Adoubement [Nicolaï]

Nicolaï avait chevauché un bon moment pour porter le message au baron d’Ysari.
Les seuls arrêts qu’il s’était autorisé étaient ceux qu’il avait fait afin de laisser sa monture prendre un peu de repos. Il avait également marqué un temps de pause devant la mer Olienne. Cette vaste étendue bleue qui un jour l’avait recraché. Elle n’avait pas voulu de lui. Pourtant, cette mer lui avait prit beaucoup. Elle avait recraché son corps, mais conservé son âme prisonnière de son étreinte glacée.
Qui qu’est put être le jeune homme avant cela, il ne l’était plus à présent. Quel que soit son nom avant qu’il ne s’échoue sur une plage, il était à présent Nicolaï KalonErc’h.

Puis il était repartit sans plus le moindre regard pour l’étendue bleu qu’il avait en permanence à côté de lui. Les vagues faisaient un bruit qu’il tolérait à peine. A son goût, cela ressemblait bien trop à un ricanement.

La chevauché avait prit un certain temps. Le voyage était monotone. D’un ennui mortel en fait. Effectivement, la route était toute droite et longeait la côte. Il n’y avait rien à voir de particulier. Enfin si, il y avait beaucoup d'annimation sur cette route. Mais Nicolaï l'avais parcourue tant de fois qu'il ne s'en rendait plus compte. Il ne faisait plus attention ni aux marchand, ni aux voyageurs qui parcouraient cette route. Le relief était plus que monotone et ne présentait guère d’intérêt pour quelqu’un qui aurait cherché à se distraire pendant un voyage. Nicolaï aperçus quelques villages côtiers qu’il préféra largement éviter.

Il avait toujours en lui une part sauvage. Quelque chose d’indompté qui ne demandait qu’à jaillir. Une chose qui le poussait à rester seul et à rechercher le calme de la solitude. Les bals et les marchés bondés n’étaient pas des endroits pour lui. « Le dragon ». C’est en ces termes que tout ceux avec qui il avait combattu amicalement le définissait. On n'apprivoisait pas un dragon. On ne le maîtrisait pas. Lorsqu’il avait prit la décision de vous tuer, vous étiez mort. Rien de plus ni de moins. Nicolaï aimait ce surnom. Il trouvait que cela lui allait. Et puis, quel que soit le surnom qu’on lui aurait donné, il lui permettait de se définir un peut plus. Car depuis qu’il était tout petit, cette question ne l’avait pas lâché : « Qui suis-je ? » Qu’on lui annonce qu’il était bâtard, prince, fils de roi ou de putain, cela ne faisait pas de différence. Il voulait savoir. Juste savoir qui il était.

Il arriva finalement à Ysari très tôt ce matin là. Le soleil commençait à peine à pointer son nez à l’horizon. La ville était encore endormie et les sentinelles à moitié endormies qu’il dut réveiller pour qu’elle lui ouvre la porte de la cité de semblèrent pas d’excellente humeur, ni même avoir sur le moment un sens de l’humour très développé.

-J’ai un message pour le baron d’Ysari, déclara Nicolaï.

-Pas là, répliqua le garde.

-Comment ça pas là ?

-Ecoute marmot, t'es pas l’seul à avoir des envies matinales. Not’baron a voulu aller promener sa fichue carcasse. Tu l’trouvra pas à Ysari. Met’avis qu’il est partit vers la pointe du kergonech.

Nicolaï jura entre ses dents. Il demanda la direction de la fameuse pointe et partit dans cette direction. Il en avait plein les bottes de cette chevauché et ne rêvait plus que d’un lit. Peut-être aurait-il le droit à un bain. Un repas chaud, un bain et un vrai lit. Il en rêvait. Nicolaï aurait cent fois préférer avoir à semer une bande de drows enragées dans des montagnes escarpées et dangereuses que de jouer les messages. C’était d’un ennui mortel.

Il aperçut le baron bien avant de l’atteindre. Comme le garde l’avait dit, il se trouvait prêt de la pointe. Celle-ci était très curieuse. Toute la côte était parfaitement rectiligne. Sauf à cet endroit. Le seul endroit de la côte qui, de son point de vu, avait un intérêt.

