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Sujet: [Libre] Noyer les coeurs Jeu 2 Mai 2024 - 23:10
Troisième ennéade de Verimios 21e année du Onzième Cycle Taverne des quartiers populaires
- Une autre ! Une autre ! Une autre ! Une autre!
La foule scande, tandis que ton dernier adversaire et toi vous regardez en chiens de faïence. Le nain est un habitué de la taverne, champion invaincu de leurs concours de beuverie, et il ne compte pas céder son titre durement gagné si facilement.
- Une autre ! Une autre ! Une autre ! Eeeeeeettt...
Vous avalez tous les deux une nouvelle bière cul sec. Puis vous vous levez tous les deux. Vous vous jaugez. Et il est temps pour vous de traverser l’endroit de part en part. Tes pas sont légers, et légèrement incertains, comme si tu marchais sur un lit de coton que tu aurais peur de percer. Les siens sont lourds, et – certes – assurés, mais inégaux. Votre aller-retour est complété tant bien que mal, et ça, ça c’est la foule qui ne saurait l’accepter.
- Une autre ! Une autre ! Une autre ! Eeeeet...
Vous répétez le mouvement, une fois encore, une fois de plus, mais cette fois-ci, ton adversaire arrive à bout de ses résistances. Le nain est le premier à faire le pas de travers, et à s’écrouler. Pendant un instant, tu le regardes, interdit, ne sachant pas quoi en dire, et finalement, tu te rends compte des implications de cette chute, et entraînant la foule avec toi, tu exploses en un cri de joie.
- J’ai gagné ! C’est toi qui paie la tournée le nabot ! et parce que tu ne peux t’en empêcher, tu commences une petite danse de la joie C’est moi le champion maintenant !
Et que fait le champion pour fêter son titre ? Il demande une nouvelle pinte de bière. Une moins forte cette fois. Tu jubiles intérieurement en sirotant cette dernière boisson. Puisses l’absence de familiarité de nombreux Vaanis avec la race Elfique être remerciée. Tu aurais probablement pu continuer ce petit jeu encore un moment avant que les effets de l’alcool ne te rattrapent vraiment, mais ça ils n’ont pas à le savoir. Aux yeux de tous tu n’es pas en bien meilleur état que ton collègue grand buveur, alors autant en jouer et profiter de la légèreté de l’ambiance.
- Qui est partant pour un jeu de fléchettes ? Le perdant paie les repas !
Pour leur sécurité plus que pour celle de leurs bourses, les volontaires sont peu nombreux, et même parmi les quelques courageux, il n’y en a – force d’être découragés par les plus raisonnables – finalement aucun qui arrive jusqu’à toi. Tu soupires de déception face à l’échec de ta petite entreprise, puis tu te résous à te rapprocher des taverniers.
- Un rôti d’une bonne viande à partager avec tout le monde. et aussitôt la demande faite, tu t’en retournes à tes occupations de faux-ivrogne Bon, vu que personne était partant je me suis occupé de la bouffe !
Et dès que – suivant tes mots – les premiers fumets de rôti échappent aux cuisines, la clameur remonte, et les festivités hivernales reprennent.
Azralith Zaurahel
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Sujet: Re: [Libre] Noyer les coeurs Ven 10 Mai 2024 - 11:52
Peut être était-ce cette promesse qui impliquait de rester à Thaar pendant encore quelques ennéades, retardant son pèlerinage et les réponses après lesquelles elle courait si désespérément. Elle qui avait toujours souhaité conserver une certaine neutralité depuis ses premiers pas au sein de la cité dorée, la voilà qui était désormais projetée face aux princes en de multiples occasions. Une opportunité aurait-elle pu penser jadis, mais elle ne ressentait plus grand intérêt à leur égard.
