La colère d'un frère [Astéride]

Lilianna avait bien fait ce qu'elle pouvait pour apaiser Trystan, rien n'y avait fait. Il avait momentanément fait abstraction de son inquiétude, mais il avait décidé d'aller rendre une petite visite à Astéride. Il devait avoir une sérieuse discussion avec elle. Après viendrait le tour de Veldrin. Comment avait-il osé flirter avec sa soeur? Comment avait-il pu mettre son honneur en jeu? Il y avait des dizaines de jeunes femmes prêtes à succomber à son charme, mais non, il avait fallu qu'il tente le diable avec sa soeur! De surcroit, il avait simplement gronder Trystan comme on gronde un enfant malpoli qui écoute aux portes! Ce n'était pas lui qui lui avait imposé ce fichu lien! Alors qu'il ne s'étonne pas d'intrusion intempestives!

Il espérait juste que l'un ou l'autre avait eu la jugeotte de ne pas commettre l'irréparable. il ne voulait pas jouer le rôle du seigneur tyrannique qui demande réparation pour outrage à sa jeune soeur! il n'avait vraiment pas besoin de cela en ce moment! peut-être Astéride avait-elle résisté... Astéride était comme lui, froide, ne laissant que peu transparaître ses réelles émotions. Elle ne laissait que peu de personnes entrer dans son intimité... peut-être avait-elle finit par refouler Veldrin. Leurs rapports n'étaient n'étaient guère cordiaux en plus...

Thibaut entrainait son maître jusqu'aux appartement de la jeune fille, muet. Il l'avait rarement vu aussi en colère. Manque de chance, Trystan n'avait pas revu Astéride depuis ce fameux soir où il lui avait annoncé qu'il allait revendiquer son titre. ils ne s'étaient pas reparlée depuis. A la colère qu'elle ne soit plus vierge, s'ajoutait la rancoeur de cette soirée.

Ils devaient vraiment parler.

Thibaut frappa alors à la porte, et sans attendre, trystan entra, se moquant de toute convenance. Sa soeur pouvait bien être nue ou quoique ce soit, ce n'était pas lui qui se rincerait l'oeil n'est-ce pas? Il congédia le jeune valet et la porte se referma. Rien qu'à son expression fermée, à sa mâchoire contractée et son teint pâle on pouvait deviner que trystan était dans une colère noire.

- "Astéride, il faut qu'on ai une petite discussion."

Il ne lui laissait pas le temps de protester. Là, c'était non seulement le frère qui parlait, mais aussi le duc.

- "Je ne viens pas te voir en tant que frère, pas seulement, mais aussi en tant que duc d'Erac et donc ton tuteur. Qu'est-ce que tu as fait? Je sais ce que tu trafiques et je veux la vérité. Qu'est-ce qu'il s'est passé?"

Lui, il parlait d'elle et Veldrin. Mais elle ne pouvait pas se douter qu'il savait, pas aussi vite, pas déjà. Par contre, elle ne cachait pas que cela comme secret. Elle cachait aussi un énorme lézard vert et il y avait plus de chances que Trystan soit au courant de cela que de sa nuit avec Veldrin non? Astéride avait deux secrets, Trystan n'en connaissait qu'un, mais il était plus logique qu'il connaisse l'autre... l'heure des révélations avait peut-être sonné par un quiproquo fort à propos.

Demain serait douleur...Demain serait terrible et...Demain était là...Leur témoin muet s'était retiré depuis quelque heures au creux de sa caverne, laissant la lumière pénétrante du soleil envahir le monde et lentement dévoiler les silhouettes endormit, enchevetrées, emmêlées comme les a figés leur union...Malicieux, un rayon se joua des yeux fermés, des traits fins, passa sur des lèvres rougies et marquées avant d'aller chatouiller un petit nez...Il insista, impuissant, nul n'aurait put la sortir du sommeil délicieux qui la tenait solidement attaché en son sein...Tout ? Tout sauf cette porte qui claqua, loin dans ces appartements...Un maillon du sommeil fut détruit, provoquant un doux réveil...Ses lèvres laissèrent échapper un murmure mélodieux tandis que, de lui même, son corps se pressait plus étroitement encore contre celui qui partageait sa couche...Puis, se fut une seconde porte qui claqua, plus près, beaucoup trop près...Ces yeux s'ouvrirent beaucoup trop tard alors que résonnait a son oreille une voix glaciale et trop bien connue. Par les dieux ! Qu'est ce que !? La peau prise d'un tremblement de mauvais augure, Astéride s'assit subitement sur le lit, tirant le drap sur sa poitrine dénudée...Trystan !? Il lui fallut quelques secondes pour comprendre l'ampleur de la catastrophe, ses iris sombres, encore parées d'un reste d'éclat sensuel passait de son amant a son frère...là, c'était l'apocalypse...Elle inspira profondément et sortit la première chose qui lui passa a l'esprit, attaquant pour se défendre.

-Tu ne frappe plus aux portes maintenant ?!

A voir ces traits, il n'était pas difficile de savoir dans quel état de colère se trouvait son frère. Ses lèvres étaient crispées, son visage blême et si la vue lui avait été encore possible, nuls doutes qu'il serait en train de la fusiller du regard, par reflexe, elle leva le menton en un geste de défi, malheureusement sans effets alors qu'il continuait sur sa lancée...Et là, ce fut la stupeur...De quoi parlait il ? Il ne pouvait savoir si ? Non c'était impossible ! Alors...C'était autre chose...Incanus...Lilianna avait elle parlé ? Non, elle n'y croyait pas vraiment, ayant une totale confiance en sa future belle soeur...Mais alors comment ? Que ? Fébrilement, elle tourna les yeux sur son compagnon et posa un doigt sur ses lèvres. Si il disait un mot, elle le tuerait sur place sans autre forme de procès !

-Je peux savoir de quoi tu parle ? Il n'y a rien que j'ai fais dont j'ai a rougir donc, j'écoute !

Reprit elle sans une once de tremblements dans la voix, clairement après tout, elle n'énonçait qu'une simple vérité. Elle pouvait a merveille jouer la comédie, mais seulement voilà, ce n'était pas un public néophyte qu'elle avait devant elle non, c'était son frère et celui ci ordonnait. Ses doigts se crispèrent sur le drap qui l'entourait, l'orage menaçait d'être destructeur. Oui, son frère pouvait être terrifiant, oui, son frère était capable de lui faire peur mais elle ne se laisserait pas faire aussi facilement. Depuis leur diner, elle ne l'avait plus revu, peut être un reflexe inconscient, une peur latente, allez savoir et le souvenir de ce jour là demeurait gravé dans sa mémoire au fer rouge.

Les rayons du soleil perçants s’élevaient par delà les carreaux de la vitre adjacente. C’était un doux panache de couleurs qui s’étiolait avec une certaine lutte sur les draps couvrant les deux silhouettes enlacées. Veldrin avait veillé plusieurs heures durant sa bien-aimée, ce nouveau souffle qui se lovait au sein de son étreinte. Il avait passé des heures à observer ce visage d’ange à la beauté magnifiant. Il ne se lassait guère et profitait de ses mains pour jouer de douces caresses et étiré les mèches qui se glissait sur le visage de la jeune fille.
La nuit avait été très courte, et il n’avait pas dormit préférant dispenser son regard sur ce nouvelle vie qui se tenait au plus proche de lui que ce perdre au creux de ses songes. La nuit avait été révélatrice et profonde, aucun doute quand à son devenir. Il devait parler à Trystan le plus rapidement possible.
Il s’était à moitié assoupit, glissant dans les bras d’Astéride.

Ce ne fut pas Veldrin qui engagea les hostilités, peu à peu, somnolant il entendit les portes claquer et sentit Trystan approcher fou de rage. Ce fut rapide clair et concis. Peu à peu les idées de l’hybride se mettaient déjà en place. Si Trystan croyait pouvoir s’immiscer entre le Sénéchal et sa sœur, il avait tord. La dernière porte claqua, s’ouvrant sur la chambre.
Astéride mit quelques secondes à émerger et fut propulsé dans une certaine horreur. L’hybride observait la scène silencieusement. Trystan exigeait des explications…Mais lesquelles ? Comment expliquer l’amour ?
Astéride bredouilla quelques peu et reprit de l’allure. L’hybride se releva sur les coudes et observa Trystan le visage empourpré. Il n’avait jamais sentis autant de rage en lui. Aveuglé par celle-ci il ne sentait même pas la présence de l’hybride dans la soierie de sa sœur.
Pour rassurer Astéride, il glissa ses mains autour de sa taille et se vint la poser contre lui. Veldrin était plutôt détendu. En aucun cas, il allait plier même si Trystan lui faisait face.
Il y eut quelques échanges vindicatifs, après tout il était du même sang, et la même tempête coulait dans leurs sangs. Etais-ce le bon moment ?
Il se racla la gorge et jeta un regard sur Astéride.

