Sauvetage du monde, selon Mana [Libre]

Les derniers jours à Diantra ont été passablement tranquille. Il ne s'est pas passé grand chose, à vrai dire. Même pas une attaque de rats-garous. Probablement qu'ils n'aimaient pas les villes. Une bonne chose, peut-être que Zoïle devrait rester un peu en ville. Un peu de calme fait toujours du bien. La gamine, le crapaud et le livre c'étaient donc contenté de mendier un peu. Quelques écus donnes par de bonnes âmes leur avait permis de manger... enfin, Zoïle, parce que le crapaud ne raffolait pas particulièrement du pain et que le livre ne mangeait pas du tout. Après quelques jours à battre le pavé, sans pas grand chose à faire au final, parce qu'elle avait déjà explorer à plat ventre tous les recoins de son petit territoire journalier, près du marché, Zoïle s'était un peu ennuyé. Avoir son territoire près du marché, c'était pratique, y'avait pas à chercher longtemps de quoi à manger. Et puis, on racontait que c'était sur la place publique que tout se passait. Eh ben depuis quelques jours, il ne se passait pas grand chose. Elle trouvait même que sa propre histoire manquait de péripéties. Elle espérait presque une attaque de rats-garous, mais c'était bien connu que les rats-garous n'aiment pas la ville, sauf la nuit... et la nuit, elle dormait et pas dehors ces temps-ci.

La Princesse, le Crapaud et le Livre déambulaient dans la ville, regardant autour d'eux, sur le qui-vive de voir un rat-garous traîner par-là. Heureusement, il n'y en avait pas. Les bruits des sabots sur les pavés font lever la tête vers le château de Diantra. C'était un très beau château. La Princesse savait qu'elle était Princesse, mais elle ne savait pas d'où. Et comme chacun le sait, le but de sa quête était de retrouver son château. C'était peut-être celui-là.

Ce serait bien qu'elle trouve enfin son château. Ça faisait déjà... pffff, longtemps qu'elle le cherchait. Et elle espérait bien le trouver avant l'hiver, parce que se balader dehors l'hiver, c'était pas amusant.

- On y va, Eze ?
- Crâw, émet le crapaud juché sur son épaule.
- Allons-y.

Et elle se dirige d'un pas assuré vers le château de Diantra. Y'avait beaucoup de marche... trop, c'était vraiment pas amusant, puis elle croise deux gardes, mais ne s'en soucie guère. Ils étaient là pour les méchants, pas pour les gentils.

- Hep hep hep ! Où elle croit aller comme ça la gamine crasseuse ?

Elle l'ignore, parce qu'elle n'est pas une gamine crasseuse, mais elle se rend soudainement compte qu'on lui attrape le bras.

- Aaaah !
- J't'ai demandé où tu crois aller comme ça ?
- Moi ? Bah au château. C'est par-là, non ?
- Oui, c'est pas-là, mais toi tu vas par-là, dit-il en la repoussant sèchement dans la direction d'où elle vient.
- Mais le château est par-là !
- Mais tu entres pas dans le château, y a que les nobles, les rois, les reines, les princes et les princesses qui entrent.
- Mais JE SUIS une princesse !
- Ah oui, hein ? Princesse de quoi, des caniveaux ?
- NON, pas du tout, affirme-t-elle, impérieuse, les poings collés sur les hanches. Je viens de très loin ! Et je suis pas une princesse des caniveaux !
- T'es une princesse où alors ?
- Ici !
- Et ton royaume, c'est où ?
- Je crois que c'est ici, déclare-t-elle en écartant largement les bras. Mais je dois aller voir si c'est mon château vraiment.
- Mais non, tu n'iras pas.
- Mais faut que j'entre pour savoir si c'est mon château !
- Ton père c'est le roi de Diantra ?
- Euh.. non, il est pêcheur...
- Alors t'es pas la fille du roi. Retournes d'où tu viens.
- Mais je sais bien que je suis pas la fille du roi de Diantra ! Je cherche pas mon papa, je cherche mon château !
- Ça peut pas être ton château si ton père c'est pas le roi.
- Pourquoi ?
- ...
- Ben parce que le château, il est au roi.
- Et alors ?

Le garde jette un coup d'oeil à son compère, puis secoue la tête, visiblement agacé. Il avance d'un pas et attrape la gamine par un bras et va la traine plus loin.

- AAAAAAAAAAAAAAARGH !!! LÂCHEZ-MOI !!!! braille-t-elle en se débattant férocement, tellement que le crapaud en tombe à la renverse. Eze !! hurle-t-elle tandis que le garde la traîne plus loin.
- Crâow.

Parce que les petites filles sont parfois surprenante, le garde reste surpris quand elle s'arrête et lui balance son pied dans la rotule.

- ARRRGH !

Un coup sec et Zoïle se libère. Elle rebrousse chemin, attrape Eze qui n'a pas bougé et retourne d'où elle vient.