Nicolaï ne se concentra pas bien plus longtemps sur la pointe rocheuse. Il se remit à avancer vers la silhouette du baron. Il avait déjà rencontré à deux reprises Harnyll de Hetalia. Il lui avait fait l’effet d’un chef avisé. Le genre d’homme qu’on pouvait respecter et suivre. Le genre d’homme qui suivait toujours se qu’il considérait comme son honneur. Et cela malgré les rumeurs qui courraient sur lui. Nicolaï n’était pas crédule. Les bâtards de nobles étaient très nombreux dans le royaume. Lui-même était peut-être du nombre. Mais Harnyll semblait être quelqu’un de bien. Ou à défaut, il pouvait y avoir bien pire.

-Stop. On n'avance pas plus loin.

Nicolaï dut avouer qu’il fut surpris de voir débouler quatre chevaliers en armure et monté sur de puissants destriers. Il s’attendait bien à trouver à un moment ou à un autre un cordon de sécurité, mais devait bien avouer qu’il ne les avait pas entendu approcher, trop plongé dans ses pensées.

-Je dois voir le baron, se contenta de déclarer le jeune homme.

-Et pourquoi pas le roi ? Le baron est occupé et pas question que tu le dérange.

-En effet, le baron a l’air très prit par les affaires d’Etat, répliqua Nicolaï avec sarcasme.

Le chevalier qui menait l’escouade sembla pâlir sous son camail. Il posa la main sur la garde de son épée.

-Qu’est-ce que tu veux marmot ?

Le jeune écuyer se fit la remarque que c’était déjà la seconde fois qu’on l’appelait ainsi. La seconde fois alors que le soleil n’était pas encore complètement levé. Cette journée commençait mal.

-J’ai un message pour le baron Harnyll de Hetalia.

-C’est tout ? Dépose ça au château et va-t-en.

-J’ai ordre de le remettre en main propre au baron.

-Ben voyons et tu pensais arriver comme une fleur et ne pas être arrêté ?

-Ce message vient du seigneur Gregor de Hautetour.

-Ma parole, tu es sourd gamin. Commence par apprendre de quel côté se porte une épée avant de t’aviser de me parler à nouveau comme ça. Maintenant fiche le camp ou je vais te faire tâter de mon épée.

-Non je ne suis pas sourd. Je dégaine aussi bien d’un côté que de l’autre. J’ai pour mission de remettre ceci au baron et ne partirais pas tant que cela ne sera pas fait.

Le chevalier marqua un temps d’arrêt.

-Si on apporte ton message au baron, tu fiches le camp ?

-Dans l’instant, répondit Nicolaï.

Ses yeux acier braqué dans ceux du chevalier, il n’avait marqué aucune hésitation et son ton ne prêtait pas à la discussion. C’était assez effronté de sa part et il avait même de la chance de ne pas encore avoir reçut une correction.

Le chevalier fit signe à l’un des membres de l’escorte de prendre le parchemin scellé et de l’apporter au baron. Nicolaï lui tendit le message. Il regarda le chevalier s’approcher de Harnyll, puis lui tendre le message.

-C’est bon, maintenant fiche le camp.

Nicolaï hocha la tête et fit faire demi-tour à sa monture. Il avait accomplit sa mission. Furtivement, il se demanda s’il allait s’arrêter se reposer un peut à Ysari, mais la perspective de croiser à nouveau ce chevalier dans les couloirs de la demeure du baron lui retira cette idée de la tête. Il s’était montré très effronté et passerait certainement un mauvais quart d’heure si il recroisait cet homme. Nicolaï prit donc la décision de regagner directement Arcani.

Nicolaï s’attendait très souvent à se qui allait lui arriver sur le coin du nez. C’était une bonne chose car cela lui évitait bien souvent un certain nombre de problèmes. Pourtant, il ne se serait pas attendu à se qu’un page aux couleurs d’Ysari le rattrape sur la route. Il aurait put s’attendre à bien des choses, mais pas du tout à se qui se passa alors.

-Monseigneur Harnyll de Hetalia ordonne votre présence dans son château. Veuillez me suivre.

Nicolaï fut surprit. Qu’est-ce que le baron lui voulait ? Cela devait avoir un rapport avec cette fameuse lettre qu’il avait porté. D’un seul coup, il s’en voulut de ne pas avoir plus questionné Gregor sur le sujet de cette mystérieuse missive. Il avait bêtement obéit aux ordres et l’avait porté d’Arcani jusqu’à Ysari.

