Parfois un rêve se transforme en cauchemar [ Jiv' ]

Abyssea est-elle une simple ville réunissant les Enfants du Chaos ? Bien sûr que non. La cité et la forteresse qui est nichée en son sein vivent. On peut entendre leurs cœurs battre à l’unisson, leur respiration sifflante à travers les rues de la sombre cité. Sombre oui, car il semblerait que les ténèbres aient élues domiciles en ce lieu craint de tous. Même les Drows n’osent y pénétrer sans y avoir été invités, craignant que la cité ne les laissent jamais plus repartir, ou bien qu’elle ne les dévore tout entier. Crainte justifiée, car même si les Drows sont les alliés du Chaos, ils ne sont pas des leurs. Bien évidemment personne ne les tuerait, ni ne leur ferait quoi que soit, mais il était amusant de voir combien les elfes noirs, craints par tous les peuples, tremblent à la simple idée de pénétrer entre les murs de la cité. Alors lorsque les autres peuples les connaîtraient, trembleront-ils encore pour les drows, ou bien seulement pour eux ?

Ici difficile de savoir s’il fait jour ou nuit. Les ténèbres entourent continuellement la cité, si bien qu’il est presqu’impossible pour ses habitants de le savoir. Le soleil a déserté ce lieu, tout comme les dieux pathétiques de Miradelphia. Seule règne ici la loi de l’Unique, Chaos, le premier Dieu, celui dont la place légitime fut volée par ses frères et sœurs. Ses Enfants se sont réunis ici, guidés par son Fils qui créa Abyssea pour eux, un refuge où tous ensemble ils pouvaient préparer tranquillement sa venue.

Mais nous n’en sommes pas encore là. Au jour d’aujourd’hui nous allons voir ce qui se passe dans la chambre de la Main et de la Tourmenteuse, couple étrange et mystérieux mais ô combien dangereux. Ce jour-là, car il faut savoir que la plupart des Enfants du Chaos vivent au rythme de leur maître, dormant le jour et vivant la nuit, ce dernier ne pouvant survivre sous la lumière du soleil. Le soleil brûle sa peau plus durement que le feu, et son frère, Jiv’undus, porte la même malédiction en lui. La douce Lenalee, sa compagne s’est adaptée à cette vie, vivant au même rythme que celui qui partageait ses nuits. Ce jour-là, tous deux dormaient paisiblement dans les bras l’un de l’autre lorsqu’un fantôme du passé revint les hanter sous la forme d’un cauchemar. Les tressaillements de la jeune femme eurent raisons du sommeil du demi-drow qui se réveilla, sachant trop bien ce qui se passait. Doucement il essaya de la réveiller sans trop la brusquer, afin d’éviter une nouvelle crise.

« Lena… Lena réveilles-toi. »

Mais la douceur ne marchait pas. Bientôt elle se mit à gémir, suppliant dans son sommeil. Jiv tenta une nouvelle fois de la réveiller, haussant légèrement la voix, mais voila que son cauchemar atteignit son apogée, qu’elle se réveilla en hurlant, rejetant la protection de ses bras. Elle alluma une bougie avant de s’en aller dans la salle de bain où elle s’écroula. Oh non, ça recommençait. Très vite, Jiv’undus fut sur pieds et fonça dans la salle de bain. Du sang. L’odeur agressa ses narines, faisant remonter en lui des instincts primaires avec une telle force qu’il n’avait qu’une envie, le boire à l’origine. Mais voila, quelque chose le retenait, cette chose c’était l’odeur de ce sang, une odeur oh combien familière. Elle lui rappelait à qui il appartenait, et la raison prenait le pas sur la folie, la peur sur la soif de sang. Lenalee se vidait de son sang. Elle s’était une nouvelle fois mutilée à cause de LUI. Pourquoi fallait-il que même après la mort il ne puisse cesser de torturer la jeune femme ?

Et pour couronner le tout la voila qui tomba en pleine crise de panique. Elle se mit à suffoquer, sa respiration se faisant difficile si bien que dans quelques instants elle ne pourrait plus respirer. Le demi-drow s’agenouilla et prit sa compagne dans ses bras, la serrant contre lui.

