Premier contact (PV Daneva)

(chronologiquement, ce post se passe peu de temps après que Raynox ait approché Velvet pour le faire entrer chez les silencieux )

Velvet était arrivé sur Nelen depuis quelques heures à peine. Encore un voyage sans encombre, durant lequel l'ennui aurait pu l'envahir s'il n'avait pas mis le temps passé à ne rien faire pour méditer, et songer à la multitude de choses qu'il lui restait à faire s'il voulait parvenir au bout du chemin qu'il s'était lui même fixé.

Les méditations de Velvet avaient celà de particulier qu'elles le metaient dans un état d'agacement et de tension remarquable. Sa croyance lui apportait sa rage, il n'avait rien d'un paisible homme de foi. Il aurait pu être inquisiteur dans une autre vie...

Le soleil déclinait déjà lorsqu'il avait posé le pied sur l'île, et il avait pris le temps d'observer les alentours directs du débarcadère. L'odeur de la végétation luxuriante et des embruns avait de quoi faire tourner la tête, lorsque l'on avait voyagé des jours sur un navire à l'hygiène douteuse. Et rester en huis clos avec des inconnus à l'esprit étroit et parfaitement insensibles à ses paroles lui avait donné une envie irreprescible d'air et de sollitude. Surtout lorsque les dits inconnus ne peuvent être convaincus de leurs erreurs par la force, puisqu'ils sont censés faire avancer un navire dont on a besoin.

C'était donc irrité que Velvet avait débarqué, et s'était énfoncé seul dans les entrailles de Nelen. Ce n'était pas le moment ni l'endroit de se faire remarquer en passant ses nerfs sur un autre.

On lui avait rapidement indiqué comment rejoindre le bâtiment des Silencieux, et plus précisément où trouver la dénommée Daneva. Etrange sensation que de demander un renseignement et de l'obtenir sans réticense. Appartenir à une sorte de communauté avait finalement des avantages... Même pour un acharné de liberté réfractaire aux lois qui n'allaient pas dans son sens.

Après s'être apaisé, il pris donc le chemin de l'antre de cette femme qu'on lui avait désigné comme la plus haute autorité rencontrable sur l'île.

Il s'était arrêté un moment pour contempler les falaises avoisinantes, s'arrêtant dans l'observation pensive d'un arbre solitaire, sur une falaise près de la plage. Implantation inhabituelle. Il passa son chemin rapidement. Ce n'était pas le moment de se détourner de son objectif du jour.

La nuit était tombée lorsqu'il se présenta enfin au bâtiment administratif. Il fut presque surpris de l'absence de méfiance - sans doute apparente - dans les réactions des quelques silencieux qu'il croisa. Les nouvelles allaient vite, les nouveaux noms également. Il laissa sa précieuse faux à l'entrée, et s'engouffra dans l'antre de la tête de l'organisation.

Il lui fallu peu de temps pour finalement se retrouver face à la porte convoitée. Il s'arrêta devant quelques secondes, réajusta machinalement le col de son pourpoing de cuir, et heurta le bois de la porte de sa main gantée à trois reprises. Coups secs et assuré.

Il ne retint pas le fin sourire qui s'étira sur son visage. L'heure n'avait rien de courtois pour rendre visite à une dame, mais il n'était plus séparé que par quelques centimètres de bois de la rencontre qu'il convoitait.

La porte s'était ouverte, laissant apparaître une dague, et une femme. C'est dans cet ordre là que l'oeil unique de Velvet avait assimilé les informations. Une femme à l'air hautain et déterminé, qui dardait sur lui un regard brûlant.

A peine avait il commencé à la détailler du regard que la dague vint s'approcher dangereusement de son menton.

- Qui êtes-vous ? Que me voulez-vous ?

Une femme sur le qui vive. Plutôt rassurant, si elle devait être celle qui lui donnerait des... hum... Des ordres...
Velvet pencha la tête légèrement sur le côté, ses épaisses mêches de cheveux blanc tressés en dreadlocks accompagnant le mouvement comme une crinière animale. Son sourire s'accentua. Carnassier. Et enjôleur. Cet insupportable mélange propre à sa race, qui semble vous dire "tu es merveilleuse" et "tu vas mourir".

Il la détailla du regard en laissant planer un léger silence. Alors que son oeil glissait sans vergogne sur le corps de Daneva, un autre des sens du drow était en éveil. Cet endroit sentait... Quelque chose. Une odeur propre à la petite enfance, à ces créatures innutiles et complètement vulnérables que sont les enfants.

