un certain déplaisir face à cet état de fait... Cela n'avait pas empêché la langue de la Narundi de se délier quelque peu.
Dans un court silence, les mires bleues dévièrent vers la pierre morte, à présent que la vie l'avait déserté. Face à des yeux étrangers, elle l'avait déposé... Et par cette même distance avec la cité, ceux-ci seraient à même de chercher des réponses en la lointaine Molgrunn, antique cité à l'activité renaissant depuis tout juste quelques années. Un trésor, ou une malédiction, qui s'en irait du ventre d'Almis l’Efflanquée... ? Inga doutait que la moindre réponse soit trouvée ici.
"Vous pouvez l'emmenez, Yggdar Fraperune. Que Yaron guide vos recherches, car c'est en un lieu bien obscur qu'elle fut trouvée."dit-elle finalement d'une voix sans émotion.
Finissant sa choppe, la jeune dawi se releva avec un semblant de raideur. Se retournant pour saluer les deux runistes, son attention revint vers les étranges verres posés sur le vénérable nez de la vieille barbe, derrière les arabesques grises de la pipe runée.
"Excusez-moi Gromtrommi, mais quel est cet outil ?"demanda-t-elle sur le même ton, quand bien même le sujet était tout autre et bien moins sentencieux.
Yggdar Frappe-Rune
Nain
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Sujet: Re: [Mare Noire] Remercier un Gromtrommi | Yggdar Mer 6 Nov 2019 - 8:51
La Narundi se montrait à la fois prudente et inquiète. Prudente vis-à-vis du passé, le passé lié à Almis, le passé lié au Grand Temple, le passé lié aux Braises-Vies qui vinrent à la rencontre des Derniers Halls, au tréfond des profondeurs de cette antique cité mainte fois blessée et mainte fois reconstruite. Inquiète vis-à-vis du futur, proche comme lointain, radieux comme ombrageux. Soucieuse des siens, elle semblait chercher des réponses sans trop y croire et les deux runistes, le vieux et le moins vieux, étaient quelque peu semblables à la pierre dressée et illuminée au cœur de la nuit, au phare guidant un navire en péril, à la grande étoile qui brille jour et nuit, guidant les Braises perdues jusque des rivages plus sûrs.
Lorsque la jeune Naine demanda le secret des deux runistes, Yggdar se tourna vers son fils, le visage baissé pour pouvoir passer son regard au-dessus du dispositif original de vision placé sur son nez. Lorsque celui-ci tapota sa main sur la table, signe d’un accord tacite et secret, Yggdar se tourna de nouveau vers la Narundi, toujours le visage baissé sur sa barbe et son regard passant au-dessus de ses lentilles. Puis, il acquiesça à son tour, créant un mouvement original quelque peu risible de sa barbe qui n’en finissait pas de se plier sous son menton. Ce qui suivit captiva l’attention des deux runistes. Yörl savourait sa bière par petites gorgées, moyen psychique de focaliser son attention sur des propos malgré le crépitement du feu dans l’âtre, les bruits des autres chambrées et ceux des cuisines à l’étage inférieur. Yggdar, lui, écoutait d’une oreille attentive tout en scrutant la pierre entre ses mains. De temps à autre, il baissait une lentille, en enlevait une autre, lui permettant de voir de près, de très près, ou de loin, ou en focalisant une certaine couleur, un certain pigment.
Le fait que la grotte ait été découverte il y a trois ans, que le Roi en personne s’y soit intéressé, qu’il y ait même eu une ou plusieurs interventions de runistes, titillait la curiosité d’Yggdar. Il aurait ardemment souhaité participer à cette campagne secrète, et il aimerait encore plus connaître les conclusions des runistes et leurs observations, partager leurs savoirs. Un millier de question naquirent dans son esprit, et un millier d’affirmation en suivirent. Certains des runistes qui travaillèrent sur cette mare sont dorénavant accessibles, maintenant qu’Yggdar est aussi dans la confidence. Et l’autorisation d’aller les voir était plus qu’une bénédiction. Si son cerveau était empli de phrases, de questions, d’interrogations, d’envies… Il n’en laissait rien paraître, sinon un regard concentré de ses yeux malicieux, son visage buriné et sévère rajoutant à cette expression profonde. L’autorisation d’emporter la pierre, cependant, lui fit sortir de cette latence.
- Merci Narundi, soyez assurée qu’je f’rais mon possible pour trouver des réponses !
Puis vint une question. Bien que poser des questions soit normal chez un Nain, être curieux autant qu’expert et malicieux, la Narundi avait démontré jusqu’ici une proportion à diriger et donner des ordres plus qu’a poser des questions. Et bien que celle-ci soit détournée du sombre sujet abordé juste avant, elle n’en demeurait pas moins une question.