Je l’aime autant que tu aimes Lilianna, Trystan.

Ce fut clair, frappant et concis. Trystan allait prendre conscience de l’ampleur de la chose. Sa voix était profonde et authentique, l’hybride ne mentait pas. Il lui restait une carte en poche…

Si Trystan avait eu le même éclat que jadis dans les yeux, il aurait fusillé sa soeur du regard. Sa petite rebellion ne lui plut que moyennement et franchement, elle n'avait nul besoin de mettre de l'huile sur le feu, il était suffisamment en éruption comme cela.

Elle le défia de nouveau, jouant les innocentes. Il ouvrit la bouche pour répondre quand une voix horriblement familière résonna dans la pièce. De pâle, il devint livide. Veldrin... Veldrin était dans les appartements de sa soeur, au petit matin. Tout s'emboita à une vitesse folle dans la tête du jeune homme. Pour en arriver à une conclusuion limpide et effroyable : ils avaient couché ensemble. Son ami, son frère même, avait couché avec sa soeur. Il y avait un parfum d'inceste qui rendait malade Trystan. Il avait été tellement aveuglé par la colère qu'il n'avait pas senti Veldrin dans les parages.

- "Sors d'ici Veldrin."

Sa voix était basse, grondante, chargée d'une colère qui ne demandait qu'à exploser à la moindre étincelle.

- "Sors avant que je ne perde vraiment mon calme. J'ai besoin de parler à ma soeur."

Son ton ne souffrait pas la discussion. Sa voix était tendue, comme un élastique prêt à claquer. Il s'en fallait de peu qu'il se mette dans le même état de rage qui l'avait saisit quand il avait attaqué Edward. Ses poings étaient serrés. Il congédiait Veldrin, oui, mais comme il aurait viré n'importe qui, voulant être seul avec sa soeur. Son ton n'était pas très rassurant, c'était certain. Mais Veldrin le connaissait suffisamment pour savoir que premièrement, il ne ferait jamais de mal à Astéride, même fou de rage et deuxièmement, il valait mieux s'éclipser pour mieux préparer la prochaine confrontation et surtout faciliter la tâche à Astéride. C'était logique. Astéride le savait, Trystan le savait, même s'il n'en avait pas conscience et Veldrin le savait. C'était le mieux à faire.

Elle croyait sincèrement sauver les meubles ? Non bien sur et de toute façon a quoi cela aurait il servit ? A pas grand chose au final. Elle ferma les yeux en sentant deux mains l'enlacer et une voix s'elever. Effectivement, il avouait sans honte aucune, d'ailleurs pourquoi devrait il y en avoir ? Rien n'était sale, rien n'était souillé bien au contraire mais cela, c'était une autre paire de manche pour le faire comprendre a son frère. Elle savait sa colère, elle la comprenait même...Mais franchement, il aurait pu attendre l'heure du diner par exemple ! Elle n'était pas vraiment prête a l'affronter maintenant, mais il ne lui laissait pas le choix, la confondant sans fioritures. Une seconde infime, elle en voulu a Veldrin, comme si il creuvait sans gêne une bulle de rêves. Mais c'était se leurer que d'espérer un secret quelconque, il le lui avait dit, il faisait toujours ce qu'il désirait... Ce n'était pas une mince affaire, ni une partie gagnée d'avance qui se profilait devant elle. Son frère était fou de rage, attitude en contradiction avec Veldrin et elle...Elle était juste tendue et nouée. Elle assumait pleinement ces actes et cela, elle le ferait savoir mais il fallait avouer que tout c'était enchainé bien trop vite...Trystan ordonna au Maréchal de quitter les lieux et c'était le plus simple a faire dans l'immédiat, certaines choses devaient être dites cela était sur.

Elle passa sa main sur les doigts noués contre son ventre encore endolorit par trop de passion, un geste calme et doux...Pour une fois, Veldrin devrait se plier et se taire. Elle ne voulait pas les voir s'affronter dans une lutte fraternelle qui n'apporterait rien de bon, rien de bien...Elle savait son frère emporté par la colère, mais jamais il ne porterait la main sur elle. Elle n'avait rien a craindre de sa part, rien a part des mots qui avaient peut être autant de pouvoir qu'un coup, mais qui ne restaient que des mots. Elle chuchota doucement, avec cette note propre douce et déterminée en même temps.

-Je crois qu'il serait plus sage que tu t'en ailles, Veldrin et me laisse parler a mon frère.

Cela dit, il n'était pas sur qu'il l'écoutes, rien n'était prévisible avec lui et cela, elle l'avait comprit et aimé.

Il la sentait montée, comme un venin insipide qui fait perdre tout contrôle. Une once de pointes fugaces. Ces derniers jours avaient été difficiles et Veldrin gardait un souvenir amer du dîner passé. Trystan avait eu son lot d’émotions, mais cela ne justifiait pas sa colère. Sa voix sèche claqua dans la pièce.
L’hybride se concentra à se calmer, pour le bien de ceux qu’ils aimaient, il ne devait en aucun cas se montré véhément. Ses pulsions dominantes s’insinuaient dans tout son corps et Astéride pouvait sentir une montée de colère noire…C’était une rage canalisé, enfermée, sur le point d’exploser à l’intérieur de Veldrin.
Il ne comprenait pas pourquoi Trystan était si colérique et surtout il ne permettrait à personne de juger son couple et de s’opposer à ces sentiments que ce soit les Dieux eux-mêmes. Il devait se résigner. Ses traits étaient calmes et détendus, il paraissait étrangement serein…Trop sûrement. A l’intérieur de lui, c’était une bête noire et féroce qui se dessinait dans ses abysses.
Il se tenait à peine, mais se le devait. Il se força à se redresser, déposa un baiser silencieux à Astéride et lui passa la main dans les cheveux. Il porta un murmure inaudible à son oreille…
Attrapant un des bouts de soierie qui couvrait le matelas, il se leva et commença à s’avancer vers…Son frère. A chaque pas, la bête qui s’insinuait en lui résonnait à la colère de Trystan, voulant hurler sa rage.
Il ne comprenait pas, détestait cette situation c’était comme son enfance et Trystan le savait parfaitement, c’était cela qui le mettait plus en rogne. Il attendait de lui, une discussion posée, calme et attendait son soutien…Pourtant il n’avait que de la rage, de la colère. Ou était les belles paroles…Il aimait Astéride, sa sœur, étais-ce un crime ? C’était une déferlante qui prenait forme, bien plus blessante que l’aurait admis Veldrin. Une centaine années de rancune remontant à la surface, enfermée de manière profonde. Il n’aurait jamais cru un jour affronté ce prélude une nouvelle fois. Le bouillonnement et le tumulte qui montait en lui, étaient sans égale. Astéride pouvait sentir tous les tourments que Veldrin supportaient…Comme une brèche béante donnant sur des profondeurs plus sombres que la plus noire des nuits, des larmes ensanglantées et une solitude plus pesante qu’un châtiment divin.
Il avait tout placé en Trystan, il avait appelé frère…Et voilà que face au plus beau des sentiments de la création, il le rejetait, le dénigrant. Etais-ce sa voie ? Son existence qui devait être ainsi ?
Il ne prit même pas garde à la connexion qui s’amplifiait sous les soubresauts de son esprit. Trystan sentit à nouveau la présence de Veldrin, bien plus proche que depuis leur première rencontre, cela dit quelque chose était différent. Ce n’était plus celui qu’il connaissait…
Eprit d’un remous profond, il commençait à étouffer. Il s’arrêta au niveau de Trystan, son visage était toujours aussi détaché.

Nous discuterons plus tard.