« Lena je suis là. Tu m’entends ? Calmes-toi, il ne peut rien te faire tant que je suis là. »

Il lui caressait doucement les cheveux, la berçait, tentait de la rassurer par tous les moyens possibles. Le lui faire oublier à tout prix, montrer qu’il était là pour elle, lui donner ce qu’elle n’avait jamais connu avant de le rencontrer, effacer l’image de ce bâtard pour imposer la sienne dans son esprit, voila ce qu’il fallait faire. Doucement il l’embrassa, mettant toute la tendresse dont il était capable dans ce baiser, caressant délicatement sa joue en même temps. Tout ce que symbolisait leur relation, tout ce qu’il ressentait pour elle étaient contenus dans ces simples. Tant de douceur de la part de l’être le plus sanguinaire au monde, qui pouvait le croire capable d’une telle chose ? Espérons juste que cela la calmerait.

Il faisait noir, tellement noir qu’il était impossible voir quoi que ce soit. La bougie était tombée à terre et s’était éteinte lorsque Lenalee avait eu sa crise, plongeant la salle de bain dans une obscurité telle que seul Jiv’undus arrivait à y voir de par sa nature de demi-drow. D’autres Enfants du Chaos arrivaient à voir dans le noir à force de vivre dans l’obscurité, mais personne ne voyait aussi bien que lui. C’était d’ailleurs ce qui avait sauvé sa pauvre Lena. S’il n’avait pu voir, il n’aurait pu la serrer dans ses bras, la bercer, la rassurer par ses gestes et ses mots confiants, lui faire oublier l’homme de ses cauchemars, celui qui torturait tant et tant sa belle humaine, celui qui à ses yeux était plus effrayant que celui qui partageait sa couche.

Elle se calmait, sa respiration devenant moins sifflante, plus régulière. La crise était passée. De la douceur, c’était cela le seul remède, de la douceur et de la tendresse, ces choses dont elle avait été privée par son tuteur. Tuteur était un bien grand mot à vrai dire, pour désigner l’alcoolique pédophile qu’il était. Ses cauchemars, c’étaient les souvenirs de ces nuits où il venait lui rendre visite, où il se glissait dans son lit et la prenait sans lui demander son avis. Las de cela, elle lavait tué, mais cela ne l’avait pas empêché de revenir la hanter, la faisant se mutiler d’avantage pour chasser la souillure qu’elle ressentait. Combien de fois avait-il du panser ses plaies ? Combien de fois avait-il du la soigner sans que personne ne le sache ? Son sang avait coulé plus d’une fois sur lui, si bien qu’il en connaissait toutes les fragrances, toute la texture, et qu’au lieu de l’exciter, de le rendre sauvage et intenable, il gardait au contraire toute sa raison, et plus encore l’effrayait. Chaque fois qu’il le voyait, qu’il le sentait, il avait peur pour Lenalee, peur la voir mourir, peur de la perdre. Voila la seule chose au monde qu’il craignait, la perdre.

Même Arashkam ne pouvait se vanter de connaitre cette part de lui, cette part d’eux. Lenalee et Jiv’undus. Un couple qui effraye, intrigue, subjugue tant leur relation parait étrange et incompréhensible. Et les voila tous deux, dans leur intimité, où tout masque était tombé, ou une partie de leur cœur qui n’appartenait qu’à eux deux, se montrait au grand jour. Personne ne l’avait vu, et personne ne le verrait jamais.

Comme à chaque fois elle s’écarta de lui, rejetant tout contact physique pour se recroqueviller, se retrouver en quelque sorte seule bien que cherchant des réponses à des questions existentielles auquel le demi-drow devait trouver des réponses.

