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 Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]

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Aureane KalonErc'h
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeDim 16 Mai 2010 - 19:36

Au point où elle en était, Aureane ne pouvait pas avoir plus peur, du moins le pensait-elle, jusqu'au moment où ils arrivèrent au camp et où les commentaires des hommes qui l'entouraient achevèrent de la terroriser. Un vrai cauchemar, et elle ferma les yeux pour ne plus voir leurs visages grimaçants qui la détaillaient à la lueur du feu. Le cri du chef la fit sursauter violemment et elle passa d'une épaule à l'autre, complètement confuse tant elle était paniquée. Pour un peu, elle aurait préféré s'évanouir plutôt qu'entendre toutes ces horreurs. Mais elle restait bien consciente de tout ça, même si la peur l'empêchait d'analyser grand chose.

Les mots du chef... Elle ne savait pas si elle devait se réjouir ou se désoler. Sans doute remercier les dieux pour ce répit, elle aurait bien le temps de pleurer plus tard. Toujours sur l'épaule de
Veshork, vu que ce devait bien être lui, elle se retrouva dans une salle immense quoique plutôt vide. l'homme la déposa finalement à terre et elle manqua s'étaler de tout son long, quelque peu engourdie par la promenade forcée. Il lui enleva ensuite ses liens en les coupant ce qui lui fit croire un instant avec angoisse que sa dernière heure était arrivée. Mais non... il lui ôta aussi son bâillon, parfaitement inutile car elle avait compris depuis longtemps que hurler au milieu de la forêt ne l'amènerait à rien.

Se retrouvant avec une couverture dans les mains, la jeune fille fut finalement poussée dans la cage sans qu'elle ait eu le temps de protester. Un instant interdite et complètement perdue, Aureane finit par réagir en s'enveloppant dans la couverture, légèrement soulagée de pouvoir se couvrir que ce soit pour ne plus avoir froid que par pudeur. En revanche, ça ne l'empêchait pas d'avoir toujours aussi peur et elle finit par aller s'asseoir aussi loin que possible de son gardien. Fixant le sol, elle replia ses jambes contre elle et les entoura de ses bras.

Il fallut un certain temps à Aureane pour se calmer un peu et arrêter de trembler comme une feuille. Encore un peu plus de temps pour tenter de s'éclaircir les idées. Est-ce qu'elle pouvait se sortir de là ? Sans doute pas, il fallait être réaliste... Elle n'allait pas ronger les barreaux et elle se voyait mal raconter une histoire abracadabrante pour que les brigands la sortent de là eux-même. Et puis, sortir pour faire quoi ? Errer à travers la forêt ? C'était peut-être mieux qu'être vendue, mais ce n'était même pas sûr.

Donc... elle allait être vendue, réalisa-t-elle, maintenant que son cerveau avait enfin raccroché. Fabuleux... elle chassa cette pensée, sentant à nouveau la peur qui l'envahissait. Plutôt mourir que se laisser faire. Elle se rendit compte qu'elle était tombée tellement bas qu'elle en était à espérer pouvoir en finir. Refoulant les larmes qui menaçaient de couler, elle tenta de se concentrer sur quelque chose de concret et d'estimer le temps qu'il lui restait jusqu'au matin. Elle n'avait pas entendu sonner l'heure depuis un bon moment... puis elle se dit qu'en pleine forêt elle ne risquait pas d'entendre quoi que ce soit. Bien, maintenant, le désespoir le disputait à la peur.

Lorsque le soleil se leva, le jeune fille n'avait pas fermé l'œil de la nuit, incapable de s'endormir dans de telles conditions. Elle n'avait pas non plus osé bouger et était restée assise, les yeux grands ouverts dans le noir, recroquevillée dans sa couverture. Elle ne se souvenait pas avoir eu aussi peur de sa vie. Pas aussi longtemps, du moins. Elle avait été terrorisée par un ours, choquée par le décès de proches, mais jamais elle n'avait eu à subir une telle angoisse, sourde, qui semblait empirer de minute en minute parce qu'elle ne savait pas exactement ce qu'il allait advenir d'elle et quand.
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Harnyll de Hetalia
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeLun 17 Mai 2010 - 18:37

Lentement, les heures passèrent, le soleil continuant doucement sa course dans le ciel tandis les heures s’égrenaient une à une. Interminable journée d’attente pour les soldats d’Ysari comme pour les bandits de la forêt ; pour Nicolaï, assis dans le bureau de Gregor, comme pour Aureane, enfermée dans sa petite prison.

Enfin le soleil se coucha. Accompagné de trois de ses hommes, Veshork alla chercher leur prisonnière. Afin d'éviter toute... résistance... ou... appel à l'aide... gênant, ils la ligotèrent fermement, la bâillonnèrent et l'empaquetèrent dans un vieux tapis. Un cadeau tout emballé dirons nous.

Cela fait, tout quatre mirent le cap sur Arcani. La vue de trois gaillards à la mine patibulaire portant une sorte de tapis remuant beaucoup trop pour être honnête aurait pu éveiller la curiosité des passants dans d'autres quartiers. Mais dans les faubourgs d'Arcani, prudence est mère de sureté. "Je n'ai rien vu, je n'étais pas là, où si j'y étais, je devais être endormi", telle est la devise de ses habitants.

Veshork et ses hommes se retrouvèrent un peu plus tard dans la même taverne où s’était rendu Ramek dans la matinée. Les clients y étaient bien plus nombreux, et à travers la fumée causée par une cheminée évacuant mal, on distinguait maints ivrognes et catins, voleurs et mercenaires… enfin bref la lie d’Arcani.

Somme toute l’endroit idéal pour traiter ce genre de transactions nécessitant avant tout de la discrétion. Sur un signe de tête de l'aubergiste, les bandits entrèrent dans une salle à l’arrière qui donnait directement sur la cave de l’établissement, suivis peu après par trois silhouettes encapuchonnées : l’acheteuse et deux gardes du corps… disons plutôt gorilles au vu de la carrure des gaillards…

Lorsque la mère maquerelle ôta sa capuche, Veshork assis de force Aureane sur une chaise et déclama fièrement :

La voilà. Jeune et fraîche, comme promis.

La maquerelle tourna lentement autour de la jeune fille, l’effleurant par moment du bout du doigt. On aurait presque pu croire un éleveur de bétail au marché estimant le prix d’une génisse… pauvre Aureane, décidément rien ne lui sera épargné.

Jolie fille en effet. Plutôt menue mais ce n’est pas gênant… des seins petits mais fermes… un visage angélique... magnifiques yeux bleus… elle plaira aux clients. A propos, elle est vierge ?
Oui, vous voulez vérifier ?
Je préférerai. N’y voyez là qu’une précaution de ma part, le prix ne serait pas le même. Et de toute façon je n’achète jamais une pensionnaire chat en poche.

D’un geste, elle fit signe à un de ses hommes d’avancer.

Toi, déshabilles là, voyons voir ce qu’elle cache comme trésors là-dessous.

Le gorille, puisque nous l’appelons comme cela sortit son couteau et trancha les liens qui retenaient les jambes de la prisonnière. Mal lui en pris car il reçut un coup de pied dans le ventre, si tant est-ce que l'on peut appeler ainsi les bourrelets de graisse qui parsemaient sa taille.

Furieux, Vashork s'avança et gifla violemment l'enquiquineuse qui refusait de les laisser faire leur sale boulot. Posant ses mains sur les épaules d'AUreane, il la força à rester assise. Un regard lubrique au fond de l'œil, le gorille à bourrelets saisit le devant de la fine tunique d’Aureane et ce récit aurait sans doute changé de catégorie si à cet instant un événement imprévu n’était intervenu. Fusse une indiscrétion d’un des gardes participant au guet-apens ? Un sixième sens de l’un d’un ivrogne sortant de la taverne ? Toujours est-il qu’un cri retenti brusquement dans la salle principale.

Les gardes !
Quoi ? Où ?
Sauve qui peut !

A l’instant où il avait compris que les gardes se mettaient de la partie, Veshork s’était jeté sur Aureane et l’avait fermement empoignée. Inutile d’essayer de résister, les vétérans de Gregor de Hautetour ne feraient qu’une bouchée de ses propres hommes, il ne songeait plus qu’à sauver sa peau, tant pis pour les autres. Plaquant un couteau sous la gorge de la jeune femme, il cracha :

Toi tu viens avec moi ma jolie, tu me serviras de monnaie d’échange en cas de besoin.

Attrapant Aureane par le bras, Veshork la tira avec lui et pénétra dans la cave. Bousculant sa prisonnière pour qu’elle se dépêche, indifférent à ses gesticulations pour tenter de se libérer, le chef des brigands arriva au fond de la cave. Des bruits de pas dans l’escalier lui indiquaient qu’au moins un ennemi était à sa poursuite. Faisant basculer une étagère, il découvrit une vieille porte vermoulue qu’un violent coup de pied ouvrit en grand. Les miasmes infects qui s’échappaient de l’ouverture ne laissaient aucun doute de la destination du tunnel qui s’ouvrait devant eux. D’un pas pressé, traînant littéralement Aureane derrière lui, Veshork s’enfonça dans les égouts de la ville…

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Nicolaï KalonErc'h
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeMar 18 Mai 2010 - 13:23

[HRP: post long, et quant je dis long, c'est long]

Nicolaï commençait à craindre que le lieu du rendez vous n’ait été changé. Il attendait depuis plusieurs heures et chaque minute, devait se retenir pour ne pas ordonner de lancer l’assaut sur cette infâme gargote. Il observait minutieusement chaque personne qui entrait ou s’approchait de la porte devant laquelle il se trouvait dans l’espoir de voir Aureane ou de reconnaître par miracle un des bandits qui avait enlevé la jeune femme. Mais il n’y avait là que des poivrots, mercenaires et putains venues vendre leurs services. A la seule idée du sort qui attendait Aureane si ils échouaient, Nicolaï frissonna. L’idée que la fragile jeune femme devienne une de ces pauvres hères le tétanisait.

Ils ne devaient pas échouer.

Ils n’allaient pas échouer.

Dommage que Gregor veuille des prisonniers. Même si il n’avait aucun droit à donner la mort, Nicolaï aurait volontiers ouvert la gorge de Veshork et de chacun de ses hommes. Qui pourrait contester ces morts dans le feu de l’action ? C’était bien dommage qu’il doive faire des prisonniers. Mais bon, ce n’était qu’une petite privation. Voir ces hommes se balancer au bout d’une corde serait certainement un spectacle dont il se réjouirait. Le chevalier se reprit alors. Il n’était pas du genre à aimer faire couler le sang, mais là… les choses étaient différentes.

On s’en était pris à quelqu’un qui lui était cher. C’était pour ne pas avoir supporté cela qu’il était devenu chevalier et il n’avait aucune raison de changer cela.

Le jeune homme se raidit soudain. Quatre hommes entrèrent dans la taverne. L’un deux, un véritable fût de colonne dorique, portait un tapis. Marchand de tapis ? Avec un seul tapis et traînant dans les faubourgs d’Arcani ? C’était déjà rien que ça plus que suspect. Mais les derniers doutes s’effacèrent lorsque, fixant le fameux tapis, il remarqua deux choses étranges. La première le fameux paquet semblait enserrer quelque chose. La seconde étant que ledit tapis bougeait un peu trop pour être tout à fait honnête.

Main sur l’épée, Nicolaï dut plus que jamais se faire violence pour ne pas lancer l’attaque. Il fallait attendre. Les bandits, l’acheteuse et les gardes du corps qui accompagneraient certainement cette dernière étaient armés. En plus de cela, ils seraient sur le qui-vive. Tant que les bandits n’auraient pas vu leur or et que cette maquerelle n’aurait pas évalué sa ‘‘marchandise’’ (décidément, il haïssait véritablement ce mot), ils seraient prêts à tirer leurs armes à tout instant. Un observateur à l’intérieur devait les avertir. Un signal convenu à l’avance. L’espion de Gregor devait se mettre à hurler à tout rompre un chant appris le jour même comme s’il était ivre mort. Les hommes de Gregor investiraient alors le bâtiment et la totalité de l’auberge serait sous contrôle en moins de trente secondes.

Pour le chant, Nicolaï l’avait choisi afin que personne à Arcani ne puisse l’entonner par hasard. Il n’était pas encore connu ici ni où que se soit dans la baronnie d’ailleurs.

Le Chevalier à la Gueuse.

La chanson qui avait été lancée lors du tournoi royal auquel il avait participé. Chanson qui parlait de lui et d'Aureane.

