/!\ Deux coeurs qui ne font qu'un... [Roxane]

La première chose que vit Eldis en se réveillant ce fut le haut du lit à baldaquin. Comme ça il ne pouvait juger, mais il pensait même que c’était son lit. Il se sentait bien, reposé et serein. Combien de temps avait-il dormit ? Quand s’était-il endormit même ? Il remonta le flot de ses souvenirs pour se rappeler ce qui s’était passé. Le salon, l’attaque, Cundu, le noir et puis Roxane. Roxane ! Elle s’était effondrée sur lui, il s’en souvenait. Dans un élan Eldis se redressa et regarda autour de lui. C’était bel et bien sa chambre. Qui… Hélios bien sûr, il ne pouvait y avoir qu’elle.

Alors qu’il se prépare à sortir du lit, il se tourne inconsciemment vers l’autre coté du lit pour trouver Roxane endormie… et changée. Changée ? Oui, car la jolie prêtresse n’était plus vraiment la même que la dernière fois. Son teint avait blanchit, tout comme ses cheveux. A la voir ainsi, on pouvait presque croire à une hybride. Son lien avec Leirn s’était amplifié pour la changer physiquement. Eldis se rassit et la regarda dormir. Elle était vraiment belle.

*Eldis ? Tu es réveillé ?*

Cette voix le tira de sa rêverie, et l’elfe humain détourna légèrement la tête pour répondre.

*-Je suis réveillé Cundu oui. Combien de temps ai-je dormit ?
-Deux jours entiers. Rien d’étonnant à cela vu ce qui s’est passé.*

Deux jours ? Machinalement l’écuyer se gratta le menton pour trouver une petite barbe de quelques jours sous ses doigts. Effectivement, il avait bien dormit deux jours.

*-Comment te sens-tu ?
-Bien, ça va, et toi ?
-Rassuré maintenant que tu es éveillé.
-Je m’en doute. C’est Hélios qui nous a porté ici ?
-Bien sûr, qui d’autre ?
-Et pourquoi sommes-nous dans le même lit ?
-C’était plus simple pour vous nourrir tous les deux plutôt que de crapahuter à travers le manoir.*

Effectivement, les avoir tous les deux au même endroit, était beaucoup plus simple pour s’occuper d’eux. Sur le coup Eldis n’avait pas remarqué mais il était torse nu, et ce n’était pas le pantalon qu’il portait avant de s’écrouler.

*-Otes-moi d’un doute, ce n’est pas Hélios qui m’a changé ?
-Il fallait bien vu l’odeur.
-Et Roxane ?
-Elle porte une chemise de nuit. Hélios n’allait pas vous mettre tous les deux nus dans le même lit voyons.*

Eldis hocha la tête, comme si Cundu pouvait le voir. Puis il se leva et alla se laver, se raser et surtout se changer. Deux jours dans les mêmes vêtements, bonjour l’odeur ! Alors qu’il finissait de se raser, il se regarda dans un miroir pour découvrir deux yeux rouges feu. Ca y est, cette fois la transformation était complète, le lien entre lui et Cundu s’étant renforcé quand ils avaient renoués ensemble. Il ressemblait pour de bon à un demi-drow. Avec un soupir il se détourna et alla auprès de Roxane.

Un jour entier passa sans que la draconienne ne se réveille. Eldis s’était occupé de la nourrir et de veiller sur elle, prenant la relève d’Hélios à son chevet. Melesiel dormait à poings fermés dans son berceau non loin du lit, pendant que l’elfe humain caressait doucement le front de Roxane, attendant légèrement inquiet qu’elle se réveille. Elle avait besoin de reconstituer ses forces après cette épreuve, il le savait, il n’y avait pas lieu de s’en faire. Mais entre sa raison et son cœur, c’est son cœur en ce moment qui prédominait et qui ne pouvait s’empêcher de s’en faire pour celle qu’il aimait.

Ramener quelqu'un d'entre les morts, ou du moins l'empêcher de traverser la fine barrière entre la vie et la mort n'était pas chose aisée à accomplir. Surtout quand on avait 17 ans seulement et qu'on n'était qu'une humble prêtresse. Mais une prêtresse déterminée et assistée d'une dragonne puissante. Sans Leirn, jamais Roxane n'aurait réussi. Et parce qu'elle n'avait fait qu'un avec sa dragonne et amie pour la première fois depuis qu'elles se connaissaient, le lien s'était enfin affirmé et les défenses de Roxane étaient tombées, les changements physique s'accélérant chez la jeune fille.

Il y a un an, Roxane mesurait 1m50 et des poussières, pesait 36 kilos, avait les cheveux noirs, les yeux noirs et le teint un peu hâlé des enfants des rues. Il y a un an, elle était un garçon manqué, un peu sauvage. Il y a un an, elle vivait chez ses parents, seule.

Et aujourd'hui, Roxane avait perdu un frère à peine retrouvé, avait perdu ses parents, avait été pirate, avait été invitée à une fête de nobles, était invitée à un mariage royal... Aujourd'hui, la petite prêtresse était aussi pâle qu'une hybride, ses cheveux devenus totalement blancs. Elle avait prit quelques centimètres et quelques formes, restant tout de même longiligne et menue.

Après un long... très long sommeil, la jeune fille émergea doucement d'un sommeil de plomb, sans rêves, sans cauchemars, sans pensées... Rien, le néant! Affaiblie, elle s'étira comme une chatte, et papillona des yeux... des yeux autrefois noirs et aujourd'hui d'un violet très pâle. La petite brune piquante était devenue une jeune femme diaphane... Etrange changement en vérité. Elle sentit une douce caresse sur son front et sourit alors que son regard plongeait dans celui d'Eldis, maintenant totalement écarlate.

- "Eldis..."

Sa voix n'était qu'un doux murmure. Dans son esprit, Leirn bondit, folle de joie.

*Roxy, tu es révéillée!!! Oh j'avais si peur! Ca fait déjà deux jours que je suis levée moi, fénéante!*

*Et en pleine forme à ce que je vois...*

*Oui, j'ai dormi une journée pour me remettre. Mais toi, il te faut trois fois plus de temps.*

Trois jours, elle avait dormi trois jours. Enfin dormi... C'était plutôt un sommeil comateux. Elle se frotta les yeux et se redressa, découvrant avec surprise qu'elle portait une fine chemise de nuit en soie... Un vrai luxe. Elle posa un regard interrogatif sur Eldis, comme pour lui demander une explication. Avant de renoncer. Bah, ce n'était pas si grave, c'était surement une servante qui s'était occupée d'elle.

- "Comment tu te sens Eldis?"

Elle porta une main sur la joue du jeune homme, un peu espiègle, alors qu'elle caressait sa pommette du pouce, soulignant son oeil.

- "Tu as renoué avec Cundu on dirait."

Elle, elle était loin de se douter à quel point elle avait changé... Plus qu'Eldis. S'il ressemblait à un demi drow, elle, elle ressemblait à une hybride.

Roxane s’éveillait doucement, gigotant légèrement sous les draps avant d’ouvrir les yeux. Eux aussi avaient changés, devenus aussi violet que ceux de Leirn. Un regard envoutant et magnifique dans lequel se perdait Eldis. Sa main continuait de caresser son front, ne se lassant pas de le faire Eldis étant plutôt encouragé par le sourire de la jeune prêtresse.

« Bonjour Roxane. Comment vas-tu ? »

L’elfe humain souriait, heureux de la voir enfin éveillée. Les yeux violets de la jeune femme se perdirent dans le vague, sans doute parce qu’elle discutait avec Leirn qui devait être on ne peut plus heureuse de voir sa sœur réveillée. Roxane se redressa et s’assit, lançant un regard interrogateur à Eldis en voyant sa chemise de nuit. Un sourire en coin se forma sur ses lèvres.

« J’ai eu la même réflexion que toi. Des serviteurs nous ont changés tous les deux pour que nous puissions récupérer plus à l’aise. »

Il se rapprocha d’elle, s’asseyant sur le lit pour se trouver juste à ses cotés. Il plongea de nouveau son regard dans le sien, ne se lassant d’admirer ses yeux.

« Rassuré maintenant que tu es éveillée. Je me suis moi-même réveillé à tes cotés hier et depuis je te veille. Je sais que tu avais besoin de reprendre des forces, mais je voulais rester auprès de toi jusqu’à ton réveil. »

Une douce main trouva sa place sur sa joue, soulignant sa pommette. L’elfe humain se frotta doucement dessus avant d’y déposer un baiser.

« Il est venu à mon secours, pour m’aider à lutter contre un vieil ennemi. C'est à ce moment-là que notre lien s'est renoué et renforcé. Sans lui je n’aurais pas tenu. Et sans toi je serais mort. »

La main d’Eldis passa sur les cheveux blancs de la jeune femme, qui loin de la rendre vieille lui donnait du charme. Elle ressemblait à une hybride désormais. Un sourire tendre et amusé illumina son visage.

« De ton coté, tu t’es enfin liée à Leirn à ce que je vois. »

Elle ne pouvait s’en douter évidemment, étant donné que les changements avaient eu lieu durant son sommeil. Mais au vu de la réponse énigmatique d’Eldis, nulle doute qu’elle comprendrait ce qui lui était arrivé. L’elfe humain espérait qu’elle supporterait sa nouvelle apparence.

La jeune fille avait un air doux peint sur ses traits délicats. A la voir ainsi, difficile d'imaginer qu'elle avait son petit caractère et était aussi prompte à s'enflammer et à taper du pied qu'à aimer et consoler.