Peut être était-ce cette créature sylvestre fort têtue et particulièrement imprudente sur laquelle elle avait fait le serment de veiller. Ses ailes la portait d'une sottise à l'autre, volant parfois des pièces ou tout objet brillant et les lui ramenant avec une fierté à peine dissimulée. A bien l'observer, il devenait aisé de comprendre avec quelle facilité elle avait bien pu se faire capturer, et empêcher la récidive en devenait une épreuve particulièrement retorse. Fort heureusement, l'énergie qu'elle affichait au réveil impliquait un sommeil lourd et prolongé particulièrement salvateur.
Peut être était-ce froid mordant provenant des terres sauvages et qui avait complètement changé le visage de la cité dorée. Un temps qui rendait les rues plus facilement désertes et qui forçait au rapprochement une fois à l'abri des murs. Peut être était-ce cette volonté nouvelle, celle de faire taire ses pensées, ses questions, de ne laisser régner que son expérience et son savoir tant qu'elle n'aurait pas trouvé de réponses.
Ou peut être était-ce tout cela à la fois, un écho de son temps passé en ces lieux durant son exil, lorsqu'elle avait souhaité autrefois s'affranchir de la terreur et du contrôle imposés par son frère et de profiter du temps qu'il lui restait à vivre. Désormais, ce n'étaient rien d'autre que les pensées sombres dans son propre crâne qu'elle avait à combattre.
Elle avait donc décidé de s'autoriser à lâcher prise, au moins le temps de cette journée, et elle n'était visiblement pas la seule. Observant silencieusement les festivités qui l'entouraient, Azralith porta sa choppe à ses lèvres, savourant l'effort fourni par les taverniers de proposer un alcool Ilythiiri tentant d'imiter les saveurs du Puy. Un échec sans la moindre surprise, mais le liquide n'était pas affligé de cette même fadeur que les autres alcools vaanis et la guerrière avait appris à s'en accommoder.
A entendre les chants et les hurlements qui l'entourait, elle pouvait sentir sa braise sortir d'une torpeur qui l'avait profondément engourdie ces derniers jours. Elle pour qui broyer du noir n'était pourtant pas dans ses habitudes put sentir un rictus se dessiner sur son visage et une légère euphorie l'envahir. Cette même euphorie provenant d'une braise excitée, ses flammes exigeant une vie à l'excès, une passion déchaînée qu'aucune barrière ne devrait être en mesure de pouvoir ne serait-ce que ralentir.
Le regard écarlate se fixa un instant sur la silhouette qui dominait l'assemblée et qui semblait même la mener. Très grand, même pour un mâle, peut être même étonnement plus grand qu'elle. Un hybride sans doute, à en juger par ses traits sylvains et par la musculature épaisse qui les accompagnaient. Un reflet bien différent de celui presque sans émotions que projetait Radanath, au moins celui ci ne s'inclinerait pas face à elle en permanence comme une bête face à son maître n'est-ce pas ?
N'est-ce pas ?
Reposant sa choppe, Azralith prit son élan et sauta sur l'une des tables proches du comptoir. Des grommellements l’accueillir alors qu'elle bouscula de ses bottes quelques verres et renversa du liquide sur son passage. Elle pointa alors l'hybride du doigt, affichant un large sourire. « Et pourquoi n'essaierais-tu pas de vaincre un adversaire à ta taille pour une fois, Uln'hyrr* ? »
*Charlatan
Noerthil
Ancien
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Sujet: Re: [Libre] Noyer les coeurs Ven 10 Mai 2024 - 13:17
Tu échanges des plaisanteries avec l'un puis avec l'autre, papillonnant à travers la salle à la recherche de qui t'aiderait à passer l'ennui avant qu'il ne s'installe. Seulement si intoxiqué tu n'es pas, immunisé à la caresse du houblon tu n'es pas. Et quand l'alcool commence à te chatouiller, tu perds vite patience.