- C’t’un dispositif qu’un vénérable poilu a mis au point à Kirgan, bien avant vot’ naissance Narundi. C’t’ingénieux ! Plusieurs lentilles d’différentes épaisseurs et points focaux permettent d’augmenter jusqu’à 100 fois l’approche ! Très utile pour Forger les runes. Si en parler ne lui posait aucun problème, il rechignait à les laisser dans d’autres pognes que les siennes. Néanmoins il osa s’en défaire, et il les déposa dans les mains de la Narundi apparemment assoiffée de connaissances. Et une fois ses tests faits, il les reprit, les rangea et fit part de ses intentions. Narundi, mes vieux os m’font mal. J’s’rais pas contre une bonne nuitée avant d’me mettre au travail. J’m’y attélerais d’main. Si vous avez b’soin d’moi, v’nez m’trouver.
La suite fut simple. Prenant place au creux d’un lit confortable et douillet, la vieille barbe pu oublier quelques heures durant, sa condition de vieux Nains aux articulations rouillées et aux os endoloris. Deux siècles à œuvrer dans une forge, à soulever de grandes plaques d’aciers et à en faire fondre tout autant, à frapper les métaux durant des heures sans interruptions, à être penché au-dessus des lames et des armures pour y forger les runes qui dureront toute l’éternité. Au petit matin, un petit déjeuner copieux lui permit de prendre la route et d’aller à la recherche des information nécessaires à la poursuite de sa mission.
Il alla d’abord s’enquérir des informations détenues par les runistes. Il lui fallut plusieurs de déambulation pour savoir où ils se trouvaient, et des heures durant, il passa de maisons en maisons, de taverne en taverne, pour interroger un maximum de runistes. Il espérait être plus vieux qu’eux, plus connu ou plus célèbre, pas par son nom mais par sa maîtrise de la forgerune. Pas par orgueil, mais pour éviter de passer par des heures et des heures de négociations tenaces pour, au final, trouver un mur impénétrable. Les Nains étaient opiniâtres, secrets, et têtus. Les runistes l’étaient encore plus. Alors être plus âgé, plus notable, plus respectable que son interlocuteur pouvait être un atout, dans de telles conditions.
Il ne pu en retrouver que quelques-uns, mais il les interrogea avec tout le professionnalisme d’un runiste passionné. Qu’avez-vous découvert ? Qu’avez-vous vu ? Qu’avez-vous ressenti ? Qu’avez-vous lu qui pourrait aider à comprendre cette mare, cette magie ? Qu’avez-vous dit ? Quelles runes étaient visibles ? Comment était le vieux Temple de Mogar avant que tout cela n’arrive ? Y avait-il des signes ? Des tremblements de terre ? Des échos insondables ? Que pouvez-vous me dire ?
Puis, il retourna au fond du gouffre, là où tout avait commencé. Passant par le tunnel étroit, il retourna dans l’antre du temple éventré. Il retrouva alors les rocs qui furent animés avant d’être détruits par la hache du Gormisson. Il retrouva les corps desséchés et poussiéreux des fanatiques de Mogar. Il tenta de trouver un indice sous les corps, dissimulé sous la poussière, sur les murs, derrière l’autel, sous les éboulis. Il s’esquinta les ongles, s’écorcha les doigts. Mais jamais il n’abandonna. Puis il se rendit dans le tunnel plus large et là où la première créature avait été abattue par les efforts combinés de l’acier et de la magie. Il tenta de s’y engouffrer, et il parvint à le faire, heureusement grâce à son fils qu’il l’assurait. Il retourna une nouvelle fois les rocs et les pierres qui composèrent encore la veille, le corps de cette créature infernale. Il tentait de trouver une pierre bizarre, spéciale, runée même un temps soit peu. Puis, il y avait la mare noire. Il eut envie de la toucher, mais ne s’y risqua pas. A la place il prit un morceau de ruban d’environ 1 mètre, qu’il enfonça dans la mare, lentement, afin d’analyser les mouvements. Point d’onde, point de bruit, point de vague. Un comportement étrange pour un liquide. Et surtout, il ressentait toujours cette oppressante magie anormale. Il manqua d’ailleurs par deux fois de régurgiter le contenu de son estomac, et sa tête se faisait lourde, les vertiges étaient monnaie courante. Il ressortir le ruban de la mare et regarda le comportement du liquide : imprégnait-il le ruban ? Y avait-il des gouttes ? S’évaporait-il ?
Après toute une journée de recherche, éreinté, il retourna à la taverne afin de réfléchir sur tout ce qu’il venait d’apprendre dans la journée.
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Sujet: Re: [Mare Noire] Remercier un Gromtrommi | Yggdar