« Je ne suis pas immortel Lena, loin de là. Mon espérance de vie est certes plus longue qu’un humain, mais pas infinie comme celle d’un elfe ou d’un drow. Quand au fait que je ne t’apporte rien, tu te trompes Lena. Tu apaises mon cœur tourmenté, les graines de la folie s’en vont dès que tu es là. Regardes-moi. Je suis une bête fauve, un animal sauvage qui pourtant se trouve être un agneau face à toi. »

Doucement il se rapprocha d’elle et s’assit à coté d’elle pour la prendre par l’épaule et la faire se serrer contre lui.

« Pourquoi rester avec toi ? Demandes-toi pourquoi La Voix ou Freyja restent avec Arashkam alors que leur destin est le même ? Pire encore pour la Voix qui sera là bien après que nous ne serons plus. Tout simplement parce que comme elles, je ne peux te quitter. Je ne peux concevoir de t’abandonner, de vivre sans toi. Je veux que l’on reste ensemble tout le temps que le Chaos nous accordera. C’est irrationnel, je le sais bien, mais c’est ainsi. Je préfèrerais mille fois mourir que de devoir me séparer de toi. »

Et tout doucement, il déposa un baiser sur son front, tandis qu’il la serrait encore plus près de lui, comme s’il craignait qu’elle ne s’en aille et l’abandonne. Lui le solitaire, craignait plus que tout de se retrouver à nouveau seul.

Petite Lenalee pourquoi te torturer tant le cœur, surtout après ces cauchemars qui te détruisent littéralement ? Pourquoi vouloir chercher des réponses à des questions aussi douloureuses ? Pourquoi ne peux-tu simplement apprécier le moment présent ? Ne peux-tu vivre au jour le jour au lieu de te tourner vers un avenir lointain ? Jiv avait mal de la voir souffrir ainsi sans rien pouvoir faire contre cela. Il aurait tant aimé qu’elle n’ait plus de cauchemars, mais pour une raison curieuse sa présence ne changeait rien à cet état de fait. Etait-elle condamnée à se faire hanter toute sa vie ?

Assis par terre, serrés l’un contre l’autre, il tentait de tout faire pour la rassurer. Au début elle avait cherché à fuir, mais avait finie par venir se blottir contre lui, sa peau nue rencontrant celle tout aussi dévêtue du demi-drow. Ce simple contact l’aurait excité au plus haut point en temps normal, mais pas maintenant. Dans ses moments-là, il semblait que la folie désertait le corps de la Main, comme s’il redevenait un être humain. Et Lenalee était la seule à pouvoir le rendre ainsi.

« Comme j’aimerais pouvoir apaiser ton petit cœur tourmenté aussi bien que tu apaises le mien. Comme j’aimerais qu’il ne revienne plus jamais te hanter. S’il n’était pas déjà mort, crois-moi je l’aurais tué de mes mains pour tout ce qu’il t’a fait. Je tuerais quiconque te feras souffrir Lenalee. »

Personne, non personne ne devait la faire souffrir. Si jamais quelqu’un le faisait, alors personne, pas même Arashkam ne pourrait l’arrêter. Ce qu’il ferait, même les drows ne pouvaient y songer. Toute la folie meurtrière et la cruauté dont il était capable se verraient décuplées de telle sorte que même Théos en vomirait tripes et boyaux, et le Chaos savait pourtant ce qu’il avait fait et vu.

« Oublies le futur ma belle Tourmenteuse. Ne penses à demain mais à aujourd’hui, à maintenant. Sinon tu ne feras que te tourmenter au lieu de tourmenter les autres. »

Elle proposa d’aller se coucher, ce qui n’était pas une si mauvaise idée que cela. Rester nus sur le sol gelé de la salle de bain n’était pas une bonne idée, surtout pour une humaine. Il se releva doucement et la prit dans ses bras, la ramenant jusqu’à leur lit. Le sang avait séché, et les plaies risquaient de se rouvrir à tout moment, mais peu importait à vrai dire. Jiv la déposa sur le lit, l’allongeant doucement et lui-même s’assit au bord tout en se penchant vers elle. De sa main il lui caressa le visage tandis qu’il lui murmurait :

« Je resterais tout le temps avec toi, Lena. Jamais je ne t’abandonnerais. »

Il la regardait dans l’obscurité, admirant toute la beauté de son visage tandis qu’il passait sa main dessus, comme s’il en redessinait les contours. Il approcha un peu plus son visage et lui donna un long baiser, tendre, amoureux peut-être même. La peur semblait avoir désertée Lenalee, du moins pour ce soir.