Il laissa échapper un léger rire amusé. Bref. Dérangeant:
"Je me nomme Velvet. Quand à ce que je veux, ne me pose pas deux fois la question, je pourrais y répondre honnètement."

Provocation, dans son tutoiement et dans ses sous entendus. Il baissa l'oeil vers la lame qui reflétait tout près de son visage sombre la lueur de la lune :
"J'aurais imaginé une matrone adipeuse flanquée de gardes du corps luisants, et me voilà face à toi, les Cinq font décidément grand cas de mon bien être."

Il posa son doigt ganté de cuir sur l'extrémité de la lame, avançant légèrement, exerçant une légère pression sur le métal tranchant et dominant Daneva de sa carrure. Son visage affichant un flegme amusé des plus irritant, mais sa race filtrait à travers tous les pores de sa peau, il ressemblait à un fauve qui se fait coulant pour approcher quelque nourriture:
"Mais si l'on mets de côté ces considérations, je venais simplement rencontrer celle qui sera amenée à me donner des ordres à l'avenir... Perspective plus réjouissante que je ne l'aurais imaginé..."

Il arrêta d'avancer alors que la lame de la dague de Daneva menaçait de percer la peau de sa main. Mais sans relâcher la pression de son avancée... S'il avait livré le fond de sa pensée, il aurait pu dire "fais moi mal"... Mais ses lèvres furent plus raisonnables :
"Un peu de temps à consacrer à un homme, Daneva ? Je veux dire, à l'un de vos hommes..."

La question n'en était presque pas une. Il avait prononcé son prénom avec un soin inquiétant. Et il ne semblait pas disposé à la lâcher du regard. Il avait repris un vouvoiement de circonstance, laissant plâner la désagréable impression qu'il s'agissait presque d'une moquerie... Mais sur un ton d'une sincérité désarmante.

Velvet n'avait pas cherché à savoir si son nom était déjà remonté aux oreilles de sa supérieure, et c'était un risque à prendre de venir la voir seul, et directement. Mais la voie qu'il suivait ne souffrait pas les détours, et son sang aurait risqué de bouillir directement dans ses veines s'il avait du patienter une seconde de plus.

De la colère bouillonnante se fit de la place au fond du regard de Daneva. Il se fichait d’elle ? Elle brandit un peu plus vaillamment sa lame, si c’était possible, mais il posa un index réprobateur dessus, histoire de faire comprendre qu’elle le dérangeait. De quel droit se permettait-il de se montrer aussi familier avec elle ? Ne savait-il pas qu’elle était la première dirigeante de la guilde qui contrôlait l’île ? Comme tous ici, il lui devait respect et obéissance. Même si il la dépassait de deux bonnes têtes.

Elle s’apprêtait à le remettre à sa place d’une réplique des plus cinglantes lorsque Lucas se mit à hurler. Elle sursauta, comme électrisée par cet appel désespéré qui montait du berceau, une véritable sirène d’alarme qui ne souffrait d’aucun délai. Sans perdre de temps, elle fit une sorte de bond en arrière, invitant de fait le drow à entrer dans le bureau. Il aurait fallu le renvoyer paître du coté du port, mais le bébé passait avant tout. Qu’il entre, qu’il entre, la mise à mort ne serait que plus cruelle.

- Assis, grommela-t-elle en lui désignant un fauteuil d’un ton qui n’acceptait aucune remarque supplémentaire.

Presque paniquée, Dane couru vers le berceau où le petit monstre continuait à s’égosiller vers le plafond et déposa son arme sur le bureau. Bien sûr qu’il avait faim, on avait honteusement interrompu sa mère au moment où il allait enfin pouvoir se remplir l’estomac ! Désormais il réclamait son dû, agitant ses petits poings fermés au dessus de sa poitrine. Pas plus à l’aise que d’habitude, la jeune femme le prit dans ses bras et le berça doucement. Les vocalises de son fils ne perdirent en rien de leur intensité.