- "Fatiguée... Pourtant, j'ai dormi trois jours. leirn a raison, je suis une fainéante."

Elle rit alors doucement, glissant sa main devant sa bouche alors qu'elle baillait discrètement. Elle avait posé une question muette à Eldis concernant sa petite tenue et celui-ci répondit sans même qu'elle ai besoin de parler à voix haute.

- "Oh je vois..."

Par contre, ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'ils avaient dormi dans le même lit pendant deux jours. Il vint s'asseoir à côté d'elle, semblant complêtement hypnotisé par son regard. Un franc sourire éclaire son visage alors qu'il lui avouait l'avoir veillée toute la journée.

- "Heureusement que je n'ai pas fais la marmotte pendant une semaine! Tu aurais été coincé ici avec moi tout ce temps!"

Elle avait reprit un ton léger, même si dans sa bouche, on pouvait penser que rester avec elle tout ce temps était une corvée. En même temps, ce n'était pas très drôle de veiller un malade jour et nuit pendant une semaine.

Elle parla du lien renoué entre Eldis et Cundu, parlant ainsi sans le dire de ses yeux écarlates. Une ombre passa dans le regard pâle alors qu'il parlait d'un vieil ennemi auquel il n'aurait pas résisté sans son dragon.

- "Quel ennemi? Il n'y avait personne au château..."

Comment aurait-elle pu deviner que l'attaque avait été lancée à distance par une race antique dont elle ne connaissait même pas l'existence?

- "Je n'aurais pas pu te laisser partir loin de moi toi aussi... Je me suis relevée de tous les chagrins, de toutes les épreuves, mais je n'aurais pas surmonté ta perte."

Il caressa ses cheveux et luifit une remarque qui la fit tiquer. Enfin liée à Leirn? Comment ça? Elle baissa les yeux sur elle même, avisa ses bras à la peau diaphane. Elle fronça les sourcils, prise d'un doute. Elle se passa une main dans les cheveux et écarquilla les yeux de surprise (ou d'horreur?) en voyant ses cheveux autrefois si noirs, aujourd'hui si blancs.

- "Oh par les dieux..."

Ce n'était qu'un souffle. Elle était estomaquée et choquée de se découvrir si différente. Il lui semblait que cela était la manifestation physique d'une évolution qui lui interdisait tout retour en arrière. L'ancienne Roxane était morte... Voilà comment elle voyait ce changement. Elle rejeta les couvertures, laissant voir à Eldis ses jambes découvertes par une chemise de nuit remontée dans son sommeil, et elle s'assit au bord du lit, la tête un peu à l'envers. juste un étourdissement, rien de grave. Il y avait une coiffeuse pas très loin...

Elle devait se voir...

Elle se leva alors, lançant un regard à Eldis qui était on ne peut plus clair : il n'avait pas intêret à l'en empêcher! Elle avait l'air d'un fantome... La seule touche de couleur était ses yeux et encore, la couleur était délavée... Un peu hésitante et flageolante sur ses jambes comme un poulain venant de naitre, elle alla jusqu'au miroir de la coiffeuse... et étouffa un cri en se voyant, les mains devant sa bouche alors qu'elle restait pétrifiée par son image evanescente. Ce n'était pas elle ça... Ce n'était pas elle...

Elle éclata en sanglots, alors que ses jambes la lâchaient. Mais Eldis n'était jamais bien loin et c'est contre sa poitrine musclée qu'elle trouva refuge, si petite dans ses bras de colosse... et si bien.

- "Roxane Amras... est... morte..."

Entre deux sanglots, elle lui avouait toute l'étendue de son drame.

« Il n’y a rien de mal à être une fainéante, pas après ce que tu as accomplie. Tu as besoin de reconstituer tes forces c’est tout. Ton corps est reposé, mais peut-être n’en est-il pas autant de tes pouvoirs. »

Eldis lui sourit alors qu’il l’entendit rire, appréciant le doux chant de sa voix. Sans qu’elle ait besoin de le formuler, l’elfe humain comprit la question de Roxane et lui répondit. Il ne lui précisa pas par contre qu’ils avaient dormis cote à cote. Il lui dirait tout à l’heure plutôt.

« A t’entendre, on pourrait croire que veiller sur ton sommeil est une corvée. Saches que cela ne m’aurait pas gêné de le faire toute une semaine. Au contraire. Je me suis rendu compte que j’adorais te regarder dormir. Tu as vraiment l’air d’un ange quand tu dors. »

Un ange dont il ne pouvait plus détacher ses yeux. Il la regardait comme si elle était la plus belle chose au monde, et à ses yeux elle l’était. Les beaux yeux violets de Roxane se voilèrent un peu quand il lui parla de son vieil ennemi. Elle pensait qu’il était dans le château, aussi devait-elle avoir peur qu’il ait pu l’attaquer elle aussi.

« Ne crains rien, il n’est pas là. Il n’est même jamais venu. Son attaque était mentale, il cherchait à me briser pour que je lui obéisse en tous points. Si Cundu n’était pas venu, je serais devenu son esclave, comme il rêve que je le sois depuis que je suis un enfant. »

Son regard coula sur son bras gauche où il portait la marque de son asservissement : une brûlure qui englobait tout son bras, du poignet jusqu’à l’épaule. Roxane ne pouvait la voir sous la chemise blanche qu’il portait, sauf si elle regardait près de sa main. Elle pourrait voir alors la démarcation entre cette dernière et son poignet que la chemise ne pouvait cacher.

La main d’Eldis se posa contre sa joue, alors qu’elle lui avouait sa crainte de le perdre.

« Tu ne me perdras pas Roxane, je te le promets. Je te promets de ne plus te faire cette frayeur. Nul ne pourra me séparer de toi, pas même Tari. »

Le visage d’Eldis s’était approché de celui de Roxane alors qu’il lui faisait cette promesse. Tout doucement il approcha encore plus son visage d’elle, et ferma les yeux tandis que ses lèvres rencontrèrent celles de la jeune femme pour y déposer un baiser tendre et amoureux.

Il s’écarta ensuite pour l’admirer avant de lui parler de son lien renforcé avec Leirn. Elle s’observa avant d’écarquiller les yeux en voyant ses cheveux. Elle enleva les couvertures, dévoilant le reste de son corps avant de sortir du lit non sans mal tandis que l’elfe humain se levait lui aussi. Elle n’était pas encore parfaitement réveillée mais elle se reprit vite et prévint du regard Eldis qu’il n’avait pas intérêt à l’empêcher d’aller se regarder dans un miroir. Il lui suivit jusqu’à la coiffeuse, inquiet de sa réaction. Roxane se vit dans le miroir et fondit en larmes dans ses bras. Eldis la serra doucement de ses bras protecteurs, la berçant doucement et lui embrassant les cheveux. Ses paroles lui transpercèrent le cœur, ne comprenant que trop bien ce qu’elle ressentait.

« Non, c’est faux. Roxane Amras n’est pas morte, elle a juste changée. »

Doucement il l’écarta d’elle pour l’obliger à le regarder. Il posa ses mains sur ses joues et lui essuya les larmes.

« Une personne n’est pas définie par son apparence physique, mais par son caractère. Nous ne sommes pas ce que vois les autres, ce n’est pas le physique qui fait une personne. Extérieurement tu n’es plus la même, mais intérieurement tu es et tu seras toujours Roxane Amras. Elle ne mourra que quand tu le décideras et pas avant. »

Eldis lui offrit un sourire qui se voulait rassurant, voulant apaiser ses craintes.

« Je comprends ce que tu ressens, je suis passé par là moi aussi. D’humain je suis devenu demi-elfe avant de finir demi-drow. Il est dur de se dire que nous ne serons plus jamais les mêmes, que le corps avec lequel nous avons vécu toute notre vie a irrémédiablement changé. Nous ne pouvons rien faire pour changer cela, hormis nous accepter tels que nous sommes. Cela prendra du temps, mais je serais là pour t’aider. »

Il l’enlaça à nouveau dans ses bras protecteurs avant de murmurer :

« Tout ira bien Roxane, je le te promets. Je suis là, avec toi, maintenant et à jamais. »

- "Je sais pas, c'est la première fois que je réussis ça... La dernière fois, pour Triss... J'avais pas la force."

Est-ce qu'elle avait gagné en expérience et en puissance, ou bien simplement avait-elle puisé dans les réserves de Leirn? Mais pourquoi cela n'avait-il pas fonctionné avant? Lien trop neuf avec Leirn? Ou bien était-ce son amour pour Eldis qui lui avait permis cet exploit? Elle n'en savait rien...

- "Mais je ne sais pas si je serais en mesure de recommencer avant longtemps... très longtemps même. C'est... incroyablement difficile. Et je ne pense pas être capable de le faire avec un étranger."

Elle n'osait pas avouer que c'est parce qu'elle l'aimait qu'elle y était parvenue. Roxane était quelqu'un de franc, mais certaines choses lui faisaient encore peur, notamment les choses de l'amour et du sexe. Traumatisée trop jeune.

Elle posa une question muette à Eldis, à laquelle il répondit, la faisant sourire de nouveau, alors qu'elle répliquait, taquine :

- "Seulement quand je dors alors!"