* * *

Hek était un poivrot parmi tant d’autres, traitant sa minable carcasse d’une taverne d’Arcani à l’autre. Il s’enivrait jusqu’à ce qu’on le mette dehors manu-militari. Il changeait alors d’établissement et recommençait son cycle d’enivrement. Il était d’ailleurs étonnant qu’il n’ait pas encore fini proprement égorgé dans un coin par un quelconque voleur.

D’un autre côté, il n’avait presque pas d’argent et vivait en mendiant.

Cette situation exécrable, il la devait à cette bien aimée enflure de baron. L’homme était en effet l’un des petits associés de Farles. De ceux qui avaient aidé le félon à financer ses petites affaires afin d’en retirer plus tard une part des bénéfices.

Sauf que les choses ne s’était pas passées comme prévu. S’étant plus que largement endetté pour cette manœuvre financière, Hek avait tout perdu lors de la condamnation de l’ancien seigneur de Dyriet. Enfin, ce n’était pas uniquement de la faute d’Harnyll. En seconde place sur la liste des personnes que Hek souhaitait faire souffrir se trouvait le seigneur d’Arcani, Gregor de Hautetour. Et en troisième, l’un de ses espions. L’homme ne connaissait pas le nom de celui-ci, mais il était certain de pouvoir le reconnaître.

C’était par hasard que ce sale fouineur avait découvert les malversations financières de l’ancien bourgeois pour dissimuler la perte d’argent après la trahison de Farles. Même si le lien entre lui et le félon le plus célèbre de toute la baronnie n’avait jamais été avéré, Hek n’en avait pas moins perdu son commerce florissant, son argent et sa famille qui refusait à présent d’entendre parler de lui.

Une chopine de bière en main, Hek s’assit à une table. Une catin ne tarda pas à aller se coller à lui, sentant l’éventuel client. Elle n’était pas moche, mais empestait la transpiration, la crasse et son haleine était chargée de relents d’alcool. Bien loin de la petite jeunette de paysanne qu’il avait pour maîtresse alors qu’il était au fait de sa richesse. A la pensée de cette petite catin, Hek se dit que si il lui mettait la main dessus à elle aussi, elle passerait un sale quart d’heure. Sa vie deviendrait un cauchemar.

Mais rapidement, toute son attention fut rivée sur un homme. Il se faisait discret et se tenait légèrement à l’écart. Ombre parmi les ombres. Si ce profil n’avait pas frappé violemment son esprit confit d’alcool, il l’aurait oublié à l’instant même où il l’avait vu.

Mais ce n’était pas le cas.

Il avait maudit cet homme tant et tant de fois qu’il ne pouvait pas l’oublier. Cet homme qu’il avait engagé en tant que majordome et qui avait fouillé dans les papiers secrets de son employeur, entraînant la perte d’Hek.

Bondissant sur ses pieds, il se précipita vers lui, mains tendues pour les serrer autour de la gorge de ce maudit traître.

Voyant son ancienne victime se précipiter sur lui, l’espion se mit à hurler aussi fort qu’il le pouvait le chant par le sieur KalonErc’h cet après midi même. C’était sans doute encore un peut trop tôt, mais il n’avait plus le choix. Sa couverture était compromise et cela pouvait être une question de secondes.

Quatre secondes plus tard, les soldats d’Ysari investissaient tout le bâtiment, entrant par toutes les portes et sortant même du grenier à l’étage, déclenchant une panique générale.

* * *

Nicolaï ne mit pas longtemps à bondir vers la porte de l’auberge en entendant le chant qu’on avait composé sur lui et Aureane lors du tournoi royal. Dégainant son épée, il défonça littéralement la porte branlante de la gargote en entrant. Les badauds paniquaient.


Les gardes !
Quoi ? Où ?
Sauve qui peut !

Nicolaï bouscula tous ceux qui se trouvaient sur son passage. La trentaine de clients qui tentaient de fuir l’arrivée des soldats. Peine perdue. Ils se retrouvèrent rapidement rassemblés au milieu de la salle commune, serrés les uns contre les autres. Le jeune homme, une lueur haineuse dans les yeux s’empara de la tenancière.

« Où !?! »

« Mais seigneur je ne sais p… »

Une gifle violente la coupa dans son élan. Nicolaï posa le tranchant de son épée contre la gorge de la femme.

« Où ? »

« Dans l’arrière boutique. »

Nicolaï rejeta cette femme comme un paquet de linge sale. Elle était de mèche, cela ne faisait aucun doute. Elle serait jugée au même titre que les autres.

Nicolaï se mit à courir en direction de l’arrière boutique, suivit de près par les hommes qui ne surveillaient pas les clients et n’étaient pas en train de désarmer ces gens. La porte de l’arrière boutique ne résista guère plus aux assauts de Nicolaï et des vétérans de Gregor et fut enfoncée en un rien de temps.

Le premier sang coula lorsqu’un des énormes gardes du corps de la maquerelle tenta d’attaquer le jeune chevalier avec une épée courte. Esquivant sans la moindre difficulté l’attaque grossière et maladroite, Nicolaï n’hésita pas une seconde à répliquer. Son épée ouvrit une seconde bouche dans le cou de l’homme. Le gorille tenta de retenir le flot de sang qui s’écoulait, mais il mourut avant d’avoir touché le sol. Sans ralentir sa progression et alors que les autres jetaient leurs armes à terre en suppliant qu’on leur fasse grâce, Nicolaï fit le tour de la pièce du regard. Vide.

Aureane, où était-elle ?

La panique le prit soudain. Pointant son arme vers la seule femme présente, il riva sur elle ses yeux gris. Deux sphères d’acier promettant la mort.


« C’est vous qui vouliez acheter une fille. »

Terrifiée, la femme hocha la tête nerveusement.

« Où ? »

« La cave. »

Nicolaï repéra alors l’escalier qui descendait dans la cave et s’y précipita.

« Seigneur, attendez, s’exclama l’un des soldats. »

Nicolaï ne l’écoutait pas. Il n’avait pas l’intention de l’entendre. Il fallait agir vite. Ils n’avaient perdu que trop de temps. Qui savait ce qui pourrait arriver à Aureane.

Les relents putrides qui embaumaient l’air ne laissaient aucun doute. Les égouts. Nicolaï continua à courir en passant la porte vermoulue qui avaient visiblement été ouverte avec aussi peu de délicatesse que ce qu’il avait fait précédemment. Nicolaï se précipita dans l’ouverture.

Arrivé dans le tunnel, il marqua un temps d’arrêt.

Les égouts d’Arcani étaient un véritable dédale. Sauf quand on voulait en sortir. Il n’y avait pas énormément de façon de le faire. Et Nicolaï doutait que celui qui avait emporté Aureane avec lui ait la moindre envie de s’attarder ici.

Il fixa chacun des deux chemins qui s’offraient à lui. A gauche comme à droite, un long quai encadrait une sorte de rivière évacuant les détritus de la ville.

Nicolaï fini par apercevoir se qu’il cherchait. Une ombre qui s’éloignait.


« AUREANE !!! »

* * *

Veshork pestait contre sa captive et lui envoya même un violent coup de poing dans les côtes afin qu’elle se calme un peu. Mais cela n’eut pas vraiment l’effet recherché. Elle continuait à se débattre et à tenter de hurler. Heureusement que le bâillon l’empêchait d’émettre autre chose que de petits gémissements plaintifs. Indifférent aux larmes qui coulaient des yeux de sa captive et à son regard suppliant, Veshork la trainait derrière lui.


« Calme toi petite garce ou je te jure que je te t’assomme. »

« AUREANE !!! »

Les bruits de pas s’accélérèrent. Le bandit se retourna vivement, plaquant Aureane contre lui, remettant son couteau contre la gorge de la jeune femme. C’était un seul homme. En temps normal, il n’avait pas peur de qui que se soit. Mais le sang qui maculait son épée et avait éclaboussé le tabard du chevalier montrait assez qu’il savait se battre.

« Aureane, interrogea-t-il ? »

Jetant un regard à la jeune captive, il comprit alors.

« Ah. C’est elle que tu appelles avec tant de ferveur ? Allons, soit polie petite. Dis bonjour. »

Aureane émit un « Hummmm!!! » assourdi par le bâillon.

« Elle a l’air contente de te voir. Mais dis-moi, tu me rappelles quelque chose. On ne se serait pas déjà rencontré par hasard ? »

Nicolaï ne répondit rien, serrant les dents et pâlissant un peu plus que d’habitude. Il passa son épée sur le côté, présentant son profil à Veshork. Une garde de combat simple mais efficace.

« Je serais toi, je ne ferais pas ça. Si j’étais toi. »

L’homme appuya légèrement le poignard contre la gorge d’Aureane, faisant couler quelques petites perles de sang.

Un sourire sadique se dessinant sur son visage. Il égorgerait la fille s’il le fallait. A moins, qu’elle soit terrorisée par le poignard ou que ce soit l’arrivée du chevalier qui ait déclenché cette réaction, la petite captive avait en tout cas arrêté de gesticuler dans tous les sens.

Un vieux souvenir remonta dans la mémoire de Veshork.


« Oh, le dragon azur sur fond blanc. Bien sûr, tu es le petit idiot qui suivait Gregor comme un chien bien dressé. Nic…quelque chose. Et c’est toi qui as eu droit à Dyriet. Jolie preuve d’incompétence. »

* * *

Nicolaï ne prêtait qu’une attention limitée à ce que disait le bandit. Veshork était en train de le provoquer. De tout faire pour le forcer à attaquer. Malgré son envie de s’en prendre à cette créature (qualifier cette personne d’humaine était hors de ses capacités), il devait se retenir. A l’instant même où il ferait mine d’attaquer, Aureane serait morte.

Nicolaï voyait dans ses grands yeux bleus un mélange de joie, d’inquiétude, d’espoir et d’étonnement. Si elle avait voulu mourir, ce n’était plus le cas. Elle avait à nouveau une chance de pouvoir s’en tirer.

Analysant froidement la situation, Nicolaï finit par conclure que s’il faisait correctement son devoir de chevalier, il devrait attaquer maintenant. Tuer ou blesser Veshork. Celui-ci n’aurait jamais le temps de tirer son épée courte. Mais cela signifierait automatiquement la mort d’Aureane. Et cela, il ne pouvait s’y résoudre. Quels que soient les enjeux.

Aussi immobile qu’une statue, Nicolaï attendait.


« Bon, c’est pas que je m’ennuie en ta présence, mais je m’en voudrais d’ennuyer plus longtemps notre amie. Alors je vais la prendre avec moi. Nous allons quitter les égouts et si tu me suis, je l’égorge. Ne t’en fais pas, je m’occuperai bien d’elle. Tu peux me croire et plus jamais tu n’entendras parler de moi… ni d’elle d’ailleurs. Les hommes qu’il me reste auront besoin d’évacuer leur frustration. »

Veshork fit un premier pas en arrière. La panique gagna Aureane.

« HUMMMM !!! »

Nicolaï sera les dents.

La situation était dans une impasse. Que devait-il faire ?

Le son des soldats qui descendaient quatre à quatre l’escalier menant aux égouts changea la donne. Veshork devrait courir s’il souhaitait s’en sortir. Or, impossible de courir s’il conservait Aureane sous la menace. Jamais il ne pourrait s’échapper avec elle. Elle devenait un poids plus qu’une aide.

Pourtant, il y avait une dernière chose qu’il pouvait faire avec elle.


« Le chevalier servant au secours de la belle. Touchante petite scène. Mais bon, je dois te laisser. Pour ton amie si chère, j’espère que tu vas jouer ton rôle jusqu’au bout. »

D’un large mouvement, Veshork se délesta d’Aureane. Pour autant, il ne la laissa pas partir comme ça, mais la jeta dans la ‘‘rivière’’ des égouts avant de tourner les talons et de partir en courant.

Nicolaï resta un instant interdit. Son devoir exigeait de lui qu’il poursuive Veshork. Qu’il le mette hors d’état de nuire. Que valait la vie d’Aureane contre celle de tous ceux que le bandit ferait souffrir. Rien. Mais un rien que Nicolaï ne pouvait se résoudre à sacrifier.

Mains toujours liées dans son dos, Aureane tentait tant bien que mal de mettre la tête hors de l’eau. Tâche ardue qu’elle ne parvenait pas réellement à accomplir. Ballottée dans tout les sens, elle avait plus souvent les pieds hors de l’eau que la tête. Savait-elle seulement nager ? Sûrement pas. Elle lui avait confié avoir été élevée en pleine campagne. Nicolaï doutait qu’elle ait un jour vu la mer et se soit baigné autre part que dans un petit ruisseau où on ne pouvait que barboter.