Pourquoi payer pour les erreurs d'un autre ? Bonne question... Et Lenalee n'avait pas de reponse à cette drôle de question. Elle ne savait pas , tout simplement. Tout ce qu'elle savait , c'est que cela durerait toujours... Des fois , elle était trop épuisée pour se sortir de ses cauchemars , tant un précédant l'avait fatigué. Et des fois , elle gardait ses songes pour elle , n'osant pas réveiller Jiv'. Il n'avait pas à payer pour elle. A force , elle s'habituerait , non ? Cela ne la toucherait plus ? Elle verrait ça comme un songe lointain , ne lui appartenant pas... Peut-être trouverait-elle la force d'ignorer ces visions , même. Le temps répondrait de lui même à sa question. Mais pour le moment , Lenalee était appeurée , tremblante , serrée de tout son possible contre son amant. Elle avait froid , elle avait peur. Son petit coeur saignait , et cette plaie était la plus dure à guérir. Le reste n'était que des douleurs physiques... Infligées pour avoir mal physiquement , pour oublier la douleur qui déchirait son être quotidiennement. Mais à quoi bon ? Après , elle s'en voulait , se trouvait pitoyable , ridicule. Et tout était tellement inutiles... Des fois , en plein entrainement avec Jiv' , ses plaies se rouvraient , et elle se retrouvait au bord de l'évanouissement , assaillie par les douleurs de son être. si les adeptes la voyaient... Ils auraient pitié. C'était ça , la tourmenteuse ? La chose pitoyable roulée en boule et couverte de son propre sang ? C'était ça ? Une chose pitoyable !

« Quiconque me fera souffrir , Jiv' ? Alors tue moi ! Je suis la seule à me faire souffrir. Je souffre parce que mon être refuse d'oublier tout ça... C'est moi qui entaille mon corps... Je fais couler mon sang toute seule... Et tu sais comme moi que ça ne changera pas... Pas encore. Seize années de souffrance ne s'effaçeront pas comme ça...»

Elle soupira et passa ses bras autour de son cou. Même si elle était seule maîtresse de sa souffrance , savoir qu'il la protégerait lui faisait chaud au coeur. C'était une petite étincelle dans les méandres glacés de son esprit. Et elle savot très bien de quoi était capable Jiv'undus pour protéger ses frères , ses soeurs , et son amante. Bien des fois elle l'avait vu ruissellant de sang. Et elle n'en avait pas été étonnée outre mesure. Le Chaos était cruel , elle le savait aussi très bien... Mais Jiv' était sûrement un des plus sanguinaire. Elle même ne se savait pas capable d'autant de cruauté. Tout d'abord , si il y avait bien une chose qu'elle haïssait par dessus tout , c'était les viols... Chose assez étonnante , car elle savait bien que l'homme qui la serait dans ses bras... Elle frissonna. Lenalee chassa ces pensées de son esprit et sourit timidement.

« La Tourmenteuse tourmentée... Drôle d'idée...»

Jiv la prit dans ses bras et la rammena dans leur lit. Son était vraiment... Elle grimaça , préférant ne pas trop y penser... De toutes façons , dès le lendemain matin , elle n'y penserait même plus , et reviendrait la grande Tourmenteuse , froide , lointaine , inaccessible. Tout simplement... Dans le noir le plus complet , Lenalee était aveugle. Puisqu'elle ne voyait rien , elle sursauta quand le demi-drow caressa son visage , avant d'énoncer une promesse touchante. Il se pencha ensuite , et elle sentit son souffle chaud contre sa peau. Puis il l'embrassa. Elle lui rendit son baiser , glissant sa main dans ses cheveux. Pour ce soir elle était calmée , elle n'avait plus peur.