Oui parce qu'éveillée, elle était un peu moins sage et surtout, moins muette. le regard qu'Eldis lui lançait était étrange... Différent de d'habitude. Il la couvait des yeux et elle ne savait pas quoi en penser... Aussi se concentra-t-elle sur ce qu'il s'était passé pour qu'il soit si près de la mort. Inquiète de savoir qu'on l'avait attaqué, elle ne comprenait pas par où il avait pu s'enfuir. mais la réponse lui vint : il n'avait jamais été là, c'était une attaque psychique. Elle écarquilla les yeux d'horreur. Par les dieux, mais c'était encore pire! Si on pouvait l'attaquer ainsi à distance, comment se défendre? Elle lui lança un regard grave. Un ennemi qui veut l'asservir depuis l'enfance...

- "Qui est-ce? Pourquoi te veut-il toi?"

Elle avait conscience d'entrer sur un terrain glissant car secret... Il pouvait refuser d'en parler, comme accepter. Il baissa le regard et elle le suivit, fronçant les sourcils en voyant un marque de brûlure à laquelle elle n'avait jamais fait attention. Elle devinait que cette marque était en rapport avec ce mystérieux ennemi. Il caressa sa joue, lui faisant relever le regard alors qu'il promettait de ne plus jamais narguer la mort ainsi.

- "Je ne te laisserais pas le faire..."

Les lèvres d'Eldis se posèrent alors sur les siennes, lui faisant ouvrir grand les yeux sous le coup de la surprise. C'était la première fois qu'on l'embrassait comme ça... Elle sentit son coeur faire une violente embardée alors que des papillons semblaient voleter comme des furies dans son estomac. Elle ferma les yeux à son tour, passant ses bras fins autour de la nuque à présent puissante du jeune draconien. Jamais elle ne s'était sentie aussi bien...

Elle rouvrit les yeux et dénoua ses bra,s à regret, alors qu'il lui parlait de quelque chose qui la troubla. Pour en avoir le coeur net, elle alla se mirer dans la glace et s'effondra en larmes dans les bras d'Eldis, vaincue par le contre coup. Elle ne se reconnaissait plus et c'était terrible. Eldis, encadra son visage entre ses larges paumes brunes et viriles, la rassurant... Il vivait la même chose qu'elle. Et elle n'était pas seule... Elle plongea dans le feu rutilant de son regard... Il avait raison.

Il l'enlaça de nouveau. Elle glissa ses bras si pâles autour de son cou, l'attirant à elle. Cette fois, ce fut elle qui l'embrassa, doucement, cherchant son amour et du réconfort. Elle était si petite dans ses bras, si bien, blottie contre son torse puissant. Elle chuchota contre ses lèvres :

- "Aime-moi..."

Eldis ne dit rien quand Roxane lui rappela la mort de Triss, baissant juste un peu les yeux au souvenir de sa mort. C’était leur première rencontre à tous les deux. La pauvre Roxane était alors couverte de son sang, tenant son frère entre ses bras en lui caressant les cheveux, luttant pour le faire survivre. Mais cela n’avait pas suffit et Triss était mort. Elle s’était de nouveau retrouvée dans cette situation avec lui, mais avait puisé dans les réserves de Leirn pour le sauver. Pourquoi ne s’y était-elle pas risquée avant ? Sans doute la peur de ce que cela impliquait. Mais maintenant qu’Hélios avait pris son entrainement en main, peut-être qu’elle n’avait plus eu ce genre d’appréhension. Ou qu’elle était prête à tout pour qu’Eldis ne meure pas.

« Tu ne pourrais le faire avec un étranger ? »

Cela impliquait qu’elle devait ressentir quelque chose pour celui ou celle qu’elle sauve pour parvenir à cet exploit.

« Penses-tu que tu y serais parvenu si cela avait été quelqu’un d’autre que moi ? »

Avait-elle des sentiments pour lui ? Etait-ce grâce à cela qu’elle avait réussit à l’arracher à la mort ?

Eldis lui avoua adorer la regarder dormir, la comparant à un ange, et Roxane répliqua qu’elle n’en était un que lorsqu’elle dormait. Eldis sourit à cette remarque avant de répliquer :

« Non, tu as toujours l’air d’un ange. Eveillée, tu es un ange espiègle, passionné et vindicatif, mais un ange quand même. »

La façon qu’avait Eldis de la regarder avait changée. Il osait enfin la regarder sans cacher ce qu’il ressentait. Elle s’était insinuée dans son cœur dès leur première rencontre, et cela il le savait. Mais il ne s’était pas rendu compte jusqu’à présent de combien elle s’était enfoncée profondément, se nichant au centre même de son organe vital pour ne plus en ressortir. Elle était dans son cœur, et rien ni personne ne pourrait l’en déloger, pas sans le détruire en même temps.

La conversation dériva alors sur l’attaque mentale de l’Oridian, effrayant Roxane au possible. Il fallait lui dire toute la vérité un jour ou l’autre, mais était-ce vraiment le bon moment ? Soupirant il la regarda droit dans les yeux.

« Celui qui m’a attaqué est un Oridian, le dernier représentant de son espèce. Il a été enfermé il y a des siècles de cela dans une grotte par tous les peuples réunis, incapables de le tuer. J’ignore comment et pourquoi je me suis retrouvé dans cette grotte alors que je n’étais qu’un bébé, mais le fait est qu’il ma marqué à cette époque. »

Pour appuyer ses dires, Eldis souleva la manche de sa chemise et dévoila ainsi la cicatrice qui lui enserrait tout le bras.

« Grâce à cette dernière il est en lien avec moi, me forçant à agir selon sa volonté pour le libérer. Quand je me suis lié à Cundu, nous avons pu dresser une barrière qui l’empêchait de pénétrer mon esprit. Mais quand nous nous sommes brouillés tous les deux, l’Oridian a vu une brèche et en a profité. Heureusement Cundu est revenu et m’a aidé à le repousser une nouvelle fois. Une telle chose n’arrivera plus. J’y veillerais. »

Il fallait que cela cesse, et pour cela il fallait le tuer. Cela pouvait paraitre idiot étant donné que personne n’y était parvenu auparavant, mais ils n’étaient pas liés à un dragon. Et surtout, ils n’étaient pas immunisés au feu. Eldis l’était. Tout comme Hélios. A eux quatre ils avaient de fortes chances de le tuer.

Eldis promit alors de ne plus tenter la mort, ne voulant plus être séparé de Roxane. Elle-même l’avertit qu’elle ne le laisserait pas faire, ce qui fit sourire Eldis. Sans réfléchir il l’embrassa, tout en douceur, détruisant le dernier barrage de son cœur. C’était la deuxième fois de sa vie qu’il embrassait une femme, mais cette fois ce n’était pas mêlé à du désir. C’était de l’amour pur et sincère, guidé par les sentiments et non la passion sulfureuse du moment. Roxane enserra son cou de ses bras, répondant à son baiser. Il était si heureux…

Doucement il se détache d’elle pour lui révéler alors son attachement à Leirn, et Roxane partit se regarder dans le miroir avant de fondre en larmes dans ses bras. Eldis la rassura du mieux qu’il put, lui promettant de ne jamais la quitter, d’être là pour elle et Roxane l’embrassa cette fois. Le draconien répondit à son baiser avant de l’entendre murmurer une requête entre ses lèvres, une supplique venue tout droit du fond de son cœur. L’elfe humain la regarda dans les yeux avant de de poser son front contre le sien et de murmurer à son tour.

« Je t’aime… »

Eldis l’embrassa de nouveau, passant ses mains dans son dos pour la serrer doucement plus près de lui. Il l’avait dit, il l’avait avoué. Ces mots étaient venus spontanément, sans réfléchir, son cœur répondant à l’appel de détresse de celui de Roxane.

« Je t’aime Roxane Amras… »

La jeune fille ne répondit pas tout de suite aux questions d'Eldis. Les souvenirs de la plage lui revenaient en mémoire, désagréables au possible. Ils étaient toujours teintés de tristesse et de regret, mais la page était tournée. Etait-elle encore cette jeune fille éplorée et perdue de la plage? Il lui semblait que cela remontait à des années...Et pourtant, quelques mois s'étaient écoulés. Seulement quelques mois.

- "Eldis, poses-tu ces questions parce que tu ne sais pas les réponses ou juste pour confirmer quelque chose que tu préssens déjà?"

Elle avait relevé les yeux sur lui, un regard qui semblait sans âge, ce regard de prêtresse qui était si déroutant dans son visage si jeune. Mais son sourire espiègle, lui, n'avait rien d'antique.

- "Non, je n'aurais pas pu le faire avec un étranger, tout simplement parce qu'il me faut suivre un fil conducteur, créé avec la personne. Donc, je dois la connaître et plus je la connais, moins c'est difficile."

Elle pensait s'exprimer maladroitement, mais ne savait vraiment comment décrire son étrange pouvoir de guérison. Prêtresse de néera et guérisseuse, elle doublait son pouvoir bienfaiteur, mais le prix restait très élevé. Elle planta son regard violine dans celui, rougeoyant d'Eldis et répondit avec sa franchise habituelle et déroutante :

- "Non... Je ne me serais pas battue de la sorte pour un autre."

Parce qu'un autre ne lui aurait pas tant manqué... Parce qu'elle avait prit le risque de laisser la vie dans son entreprise, alors que la vie était une chose sacrée pour elle.

- "Je suis un drôle d'ange Eldis... Un ange aux multiples facettes qui ne sait pas lui-même qu'elle est la bonne. Espiègle, vindicative, passionnée? oui, sans doute... Mais quelques fois calme comme l'eau d'un lac, douce... Trop vieille pour mon jeune âge."