S’il la laissait et poursuivait Veshork, c’était la noyade assurée pour la jeune femme.

En moins d’une seconde, Nicolaï avait lâché son épée et courait en direction d’Aureane emportée par le courant. Un instant le long de la berge improvisée, le jeune homme retira son tabard tout en courant pour se rapprocher de l’endroit où était la jeune femme.

D’une détente, il fut dans l’eau sale et assez stagnante. Le chevalier saisit au passage Aureane par la longue chemise qu’elle portait depuis la veille. Il ne lui fallut guère de temps pour la ramener à lui. Peu de temps également pour la hisser sur la berge avant d’y monter lui-même.


« Aureane. »

Ne connaissait-il plus que ce mot ? Ne pouvait-il dire autre chose ?

Il lui fallut à peine une seconde pour prendre son poignard et trancher les liens qui entravait la jeune femme. Encore moins de temps pour lui enlever son bâillon. Cela fait, il serra la jeune femme contre lui.

Elle était secouée de sanglots. Était-ce les nerfs qui lâchaient ? Il n’en savait rien et il s’en fichait. Quelque soit l’origine de ces larmes, il s’en fichait.


« Pleure. Vas-y. Pleure. Pardon Aureane. Tout est ma faute. Pardon. Pardon. »

Ils restèrent un moment serrés l’un contre l’autre, sans bouger. Nicolaï aussi commença à craquer. Elle était saine et sauve. Il était parvenu à la sauver. Le reste n’avait pas la moindre importance.

* * *

Après un certains temps, ils remontèrent à l’auberge. Aussi trempés et puants l’un que l’autre, Aureane enroulée dans le tabard de Nicolaï. Le chevalier soutenait la jeune femme, la portant presque. Elle était complètement épuisée, n’ayant pas du manger beaucoup et encore moins dormir depuis la veille. De toute façon, Nicolaï n’avait pas l’intention de la laisser avant d’être certain qu’elle serait en sécurité et confiée aux soins de servantes du château d’Arcani qui s’étaient préparé à recevoir la jeune femme.

L’officier en charge des soldats s’approcha de Nicolaï.


« Monseigneur, que fait-on des prisonniers ? »

Nicolaï jeta un regard dans la salle. Il désigna tout d’abord les clients de l’auberge.

« Ceux là on s’en fiche. Relâchez les. Tous. Sauf la tenancière de cette auberge. Elle est complice de tout ça. »

Il fixa ensuite les quelques autres captifs. On avait rassemblé et entravé dans un coin la maquerelle, son garde du corps et les trois hommes de Veshork.

« Les trois là, faites en sorte qu’ils ne s’échappent pas. Le sieur de Hautetour les enverra certainement au bourreau. Il voudra savoir où sont les autres membres de la bande dans l’heure. Dites juste au bourreau qu’ils doivent rester en vie. Pour la femme, la tenancière et les deux autres hommes, ils passeront aussi certainement entre les mains du bourreau. Le sieur de Hautetour voudra aussi connaître les détails de leur commerce. Peut-être peut-on sauver d’autres jeunes femmes. »

Le soldat hocha la tête. La maquerelle suppliait pour qu’on ne la livre pas au bourreau. Implorant la pitié du jeune chevalier. Mais pitié, le jeune homme ne pouvait pas en faire preuve. Pas après les derniers évènements. Aurait-elle eu pitié d’Aureane, elle, avant de la livrer à ses clients ? Non. Lui non plus ne ferait pas preuve de pitié.

Le chevalier prit la route du château d’Arcani, suivit par le cortège des soldats et de leurs prisonniers entravés.

* * *


« Par Néera. Pauvre petite. »

Se précipitant sur Aureane, l’intendante du château, qui organisait l’action des chambrières et servantes, brassait l’air en tout sens. La vieille femme prit immédiatement la jeune écrivain sous son aile, la guidant avec douceur dans l’une des parties du château où on avait préparé une chambre, un bain et des vêtements propres pour Aureane. Elle ne tarda pas à revenir voir Nicolaï après avoir confié sa nouvelle protégée à des servantes qui avaient ordre de prendre soin d’elle.

« Alors c’était vrai ce qu’on disait dans les couloirs ? Elle a été enlevée et allait être vendue ? »

Nicolaï soupira. Si toutes les pipelettes du château étaient déjà au courant de ce qui se passait, pas étonnant de voir une telle mobilisation autour d’Aureane. Bien sûr, Gregor avait donné ses ordres pour que tout se passe aussi bien que possible après sa libération. Qu’elle puisse se reposer tranquillement et commencer à se remettre de cette épreuve.

Une armée de servantes allait prendre soin de la jeune femme et l’aider à se reposer. C’était tout ce dont elle avait besoin. Un endroit où elle pouvait être en sécurité et du repos.


« Oui. Je pense que nous sommes arrivés juste à temps. »

« Mfft. Et le fait qu’elle ait été enlevée à Dyriet ? »

« Vrai aussi. »

« Et que ce soit ton amante ? »

« Non, non et non. »

Molly hocha la tête. S’approchant un peu plus près de Nicolaï, la vieille femme plissa le nez.

« Tu empestes. Où as-tu encore été trainer ? »

« J’ai pris un bain dans les égouts, fit Nicolaï avec un sourire. »

L’intendante fit une moue étrange. Elle aurait bien demandé au jeune homme s’il n’était pas encore en train de plaisanter, mais elle savait que ce n’était pas le cas.

« Tu es bon pour un bain toi aussi. Après ça, va retrouver Gregor dans la bibliothèque, il t’attend. »

Nicolaï hocha la tête. Molly avait déjà tourné les talons quand il allait lui dire quelque chose. Elle lui fit un signe de main sans prendre la peine de se retourner.

« Oui, oui, je vais prendre soin d’elle. »
* * *

Les vêtements de Nicolaï n’étaient certes pas les siens, mais cela n’avait aucune importance. Quelque soit leur provenance, une chemise de toile sombre et un pantalon dans les mêmes tons étaient tous les mêmes.

Ainsi vêtu, son épée au côté, il entra dans la bibliothèque où l’attendait Gregor. Confortablement assis dans un fauteuil, celui-ci dégustait un verre d’un vin sombre. Nicolaï savait que c’était de loin son préféré et qu’il ne s’autorisait à en prélever un verre que lorsqu’il était particulièrement de bonne humeur.


« Vous m’avez fait demander seigneur, dit bien respectueusement Nicolaï en s’inclinant légèrement devant le maître d’Arcani. »

Son ancien mentor lui fit signe de prendre place dans le fauteuil à côté du sien. Nicolaï s’y assit, attendant que Gregor prenne la parole.

Même si l’opération de sauvetage était un succès et qu’ils allaient certainement pouvoir démanteler un sérieux commerce d’esclave dans la péninsule, une ombre obscurcissait le tableau : Veshork s’était enfui. Nicolaï le savait, tout comme il savait que ce n’aurait pas été le cas s’il n’avait pas sauté dans l’eau pour sauver Aureane.
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeMar 18 Mai 2010 - 15:33

Aureane s'attendait à ce qu'on s'occupe à nouveau d'elle dans la journée, mais il n'en fut rien. Elle finit par se calmer assez pour réfléchir de façon un peu plus claire et elle supposa que si les bandits voulaient la vendre, alors ils attendaient probablement un rendez-vous quelconque. S'ils pouvaient rater ce dernier, alors ce serait toujours ça de gagné. Les heures passant, Aureane finit par somnoler un peu malgré elle, sursautant violemment au moindre craquement. Elle ne pouvait même pas se blâmer de ne pas avoir été prudente et de mériter ce qui lui arrivait. La vie était pourtant tranquille à Dyriet... Nicolaï semblait croire qu'il l'exploitait, mais elle était heureuse, là-bas, pour le peu qu'elle y avait vécu. Nicolaï... il avait tout fait pour éviter que les bandits ne s'en prennent au manoir et malgré ça... Elle ne lui en voulait pas, évidemment, il n’y était pour rien. Elle était même désolée qu’on puisse se servir d’elle pour lui causer autant de soucis. Car elle ne doutait pas qu’il allait essayer de la retrouver, elle lui faisait confiance sur ce point, il s’était toujours montré digne du son statut de chevalier. En revanche, elle ne croyait pas une seule seconde qu’il puisse y parvenir : ça faisait un certain temps que Veshork était recherché en vain, il n’y avait pas de raison pour que ça change. Alors, elle s’était fait une raison et était bien décidée à s’enfuir ou… en finir. Hors de question de coopérer.

Lorsqu'on vint la chercher, son premier réflexe fut donc de tenter de s'échapper. Peut-être que la forêt n'était pas accueillante, mais c'était toujours mieux que ce qui l'attendait et lui donnait envie de vomir rien que d'y penser. Chaque seconde de gagnée lui donnait une chance de rater ce fameux rendez-vous qu’elle supposait exister. Sauf qu'elle eut beau faire, se débattre ne servit à rien et les hommes eurent tôt fait de... l'emballer comme un cadeau dans un tapis. A ce moment, elle se calma malgré sa peur, estimant que s'agiter encore ne servirait qu'à se fatiguer inutilement et, de fait, elle était déjà à bout à cause de la tension nerveuse accumulée. Et puis, se retrouver ficelée dans un tapis n’avait rien de bien agréable, ne serait-ce qu’à cause de la poussière qui lui brulait les yeux et la faisait tousser.

En revanche, dès qu'elle entendit les bruits caractéristiques de la ville, elle s'agita à nouveau, tentant autant que possible de se faire remarquer. Enfin quoi, quelqu'un allait bien s'inquiéter de voir gigoter un tapis ! Sauf que lorsqu'Aureane pu enfin voir où elle était, elle s'aperçut avec abattement qu'il était trop tard pour espérer attirer l'attention des passants. Livide, elle fut assise de force malgré ses tentatives désespérées pour s'échapper. Pas question qu'elle se laisse faire, c'était tout simplement impossible tant elle était folle de terreur. Le fait que Veshork ait probablement envie de l'assommer pour la calmer ne rentrait pas en ligne de compte dans son esprit affolé. Elle regardait tout le monde avec de grands yeux épouvantés mais personne n’avait l’air de s’émouvoir de son sort. Et pour cause !

Aureane atteignit le sommet de la panique quand il fut question de la déshabiller et dès qu'on lui trancha les liens de ses jambes elle en profita pour se débattre d'autant plus. Des coups de pieds désordonnés partirent et au moins un toucha, mais elle était trop désespérée pour s'en réjouir. La claque monumentale la sonna un instant, assez pour que Veshork la rive à nouveau à la chaise. La jeune fille allait à nouveau s'agiter quand une chanson qu’elle reconnut malgré sa confusion puis un cri la firent sursauter.

" Les gardes ! "

Dire qu'elle avait un bâillon ! C'était à devenir fou ! Elle avait bondit sur ses pieds dans un élan de survie, mais le chef en profita pour l'attraper et l'embarquer sans ménagement malgré ses tentatives pour ne pas suivre. Cette chanson… dans la panique, elle l’avait reconnue, elle se demanda un instant si… mais non, elle devait prendre ses désirs pour des réalités. La dague brandie par Vershok ne lui faisait ni chaud ni froid : s’il avait voulu la tuer, il l’aurait déjà fait et puis, de toute manière, elle n’avait plus rien à perdre. Aussi, il fut bien forcé de la trainer derrière lui car elle faisait son possible pour le retarder malgré ses bras entravés.

Histoire d’ajouter à la noirceur du cauchemar, voilà que le bandit l’entrainait malgré elle dans les égouts. L’odeur nauséabonde manqua la faire suffoquer car elle ne pouvait s’offrir le luxe de respirer par la bouche. Ils progressaient, bien qu’elle continue à se débattre, ce qui lui valut un coup de poing dans les côtes qui lui coupa le souffle et lui fit lâcher un gémissement de douleur. Il n’y était pas allé de main morte, mais elle ne lui ferait pas le plaisir de se montrer docile. Qu’il l’assomme donc ! Et puis, qu’il l’achève tant qu’il y était, elle préférait encore ça !

" AUREANE !!! "

La jeune fille sentit son cœur manquer un battement. Cette voix… même déformée par l’écho des égouts, elle la reconnaissait. Vershork la fit pivoter, mais cette fois, elle suivit sans résister, ne pouvant en croire ses oreilles. Nicolaï était là. Elle se figea aussitôt, surprise, mais consciente qu’elle avait une chance de s’en sortir. Le couteau sur la gorge, le bandit la somma de dire bonjour mais elle ne put émettre qu’un « humm » qui de toute façon n’obéissait en rien à l’injonction. Ses prières avaient donc été entendues ? Après toutes ces heures de tourment, elle avait du mal à y croire.