*Bon sang, mais qu’est-ce qu’il a manigancé?*

Durant le voyage, Nicolaï resta silencieux, essayant d’imaginer se que Gregor avait bien put mettre dans cette fameuse lettre au baron. Le page ne devait rien savoir. Si cela avait été le cas, il lui aurait peut-être bien dit de quoi il retournait. Mais de l’avis de Nicolaï, le baron avait seulement envoyé un cavalier pour le rattraper et le ramener à Ysari. Au moins, se n’était pas pour le faire exécuter. Si Nicolaï avait été accusé d’une quelconque traîtrise, se serait un peloton de cavaliers harnacher dans leurs armures qui auraient été envoyé à sa poursuite.

Le jeune homme rongea donc son frein durant le retour à Ysari. Heureusement, il n’avait pas eu le temps de parcourir une très longue distance avant d’être rattrapé. Il passa les portes de la ville et suivit le page jusqu’au château.

Un peut intimidé par la grande bâtisse, Nicolaï y entra et suivit encore son guide jusqu’à une petite anti-chambre de se qui devait être le bureau de travail du baron d’Ysari.

-Restez ici. Je vais vous annoncer, fit le page.

Ne sachant que faire d’autre, Nicolaï obéit sans attendre, restant planté au milieu de l’anti-chambre. Il ne savait pas quoi faire de ses bras et ne se sentait pas à l’aise. Deux autres personnes se trouvaient également dans l’anti-chambre. Apparemment, des marchands. Ils devaient attendre une audience avec le baron. Seul une certaine rigueur empêchait Nicolaï de se dandiner d’un pied sur l’autre.

-Ecuyer Nicolaï KalonErc’h. Le baron d’Ysari vous attend, annonça le page en sortant du cabinet de travail.

Nicolaï prit juste le temps de respirer un grand coup avant de pousser la porte. Il entra et la referma derrière lui.

Harnyll de Hetalia se tenait assis devant un secrétaire et lisait un morceau de parchemin. Au comble de l’excitation, Nicolaï ne fit pas attention à tout se qui meublait la pièce. Son attention était entièrement fixée sur Harnyll. Ce dernier n’avait pas beaucoup changé depuis qu’il s’était marié avec la baronne. Nicolaï se rappelait avoir assisté à ce mariage. Un beau mariage.

Reprenant soudain ses esprits, il sortit de son immobilisme et s’avança devant le baron. Là, il s’inclina respectueusement.

-Nicolaï KalonErc’h, pour vous servir. Vous avez demandé à me voir monseigneur.

Le jeune homme se redressa, attendant que le baron prenne la parole.

Tandis que Nicolaï se mettait assis face à Harnyll, il commençait vraiment à se demander se que Gregor avait put inventer. Le baron faisait tourner dans ses mains un parchemin entre ses doigts. Il le dévisagea un moment avant de murmurer :

Rejeté à 10 ans sur les rivages d’Arcani, marmiton aux cuisines, vos dons pour le combat se révèlent lors d’une bagarre avec trois pages du château, vous devenez écuyer de Gregor de Hautetour. Intéressant… votre parcours est pour le moins atypique.

« Atypique ». C’était tout à fait le mot qui convenait. Nicolaï était loin d’avoir un parcours commun pour un écuyer. Il n’aurait certainement jamais dut devenir un combattant s’il ne s’était pas lancé dans cette bagarre. Il s’y était pourtant lancé et le voilà qui se trouvait, presque dix ans après, devant le baron d’Ysari pour une raison qu’il ignorait.

*Mais bon sang qu’est-ce qu’il a écrit sur cette maudite lettre.*

Nicolaï ne pouvait imaginer que Gregor est écrit quoi que se soit qui aurait put déplaire à Harnyll ou le mettre en colère. L’homme dont il était écuyer depuis toutes ces années était d’une indéfectible loyauté envers son suzerain. Jamais il n’aurait fait quoi que se soit qui est put déplaire au baron.

Je suppose que vous ignorez encore ce que Gregor m’a écrit ? Cette lettre vous concerne, en fait, elle concerne votre avenir. Mon vieux mentor pense que vous êtes prêt à être adoubé et à rejoindre la grande confrérie des chevaliers. Mais êtes vous bien conscient de ce que cette élévation implique ?

S’il en était certain ? Il osait lui demander cela. Tout baron qu’il était comment pouvait-il oser demander une chose pareille. Nicolaï se demanda furtivement si Harnyll avait ne serai-ce qu’une minuscule idée de l’énormité qu’il venait de dire?

-Seigneur. Vous semblez avoir décidé de jouer carte sur table. Cela me convient tout à fait et je vous en remercie. Je vais donc faire de même et vous parler avec autant de franchise que vous l’avez fait. J’espère que vous ne vous en offusquerez pas.