Les plaisanteries ont tôt fait de ne plus te suffire. Tu veux vivre un peu. Tu veux autoriser le personnage que tu joues depuis de trop long siècles déjà à ressentir quelque chose, fût-ce infime. Ne serait-ce qu'un frisson passager pour te sortir de la tiédeur du quotidien. Tu jettes les fléchettes que personne n'a voulu te prendre l'une par-dessus ton épaule, l'autre à la suite d'une pirouette et les dernières dans autant de ridicules frasques. Ainsi donnes-tu raison à ceux qui n'ont pas voulu te défier, car toutes se plantent aussi près du centre de la cible que leur autorise les précédentes arrivées. Quelques sifflements impressionnés tranchent à travers l'assistance, mais la majorité de la gente présente est déjà retournée à ses propres jeux. Ta présence est lentement oubliée à la faveur de la viande promise, jusqu'à ce qu'elle intervienne, et t'arrache à l'ennui qui te gagnait.
Les regards se tournent brusquement vers elle, puis brusquement vers toi. Et tu la regardes interdit, le temps de comprendre ce qu'il se passait. Toi qui as pris l'habitude d'être l'instigateur, le provocateur, l'amuseur de ton petit monde, être pris à parti t'est presque étrange. Étrange, mais pas désagréable.
- Moi ? tu te pointes toi même du doigt, feignant de ne pas comprendre Un adversaire à ma taille ?
En trois long pas d'une étrange légèreté et un bond de chat, tu la rejoins sur l'estrade improvisée, jaugeant un instant cette nouvelle rivale.
- Un adversaire à ma taille qu'elle a dit ?
Ton regard accroche celui du public, construisant, gonflant l'orage déjà montant en balayant la salle au lieu d'accorder visible attention à celle qui aura fait la folie de te défier. Tu attends que la tension soit à son comble, et tu arraches sans autre forme de procès la large chemise qui te flottait sur le torse. Bras ouverts, dos déployé comme une grand-voile, cicatrices et brûlures dévoilés aux yeux de tous, ton sourire portant en lui toute l'arrogance des immortels, tu approches de l'Eldéenne jusqu'à pouvoir poser ton front contre le sien.
- Ou ça ?
Tu parles sur le ton de la plaisanterie. Ils te voient tous toujours comme leur joyeux bouffon. Mais derrière ton bravado il y a un fiel véritable, que seul ce genre d'instants te permettent d'extérioriser.
Pour le meilleur et pour le pire.
Azralith Zaurahel
Drow
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Sujet: Re: [Libre] Noyer les coeurs Ven 10 Mai 2024 - 21:12
Non en effet, celui là en était bien l'opposition parfaite. Le produit le plus pur de son environnement, extravaguant et fier. Un ego à peine frôlé et pourtant déjà révélé dans un spectacle qui n'aurait eu rien à envier au rocambolesque du Jivven. Sa place face à la foule il l'avait conquise, et personne n'était visiblement en droit de l'y déloger.
Et si Azralith s'était attendue à une réaction de cet acabit pour un personnage maniant son charisme comme les mages le feraient de leur Art, elle n'avait en revanche pas prévue son approche et encore moins son front plaqué contre le sien. Une expression exubérante de la fierté en éruption en son sein, un reflet déformé de la guerrière à qui il en restait bien peu. Il était grand, épais, fort, dangereux. Elle ne put s'empêcher de sentir ses muscles se contracter, une flamme s'allumant dans ses prunelles écarlates.
Les provocations elle n'en avait cure, mais quelque chose dans ce geste, quelque chose dans ses yeux lui criait danger. Ses lèvres se retroussèrent et pour toute réponse un léger grognement s'échappa de sa gorge. Il n'était pas armé, ou tout du moins il lui semblait qu'il ne l'était guère, mais sa force brute n'en restait pas moins particulièrement dangereuse. Sa position était également loin d'être avantageuse pour la guerrière, elle n'aurait sans doute pas le temps de dégainer avant que le premier coup ne parte.