Nicolaï se mit en garde et elle le dévisagea d’un air désespéré : elle voulait qu’il la libère, oui, mais elle ne voulait pas qu’il meure pour autant et là, il était tout seul face au bandit qui ne reculerait devant rien pour s’en sortir. Les larmes lui montèrent aux yeux quand Veshork s’amusa à faire couler quelques gouttes de sang. Elle ne bougeait plus du tout, terrifiée à l’idée de se retrouver la gorge tranchée alors qu’elle était si proche de s’en sortir. Nicolaï restait en garde, immobile et elle craignit un instant qu’il ne puisse agir. Elle se voyait déjà forcée de suivre à nouveau le bandit, cette idée la rendait malade.

Le temps sembla s’étirer… Son ravisseur annonça qu’il en avait assez d’attendre et commença à reculer, faisant littéralement paniquer Aureane qui hurla quelque chose, assourdi par le bâillon. S’agitant à nouveau, elle jeta un regard suppliant à Nicolaï : si c’était pour en arriver là, qu’il attaque donc, qu’elle puisse au moins en finir, qu’il lui donne cette chance !

Un bruit dans le lointain résonna et Aureane comprit qu’il s’agissait de nouvelles personnes. Alliées ou non ? Elle eut une pensée pour le jeune homme qui risquait de se retrouver coincé entre deux feux. Elle, au point où elle en était… Elle n’eut pas le temps de réagir, qu’elle se sentit poussée vers l’eau croupie des égouts et y atterrit dans un plouf ! glacé. Elle avait eu le réflexe de fermer les yeux et la bouche, mais elle ne savait pas nager et s’agiter les bras liés n’allait pas beaucoup l’aider. Terrorisée, une fois de plus, elle comprit que si personne ne venait la chercher, elle allait se noyer rapidement. L’eau se referma sur elle et elle se sentit attirée vers le fond. Ce n’était pas forcément profond mais bien suffisant pour qui ne savait nager et ne pouvait s’aider de ses bras pour rester à la surface.

Il y eut soudain un mouvement près d’elle et lorsqu’elle sentit qu’on la tenait, elle s’accrocha instinctivement à son sauveur – il n’y avait plus qu’à espérer que ce ne soit pas un bandit ayant décidé de s’acharner. Mais non, reprenant son souffle, clignant des yeux pour en chasser l’eau fétide, elle reconnut Nicolaï avec un soulagement immense. Pas de Veshork à l’horizon… Le jeune homme venait de la sauver et la hissait sur le bord où elle s’écroula, à bout de force. Prendre conscience qu’elle était libre relâcha des heures de tension accumulée et elle se mit à sangloter malgré elle alors qu’il lui enlevait le bâillon et ses derniers liens. Il la serra contre lui et elle se laissa aller dans ses bras sans plus réfléchir, ne parvenant pas à se calmer. Elle tremblait aussi bien de peur que de froid et ne parvenait pas vraiment à analyser ce qu’il lui disait tant elle était confuse.

Blottie contre le jeune homme, Aureane mit un certain temps à se calmer. Trop d’émotions pour qu’elle arrive encore à se contrôler comme elle avait coutume de le faire. Le cauchemar était terminé. Elle aurait voulu le remercier, mais elle n’arrivait pas à aligner un seul mot cohérent, elle préféra donc garder le silence. Pouvoir se couvrir avec le tabard de Nicolaï fut aussi un soulagement, après autant de temps passé en chemise à être observée comme de la viande. Finalement, ils remontèrent à l’air libre, ce qui acheva de l’apaiser, même si elle réfrénait difficilement ses larmes et tremblait encore. Trempée, elle se sentait complètement épuisée et peinait à mettre un pied devant l’autre et elle resta accrochée à Nicolaï aussi longtemps qu’il le lui permit. Ne restait plus qu’à quitter ces lieux maudits.

Aureane ne comprit pas vraiment où ils se rendaient, mais c’était loin des bandits et c’était tout ce qui comptait. Lorsque l’intendante entreprit de l’emmener, elle suivit sans faire d’histoire, l’esprit visiblement encore ailleurs. L’agitation des chambrières qui s’occupèrent d’elle la fit un peu émerger de sa torpeur. En temps normal, la jeune fille aurait détesté qu’on prenne soin d’elle de la sorte, elle était habituée à se débrouiller seule, mais là, se sentir entourée la rassura. C’était fini. Fini, fini, fini… elle peinait encore à réaliser.

On lui proposa ensuite de dormir et Aureane accepta, encore un peu sonnée par toutes ces émotions. Se retrouver dans un vrai lit bien douillet était un vrai bonheur, même si elle était trop épuisée pour en prendre pleinement conscience. Elle ne tarda pas à s’endormir, d’un sommeil émaillé de rêves de brigands et autres horreurs qui la faisaient sans cesse se réveiller en sursaut avant de replonger dans son inertie.

Lorsque la jeune fille ouvrit les yeux pour de bon, elle s’assit dans le lit et observa enfin le lieu où elle se trouvait. Son regard tomba sur une fillette d’une dizaine d’années qui devait avoir pour rôle de la veiller. Cette dernière lui fit un sourire timide qu’Aureane se força à lui rendre. Elle se sentait reposée mais encore confuse suite à ce qui s’était passé.

" Voulez-vous quelque ch… "


Aureane secoua la tête, la coupant net. Non, elle ne voulait rien du tout. A la rigueur, pour être raisonnable, il aurait sans doute fallu qu’elle se nourrisse un peu, mais rien que l’idée de manger lui donnait mal au cœur. Elle n’avait besoin de rien, sauf de se lever et de s’habiller, elle n’allait sûrement pas passer la journée au lit, même si elle ignorait combien de temps elle avait dormi. La fillette lui passa des vêtements et fut bien forcée de constater que la jeune fille avait décidé de se vêtir toute seule. Aureane avait été dans un état second en arrivant, mais à présent, ça devait aller, pas question de se laisser materner.

Habillée, elle réalisa qu’elle ne savait même pas où elle se trouvait, si ce n’était que c’était un lieu sûr. Elle n’allait pas se promener toute seule dans les couloirs et elle n’avait rien à faire. Elle finit par s’adresser à la fillette qui attendait avec l’air de ne pas trop savoir comment réagir :


" Hem... euh... Tu feras dire au seigneur KalonErc’h que je souhaite lui parler lorsqu’il aura un moment. "


Elle ne voulait surtout pas le déranger, comme d’habitude, il n’y avait aucune urgence, mais elle tenait à le remercier, tout simplement. Sans lui, elle aurait été encore aux mains de Vershok. A cette pensée, elle blêmit et se rassit. La fillette s’éclipsa, la laissant seule, occupée à se reprendre. Allons, tout ça était terminé.
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeMer 19 Mai 2010 - 15:10

Le vieux chevalier sourit en voyant son ancien écuyer entrer dans la bibliothèque. Reposant son verre de vin sur un guéridon, il lui fit signe d’approcher.

Ah, Nicolaï, assieds toi.

Croisant ses mains sous son menton, le seigneur d’Arcani contempla le jeune homme, repensant à l’enfant qu’il avait autrefois trouvé sur une plage, seul et abandonné. Le mystère des origines de Nicolaï restait entier, mais le chemin parcouru depuis montrait à quel point le choix de Gregor de faire porter sa confiance sur cet enfant sauvé des eaux avait été pertinent.

Malgré la fuite de Veshork, l’opération reste un grand succès. La maquerelle est déjà passée aux aveux et nous allons pouvoir stopper ce trafic de chair humaine entre Ysari et Ydril. Quand aux bandits de la forêt, allons voir si les bourreaux du château en ont tiré quelque chose.

Se levant avec une souplesse surprenante pour un homme de son âge, Gregor, suivi de Nicolaï, prit le chemin des soubassements du château. Faire torturer quelqu’un sans l’accord du baron n’était habituellement pas une chose autorisée, mais Harnyll lui avait signé un ordre permettant d’user de tous les moyens nécessaires, y compris celui-là, pour trouver et détruire le repaire des bandits de la forêt d’Arcani.

Lorsque les deux chevaliers, le jeune et le vieux, pénétrèrent dans la salle des tortures, ils ne purent retenir un frémissement involontaire. Les trois bandits capturés étaient enchaînés nus au mur du fond, entourés par plusieurs bourreaux en vestes et pantalons de cuir, un chiffon noué autour du front pour éviter que la sueur ne coule dans leurs yeux. Les trois hommes… mais pouvaient-on encore les appeler ainsi ?… de Veshork avaient du passer une soirée longue et difficile au vu des multiples traces de brûlures et de coups qui parsemaient leurs corps.

Un officier de l’armée s’occupait de l’interrogatoire, assisté par un scribe qui notait les dépositions. Entendant la porte s’ouvrir, l’officier se retourna et effectua un parfait salut militaire.

Ils ont avoué monseigneur, leur repaire est au lieu dit du tertre des âmes, une ancienne mine au cœur de la forêt.
Parfait, nous allons…
Monseigneur, celui là vient de mourir, annonça l’un des bourreaux.

En effet, un des prisonniers ne bougeait plus et pendait lâchement, uniquement retenu par ses chaînes.

Ça arrive parfois. Trop de peur, trop de douleur, ils ne supportent pas.

Continuons nous l’interrogatoire monseigneur ? Ils ont bien des crimes sur la conscience…
Hmm, le baron ne m’a donné autorité qu’à user de la torture pour leur faire avouer l’emplacement de leur repaire, mais si ils avouent d’autres crimes, notez les. Cela servira lors du procès. Rien n’empêche que vous vous assuriez de nouveau de l’emplacement du repaire et… qui sait… si en même temps leur conscience les pousse à avouer d’autres fautes… nous nous comprenons ?
Parfaitement monseigneur.

Tournant les talons, Gregor ressortit de la pièce, toujours suivi par Nicolaï. Arrivé en haut de l’escalier, il posa sa grosse patte sur l’épaule de son élève et ordonna d’une voix rendue un peu rauque par la raideur des marches qu’ils avaient grimpé depuis les geôles :

Prenez trente hommes avec vous et foncez à leur repaire. Capturez les vivants si possible, ils seront jugés par la cour baronniale d’Ysari pour leurs actes. Ensuite revenez, votre jeune amie aura sûrement besoin de réconfort à son réveil.
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeJeu 20 Mai 2010 - 16:22

Lorsque Gregor le regardait comme cela, c’était en général qu’il se replongeait dans le passé. Et le plus souvent, c’était soit quant il avait trouvé le jeune garçon amnésique sur la plage prêt d’Arcani, soit parce qu’il se rappelait du jour où on était venu lui annoncer qu’une bagarre avait éclater entre le garçonnet et trois page du château. Et que le seul à en être sortit indemne était ledit garçon. Gregor avait déjà avouer à Nicolaï qu’à partir de ce jour là, il s’était intéressé à tout se qu’il pouvait bien faire. Après cela, le seigneur d’Arcani n’avait pas mit longtemps à vouloir faire de lui son nouvel écuyer.

Nicolaï écouta religieusement son ancien maître. Pas de reproche sur le fait qu’il avait laissé s’échapper Veshork. Tant mieux. Pas la moindre remarque ni la moindre allusion non plus à Aureane. C’était en revanche plus étrange. Le jeune homme c’était attendu à une réflexion légèrement moqueuse sur le rôle du preux chevalier en armure blanche portant secourt à la demoiselle en détresse. Mais non, rien de ce genre ne franchit les lèvres de Gregor.

Cela signifiait clairement pour le chevalier que le seigneur d’Arcani ne remettait pas en cause la décision qu’il avait prise dans les égouts. Si cela avait été le cas, il le lui aurait fait clairement savoir. Pourtant, et contrairement à se qu’il pouvait dire, il regrettait la fuite du chef de la bande. Cela, le jeune homme en était certain. Comment ne pas la regretter d’ailleurs. Cela faisait prêt d’une heure qu’il se passait et se repassait dans la tête tout les évènements qui c’étaient déroulé pendant l’assaut de la gargote. Le choix de la chanson, un message qu’il destinait plus à Aureane qu’aux soldats en fait. « Tien bon, j’arrive. ». Le moment où il était descendu dans les égouts sans attendre les autres soldats. C’était sans doute cela qui l’avait perdu. D’un autre côté, les vétérans de Gregor auraient certainement privilégié la capture de Veshork au sauvetage d’Aureane. Alors que Nicolaï avait hésité quant le bandit tenait son poignard sous la gorge de la jeune femme, les soldats auraient sans doute attaqué.

Et Aureane serait alors morte.