Elle se mit à rire, un petit rire léger et frais, qui contrastait avec la gravité de ses paroles. Cependant, la conversation prenait une tournure où le rire était proscrit. La jeune fille fronça les sourcils alors qu'Eldis lui narrait succintement son histoire. En effet, c'était étrange et Eldis avait des origines bien mystérieuses. Il exhiba une magnifique cicatrice aux yeux de la jeune fille qui passa un doigt délicat dessus, se demandant déjà s'il n'y avait pas un moyen d'effacer cette cicatrice et de briser le lien. Mais elle n'était pas assez douée en magie pour ça ou même pour savoir si c'était envisageable.

- "Et comment feras-tu pour qu'il te laisse tranquille?"

Elle pensait connaître les réponse, même si elle n'était pas à son gout. S'ensuivit un moment de flottement et de remise en question où la jeune fille osa demander à Eldis quelque chose qu'elle ne s'était pas encore avouer. Heureusement, il ne la repoussa pas, répondant même avec tendresse à son appel désespéré. Elle se nicha contre lui et chuchota, comme le plus inavouable des secrets :

- "Rends moi de nouveau pure Eldis... rends moi mon innocence, apprends-moi ce qu'est l'amour véritable, efface la cruauté des hommes."

Les larmes coulaient doucement. Souillée, elle était souillée et elle n'avait connu d'autre contact que celui, brutal, d'homme en rut... Et cela faisait mal, si mal...

Je regarde Roxane sans ciller tandis que défile dans ma tête les souvenirs de la mort de Triss. Un moment pénible pour tout le monde, même pour moi qui ne le connaissait pas. J’avais pris les choses en main, rendant hommage à ce grand homme sans même le connaitre. Ses cendres avaient été dispersées dans la mer, sa compagne de toujours, sa seule et véritable amante. Roxane me confie ne pas pouvoir réitérer l’exploit qu’elle a fait avec un étranger, et je lui pose une question, dont je le reconnais, je pressens la réponse. Je ne réponds pas, faisant un petit sourire tandis qu’elle me répond. Je me doutais bien que c’était cela.

« Je comprends. »

Ce fut tout ce que je pus dire. Je gardais mes yeux plongés dans les siens tandis qu’elle m’avouait qu’elle n’aurait pu se battre autant pour quelqu’un d’autre. Cet aveu me suffit pour savoir pourquoi. Pour la même raison que moi.

« Et moi je n’aurai pas trouvé la force de revenir si une autre que toi m’avait appelée. »

Il n’y avait qu’elle qui avait le pouvoir de faire vaincre la mort, il n’y avait que pour elle que je pouvais accomplir ce genre d’exploits.

« Tous les deux nous avons vu et vécu trop de choses pour notre âge. Tant d’horreurs, tant de monstruosités. Nous avons grandit trop vite, aussi ne savons-nous comment réagir. Retrouver la fraîcheur de notre âge, ou bien assumer cette sagesse qui n’est pas pour notre âge ? »

Je souris tristement tout en lui caressant les cheveux.

« Mais quoi que tu en dises, pour moi tu es et tu resteras à jamais un ange. Mon ange. »

Encore un aveu sur ce que je ressens vraiment. J’avoue autre chose ensuite, quelque chose de plus grave, de plus sérieux. Je raconte à Roxane ce qui m’est arrivé, mon passé trouble avec l’Oridian et ensuite le fait que je peux faire en sorte qu’il cesse de me hanter. Elle se doute bien de la réponse, mais je la formule à voix haute.

« Je le tuerais. »

Je suis de marbre, montrant que cela ne m’enchante pas plus que cela. Je dois le faire c’est tout, afin d’être de nouveau libre. Je dois tuer ce monstre avant qu’il ne prenne le dessus sur moi. Je sais où il est, je dois juste prendre des forces et m’entrainer pour être prêt.

S’ensuivit des révélations qui firent pleurer celle que j’aimais. Elle n’accepte pas sa condition, et cherche le réconfort dans mes bras avant de me faire une demande qui me surprend. Tout effacer, lui faire oublier ces moments désagréables, lui faire connaitre ce qu’est véritablement l’amour. Je suis innocent dans ce domaine, étant encore chaste. Oui, moi seul peut lui apporter cette innocence. Doucement je la prends dans mes bras pour la ramener au lit et le déposer délicatement. Au-dessus d’elle, je la regarde avant de l’embrasser doucement, tendrement, amoureusement. Une de mes mains caresse doucement sa hanche, cherchant lentement à remonter sa robe de nuit. Je n’y connais rien en amour, aussi je vais lentement dans mes gestes. Lui enlever sa chemise de nuit tout en douceur, être tendre, être doux. Comment ne pas l’être quand on est paniqué à l’idée de ce qui va suivre ?

Oui, tous deux avaient vécu trop de choses, trop d'horreurs... Mais c'était ainsi que l'on grandissait... Si l'évolution de Roxane était spectaculaire, celle d'Eldis n'avait pas grand chose à lui envier... Humains élevé par les elfes, voilà qu'il se retrouvait écuyer et intendant d'un baron, transformé en demi drow bien malgré lui. Mais ainsi, il se rapprochait de l'éternité...

- "Eldis... Notre lien avec les dragons a allongé notre vie... retourneras-tu voir les tiens pour leur annoncer la bonne nouvelle? Tu souffrais de ta mortalité, mais elle n'est plus un obstacle désormais. Tes parents ne souffrirons pas de te voir vieillir et mourir, du moins, pas avant de très longues années..."

Mais il avait changé... Avait-il peur de leur réaction maintenant qu'il était différent, bien plus grand, bien plus musclé aussi? plus proche des drows qu'il n'était décemment admis?

- "Parfois, j'oscille entre la sagesse d'une grand mère et l'impétuosité d'une enfant. Je flotte entre deux mondes, sans pouvoir décider auquel j'appartiens. Tu es plus mature que moi à ce niveau-là."

La jeune fille sourit alors qu'il réitérait ses dires. Elle était son ange, maintenant et à jamais. Comme une promesse, ils se liaient tendrement l'un à l'autre.

Son sourire se fana alors qu'il confirmait ses doutes. Pour être tranquille, il devrait tuer son ennemi. Roxane soupira, mais acquiesça doucement. C'était son droit et son devoir pour être libre, elle n'avait rien à y redire, même si c'était une folie dangereuse. Elle l'aiderait. Même s'il ne voudrait sûrement pas qu'elle l'accompagne, elle viendrait et lui apporterait son maigre soutien. Et il n'aurait rien à redire là dessus non plus. Elle n'aborda pas le sujet maintenant, pour ne pas enclencher une dispute. Elle n'avait pas envie de confrontation, mais de tendresse... d'amour.

Alors, elle lui fit une demande des plus étranges. Son âme aspirait à connaître sa douceur, mais son corps avait peur des mains des hommes, même celles d'Eldis. Elle ne savait pas si elle saurait se donner à lui ou bien se raidirait et pleurerait sous la vague de souvenirs. Et il n'y avait qu'une raison de le savoir... Elle était jeune, mais pas stupide. Combien de fois avait-elle entendu parler les femmes qui disaient que le sexe était indispensable à l'homme? Eldis était un homme, il ne se contenterait pas d'un amour platonique avec Roxane...

Il la prit alors dans ses bras et l'emmena jusqu'au lit. Là, elle tressaillit, mais cacha sa peur. Il l'abreuva de baisers doux et chauds qui la firent frissoner de plaisir, si bien qu'elle en oublia qu'il levait doucement sa chemise de nuit, dévoilant son intimité. Quand elle s'en rendit compte, elle se raidit, alors qu'une autre scène lui revenait en tête, bien moins tendre et posa ses mains à plat sur le torse de son compagnon, le souffle court.

- "Je... Eldis..."

Quoi? Elle lui avait demandé non? Que dire maintenant? Qu'elle était morte de trouille, que les souvenirs revenaient?

- "J'ai peur..."

Elle ferma les yeux, tout en chuchotant :

- "J'ai envie de connaitre cela, mais j'ai peur... les images... elles tournent dans ma tête..."

Elle se mordilla la lèvre inférieure, ses grands yeux violets attendant le verdict...

Roxane me pose une question qui me trotte dans la tête depuis plusieurs temps déjà. Revoir ma famille. Oui j’y ai pensé. Plusieurs fois même. Mais maintenant j’ai peur. Je ressemble à un demi-drow, et même si je sais qu’ils m’aiment, la peur de leur regard sur le nouvel Eldis m’effraye.

« Retourner parmi les miens ? J’en ai envie oui. Mais je t’avoue craindre la réaction de ceux de mon village. Même si je sais qu’ils ont appris à voir au-delà des apparences, la peur ancestrale est toujours dans leur cœur. Me voir revenir aussi musclé, et doté d’oreilles pointues et d’yeux rouges… »

Je ne finis pas ma phrase, la laissant en suspens un moment avant de reprendre.

« Mes parents m’accueilleront à bras ouverts. Ils reconnaitront que je suis toujours le même dans mon cœur. Je… je pense que je retournerais les voir oui. Un jour, avec Melesiel. Et toi si tu le veux. »

Je n’ai pas envie d’y aller seul. J’ai peur d’être rejeté, et si c’est le cas j’aurai besoin de soutien. Je lui fais un sourire en coin à son compliment.