Elle jeta un coup d’œil à l’autre animal qui s’impatientait dans son fauteuil. Visiblement, elle aurait du mal à s’en débarrasser avant un moment… Il semblait du genre buté et très sûr de ce qu’il voulait, du genre indécollable. Il lui donnerait sans doute du fil à retordre, et il était clair qu’il ne sortirait pas de la pièce avant d’avoir obtenu ce qu’il désirait. Ne réfléchissant pas plus longtemps, Daneva vint s’asseoir dans le siège d’en fasse, un grand fauteuil avec des coussins de velours dans lesquels on s’enfonçait jusqu’à mi-cuisse. Elle dégagea l’une de ses mains et déboutonna furieusement le haut de sa chemise. Une partie de sa poitrine ainsi mise à nue, elle approcha la tête de Lucas de son sein droit. Les cris s’arrêtèrent brutalement, dès que l’affamé se fut saisi avec gourmandise du téton. Sa mère serra les dents, le regard à nouveau fixé sur le dénommé Velvet.

Ce genre de choses devait se faire dans l’intimité, mais elle n’avait pas eu le choix. Cela la mettait hors d’elle d’avoir ainsi été obligée de dénuder devant cet importun. Pour sûr, il allait déguster…

- Je pensais que même les elfes noirs avaient une certaine notion de l’heure. Visiblement ce n’est pas le cas.

La main sur le crâne du bébé, elle le berçait doucement. Cela devait être amusant de la voir se mouvoir aussi tendrement alors que son visage tremblait de colère.

- Les recruteurs devraient apprendre à tout nouveau Silencieux la notion de respect avant de l’envoyer me voir. Qui est-ce ? Qui t’a donc recruté ?

Velvet plissa les yeux aux cris du nourrisson. Et plus encore face à la réaction de Daneva. Ces créatures minuscules et parfaitement innofensives avaient un pouvoir surprenant sur les femmes. Du moins sur celles qui avaient une once d'intérêt pour leur progéniture. Et Daneva en faisait partie, ce qui la rendait certainement plus dangereuse encore.

Il entra cependant alors qu'elle partait vers l'enfant, et ferma la porte derrière lui avec une lenteur aussi mesurée que hérissante, comme pour affirmer le fait qu'ils étaient désormais seuls dans cet endroit confiné. Comment des gestes aussi simples pouvaient ils sembler aussi prédateurs? Satanée engance sombre...


- AssisIl obéit. En silence, sans se départir de son léger sourire. Il l'observa, à l'affut de ses moindre geste, son oeil unique se faisant plus perçant. Il venait pour un premier contact, il se retrouvait projeté dans l'intimité la plus absolue de sa supérieure.

L'enfant hurlait, comme des milliers avant lui, et Daneva lui offrit son sein, comme toutes les mères avant elle. Bien sûr, Velvet ne prit pas soin de détourner le regard, au contraire, il profita du spectacle qui s'offrait à lui, avant que le nourrisson ne vienne lui arracher du regard en y plaquant sa bouche.

Le drow en revint alors au visage crispé de Daneva, observer un enfant se gaver ne l'intéressait pas. Le contraste entre la tendresse maternelle et la fureur d'une dirigeante attirait déjà beaucoup plus son attention.

Il se réinstalla plus confortablement dans le fauteuil qu'on lui avait offert, posant un coude sur l'accoudoir pour appuyer son menton contre son poings. Attitude nonchalante, comme s'il se sentait chez lui, mais ne suffisant pas à arracher l'impression de brutalité qui se dégageait de lui, comme s'il suffisait d'une seconde pour qu'il se décide à bondir...

- Je pensais que même les elfes noirs avaient une certaine notion de l’heure. Visiblement ce n’est pas le cas.
Son sourire s'étira un peu plus alors qu'il haussait les épaules:
"Je pensais qu'il fallait avoir une main sur la gorge d'une humaine pour qu'elle se déshabille à la première rencontre. Visiblement ce n'est pas le cas."

Il pencha un peu plus la tête. Cette note d'humour peu amène sonnait malheureusement comme une vérité. Ca n'irait sans doute pas dans son sens, mais elle était déjà hostile. Comment s'empêcher d'en rajouter ?
- Les recruteurs devraient apprendre à tout nouveau Silencieux la notion de respect avant de l’envoyer me voir. Qui est-ce ? Qui t’a recruté ?

"De respect ? Daneva, si je feignais le respect devant toi, ce serait utiliser mes talents à l'encontre de celle que je suis censé servir. Tu préfèrerais que je te mente pour sauver les apparences ? Les assassins qui se présentent à toi ne tentent pas de t'éliminer, je ne cherche donc pas à passer pour un autre."