Mais les clameurs autour d'eux, la plupart encourageant d'une voix forte l'hybride l'apaisèrent soudainement. Ce n'était qu'un jeu. En apparence en tout cas. Elle n'était pas en danger, pas encore. Elle n'avait aucun ennemi en ces lieux, aucune fierté à défendre. Tous n'étaient ici que pour s'oublier, et aussi impressionnant l'hybride tentait de se faire paraître, il n'échappait sans doute pas à cette règle.
Alors, piètre actrice qu'elle était, il ne lui restait plus qu'à jouer à son tour. Elle s'écarta juste ce qu'il fallait pour avoir la place de retirer la fourrure sur ses épaules et de défaire son plastron de cuir. Imitant le geste de l'hybride, elle dévoila un torse à la musculature certes moins impressionnante, mais à la peau cendrée recouverte de nombreuses cicatrices et traces de scarification à peine camouflées par les bandages solidement serrés autour de sa poitrine. Un moment d'égard, un moment de fierté tel qu'il était perçu par d'autres. Mais à ses yeux il n'y avait nul suppuration d’ego dans un tel geste. Elle ne faisait que jouer après tout.
« As-tu donc si peu l'habitude d'en croiser ? » Elle plaqua son poing contre sa paume, faisant bruyamment craquer ses os. « Si tu as la vue qui flanche, j'ai de quoi y remédier. »
Noerthil
Ancien
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Sujet: Re: [Libre] Noyer les coeurs Sam 11 Mai 2024 - 0:05
Tu as beau profondément détester tout ce qu’elle représente, elle te plaît. Parce qu’elle joue le jeu. Elle accepte de faire de toi le dramaturge de ce moment, et suit le scénario que tu lui as écrit presque à la lettre. Elle te donne raison dans ton goût pour l’ostentatoire et devient l’antagoniste dont tu as besoin pour que brille pleinement ton étoile. La foule l’apprécie peu. La foule la déteste. Eldéenne qu’elle est. Engeance à la peau grise ayant tant fait souffrir le monde. La foule la déteste, mais avec chaque souffle, la foule aime un peu plus la détester, au point de secrètement espérer qu’elle arrache la victoire, ou qu’elle trouve au moins défaite honorable.
Toi, tu ne sais que penser. Elle te plaît. Tu apprécies qu’elle joue le jeu. Mais tu ne sais pas encore quel jeu elle a décidé de jouer. Tu lui laisses le cartes en main. Que veut-elle ? Que cherche-t-elle ? Que cherche-t-elle à prouver ? La raison voudrait que tu désamorces la situation, que dans un tour de passe-passe tu rappelles qu’au départ, ce duel n’était qu’affaire de boisson… mais te battre ne te dérangerait pas. Voilà trop longtemps que tu ne t’es pas réellement battu. Trop longtemps que les quelques pauvres hères s’étant essayé à t’affronter n’ont pas été de plus grands obstacles que les spectres contre lesquels tu te bats durant tes entraînements quotidiens. Trop longtemps que tu n’as pas ressenti ce frisson.
Tu avances à nouveau vers elle, ta garde toujours grande ouverte. Le tintement de la chaîne à ton bras droit jouant à tes oreilles une enivrante mélodie. Ton attitude ne change pas le moins du monde, ton coeur refuse de sauter un battement, mais l’espace d’un instant, tu as peur. Pas d’elle, non. Mais de toi-même. Tout ça n’est qu’un jeu. Tu ne fais que jouer. Tout ça n’est censé être qu’une grande parodie. Mais quelque chose en toi brûle, et si elle t’offre combat digne de ce nom, tu n’es pas certain de savoir le faire taire. Et si tu n’arrives pas à le faire taire, alors tu ne sais pas ce qu’il adviendra de vous. Car tu n’es pas un guerrier. Tu n’as pas appris à « te battre ». Tu as appris à tuer. Toute ta vie durant on t’a enseigné mille et une manières d’arracher leur dernier souffle aux envahisseurs Eldéens, et à ce jeu, tu es devenu excellent. Le meilleur parmi les tiens. Le seul qu’ils n’auraient jamais dû laisser en vie. Et aujourd’hui tu es là, face à elle, espérant que celui que tu es ne prenne pas le dessus sur qui tu prétends être, mais n’espérant qu’à moitié.