Une phrase simple. Un ton que le Prince n’aurait jamais cru possible d’entendre de la bouche de Veldrin. L’hybride ne s’attarda pas reprenant son avancée lente. Ses muscles étaient sous une tension incroyable et le tiraient plus encore à chaque mouvement qu’il entreprenait.
Il ne connaissait pas ce sentiment que lui avait faire découvert Astéride, il ne savait pas ce que voulait dire ceci…La seule chose dont il était sur c’est qu’il était prêt à tout en ce qui la concernait.
Face à cette illumination, c’était une remontée flagrante de tout ce qu’il avait pu enfermer pendant ses années d’errances et cela était bien au dessus de ses forces. Vivre une nouvelle fois ce cauchemar porté par la main de celui qu’il considérait comme un frère, même plus encore. Et cela à cause d’un sentiment que l’hybride lui-même ne comprenait pas. C’était un tourbillon infernal qui tordait son être de toutes les façons possibles.
Sa main se crispa sur la poignée de la porte…L’idée de laisser seule Astéride avec son frère était insupportable. Il ne voulait plus la quitter. La porte se referma avec lenteur. Puis finit par se fermer dans un bruit léger. Trystan pouvant sentir bien plus que de la détresse émanant de Veldrin, c’était bien au-delà de ce qu’on pouvait comprendre. Il pouvait sentir un amour phénoménal qui unissait l’hybride à sa sœur, mais un tumulte glacial et sombre qui entourait cet amour.
Il était à présent seuls. Ou tout du moins partiellement, Trystan sentait l’hybride rodant, il n’écoutait pas, c’était autre chose mais quoi ?

Veldrin assura quelques pas dans le couloir. Une foule de questions se bousculaient dans sa tête, arrimée par sa conscience et cette voix sombre.
*Tu t’es fais trahir ! Tu es de nouveau seul ! Tu vas fuir encore une fois ? Tu es faible…*
La tempête se faisait oppressante, tel le vent déchainé et l’orage violent, elle le malmenait de toute part. Il accéléra son pas pour rejoindre le bout du corridor…
*Je ne suis pas seul…Je l’aime…*
Puis ce fut une explosion, son souffle était lourd et saccadé, il ne tenait plus, un pic monta, il ne fierait pas. Pas cette fois ! Son hurlement de rage se déchaina dans l’alcôve, résonnant contre les murs et imprégnait les lieux de son état d’esprit. Puis son poing frappa le mur, de toutes ses forces, relâchant une tension immense. Le bruit de l’impact résonna, le mur en fut secoué. La main de l’hybride était en sang…L’onde se réverbéra dans tous le château…
Fou de rage et en proie à une colère sans frontière, il regagna ses appartements…

Heureusement que Trystan ne les voyait pas se caliner, sinon, il aurait exploser. Sa colère pouvait sembler irrationnelle, incompréhensible... Vraiment? Ce qu'il n'admettait pas, c'est que son meilleur ami couche avec sa soeur, au mépris de toute règle, de toute prudence... Au mépris des conséquences. En d'autres circonstances, il aurait été ravi que veldrin courtise sa soeur et lui demande sa main... Vraiment. Et plus tard, sans doute le verrait-il ainsi. Mais pour le moment, c'était la trahison qui le poignardait, la peur pour sa soeur aussi... Il n'entendait pas Veldrin, il ne voulait pas l'entendre, pas encore. Quand sa colère retomberait, il pourrait. Trystan avait ses défauts, il n'était pas parfait, et en l'occurrence, il n'était absolument pas ouvert au dialogue.

Il sentit quelque chose d'étrange et de terrifiant émaner de Veldrin. Il savait ce que ressentait l'hybride rejeté, mais il ne s'était pas douté qu'il allait déclencher un tel maestria d'émotions refoulées. Heureusement que les deux hommes se contenaient. Sinon, l'explosion aurait été dramatique. Mais Trystan n'était pas enclin à compatir ou pardonner. Il n'était pas en état d'analyser ce drôle de phénomène, de comprendre en quoi son attitude blessait Veldrin. Frères amis, ils étaient devenus frères ennemis en l'espace d'une seule nuit. Mais rien n'était irréparable, n'est-ce pas?

Astéride enjoignit Veldrin au calme et celui-ci obtempéra, non sans un effort de volonté phénoménal. Il n'était pas du genre à courber l'échine et à se faire congédier comme un malpropre. D'ailleurs, Trystan le comprit à sa réponse. Il serra violemment les mâchoires.

- "J'y compte bien."

L'hybride les laissa alors seuls... Plus ou moins. Trystan ferma alors son esprit, rejetant les sentiments de l'hybride qui le tourmentaient. Il revint alors à Astéride. Au loin, il entendit la colère de l'hybride, mais il ferma son coeur et resta imperturbable.

- "Alors? Je t'écoute, comment expliques-tu cela? "

Il n'avait rien entendu...Rien comprit...La colère le rendait sourd et imperturbable, intouchable...Astéride regardait son frère, les sentiments qui l'agitaient qui se lisaient si facilement sur ces traits crispés...Juste un murmure doux avant d'être frappée de plein fouet par la colère qui émanait de Veldrin...Elle ne comprenait pas les tenants et aboutissants, elle ne voyait que cette rage, rampante, venimeuse qui explosait. Elle pouvait sentir toutes ces piques empoisonnées qui envahissait peu à peu son amant, le lacérant de l'intérieur...Elle ne comprenait pas, mais sentait, comme son propre tourment, comme ces propres blessures...La colère envahissait la pièce, ternissant les lieux qui s'étaient illuminé durant une nuit...Elle ferma les yeux. Puisant au creux d'elle même la force de résister a cette aura rageuse qui l'étouffait..Elle le ferait...Pour eux...Un soupir résonna dans son esprit...Incanus...Il ne l'abandonnait pas, jamais...il lui envoyait ce qu'il avait de plus doux, de plus apaisant, il savait et ne jugeait pas, jamais...Elle le remerciait de ce cadeau intemporel.

La porte se referma...

Un déchirement nécessaire mais dieu que cela faisait mal...

Seule...Elle ouvra les yeux sur son frère, statue pétrifiée, statue vengeresse. Elle ne le l'avait jamais craint jamais...Elle l'aimait, elle devait se souvenir de cela, qu'il n'était qu'un frère frappé par ce qu'il pensait trahison. un cri rageur résonna longtemps entre les murs, effaçant ceux plus doux, plus passionnés qui erraient encore, perdus mais vivace, encore une lacération...

-Je n'explique pas. Je ne peux pas l'expliquer.

Elle se leva, un drap de soie en paravent de sa nudité profanée au yeux de son frère. Elle comprenait oui, vraiment, mais elle aussi voulait se faire comprendre. La soie enroulée autour d'elle, les cheveux emmêlés, les chairs délicieusement meurtries, elle avança vers son frère. Ses yeux caressaient le visage, ce visage qu'elle ne reconnaissait pas, déchiré de colère..De haine ?

-Me haïras tu ?

un écho profond de ces mots déjà prononcés, elle parlait d'une voix douce, trop de colère ombrait cette pièce, trop de rage, cela en devenait insuportable...

La réponse d'Astéride n'était pas la bonne. Vraiment pas. Comme un grondement de tonnerre, la voix de son frère fendit le silence :

- "Tu ne peux pas l'expliquer? Tu ne peux pas l'expliquer! Astéride, es-tu devenue stupide? Bon sang, mais qu'est-ce qu'il t'est passé par le crâne! Ca ne fait que quelques mois que tu es à la Cour, tu as 17 ans et tu n'es déjà plus vierge! Je te pensais plus futée que ça! Comment as-tu pu te donner à un homme que tu connaissais à peine? As-tu perdu l'esprit? Et les conséquences? Y as-tu seulement pensé?"

Sa voix n'était qu'une chuchotement furieux et horrifié, mais auss décu. Oui, elle l'avait décue, c'était un fait, il l'avait pensé plus forte que cela. Plus forte que lui qui avait cédé lamentablement... Mais lui, il était un homme, lui il avait 26 ans, c'était différent.

- "Quant à Veldrin, il ne perd rien pour attendre! Etant donné son âge, je l'aurais pensé plus malin que ça! mais comment a-t-il osé compromettre ton honneur, comment a-t-il pu me trahir ainsi?"

Le mot était lancé : trahison. Pourtant sa soeur réussit l'exploit de faire retomber sa colère momentanément en lui posant une question qui faisait jaillir d'autres souvenirs... Un autre tête à tête, bien plus tendre.

- "Arrête de poser cette question. Je t'ai déjà répondu et ma réponse ne changera pas, quoique tu fasses."