« Moi plus sage ? Pas vraiment. Si je l’étais, jamais Cundu et moi ne nous serions séparé. Je commets des erreurs, graves même. Ma seule force c’est d’en ressortir grandit, calme et réfléchit. Après avoir vu les massacres dans les royaumes de l’Ouest, je ne me pensais plus capable de sourire. Mais Melesiel est arrivée dans ma vie. Et toi, tu y es revenue. »

Elles deux sont mon soutien, ma force, celles qui chassent mes noires pensées d’un simple regard ou sourire. J’ai besoin d’elles pour vivre. Sans, je ne serais plus qu’une coquille vide.

Je la complimente, la comparant à un ange descendu du ciel. Tous ne la verront pas ainsi, mais moi si. Et d’ange, la conversation tourna autour d’un démon qu’il me fallait occire pour être enfin libre. Elle comprend, je le vois dans son regard, mais elle ne doit pas aimer la méthode. Mais je n’ai pas le choix. Si je baisse à nouveau ma garde, alors il aura gagné. Melesiel, Roxane, Hélios, Rév, Dragan, tous seraient en danger. Tous périraient par ma faute. Cela ne doit pas arriver. J’ai besoin de me reconstruire, de reprendre des forces avant d’aller l’affronter. Et Cundu ne peut sortir l’hiver, il l’engourdit. Au printemps je m’en occuperais. Avec Hélios. A nous deux nous en viendrons à bout, je le sais je suis confiant.

Roxane me demande alors quelque chose que je ne pensais pas entendre. Pas tout de suite en tout cas. Au vu de son passé, je sais combien c’est traumatisant, mais la voila qui me supplie de l’aimer, de chasser la souillure ressentie par le viol de ces hommes. Seulement serais-je à la hauteur ? Je n’y connais rien en amour, je suis encore chaste. Je ne sais que ce que j’en ai déduit, mais est-ce que ce sera suffisant ? J’ai peur, horriblement peur. Le sexe n’a jamais été une de mes priorités, tout comme n’importe quel elfe. On aime avec son cœur, le corps est secondaire.

Mais je veux satisfaire sa demande, aussi je l’emporte sur le lit et la dépose le plus délicatement possible. Je l’embrasse tendrement, la faisant frémir de plaisir tandis qu’une main peu assurée remonte doucement sa chemise de nuit. J’y vais doucement, ne pas la brusquer, ne pas lui faire peur. Soudain elle se raidit sous ma main et me stoppe en posant les siennes sur mon torse. Elle a peur. Peur de revivre ce qui s’est passé, peur qu’ils ne viennent la hanter. Le regard douloureux, je lui caresse le visage.

« Roxane… »

Lui dire, lui avouer, voila tout ce qui me passe par la tête.

« Moi aussi, j’ai peur… Je… Tu… »

Comment dire ça ?

« Je n’ai… jamais connu de femme avant toi… Tu… Tu es la première… Je… J’ai peur de mal faire, de te blesser… Je… »

Je soupire doucement, et ferme moi aussi les yeux.

« Je n’y connais rien… je ne sais pas trop quoi faire… »

On est aussi paniqué l’un que l’autre, chacun ayant peur pour une raison différente.

« Veux-tu tout de même… continuer ? »

Veux-tu m’aimer Roxane ? Ou attendre de ne plus avoir peur pour cela ?

La jeune fille acquiesça aux paroles d'Eldis. Elle était satisfaite de sa réponse, heureuse qu'il ai décidé de retourner voir sa famille, malgré ses peurs. Evidemment, ils avait changé, énormément, mais seulement en apparence. Il était toujours le même jeune homme droit et sincère, élevé avec amour par ceux qui étaient devenus ses parents et respectant leurs valeurs. Oui, il viendrait avec lui les voir, s'il le désirait, bien que l'apparence de Roxane ne soit guère plus réconfortante. Elle ressemblait à une hybride maintenant... Mais son visage était toujours aussi candide, ses yeux toujours aussi empreints d'innocence. Il n'y avait nulle méchanceté en elle, nulle duplicité, simplement de la douceur et un caractère bien trempé, masqué par cette douceur.

Elle ne commenta pas ses paroles concernant sa sagesse. Elle pinça même les lèvres en se rappelant la bêtise qui l'avait éloigné de Cundu. Ah oui, il avait réfléchit avec ses hormones plutôt qu'avec sa tête. Ouh quelle vilaine pointe de jalousie, elle ressentait encore à la mention de cet épisode! Mieux valait qu'elle ne commente pas, elle l'aurait encore incendié. Et puis, ses derniers mots avaient de quoi la faire fondre.

Tout cela... Tous ces changements, cette peur de le perdre, tout cela l'enjoignit à lui demander l'impensable. Elle était aussi surprise que lui, mais elle ne se rétracta pas. Non, elle se laissa mener jusqu'au lit, elle le laissa commencer, doucement, à la découvrir. Jusqu'à ce que les souvenirs soient plus forts et la fassent bafouiller, hésiter. Ses grands yeux violets luisaient de larmes contenues. Souffrance, peur, mais aussi angoisse de lui faire de la peine, qu'il ne comprenne pas qu'elle le voulait mais souffrait de ne pas être capable d'oublier.

Mais c'était mal connaître Eldis, qui s'arrêta et se fit encore plus doux, cherchant à comprendre, à la détendre, prêt à tout stopper si elle le désirait. Elle ne devrait pas jouer avec lui ainsi, il était peut-être exceptionnel, il n'en restait pas moins homme, livré à ses frustrations. Il lui avoua alors ne l'avoir jamais fait, avoir peur de la blesser. Elle ouvrit de grands yeux surpris, se redressa, étouffa un sanglot et se pendit à son cou.

- "Oh Eldis, jamais tu ne pourras me blesser, pas comme ça, pas parce que jamais tu n'as connu de femmes! Au contraire..."

Elle était stupidement soulagée. Allez savoir pourquoi!

- "Eldis, si je m'écoute, si je ne combats pas mes peurs, je ne serais jamais entière, je ne serais jamais entièrement tienne. Efface les souvenirs, donne m'en des plus beaux qui hanteront mes rêves et cesseront de peupler mes cauchemars..."

Et dire qu'elle était en train de lui donner le mode d'emploi... prise d'une hardiesse étrange, elle posa ses mains sur sa poitrine, ses doigts effleurant les boutons, puis les retirant doucement, un à un. C'était plus facile quand c'était elle qui prenait l'initiative en fait. Son regard se mit à briller alors qu'elle admirait le corps aux muscles bruts et puissants, alors que sa main caressait ces formes nouvelles et appétissantes.

- "L'entraînement d'Hélios te réussit..."

Oui, elle aimait ce qu'elle voyait, ce qu'elle avait deviné dans ses bras. Sa main caressa les brûlures, fraîche, apaisante, alors que doucement, ses lèvres se posaient sur sa peau. Ce n'était pas si difficile...

Un simple hochement de tête, c’est suffisant pour me faire sourire. Oui, je retournerais voir ma famille, mais pas seul. Je ne pourrais pas être seul, étant donné que j’aurai Melesiel, mais j’aimerais de tout cœur que Roxane soit avec moi. Rien ne me ferait plus plaisir que de retourner là-bas avec elle. Nous formons un drôle de couple, il faut le reconnaitre. Un demi-drow accompagné d’une hybride, ayant une enfant humaine à la peau aussi noir que les Sombres. Les habitants de mon village font faire une drôle de tête, quand bien même ils sont elfes.

Elle me parle de ma sagesse, mais je ne le suis pas autant qu’elle pense le croire. La preuve en est de mon attitude au bal donné par la duchesse de Soltariel. Je n’en reviens toujours pas de ce que j’ai vécu. Comment telle chose a-t-elle pu m’arriver ? Je ne suis bien qu’un humain pour avoir agis de manière enflammée. D’ailleurs, je capte le regard de Roxane aux souvenirs de cet épisode. Elle n’était pas fière de moi, et elle en avait le droit. Je me rappelle encore le savon que je me suis pris quand je l’ai revue dans le salon d’Hélios. Et je n’aimerais pas avoir de nouveau un tel sermon. Mais Roxane ne dit rien, se contentant de se mordiller la lèvre. Elle ne m’a toujours pas pardonné, et je demande si elle le fera un jour. Sans doute oui, mais il faudra du temps.

La peur assaille ma belle prêtresse. Elle doute, pleure, se sent perdue par tant de changements. Aussi suis-je surpris de sa demande, mais pourtant ne la rejette pas. Non, au contraire je veux la satisfaire, même si j’ignore si j’en serais capable. J’ai peur, je doute à mon tour, mais je me laisse guider par mon instinct. Je la dépose sur le lit, et l’embrasse tout en commençant à la dénuder, le plus doucement possible. Mais ce n’est pas suffisant. La terreur lui revient en mémoire, et les larmes menacent de poindre. Je m’arrête, et tente de la rassurer du mieux que je peux, lui avouant mon inexpérience dans ce domaine. La surprise se fit sur son visage innocent, avant qu’elle ne se pende à mon cou pour me murmurer des mots qui me rassurent.

« Je les chasserais Roxane. Je te promets de les chasser à jamais de ta vie… »

Elle commence alors me déshabiller, dévoilant mon torse imberbe et autrefois si frêle. Mais aujourd’hui il est bien différent, musclé et cela ne déplait pas à ma compagne. Ma chemise tombe de mes épaules, et me voila torse nu devant elle. Son regard brille tandis que ses doigts parcourent mes muscles. Etrangement ce geste me rassure, même plus fait naitre doucement une envie dans le creux de mon bas-ventre, alors que la peur lui ôtait toute envie. Mais quand ses lèvres viennent effleurer ma peau, m’arrachant des soupirs de contentement, je me surprends à étirer le cou pour qu’elle ait plus de matière à embrasser.