- Je demande à voir.
Tu lèves le menton, provocateur, et les doigts de tes deux mains s’agitent, ne sachant pas quel est le meilleur choix entre le plat et le poing. L’un de tes pieds cependant se décide, se tournant aussi discrètement que l’autorise les craquement de la table de bois sur laquelle vous êtes perchés. Quel que soit le jeu qu’elle cherche à jouer, tu es prêt.
Azralith Zaurahel
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Sujet: Re: [Libre] Noyer les coeurs Mar 14 Mai 2024 - 18:17
Il s’avança à nouveau, cherchant à tout prix à maintenir cette proximité, le menton haut. Il provoquait, il jouait, il cherchait à enflammer. Un artiste comme un autre, payé non pas en pièces scintillantes mais en regards et en attention. En rentrant ainsi dans son jeu, elle lui en donnait plus encore. Une clameur bruyante et fervente, une litanie dédiée à la perte, à l'abandon de soi, une transe fiévreuse addictive et inégalable.
Ses muscles se tendaient, se préparant au conflit, au choc devenu physique des deux personnalités éclatantes, chacune tentant de briller plus ardemment que l'autre. Il était homme de spectacle, d'apparence et de fierté, alors elle le nourrirait d'inattendu. Sa braise à elle, vibrait à son contact, cherchant l'étincelle qui lui permettrait de s'embraser et de faire hurler sa chair. Mais ce n'était pas dans le sang qu'elle cherchait à se noyer, pas cette fois, pas après le flou blanc enragé des dernières ennéades. Elle était las de cette douleur qui semblait avoir perdu tout sens, un carnage sans but, une frénésie inarrêtable semblable à celle d'un animal dénué de la moindre réflexion.
Alors l'hybride verrait, mais peut être pas ce à quoi il aurait pu s'attendre. Prenant son élan, elle tourna le dos à son adversaire et sauta sur l'une des tables adjacentes. Sa voix s'éleva à nouveau, mais cette fois ci avec un ton bien différent car elle se mit à chanter.
« Les loups sommeillent dans les bois, Les chauves-souris au vent tournoient, Mais son âme reste en alerte, Pourchassant ceux à qui il a juré perte.
Le noirelfe, sans remords, Cherchant la gloire et la mort, Il va, il vient, ne laissant rien, Que maux et chagrins, Grands chagrins. »
Les regards étaient tournés sur elle désormais, et la clameur s'était légèrement assoupie. Mais la guerrière elle, n'avait d'yeux que pour l'hybride. Interrompant son chant un court instant, elle sauta pour agripper une des poutres du plafond, effectuant un mouvement de balancier suffisant pour atteindre le comptoir sans jamais toucher des pieds le sol. Elle se recroquevilla alors sur le rebord, sa posture bestiale similaire à celle d'une gargouille. « Alors mon cher, ferme tes yeux, Ne bouge pas, ne crie pas, sois silencieux. Car le noirelfe, brave et fort, Cherchant la gloire et la mort, Te trouvera, te tranchera, et dévorera, Tout de toi. »
Une berceuse, un avertissement, une menace. Les chants vaanis avaient pour tendance de tourner le peuple Ilythiiri en ridicule, rares étaient ceux plus sombres qui avertissaient du danger. Et si Azralith avait choisi celui ci et pas un autre, ce n'était pas tant pour la foule que pour la paire d'oreille dont elle cherchait l'attention peut être plus que de raison.