Cependant, son apaisement ne dura pas.

- "Je ne supporterais pas qu'on te traite de putain ou de trainée Astéride..."

Les mots étaientr lancés, dur, aussi douloureux et effilés que des coups de poignard. Mais ce n'était que la réalité d'un Cour à l'étroitesse d'esprot légendaire...

-En quoi t'a-t-il trahit ?

A la colère, elle n'opposait que douceur, Incanus canalisait ses propres rages, ces propres tourments. Il lui lançait cette bouée dont elle avait désépérement besoin alors que son amour était loin, rejeté, piétiné. En d'autres circonstances, elle aurait explosée...Elle aurait hurler, deversant sa rage devant tant de dédain, tant d'égoïsme ! Mais toujours cette ombre imposante et pleine de tendresse de son dragon qui se heurtait a cette colère.

-T'a-t-il trahit en m'aimant ? Pourquoi ? Ne suis je pas digne d'amour dis moi ? Me penses tu si effacée, si futile ? Me songes tu si terne que cela ? suis je encore cet enfant qui venait te retrouver en pleurs lorsque Melisandre versait son venin ? Cette petite fille immonde aux yeux des autres, sauf au tiens, sauf au siens ? Je ne suis pas stupide, Trystan. Je ne le suis pas...Les convenances ont été piétinées, oui, j'avoue cette prétendue faute. je l'avoue et crois moi, je ne m'en sens pas coupable. Rien n'a été imposé, rien n'a été violenté...

Et là, des mots affutés, pénétrant loin dans ces chairs, ouvrant ses veines par leur crudité. Une lueur empreinte d'émeraude s'enflamma dans ces yeux...trainée...putain...Des mots qu'elle ne pouvait entendre, ternissant ce qu'il y avait de plus pur, de plus beau...

-Je me fiche de ce que pense la cour Trystan, je m'en fiche complètement...Ce qui compte c'est toi, toi et Lilianna...Penseras tu pareil ? Penses tu comme eux ?

Elle cracha ce dernier mot avec une rage latente, fulgurante...Un mépris brulant, lancinant...

-Comme ces vipères maitresses des rumeurs ? Tu es le Prince, celui que bientôt ils craindront tous, mais pour moi, tu reste mon frère...Me jugeras tu souillée ? Me taxeras tu d'impure ? Me lanceras tu la pierre ? Déchireras tu mon coeur ?

- "Tu n'as jamais été terne Astéride. Et tu ne le seras jamais. Il n'y avait bien qu'une folle comme Mélisandre pour penser cela de toi. Le premier mot qui vient à l'esprit quand on te voit, c'est lumineuse... Volontaire... Déterminée... Je ne sais pas à quoi tu ressembles, mais je sais que tu as toutes les cartes en main pour mettre bien des hommes à tes pieds..."

Il soupira. Oui, elle était intriguante, volcanique... Elle avait de quoi fasciner n'importe qui et attirer l'attention.

- "Au moins, quand tu avais 5 ou 6 ans, je pouvais te protéger. Maintenant, ce n'est plus le cas."

Non, il ne pouvait lui interdire de découvrir la vie et l'amour. Mais toute la question était là : était-ce de l'amour ou simplement un éveil aux désirs charnels?

- "Justement, tu es plus digne que n'importe qui de goûter à l'amour Astéride. Après ce que nous avons traversé, c'est ton droit... Mais il y a d'autres façons de manifester son amour que de coucher avec un homme!"

Elle savait comment le blesser... il savait tout autant lui rendre la pareille et il balança les mots crus sans précautions, sans vergognes. Cependant, elle l'étonnait par son calme. Calme qui ne dura pas quand elle lui cracha aux visages quelques paroles bien acérées. Remonté, il répliqua brutalement :

- "Cela t'intéresse vraiment ce que je peux penser? Cela fait bien longtemps que tu fais ce qu'il te plait, sans quêter mon approbation."

Il souffla, exaspéré.

- "Prince ou pas, cela ne change rien! Cela ne te protègera pas des langues vipérines! Tu ne comprends pas que cela me fait mal de penser que l'on puisse te traiter de trainée? Tu ne comprends pas que je ne peux pas te protéger des médisances et que cela me crève le coeur? tu es ma petite soeur, Astéride, que tu le veuilles ou non j'ai le devoir de veiller sur toi, surtout depuis que ton père n'est plus là pour le faire! Comme tu l'as fait remarquer, je t'ai abandonné pendant trois longues années dans les ténèbres! Ici, tu as l'occasion de recommencer une autre vie, celle que tu veux, mais tu viens de te lier toi même les poignets!"

Il s'interrompit un instant, prenant une ample inspiration pour se calmer.

- "J'espère que tu n'as pas commis d'erreur Astéride, parce que tu épouseras l'homme qui t'a prit ton innocence. Je m'étais juré de ne jamais rien t'imposer... Encore une promesse que je ne pourrais pas tenir. Tu n'es pas une petite bergère libre de tes mouvements, tu es duchesse d'Erac et l'honneur de cette famille repose sur toi. Tu as un rang à tenir Astéride, un rang que t'a transmis ton père avec fierté."

Il n'avait pas répondu a sa question première. L'évitait il ? Peut être...Non, il lui assura sa beauté, son caractère particulier. Elle pouvait interresser ? Oui et ? Elle pouvait être n'importe quoi aux yeux des autres du moment qu'elle brillait dans ceux de Veldrin. Elle haussa une épaule, lorsqu'il lui dit qu'elle avait ce droit, celui d'aimer et d'être aimer..Mais elle tiqua a la suite.

-Ah oui ? Comment l'as tu prouvé toi ? Dis moi, comment as tu prouvé ton amour pour Lilia ? Il y a d'autre façon, oui, certainement...Mais pas de plus vraie et tu le sais très bien ! Maintenant, répond moi...En quoi t'a-t-il trahit ?

Insistance ? Peut être, oui, certainement, elle voulait savoir, aller au fond de ce sentiment haineux et rageur qui émanait de son frère. Peut importe les mots qu'il prononça par la suite, elle les rejeta d'un geste sec de la main.

-Oui, je veux savoir ce que tu pense !

Pour la suite, il avait raison, ou tord...Il était le futur homme au pouvoir, celui qu'il ne faudrait pas vexer, pas contrer, si il le voulait, il pouvait faire taires les langues assassines. Mais au delà de cela, c'était le frère qui parlait. Il ne supporterait pas de voir sa soeur dénigrée, avilie comme une vulgaire catin...Et cela, elle pouvait le comprendre, le comprenait même trop bien...Et là, il parla de son père, de ce père qu'elle avait idolatré, de ce père que Trystan avait si peu connu...C'était un coup bas, terrible dans sa bouche, impossible de laisser passer cela sans réagir...Etait il là lorsque son père mouru ? Etait il là pour recueillir son dernier soupir ? Ses derniers mots ?

-Ne mêle pas mon père a ça ! Je te l'interdit ! Charles savait ce que j'étais, il l'a toujours sut, tu veux savoir ce qu'on été ses derniers mots ? Dis moi ? Il ne parlait de noblesse ou de rang ! Il parlait d'amour ! Où étais tu lorsqu'il versait ces larmes sur ma robe ? Ne te sert pas de lui contre moi Trystan ! Jamais ! Il t'a aimé aussi fort que si tu étais de son sang, il rêvait doucement oui, il rêvait de te voir devenir un Duc compréhensif, différent. Pour moi, il rêvait de liberté, loin de cette prison putride qui naissait des mots de ta mère ! Voilà ce qu'il voulait pour moi pas ces idioties de cour mal embouchée ! Ne prétend pas savoir ce qu'il espérait ! N'ose même pas le penser ! Lui, il aurait ouvert la cage...Il aurait sourit...Il m'aurait serrée dans ses bras...Il aurait cette étincelle tendre dans les yeux...Il..Il m'aurait fait confiance !

Ce fut seulement après qu'elle réalisa pleinement de quoi il parlait...Mariage ?! Elle ouvrit de grands yeux...Et « non » fut le premier mot qui lui traversa l'esprit. Mais le dire aussi...Directement serait malvenu aussi biaisa-t-elle...

-Je n'ai commis aucune erreur et oui, je l'épouserais mais pas maintenant ! Pas comme ça, certainement pas parce que tu l'auras décidé, certainement pas parce que j'ai un rang a tenir et surtout pas parce que ma réputation est ternie !