« Jiv'... J'ai froid , je crois.»

Le corps de Lenalee était comme une vieille poupée qu’on aurait cessée de raccommoder pour qu’elle puisse servir encore. Des cicatrices parcouraient presque entièrement son corps, la majeure partie ayant été faite par elle-même dans une vaine tentative de chasser la souillure qu’elle ressentait. Elles se rouvraient régulièrement, durant les entraînements ou quand Lenalee se déchirait de nouveau la peau en proie à une nouvelle crise, les empêchant de guérir complètement. Pauvre petite poupée qui jamais ne guérirait, et cela même Jiv n’y pouvait rien. Tout membre du Chaos pouvait guérir en buvant le sang de ses victimes, mais Lenalee lors de ses crises n’avait pas assez de conscience pour le faire, et même après elle se refusait à mordre Jiv quand bien même il le lui demandait. Voulait-elle absolument garder ses plaies, ou ne se sentait-elle pas le courage de mordre son amant ?

Lenalee se serra encore plus, cherchant à tout prix de la chaleur et du réconfort. Son corps était gelé, sa chemise de nuit en lambeaux trainait par terre, ne couvrant plus rien de son petit corps. Jiv la serrait du mieux qu’il pouvait pour la réchauffer, mais cela ne suffisait. Le froid ne venait pas que de la pièce, mais aussi de son cœur. Quand elle lui demande de la tuer, il la serra un peu plus contre lui, chassant cette idée de la tête.

« Ce que tu me demandes est au-dessus de mes forces. Te tuer ? Je ne le pourrais jamais. Tout ce que peux faire c’est t’apporter mon soutien dans cette épreuve dont toi seule sortira vainqueur. Je serais là jusqu’à ce que tu sois enfin libérée, et même après, d’accord ? »

Lenalee passa ses bras autour de son cou, comme rassurée par ses paroles. Etre là pour elle, voila tout ce qu’il pouvait faire. Il était impuissant et cela l’énervait, mais qu’y pouvait-il ? Elle seule pouvait se libérer de ce monstre, mais comme elle le disait, on ne pouvait faire disparaitre seize ans de souffrances comme cela. Il fallait du temps, et du temps Jiv en avait. Comme il espérait voir la nuit où elle ne souffrirait plus, où elle ne se réveillerait plus en pleurs ou en proie à une crise, où elle ne se déchirerait plus le corps… Oui, cette nuit serait une nuit bénie.

La Tourmenteuse tourmentée. Ironique n’est-ce pas ? Le demi-drow prit son amante dans ses bras et l’emmena sur leur lit où après lui avoir promis d’être toujours là, il l’embrassa tendrement. La main de sa Tourmenteuse passa doucement dans ses cheveux tandis qu’elle lui rendait son baiser. Cette fois elle était bel et bien calmée. Doucement alors qu’il écartait ses lèvres des siennes, elle lui murmura une phrase qui lui tira un sourire triste qu’elle ne pouvait voir. Il se déplaça souplement pour se mettre au-dessus d’elle et resta un moment ainsi, la regardant de sa position. Ce qu’il avait en tête était la meilleure manière de se réchauffer. Elle était nue et lui aussi, de simples caresses suffiraient à allumer leur désir commun, mais il n’allait pas le faire non. Seulement si elle le voulait. Après un moment il s’allongea à coté d’elle, tira les couvertures et l’attira près de lui. Avec n’importe quelle femme il n’aurait pas hésité à faire ce qu’il avait en tête, mais pas avec elle. Parce qu’il l’aimait ? Encore cette question à laquelle il ne trouvait pas de réponse.