Nicolaï vissa son regard d’acier dans les yeux du baron. Si celui-ci voulait s’assurer que son interlocuteur ne lui mentirait pas il n’aurait cas regardé droit devant lui et plonger son regard dans les deux disques de métal qui mettaient si souvent les gens qu’il rencontrait mal à l’aise.

-Comme vous le savez, je suis amnésique. Dix années. La moitié de ma vie est effacée de ma mémoire. J’ai mené quelques recherches, mais je ne sais pas d’où je viens. Je n’es pas de passé. La date de mon anniversaire est à présent ce jour ou j’ai été retrouvé sur une plage. La seule chose qu’il me reste, c’est un avenir. Pendant presque dix ans, je sert le seigneur de Hautetour afin de pouvoir un jour devenir chevalier.

Nicolaï marqua une pose dans son discourt enflammé.

-Oui seigneur. Je suis tout à fait conscient de se que cela implique. Mais c’est mon choix. J’aurais put resté bien sagement marmiton, mais j’ai décidé de secourir une amie. A partir de là, ma vie a changé et le virage qu’elle a prit me convient tout à fait.

Harnyll eut un fin sourire face à la fougue du jeune homme. Ah, la jeunesse ! Cela lui plaisait, quand bien même Nicolaï n’avait pas compris sa question. Du reste, rares étaient ceux qui la comprenaient, et en général il s’agissait d’écuyers ou de jeunes nobles qui avaient pu préparer à l’avance un petit discours pas forcément très sincère. Là au moins, Nicolaï avait parlé avec son cœur, avec ses tripes.

Fixant le jeune homme droit dans les yeux… un regard troublant et pénétrant d’ailleurs… le baron reprit :

Non mon jeune ami, je ne crois pas que vous ayez compris le sens de ma question.

D’un geste, il interrompit le jeune homme qui s’apprêtait à ouvrir la bouche.

Ne vous inquiétez pas, vous avez fait preuve de franchise et j’apprécie cette qualité. Je ne remets pas non plus en doute votre loyauté ni votre volonté de devenir chevalier. Mais il est une chose que vous devez comprendre.

Se levant, le baron fit signe à Nicolaï de le suivre. Les deux hommes sortirent du bureau et traversèrent plusieurs couloirs avant de s’arrêter devant une lourde porte de chêne. Saluant distraitement un garde en faction non loin, Harnyll ouvrit la porte qui donnait sur un escalier étroit montant en colimaçon. Nicolaï à sa suite, il grimpa rapidement les marches pour finalement déboucher en haut de l’une des tours du château.

Sous leurs yeux s’étendait Ysari la belle, au-delà, les fertiles terres arables de la baronnie et au loin la mer Olienne, si calme mais si traitresse. Respirant à plein poumons, le baron profita de la vue. Là était sa terre, là était son peuple. D’ici il pouvait presque sentir le pouls de sa baronnie, ses flux et reflux.

Regardez…

D’un geste, le baron embrassa le paysage.

Regardez… Ysari… pas la plus grande ni la plus puissante des baronnies humaines, mais la plus chère à mon cœur. Et que voyez-vous en bas ? Des artisans, des chaudronniers, des colporteurs, des marchands... le sang et la chair de cette terre. Jusqu’à aujourd’hui, en tant qu’écuyer, vous ne représentiez rien pour eux, rien d’autre qu’un jeune homme qui traversait leur ville à cheval, une épée au côté. Mais demain…

Se rapprochant de Nicolaï, le baron lui posa une main sur l’épaule :

Demain, vous serez chevalier, vous appartiendrez à une caste très fermée, celle des seigneurs. Vous cesserez d’être un écuyer anonyme, vous deviendrez un représentant de cette terre. Vos actions, bonnes ou mauvaises, modifieront l’image que les gens, ceux d’ici et d’ailleurs, ont d’Ysari, ont de moi. Un chevalier, par sa nature, est plus exposé que quiconque d’autre. La sécurité de l’anonymat vous serra à jamais refusée, vos faits et gestes seront décortiqués, analysés, donneront lieu à des ragots ou à des éloges. Vous cesserez de vous appartenir pour m’appartenir, pour appartenir à cette terre.

Serrant un peu le poignet, le baron baissa d’un ton et dit presque comme un murmure :

Comprenez-vous à présent pourquoi je vous demande si vous êtes prêt à passer le pas ?