Elle soupira, passa une main sur son front...Elle se serait écroulée si Incanus ne lui avait pas apporté un soutiens sans faille...Il ne disait rien, mais restait présent en son âme, dans cet antre qu'ils ne partageaient qu'a deux...Trystan avait raison, elle était liée, mais pas de la façon qu'il évoquait...C'était bien plus profond qu'une simple bague au doigt, bien plus puissant qu'une vague alliance décidée...Il ne comprendrait pas ce besoin de respirer, de vivre pleinement, d'apprendre encore la vie...Avec Veldrin.

-Ne me force pas...S'il te plait...

Le ton avait changé, de révolté, il prenait des accents doux, elle ne voulait pas avoir a le haïr, elle ne voulait pas avoir a l'oublié...Elle ne voulait pas...

-Fais moi confiance...Fais nous confiance...Est ce vraiment trop en demander ? Est ce si terrible que cela ? Protège moi toujours, mais laisse moi vivre Trystan.

- "Parce que pour toi, faire l'amour à une femme, c'est forçément lui démontrer un amour sincère? C'est faux. J'ai couché avec bien des femmes sans rien éprouver de fort pour elles. A l'inverse, cela fait des semaines que je n'ai pas touché Lilianna."

Bon, évidemment, il ne parla pas des quelques tentations qu'il y avait eu et du fait que sans l'intervention d'agents extérieurs, ils auraient probablement enfreint leurs propres résolutions. Amour et sexe étaient complémentaires et indissociables, mais cela le faisait bondir qu'elle parle ainsi, comme si une nuit avec un homme suffisait à prouver son amour. Ce n'était pas vrai.

- "Et pour répondre à ta question, je lui ai prouvé en foulant aux pieds tous mes principes et toutes mes résolutions. Je lui ai prouvé en revenant vers elle, honteux et défait de l'avoir mise dans cet état là. Je lui ai prouvé ensuite bien des fois pendant sa convalescence... Mais pas forçément en lui sautant dessus!"

Il avait des mots assez crus et violents, mais ils n'étaient que la stricte vérité. Désir et amour n'étaient pas la même chose! Evidemment, ils avaient été ravis de pouvoir s'unir à nouveau dés que la santé de Lilianna l'avait permis. Evidemment, il mpourrait d'envie qu'ils soient mariés pour enfin la retrouver. Mais il pouvait attendre, il pouvait simplement profiter de sa présence, de sa chaleur, de son rire, de sa douceur...

- "Je considère Veldrin comme un frère Astéride. Quelqu'un en qui je peux avoir confiance et sur qui je peux compter. Il me connait parfaitement, il sait très bien que l'honneur est important pour moi, il sait très bien que TON honneur est important pour moi. Qu'il te courtise, qu'il t'embrasse, je m'en fiche, au contraire, j'aurais été heureux! Mais là, une discussion, un défi et le voilà dans ton lit!"

Oui, elle voulait savoir ce qu'il pensait... Eh bien soit.

- "Je pense que tu t'es laissée éblouir par quelque chose d'inconnu et de terriblement excitant. Je pense que si tout cela n'est qu'illusion, le réveil sera vraiment douloureux. Et je ne veux pas te voir souffrir. En fait, je pense que vous avez tous les deux été éblouis par cet inconnu... grisant."

Mais jamais il ne la considérerait comme une putain. Jamais. Elle avait été piégée par le désir. Et Veldrin? Il était vieux pourtant... Mais en y réflechissant bien, Trystan savait qu'il n'avait jamais vécu cela non plus... Tous les deux s'étaient laissés enivrés et pour le moment, ils savouraient encore les effluves grisantes de cette nuit. Peut-être la savoureraient-ils toujours. Et peut-être pas.

- "Il mettait l'amour au dessus de tout? Vraiment? N'est-ce pas sa loyauté à son roi, l'honneur de celui-ci qui lui a fait épouser celle qui allait faire de sa vie un enfer? Obligé d'élever un batard auprès d'une femme qui le méprisait... c'était toi sa petite lumière Ash..."

Et pourtant, elle avait raison en disant qu'il l'aurait prise dans ses bras et qu'il l'aurait encouragée. Elle avait raison. Mais il n'était plus là pour le faire. Et le sous entendu des paroles de sa soeur le frappa de plein fouet. Elle avait besoin de son frère comme d'un allié, pas comme un ennemi. Et sa colère disparut pour de bon. Parce qu'elle lui opposait plutôt le calme que la colère. C'était imparable. Et parce que dans ses paroles, la petite fille humiliée n'était pas vraiment loin.

- "Je ne te forcerais pas... Je ne veux pas te savoir maheureuse et surtout pas par ma faute. Tu as raison, ton père t'aurait prise dans ses bras et aurait sourit. Il n'est plus là pour le faire. Mais moi, si."

Il lui tendit timidement la main, en signe de paix et pour l'inciter à s'abandonner au plaisir d'une étreinte fraternelle. Il n'était toujours pas content de ce qui était arrivé et il mettrait des semaines à le digérer. Mais ce qui importait, ce n'était pas lui, mais bien elle. Elle et son bien être... Il espérait que Veldrin était vraiment amoureux comme il le lui avait annoncé d'emblée et pas seulement remplit de passion et de désir. L'hybride était encore trop complexe pour que Trystan devine tout de ses émotions et de ses réactions.

Les épaules crispées, Astéride écoutait la voix de son frère lui asséner des paroles qui pouvaient être vraies. Oui, il avait agit avec honneur certainement, elle le savait, en avait été témoin, avait même intriguer pour lui...Mais comment lui faire comprendre que...Cela avait été naturel ? Comme écrit ? Et que même la tête sur le billot, elle ne rejetterait jamais cette nuit là ? Elle n'était pas aveugle, elle avait vu bien des choses en vivant à la cour. Il parlait de recommencer une autre vie, mais était ce vraiment être enfermée a l'intérieur de didacts trop pompeux ? Etait ce seulement ce qu'elle voulait ? Non, bien sur que non et cela s'imposait dans son esprit en lettres de feu...étouffant, elle se dirigea vers la fenêtre, le frottement du drap sur le sol pouvait indiquer a son frère où elle se rendait...D'une main, elle l'ouvrit, grande, immense, laissant entrer l'air frais du dehors..Une main posée sur le rebord de la fenêtre, elle entendait son frère, sa voix...Elle regardait...Un puit de jade, un reflet d'elle même, son double...Trystan enchaina sur ce qu'était Veldrin a ses yeux, un frère, un ami...Il aurait été heureux qu'il la courtise ? Pour un peu, elle en aurait rit tellement cette idée lui semblait trop peu réelle. Veldrin ne courtisait pas, Veldrin ne minaudait pas, il prenait et elle...Avait donné. Ce n'était pas difficile a comprendre pour elle tellement c'était évident, mais elle ne pouvait le dire a son frère.Trystan parlait de désir, d'impulsion, de rêve qui se transforme en cauchemar, lentement, doucement. Il parlait d'aveuglement, d'illusion...Cela aurait pu être...Oui, cela aurait pu...Mais le doute ne tenta même pas une entrée furtive dans son esprit. Le murmure reprit, si doux aux oreilles de son âme, si apaisant, auréolant ces certitudes d'airain...Et quand bien même Trystan aurait eu raison, quand bien même, le goût acide des regrets ne coulerait pas sur ses lèvres... Des mots frappèrent son esprit avec la force d'un soufflet...Discutions ? Défi ? Mais...Subitement, elle s'arracha au regard tendre pour plonger directement dans celui aveugle de son frère.

-Comment sais tu cela ?

Fit elle d'une voix calme, peut être plus blanche qu'elle ne l'aurait souhaiter...

-Tu as tord...

reprit elle lentement, la voix empreinte d'une détermination teintée de douceur, une voix nouvelle peut être... alors qu'il lui livrait le fond de sa pensée.

-Et même si c'était vrai, ce sera a moi d'affronter cela, pas a toi. Tu ne veux que mon bien, je le sais, mais laisse moi faire mes propres erreurs, mes propres choix. Tu ne sera pas éternellement là Trystan...