« Est-ce mieux ainsi ? Tu as moins froid ? »

Lenalee fut la seule personne que Jiv’undus ne posséda pas. Il ne la viola pas, ne prit pas avec violence, ne la fit aucunement souffrir. Elle n’était pas sienne, mais lui était sien. C’est elle qui avait choisit le moment où elle se sentit enfin prête à s’unir au demi-drow, elle qui choisit le lieu, c’est elle encore qui choisit si oui ou non elle a envie de lui Par moments il la désirait et le lui faisait savoir par de subtiles caresses qu’elle savait décrypter, mais si elle refusait alors il ne faisait rien. Certes, ces moments le frustrait, aussi trouvait-t-il après un exutoire auprès des prostitués de la cité, ou bien sur des victimes enfermées au château, les torturant, les tuant ou parfois les violant. Son sang était trop bouillonnant, ses instincts drows trop puissants, même s’il parvenait la plupart du temps à les refréner. Mais jamais, non jamais il ne forcerait Lena à faire quelque chose contre son gré, comme se donner à lui.

Voila pourquoi même s’il avait envie d’elle ce jour-là (comme tous les jours à vrai dire), il ne fit rien, s’allongeant à coté d’elle avant de l’attirer à lui pour qu’elle se réchauffe. Elle se blottit contre lui, sa poitrine se collant à son torse, et sa jambe se plaçant de manière très tentante. Rien que comme cela il avait le sang en ébullition, et le bas-ventre qui se durcissait. Elle n’avait rien fait pourtant, mais le simple fait de sentir son corps tout près, ses seins contre son torse nu, sa respiration sur son corps, tout cela l’enivrait plus efficacement que n’importe quel aphrodisiaque. Il fit de son mieux pour contrôler sa respiration, ne rien montrer de son désir. Après ce qu’elle avait vécu ce n’était pas vraiment le moment de penser à cela, mais bon, c’était Jiv.

Et puis il entendit la respiration de sa compagne s’accélérer, devenir plus chaude, plus profonde tandis que sa jambe remontait le long de la sienne. Finalement on dirait qu’elle avait la même idée que lui. Les mains de la Tourmenteuse parcoururent ses cheveux, son visage, ses lèvres avant qu’elles ne rencontrent leurs semblables en un baiser sauvage et passionné auquel il répondit avec la même fougue. Elle avait envie de lui tout comme lui d’elle. La fragile Lenalee avait disparue pour devenir la tigresse indomptable de ses nuits. Une main mutine se mit à caresser de façon experte son entrejambe, rendu aussi dur que le bois par le désir, tandis qu’une autre se promenait au niveau de ses reins. De son coté Jiv n’était pas impassible, caressant les fesses de la jeune femme, dévorant sa gorge et sa poitrine de ses baisers.

Elle le repoussa pour le dominer, se courbant pour pouvoir l’embrasser et lui faire sentir sa poitrine sur son corps. Elle jouait, s’amusait à le torturer, à le faire languir alors qu’il ne rêvait que de l’aimer. Elle changea à nouveau les rôles, voulant redevenir celle qui serait dominée, seulement voila elle y réussit mais pas de la façon qu’ils pensaient. Elle ne se rappelait plus de la largeur du lit aussi chutèrent-ils tous les deux et se retrouvèrent au sol, Jiv au dessus de Lena. Le choc de la chute et la surprise les firent rester silencieux, avant que le demi-drow ne brise le silence en riant. Plié au-dessus d’elle, il la regardait tendrement un grand sourire aux lèvres.

« Si tu voulais le faire par terre, il fallait me le dire. Ca t’aurait évité de te briser les reins autrement que sous les coups des miens. »

Il sépara la distance qui le séparait de ses lèvres et lui redonna un baiser passionné avant de se mettre à onduler son bassin sur le bas-ventre de la jeune femme. Elle pouvait sentir que le changement de situation imprévu ne lui avait nullement coupé son envie. Sournoisement il faisait frotter son entrejambe contre l’intimité de sa compagne, frôlant les lèvres, restant à l’entrée même de ce sanctuaire qu’il convoitait tant. Tout en faisant cela, il se mit à mordiller doucement les tétons de la jeune femme tout en la regardant. Elle ne pouvait le voir, mais lui la voyait parfaitement et aimait à la regarder tandis qu’il la torturait ainsi. Puis il s’arrêta d’un coup sans prévenir, se plaçant au-dessus d’elle avant de remonter jusqu’à son visage.