Note heureuse dans le court discourt du seigneur d’Arcani, la maquerelle avait tout avoué. Les bourreaux n’avaient certainement pas eu le temps de faire autre chose que de l’enchaîner au plafond du cachot qu’elle leur déballait toute l’histoire. En tout cas, Nicolaï le supposait. Et c’était certainement le cas si les bourreaux de Gregor avaient déjà entamé leur interrogatoire des bandits.

En silence, Nicolaï se leva et suivit son mentor dans les sous sols sombre du château d’Arcani. Normalement, seul le baron pouvait décider le recourt à la torture. Mais à situation exceptionnelles, mesure exceptionnels. Harnyll l’avait autorisé à recourir à tous les moyens possibles pour mettre un terme au brigandage dans la forêt d’Arcani.

Nicolaï en était d’ailleurs ravis. Il aurait même espéré qu’il y ait une pénurie de bourreau ou que l’un d’entre eux doive être remplacé et le jeune homme se serait proposé avec joie. Il n’était pas sanguinaire ni sadique en règle général. Mais il ne supportait pas qu’on s’en prenne aux personnes qui lui étaient cher. Avec Aureane, les bandits avaient touché la corde sensible et le chevalier était à présent prêt à tout pour les empêcher de nuire à nouveau. Quitte à devoir tous les tuer lui-même.

En entrant dans la salle de torture, il ne put retenir un léger frisson. Cet endroit était une véritable étuve où se mêlait l’odeur de la sueur, du sang et des chaires brûlées. Se qui restait des hommes de Veshork pendait lamentablement au plafond et, au vu des marques qui parsemaient leurs corps, les bourreaux n’y étaient pas aller de main morte. Tisonnier, fouet, pinces, rien ne semblait leur avoir été épargné parmi tout le panel des outils de torture que les quelques hommes vêtus de cuir et un chiffon nouer autour du front avaient à leur disposition.

Un des officier de l’armée de la baronnie s’approcha de Gregor et lui fit un rapport rapide de se qu’ils avaient obtenu comme aveux.

« Le tertre des âmes ». Parfait. Ce mot s’inscrit dans l’esprit de Nicolaï et une lueur nouvelle s’installa dans son regard. Elle n’y fit qu’un passage éclair, mais suffisamment long pour que Gregor l’ai parfaitement remarqué.

L’un des prisonniers se décida à mourir. Nicolaï fixa sans défaillir cette pauvre loque humaine qui pendait lamentablement à ses chaînes. Le chevalier se surprit à ne rien éprouver, voir même à se réjouir que l’homme soit mort ainsi. Trop de peur et de douleur disait le bourreau. Trop de peur et de douleur pour qu’il puisse le supporter ? Parfait. Cet homme était mort dans l’horreur. Parfait.

Lorsque Gregor recommanda à l’officier de confirmer la position du repère, Nicolaï resta silencieux. Il avait parfaitement comprit les intentions de Gregor.

Il y a deux jours, il aurait peut être émis une brève protestation contre l’utilisation d’une telle méthode. Même s’il aurait fini par se ranger à l’avis de son mentor.

Mais c’était il y a deux jours. Et alors, personne n’en se serait encore prit à Aureane. Maintenant, les choses étaient différentes et la clémence n’était pas de mise. Surtout pas pour ceux qui s’en étaient prit à la jeune femme.

Le jeune chevalier quitta le cachot sur les talons de son mentor sans avoir proféré la moindre parole. La porte de la salle refermée, ils entendirent un long cri de douleur et de désespoir. L’interrogatoire venait de reprendre. Malgré lui, Nicolaï ne put s’empêcher de frissonner. Arrivé en haut de l’escalier, Gregor posa l’une de ses énormes mains sur l’épaule de son ancien écuyer avant de lui donner ses ordres d’une voie rendue rauque par l’effort qu’avait nécessité la monté des marches.


Prenez trente hommes avec vous et foncez à leur repaire. Capturez les vivants si possible, ils seront jugés par la cour baronniale d’Ysari pour leurs actes. Ensuite revenez, votre jeune amie aura sûrement besoin de réconfort à son réveil.

Nicolaï se contenta de hocher la tête et de repartir vers la chambre où il avait laissé son équipement.

Nicolaï, l’arrêta Gregor. Je veux des Prisonnier.

Nicolaï pivota sur ses talons pour fixer son ancien mentor. Il n’était pas d’humeur à jouer à cela. Il avait parfaitement comprit que le seigneur d’Arcani souhaitait des prisonniers. Inutile de le répéter plusieurs fois.

« J’ai parfaitement comprit que vous souhaitiez que je ramène autant de bandits vivant que possible. »

Oui, et j’ai vu le regard que tu avais dans la salle de torture. J’ai vu ce regard suffisamment souvent. Tu as décidé que tu allais tuer certains de ces bandits. Je veux qu’ils comparaissent devant le baron. Et si Veshork est assez stupide pour retourner là-bas, je le veux vivant.

Nicolaï ne pouvait pas nier qu’il avait fortement pensé à tuer certains des hommes de Veshork (et à plus forte raison Veshork lui-même).

« Parfait, je les ramènerait vivant. »

Sans plus attendre, le jeune chevalier gagna sa chambre pour s’équiper. Moins d’un quart d’heure plus tard, une trentaine de cavaliers en arme quittaient au galop la cour du château d’Arcani. A leur tête, un chevalier déterminer à en finir avec les bandits de la forêt. Comme tout les soldats que ces vermines avaient ridiculisé pendant des mois d’ailleurs.

La lune jetait sur les armes sa lumière blafarde.

Nicolaï imposait à la troupe un train d’enfer. Il voulait en finir définitivement avec cette histoire. Le jeune homme passa doucement un doigt sur les lettres AE brodée sur le fin morceau d’étoffe qu’il avait rattaché à son bras.

* * *

Nicolaï essuya méticuleusement le sang qui maculait son épée.

Il avait donné aux bandits la possibilité de se rendre sans combattre. La plupart c’était rendu, mais il était resté un petit noyau dur. Les soldats n’avaient pas mit bien longtemps à les désarmer et les faires prisonniers. L’un d’eux avait préféré s’attaquer à Nicolaï qu’il avait clairement identifié comme le meneur plutôt qu’à un des gardes.

Cela avait été une mauvaise idée. L’homme n’était pas mort. Il était replié au sol, essayant désespérément de contenir le sang qui s’écoulait du moignon qui restait de sa main droite. Nicolaï avait été à deux doigts de trancher la tête, mais il s’était souvenu que Gregor souhaitait avoir des prisonniers.

Une nouvelle ombre s’ajoutait au tableau : ils n’avaient pas prit Veshork. Le chef de la bande avait apparemment eu l’intelligence de ne pas repartir à son camp, sachant que les hommes de Gregor y seraient avant lui. dommage. Mais bon, d’un autre côté, il était à présent seul, sans soutient, sans provision, avec très peut d’armes. Ses capacités pour ne pas se faire remarquer allaient diminuer drastiquement.

Un jour ou l’autre, il commettrait une erreur et ce jour là, il se ferait prendre. Nicolaï s’arrangerait pour assister à l’exécution. Pour être en première place même. Mais d’ici là, rien ne lui ferait plus plaisir que de ne plus entendre parler de ce monstre.

Le jeune homme inspecta la caverne, s’enfonçant un peut dans l’entre des bandits, il fini par déboucher sur la vaste salle où les bandits conservaient leur butin. La charrette du marchand de vin, son cheval, quelque autres objets, mais pire que tout pour le jeune homme : la cage.

L’évidence de se à quoi elle avait servit frappa le jeune homme très vite. La couverture qui s’y trouvait toujours ne laissait aucun doute là-dessus. Ces monstres y avaient enfermé Aureane. L’image de la frêle jeune femme terrifiée, tremblante de froid et de peur avec cette seule couverture comme protection.

Ne pouvant plus tenir ici plus longtemps, le jeune homme quitta l’ancienne mine pour retrouver les soldats qui gardaient les prisonniers alignés dehors, à genou, les mains sur la tête.


« Seigneur, que doit-on faire d’eux ? »

« On les ramène tous à Arcani, le sieur de Hautetour décidera de se qu’il fera d’eux. Attachez les aux chevaux. Ils ont intérêt à pouvoir suivre le rythme ou on les traînera. Quant à leur butin, on le ramène aussi. »

* * *

Nicolaï c’était endormi dans la bibliothèque.
Il avait au départ prévu d’aller veiller Aureane. Mais c’était une véritable armée qui lui avait interdit l’accès à la chambre de la jeune femme. Tout se que le château comptait de jupon semblait avoir décidé de défendre la jeune femme contre tout élément qui pourrait venir perturber son repos. En fait, Aureane semblait être défendu contre toute intrusion extérieure au cercle des servantes et chambrière d’Arcani.

La jeune femme allait être chouchoutée par tout le monde ici et elle risquait de détester cela.

Sachant son amie en sécurité et bien entourée, Nicolaï alla s’installer dans son endroit préféré : la bibliothèque. Chose étrange pour quelqu’un qui ne savais pas lire. Il avait pourtant toujours beaucoup aimé cet endroit du château. Installé dans un des confortables fauteuils, la pression de l’arrestation des bandits et de la libération d’Aureane retombée, la fatigue accumulée ne tarda pas à revenir au galop. Il n’avait pas fermé l’œil un seul instant depuis qu’on avait enlevé la jeune femme à Dyriet, trop inquiet sur son sort pour trouver le sommeil.

Ici, tout était différent.

Nicolaï ne tarda pas à rejoindre les bras de Morphé. Mais, si le sommeil d’Aureane était agité, celui du chevalier n’était guère plus calme. Un rêve dans lequel il avait prit l’autre décision dans les égouts. Il avait attrapé Veshork, mais alors qu’il le confiait au soin des soldats, il apercevait Aureane dont le corps sans vie flottait à la surface. Il tentait de la sauver. Mais c’était trop tard. Les si beaux yeux bleus de la jeune femme fixaient le plafond, toute expression ayant définitivement quitté son visage. Et Veshork riait.

Il fut tiré de son cauchemar par une fillette qui le secoua légèrement.

Se réveillant en sursaut, il lui fit un peut peur et elle se recula précipitamment.


« Désolé messire, dit-elle toute timide. Le sieur de Hautetour m’a dit que je pouvais vous secouer pour vous réveiller. La dame, elle s’est réveillée. Elle vous réclame. Je pense qu’elle est un peut perdue. »

Nicolaï accorda un large sourire à la fillette.

« Tu as bien fait. Je vais aller la voir tout de suite. »

Nicolaï s’étira un peut avant de prendre le chemin de la chambre d’Aureane. Il croisa en chemin une servante qui apportait un plateau de petit déjeuné (on était quant même au milieu de l’après midi) à la chambre de la jeune femme. Alors qu’il continuait à avancer en direction de la chambre de la jeune bibliothécaire, Nicolaï se fit la réflexion qu’il y avait de quoi nourrir Aureane pendant tout un mois sur ce plateau. Décidément, elle était devenue la petite chouchoute de tout le monde au château.

Le plateau en main, le jeune homme, entra dans la chambre après c’être annoncé. Aureane était là, les yeux un peut perdu dans le vide. Elle leva vers lui son regard bleu turquoise.


« Tu as l’air en forme, dit le chevalier. »

Certaine personne auraient dit qu’Aureane ressemblait plutôt à un cadavre fraîchement déterré. Elle avait les traits tiré, portait encore les stigmates de sa séquestration. Ses poignets étaient toujours tuméfier à force d’avoir lutter contre les cordes. Les cernes sous ses yeux indiquait bien le manque de sommeil et le fait que le peu de repos qu’elle avait prit ne c’était pas révélé très réparateur. Mais cela n’aurait pas été très réconfortant pour la jeune femme de s’entendre dire cela. Il fallait aussi dire que par rapport à la vision qu’il avait eu d’elle, entravée et au comble du désespoir ou s’écroulant de fatigue, le nerfs à vif, Aureane semblait se porter plutôt bien.

Et puis, lui-même n’avait pas grand-chose à dire. Il devait faire peur à voir. Le manque de sommeil combiné aux multiples heures qu’il avait passé à se ronger les sangs pour Aureane et à tout ce temps de chevauché et de combat ne devait pas non plus lui permettre de se présenter sous son nouveau jour.

Doucement, le jeune homme alla s’asseoir à côté de la jeune femme sur le lit.

Une nouvelle marque de l’emprisonnement d’Aureane lui apparut alors.