Alors qu'elle...Elle serait encore là pour voir les enfants de son frère grandir, pour les voir aimer a leur tour, pour les regarder enfanter comme leur parents avant eux...Elle serait là encore lorsqu'ils s'éteindront...Elle n'était pas immortelle, un jour ou l'autre, la mort frapperait a sa porte et a ce moment là, elle aura déjà bien vécu...Elle ferma les yeux sur les étincelles emeraudes qui illuminaient son regard...Les réouvrant lorsqu'il mentionna a nouveau son père...Une flamme colérique envahit la noirceur de son regard.

-Ce n'est pas sa loyauté envers un roi, Trystan, mais son amitié pour un homme qui l'a poussé a faire de sa vie un tel gachis !

Comme en rêve, elle entendit a nouveau la voix de son père, comme si il n'était qu'a quelque centimètres d'elle...Il lui manquait tellement...

-Ma petite étoile...Mon petit soleil...Ces mot me manquent...J'étais cela oui, mais même Melisandre n'a pas réussit a effacer son amour pour toi...Il ne te voyait pas comme un batard, jamais ces mots n'ont franchit ses lèvres alors qu'ils sont en permanence sur la bouche de ta mère. Oh Trystan...Il nous aimait tellement que nous voir aujourd'hui lui déchirerait le coeur...

Et finalement, ce fut une main tendue, comme un appel, hésitante, presque suppliante...Il ne la forcerait pas, non, jamais, il lui apportait enfin ce soutiens qu'elle désespérait de voir...Une main tendue, juste une main tendue...Une main qu'elle ne prit pas, non, elle faisait fi de ce contact bien trop éloigné pour quitter la fenêtre et courir se réfugier dans ses bras, glisser son visage contre son cou, retrouver...Son frère.

Evidemment, Astéride s'étonna que son frère en sache autant sur ce qu'il s'était passé la veille... D'ailleurs, ne s'était-elle pas posé la question de pourquoi il avait déboulé comme une furie, aussi tôt? Il eut un petit sourire saracastique devant sa question.

- "Demande à Veldrin, il te l'expliquera mieux que moi."

Après tout, c'était l'hybride qui avait instauré ce lien étrange entre eux, lui qui le comprenait le mieux et l'expliquait le mieux aussi, sans aucun doute. Et en l'occurence, ce n'était pas le moment.

Elle lui répliqua qu'il avait tort et que de toutes façons, il ne devait pas l'empêcher de vivre pour son bien, ou pour ce qu'il considérait être son bien. Il ne fit bien sûr pas le rapprochement entre ses derniers mots et son lien avec le dragon qui assurait sa longévité puisqu'il ne connaissait pas l'existence d'Incanus.

- "Non, je ne peux pas t'empêcher de vivre."

Il la blessa de nouveau en parlant de Charles et de son sacrifice par loyauté... par amitié selon Astéride. Résultat, elle reprit de plus belle, répliquant qu'il avait adoré ce fils qui n'était pas le sien et l'avait pourtant bien plus aimé que sa génitrice qui lui avait toujours rappelé ce qu'il lui devait, avec des mots pas très délicats.

Alors il tendit la main en signe de trêve, parce que le frère et la soeur avaient toujours été unis contre les épreuves et qu'ils devaient l'être aussi dans les moments de bonheur, même s'il ne voyait pas les choses sous cet angle. Et évidemment, Astéride ne se fit pas prier en lui sautant au cou, en se nichant contre lui, alors qu'il refermait ses bras sur le corps menu de sa soeur.

- "Non, il serait fier de toi et moi, j'aurais le droit à un sermon aimable pour ma stupidité. Si tu n'es plus son soleil, tu es toujours le mien, tu l'as toujours été et tu le seras toujours. Astéride, si aujourd'hui, je ne suis pas un monstre d'égoïsme, d'avidité et d'arrivisme, c'est grâce à toi, parce que tu as su apporter et implanter une lumière dans les ténèbres. Même si tu penses avoir échoué."

Il reparlait de leur accrochage le soir du diner alors qu'elle l'avait accusé de ne pas valoir mieux que Mélisandre et de faire exactement ce qu'elle avait attendu de lui. Ces paroles l'avaient blessé et le blessaient encore. Le pensait-elle vraiment? Ils n'avaient pas eu l'occasion d'aborder ce sujet. Finalement, la dispute d'aujourd'hui n'était que l'amoncellement de tensions et de rancoeurs.

- "Lilianna a raison, je te verrais toujours comme ma petite soeur qui venait se réfugier près de moi quand elle se faisait huimiliée ou ignorée par une mère qui n'était pas digne de porter ce nom. En plus, j'ai toujours à l'esprit l'image de l'adolescente de 14 ans, un peu gauche, que j'ai quitté il y a trois ans."

Il caressa doucement les cheveux de sa soeur, appréciant leur texture soyeuse entre ses doigts.

- "Vis ta vie Astéride, je serais là quoiqu'il arrive. Je te souhaite juste de trouver le même bonheur que moi avec Lilianna..."

Il n'était plus en colère contre Veldrin ou contre elle. Parler avec Astéride avait désamorcé sa rage incontrôlée et irrationnelle. Cependant, il allait devoir s'expliquer avec Veldrin et cela risquait de ne pas être de tout repos.

- "Tu l'aimes?"

Demander a Veldrin ?! Astéride plissa les paupières...Que lui cachait on ? Cela dit, elle n'insista pas, pas maintenant, d'autres choses étaient plus importantes que ce qu'elle ne soupçonnait pas. Comment imaginer que son amant et son frère étaient liés, liés par l'esprit, un peu comme elle et Incanus ? Que l'un ressentait les sentiments de l'autre, que leur vision devenait si intimes qu'elles se confondaient...Oui, elle était loin d'imaginer tout cela...

Trystan avait abdiqué, avait reculé devant le calme de sa soeur, là où il n'attendait que colère et rage...Et peut être cela serait arrivé si Incanus n'avait gardé l'enclos qui contenait ses émotions trop fortes, trop violente...Elle oublia les mots blessants, les cris, la colère pour se jeter dans les bras de son frère, elle les sentit se refermer sur elle, abrit sur qu'il lui offrait...Il avait enfin comprit...Elle ne voulait pas de sa rage, pas de sa colère, elle voulait son sourire et sa tendresse...Oui, elle était sauvage parfois, oui, elle n'en faisait qu'a sa tête et c'était cela qui la faisait sourire et rire...Devait on la punir pour cela ? Devait on l'avilir ? Melisandre l'avait fait, Melisandre l'avait meurtrie, blessée et ce qui l'avait empêché de sombrer dans l'amertume, c'était cette silhouette lointaine, ces mots murmurés...Elle s'était raccroché aux souvenirs, au passé pour pouvoir traverser le futur...Trystan parla de Charles...Il l'avait si peu connu, si peu aimé, Melisandre avait tout fait pour qu'aucun lien ne soient tissé...Elle avait réussit, du moins a moitié...

-Fier de moi oui, parce que j'ai fais ce qu'il me demandait...Toujours suivre ma voie, mon coeur, mon âme...Oui, je pense qu'il serait fier, mais cela ne l'aurait pas empecher de me sermonner, comme tu viens de le faire...Le sang est différent, mais l'âme est si semblable...Il serait fier de nous deux, Trystan. Fier de nous voir vivre heureux de ne pas sombrer devant la moindre adversités...

Alors il posa cette question, la seule qui devait encore le torturer...L'aimait elle ? Oui.

Elle aimait, passionnément pleinement, peut être trop fortement, elle ne le savait pas vraiment...C'était une étoile qui brillait en son âme, c'était ces tourments délicieux, c'était ces larmes de sang...C'était...Tellement intense que cela menaçait de l'engloutir, tellement brulant qu'elle ne serait que cendre si il disparaissait...

-Oui...

se ne fut qu'un souffle, faible et pourtant tellement puissant..Le nez niché contre la poitrine de son frère, elle avouait sans honte, affirmait et assumait...Elle leva les yeux, scrutant les traits qui la surplombait...

-Je ne suis plus cette enfant, Trystan...J'ai grandis, peut être trop vite, trop fort, mais j'ai grandis...Aujourd'hui, je sais ce que je veux...Je sais vers qui mon âme s'évade et...Ne le condamne pas pour cela...

Quel bonheur simple que de serrer sa soeur dans ses bras, de l'envelopper de sa protection et de son amour, simplement, comme lorsqu'elle était enfant et venait le rejoindre la nuit pour quêter son affection et du réconfort après une énième dispute entre la mère et la fille, après une énième humiliation... il admirait sa soeur d'être ce qu'elle était aujourd'hui alors qu'elle aurait pu n'être qu'une froide poupée amère... Non, elle avait choisi la vie et ses plaisirs, le soleil plutôt que l'ombre...