Comme un automate, assommé par la nouvelle, Nicolaï sortit du bureau du baron. Il aurait bien dit quelque chose, mais le geste d’Harnyll ne laissait aucune place pour le doute. Il fallait qu’il quitte la pièce et tout de suite. Le jeune homme s’exécuta donc. Il esquissa une révérence un peut maladroite en sortant, bredouillant une vague phrase de remerciement qui devait avoir l’air tout à fait pitoyable, Toujours assommer par la nouvelle qu’il venait d’apprendre.

Chevalier. Il allait devenir chevalier. C’était donc cela la surprise qu’avait mentionné Gregor en lui donnant l’ordre de porter ce message. Il y avait dans celui-ci une demande d’adoubement. Dans un couloir, Nicolaï s’adossa contre un mur avant de se laisser glisser contre celui-ci. Chevalier. Ce mot résonnait bien étrangement à ses oreilles. On lui aurait dit la veille se que contenait cette lettre, il ne l’aurait pas crut.

Au final, il était reconnaissant à Harnyll de l’avoir congédier avant de lui laisser le temps de dire quoi que se soit. S’il ne l’avait pas fait, Nicolaï serait certainement resté un moment incapable de parler et l’air idiot devant son seigneur. Il passa une main dans ses cheveux.

Chevalier.

Voilà des années qu’il rêvait de ce titre et de se qu’il signifiait. Des années qu’il servait Gregor avec acharnement pour arriver un jour à porter ce titre et alors qu’il était enfin acquis, il restait planté là sans être certain de comprendre se qui lui arrivait.

Chevalier.

Il n’aurait jamais pensé acquérir ce titre avant encore un ou deux ans de service pour Gregor.

*Nicolaï KalonErc’h, Chevalier d’Ysari, seigneur de Dyriet. Sa sonne plutôt bien.*

Le jeune homme eu une légère grimace en pensant à Dyriet. Le fief de l’ancien traître. Il n’était pas à Arcani lorsqu’Harnyll avait pendu tout ce ramassis de vulgaire escroc et voleurs dans la cour. Lorsqu’il était rentré de la mission confiée par Gregor, la potence avait déjà été démontée et les corps n’étaient plus là. Il n’avait donc rien vu. En fait, il avait manqué beaucoup de chose. Les grandes batailles contre les drows, la fin de la guerre civile, la pendaison des traîtres à Ysari, le tournoi qu’avait ensuite organisé Harnyll. Oui. Il avait manqué beaucoup de choses.

Nicolaï se dit furtivement que Dyriet était un cadeau empoisonné. Il ne devait plus rester grand-chose d’autre dans ce manoir que les murs, les objets trop lourds pour être emporté et de manière plus générale, tout se qui était profondément accrocher au sol. Autrement dire, pas grand-chose. En plus, il s’était écoulé un moment depuis la déchéance de Farles de Dyriet. Un moment pendant lequel le manoir avait été laissé à l’abandon. Oui, son futur fief devait être vraiment dans un sal état.

Nicolaï balaya toute ces idées noires de sa tête. Il allait être chevalier. Quant à Dyriet, Harnyll lui lançait un défi (Gregor ne devait pas y être complètement étranger d’ailleurs). Parfait. Il allait relever le défi et le gagner. Quant il en aurait fini avec ce fichu manoir, il aurait regagné sa gloire passée du temps de Farles. Même s’il devait personnellement tout reconstruire lui-même, Dyriet retrouverait sa gloire passée.

Un léger éclat de rire le fit lever la tête. Deux lavandières passèrent dans le couloir en le dévisageant, pouffant dans leur main. Nicolaï se dit qu’il devait être bien ridicule dans cette position et se leva d’un bon. Harnyll lui avait donné l’ordre d’aller manger quelque chose avant la veille dans la chapelle de Néera.

Interrogeant les deux lavandières, il apprit où se trouvait les cuisines et s’y rendit sans trop de problèmes.

Visiblement les ordres d’Harnyll avaient été plus rapide que lui car un morceau de pain, un peut de viande, du fromage et une cruche d’eau l’attendait déjà lorsqu’il arriva. La cuisinière, une femme assez petite mais terriblement robuste (peut être un peut de sang nain quelque part dans les veines) manqua de lui démettre l’épaule en voulant le féliciter d’une tape plutôt virile dans le dos. Nicolaï sentit immédiatement qu’il appréciait cette femme et son côté bon vivant.

-J’aurais besoin d’une chose avant de me rendre à la chapelle, lui dit Nicolaï une fois son repas avalé.

-Dit moi donc se que je peux faire pour toi gamin.

-Il me faudrait un bouquet de fleures.