Noerthil
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Sujet: Re: [Libre] Noyer les coeurs Dim 19 Mai 2024 - 14:45
Elle soutient ton regard un instant. Son corps se tend, son esprit s’échauffe, son cœur la brûle et la consume entière. Elle s’éteint. Elle fuit. Elle marque la cadence et entame une nouvelle danse. Désarçonné par le changement de rythme tu la regardes, moitié ébahi moitié amusé. Tu la regardes, mais tu ne l’écoutes qu’à moitié. La comptine, pour l’avoir mainte fois entendue, pour l’avoir longtemps vécue, tu ne la connais que trop bien.
Chéris ton père, chéris ta mère Chéris ta sœur, chéris ton frère Que ton sourire perdure à travers la misère
Les saisons nouvelles s’annoncent Les sables avancent Toutes choses en ce monde arrivent à leur échéance
Ainsi passe le temps Ainsi s’achèvent les tourments Seul à la fin survivra ton sang
Tu chantes à ton tour, ta voix grave résonnant en une chaude promesse dans la langue mourante de tes pairs et de tes pères. Tu n’es plus de ceux qu’effraie le monstre sous le lit. Ses griffes t’ont déjà tout pris. Dorénavant tu voyages toujours flèche encochée, car c’est le monstre la proie et toi le prédateur. Qu’il ferme un instant l’œil, qu’il ose s’endormir, et tu laisseras filer le trait. Et si ce n’est plus qu’en chansons que ses enfants livrent guerre, tu doutes fort qu’Elda ne tarde à s’assoupir.
- C’est pas trop mon truc les comptines. Je te l’accorde. tu hausses les sourcils T’as gagné.
Tu sautes de ton perchoir, achevant par la même occasion de désintéresser les derniers spectateurs de cette étrange rixe, et t’installes à un siège près du comptoir, et près de l’Eldéenne. Les fumets de viande s’emparent alors de l’atmosphère, et la salive monte aux lèvres de l’assistance. Voilà venue ta tournée. Une parfaite occasion de se livrer aux arts de la table, et de discuter.
- Tu veux quoi du coup ? tu tapotes le siège à côté du tien Si tu venais te choisir un prix au lieu de rester perchée là comme un queslac enrhumé ?
Azralith Zaurahel
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Sujet: Re: [Libre] Noyer les coeurs Ven 24 Mai 2024 - 12:35
Un souffle long, beaucoup trop long, vidant les poumons jusqu'à atteindre cette brûlure caractéristique propre à l'excès. Car il travaillait de pair avec la douleur, définissant avec elle ce qui séparait le tolérable de la surabondance, érigeant une fine barrière que seule l'expérience était réellement capable de révéler. Et la guerrière s'y noyait, elle s'y livrait les yeux fermés, dansant près du précipice à la recherche de tout ce qui pouvait l'embraser davantage, se délectant de la douleur qu'accompagnait la passion.
Elle vivait de la sorte autrefois à la limite du serment, se jurant de ne plus laisser son propre sang la priver de ce que les dieux pouvaient offrir à leur chair. Curieuse, insatiable, elle s'était emparée, elle s'était appropriée en faisant fi de la moindre éthique, du moindre code capable de l’enchaîner car elle exultait alors de liberté.
Et qu'était-elle devenue désormais ? Où était donc passée cette braise gourmande et affamée, emplie d'ambitions, de rêves, répondant à ses pulsions et les vénérant comme l'aurait fait un dévot face à l'autel de son dieu ? Il ne restait désormais plus que doutes, questions, et une peur, celle de ne jamais parvenir à se sortir de ce brouillard qui s'épaississait de jour en jour. Elle en avait toujours eu, toujours avait-elle cherché à comprendre ce qui l’entourait, à se comprendre elle même. Mais jamais cela n'avait pris une si grande ampleur.
Peut être était-ce une légère ivresse qui lui donnait soudainement cette impression, ou peut être était-ce de voir cet hybride évoluer dans ce monde qui était pleinement le sien. Comment pouvait-elle s'opposer à une âme étincelante si elle n'était même plus capable de conter ses propres ambitions ? Sa braise s'échauffait et elle réclamait ce qui autrefois lui était dû mais qui depuis bien longtemps désormais lui paraissait interdit.