Il marqua une pause. Quelque part, c'était vrai, il ne s'embarassais pas de convenances, et ne cherchait pas à lui plaire à tout prix. Cela, il le garderait pour les cibles qu'on lui assignerait.
Il se redressa un peu dans son fauteil, croisant confortablement les jambes:
"Mais à la décharge de ce...Raynox ? Je n'ai guère pris le temps de me renseigner sur votre organisation, et ait directement fait route, seul, vers Nelen. C'est de la délicieuse bouche de celle qui prend les décisions que je voulais recevoir instructions et mises en gardes assassines. Pour ne pas perdre mon temps s'il s'avérait que cette personne n'en valait pas la peine."

Il s'avança un peu dans son fauteuil, perçant Daneva de son oeil:
"Tu dis que je suis un elfe noir ? Ce n'est pas ce que je suis venu te montrer. Néera a insuflé la vie dans deux sortes d'êtres. Ceux qui le méritent, et les impies que Tyra viendra reprendre. Si une forme d'oreille, une couleur de peau, ou un talent exceptionnel dans les draps changeait quoique ce soit à la valeur, cela se saurait, non?"

Vantardise et suffisance dans les mots. Mais assurance et sérieux soudain dans le regard.

"Je suis venu proposer mes services à un ensemble d'êtres unis par un but, et non par l'idée ridicule de se cacher derrière leurs semblables comme des pleûtres. Je n'ai d'intérêt que pour la force des esprits. Et ce n'est possible que dans un endroit où l'enveloppe compte moins que le but."

Velvet se redressa légèrement, reprenant son sourire insupportable:
"Alors, Daneva, veux tu entendre ce que je peux pour les tiens et me donner une direction à suivre avant que l'innactivité me fasse imploser ? Ou préfères tu que j'applique mes talents contre toi et que je t'offre des faux semblants dégoulinantes d'obséquiosité ? Mais je crois que je jour où je ferai en sorte de te parler à grand renforts de mots parfaitement choisi, c'est alors que je ne te respecterai absolument plus."

Il se laissa retomber contre le dossier du fauteuil, le visage respirant la confiance. Velvet n'était pas là pour s'embarrasser de mots doux. Il était là pour se présenter lui, tel qu'il était, et pour obtenir objectifs et réponses. Daneva avait peut être l'habitude d'être traitée avec déférence. Elle n'obtiendrait pas cela de lui. Du moins, pas tant qu'il ne la considèrerait pas comme une ennemie à amadouer pour mieux l'abattre.

- Je pensais qu'il fallait avoir une main sur la gorge d'une humaine pour qu'elle se déshabille à la première rencontre. Visiblement ce n'est pas le cas.
- Cruel manque d’imagination, gronda-t-elle.

Daneva fulminait. Elle détestait cette situation, et comptait bien la retourner dans un sens qui lui plairait plus. Elle le toisa en silence, l’écoutant parler. Il parlait bien, le bougre, avec l’aisance de ceux qui sont habitués à déblatérer de la sorte. Ses yeux se plissèrent progressivement, à mesure qu’elle jaugeait son interlocuteur à travers ses paroles. Pas un imbécile, pour une fois. Sans doute très dangereux, mais ça ne l’impressionnait plus. Elle passait sa vie à côtoyer les gens plus dangereux du pays…

- Soit. C’est donc Raynox qui t’a… ramassé à Ydril. Quels sont tes talents, Velvet ? En quoi me serais-tu utile ? Si noyer les gens dans de belles paroles est tout ce que tu sais faire, je me poserai quelques questions sur ton utilité…

Elle se redressa, pressant son enfant plus fort contre sa poitrine. Il lui faisait mal, et si elle avait été seule, elle aurait sûrement grimacé de douleur. Mais la situation ne le permettait pas. Elle se flagellait pour conserver une expression furieusement impassible, mais cela rendait finalement quelque chose de plus furieux qu’impassible…

- Dans tous les cas… Ce que tu cherchais, tu l’as trouvé. La Compagnie des Silencieux ne distingue ses membres que par la hiérarchie interne qui la structure.

Elle releva le menton, comme si elle s’apprêtait à le défier. Ce qu’elle fit, d’une certaine façon… Il était tellement suffisant. Elle seule avait le droit de l’être ici !

- Ainsi que tu sois humain, drow, nain, elfe ou hybride, que sais-je ! tu seras considéré à l’égal des autres. Et ce n’est pas ce genre de sourires qui changera quelque chose à cela.