Cachée derrière un muret, elle reprend son souffle et tient fermement Eze. Elle jetteun bref coup d'oeil... ils ont reprit leur place, mais à voir le garde gesticuler, il est pas du tout content... elle est convaincu que l'autre lui a dit "allez, laisse-tomber, c'est qu,une gamine..."

- Aaaargh, l'andouille ! peste-t-elle, vexée et furieuse.

Elle fouille dans le col de son pourpoint et en sort Lufotu. Elle l'ouvre en son plein centre et se plaint.

- Si j'entre pas dans le château, je pourrai jamais savoir que c'est le mien ! Et je pourrait jamais être princesse ! Je veux entrer ! Je veux, je veux, je veux entrer dans le château !

L'ENTRÉE DES PALFRENIER, ILS VONT SORTIR UN CHEVAL, LE TEMPS QUE TU T'Y RENDE, T'AURAS QU'À PASSER EN MÊME TEMPS QUE LE CHARIOT.

- Ça va marcher ?

SI TU Y CROIS TRÈS FORT, ÇA MARCHERA.

Zoïle plisse les yeux.

- Ouais !

Elle se lève et, d,un pas décidé, se dirige vers l'entrée des palefreniers. En fait, elle ne sait pas du tout où c'est, mais elle la trouve. Elle se cache encore derrière quelque chose... un chariot, tiens... cool ! Passer en même temps que le chariot ? Ce chariot là ? Sans doute, y'en a pas d'autre. Elle grimpe dedans et se cache dans le foin destinés aux chevaux. Après un moment, à travers les brindilles de foins, elle voit les chevaux sortir, avec leurs cavaliers, évidemment, puis la charrette se met en branle.

- Génial, un tour de charrette en plus ! dit-elle à Eze.

Ça n'avance pas rapidement, mais c'est moins fatiguant qu'à pied, qu'elle constate. En fait, elle n'a jamais vraiment eu l,occasion de tenter l'expérience de se faire transporter. Dans son petit village de bord de mer, on ne se faisait pas transporter, on se transportait tout seul. Et elle n'est jamais allée bien loin de chez elle... enfin, avant le début de son voyage. Maintenant, elle est très loin. Bref, la charrette s'arrête devant les écuries et le type, là, il prend une grosse fourche et la plante dans le foin... en prend une grosse... euh... fourchée et la lance dans le tas au sol. Il revient vers le chariot, lève la fourche et... et il a soudain envie de se soulager la vessie. Il abaisse la fourche et la pose contre la charrette. Il s'éloigne, question d'être un minimum à l'abri des regards indiscrets, et il se soulage. Quand il revient à la charrette, y'en a plein juste derrière la charrette et des brindilles tracent une ligne, puis y'en a de moins en moins, puis plus aucune. Le palefrenier renifle... et se dit que c'est probablement un gros raton-laveur.

- Ouuuuffff, on a eu chaud !
- Croâw.

Couvertes de petites brindilles, elle trouve rapidement une entrée non gardée du château. Une fois entrée, une si jeune gamine doit être une petite gardeuse de quelque chose... en tout cas, elle est pas lavandière, ça c'est certain. Tout ceux qui la croisent sont catégorique là-dessus. Elle doit garder les oies... ou les cochons... oui, sans doutes les cochons.

Elle traverse les cuisines, puis les quartiers des domestiques, les arrières cours et les coins que les nobles ne voient que très rarement dans leur vie.

Pour le moment, elle se faufile derrière les tentures, pour éviter de se faire voir. Ses godasses ont été laissé derrière une porte, parce que Eze a suggéré qu'elle ferait sans doute moins de bruit. Logique, elle a 5 chaussettes dans ses godasses. 5 chaussettes, c'est assez silencieux... et pas inconfortable, hein. Surtout sur un plancher... royal ?

Candidement, elle avait remarqué que lorsqu'elle courait pour se rendre d'une tapisserie à L'autre, elle glissait sur les quelques derniers centimètres... étrangement, une idée farfelue viens s,insinuer dans les méandres de sa cervelle. Une idée de glisse et de vitesse. Si elle court assez rapidement, elle se demande sur quelle distance elle va glisser... et elle se trouve justement dans un couloir désert... et pas mal long le couloir... n'est-ce pas merveilleux ? Oui !

Elle sort de derrière la tapisserie, puis regarde à un bout du couloir, puis à l'autre... elle n'entend qu'un clac clac clac clac régulier et ne remarque pas vraiment qu'il s'approche. Elle a bien d'autres choses à penser de toute façon, comme estimer quand elle doit arrêter ses pieds de courir et de se laisser glisser.

Elle se colle au mur, regarde encore à gauche et à droite, puis, comme il n'y a personne, elle s'élance. Une course folle et passablement silencieuse, puisqu'elle et en 5 épaisseur de chaussettes, puis elle bloque ses pieds et glisse.

G-É-N-I-A-L !!!

Puis l'ombre surgit brusquement devant elle.

- ARGH !!!!