Azralith suivit du regard l'hybride descendant de sa scène, un fumet particulièrement épais remplissant soudainement l'air autour d'elle. La viande vaanie avait une tendance particulièrement désagréable à faire preuve d'une fadeur extrême, et si certains établissements proposaient des plats Ilythiiris rares étaient ceux qui osaient pleinement l’assaisonnement eldéen.
« Un prix ? Ce n'est pas la récompense que je désire quand je concours, c'est le défi. » Lorsqu'elle avisa la main d'un homme s'emparant de la fourrure qu'elle avait laissé sur l'une des tables, elle quitta son perchoir et alla lui reprendre avec force, lâchant un profond grognement à son encontre. Récupérant son plastron, elle s'installa au comptoir prêt de l'hybride. « Et il me semble que mon défi initial s'est perdu dans le spectacle. » Une assiette fut servie à son interlocuteur et la guerrière observa un instant le rôti et le gras coulant à sa surface avant de reprendre. « Alors que dirais-tu de réellement te prêter au jeu de l'ivresse cette fois ? »
Noerthil
Ancien
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Sujet: Re: [Libre] Noyer les coeurs Lun 27 Mai 2024 - 11:03
- Ce n’est pas la récompense que je désire… tu imites la prosodie de l’Eldéenne, parodiant autant son timbre que son accent ...c’est le défi.
Plutôt que de lui répondre, tu assois un regard profondément dédaigneux sur elle. La demoiselle est physiquement impressionnante, mais elle parle encore avec la fougue et la naïveté d’une gamine. Ou du moins, la fougue et la naïveté qu’on attendrait d’une gamine du Puy. Plus tu en croises, et plus tu en es convaincu : les Eldéens sont décidément au moins aussi stupides que les Sylvains qu’ils détestent tant. Abandonner un esclavage pour s’en infliger un autre, voilà tout ce que leur culture avait réussi à faire.
- Les gens qui n’ont rien à faire de la récompense ça n’existe pas. Personne ne s’inflige de « défi » sans raison. tu lèves les sourcils aussi haut que te l’autorise ton front Et si c’est ton cas, alors non seulement tu serais bien la première, mais en plus c’est qu’il te manque une case.
Loin d’être la seule Puysarde à revendiquer poursuivre l’épreuve et l’affrontement, à repousser ses limites pour la beauté du geste, elle n’est qu’une parmi des centaines de milliers. Des centaines de milliers qui ne font que faire ce qu’on leur a appris et répéter ce que leur ont enseigné leurs anciens. Ils s’attachent à l’idée de ces épreuves de tous les jours car ce n’est qu’ainsi qu’ils sont capables de concevoir leur existence, car ce n’est qu’ainsi qu’on leur a appris à y trouver un sens. C’est simplement leur normalité. Ils y réfléchissent peu car leur monde est ainsi fait. Et souvent, les plus jeunes d’entre eux peinent à identifier les raisons pour lesquelles ils agissent de la sorte, quand pourtant elles leur ont été mot pour mot dictées dès le plus jeune âge. Leur « récompense », celle que ta camarade du soir est incapable de nommer pour elle-même, c’est simplement la promesse de ne pas être condamné à une éternité de souffrance et de honte dans l’après-vie. Sa récompense, c’est de prouver sa résilience, sa force et son inventivité aux yeux des dieux qui décideront de son sort, ni plus ni moins. L’Elda a passé bien assez de temps à essayer de te remodeler à son image pour que tu en sois conscient.
- Hey ! tu interpelles le serveur en picorant un peu dans ta viande Ma camarade et moi on va vous prendre quelques pintes de Zat’kyr. tu te tournes vers la drow Ça te va comme jeu du coup ?