Enguerrand l'Outremer
Humain
Nombre de messages : 59 Âge : 37 Date d'inscription : 15/02/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 34 ans Taille : 1m60 Niveau Magique : Non-Initié.
| Sujet: Barbe et Rousse [Retro-RP] Ven 23 Aoû 2024 - 9:27 | |
| Septième ennéade de Verimios, an 21:XI Bouges du port de Thaar
La vie d'un mercenaire était ainsi faite : aussi sûr qu'il brûlait des gens, l'argent lui brûlait les doigts. Des flambeurs en tous les sens du terme, grillant leurs chances aux cartes ou consumant leurs économies en boissons et filles de joie. Il en allait de même depuis l'aube de l'Humanité, de l'or et des mercenaires concentrés au même endroit, voilà bien une combinaison chimique détonante, qui ne cessait de faire marcher les affaires d'une ville, ou pouvait tout simplement la détruire. Aujourd'hui, les Hommes du Roi ne détruiraient pas Thaar cependant, ils préféraient faire la fête.
Et pour faire la fête, ils avaient du lourd. Un vrai pactole enrobé dans une case de bois aussi massive qu'un buffet. Le coffre était si mastard que Jeannot-la-Pine, pourtant l'un des plus gros veaux de la compagnie, avait failli se faire un tour de reins en essayant de le mettre sur une carriole à l'aide de compagnons. Vraiment, l'Estréventine en mal de récupérer son héritage familial leur avait fait une avance assez cossue, qu'ils allaient s'empresser d'aller dépenser malgré les préventions de l'Outremer. Enguerrand, après tout, préférait parer à toutes les éventualités. Les récentes avaries des Hommes du Roi, ainsi que le rude hiver, avaient cependant donné l'envie à toute la piétaille de se faire une fiesta à décorner les boeufs.
Comme ils avaient à peine établi le campement à l'extérieur de la ville, la plupart des Hommes du Roi étaient encore affairés sur les docks, notamment près de la caravelle qui les avait apportés, qui n'était autre que cette bonne vieille Escrevisse, un navire de contrebande presque légendaire dans le milieu, tant il avait trompé la surveillance des gardes-côtes et des chasseurs de pirates un nombre incalculable de fois. Certains avançaient même que, d'humiliation, les succès répétés du Soufflé avaient poussé un officiel langecin au suicide, après s'être fait avoir une énième fois par le fieffé gredin.
Parce que le Soufflé, c'était pas du menu fretin. Dans toute cette cour des miracles regroupant les contrebandiers, les pirates, les corsaires, les naufrageurs et autres opportunistes, le Soufflé était un grand ponte, une vieille huile. Il ne payait pas de mine pourtant, avec son corps rachitique et dégingandé, et sa tronche de guingois couverte de cicatrices. A le voir, on aurait dit qu'il avait été expulsé du ventre de sa mère pour aller s'écraser sur une falaise en contrebas, et ce n'était pas loin d'être la vérité. En réalité, ce fieffé coquin avait gagné son surnom après avoir été aspiré dans un trou souffleur sur le littoral mervalois, il y a des décennies de cela. Bien que son corps ait été presque broyé par la pression, la roche et la vitesse, le bâtard avait survécu ! Et malgré toutes ses blessures, sa trogne en biais et ses nombreux stigmates, le Soufflé avait atteint renom et notoriété parmi les gens de mer. Ce pourquoi l'Outremer se félicitait beaucoup de son amitié, aussi intéressée fusse-t-elle.
Grâce au vieux briscard, Enguerrand avait ses petites entrées avec le monde marin. Il connaissait par ses accointances isgaardiennes quelques capitaines, mais devait beaucoup plus à sa relation avec le maître de l'Escrevisse. Sans lui, le transport de ses troupes aurait été hasardeux, surtout en plein hiver alors que tous les navires étaient aux arrêts. Afin de renouer avec ce vieux crabe de Soufflé, l'Outremer avait décidé de faire la bringue avec lui, prenant quelques de ses meilleurs hommes et ses lieutenants, forçant notamment l'Archidiacre à venir alors que celui-ci aurait préféré une nuit calme et tranquille au coin du feu. Le bouge dans lequel la joyeuse équipée se présenta portait le doux nom de La Digue du Fût, connu pour abriter la lie du port, des gens de mauvaise fréquentation pour un homme honnête, mais d'excellentes relations pour les grigous et les truands de la ville. L'endroit payant sa dîme au Guet, il était aussi tranquille et serein que pouvait l'être un de ces lieux de perdition. Certes, ça braillait tout son saoul, ça vidait son outre d'une traite, ça s'envoyait des tartes pour se dire bonjour, mais au moins, toute cette cour de coupe-jarrets et de marpauts était tranquille...
Le Soufflé, ayant remarqué une connaissance de loin, se tourna à demi vers l'Outremer pour lui offrir son profil le moins pire.
- De vieilles connaissances. Tu m'accompagnes ?
Enguerrand lui offrit son sourire le plus matois, exposant des ratiches étonnamment irréprochables.
