Fichu lapin rose à cravate. (Libre)

- Si je restes au lit, le monstre va pas me bouffer les orteils, hein ?

Marion déteste les gamins. Et encore plus les parents des gamins. Les parents, c'étaient des gens bien, avant d'avoir des enfants. Ensuite, ils devenaient des imbéciles, pour une quinzaine d'années, puis ensuite, quand les enfants devenaient des adultes, les parents le redevenaient aussi. C'était pas tant que les parents ne faisaient pas leur possible pour éduquer leurs enfants, mais parce qu'au questions auxquels ils ne savaient pas répondre, ils inventaient des trucs débiles. La petit Lyna, justement. Elle a quatre ans. Une gamine adorable, enjouée et énergique. Mais ses imbéciles de parents lui ont fait croire qu'un monstre viendrait lui bouffer les orteils si elle n'était pas sage. Et tout le monde sait que les gamins qui bougent trop sont nécessairement mis dans la catégorie pas sage. La petite Lyna avait donc un monstre tous les soirs qui venait lui mordiller les orteils. Elle bougeait trop, donc elle n'était pas sage. Dans sa tête d'enfant, c'était d'une logique implacable. Les parents étaient des imbéciles et les enfants trop crédules.

- Non, bien sûr que non, les monstre ne bouffent pas les orteils. Ils se contentent la plupart du temps à simplement les égorger. Le regard terrifié de la gamine vient se poser sur sa mère, un moment, qui dévisage Marion, l'air sévère. [color:d72c=cc9900]Mais rarement les enfants. Et la plupart du temps, ils les tuent rapidement, sans trop les faire souffrir. Des enfants tout de même. Bah quoi, la plupart des monstres que Marion avaient croisé étaient des assassins de race qui n'ont la plupart du temps rien à voir avec les créatures hideuses qu'on qualifie de monstres. Selon Marion, certains monstres sont même très séduisants. Ce sont les pires. Et puis, les monstres ne tue pas les enfants malades. Hésitation. Du moins pas les enfants qui prennent les remèdes donnés par l'apothicaire et qui restent bien sagement au lit... quand ils sont vraiment malade, dit-elle, se dégoûtant d'entrer dans le jeu des ces imbéciles de parents qui préféraient les morbides prémonitions à la réalité du genre "Si tu bois ce truc infecte, après demain, tu seras sur pieds."

C'est peut-être pour ça, qu'avec le temps, elle s'était mis à servir le même genre de trucs aux adultes. "Si vous n'appliquez pas cette pommade durant trois jours consécutifs, vous allez perdre votre bras dans d'atroces souffrances, puisque je devrai le scier et je suis pas certaine que vous pourrez récupérer votre thorax si ça devait arriver." Mais au moins, elle disait la vérité et pas des balivernes... bon, elle exagérait parfois, mais les adultes étaient souvent des enfants.

Bref, elle en avait finit avec la petite Lyna pour ce soir, restait qu'à la laisser dormir et déjà demain, elle serait mieux. Beaucoup mieux. Elle ne veut pas être payée ce soir. Demain, quand Lyna aura été officiellement considérée guérit. Marion avait des principes aussi pointu que sa langue. C'est nuit noire quand Marion sort de la bicoque des parents de Lyna. Marion n'a jamais eu peur du noir. Mais elle craint volontiers ce qui se cache dans le noir. Mais elle est certaine que ce qui se cache dans le noir a bien davantage peur d'elle, qu'elle d'eux. Elle est comme ça, Marion. Elle retourne chez elle. Enfin, non, elle retourne à l'auberge. Elle n'a pas de chez elle. Elle ne croit pas en avoir déjà eu. Mais bon, elle aime bien cette auberge. Du moins depuis les 15 dernières années.

À petits pas rapide, Marion fait claquer les semelles usées de ses bottines sur les pavés. Son capuchon rabattu sur la tête, elle parcours les quelques rues. Elle n'est certainement pas dans le quartier le plus huppé de Diantra. Loin de là. Le regard de bille du son sac brille comme des lunes et les flacons à l'intérieur s'entrechoquent, tintinnabulant joyeusement au rythme de ses pas.

Et elle passe à côté de Malaurie sans le regarder. Elle ne sait pas que c'est Malaurie. Comment elle le saurait, elle ne l'a jamais même rencontré. Mais après quelques pas à peine, Marion s'arrête. Elle ne l'a pas regardé, mais elle l'a vu. Elle n'a pas besoin de regarder pour voir. Et elle a presque décidé de ne pas s'arrêter quand elle ressent la pire chose qui peur lui arriver. Une bonne conscience.

- Fait chier, grogne-t-elle en faisant demi-tour.

C'est plus fort qu'elle. Elle dot vérifier si c'est mort. Elle espère que c'est mort. elle pourra la laisser là, parce qu'une fois mort, ben c'est mort. Elle s'agenouille près du corps et pose ses doigts sur ses lèvres. Elle sent son souffle... sans parler de la forte odeur d'alcool.