La femme haussa les sourcils un peut intriguée, puis les épaules et héla un jeune page qui passait par là. Nicolaï jeta un coup d’œil critique au contenu sa bourse. Il n’y avait pas grand-chose à l’intérieur et il aurait besoin de tout son argent pour la reconstruction de Dyriet. Pourtant, il n’imaginait pas se rendre dans un temple ou une chapelle de Néera sans fleures. Il s’apprêtait à sortir une pièce de sa bourse quant la cuisinière l’arrêta.

-Non. Pas de ça. Ton bouquet, je m’en charge. Mais je voudrais que tu me face une promesse. Les nouvelles vont vite et peut de choses m’échappent. Notre baron vas te confier le fief de Dyriet. Mon cousin travaillait pour le compte de ce traître de Farles. Il leur a tout prit à lui et sa femme. Quand l’autre sac à vin est mort, mon cousin a perdu son atelier et son emplois et a été forcé de s’enfuir par peur des représailles après le pillage. Il y a activement participé. Je te paie ton bouquet de fleure, mais toi tu ré-engage mon cousin.

Nicolaï hocha la tête. Après tout, il allait avoir besoin de bras pour rebattir Dyriet. Malgré son élan de argne de tout à l’heure, il était parfaitement impossible qu’il puisse à lui seul rebâtir le fief. Et puis de son point de vu, les gens qui avaient prit part au pillage n’avaient rien fait de mal. Cela ne l’arrangeait pas, mais il n’avait rien à leur reprocher. Farles leur avait tout prit. Dyriet avait cristallisé leur haine pour leur seigneur. Faute de l’avoir vu se balancer au bout d’une corde, les habitants du fief avaient trouvé un exutoire dans le saccage de son manoir.

-Marché conclut, dit-il.

Elle avait également pour consigne de conserver le tabard blanc au dragon d’azur que Nicolaï portait. Il fallait le laver car en effet, la poussière du chemin faisait que le blanc n’était plus si blanc que cela et il ne pouvait décemment pas se présenter devant ses pairs et le baron d’Ysari le jour de son adoubement avec un vêtement sale.

Une dizaine de minutes plus tard, le jeune page envoyé cherché des fleures revint avec un beau bouquet. Nicolaï le remercia chaleureusement et lui glissa une pièce pour la course qu’il avait faite. Après quoi il se rendit à la chapelle. Le prêtre là aussi l’attendait. C’était un homme assez âgé mais qui ne semblait pas le moins du monde accablé par les années.

-Nicolaï KalonErc’h je suppose, dit-il. Pourquoi ce bouquet ?

-Une tradition personnelle, répondit Nicolaï. Puis-je aller le déposé en offrande sur l’autel ?

Le prêtre de Néera hocha la tête. Nicolaï s’approcha de l’autel et s’inclina respectueusement devant la représentation de la déesse. Puis, toujours avec la même déférence, il déposa sur l’autel le bouquet de fleur, fit trois pas en arrière et, tête basse, mains jointe sur le cœur, adressa une prière à la déesse ailée.

Au bout de quelques minutes, il rejoignit le prêtre.

-Je suis prêt.

L’homme hochas la tête et les rites commencèrent. Nicolaï savait que cette veillée était particulièrement importante. Presque autant que l’accolade qu’Harnyll lui donnerai le lendemain. Toute sa volonté était donc tendue sur deux objectif clairement défini : ne pas dormir et ignorer la faim.

Alors que la journée s’était entièrement écoulée autour de lui et que la nuit touchait à sa fin, Nicolaï se sentait calme. La chapelle était calme. Il respirait lentement et avait l’impression que son propre cœur ne battait plus ou presque plus. Les yeux bienveillants de la déesse était tourné vers lui. Il se rappelait le jour ou il l’avait priée pour la première fois. Les prêtres avaient été intrigué par sa manière de faire. Mais après tout, seul comptait les hommages rendus à la déesse. La manière dont on s’y prenait, pour peut qu’elle ne soit en rien offensante importait en fait bien peut.

La main du prêtre sur son épaule le fit sursauté.

-La veille est terminée. Il vous faut vous préparer.

Nicolaï avait l’impression de sortir d’un rêve. Les premières heures de la nuit avaient été courte, mais ensuite, le temps s’était déroulé si vite qu’il eu peur de c’être endormis.

-Ne vous faite pas de soucis, le rassura le prêtre comme s’il avait lut dans ses pensées. Vous n’avez pas dormis. D’ailleurs, vous avez cette nuit fait preuve d’un tel immobilisme que j’ai cru un moment qui vous étiez plongé dans une sorte de transe. J’ai rarement vu un futur chevalier aussi calme que vous durant sa nuit de veille.