Mana le sentait, elle n'était plus très loin de retrouver le rat. Cela faisait peut-être depuis le début de la course poursuite qu'elle ne l'avait pas vu, elle s'était repérée à son chat qui lui-même devait sûrement suivre le rongeur pour sauver sa place au palais. Après tout, son petit chatounet chéri choux était aussi tendre et mignon qu'elle quand il devait faire bonne impression, mais il savait se montrer féroce, méchant et tout ce qui s'en suit quand il fallait. Ce n'était pas son fidèle protecteur pour rien, et il était le seul responsable de la paix qui régnait au temple quand elle était petite, si si, les voleurs n'osaient pas rentrer à cause de lui, et non pas à cause de la peur de représailles divines. Après tout, avant que son petit chat n'arrive, allait avait perdu quelques unes ses affaires, par exemple, plusieurs paire de ses chaussettes s'étaient retrouvées orphelines ! Et ce n'était pas parce qu'une prêtresse les avait ensuite retrouvées disséminées dans tout le temple que le voleur ne les avait pas remis là, de peur des représailles de son chat. Comme si elle pouvait être désordonnées ! C'était juste que quelqu'un les avait volé puis remise, voilà tout.

La fillette prit en tournant un peu trop rapidement et glissa plus qu'il ne fallait et dû poser une main au sol pour ne pas glisser. Pendant ce temps là, ses affaires un peu trop grandes étaient secouées dans tous les sens et sans qu'elle comprenne pourquoi, elle sentait quelque chose la griffer dans le dos. Horreur ! Et si... Et si... Mais bien sûr, c'était ça ! Il n'y avait pas que son chat qui voulait sauver sa place au palais, après tout, c'était pas mal comme endroit, nourrie, logée, blanchie, et il devait sûrement vouloir rester ! Alors alors... Il allait tenter de se débarrasser de son chaton, et peut-être même d'elle par la même occasion ! Après tout, c'était bien connu, il fallait toujours "trucider" les témoins gênants. Et "trucider" ne présageait rien de bon, c'était sûrement un truc de pas gentils. On allait peut-être la priver le goûter ! Il fallait absolument qu'elle sorte le rat avant de se faire trucider. Mana accéléra donc sa course dans les couloirs, il fallait absolument prendre le rat de vitesse. En même temps qu'elle filait dans les couloirs, elle essayait de secouer ses vêtements pour se débarrasser du rat. Cela lui donnait une démarche bizarre mais elle s'en fichait, l'avenir de son goûter et de son chat était tout de même nettement plus importants que son importance. Enfin, c'est ce qu'on lui avait toujours dit, que les apparences étaient trompeuses. Les apparences étaient perfides, masquait de vilaines choses et tout et tout, mais elle n'en avait jamais rencontré, dommage. Elle ne pourrait pas les reconnaître si elle les croisait.

Mana était en train de se dire que le rat opposait beaucoup de résistance pour sa petite taille quand elle tourna dans un couloir où, d'habitude, il n'y avait jamais personne. Mais, damnation ! (Et oui, même sans savoir le sens, c'était mieux que de faire une répétition avec le horreur. Suffisait d'espérer que ça change pas trop...) Pour une fois, il y avait quelqu'un ! La petite servante tenta de freiner de toute ses forces mais elle ne parvint qu'au contraire qu'à mieux viser la vil et odieuse personne qui osait se mettre dans son chemin alors qu'elle tentait de sauver le monde. Le choc l'arrêta net et elle rebondit pour tomber en arrière, sur les fesses. Elle eu beau battre des bras, rien à faire, elle ne s'était pas envolée elle n'avait pas retrouvé son équilibre. D'ailleurs, au moment de la percussion... Non, du percutage, Mana avait d'abord failli tomber en avant et écraser l'obstacle sur sa route mais elle s'était jeté en arrière dans sa grande bonté. C'était à ce moment qu'elle avait vu une forme sombre s'envoler et que les griffures dans son dos s'était arrêtées. Au moins, cela avait eu l'avantage de faire fuir le rat. Il ne devait pas aimer la musique.

Mais... Une seconde ! Depuis quand elle était assez grande pour écraser quelqu'un ? D'habitude, c'était elle qui se faisait écraser ! Cela ne voulait dire qu'une seule chose ! Le rat était magique, et en la griffant, il lui avait donné une partie de ses pouvoirs et elle avait grandi d'un coup ! Wouhaaaa, ba ça alors ! Il n'était peut-être pas si mauvais que ça le rat en fin de compte. Il voulait simplement l'aider dans sa quête pour sauver le monde mais son chatounet, en répondant à ses instincts, l'avait poussé à fuir. Voilà qui expliquait tout ! Après tout, qui voudrait bien la fuir, elle et son chat, alors qu'elle était si gentille et mignonne ? Grâce à ça, les méchants n'avaient qu'à bien se tenir !