- "Ce n'est pas le sang qui compte... C'est son éducation que j'ai reçu, son nom, ses valeurs... mélisandre a essayé de les pervertir, mais elles sont bien là... Du moins, je l'espère et tu me le confirmes. C'est le plus beau compliment que tu puisses me faire de me dire que nous nous ressemblons... Je regrette qu'il ne soit pas là aujourd'hui pour te voir t'épanouir, pour rencontrer Lila... j'aime à penser qu'il l'aurait adoré."

Il lui demanda alors si elle l'aimait et la réponse fusa, sans la moindre incertitude, sans le moindre doute. Il ferma les yeux et soupira, alors qu'elle le regardait et lui demandait de ne pas le condamner pour cela, d'accepter qu'elle avait grandi. Il caressa le front de la jeune fille avant de l'embrasser, comme pour donner sa bénédiction, malgré tout.

- "Unis dans l'adversité oui... mais aussi dans la recherche du bonheur.Je t'aime Astéride et je ne souhaite que de te voir heureuse. Je serais là si ça va mal, mais je suis là aussi quand tout va bien. Je ne te laisserais jamais tombé et je ne pense pas que quelqu'un ou quelque chose puisse rompre ce lien et nous séparer."

Mise à part la mort, mais ils n'avaient pas tant d'années que cela de différence... Comment aurait-il pu savoir qu'elle lui survivrait probablement? Qu'elle serait encore une jeune femme fringuante quand lui serait sur son lit de mort, si les dieux lui accordaient de mourir de vieillesse un jour? Il ne pouvait pas le savoir, car sa soeur ne lui avait pas livré tous ses secrets.

Il avait raison dans son murmure. Oui, Charle aurait aimé Lilianna. Il était Duc oui, ami du roi, loyal a son royaume, mais il était avant tout un homme bon. Un îlot pour elle, comme pour Trystan. C'était peut être grace a lui qu'elle n'avait jamais perdu ce qui faisait d'elle...Une petite tornade, un petit soleil. Et pourtant, on ne pouvait pas dire que cette éducation hors norme l'avait sauvée des ténèbres. Pas vraiment, une partie d'elle restait en leur sein, amadouée doucement par le jade d'un regard...

-Il l'aurait adoré, juste pour ce sourire qu'elle fait naitre lorsque tu l'entends.

Approuva-t-elle, bien a l'abri de ses bras, rassénnée, apaisée. Elle avait répondu sans détour, sans hésitation, parce qu'il n'en existait aucune. Et même si le noir était au bout du chemin, elle ne regretterait rien. Elle savait aimer...Tout simplement...

L'amour de son frère était un bien précieux, quelque chose qu'elle sentait s'étendre autour d'elle. Elle reposa la tête sur sa poitrine, le front encore chaud de son baiser. Unis...Oui, ils l'avaient toujours été, même séparés par une silhouette vipérine. Mélisandre n'avait rien put faire, rien put dire...

-Je sais que tu sera là...Comme je serais là aussi...

Une boule d'angoisse lui comprima la poitrine soudain, comme un besoin vital de ne plus avoir de zone d'ombre pour lui.

-Je serais là oui...Pour toi, pour tes enfants, pour ceux qu'ils auront et encore ceux d'après...

finit elle par souffler doucement, un souffle tenu presque inaudible pour les autres, mais elle savait l'oreille de son frère particulièrement fine. Elle serait cette gardienne presque immortelle qui surveillerait jusqu'a ce que son souffle d'épuise, les pas de son frère.

Il sourit justement alors qu'elle confirmait sa pensée et parlait de ce sourire qui naissait sur son visage quand Lilianna était là.

- "Le même sourire que tu fais naitre toi même sur mes lèvres. Elle et toi vous ressemblez énormément. Vous seules savez me faire rire, vous seules savez illuminer mes ténèbres personnelles... Vous êtes les deux femmes que j'ai jamais aimé."

Et qu'il aimerait toujours. Il était confiant en l'avenir. Jamais il ne se détacherait de sa soeur. Et jamais il ne se lasserait de Lila. C'était une certitude apaisante et réconfortante. Inébranlable.

Elle lui assuraz qu'elle serait toujours là. Et elle aurait pu choisir de se taire. Mais peut-être était-il temps de ne plus avoir aucun secret l'un pour l'autre. Pourtant Trystan en avait encore, ne serait-ce que ces visions épouvantables que seuls Lila et veldrin connaissait. mais comment en parler à sa soeur? Ce fut elle qui parla la première de quelque chose qui le fit tiquer. Il fronça les sourcils, pas certain de bien avoir compris le message. Il écarta doucement Astéride en la tenant par les épaules.

- "Que veux-tu dire?"

Il devinait ce qu'elle voulait dire, mais c'était impossible. Evidemment, il ne pouvait pas avoir remarqué ses oreilles qui s'effilaient lentement, ses yeux qui se paraient de couleurs différentes et inconnues. Il ne pouvait voir que les changements qu'elle voulait bien lui montrer : ceux de son coeur et de son âme, mais pas de son corps. Ce qu'il comprenait, c'est qu'elle parlait de veiller sur lui et se descendance, mais sur plusieurs générations. Or, elle n'avait que 10 ans de moins que lui. Pas assez pour réussir cet exploit, dut-elle vivre centenaire... Chose rarissime, évidemment.

- "Astéride..."

Juste un souffle, un murmure à peine audible alors qu'il comprenait que sa soeur était angoissée par quelque chose, qu'elle avait peur de lui parler de cette chose... Alors, il attendit, la tenant toujours par les épaules, le visage empreint d'une profonde tendresse.

Une bombe n'aurait certainement pas eut plus d'effet. Trystan tiqua, demandant des explications. La tenant doucement par les épaules, il baissait son regard aveugle sur elle. Ces yeux morts qui ne la verrai pas grandir, qui ne la verrait pas peu à peu ressembler a un elfe, qui ne la regarderait plus jamais.

Autrefois, elle aimait se perdre dans ce vert tendre, brillant toujours d'une lueur douce lorsqu'il la voyait arriver dans une pièce, effaçant les ombres que faisaient naitre Melisandre par sa simple présence. Elle se souvenait avoir envier cette couleur particulière en étant enfant, detestant ce noir terne qui parait ces iris...Et maintenant, elle savait qu'un jour, ces prunelles seraient aussi translucide que l'eau, aussi cristalline et verte que la jade la plus pure.

-Je suis déolée, Trystan, j'aurais du te le dire...J'aurais du...Mais...

Ce n'était pas facile a dire, vraiment pas. Elle avait dévoilé Incanus a Lilianna sous le coup d'une impulsion mais, à l'époque, elle n'avait pas vraiment prit conscience de ce que cela entrainerait. Elle inspira un grand coup.

-J'ai lié ma vie, Trystan, je l'ai lié a celle d'un dragon.

Et voilà, c'était dit. Mais il n'était pas dit qu'il la croit sur parole, les dragons étaient sensés avoir disparu depuis des lustres...Indécise, elle regardait le visage de son frère, guettant des signes, des réactions.

-Nos âmes sont enchainées a jamais. Il m'a fait l'honneur d'être mon double.

Mais qu'y avait-il donc de si difficile à lui avouer? Qu'est-ce qu'elle lui cachait qui était si dur? Il ne le savait pas et jamais o grand jamais il n'aurait pu se douter de la teneur de ses secrets. Mais trystan avait apprit la patience, il avait apprit qu'il ne servait parfois à rien de brusquer les gens, qu'il leur arrivait souvent de parler tout seul, pour peu que le silence règle et que leur interlocuteur soit toute ouïe pour acceuillir quelques confidences.

Mais quand elle lui apprit qu'elle avait lié sa vie à un dragon, il scilla, une expression de surprise mêlée à de l'incrédulité se peignant sur ses traits.

- "Tu plaisantes?"

Réaction automatique et spontanée : il niait la réalité parce qu'elle n'était pas acceptable. Enfin, sa petite soeur ne pouvait pas avoir un dragon! De un parce que les dragons n'existaient pas! De deux parce que s'ils existaient, ils devaieent appartenir à de puissants chevalier pas à des jeunes femmes à peine sorties de l'adolescence et incapables de tenir une arme! Il pensait en termes de clichés? Oui bien sûr... Enfin, rendez-vous compte! Un dragon!