La suite pour lui étai un bain. Un bain qu’il savoura particulièrement, le prolongeant même un peut plus que nécessaire. Pourtant, lorsqu’il fallut sortir, il s’arracha à la bassine d’eau (moins chaude que lorsqu’il y était entré). Savourer un bain était une chose. Etre en retard pour le moment le plus important de sa vie en obliger une partie de la noblesse d’Ysari (le baron comprit) à l’attendre, c’était tout autre chose.

Il enfila des vêtements propres qu’on avait mis à sa disposition et passa son tabard par-dessus. Le dragon qu’avait tissé Cyrielle était vraiment magnifique. Nicolaï ne put s’empêcher de l’admirer. Le jeune homme rutilait dans son vêtement blanc. A coup sur, il devait être bien plus impressionnant que lorsqu’il était arrivé la veille avec la crasse accumulée durant le trajet entre Arcani et Ysari.

Un homme vint le chercher pour l’amener à la salle où aurait lieu son adoubement. Nicolaï respira profondément devant la porte de la salle d’honneur. Dehors, il aperçut par un fenêtre le soleil qui pointait ses premiers rayons.

Il respira à nouveau profondément pour chasser le stress.

*Nicolaï KalonErc’h, Chevalier d’Ysari, Seigneur de Dyriet. Sa sonne vraiment bien.*

Un homme ouvrit la porte de la salle d’honneur, révélant à Nicolaï se qui devait être la plus vaste et plus belle pièce du château. A l’autre extrémité se tenait Harnyll. L’autre extrémité de la salle. La dernière chose qui le séparait encore de son rêve de devenir chevalier.

Chevalier.

Nicolaï fit un pas en avant et entra dans la salle d’honneur.

Nicolaï était entré dans la grande salle d’honneur d’Ysari. Une salle absolument magnifique. Une allée centrale bordée de colonnes rutilaient des bannières colorée d’Ysari. Les murs étaient recouvertes de tapisseries qui relatait les plus grands faits d’armes de la maison du baron. De ces faits avec lesquels on forge les légendes et qui montrent l’exemple. Soit parce qu’ils sont compté par les vieillards aux enfants durant les veillée, soit parce que se sont ces histoires héroïques que narrent les bardes.

A l’autre bout de la salle se tenait le baron et la baronne d’Ysari. Harnyll et Lucrèce de Hetalia. Tout deux parfaitement opposé dans leur manière de se vêtir et dans leur apparence.

Le baron dégageait une forte impression de prestance et de grandeur. Au poing qu’il en éclipsait tout les autres convives, semblant les écraser de son charisme. Il était vêtu très sobrement d’un habit noir brodé d’or et son front n’était orné que d’un simple fil d’argent. Nicolaï n’aurait sut dire si ce fil était métallique ou non.

A côté de lui, la baronne était toute petite et menue. Elle semblait fragile malgré son aira assez fermé. Sa tenue était d’une grande élégance et d’une rare richesse qui contrastait avec la sobriété de son époux. Elle était décidément bien jeune. Nicolaï se demanda un court instant si elle était vraiment taillée pour se qu’on attendait d’elle. Mais il ne se posa pas longtemps la question. Comme lorsqu’il avait assisté au mariage, il savait qu’on ne lui demanderai pas son avis sur le couple. Et si c’était le cas, il dirait qu’ils étaient parfaitement accordé l’un à l’autre. Se qui au fond était tout à fait vrai.

Il ne s’était pas vraiment arrêter pendant ses réflexions. Silhouette solitaire qui avançait au milieu de la salle d’honneur, il savait être la cible de tout les regards et faisait son possible pour rester droit et digne. Il avait vu des écuyers s’effondrer au milieu de la salle lors de leur propre adoubement et n’avait pas l’intention que cela lui arrive également. Toute son attention était fixée sur Harnyll.

Il se concentrait aussi pour ne pas claudiquer. Malgré sa botte spécialement adaptée, il pouvait arriver qu’il boitille très légèrement. Il ne le fallait pas. Pas aujourd’hui. Pas maintenant. C’était son jour de gloire. Celui ou tout devait être absolument parfait. LE jour qu’il attendait depuis que Gregor l’avait prit à son service.