La fillette se redressa toute contente et prête à évaluer sa nouvelle taille quand elle vit la personne qu'elle avait bousculée. Il s'agissait d'une petite fille, naturellement plus petite mais elle semblait aussi plus jeune. Peut-être que le rat l'avait aussi vieilli ? Ca serait biiiieeeen, elle pourrait faire des trucs de grands et on pourrait plus la réprimander ! Mais il fallait pour ça se comporter en grande et se montrer responsable. Mana se rapprocha de la PETITE fille (décidément, c'était géniale de ne plus être petite), pour voir si elle allait bien. Elle n'était pas vraiment très propre, mais ça Mana s'en fichait, c'était sûrement la faute du crapaud. Dans les histoires, c'était toujours la faute du crapaud. Peut-être qu'elle avait des problèmes pour se balader avec un crapaud comme ça ? En plus elle ne l'avait jamais vu, c'est qu'il devait sûrement y avoir quelque chose. Sinon, comme tous ceux au palais, elle aurait été blanchie. Alors c'était le moment parfait de se montrer mûre et responsable.

"Euh... Huhum, ça va ?"

Non non non, ça n'allait pas. Ca faisait pas assez vieux, pas avec sa petite voix fluette. C'était le moment d'essayer une vois plus grave.

"Tout va bien ? Tu sais, tu devrais faire plus attention petite, avec les rats trucidateurs..."

Le simulacre de voix masculine dans la bouche de Mana avait quelque chose encore au-delà du comique, surtout qu'elle prenait ça très à cœur. Et pis, depuis le temps qu'elle voulait dire à quelqu'un petite ! Elle était tellement excitée d'être une grande maintenant qu'elle en oublia de faire la grande quand elle parla de nouveau.

"Qu'est-ce que tu fais là ? Et pourquoi tu as un crapaud ? D'habitude c'est pour les méchants mais t'as pas l'air méchante, alors ?"

Comme à son habitude, Mana posait une foule de question, sans même attendre de réponse. A moitié penché sur la petite fille, elle sautillait aussi à moitié, tellement elle était du bonne humeur. Fini la chasse au rat pour sauver son chat, du moins pour le moment. Son chaton pourrait bien s'en occuper tout seul, non ? Et pis, ce n'était pas tous les jours qu'elle avait l'occasion de voir une petit fille comme elle, enfin comme elle avait, au château, qui ne soit obligée par ses nobles parents de rester enfermée dans ses appartements. Et les autres servantes étaient siii ennuyeuse, il n'y avait que le travail qui comptait. Mais une fille avec un crapaud ne devait pas être ennuyeuse, même en étant une méchante, si ?

La glissade sur chaussette aérodynamique se déroulait à merveille. Quelques secondes de vitesses, avec le vent dans les cheveux, en équilibre précaire sur les pieds, les bras étendu pour une meilleure portée et un moteur à réaction dans le dos... euh... non... juste l'élan magistral et des chaussettes bien glissante, pour faire plusieurs mètres à bonne vitesse. Merveilleux !

Elle entend le vent siffler dans ses oreilles, elle va sans doute franchir le mur du sol ! Et elle a même l'impression d'accélérer ! Ce qui n'est pas qu'une impression. Ces trucs que Zoïle sait faire avec de vieilles chaussettes, ça frôlait l'irréel.

La princesse fendait l'air, rapidement, franchissant une distance impossible à... à... à distancer.

Zoïle était émue. Quand on est une gamine qui chemine sur les grands chemins, le plus vite qu'on va, c'est au pas de course et pas très longtemps parce que c'est fatiguant. Jamais montée à cheval, parce que personne n'oserait la laisser monter, de peur que le cheval attrape des puces, ou pire. Et de toute façon, la laisser monter à cheval obligerait le cavalier à se tenir derrière elle et depuis son départ, le bain avait été quelque chose de passablement oublié, sauf quand il faisait très chaud. C'était arrivé quelques fois... mais une baignade, c'est pas un bain à proprement dit.

Zoïle était une grande fille et elle savait que des fois, durant l'orage, le tonnerre arrivait en même temps que l'éclair et parfois, elle voyait l'éclair, puis le tonnerre ensuite. Elle crut un moment avoir franchit la vitesse de la lumière, parque le tonnerre et l'éclair fusèrent en même temps. Puis se fut la douleur. Elle se dit que la douleur trainait sans doute de la patte parfois, comme le tonnerre...

Couchée en étoile sur le sol, elle cligne des yeux, étourdie par l'impact. Elle avait fermé les yeux. Peut-être qu'il fallait pas fermer les yeux quand on glissait vite. Tout comme c'est bien connu qui faut pas fermer les yeux quand on court, ni courir avec une sucette dans la bouche. Quand ça cesse de tourner, elle se redresse et regarde autour d'elle, cherchant la cause de ce... enfin, trouver la cause du pourquoi elle a arrêté de glisser. Une silhouette se penche au-dessus d'elle. Ça ressemble à une fille, ou du moins à une fille qui ondule et qui tourne.

- Euh... Huhum, ça va ?

Le regard sombre de la gamine papillote, le temps que sa vision se fixe sur l'émettrice de la voix.

- Aôw... se plaint-elle, d'une toute petite voix.