- Merde... elle constate. Faut vraiment que tu sois une fille ben malheureuse pour te mettre dans cet état. Allez. Hey ! Fillette ? Réveille ! Trois petite gifle, sans puissance, mais brusque, Marion secoue l'ivrogne au féminin. Allez, la maligne, tu vas attraper ton coup de mort. Fait froid et t'es pas habillée. Allez, debout !

Lui manquait plus que ça... une ivrogne...

Marion avait un sacré défaut. Du moins à son sens à elle. Elle est comme ces gamins qui ramènent des bêtes blessées à la maison. Sauf que elle, c'est, la plupart du temps, du moins ces temps-ci, des humains. Et bon, elle ne les ramène pas vraiment à la maison. Elle les ramène chez eux. Ou à l'auberge la plus proche. Elle a même la manie de leur payer la nuit. Vraiment, Marion est trop bonne, parce qu'en plus, elle a disparu quand ils se réveillent. Ils n'ont même pas besoin de la remercier. Ce serait gênant. Surtout pour eux. Et elle a déjà bien de choses à s'occuper sans froisser l'orgueil de quiconque.Oh, les froisser quand ils sont en pleine forme, c'est une chose. Les froisser quand ils sont dans un état lamentable, s'en est une autre.

- Allez ! Réveilles-toi, sinon j'peux rien faire. C'pas une vie de vivre dehors. Du moins pas complètement saoule.

Bon, enfin, le spasme d'éveil. La gamine se débat, certes, mais Marion à l'habitude et elle contre les mains assaillantes. Mais du coup, elle sent le liquide tiède et poisseux contre sa main. Deux choses. Soit la boue s'est réchauffée à son contact, soit elle saigne, soit un autre truc probable chez les ivres morts, mais elle en aurait détecté l'odeur.

Marion n'est pas très forte, mais elle arrive à rivaliser avec un patient en panique, alors une gamine ivre, pourquoi pas. Elle attrape le poignet rattaché à la main en défaut et l'approche de son visage. Un poigne ferme, mais douce.

- Pas malin de se choper une infection en plus d'un mal de tête.

Le yeux de billes du raton-ex-vivant-maintenant-devenu-sac dévisagent Malaurie tandis que de l'autre main, elle fouille dedans. Il fait pas mal sombre, mais Marion a connu des situations pas mal pires en plus de 200 ans de soins. Mais bon, tout le monde est pas obligé de le savoir. De toute façon, elle est grimée comme une humaine. Elle n'a rien d'une elfe, surtout pas le port. Trop délicate, pour une humaine, mais y a des humaines délicates.

Ses doigts fins et étrangement longs farfouillent la plaie et tirent sèchement sur le tesson. Ça saigne encore plus, mais au moins, y a plus de tesson. À moins évidement qu'elle en ait fait des éclats et bla bla bla.

Marion travaille rapidement et efficacement. Une puissante brulure vient enflammer la main de Malaurie, tandis que le désinfectant fait son oeuvre.

- Remet pas ta main par terre, sinon, ça va brûler encore.

Elle déroule une petite longueur de bandage, qu'elle plie en quatre, et la pose sur la blessure avant d'en sortir une autre et de l'attacher autour de sa main. Puis elle tire un coup sec pour le nouer solidement.

- S'ra pas assez, mais ça devrait tenir jusqu'à chez toi. C'est où chez toi ? demande-t-elle en espérant que ça soit pas à l'autre bout de la ville.

Oh bordel de merde, si c'est à l'autre bout de la ville, elle la plante là.

Malaurie se crispa. Le bout de verre planté dans sa chair lui avait été arraché avec force. Elle émit un cri de douleur. C’était pire que de se faire piétiner par une armée de cheveaux enragés. Ecoutant les conseils de la non-présentée Marion, elle tenta de garder sa main à mi-hauteur entre le sol crasseux et froid, et le reste de son corps.
La jeune femme lui noua un bandage. C’était déjà mieux que rien, Maly pouvait s’estimer heureuse d’avoir quelqu’un pour s’occuper d’elle.

Elle garda les yeux fermés. C’était trop peu confortable de les garder ouvert avec ce qu’elle avait bu.
La jeune femme sentit son épiderme la brûler au niveau de sa blessure. Sa main de rétracta instinctivement, son réseau nerveux lui hurlant des messages incompréhensibles à cause du taux d’alcool dans le sang.

Sa guérisseuse lui appliqua un pansement. C’était mieux que ce qu’elle pouvait espérer de la part d’une inconnue.

S'ra pas assez, mais ça devrait tenir jusqu'à chez toi. C'est où chez toi ?

Maly gémit, articulant difficilement quelques mots imbibés d’alcool.

“Gné....pas d’ici.....”