Il fallait lui montrer qu’elle restait insensible à son petit jeu de séduction. Il était tard, elle avait travaillé toute la journée, et il fallait encore qu’elle s’occupe de Lucas. Ce Velvet tombait très mal, mais elle était de plus en plus certaine qu’il avait soigneusement choisi le moment de sa visite. Qu’importe, elle ne lui donnerait pas satisfaction si son but était de la voir s’échauffer nerveusement sur des broutilles.

[Voilà, c'est très court, je suis désolée. Tu m'excuseras, j'ai quelques soucis...]

(pas de soucis pour les longues de rps, concentre toi sur ce qui est plus important ! Pis on n'est pas aux pièces :) )

Daneva était coriace. C'était une bonne chose. Il s'était infiltré sans scrupule dans son intimité, à un moment parfaitement innoportun, et si la colère de la jeune femme était palpable, elle la contenait, et le recevait malgré tout.

Et la situation avait un côté étrange qui n'était pas pour déplaire au drow... Cette femme qui allaitait son enfant était en même temps son chef de guerre qui cherchait à déterminer à quoi il pourrait bien servir. C'était inhabituel. Ca avait quelque chose de fascinant.

Malgré son hostilité et sa colère, elle le questionna, non sans une once de défi. Confortablement installé au fond du fauteuil qui ne lui appartenait pas, le reposa son coude sur l'accoudoir, et son menton au creux de sa paume, sans cesser de fixer Daneva :
"Mes mots ne sont pas mes seules armes Daneva, mais ne les sous estime pas. Tu ne me feras pas croire que tu ne t'entoures que de brutes silencieuses... "

Léger ricanement moqueur :
"...Même si le nom de ce peuple que tu rassembles autour de toi n'est pas synonyme d'éloquence..."

Il reprit un peu de sérieux :
"...Je sais planter le doute dans les coeurs comme un graine insidieuse. Tout comme je peux faire naître le bourgeon de l'espoir, qu'il soit justifié ou non. Et détruire ou reconstruire les êtres de l'intérieur sont une façon... disons... Bavarde mais silencieuse de faire la guerre, bien que fort différente de l'approche d'Othar."Il se redressa, se penchant en avant, pour sonder Daneva d'un regard presque douloureux tant il semblait la transpercer. Il cessa brusquement de sourire. Visage dur et implacable, semblabe à ces gargouilles gravées dans la pierre des temples pour toiser les hérétiques:
"Mais peut être places tu tes espoirs dans la brutalité sanglante et la violence crasse, Daneva ?"

Sa voix avait eu un accent d'une bestialité contenue inquiétante. Et d'une perversion à peine dissimulée... Son sourire s'étira à nouveau, détendant son visage et lui redonnant une nonchalance paisible, si bien que l'instant précédent aurait pu passer pour une hallucination. Il maîtrisait ses tons et expressions à la perfection.

Il se leva lentement, dans un mouvement maîtrisé, et fit quelques pas vers la baie vitrée, sans cesser d'observer Daneva, comme un lion tournant devant les bareaux de la cage d'une proie interdite:
"Alors soit rassurée!"
Sa voix avait repris son ton insupportablement douceureux:
"Je ne serai pas l'espion félin de ton ombre, mais je saurais être le bourreau de tes ennemis, s'il le faut. Passer en force et faire craquer les barricades de la résistance de front, laisser son empreinte si profond que la victime y réfléchira à deux fois avant de refuser une proposition, ou de s'élever à nouveau contre ce qu'il refuse... Oui, ce genre de choses, j'ai appris à les faire. Si tu as besoin d'un poing à enfoncer dans le coeur de tes ennemis, j'en serai le messager."

La peau sombre de Velvet luisait à l'aclairage blafard de la lune. Un bourreau. Un messager. Un prêcheur. Il en était l'incarnation parfaite, la représentation d'un prophète aux mots assassins et à la violence brute, capable de vous arracher par la force croyances et aveux qui auraient résisté à ses paroles. Mais quel genre de dieux auraient envoyé un prophète d'un tel genre ? Dont le sourire semblait porter tous les diables des enfers...

Il revint vers le bureau, faisant grincer le plancher de son pas lourd et diablement mesuré. Il posa une main sur le plan de travail de Daneva, et se pencha légèrement vers elle, quelques mêches de ses cheveux blancs venant effleurer la surface du meuble. Il posa un instant son oeil sur l'enfant, avant d'en revenir à la femme, parlant plus bas, presque dans un souffle... Comme pour épargner l'insignifiante créature qui se débattait pour absorber de la nourriture et vivre un jour de plus:
"Voilà qui je suis, Daneva. Utilise moi. Je serai l'une de tes racines qui s'étendra au travers du monde, si tu veux de mes sillons. Je laisse à d'autres le soin d'être les fruits qui poussent au grand jour."