Elle ferme les yeux, très fort, et se gratte le fond de la tête et le front. grattegrattegrattegrattegrattegrattegrattegrattegrattegrattegrattegratte

- Tout va bien ? Tu sais, tu devrais faire plus attention petite, avec les rats trucidateurs...

Elle relève les yeux, tout en cessant brusquement de se frotter la tête. Des rats trucidatateurs ? Elle se demande si c'est la même sorte que les rats-garous... peut-être qu'à Diantra, ils appellent ça des rats trucidatateurs. Ce qui expliquerait pourquoi les gens ne la croient pas quand elle dit être pourchassée par des rats-garous. Si Zoïle sait parfaitement ce qu'est une rat-garous, elle n'avait aucune idée de ce que pouvait signifier trucidatateur, mais à l'intonation de l'autre jeune fille, pas de doute, ça devait certainement s'apparenter avec les rats-garous.

- Par les Grandes Lignes des Gros Bouquins !

Y'avait donc des rats-garous à Diantra ! Elle qui croyait qu'ils n'aimaient pas les villes ! Et manifestement, y'en avait dans le palais. Elle jette un coup d'oeil incertain autour d'elle.

- Qu'est-ce que tu fais là ? Bonne question. Elle cherchait son château, quoi. Mais avec la réception des gardes de tout à l'heure, elle hésite à le redire. Et pourquoi tu as un crapaud ? Un crapaud ? Elle retrouve soudain Eze dans son champs de vision. Soupir de soulagement, il avait survécut à l'impact. D'habitude c'est pour les méchants mais t'as pas l'air méchante, alors ?

Elle relève brusquement la tête vers la jeune fille et prend un air paniqué. Elle se précipite sur elle et l'agrippe par les épaules. Elle secoue la tête ouvre grand les yeux.

- Non, non, non, non, non ! Je suis pas une méchante ! Surtout pas une méchante. Les méchants sont... ils sont méchant ! Eze, dit-elle en pointant le crapaud, il est pas méchant non plus. Enfin, si on l'embête pas, il est pas méchant. Ce qui insinuait qu'il était méchant un peu... mais c'était pas ça ! Il est méchant qu'avec les méchants, affirme-t-elle.

Ça, c'était vrai. On pouvait être méchant avec les méchants, parce qu'ils étaient méchants. Logique, non ? Et bon, elle, elle était pas méchant, puisqu'elle était une princesse. Et les princesses, c'est bien connu, ne sont pas méchantes. Les Reines et les Belles-mères le sont, mais pas les princesses. Elle, elle n'était ni une Reine, et surtout pas une Belle-mère. D'ailleurs, c'était faux, dans les contes, les Belles-Mères n'étaient pas belles du tout. C'était un truc douteux d'histoire, une nironi, ou quelque chose du genre.

Tout ça pour dire que la fille devait AB-SO-LU-MENT la croire, parce que dans les livres, quand quelqu'un demandait à l'héroïne si elle était méchante, ça devenait toujours son amie qui l'aidait à accomplir sadestiné*. Elle ne savait pas c'était quoi une sadestiné, mais ça devait être grandiose, puisque tous les héros et toutes les héroïnes voulaient accomplir sadestiné.

- Et puis, je peux pas être une méchante, parce que je suis une princesse, dit-elle, d'une toute petite voix, redoutant la réplique de l'autre fille.

Mais elle n'avait rien d'une garde. Elle avait même pas d'armure. Ni de lance, ni d'épée. elle avait peut-être une chance. Et puis, elle avait une très belle robe. Vraiment très belle. Pas beaucoup de pierres précieuses, mais c'était peut-être une princesse aussi.

* Zoïle savait lire, c'était certain, mais ce qui l'était moins, c'était si ceux qui avaient écrit les bouquins qu'elle avait lu savaient écrire.

La toute petite minuscule ridicule riquiqui miniature fille semblait avoir un peu plus de mal qu'elle de se remettre du choc. Après tout, c'était normal, elle était grande, elle devait faire plus mal qu'une petite. Humm... Avec ses manies de toujours courir à droite à gauche et de manquer de renverser pleins de monde, elle ferait peut-être mieux de faire attention. Une mini-servante, on la remarquait pas, même si elle vous fonçait droit dessus, mais une grand adulte, c'était plus dur à ignorer. Il y avait des désavantages à être grande, incroyable... Elle ne l'aurait jamais cru ! Enfin, pour l'instant, il n'y en avait qu'un, c'était donc toujours mieux que d'être petite. Surtout que quand on était grand, on entendait pas les réponses bêtes aux questions bêtes comme "Tu comprendras quand tu sera grande" ou alors "Va demander à quelque d'autre, j'ai pas le temps" voire "Je sais pas". Il devait vraiment y avoir de ces grands mystères de grands qu'il fallait découvrir, et il fallait absolument qu'elle les découvre.