« Ils vous ont frappé ?!? »

En effet, sur l’une des joues de la jeune femme s’étendait un hématome qui commençait à prendre une couleur violette. Délicatement, Nicolaï prit le visage de la jeune femme dans ses mains et lui tourna légèrement la tête pour observer la blessure. Cela ne faisait aucun doute. C’était la marque d’un coup qu’elle avait reçut.

Mais jusqu’où ces monstres avaient put aller avec elle ?


« Aureane… »

Nicolaï avait la gorge nouée. Les mots refusaient de quitter sa bouche. Il ne parvenait pas à parler. Il se surprit d’avoir prit le visage de la jeune femme dans ses mains. Il se surprit même qu’elle l’ai laissé faire. pourtant, il ne lui vint pas un seul instant à l’idée de la lacher. La sentir sous ses doigts bel et bien vivante, c’était comme s’assurer qu’il n’était pas dans un rêve. Pour s’assurer que le rêve qu’il avait fait et où il la voyait morte n’était pas la réalité.

« … je suis… désolé. »

Nicolaï ferma les yeux et baissa la tête.

« Je t’avais promis qu’il ne t’arriverais rien. Je t’avais promis de te défendre si ces bandits tentaient de s’en prendre à toi. Mais quant tu as eu besoin de moi… je n’était…pas là. Je n’ai pas sut les empêcher de t’enlever, je…j’ai vu Aureane. J’ai vu… la cage. »

Chaque mot qu’il prononçait était comme du feu qui lui brûlait la langue et la gorge. Non pas parce que cela lui coûtait de le dire. Il savait admettre ses erreurs, mais parce qu’à chacun de ces mots, il lui venait des images de se qu’elle avait put subir. Et tout ça, c’était de sa faute. Il ne l’avait pas protégé lorsqu’elle avait eu besoin de lui.

« Je t’en prie, pardonne moi Aureane. »

* * *

Alors que Nicolaï s’entretenait avec Aureane, Gregor, dans son bureau prenait une plume et rédigeait une missive qu’il destinait au baron d’Ysari. Il fallait avertir son suzerain des évènements récents et, plus encore, lui faire part de ses craintes.

Votre Grandeur,

Comme vous ne l’ignorez pas, les manigance de Veshork, ancien garde chasse de Farles de Dyriet empoisonnaient encore notre terre d’Arcani. C’est maintenant un problème rêglé.

Nicolaï m’a expliqué que vous lui aviez rendu une très courte visite. Voilà certainement la cause de tout les évènements récents. Votre retour à Dyriet semble avoir fait paniquer les bandits qui sont passé à l’offensive. Dans la nuit qui suivit votre départ, profitant d’une faille insoupçonnable dans la sécurité du manoir, il se sont introduit dans le bâtiment et en son ressortit en emportant avec eux la jeune Aureane.

Nicolaï semble avoir passé le reste de la nuit à la chercher. Mais c’est pas hasard que j’appris le sort de cette pauvre enfant. Les hommes de Veshork avaient apparemment l’intention de la vendre comme esclave à une maquerelle qui, nous le savons, a déjà vendu plusieurs jeunes femmes ysarienne à des bordel d’Ydril.

J’ai donc mit en place une opération pour capturer les hommes de Veshork et la maquerelle lors du rendez vous. J’espérais bien aussi sauver la jeune Aureane. Nicolaï s’est joint à cette opération. Je n’y voyait nulle objection et le lui ait accordé. Il a fait preuve d’une détermination et d’un ingéniosité assez intéressante d’ailleurs.

Malheureusement, mon ancien écuyer c’est retrouvé à devoir faire un choix cornélien. Sauver Aureane et laisser filler Veshork ou capturer ce bandit mais causer la mort de la jeune femme. Je me félicite qu’il ait choisit cette première option. Une fois les bandits capturé laissé aux bourreau, nous avons obtenu toute les informations que nous pouvions désirer.

J’ai confier à Nicolaï la tâche d’aller les déloger. Peut-être aurais-je dus m’abstenir.

Il s’est acquitté de sa tâche avec une parfaite efficacité. Si bien qu’à cette heure, seul Veshork nous échappe toujours.

Je suis en revanche un peu inquiet pour mon ancien écuyer. En effet, il semble avoir été très affecté par ces évènements. J’ai peur d’avoir commis l’erreur de penser que son esprit était moulé dans de l’acier. Je ne remet pas en cause mon choix de l’avoir recommandé pour devenir le seigneur de Dyriet. Je remet en cause mon jugement qui m’a poussé à le faire participer à toute les opérations. Cette jeune femme semble très importante pour lui et, d’après les aveux des bandits, ils l’ont traité de la pire des manière, comme si elle n’était qu’un animal, un simple morceau de viande.

De là viens mon inquiétude. Je connais assez bien l’étrange caractère de Nicolaï et je redoute que s’il se trouve à nouveau face à Veshork, il face justice lui-même. Aussi, vous demanderais-je cette faveur : à moins que Veshork ne menace directement Dyriet, maintenez Nicolaï dans l’ignorance au sujet de l’avancé des recherche. Et s’il lui arrive de vous posez la question, je vous en prie, restez aussi évasif que possible. Il vaudrait mieux ne pas prendre le risque
.

D’avance seigneur, je vous remercie.

Gregor de Hautetour, Seigneur d’Arcani


Dernière édition par Nicolaï KalonErc'h le Jeu 20 Mai 2010 - 19:05, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeJeu 20 Mai 2010 - 17:48

Aureane avait fait le tour de la chambre, allant parfois regarder à la fenêtre, mais elle était finalement retournée s'asseoir sur le lit. Elle fixait à présent le mur devant elle, n'accordant que peu d'attention aux personnes qui entraient parfois. Maintenant, elle préférait être seule. Il fallait qu'elle puisse se retrouver un peu, ou alors il aurait fallu qu'elle puisse parler pour se libérer de ce qu'elle avait vécu mais, avec des étrangers, elle en était incapable, aussi gentilles soient ces femmes. La fillette était partie depuis un moment déjà, mais Aureane n'était pas pressée, se doutant que Nicolaï avait mieux à faire que venir écouter ses remerciements. Elle aurait apprécié de le voir pourtant, et ce n'était pas qu'une question de politesse.

Elle avait refusé de manger quoi que ce soit, mais finalement, au milieu de l'après-midi - du moins le supposa-t-elle à la course du soleil au dehors - une des servante insista pour "au moins lui apporter un plateau". Peut-être l'odeur de la nourriture lui ferait-elle envie... Aureane en doutait, mais n'osa pas refuser. Le plateau arriva finalement, mais celui qui le portait lui fit lever les yeux. Nicolaï... Enfin, se dit-elle, contente de le voir. Elle lui fit un petit sourire un peu indécis alors qu'il prétendait qu'elle avait l'air en pleine forme. C'était un mensonge, assurément, mais ça n'avait pas d'importance. Et puis, étant donné que la jeune fille était déterminée à se comporter normalement, c'était mieux ainsi. Elle hocha même la tête pour acquiescer, non sans lui avoir jeté un coup d'œil inquiet : si elle n'était pas au mieux de sa forme, il semblait aussi fatigué.

Nicolaï vint s'asseoir à côté d'elle et elle s'appliqua à faire bonne figure... jusqu'à ce qu'il lui demande si on l'avait frappé. A ce souvenir, Aureane perdit toute contenance et se troubla, elle ferma les yeux et se mordit la lèvre. Oui, elle ne s'était pas montrée assez docile et Veshork ne s'était pas privé de le lui faire savoir. Elle laissa le jeune homme poser ses mains sur son visage, mais ne put soutenir son regard plus longtemps. Elle se leva, fit quelques pas, les bras croisés comme pour se protéger. Elle voulait ravaler les larmes qui lui venaient et lui tournait le dos pour qu'il ne voit pas dans quel état elle était.


Nicolaï continuait à parler, ce qui ne l'aidait pas à se ressaisir. La mention de la cage la fit d'ailleurs craquer et elle se mit à sangloter sans pouvoir s'en empêcher. Elle ne voulait plus penser à tout ça, ne plus en parler, faire comme si ça n'était jamais arrivé... Sauf que le jeune homme avait peut-être raison : il valait mieux crever l'abcès une bonne fois pour toutes. L'ennui, c'était qu'Aureane n'était pas du genre à raconter quoi que ce soit que ce soit pour s'en libérer ou non.


" Je t’en prie, pardonne moi Aureane. "

La jeune fille se retourna tout à coup vers Nicolaï, les yeux brillants de larmes, mais visiblement incrédule.


" Vous... "

Elle essuya rapidement ses larmes, fit un effort pour se calmer et, après avoir hésité un instant, elle retourna finalement s'asseoir à côté de lui en secouant la tête :

" Vous pardonner ? "

Elle cherchait ses mots, confuse, mais finit par mettre le doigt dessus, reprenant, la voix tremblante :

" Il n'y a rien à pardonner, vous m'avez sauvé la vie ! Je vous en prie, ne rejetez pas la faute de ces hommes sur vous, ce serait injuste ! "


Aureane était peut-être trop timide, mais lorsqu'une cause lui tenait à cœur, en particulier quand il ne s'agissait plus d'elle, elle pouvait se montrer convaincante et un peu moins réservée. Elle alla même jusqu'à regarder le chevalier dans les yeux pour poursuivre :


" Vous avez fait ce qu'il fallait pour protéger Dyriet, ce sont ces hommes qui m'ont enlevée, pas vous ! Et vous m'avez retrouvée, à présent ! Vous êtes même allé jusqu'à privilégier ma vie à la capture de Veshork. Je n'oublierai pas cela... Ne demandez pas pardon, c'est faire injure à ce que vous avez fait. "


Se rendant compte qu'elle s'était un petit peu - un tout petit peu, ça restait Aureane - emportée, elle se tut et baissa les yeux en s'empourprant légèrement. Elle finit pourtant par le regarder de nouveau, lui faisant un petit sourire incertain :

" Je vais bien, il ne faut pas vous inquiéter pour moi. "

La jeune fille n'était décidément pas douée pour mentir et elle eut rapidement une petite mimique d'excuse comme pour dire qu'elle était désolée de ne pas aller mieux.


" Disons que je vais m'en remettre, je suis juste un peu fatiguée. "

Cela, c'était un demi mensonge, mais ça ferait l'affaire. Et puis, elle ne voulait pas se remettre à pleurer, c'était inutile et Nicolaï culpabilisait assez comme cela. Elle ne comprenait d'ailleurs pas pourquoi : elle était parfaitement sincère lorsqu'elle lui disait qu'il n'avait rien à se reprocher.
Pour elle, il s'était comporté parfaitement, tout à fait digne d'un chevalier de légende.

Elle garda le silence un instant, avant de trouver une façon de changer de sujet et profitant du fait que le jeune homme était là car elel savait qu'elle n'oserait jamais rien demander à personne d'autre :

" Je... "

Que voulait-elle dire, au juste ? Comment lui exprimer que rester seule dans cette chambre était pire que tout car elle passait et repassait ses souvenirs de ces deux derniers jours en boucle dans sa tête ?

" Si... si notre séjour ici doit se poursuivre... j'aimerais... trouver à m'occuper... S'il vous plait... "


Sa voix se brisa et elle détourna le regard une fois de plus. Être entourée de toute une armée de personnes prêtes à s'occuper d'elle ne faisait que lui rappeler ce qu'elle avait subi. Elle aurait voulu se changer les idées tout en restant tranquille. A la vérité, mis à part Nicolaï, elle n'avait envie de voir personne. L'ennui, c'était que si elle restait seule et désœuvrée, elle ne cesserait de se souvenir. En même temps, elle était gênée de lui faire part de cela car elle craignait qu'il se sente obligé de lui trouver une occupation quelconque alors que...


" Je... Oubliez ça, vous avez mieux à faire j'imagine que vous demandez ce que je pourrais faire. "
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeJeu 20 Mai 2010 - 20:05

La veille au retour du raid sur le tertre des âmes


Gregor regarda entrer la colonne de cavaliers dans la cour du château. Il eu un petit sourire satisfait en voyant les hommes hagards et épuisé courir après les chevaux. Parfait, Nicolaï avait déjà en partit brisé leur défenses. Cela faciliterait le travail des bourreaux. En revanche, la mine grave de son écuyer l’inquiétait. Il comprit pourquoi en voyant arriver dans la cour la cage de cirque.

« Ils l’ont enfermé là dedans ? »

Nicolaï hocha la tête.