« Roxane… »

Je souffle son nom, entre deux soupirs. Quelle sensation délicieuse. Mais à mon tour je ne reste pas inactif, me penchant pour venir embrasser doucement son cou. La peur est toujours là, mais elle est étouffée sous les caresses de Roxane. Je n’ai pas à avoir peur, je ne peux rien pas lui faire de mal. L’appel de son corps chasse mes appréhensions. Ma main dénude doucement son épaule que je viens embrasser. Ne pas brusquer les choses. Je vais doucement, commençant par le haut pour qu’elle puisse se faire doucement à cette idée.

« Tu es si magnifique… »

Ces mots, je les ais murmurés dans le creux de son cou. Comme tout homme je la vois avec les yeux de l’amour. Aucun défaut, aucune imperfection. Elle est parfaite…

La jeune fille, toujours pendue au cou d'Eldis, hocha la tête alors qu'il lui promettait de chasser les démons. Elle chuchota, rapidement, mais en toute confiance :

- "Je sais Eldis... Je sais, j'ai confiance en toi."

Et Néera savait qu'il était difficile d'avoir sa confiance... très difficile, surtout pour un homme. Elle s'était attachée à plusieurs personnes, mais toutes l'avaient abandonné. Toutes. D'abord Triss, qui avait rejoint Tari. Puis, Isabeau et Morgane, qui n'avaient su surmonter leur chagrin et avaient toutes deux disparu. Eldis n'était jamais parti. Jamais. Et s'il l'avait déçu, une fois, il s'était lui aussi parjuré et en avait payé le prix fort. Il n'y avait plus de péché à effacer. Elle avait retrouvé le jeune homme qui l'avait séduite dans même le savoir, par sa noblesse de caractère et de coeur. Son bref embrasement charnel pour Astéride n'avait été qu'une erreur de parcours.

Et voilà que l'aveu d'Eldis concernant sa virginité lui donnait un courage nouveau. La dernière fois, elle n'avait rien pu faire, la dernière fois, elle avait subi, encore et encore, en larmes. Mais là, là, elle avait un avantage sur lui, là elle était plus "experte" que lui en la matière, même si le terme était totalement inadapté. Là, elle ne subirait pas.

Là, elle partageait.

Ses lèvres effleurèrent la peau douce, puis ravagée par les flammes il y a des années de cela. Elle ne voyait nulle laideur là dedans. Cela ne la dégoutait pas. C'était juste une partie de lui. Elle le sentit bouger un peu, lui offrir plus de matière à embrasser. Un sourire étira ses lèvres alors qu'il soufflait son nom. C'était grisant, c'était inédit! Jamais on avait susurré son nom ainsi, jamais elle n'avait fait gémir quelqu'un.

Doucement, il soupire, une fois, deux fois... Et puis, il passe à l'action et vient à son tour dénuder la jeune fille. Un violent frisson s'empare d'elle, mais ce n'est pas de la peur... Les lèvres d'Eldis se posent sur sa peau, et le frisson reprend, délectable. Ses poils se dressent par un mécanisme normal... par le plaisir et le désir.

Il souffla quelques mots qui la firent rougir. Oh oui Eldis, rends lui son corps, réapprends lui à l'aimer. Elle ne l'a plus accepter après avoir été malmenée. Mais s'entendre dire qu'elle est magnifique, voilà qui lui plait.

- "Un corps gracile d'elfe... heureusement que tu as été élevé par eux."

Sinon, il n'aurait pas été attiré par ses formes trop fluettes et longilignes. Elle tendit le cou pour qu'il l'embrasse, soupirant d'aise alors que ses mains suivaient les contours de ses muscles bruts avec ravissement. Lentement, elle glissèrent sous le pantalon, effleurant une fesse ferme. Doucement, ils avaient le temps de s'apprendre, non?

Les yeux dans les yeux, nous nous regardons un moment alors qu’elle m’avoue voir confiance en ma capacité à chasser ses démons. Cette confiance me rassure, me calme tandis que mon cœur bat à tout rompre dans ma poitrine. Confiance. Tant de gens ont eu confiance en moi, tant de gens ont été déçus par moi, dont Roxane. Mais cette fois, cette fois je ne la décevrais. Je ne trahirais pas cette confiance.

Lentement, elle me déshabille, m’ôtant ma chemise avant de venir embrasser mon corps, et même ma cicatrice. Ses lèvres me vrillent, m’emportent, me mettent en émoi. Je soupire doucement, gémis même, soufflant son nom avec une voix que je ne me connaissais pas : chaude et pourtant douce à la fois. Mon corps réagit bien malgré moi, le désir montant doucement mais sûrement dans mon entrejambe. Comment de simples baisers peuvent-il me mettre dans un tel état ?

Mais il n’y a pas que quand elle m’embrasse que mon corps réagit ainsi. Je porte moi-même mes lèvres sur sa peau découverte, et embrassant son cou et ses épaules, tandis que tout doucement, sans brusquerie je la dénude. Sa poitrine révélée, j’admire ses formes rondes, mais pourtant infimes comparées aux autres femmes humaines. Mais pourtant j’aime cela, et je le lui fais savoir.

« Quand bien même je n’aurai pas été élevé par eux que je te trouverais toujours aussi belle. Tu es la plus belle femme qu’il m’ait jamais été donné de contempler de ma vie. Tu es parfaite. »

Un corps parfait oui. Parfait pour moi, parfait pour les elfes, mais peut-être pas parfait pour tous les hommes. Ils aiment les formes généreuses, et même si je suis enclin à ne pas les détester comme mon peuple d’adoption, je leur préfère des formes plus simples, comme celles de Roxane. La main de Roxane passe doucement sur mes fesses et je souris de son audace. Je l’embrasse tendrement tandis qu’un souvenir me vient en tête. Lentement, mes lèvres passent sur son menton pour descendre sur son cou, et continuer ainsi jusqu’à sa poitrine. Là, mes lèvres effleurent sa poitrine avant de se poser pleinement dessus. J’embrasse, suçote doucement l’un de ses seins avant de passer à l’autre. Je joue de mes lèvres ainsi, mû par les souvenirs et l’instinct. Etrange comme le corps peut savoir comment faire plaisir à une femme sans jamais l’avoir fait auparavant.

Mes mains font descendre un peu plus sa robe de nuit, s’arrêtant juste avant le pubis et son intimité. Pour le moment je n’ai nulle envie d’aller plus loin. Je m’amuse à embrasser son corps, son ventre, sa poitrine son cou, ses épaules… Je veux tout embrasser, comme si je ne pouvais me rassasier. Remontant jusqu’à son cou, je l’embrasse tandis que je me replace pour être bien au-dessus, m’étant déplacé alors que j’embrassais son ventre.

« Je t’aime Roxane. »

J’ai chaud, mon bas-ventre est serré dans mon pantalon, me faisant mal, pourtant je ne proteste pas, ne cherche pas à le retirer. Non cette douleur lancinante est supportable. Je suis bien, même si mon corps réclame le sien. Et pourtant je ne me presse pas pour le satisfaire. Je prends mon temps. Je me suis amusé avec elle, je le reconnais. A elle de s’amuser avec moi maintenant.

Roxane se sentit rougir de façon déraisonnée alors qu'il lui affirmait qu'elle était la plus belle femme qu'il ai jamais vu. Oh par Néera, comment pouvait-il dire une chose pareille? Roxane était tellement quelconque... Une petite souris comme elle se plaisait à se nommer. Autrefois dans les rues tortueuses de Diantra, elle en était invisible, tellement elle était insignifiante. Vêtue des frusques trop grandes, trops larges, trop masculine. Et pourtant, même ainsi, elle n'avait pu échapper à la concupiscence des hommes. Même en étant invisible. Elle avait redoublé d'efforts ensuite, mais sans réel succès.

- "J'ai très chaud, arrête de me complimenter, je vais fondre."

Oh elle n'avait pas chaud qu'à cause des compliments, mais aussi de par leur situation. Voilà qu'il se met à l'embrasser et surtout s'empare de sa poitrine, la faisant hoqueter de surprise alors qu'une étrange sensation semble s'emparer de son entrejambe. Elle se mit à respirer plus vite et plus fort alors que de légers gémissements s'échappaient de ses lèvres entrouvertes. Elle n'avait jamais connu cela. La dernière fois, il n'y avait eu aucun geste pour la préparer. On l'avait juste allongé de force par terre, bloqué les mains et besogné sans aucune once de douceur, ravageant son intimité sans égard.

Là... Là, elle n'arrivait plus à penser de façon cohérente alors qu'elle se tordait sous les baisers d'Eldis. Chaque centimètre carré de sa peau la brûlait et le brasier ne semblait pas vouloir s'éteindre. Il revint alors l'embrasser sur les lèvres, lui susurrant qu'il l'aimait. Haletante, elle murmura à son tour :

- "Je t'aime aussi, mais là, je brûle... Fais quelque chose."

Mi suppliante, mi taquine, elle l'enjoint à continuer. Pourtant, ses mains ne restent pas inactives et elle finit par délacer le pantalon, libérant bientôt le désir d'Eldis, bien présent. Son regard brilla alors qu'elle relevait la tête vers lui et l'aidait à se débarasser de son pantalon.