Mana sursauta quand la petite fille s'exclama quelque chose. Par Les Grandes Lignes Des Gros Bouquins ? C'était quoi cette expression ? Sûrement un code ou un truc du genre, parce que ça intéressait qui que les lignes des gros bouquins soient grandes ou petites ? D'ailleurs, ça intéressait qui les gros bouquins ? Personne ne lui avait jamais appris à lire et à écrire, et elle ne s'en portait pas plus mal. La seule fois où elle avait posé des questions là-dessus, on lui avait raconté des choses effrayantes sur la lecture et l'écriture, et depuis, elle n'osait plus poser de questions sur ces domaines... Mais... Mais... Mais... Ce n'était peut-être pas aux livres qu'elle faisait référence ! Après tout, GRANDE, ça devait sûrement être d'elle dont elle parlait, après tout, elle était si grande maintenant. Mais pour le grosse, ça devait être autre chose, parce qu'elle n'était pas grosse, et même loin de l'être. Peut-être parlait-elle de sa gros taille ? Non ça n'allait pas. Gros grandeur ? Non plus... Tant pis, elle chercherait plus tard.

De toute façon, elle pouvait pas y réfléchir maintenant, la petite fille l'avait aggripée et secouait la tête avant de répondre à ses questions. Au moins, yavait ça de biens avec les petits, ils répondaient toujours et remettaient pas ça à plus tard, pas comme les méchantes Lila. Celle-là disait beaucoup méchant pour une pas méchante, mais pour combattre les méchants, fallaient bien les appeler, non ? Alors comme ça, le crapaud n'était méchant qu'avec les pas gentils ? Ce n'était pas normal ça... A part... Peut-être que... Mais bien sûr ! Il devait s'agir d'un super espion parmi les crapaud qui donnait pleins d'information, un agent secret, le James Bond des batraciens ! Wouhaaaa, il en fallait du courage pour ainsi retourner sa veste et servir le bien, quand on faisait partie d'une espèce toujours méchante. Mana changea radicalement de comportement envers le crapaud et le regarda avec des yeux pleins d'admiration.

"Alors c'est un crapaud double, c'est ça ?"

Holala, il fallait absolument qu'elle le présente à son chat, ils pourraient faire ami-ami. Le crapaud double et son fidèle second, l'équipe choc animalière de l'année. Les méchants n'auraient qu'à bien se tenir. La petite fille la sortit de sa contemplation et de ses grands projets d'avenir quand elle lui annonça d'une petite voix qu'en fait, c'était une princesse. Hoooo, ça expliquait le code avec les lignes et les bouquins de toute à l'heure, c'était sûrement pour faire savoir aux personnes du château que c'était bien elle la princesse. Parce qu'entre ses vêtements, sa propreté et surtout, le crapaud, on n'avait pas l'impression d'avoir en face de soit une princesse... Elle devait se déguiser... Ho mais bien sûr ! Elle avait entendu parler d'un voyage qu'aurait fait les princesses du château pour aller se mettre à l'abri, mais en fait, elles n'étaient pas vraiment parties ! Elles se cachaient et se déguisaient pour que les méchants puissent pas les reconnaître ! Et dire qu'elle n'avait pas réagit au code, mais qu'elle andouille, en plus, elle l'avait pratiquement traité de méchante et insulté son crapaud. Comment l'animal d'une princesse pourrait être méchant de toute façon ? C'était impossible !

"Ho non, je savais pas pour le code, je suis désolée ! T'es cachée pour que les méchants te trouvent pas c'est ça ? Parce que les grands ils ont dit à tout le monde que les princesses avaient quittés la ville. En tout cas l'est bien ton déguisement, j'aurais jamais cru..."

Mana resta pensive un instant, avant de se souvenir d'un truc dont on lui avait souvent parlé et qu'elle devait normalement respecté, l'étiquette. Elle voulait bien faire tout ce que l'étiquette disait, mais elle l'avait jamais trouvé dans ses vêtements, et de toute façon, elle pourrait pas la lire... Mais elle savait quand même quelques trucs à faire. La servante se précipita alors pour faire maladroitement sa référence et ne pas manquer de respect. Après tous les princesses étaient toujours super bien dans les histoires. Quand elle se fut redresser, elle regarda d'un œil nouveau la princesse mais elle ne savait plus trop quoi lui dire. Généralement, les nobles, ces gens qui habitaient aux châteaux, n'aimaient pas ses questions. Mais elle ne savait pas quoi dire d'autre. Et il y avait quelque chose qu'elle avait tellement envie de savoir ! Elle pouvait peut-être mettre de côté l'étiquette un moment, le temps de poser sa question, et après, elle referait une révérence. Ca compenserait, non ?

"Mais pourquoi t'es là ? Tu devrais pas être cachée ? Quelque chose ne va pas ? Tu dois voir quelqu'un ?"

Bon, la question s'était transformée en quatre questions, mais c'était pas grave, suffisait de faire quatre révérences.Mana s'exécuta rapidement, de plus en plus maladroitement alors qu'elle tentait d'aller vite pour compenser plus rapidement ses questions. C'était compliqué quand même l'étiquette. Et elle savait même pas la lire ! Qu'est-ce que ça devait être pour ceux qui savaient ? C'était vraiment un truc horrible la lecture...