Etrange façon de prêter allégeance...
Il se recula dans un mouvement fluide mais brut, et retomba en arrière dans le fauteuil qui lui avait été octroyé, comme pour se remettre lui même à sa place...

Il laissa son sourire s'élargir pour découvrir ses dents. Il soupira légèrement, comme un soupir d'aise, sans cesser de toiser Daneva. Il haussa le sourcil de son oeil borgne avant d'ajouter sur le ton de la badinerie:
"Oh... Et j'ai quelques connaissances au sein des hauteurs des cités drows... Cela a peut être un quelconque intérêt ?"

Bien sûr, que ça en avait... C'était peut être même l'une des singularités les plus attrayantes pour un groupe comme les silencieux, que d'avoir ses entrées dans les cités drows. Mais il le plaçait comme un petit détail final et omis.
Peut être parceque ses semblables n'avaient pas grand intérêt à ses yeux... Ou que c'était une autre façon de prouver son éloquence dans l'énonciation des faits.
Un peu des deux, en vérité.

[J’ai suivi ton conseil, mon pauvre Velvet, d’où mon retard… Très sexy ton nouveau kit *_* mais ça on l’a assez dit x)]

Daneva caressait doucement le crâne soyeux de Lucas. Cela l’apaisait. Si il n’avait pas été là, elle se serait sans doute montrée moins patiente face à l’individu qui avait demandé un entretien à cette heure là… Et que se montrait aussi arrogant. Cependant, à l’écouter, une évidence s’imposait petit à petit à son esprit : il valait mieux l’avoir avec elle que contre elle. Mais il était hors de question de lui graisser la patte pour se l’approprier, et de toute façon il semblait d’ores et déjà enclin à travailler pour elle. Une bonne nouvelle, dans le sens où elle n’était pas d’humeur à batailler… Ce qui ne l’empêchait pas de penser qu’il serait une source de problèmes, à l’avenir. Pour le moment, elle était lasse et n’aspirait qu’à se débarrasser de lui le plus rapidement possible, au aussi le plus prudemment possible. Il s’agissait de ne rien laisser passer pour ne rien avoir à regretter.

Lucas hoqueta et redressa sa tête en agitant les points de manière très expressive : il était repus. Sa mère se leva alors et le recoucha dans le berceau, qui produisit un drôle de craquement de protestation. Sans se retourner, elle reboutonna sa chemise, jusqu’au cou. Elle n’avait aucune envie de le laisser imaginer qu’elle lui faisait du charme. Royale, elle revint vers lui à grands pas et se rassit à sa place, posant une main sur chaque accoudoir afin de se positionner en tant que dominatrice. Chacun son rôle…

- Velvet, Silencieux… C’est curieux mais cela sonne assez mal à mes oreilles. Pourquoi te soumettre à moi, à mes ordres ? Seras-tu seulement capable d’y obéir ? Je doute que ce soit seulement par rapport à tes idéaux douteux... Un silence. Quelles sont les choses qui nous rapprochent ?

Elle lui posait ces questions en ayant une vague idée de la réponse véritable, sans en être certaine. Il y avait l’argent, bien sûr, qui commençait à ne plus être un souci depuis que l’organisation s’était enracinée, et puis l’adrénaline. Velvet était peut être accro à la même drogue que Daneva ? Si il recherchait des sensations fortes, il ne serait pas déçu… Cependant, en observant les multiples cicatrices qui apparaissaient ici et là sur sa peau sombre, elle se dit qu’elle faisait fausse route. Il y avait un truc, mais elle ne le captait pas.

Quoiqu’il en soit, lorsqu’il aborda ses entrées au Puy d’Elda, elle tendit une oreille attentive. Ca, c’était intéressant. Les drows Silencieux étaient rares, et étaient pour la plupart des rebus de la société noire. Les envoyer en mission d’espionnage dans leur cité était donc exclu… Mais Velvet changeait la donne ! Si il parvenait à infiltrer les drows, la guilde pourrait étendre encore son influence sur le monde Miradelphien et s’ouvrir des portes qui lui étaient jusque là fermées, et à double tour.

Ne cachant pas son intérêt, elle se redressa et darda sur lui un regard plus scrutateur encore.

- Des… entrées ? Voilà un argument de poids.