Elle enfonça le clou en les disant liés, âmes soeurs en vérité. trystan semblait avoir pâlit sous le coup de la nouvelle. Sa soeur ne lui mentirait pas là dessus,n elle ne s'amuserait pas à ses dépends, pas sur un tel sujet, pas dans un tel contexte...

- "Tu es sûre que c'est un dragon? C'est pas juste un lézard trop gros? Ou une espèce inconnue? Les dragons ont disparu depuis des siècles si tant est qu'ils aient jamais existé... c'est impossible que tu en ai trouvé un, qui soit lié à toi en plus..."

Il semblait complêtement déconfit ou perdu devant cette nouvelle de taille. Mais son cerveau fonctionnait toujours aussi vite et il fronça les sourcils, malgré tout incertain.

- "Qu'implique ce lien au juste?"

Une longévité accrue? Et quoi d'autre?

Evidement que la première réaction de son frère fut un refus total. Après tout, cela était normal et elle n'en attendait pas moins de lui. Astéride n'avait aucune idée de comment il voyait la chose et a vrai dire, elle non plus avait parfois du mal a y croire elle même. Alors qu'elle voyait Incanus tout les jours, alors qu'elle pouvait sentir sa présence, tapie au fond de son esprit, silencieux mais attentif a ce qu'il se disait. C'était ainsi, elle ne pouvait pas couper ce lien, n'en avait pas le désir de toute manière.

Son visage sembla se décomposer tout a coup, il changea de couleur et sa bouche prit un pli indécis, peut être tremblant.

-Un gros lézard ?

Elle sourit malgré elle bien que la situation ne s'y prêtait pas vraiment. Elle sourit doucement, laissa même échapper un petit rire. N'avait elle pas penser cela elle aussi ? Bien sur que oui, mais elle savait maintenant que ce n'était pas le cas.

-Un gros lézard de quelques cinq mètres de haut alors...

Cependant, elle reprit rapidement son sérieux a la question prochaine de son frère...Qu'impliquait réellement ce lien ? Quel en était le prix a payer.

-Il implique...Beaucoup de chose en vérité.

Elle réfléchit quelques instants, choisit ces mots avec précautions et reprit avec douceur.

-Vois tu, ce n'est pas seulement un gros lézard. Ces songes sont les miens, mes cauchemars sont siens, il est mes yeux, je suis les siens...Il m'offre la vie oui, une vie longue et exempte de maladies, d'épidémies. Il m'offre la force aussi, l'apaisement, la douceur...Et moi, moi je lui offre cette vie. Aujourd'hui mon âme est scindée en deux...Une partie lui appartient, l'autre...

L'autre...Elle venait de l'offrir à Veldrin. Certains y verrait un écartelement fatal mais pas elle...Tant qu'elle avait l'un et l'autre, elle serait complète et entière...

Elle secoua légèrement la tête, soupira quelque peu...

-Non, ce n'est pas qu'un gros lézard...Tu ne le verra pas, mais mes yeux si noirs deviendront vert, d'un beau vert jade, comme les siens...Mes oreilles s'éffileront, lentement pour finir par ressembler a celles d'un elfe...Il m'a choisit, Trystan et c'est un honneur qu'il m'a fait...

Elle devait le faire exprès... Oui voilà, elle faisait exprès de rajouter un petit quelque chose de démentiel pour avoir le plaisir de voir son frère perdre de sa superbe. Un lézard de 5 mètres... 5 mètres! Mais c'était énorme!

Cependant, elle ne lui laissa pas le temps de s'extasier là dessus puisqu'elle répondit à sa question sur l'implication d'un tel lien, sur les impacts sur sa vie. et comme il le craignait, il y en avait et pas des moindres. il sentit ses jambes flageoller alors que son coeur se serrait devant les paroles de sa soeur. Sa petite soeur qu'il aimait tant et qui allait changer de façon si radicale. Il entendait ses paroles comme dans un brouillard... Astéride ne serait plus jamais la même et cela était terrible... il ne pouvait pas l'accepter.

- "Par les dieux Astéride..."

Outre les changements physiques, importants, il se demandait quels seraient les changements de comportement. Sa soeur allait-elle devenir une autre, une étrangère, transformée par un lien contre nature avec une bestiole disparue depuis des siècles?

- "Un honneur... mais enfin, que vas-tu devenir? il est évident que tu caches cet animal à tout le monde, même à moi, que c'est la sagesse même, mais tu ne pourras pas expliquer tes changements physiques sans parler de ce dragon!"

Il s'était emporté devant l'inconnu, devant l'incontrôlable. Une situation qu'il ne pouvait contrôler était une situation dangereuse... C'était la peur pour elle qui transparaissait dans sa voix, la peur pour leur complicité et leur amour aussi. Il reprit son calme et conclue à mi voix :

- "J'ai l'impression que quand je te retrouve, tu t'éloignes de nouveau... Veldrin, ce dragon... Tu changes trop vite pour moi et j'ai peur que tu deviennes une étrangère..."

-Que vais je devenir ?

Elle cligna des paupières...Cette question était d'importance, oui...Que serait elle, que deviendrait elle...Elle changeait, c'était évident, mais là n'était que la conséquence de l'âge...Et peut être d'une multitudes d'autre chose. C'était normal quelque part...

-Juste une femme Trystan.

finit elle par répondre doucement, comprenant ces réactions, ces craintes. Croyait il réellement qu'elle allait disparaitre pour laisser la place a quelqu'un d'autre ? Rien ne pouvait provoquer un tel changement...Oh, elle ne serait jamais tout à fait la même, il ne fallait pas se leurrer, mais il existerait toujours ce petit éclat propre a elle, ce sourire juste pour lui qu'il ne pouvait qu'imaginer maintenant a défaut d'admirer. oui, elle s'était peu à peu métamorphosée. Incanus lui apportait une certaine sérénité et une relative sagesse qu'elle n'avait pas avant...Veldrin...L'avait découverte, bien plus surement qu'aucun autre. Elle leva les mains, les posa délicatement sur les joues de son frère.

-Trystan...Je ne serais jamais perdue, jamais, tu entendra toujours mes éclats de rire, mes cavalcades dans les couloirs. Je change, oui, mais au fond je reste la même. Je grandis tout simplement, peut être pas comme je le voudrais, peut être pas comme tu l'avais espéré, mais c'est ainsi. Je ne comprends pas moi même certaines choses, je doute d'autre aussi, mais une chose est sûre, je serais toujours ta petite soeur.

- "Juste une femme? Vraiment? Non Astéride, tu ne seras jamais juste une femme. Tu es beaucoup plus que ça, tu vas devenir beaucoup plus que ça. Les simples femmes n'ont pas leur esprit lié à un dragon."

Il avait parlé avec une certaine brusquerie, réflexe d'auto défense devant une situation qui le dépassait. Devant des sentiments qui l'envahissaient. Lui qui avait apprit à n'en ressentir aucun... Etait-ce à cause de Lila? A cause de son lien avec Veldrin? Peut-être un peu des deux.

Elle s'empara de son visage et le rassura, mais ce n'étaient que des paroles, donc dénuées de certitudes, de preuves, de garanties.

- "Tu crois? Astéride, tu n'as pas répondu à ma question : comment vas-tu expliquer ces changements? Crois-tu réellement que l'on va te laisser tranquille avec ton dragon? Crois-tu vraiment que cela ne va pas exciter la convoitise pour les plus ambitieux, la curiosité pour les autres? Crois-tu que ta vie sera encore normale, que le château sera un refuge sûr pour toi? Ce sont ces questions là qui me hantent Astéride. Des questions qui concernent ton avenir, ta sécurité et ta place dans ce monde... Et aussi le fait que ni toi, ni moi, ne savons exactement ce que ce lien changera chez toi. Peut-être que ta personnalité changera, devenant plus animale, moins sociable, comment peux-tu être certaine de ne pas changer à ce point?"

Il soupira et se passa une main sur le visage, soudain épuisé par ses tourments. mais comme toujours, son esprit ne lui laissait aucun repos.

- "Ash... Il est où ton dragon?"

Une pensée horrible venait de le traverser, comme un 6e sens. Où pouvait-elle bien cacher une bestiole de 5 mètres de haut?