« Qu’est ce qu’ils lui ont épargné. »

« Je ne sais pas. »

Gregor regarda son ancien écuyer un peut intrigué. Le jeune homme semblait étrangement détaché de la situation. Chez une autre personne, cela pouvait se révéler être rassurant. On se plaçait à l’écart pour pouvoir échapper à la douleur. Mais comme pour beaucoup de choses, Nicolaï ne fonctionnait pas comme tout le monde. Bien au contraire. Lui qui paraissait toujours aussi enjoué et curieux semblait être en plein renoncement. Et ça, se n’était pas de bonne augure.

Le jeune homme ne s’attarda pas longtemps, guidant sa monture vers les écuries, il fit mine de s’intéresser à sa selle. Mais cela ne trompa pas un instant Gregor. Se n’était pas à son équipement que le jeune homme pensais.


« Nicolaï, qu’est-ce qui ne vas pas ? »

Le jeune homme arrêta de faire semblant de s’intéresser à sa selle qu’il projeta d’ailleurs à travers l’écurie avant de passer ses nerfs sur autre chose.

« Nicolaï ! »

Gregor avait haussé le ton. Cela suffisait à calmer son écuyer quant il était enfant et cela fonctionnait toujours même après toute ces années. Malheureusement, cela ne suffisait pas à faire s’ouvrir le jeune homme.

« Qu’est-ce qui ne vas pas ? »

Nicolaï s’appuya contre la porte d’un box et se laissa glisser.

« Un morceau de viande. Elle n’était rien de plus qu’un morceau de viande pour eux. »

Le seigneur d’Arcani commençait à voir toute l’étendue du problème. Il avait crut Nicolaï plus fort qu’il ne l’était. Cette affaire le touchait directement. Elle touchait quelqu’un à qui il tenait. Allié à la fatigue, cela avait des effets dévastateurs sur le jeune homme. D’autant plus s’il continuait à se considérer comme responsable de se qui était arrivé. Bon sang, il aurait dut le voir venir. Cela c’était présenté à lui comme une armée de nain et il n’avait pas été fichu de voir arriver ce problème. L’armée de nains était passé juste sous son nez sans qu’il la voie.

« Nicolaï tu… »

Le jeune homme bondit sur ses pieds.

« Je ne veux pas parler de ça. Pas avec toi en tout cas. Désolé Gregor. »

Le vieil homme hocha la tête. C’était compréhensible. Nicolaï quitta en trombe l’écurie.

« Une chose cependant. Il faut qu’elle te raconte tout se qu’elle a eu à subir. Tout, tu m’entend ? Se n’est ni par plaisir pervers que je te dit ça, ni par sadisme, ni pour minimiser son traumatisme. Mais il le faut pour le procès à venir. Et mieux vaut que se soit à toi qu’elle parle. Sinon se sera à maître Anselm. Tu te rappel de lui je suppose. »

Nicolaï ne dit rien. C’était inutile. Personne n’avait besoin de lui rappeler l’homme qui était sensé lui apprendre à lire et à écrire. Si Anselm devait s’occuper de recevoir le aveux d’Aureane, il la traumatiserais plus encore avec ses réflexions cinglantes et son air tout à fait hostile et distant. Nicolaï allait donc devoir se résoudre à cette nouvelle mission. Se qu’il ferait sans le moindre enthousiasme.

* * *

Plus tard, dans la chambre d’Aureane.


" Si... si notre séjour ici doit se poursuivre... j'aimerais... trouver à m'occuper... S'il vous plait... Je... Oubliez ça, vous avez mieux à faire j'imagine que vous demandez ce que je pourrais faire. "

S’occuper pour oublier.

Les paroles d’Aureane avaient été réconfortante. Mais elle n’effaçait qu’un peut le sentiment de culpabilité qui rongeait le chevalier. Un sentiment qui le rongeait de plus en plus quant il pensais à se qu’il allait devoir se résoudre à faire. Et dire que pour le bien d’Aureane, il allait devoir se résoudre à faire se qu’elle ne voulait absolument pas.

Mais c’était soit lui, soit Anselm.


« Aureane, il vas falloir que je te demande quelque chose. »

Les mots encore une fois étaient difficile à prononcer.

« Il vas falloir que tu me raconte tout. Tout se qui c’est passé. Du début de ton enlèvement jusqu’à se qui c’est passé quant je t’ai sortit de l’eau. Désolé. Mais je n’ai pas le choix. Où c’est à moi que tu le raconte, ou c’est à un homme froid et sans joie. Je ne veux pas t’imposer cela. »

Nicolaï s’arrêta un moment.

« Si tu veux du réconfort, n’hésite pas. Je suis là pour toi. Mes bras te sont ouvert. »

Il espérait qu’elle n’en aurait pas besoin. Mais le simple fait de mentionner la cage où elle avait été enfermée avait déclenché chez elle des sanglots. Il se demandait si elle supporterait de faire le récit de se qui s’était passé. Il espérait qu’elle le soit, mais si se n’était pas le cas, alors il serait prêt pour la soutenir.
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeVen 21 Mai 2010 - 17:21

" Aureane, il vas falloir que je te demande quelque chose. "

Présenté comme cela, c'était plutôt inquiétant. Aureane hocha néanmoins la tête, l'invitant à continuer. La suite la fit blêmir malgré elle. Elle aurait pourtant dû s'en douter... Ceux qui avaient été pris seraient jugés et pour cela il fallait qu'elle témoigne. Elle se demanda si une déposition écrite n'était pas possible, elle aurait pu être seule, au moins, pour ne pas craindre de se mettre à pleurer. Ou alors, oui, elle aurait préféré parler à n'importe qui d'autre que Nicolaï. Devant un étranger, elle se serait tenue plus facilement, elle aurait parlé de façon neutre... lui était trop proche. Et puis, surtout, elle voyait qu'il s'en voulait et c'était pire que tout. Lui raconter le détail de ce qu'elle avait subi, c'était remuer le couteau dans la plaie et cela lui faisait terriblement mal au cœur. Sauf que si elle parlait à quelqu'un d'autre, il pourrait s'imaginer n'importe quoi et ce serait peut-être pire. Alors... elle allait lui raconter... et elle allait tenir le choc, pour lui.

Elle hocha à nouveau la tête lorsqu'il lui dit qu'il était là si elle avait besoin, mais se leva pour aller faire face à la fenêtre. Pour se calmer en gardant les yeux dans le vague... Il ne voyait que son dos et ce serait plus simple si elle, elle ne voyait pas son expression. Il fallait qu'elle s'apaise le plus possible, pas question de pleurer, il s'était bien assez inquiété comme ça. Deux longues minutes s'écoulèrent, avant que la jeune fille ne se décide à commencer. Elle parlait doucement, comme si cela pouvait amoindrir ce qu'elle avait subi.

" Ils sont entrés dans ma chambre et... quand je me suis réveillée, ils m'ont dit de ne pas crier... de toute façon, ils m'ont vite bâillonnée et ligotée... ils m'ont emmenée... "

Aureane faisait attention à dire le strict nécessaire. Elle ne voulait pas diminuer la faute des brigands, car si elle le faisait, elle craignait qu'ils ne soient relâchés et s'en prennent à d'autres, mais elle ne voulait pas non plus que Nicolaï s'imagine n'importe quoi, il avait l'air déjà bien assez bouleversé. Les bras croisés, elle regardait toujours à l'extérieur sans vraiment rien voir, les yeux dans le vague. Comme cela, c'était plus simple de maîtriser sa voix pour qu'elle ne tremble pas... elle ne s'en sortait d'ailleurs pas trop mal.


" Quand on est arrivés à leur repaire...
elle fit une pause, se reprit finalement, Veshork, enfin je pense que c'était lui, a interdit à ses hommes de me toucher, il a dit... il a dit... il a dit que... que je vaudrai plus cher... "

Un nouveau silence, plus long cette fois, pendant lequel elle fit un nouvel effort pour se calmer. C'était terminé, alors inutile de se remettre dans tous ses états. Et puis, tout c'était bien terminé. Elle se répétait cela en boucle pour tenter de relativiser : elle ne voulait pas se remettre à pleurer, pas devant Nicolaï, il ne méritait pas ça. Elle finit par respirer et reprit posément :

" Il m'a emmené dans la cage et m'a donné une couverture. Ensuite, il a ordonné à un de ses hommes de me surveiller et... pour... qu'il ne m'arrive rien. J'ai attendu jusqu'à la nuit suivante. Là, ils m'ont fait sortir et comme je refusais, ils m'ont à nouveau attachée et bâillonnée et ils m'ont cachée dans un tapis. "

Elle respira à nouveau, continua en s'efforçant de se contenir et, surtout, de faire de vraies phrases pas trop hachées par l'émotion.

" Quand ils m'ont sortie du tapis, nous étions arrivés dans... cet endroit... Il y avait une femme et d'autres hommes et... et... ils ont... commencé à dire... Elle a dit que je... que je plairai aux clients... et ensuite... "

Elle dut faire un énorme effort pour ne pas se mettre à pleurer, mais, même en restant tournée vers la fenêtre, Nicolaï put voir que, avec les bras croisés, ses mains s'étaient crispées. Elle garda le silence un petit moment, le temps de se reprendre. C'était fini, il fallait qu'elle se calme. Ça ne servait plus à rien de se lamenter de la sorte. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire. Allons... elle avait presque terminé. Plus tôt elle poursuivrait, plus tôt elle en finirait. Il fallait qu'elle se détache un peu de tout ça, autrement, elle craquerait, et elle ne le voulait pas. Nicolaï devait déjà suffisamment s'en vouloir comme ça... Elle attendit encore une bonne minute pour être sûre de ne pas s'effondrer et reprit tout doucement, presque mécaniquement tant elle essayait de se détacher du récit :

" Elle a demandé à ce qu'on m'enlève mes vêtements pour... pour... vérifier... que j'étais vierge... ce n'était plus qu'un murmure. Je me suis débattue, j'ai frappé l'un des hommes, je crois et Veshork m'a frappée en retour pour que j'arrête de bouger... après... "

C'était presque terminé. Elle alalit arriver à en venir à bout. Elle sembla retrouver un peu de vie et continua à voix un peu plus audible :

" J'ai entendu la chanson, quelqu'un a crié qu'il y avait des gardes et Veshork m'a entrainée vers les égouts. On a avancé un peu et vous êtes arrivé. La suite, vous la connaissez. "


Elle avait terminé en reprenant l'air le plus neutre possible. c'était mieux comme ça, plus facile. Elle finit par se retourner vers Nicolaï, impassible, ou du moins, autant qu'elle le pouvait, même si elle évitait de croiser son regard.

" Je peux écrire tout ça, si ça peut m'éviter d'avoir à le répéter. Mais... il y aura un procès, n'est-ce pas ? Je devrai quand même recommencer ? "

Elle se troubla, eut un instant les larmes aux yeux, mais se reprit de suite, déterminée à ne plus pleurer. C'était du passé. Elle finit même par décroiser les bras et esquissa un sourire un peu forcé.


" Je serai plus rapide si je dois recommencer... ça va, maintenant. "


Elle avait davantage l'air d'essayer de se convaincre elle-même qu'autre chose, mais ça semblait marcher. Il fallait aller de l'avant.
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeVen 21 Mai 2010 - 20:49

Nicolaï regarda Aureane qui lui tournait le dos. Elle ne voulait pas le voir. Sûrement se disait-elle qu’elle allait craquer si jamais elle le voyait. Mais lui, il restait seul avec elle qui lui tournait le dos.

Aureane commença à raconter se qui lui était arrivé. Plus elle parlait et plus elle semblait devoir se contenir. Il la voyait se contracter au fur et à mesure qu’elle racontait cette histoire. Lui aussi n’était pas parfaitement calme. Bien au contraire. Il tremblait de rage. Tout se qu’Aureane avait dit, c’était se qu’il avait imaginé de pire. D’après se qu’elle disait, ils étaient arrivé juste à temps. A peut de choses prêt, ils lui auraient certainement arraché ses vêtements. Quant à savoir si elle était vierge… cela ne le concernait qu’elle ou elle seule. Que les acheteurs veuillent vérifier cet état paraissait logique. Monstrueusement logique à vrai dire.

Il avait de plus en plus envi de tenir Veshork à la pointe de son épée. Il le tuerait avec plaisir.

Lorsqu’Aureane se retourna pour lui faire face, elle faisait tout se qu’elle pouvait pour se maîtriser et pour refouler ses larmes. Lui-même faisait aussi se qu’il pouvait pour se maîtriser. Pourtant, quelque chose navrait le jeune homme. Elle évitait autant que possible son regard. Peut-être qu’elle craquerais si elle le regardait dans les yeux.