- "Je vois que messire est impatient."

Elle l'était aussi, sentant cette moiteur inhabituelle entre ses jambes. Sa main caressa la virilité dressée d'Eldis, d'abord légère, puis, plus assurée alors qu'elle le sentait se raidir. Hahaha, vengeance.

Roxane rougit, tant par les compliments que je lui fais que par la situation. J’avoue que j’adore la voir ainsi, les joues roses, cela la magnifie. De mon coté je dois être rouge aussi, sans aucune doute. Je suis assaillit par une faim de son corps que je n’arrivais pas à soupçonner. Qui aurait cru qu’il aurait un tel pouvoir sur moi ?

« J’ai chaud aussi rassures-toi. Mais je crains de ne savoir comment cesser de te complimenter. »

Je l’embrasse avant de descendre pour m’amuser pour continuer de la dévêtir et m’amuser avec son corps. La poitrine des femmes est un endroit particulièrement sensible de ce que je sais, aussi je ne me prive pas pour m’amuser avec. J’embrasse ses seins, joue avec avant de d’embrasser toutes les parties que peux trouver sous mes lèvres. Je brûle, je me consume d’amour pour elle. Je l’aime, et je ne peux pas m’empêcher de le lui dire.

Elle n’en peut plus et me demande de l’aider à calmer le feu qui la brûle. Et tandis qu’elle s’empresse d’ôter mon pantalon, je finis de lui ôter sa chemise de nuit tandis qu’une main mutine vient caresser ma virilité tendue. Il tressaute à ce contact, me faisant pousser un soupir de plaisir. Je ne savais pas combien c’était sensible. Et la voila qui le prend avec plus d’assurance, me faisant gémir sous cette simple caresse. Je ne brûle plus, je me consume littéralement.

« Roxane… »

J’ai trop de mal à parler. Je n’arrive plus à penser du tout. Je la laisse jouer ainsi de mon corps, la laissant m’arracher des gémissements que je ne retiens pas. Je baisse mon regard sur sa main, et voit alors le bas de son corps. Et j’aperçois quelque chose qui me perturbe. Les draps sont mouillés, trempés, comme si de l’eau avait coulé. Mais je ne m’attarde pas sur cette vision. Les caresses de Roxane me font chavirer au point que j’en peux plus.

« Roxane, cette fois c’est moi qui brûle complètement. »

J’ai beau ne pas m’y connaitre en rapports sexuels, je sais qu’homme et femme sont « complémentaires ». Je ne comprends pas trop ce que ça veut dire, si ce n’est que je dois trouver quelque chose chez Roxane au même niveau que mon entrejambe. Reste à savoir quoi.

Je remonte, l’embrasse et me colle contre elle, voulant sentir son corps sur le mien, mais retenant mon corps pour que je ne l’écrase pas. Ma virilité est collée à son intimité, me faisant une moiteur qui semble émaner d’elle. Ma respiration est haletante. Je sais quelle est la suite, ou du moins je la devine.

« Tu… tu es prête ? »

Je redoute tout autant que j’ai envie de ce moment. L’inconnu fait peur. Mais cet inconnu me fait plus envie que jamais.

- "C'est simple pourtant, garde les lèvres closes ou occupe les à autre chose qu'à parler."

Un petit rire lui échappa alors qu'elle se découvrait... espiègle? coquine? Oui, c'était un peu cela. Voilà qu'elle venait ni plus ni moins de lui dire de l'embrasser encore et encore. Alors qu'elle était déjà en feu. Non mais, ça ne tournait pas rond là dedans, il lui faisait vraiment perdre la tête!

D'ailleurs, sa respiration s'accéléra alors qu'elle se campbrait et gémissait. Il explorait sa poitrine, une zone très sensible, une zone qui avait été pétrie avec brutalité il y a des années. Mais là, ce n'était pas de la douleur qu'elle ressentait. Non, c'était du plaisir pur, il lui semblait que ses nerfs étaient à fleur de peau tellement c'était sensible. Elle s'arqua, se contorsionna pour lui en offrir toujours plus, alors que ses mains allaient s'enfuir dans la soie de ses longs cheveux noirs.

Mais elle supplia et décida de passer à l'action elle aussi. Ses mains quittèrent ses cheveux et descendirent le long de son buste, suivant du bout des doigts la ligne ferme des muscles. Puis, elle délaça son pantalon et effleura sa virilité déjà dressée, un sourire mutin aux lèvres. Elle lav les yeux quand il souffla son nom, troublé par la caresse. Elle raffermit sa prise et guetta ses réactions, adaptant ses gestes à son visage ou ses gémissements. C'était grisant de faire gémir un homme comme ça! Grisant d'avoir une telle emprise quand on était si petite et menue sur un homme puissamment bâti comme Eldis.

- "Alors, éteins l'incendie Eldis."

Elle sourit et écarta les jambes. L'appréhension était loin, si loin, maintenant. Il hésita encore et pour toute réponse, elle caressa sa virilité, avant de le guider jusqu'à elle. Elle finit par le relâcher, attendant qu'il les unisses. Ses jambes fines s'enroulèrent autour de sa taille.

- "Maintenant."

Je souris à la réponse de Roxane. Ne plus parler, occuper mes lèvres à autre chose. Je ne me fais pas prier. Je l’embrasse, sur les lèvres, la gorge, la poitrine, le corps, partout. Je la couve de baisers insatiables, la faisant gémir et se contorsionner dans le lit. Alors que j’explore son corps, je découvre quelles zones sont sensibles, me faisant m’y attendre plus qu’à d’autre. La poitrine notamment est très sensible. Preuve en est ses souffles de plaisir et ses mains qui viennent s’enfouir dans mes cheveux.

De son coté elle découvre elle aussi, me déshabillant pour mieux explorer de ses doigts mon corps musclé. Elle s’amuse notamment avec mon entrejambe, découvrant combien cette zone est sensible m’arrachant des gémissements plus ou moins forts suivant les caresses qu’elle y applique. Mes capacités de réflexion se retrouvent devenir quasiment nulles. C’est à peine si j’arrive à parler.

Mais j’arrive à lui avouer l’effet qu’elle a sur moi, lui dire combien j’ai envie d’elle. Elle aussi brûle de désir, et me guide vers l’entrée de son intimité. Je la sens humide au bout de mon entrejambe et comprends que je dois entrer en elle. Ses jambes entourent ma taille, m’empêchant de reculer (même si je pourrais facilement me dégager de cette étreinte). Un mot et un regard, c’est tout ce qu’elle fait pour me décider. Doucement, je rentre dans le sanctuaire humide de son corps, frissonnant de plaisir au contact qu’il procure sur ma virilité. Je m’enfonce jusqu’à la garde en elle, nous unissant tous deux, et arrive au bout, ne pouvant rentrer plus.

Là je reprends ma respiration, me rendant compte que j’avais arrêté de respirer et regarde Roxane dans les yeux. Mes joues sont rouges, tout comme les siennes. Je l’embrasse tandis qu’instinctivement je recule mon bassin, sortant légèrement mon entrejambe pour rentrer doucement en elle. Je recommence ainsi plusieurs fois, faisant des petites pauses en reculant ou en rentrant. Les caresses de Roxane tout à l’heure n’étaient qu’un avant-goût de ce que je ressens maintenant. Je suis envahit par un plaisir tel que je n’en avais jamais connu avant. Ma respiration plus chaude, plus difficile, je peine à retrouver ma respiration, ne la reprenant que quand je m’arrête entre chaque mouvement. Imperceptiblement mes pauses se font moins longues, et bientôt c’est un lent mouvement continu qui secoue mon corps. L’effort n’est pas grand, et pourtant mon corps se met à transpirer et à se couvrir de sueur. C’est moi ou c’est plus éreintant qu’un entrainement ?

Elle se découvre fière et hardie. Elle qui pensait que cela serait difficile, elle se trompait et se découvrait audacieuse. La première fois, elle n'avait été qu'une poupée dépourvue d'âme et de sentiments, un tas de viande que des chiens enragés s'étaient arrachés sans pitié. Elle s'était débattue, mais que pouvait faire une frêle jeune fille contre des gardes massifs? Rien du tout. Ils avaient ri de ses faibles protestations, l'avaient giflé pour la faire taire. Sa tête avait roulé sur le côté et son esprit s'était évadé loin. Très loin. Là où il n'y avait plus de douleur, plus de souillure. Pour le salut de son âme.

Mais cette fois, pas question de s'enfuir. Non, là elle profitait pleinement! Son esprit était alerte, son sang brûlait, son intimité était trempée. Elle gémissait et aucune larme de terreur et de honte ne venait souiller son regard.

Non, quand Eldis entra en elle, elle se mordit la lèvre et se cambra, avant de le laisser imprimer le rythme. Ses mains s'agrippèrent à ses larges épaules, alors que ses jambes l'entouraient, les rapprochant encore davantage. Un petit cri de plaisir lui échappa alors qu'il donnait de petits coups secs, petits coups qui se firent plus profonds. Sa peau se couvrait d'une fine pellicule de sueur alors que sa respiration était haletante et que de petits cris lui échappaient.

Et puis, au bout d'un petit moment de montée progressive du plaisir, celui-ci atteignit son paroxysme. Elle se crispa, son corps se tendant, avant de retomber mollement. Son coeur était fou dans sa poitrine. Elle s'accrocha à Eldis, enfouissant son visage contre son cou, et murmurant trois petits mots magiques, avant de le relâcher et de fermer les yeux.