Pas de chance, elle venait à peine d’arriver à Diantra. En plus elle avait à peine de quoi se payer une chambre d’auberge avec son maire revenu. Elle aurait du rester au vallon, chez Deirdre...au moins elle aurait eu le gîte et le couvert.

(Désolé pour le retard, mais j'ai eu pas mal de problemes à gérer avant de penser au RP ^^". Prière de m'excuser et pardonne moi pour l'attente.)

Marion se fige. Eh merde... c'est pire que d'entendre qu'elle habite à l'autre bout de la ville. En clair, la fille vient de dire qu'elle n'habite nul part. Le regard acajou de la femme se durcit tandis qu'elle fixe la jeune femme. Elle va l'étrangler. Elle en a follement envie. Comme ça, elle ne se bousillera pas le reste de la vie. À moins qu'elle se soit fait embarquer et qu'elle ait miraculeusement échappé de ceux qui l'ont fait boire. Oui, ça doit être ça. Marion se dit que ça doit être ça, parce que autrement, elle ne la soignera pas. Sont professionnalisme refuse qu'elle l'abandonne, en même temps que son entraînement militaire méprise la jeune femme si elle est effectivement la seule responsable de son état pitoyable.

Marion marmonne une flopée de jurons humains et très colorés. 200 ans et plus à les apprendre, depuis plusieurs générations, elle en utilise même certains qui n'existent plus. Mais il est très peu probable que la fille s'en souvienne. Jurer, c'était un des truc qui avait prit le dessus sur son tout petit passé militaire.

Son professionnalisme prend le dessus.

- Allez, trésor, lève-toi et te plains pas. Se mettre dans un tel état, c'est déplorable. Allez, debout, j'te retiens.

Et Marion l'agrippe par un bras et son col et la tire vers le haut. Elle doute être capable de la soulever bien longtemps. Elle est une elfe après tout, même si elle le cache, mais elle peut lui donner l'élan et le support. Si elle arrive à comprendre et répondre, bien que très brièvement, elle sera capable d'avancer avec de l'aide.

Saleté d'alcool. Marion ne buvait que des tisanes, du thé ou autre trucs du genre. Sauf lorsqu'elle sentait une grippe approcher, là elle se tapait un petit verre de rhum ou de gin avant d'aller dormir et le lendemain, tout était mort. C'était sans doute les seules fois où elle prenait volontairement de l'alcool. Et il y avait eu une fois en particulier, aussi, mais ça, elle tentait de l'oublier. Enfin, pas facile quand on porte à la ceinture un souvenir de cette fameuse époque, mais bon...

Bref, elle réussit tant bien que mal à hisser la jeune femme et commence une avancé qu'elle estime périlleuse et pas mal difficile. L'auberge la plus proche était à plusieurs mètres de là... ça allait prendre au moins... hum... beaucoup trop de temps au goût de Marion. Comme si elle avait le temps de s'occuper de toutes les âmes en peine... et en plus, elle allait devoir payer pour ça...

- Putain d'merde... vraiment pas l'moment... saloperie de truc... comme si j'avais b'soin d'ça...

Il est probable qu'à avancer si lentement sur les pavés de Diantra, que Marion attrape froid. Mais c'est sans compter qu'elle porte son lourd et grossier manteau de feutre vert, presque noir et des pantalon de coton sous plusieurs jupons de paysanne. L'hiver, on ne se couvre jamais trop. L'été non plus d'ailleurs. Mais bon, non seulement elle est habillée comme un oignon (ou de l'ail), mais en plus, elle doit transporter la jeune femme... par chance, elle pèse pas trop lourd, mais elle use de beaucoup d'énergie pour la faire avancer dans la bonne direction. Elle pousse Marion vers la gauche à chaque pas.

Bref, après des siècles de marche... enfin, du point de vue de Marion, elles atteignent une auberge qui est encore ouverte... et déserte. Marion adore les auberges désertes, pense-t-elle, cynique. Mais bon, à l'heure qu'il est, c'est pas étonnant.

Elle pousse la porte, manque d'échapper la jeune femme, mais la rattrape de justesse.

- Bordel de... peste-t-elle. Eh, oh, y a quelqu'un ? Genre un aubergiste de disponible qui dort pas pour accueillir les voyageurs ?

Pas de réponses, elle se dit qu'il avait qu'à verrouiller la porte s'il voulait pas que n'importe qui entre. Elle avance dans l'entrée et donne un coup de pied dans la porte pour la refermer. C'est pas nécessaire de préciser que c'est fait sans délicatesse et que ça provoque un claquement de porte infernal.

Elle traîne l'ivre morte jusqu'à un banc et la dépose délicatement et l'appuie contre le mur. Au moins, si elle tombe, elle va glisser contre le mur au lieu de tomber directement. Ça ne l'empêchera pas de se faire mal, mais ça lui épargnera les fractures et les blessures graves. Marion l'abandonne un moment, à la recherche de l'aubergiste.

- Eh, oh, y a quelqu'un ?

Au moins, le fille ne mourra pas de froid.