Les deux gamines se dévisageaient. Zoïle cherchait à déterminer si le fille était une alliée ou une ennemie. Elle avait pas vraiment l'air d'une ennemie. elle avait pas de robe noire, pas de nez de sorcière, ni le visage vert et d'horribles boutons. Elle avait pas non plus les yeux méchants des... bah des méchants, quoi. Ça devait donc nécessairement être une bonne personne.

Un crapaud double ? Elle jette un coup d'oeil à Eze... il n'avait rien d'un crapaud double. elle l'aurait su si c'était un crapaud double. Elle l'aurait vu, non ? Un double, c'était facile à déterminer, puisqu'il y en avait deux.

- Eze, il est avec moi.

C'était peut-être ce qu'elle voulait dire par double. Eze et Zoïle, puisqu'il était avec elle. Ouaip, c'était probablement ça. Ça ne pouvais pas être autrement, parce que si Eze avait été deux, elle l'aurait su. Quoique peut-être que c'est la fille qui en voyait deux. Elle avait vu un monsieur, une fois, qui avait les yeux croches et quand elle avait voulu l'imiter, elle avait vu deux trucs partout où elle regardait. Peut-être que ses yeux louchaient ? Zoïle plisse les yeux et chercher à regarder si elle louche.

Elle fronce les sourcils... un quoi ? Code ? Elle est désolée pour un code ? C'est quoi un code ? Si ça se trouve, elle ne connait pas non plus le code. Elle esquisse un sourire de circonstance.

- Y a pas de mal...

Elle n'était pas certaine que les gardes étaient bien méchant, mais effectivement, elle se cachait pour que les gardes ne la trouvent pas. Elle opine du chef. Quand même, les gardes, ils étaient agaçant. Ils étaient toujours en train de causer des problèmes aux héros. Mais c'était eux qui arrêtaient les méchants quand le héros ne les tuait pas.

- Oh, c'est dommage qu'elles soient partie... j'aurais bien aimée les voir. Mais c'est pas une déguisement, c'est parce qu'il est sale, dit-elle en regardant son pourpoint dans un état lamentable.

Puis la fille vient pour s'assoir, mais change visiblement d'idée puisqu'elle ne termine pas son mouvement. Zoïle lisait beaucoup certes, mais dans ses livres, Il n'y avait pas beaucoup d'images et en plus, les images étaient des images d'amateurs et non pas d'artistes. Elle savait que le mot révéranse existait et elle savait que c'était lors des présentations, mais de là sa savoir reconnaître une révérence, c'était autre chose. Selon Zoïle, elle avait du avoir l'idée de s'assoir, mais qu'elle s'était dit que dans le milieu d'un couloir, c'était pas génial. Parfaitement simple.

- Euh... j'ai glissé. Tout va bien, j'ai plus ma. Enfin, je crois. Oui, je devais être cachée, mais j'ai glissé et... bah j'ai glissé sur toi. Et je pense pas que je dois voir personne. Quelqu'un me cherche ? demande-t-elle, un brin paniqué, en regardant autour d'elle.

D'un autre coté, qui pourrait bien la chercher ? À part évidemment le boulanger... il lui courait tout le temps après quand elle lui chipait du pain. Mais bon, elle n'était pas pour mourir de faim parce que monsieur n'aimait pas se faire chiper le pain, hein ?



[HJ : Pas là jusqu'à Lundi. Visite française à Québec oblige !]

Mana regardait toujours la petite fille, enfin la princesse, ça faisait mieux que la petite fille, avec une certaine curiosité. Elle n'avait jamais eu le droit d'approcher les princesses ou même les membres de la famille royale. Même certains nobles d'ailleurs. Normalement, elle n'aurait dû même que connaître la maison de son maître, mais elle s'arrangeait toujours pour aller visiter le château. Pis son maître n'était pas trop méchant alors ça allait. On lui demandait de faire plus de choses que quand elle habitait au temple, mais les gens ils s'énervaient moins vite. Ou alors ils n'avaient pas le temps de s'énerver qu'elle était déjà partie... Allez savoir.

Elle regarda les vêtements de la petite princesse. Alors ce n'était pas un déguisement ? Ils étaient juste sale ? Et ba dis donc, et dire qu'elle avait toujours cru que seule les servantes pouvaient être sales et que les gens qui habitaient le château était toujours tout propre, tout frais et tout beau. Sans oublier qu'ils sentaient bons. C'était un des avantages à être là, plutôt que dans la ville. Dans la ville ça sentait pas toujours très bon, alors que là, c'était seulement quand il y avait des problèmes que ça puait. Mais là n'était pas la question.

"Hooo, d'accord. HO ! Je sais ! Si tu veux, je pourrais le laver !"