- Tes amis sont les miens, mon gars !
Cet élan de camaraderie souffla la bande vers cette table comme un vent nouveau, et l'équipée s'échoua parmi ces gens de profession douteuse, enfin, aussi douteuse que la leur... Le Soufflé posa une main sur la table pour attirer l'attention, et coula un sourire aussi oblique que son visage au plus vieux de la table. Etrangement, le couple allait plutôt bien ensemble.
- Sacré nom de Tyra, si c'est pas le Ballast ? T'as vieilli, l'ami.
Ce nom était loin d'être inconnu à l'Outremer. S'il ne l'avait pas rencontré personnellement, il en avait entendu parler dans les troquets des ports d'Estrévent et de Péninsule. En revanche, il ne s'était pas attendu à comparer les rumeurs avec cet espèce de vieux débris à moitié cané, sans doute aveugle de surcroît ! Encore une fois, Enguerrand vérifiait que les rumeurs avaient leur limite. Ce qui l'intéressait plus que l'ancien filasse, par contre, c'était la jolie rousse à la table. Elle au moins avait le teint frais qui allait avec son âge, et l'Outremer, en l'observant, lui décocha son sourire de mauvais garçon pendant que les vieux faisaient les présentations.
- Tu connais peut-être ce vieux matois d'Outremer ? C'est le capitaine des Hommes du Roi. Il a son pesant de cautèle... Peut-on se joindre à toi pour ce soir ?
|
|
Deejarah Sandrakis Sang-mêlé
Nombre de messages : 122 Âge : 27 Date d'inscription : 21/08/2020
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 60 Taille : 1m75 Niveau Magique : Arcaniste.
| Sujet: Re: Barbe et Rousse [Retro-RP] Ven 13 Sep 2024 - 17:57 | |
|
Il y avait deux façons de se tenir au courant de ce qui se passait dans ce monde, en buvant un thé avec des gens très bien placés dans la haute société à l’instar de la Rose Virginale, ou en fréquentant la lie du peuple et ses plus bas quartiers, comme nous le faisions ce soir.
Même si, nous étions aussi ici pour simplement profiter d’une dernière soirée à quai avant de reprendre la mer pour « vivre de nouvelles aventures ». Et ouais, reprendre les affaires. Pour ça, Ballast nous accompagnait ce soir, plus enclin à jouer les commères qu’à boire des verres jusqu’à ne plus se souvenir de ce qu’il avait pu faire, ou entendre la veille. Oh ça non, surtout pas !
Sa descente était donc beaucoup plus mesurée que la mienne, profitant du rhum même de moindre qualité qui était un moyen comme un autre de nous réchauffer face au froid de l’hiver. Il y avait aussi bien sûr pour oublier le froid, l’ambiance survoltée de la taverne, et un feu qui brûlait vivement dans l’âtre.
Les plaisanteries et discussions allaient ainsi bon train, quand un lascar à la gueule de traviole et au visage aussi sec que celui de Ballast nous approcha, lui et sa bande pour s’installer à notre table. J’observai les uns et les autres, alors que très vite mon mestre mit un nom sur le visage de l’olibrius dont l’entrée en matière m’arracha un sourire. - Le soufflé ! ça fait une paie !
Et il répliqua avec un fin sourire. - Et toi j’pensai qu't'étais mort et enterré depuis le temps. Il ricana, imité par notre petit groupe qui avait reconnu le fameux pirate. Pour ma part, je n’en connaissais que la légende dont il tirait son nom.
Ou peut-être était-ce là seulement une excuse pour justifier combien Tyra s’était montrée ingrate envers lui en l’affublant d’un tel physique. J’en souris à l’idée, avec du respect toutefois pour le vieux pirate, avant de croiser le regard de celui que le Soufflé avait nommé l’outremer.
Celui-ci était justement en train de me dévisager. Je lui rendis son sourire alors que Ballast répondait à son « vieux camarade ». - Pas en personne mais j’ai entendu parler de leur réputation, rétorqua-t-il avec un sourire entendu à l’attention de l’Outremer.
Il accompagna le tout d’un geste d’invitation pour finalement s’adresser directement à ce dernier. - J’vous en prie. Et donc qu’est-ce qui amène des mercenaires dans le coin ? demanda-t-il l’air de rien.
Mais cette fois, ce fut moi qui réagis aussitôt avec un regard plein de curiosité pour le dénommé outremer. Un mercenaire ? Tiens, ça faisait le deuxième que je rencontrai en quelques énéades, enfin un peu plus si je comptais ses comparses qui commandèrent aussitôt à boire, initiative qu’approuvèrent mes compagnons alors que je concentrai mon attention sur ces « hommes du roi », attendant sa réponse avec curiosité.
Je me penchai alors légèrement vers ma gauche vers l'oreille de mon voisin, pour interroger Jeb à voix basse: - et c'est quoi leur réputation à ces hommes du roi ? Jeb me répondit, avec un sourire torve. - à mon avis rien de très vertueux à voir leur allure. Il ricana, levant son verre pour trinquer avec les "hommes du roi".
|
|