« J’y pense, tu préfèrerais peut-être que nous remontions sur le lit pour dormir. Après tout, avec cette chute tu dois avoir envie de dormir pour te remettre de tes émotions, non ? »

Après l’avoir chauffé comme il l’avait fait, il se doutait très bien de quelle serait la réponse de Lena, aussi sourit-il, impatient d’avoir la réponse de sa tigresse.

La fragile Lenalee avait laissé place à l'indomptable tigresse qui animait les nuits du demi-drow. Ayant la même idée que lui , elle était venue se coller à lui , avant d'entreprendre de le caresser pour éveiller son désir. Bien sûr , lui n'était pas insensible à ses caresses bouillantes et il lui rendait l pareille. Il dispensait des caresses à sa taille , ses hanches , ses fesses , tandis que ses lèvres embrassaient sa gorge , sa poitrine. Lenalee , glacée et cadavérique peu avant était de nouveau brûlante et bien en vie. Sauf que... sauf que dans le feu de l'action , Lenalee avait complètement oublié que leur lit n'était pas si large que ça. En voulant rouler sur le côté , elle les avait fait basculer puis tomber sur le sol avec perte et fracas. Ce n'était pas très haut , mais une légère douleur brûla les reins de la jeune femme. Les yeux écarquillés dans le noir , elle avait les mains posées sur les épaules de Jiv'. Elle ne doutait pas qu'elle devait avoir l'air vraiment stupide. Cela se confirma d'ailleurs quand le demi-drow éclata de rire. Lenalee ne tarda d'ailleurs pas à faire de même. Son rire redoubla avec les paroles de son compagnon.

« Je rêve , ou tu te vantes ? Depuis quand tes reins brisent-ils les miens ? Je n'en ai pas le souvenir... »

Voilà une manière bien particulière de lui demander de la faire une fois de plus hurler... Aveugle dans l'obscurité , Lenalee fut surprise par le soudain baiser de Jiv. Elle lui rendit son baiser , glissa sa main derrière sa nuque pour l'attirer contre elle. Il n'avait d'ailleurs pas besoin de ça. Comme souvent , Jiv' se faisait tourmenteur à son tour. Il arracha un premier gémissement à Lenalee en ondulant lentement son bassin sur le bas ventre de la jeune femme. Le corps de Lenalee se souleva , s'arqua. Elle glissa alors ses deux mains dans son dos , griffant la chair au passage. Bientôt , la jeune femme sentit le sang de son amant sous ses doigts. Elle savait que l'odeur même suffirait à l'exciter bien plus que n'importe quelle caresse. Avec un soupir de contentement , elle ferma les yeux , laissant les sensations l'enivrer autant que possible. La jeune femme reserra les jambes autour du bassin de Jiv' , qui la torturait mieux que quiconque. Même si cela se sentait qu'il en mourrait d'envie , il ne s'unissait pas à elle , frottant juste sa virilité contre son intimité. Comme si elle avait pu y faire quelque chose , elle s'arqua encore , comme si elle même pouvait aller chercher l'objet de son désir.

Lenalee gémit doucement , alors que le demi-drow s'attaquait à sa poitrine offerte à ses soins. Le bas ventre brûlant , Lenalee souriait. Ses longs cheveux noirs étaient étalés autour de son visage , empourpré par le désir. De la sueur perlait aux coin de son front. Elle planta ses ongles dans sa peau , avant de glisser de nouveau ses mains le long de son dos , jusqu'aux reins. Puis elle laissa ses mains vagabonder sur ses fesses. Elle eut un petit rire rauque alors qu'il lui demandait si elle voulait qu'ils s'arrêtent , qu'ils aillent se coucher. Et puis quoi encore ?! Il disait ça alors qu'elle était brûlante de désir et offerte. Elle entoura la taille de son amant de ses jambes et passa ses bras autour de son cou. Ce qu'elle allait lui demander , jamais il ne pourrait lui refuser.

« Prends moi , Jiv'. »