Bon, d'accord, elle n'avait jamais jouer les laveuses, mais c'était une chance unique de rendre service à une princesse. Ce n'était pas une chose qui arrivait tous les jours dans un château. Et pis, ça devait pas être bien dur de nettoyer quelque chose. On le trempait dans l'eau, on secouait vigoureusement et après ba euh... Yavait souvent un truc avec des bulles... Ho, ba suffirait de souffler dans l'eau ça irait. Et après, on faisait sécher bien à plat pour que ça fasse pas de plis. Ce n'était pas sorcier tout de même.

Ce fut ensuite au tour de la petite fille de poser une question. Sans révérence bien sûr, c'était elle la princesse après. Mais il fallait vite y répondre, et surtout bien y répondre. Il ne fallait surtout pas mentir à une princesse, même sans faire exprès. Elle réfléchit alors intensément, fronçant son petit nez.

"Non, je ne crois pas... Mais je ne suis pas sûre... On m'a rien dit à moi et j'ai rien entendu en tout cas !"

Mana regarda soudainement autour d'elle, comme pour vérifier que l'ordre n'allait pas tomber du ciel sans qu'elle s'en rende compte. Il fallait prévoir toutes les éventualités. On ne savait jamais, après tout, dans les châteaux, il se passait toujours beaucoup de choses magiques et étranges, vu que c'était toujours un endroit magique et euh... Etrange. Si ça se trouvait, tout ça cachait une formidable aventure, après tout, les princesses vivaient toujours de formidables aventures ! Il fallait absolument qu'elle tente d'aider la princesse alors ! C'était bien connu que les héros aidaient toujours les princesses. Bon après, il vivait heureux jusqu'à la fin de leur jours -ça d'accord- et avaient beaucoup d'enfants, mais cette partie on pouvait la mettre de côté. Elle ne savait pas trop comment on faisait les bébés alors ce n'était pas pour elle. Mais le sauvetage du monde, si.

"Dis je peux te poser une question ? Pourquoi t'étais cachée ?"

Si elle n'était pas avec les autres princesses, c'était qu'elle avait une autre raison d'être cachée. Et Mana n'avait retenu que cela. Les princesses qui se cachaient avaient toujours une raison primordiale de le faire, soit elle était en danger, et il fallait donc l'aider, soit elle voulait sauver le monde, et c'était exactement ce qu'elle devait faire ! Ca tombait bien quand même, comme dans les histoires.

Laver son pourpoint ? Zoïle affiche une mine pensive. Laver son pourpoint, ce serait peut-être pas une mauvaise idée. Ça permettrait d'enlever les taches, enfin, quelques taches et de faire disparaître les miettes de... de... euh... bah les miettes de tout. Et puis, elle avait détecté depuis son arrivée à Diantra, une petite odeur plus ou moins agréable quand le vent était favorable, qui la suivait partout. Elle s'était dit qu'elle avait dû ramper dans quelque chose, mais elle n'avait pas eu le temps d'y porter une attention particulière. Mais d'un autre côté, faudrait qu'elle enlève tous ses trésors de son pourpoint et elle ne savait pas trop où les cacher en attendant. Peut-être que la gamin pourrait l'aider.

- Oui, tu peux laver mon pourpoint. Mais j'vais t'aider. C'est un très grand pourpoint et à deux, ça ira plus vite.

Sourire visiblement ravi, elle est rassurée quand l'autre fille lui dit que non, personne ne la cherche. C'était beaucoup mieux comme ça. C'était à elle de chercher son château de toute façon. Pas aux gardes ou au boulanger de la chercher. Mais bon, dans toutes les histoires, les méchants cherchaient les princesses. Oh, et les rats-garous aussi. Ils la cherchaient tout le temps. À cause du gros méchants, ça, mais Zoïle n'en dit pas un mot à la fille. C'était pas une bonne idée de lui faire peur. Zoïle, elle, elle avait l'habitude des rats-garous. Ils lui faisaient encore peur, mais moins que quelqu'un qui ne les connait pas.

Un flop flop flop régulier escorte les petits bonds d'Eze qui explore visiblement le couloir. Où plutôt, il se rapproche d'une armure décorative. Y'en a dans tous les châteaux, ça ce qu'on dit. Sans doute que celui-ci ne faisait pas exception. Pourquoi il aurait fait exception de toute façon.

Zoïle hoche la tête quand elle lui demande si elle peut lui poser une question. D'ailleurs, elle se demande pourquoi elle lui pose cette question. Pourquoi elle ne pourrait pas lui poser une question ? C'était normal les questions. Zoïle se compose une mine grave et hoche la tête.

- C'est les gardes... ils voulaient pas que j'entre. J'ai pas trop compris pourquoi. Une question du château, du roi et de mon papa... mais j'me souviens plus trop... ah... euh.. au fait, comment tu t'appelle ? Moi, c'est Zoïle, dit-elle en lui tendant une main crasseuse et très probablement collante.

D'ailleurs, Zoïle s'en rend compte et retire sa main avant de 'essuyer sur son pourpoint et de la tendre à nouveau. C'était pas mieux.