Respirant lentement, il tenta de calmer les battements rapides de son cœur. Arrivé à une certaine distance d’Harnyll, il s’arrêta et attendit. Cette cérémonie, il l’avait préparer et s’attendait parfaitement à se qui allait suivre. Le baron se leva de son trône et tira son épée d’un geste assez théâtral avant de poser les deux mains dessus, appuyant la pointe contre les dalles et faisant ainsi sonner la lame d’un son aussi cristallin qu’infime.

A genoux, écuyer.

Nicolaï s’exécuta. Plus comme un automate qu’autre chose. Il avait l’impression de ne pas être là. Il se sentait comme détaché de son corps. Etait-ce vraiment lui qui allait devenir chevalier aujourd’hui ? Il n’en était pas certain. N’était-il pas dans le publique afin d’assister à l’adoubement d’un autre ?

Depuis dix ans que les flots de l’Olienne ont rejeté Nicolaï KalonErc’h sur nos rivages, son dévouement et sa fidélité envers Ysari n’est plus à prouver. Maintes fois il n’a pas hésité à se mettre en danger où à verser son sang pour obéir aux ordres de son maître, Gregor de Hautetour. Ce jeune homme est aujourd’hui digne de quitter le statut d’écuyer pour être élevé à celui de chevalier.

Nicolaï se sentit un peut mal. Se que disait Harnyll, il avait l’impression d’usurper ce discourt. En effet, il s’était battu. Mais assez peut en dehors des frontières du duché. A ses yeux, il n’avait jamais réellement risqué sa vie. Bien sur, il avait affronter des drows à une ou deux reprises. Mais cela pouvait-il vraiment être considéré comme un acte héroïque ? Il n’avait pas participer aux grandes batailles de la guerre civile. Mais malgré cela, il y avait du vrai dans les dires du baron. Il avait bien combattu et mis en péril sa vie sous les ordres de Gregor et si, à ses yeux, il n’avait encore jamais réellement prouvé sa valeur, il était tout à fait prêt à se lancer dans la bataille pour Ysari et Harnyll.

Mais déjà, le baron continuait.

Je lui confie également la châtellenie de Dyriet, et lui ordonne de tout mettre en œuvre pour rendre son honneur à cette terre.

Il y eu quelques murmures étonné de ceux qui n’étaient pas encore au courant du rôle qui allait être celui de Nicolaï. Contrairement à se qu’il avait crut, le nombre de personnes qui avait connaissance de cela avant qu’Harnyll ne l’annonce était en fait assez restreint. Le baron foudroya du regard les parleurs avant de continuer son discourt.

De ce jour, Nicolaï KalonErc’h devient mon homme lige, à la paix comme à la guerre, à Ysari comme ailleurs. Ce serment, je saurais m’en souvenir et je le récompenserais à sa juste valeur

L’épée du baron quitta le sol pour aller se poser sur l’épaule de Nicolaï. Harnyll appuyait un peut le plat de la lame contre son épaule. Nicolaï de broncha pas une seule seconde sous la pression de l’arme.

Ce poids sur ses épaules n’était pas seulement celui de l’épée du baron. C’était aussi celui de la responsabilité qui allait être la sienne.

Un premier pas.

La loyauté… par l’amitié.

L’épée quitta l’épaule droite pour se poser sur l’épaule gauche. Alors qu’elle progressait, Nicolaî perçut furtivement le soleil qui s’y reflétait. Son cœur était terriblement calme.

Un deuxième pas. Il y était presque.

Le courage… par l’honneur.

Le tranchant de la lame se posa un court instant sur le cou du jeune homme.

Le dernier pas.

La traîtrise… par la vengeance.

Harnyll rengaina son arme et fit un pas en arrière.

Les personnes qui assistaient à la cérémonie commençait petit à petit à applaudire. Mais la voie d’Harnyll fut plus forte encore.

Relevez vous, Nicolaï KalonErc’h, chevalier d’Ysari et seigneur de Dyriet

Nicolaï hésita une seconde avant de se lever. Il ne parvenait pas à le croire. C’était fait à présent. Il venait d’être adouber. Un rêve vieux de presque dix ans se réalisait soudain. Le rêve qui avait accompagné sa vie presque depuis qu’il avait échouer sur les rives de la mer Olienne.

Lentement (mais pas trop non plus), Nicolaï se releva. Les acclamations des invités redoublèrent d’intensité. Le jeune homme était heureux.

Il était chevalier d’Ysari.


[hj : Voilà, je pense qu’on peut clôturer ce sujet. Se fut un plaisir de Rp avec toi Harnyll. Je penses qu’on se recroisera encore dans nos Rp à venir.]