Sur sa joue pâle, une larme coulait.

De bonheur.

Je transpire, ma respiration se fait plus haletante, mon cœur tambourine comme un fou au point que je crains qu’il n’explose ma cage thoracique pour sortir. Mes mouvements de va-et-vient continuent, lentement, arrachant des gémissements de plaisirs à Roxane. J’avais craint de lui faire mal au départ, mais à voir son visage et à l’entendre, je compris que je ne lui faisais que du bien. Comme moi elle ressentait plaisir inégalé. Ses mains étaient sur mes épaules, tandis que ses jambes enroulées autour de moi, m’incitaient à aller plus loin en elle.

Le temps n’avait plus de mesure, aussi savoir combien de temps cela dura-t-il était impossible à définir. La seule mesure que je prenais, c’était la montée progressive du plaisir qui m’envahissait. Alors qu’il arrivait doucement à son paroxysme, Roxane se cambra, son ventre se resserrant sur mon entrejambe, me faisant atteindre le summum du plaisir, plus tôt que prévu. A mon tour je me cambre tandis que j’explose en elle. Je reste un moment ainsi, avant de me détendre en même temps que Roxane. En prenant soin de ne pas l’écraser, je pose ma tête à coté de la sienne, reprenant doucement halène.

Niché dans le creux de mon cou, elle me murmure ces trois mots qui suffisent à donner un sens à une existence. A mon tour je les lui dis, avant de me redresser pour admirer son visage et l’embrasser. Je vis alors une larme couler le long de sa joue. Je fus d’abord inquiet, craignant finalement de lui avoir fait mal, mais quand je vis son visage serein, son sourire, je compris que ce n’était pas ce genre de larmes. Elle était heureuse.

Rasséréné, je colle mon front contre le sien en souriant avant de déposer un baiser dessus. C’est alors que sentis la présence familière de Cundu pénétrer mon esprit.

*-Eldis ?
-Oui ?
-C’est bon ? Vous avez fini ?*

Sur le moment je ne savais pas comment prendre cette remarque.

*-Oui on a fini, pourquoi ?
-Pour savoir si je peux sortir du nid. Je n’ai pas envie d’avoir une nouvelle furieuse envie de Leirn.*

Oups, j’avais oublié ce détail. C’est vrai que c’est à double sens. Cundu s’était donc réfugié au fond du nid, là où la lave remontait doucement. C’était sûr que Leirn ni viendrait pas, il faisait bien trop chaud.

*-Chacun son tour mon vieux. Tu sais ce que j’ai subit quand tu t’amusais avec Uriel.
-Hmfff*

Riant doucement, je me concentrais à nouveau sur Roxane, avant de lui demander.

« Comment se porte Leirn ? »

La pauvre n’a pas du comprendre ce qui lui arrivait.

Elle était bien là. Sur un petit nuage. Un doux sourire ourlait ses lèvres alors que ses paupières étaient closes. Finalement, c'était très agréable de faire l'amour, quand c'était fait avec amour justement, avec une personne digne de confiance et sans contraintes. Non aucune contrainte. Elle soupira de contentement. Elle était heureuse, mais fatiguée. Après tout, elle venait de sortir d'un long sommeil, n'avait pas encore récupéré toute sa vitalité et tous ses pouvoirs. Elle avait découvert qu'elle avait changé terriblement. Le choc moral l'avait anéantie. Avant que l'amour d'Eldis ne lui fasse accepter cela. Mais elle avait tout de même fourni un gros effort physique...

Elle ouvrit les yeux à la question d'Eldis, un peu confuse et perdue. Elle était presque prête à s'endormir tellement elle se sentait bien là. Et il la ramenait à la réalité, la déboussolant.

- "Leirn?"

Oh Leirn! Roxane n'avait même pas pris conscience de ce soudain silence télépathique! Etait-ce elle-même qui l'avait initié inconsciemment pour préserver son intimité ou Leirn qui avait coupé la connexion d'elle-même?

*Leirn?*
*Oui?*

Roxane fit la moue. La dragonne semblait... bizarre. Sa voix était comme altérée.

*Ca va?*
*Non, ça va pas.*

Gros silence. Roxane lança un regard penaud à Eldis.

- "Elle a... Enfin elle a tout senti?"

*Oui.*

Roxane rougit, mortifiée.

*C'est gentil de te rappeler que j'existe...*
*Je suis désolée.*
*C'est pas ta faute... Mais moi, ça m'a fait bizarre, j'ai eu très chaud et ça me faisait une drôle d'impression à l'intérieur. Et j'avais très envie de trouver Cundu.*

Oh... Roxane écarquilla les yeux de surprise. C'était pour cela qu'Eldis lui avait posé cete question alors.

*Pardon.*
*Mais non, vous vous êtes trouvés tous les deux, je suis heureuse pour toi.*

- "Je ne savais pas que ça allait jusque là... Elle a cherché Cundu pour apaiser ses tourments..."

Lorsque j’ai commencé à découvrir la véritable nature de ma relation avec Cundu, jamais je n’aurais imaginé que les sensations et les sentiments seraient aussi exacerbés pour nous deux. Fort heureusement pour moi, Hélios a eu la présence d’esprit de m’enfermer dans ma chambre lorsque nos deux dragons commencèrent à avoir leurs chaleurs, et surtout à s’amuser l’un avec l’autre. Dans notre état, au mieux nous nous retrouvions dans le même lit, au pire je violais une elfe (et encore, si j’étais pas tombé sur un homme). Avec le temps, je parvenais à sentir les signes avant-coureurs, évitant ainsi un incident. Tout comme Cundu qui a eu la présence d’esprit de s’enfoncer dans le nid pour éviter que Leirn ne le trouve.

D’ailleurs, je m’inquiète à son sujet et demande des nouvelles à Roxane qui semble déboussolée par ma question. Elle discute un peu avec sa dragonne avant de comprendre l’étendue de ce qui vient de se passer pour elle. J’acquiesce silencieusement de la tête pour lui confirmer qu’elle avait tout ressentit, jusqu’à ce qu’elle me dise qu’elle était partie chercher Cundu. Un sourire un peu contrit apparut sur mon visage.

« Je sais. Quand il a commencé à sentir ce qu’il se passait, il est partit se réfugier dans le nid, plongeant probablement dans la lave. Comme ça, s’il venait à craquer il aurait été trop chaud pour qu’elle puisse s’approcher de lui, et lui d’elle. »

Vu la température de la lave, nul doute que cela aurait un effet dissuasif sur Leirn. Uriel ne supportait pas quand il était trop chaud et ne pouvait s’en approcher qu’en le refroidissant avec son souffle glacé.

« Je crois qu’il va falloir lui expliquer les signes qui l’avertiront de ce qui se passe la prochaine fois, qu’elle ne soit plus surprise, et surtout prise au dépourvu. Après par contre, cela va être un travail de contrôle de soi, mais je pense qu’elle y arrivera. »

Surtout si Cundu est là. Il est tout à fait capable de lui enseigner la maitrise de soi pour parer à ces moments de passion.

Je caresse doucement le visage de Roxane, l’embrassant pour changer légèrement de sujet.

« Comment te sens-tu mon amour ? »

Il y avait longtemps que je ne lui avais pas vu un tel sourire sur les lèvres. On aurait dit qu’elle était béate. Et vu mon état, je suis à peu près sûr que je dois afficher la même chose sur mon visage.

Roxane éclata de rire à l'explication d'Eldis concernant Cundu et le fait que Leirn ne l'ai pas trouvé. Oh non, c'était vraiment trop drôle ça!

*Je trouve pas ça drôle moi.*

*Que tu es susceptible!*

Elle sentit un gloussement sarcastique émanant de la dragonne, avant que celle-ci ne lance, nonchalante :

*On verra quand les situations seront inversées.*

Là, tout de suite, cela donnait beaucoup moins envie de rire à la jeune fille. Elle pâlit visiblement. Ca voulait dire que quand Leirn aurait ses chaleurs ou fricotterait avec una utre, Roxane serait incapable de se tenir?

*Exactement. Essaie d'être avec Eldis dans ces moments-là, comme il vaudrait mieux qu'il soit avec toi quand Cundu est en rut.*

D'accord, c'était décidé, elle ne lâcherait plus Eldis d'une semelle!

- "Oui, on va en discuter... Parce que l'inverse risque d'être dérangeant aussi."

Roxane eut un sourire incertain alors qu'elle parlait ainsi de ses propres pulsions incontrôlables quand cela viendrait de Leirn. La jeune fille grimpa sur Eldis et l'embrassa.

- "Elle m'a recommandée d'être avec toi dans ce cas là, alors je crois que je ne vais pas te quitter, pour être bien sûre."

Il embrassa la jeune fille, lui demandant comment elle se sentait.

- "Bien, mais... épuisée. Je crois que je n'ai pas récupéré entièrement."

Elle s'allongea alors, venant se blottir contre lui, avant de demander d'une petite voix :

- "Tu restes avec moi?"

Epuisée, elle l'était. C'est que c'était un sacré effort de faire l'amour... Mais elle ne le regrettait pas, ça avait été... magique. Et le plus beau des cadeaux qu'elle ai reçu depuis bien longtemps. Elle pouvait se rendormir, le sourire aux lèvres, sans même laisser le choix à Eldis...