" Je peux écrire tout ça, si ça peut m'éviter d'avoir à le répéter. Mais... il y aura un procès, n'est-ce pas ? Je devrai quand même recommencer ? "

Encore une fois, elle se troubla. Cette fois, Nicolaï crut vraiment qu’elle allait se mettre à pleurer. Mais une fois de plus, elle parvint à se contenir. Décidément, cette jeune femme était extraordinaire. Même dans les pires situations, elle parvenait quant même à conserver son calme. Enfin, un calme relatif. Elle restait en tout cas maîtresse d’elle-même.

Oui, il y aurait un procès et elle devrait recommencer. Elle devrait à nouveau raconter cette histoire aux juges. Une nouvelle plongée dans l’horreur de son enlèvement.


" Je serai plus rapide si je dois recommencer... ça va, maintenant. "

Non, elle ne serait pas plus rapide pour raconter cette histoire une seconde fois. Elle tentait juste de se convaincre du contraire. Se dont elle avait besoin à présent, c’était l’aider à passer à autre chose. L’aider à penser à quelque chose d’autre.

« Il y aura en effet un procès. Mais les juges attendront le temps qu’il faudra pour que vous leur racontiez se qui vous ait arrivé. »

Nicolaï s’approcha d’Aureane. Il lui posa doucement un main sur l’épaule. De l’autre, il lui remonta doucement le menton, plongeant son regard dans les yeux azurs de la jeune femme. Il ne fallait pas qu'elle s'enferme dans cette crainte. Il fallait qu'elle revienne. Il fallait qu'Aureane lui revienne comme elle l'était avant. Sinon, les bandits auraient gagné.

« C’est fini. Je suis là et je ne te laisserais plus. »

Nicolaï prit la main d’Aureane.

« J’ai une idée. Tu vas rester là et manger quelque chose d’accord. Je m’occupe de tout. Cela ne prendra pas longtemps. Après, je viendrais te chercher. Je pense que ça vas te plaire. Mais je ne ferait rien si tu n’avale pas quelque chose avant. D’accord ? »

Aureane hocha la tête pour signifier qu’elle avait comprit. Avec un sourire malicieux, Nicolaï quitta la chambre.

Si ceci ne parvenait pas à changer les idées d’Aureane, rien ne le pourrait alors.

* * *

Nicolaï ne tarda pas à retourner dans la chambre d’Aureane. D’une part parce que cela ne lui avait pas prit bien longtemps de tout préparer, d’autre part, parce qu’il ne voulait pas laisser la jeune femme seule très longtemps.


« Voilà, tout es prêt. Suis moi. »

En fait, Nicolaï entraîna la jeune femme à sa suite dans les couloirs du château d’Arcani. Il était enthousiaste à l’idée de la surprise qu’il lui avait préparé. Dans la cour du château, deux chevaux les attendaient. Nicolaï avait prit garde à choisir une placide jument pour la jeune femme, sachant qu’elle ne savait pas vraiment monter à cheval. Il monta lui-même sur sa propre monture avant de guider la jeune femme en direction de sa ‘‘surprise’’.

* * *

Ils avaient progresser pendant presque deux heures et se trouvaient maintenant dans une forêt assez touffue lorsque Nicolaï les fit s’arrêter. Il se tourna vers Aureane.


« Bon, désolé, mais si la surprise doit être complète, il vas falloir que je te bande les yeux. »

Aureane parut hésité, puis, accepta. Elle se pencha vers lui pour qu’il puisse nouer le bandeau noir qu’il avait prit à Arcani autour de sa tête pour lui bander les yeux. A partir de là, il prit les rênes de sa monture et continua à avancer à travers la forêt avec Aureane qui se laissait docilement guider.

Finalement, il commença à entendre le bruits de vagues. Oui, bon, je vous gâche la surprise, Nicolaï a décidé d’emmener Aureane voir la mer. Si, comme il le pensais, elle n’avait jamais vu la mer, cela allait lui changer les idées.

Ils finirent par arriver à l’endroit que Nicolaï voulait trouver.

C’était une charmante petite crique. De toutes petites vagues clapotaient paresseusement dans une eau turquoise et venaient mourir sur une plage de sable fin. Un véritable petit paradis.

Nicolaï arrêta leur monture et descendit de la sienne, puis, il s’approcha d’Aureane.


Il aida la jeune femme à descendre de sa monture. Il la soutint lorsqu’elle tituba légèrement en posant les pieds sur le sable.

Nicolaï la prit par la main et guida délicatement la jeune femme aveuglée une fois qu’elle fut face à la plage, il passa derrière elle.


« J’espère que ça vas te plaire, dit-il en dénouant doucement le nœud qui maintenait le bandeau. »

Puis, il fit glisser celui-ci, dévoilant à Aureane la mer Olienne. La plus vaste étendue d’eau qu’elle avait jamais dut voir de toute sa vie.
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeSam 22 Mai 2010 - 7:29

" Il y aura en effet un procès. Mais les juges attendront le temps qu’il faudra pour que vous leur racontiez ce qui vous est arrivé. "

Oh non, pas question de recommencer à hésiter aussi longtemps. Elle se débrouillerait pour en finir au plus vite, le plus dur était fait à présent. Aureane tressaillit quand le jeune homme posa une main sur son épaule. Ses yeux croisèrent un instant son regard acier, mais elle détourna le sien rapidement.

" C’est fini. Je suis là et je ne te laisserai plus. "

Elle n'en doutait pas, mais l'entendre dire était réconfortant et elle se détendit un petit peu... pas pour longtemps car il lui prit la main. Elle ouvrait la bouche pour parler quand il lui exposa tout à coup une idée et demanda à ce qu'elle mange quelque chose avant qu'il ne revienne la chercher. Elle n'eut que le temps de hocher la tête avant qu'il ne disparaisse, la laissant légèrement surprise.

Elle ne savait pas trop ce qu'il avait derrière la tête, mais le découvrir valait bien qu'elle se force un peu à manger. D'ailleurs, elle s'aperçut qu'elle commençait à avoir faim. Peut-être que finalement, parler lui avait fait du bien, pleurer un peu aussi. Le plateau comportait un petit déjeuner amélioré et surdimensionné, surtout pour elle. Elle réussit pourtant à boire un peu de lait et à avaler une tartine et même un fruit. Elle n'avait pas mangé depuis longtemps, ce qui expliquait sans doute qu'elle fasse de telles folies ! Après cela, Aureane se sentit mieux. Elle n'était sans doute pas encore en pleine forme, mais assez vaillante pour se retrouver face à un Nicolaï qui semblait tout content de sa surprise. Elle le suivit donc à travers les couloirs du château, mais sans doute pas aussi vite qu'il l'aurait voulu : d'abord parce qu'elle était encore fatiguée, mais surtout parce que c'était la première fois qu'elle mettait les pieds dans une aussi belle demeure et que tout était sujet à son admiration.

Ils finirent par sortir dans la cour, que la jeune fille reconnut : c'était là qu'ils étaient arrivés la veille. Sauf que cette fois, elle pouvait en apprécier la beauté. Deux chevaux attendaient et elle se troubla un peu : l'équitation n'était pas son fort. Si c'était cela la surprise... Elle jeta un coup d'œil un peu perdu à Nicolaï mais comprit finalement qu'il ne s'agissait que d'un moyen de transport jusqu'à la surprise en elle-même. Bien... Il fallait y aller, pas trop le choix. De toute manière, elle avait vraiment besoin de se changer les idées.

***

Deux heures d'une chevauchée qui n'en finissait plus. Pour Nicolaï, c'était peut-être une habitude, mais pour la jeune fille, c'était toujours aussi difficile, à plus forte raison avec le manque de sommeil qu'elle avait derrière elle. Pourtant, elle ne dit rien, s'habituant peu à peu au rythme du cheval qui avançait docilement. Aureane n'appréciait pas vraiment la promenade en elle-même, d'une part parce que se maintenir sur sa monture était toujours un effort, d'autre part parce que se retrouver cernée par la forêt ravivait de douloureux souvenirs. En revanche, faire en sorte de se tenir correctement sur la jument lui occupait suffisamment l'esprit pour qu'elle oublie un peu ses soucis. Et puis, elle était en compagnie de Nicolaï et rien que cela valait la peine d'être là.


Elle finit tout de même par se demander ce qu'il fabriquait quand il demanda à lui bander les yeux. Drôle d'idée... surtout en étant à cheval, elle faillit refuser tout net... hésita... finit par se pencher vers lui, mais l'air légèrement inquiet. Se retrouver dans le noir ne l'effrayait pas vraiment. Elle était habituée à se déplacer à tâtons chez elle lorsqu'il fallait se passer de chandelle et elle avait joué plus d'une fois à colin-maillard avec ses frères et sœurs. Le seul problème, c'était qu'elle était sur le dos d'un cheval qui avait la fâcheuse manie de bouger et qu'elle était déjà mal à l'aise parce que se trouvant en forêt. Mais... au moins elle était avec le chevalier.

Ne voyant rien, Aureane dressa l'oreille, cherchant à savoir ce qui l'attendait. Elle faisait confiance au jeune homme, mais était malgré tout tendue et cramponnée à la selle. Puis il y eut un bruit étrange, qui se répéta, à intervalles réguliers et le clapotis de l'eau. Le claquement des sabots changea, lui aussi, et elle se douta qu'ils venaient d'arriver sur du sable. L'air aussi était différent, plus... elle n'arrivait pas à le définir, mais le trouvait chargé, avec des effluves étranges qu'elle ne reconnaissait pas. Résistant à l'envie d'ôter son bandeau, elle murmura avec une pointe de curiosité teintée d'inquiétude :


" Où sommes-nous ? "

Nicolaï ne répondit pas et l'aida à descendre, ce qu'elle fit franchement maladroitement, pas vraiment aidée par le bandeau. Elle manqua même s'étaler et dut se raccrocher à lui pour ne pas tomber. Elle était contente de se retrouver enfin à terre plutôt que perchée sur son cheval. Elle n'avait décidément rien contre l'équitation, mais elle n'y était pas encore habituée, loin de là. Le jeune homme la prit par la main pour la guider un peu plus loin, ce qui lui fit monter un peu le rose aux joues, puis il lui dénoua le bandeau.

...

C'était tout simplement magnifique et Aureane en eut le souffle coupé. La mer dansait devant ses yeux, reflétant le ciel et les rayons du soleil. Elle s'étendait à l'infini. De l'eau jusqu'à l'horizon, c'était... magique. La jeune fille ne put en détacher les yeux de longues minutes et un sourire s'épanouit sur ses lèvres. Un vrai sourire, cette fois, le premier qu'elle faisait spontanément depuis son enlèvement. Elle finit par s'arracher à la contemplation des flots et se retourna vers Nicolaï, émue :


" C'est magnifique... "

Elle en perdait ses mots, parcourant du regard les environs, à présent : la crique, le sable fin, tout la ravissait.

" C'est... l'océan, n'est ce pas ? "


Enfin, elle supposait, cela correspondait à ce qu'on lui avait raconté. En revanche, jamais elle n'aurait pu s'imaginer l'air marin et l'eau à perte de vue qui miroitait doucement. Le vent soufflait doucement dans ses cheveux qu'elle avait laissés libres, elle se sentait revivre.

" Merci... "

C'était sincère, elle était touchée par ce qu'il avait fait et ne se lassait pas d'admirer la mer. C'était une surprise bien plus belle que tout ce qu'elle aurait pu imaginer et cela lui changeait bel et bien les idées. Elle fit quelques pas, savoura les effluves marines.

" Ma grand-mère me parlait parfois de la mer. Elle ne l'a jamais vue, mais elle disait que son père y était allé. Il lui avait raconté et elle faisait de même avec moi. Elle disait que c'était à la fois magnifique et terrifiant. "

Aureane secoua légèrement la tête, dubitative :

" Je ne trouve pas ça terrifiant. Mais magnifique, oui, encore plus que ce que j'avais pu imaginer. "

Elle se rappela qu'il lui avait dit avoir été retrouvé sur les rives de la mer Olienne, dix ans plus tôt. Un naufrage... La mer n'était peut-être pas toujours aussi calme qu'en cet instant. Pourtant, pour le moment, elle donnait envie d'aller tremper ses pieds dans l'eau, mais évidemment, la jeune fille n'osait pas faire quelque chose d'aussi délirant... En revanche, elle demanda spontanément, avant d'avoir pris le temps de réfléchir comme elle était habituée à faire :


" Avez-vous été retrouvé par ici ? "


Puis elle se tut brusquement, se disant que cela ne la regardait pas. Elle devenait trop bavarde... Elle faillit s'excuser mais ne dit rien, se rappelant à temps qu'il lui avait demandé de ne plus le faire. Tout cela était bien compliqué, elle n'arrivait toujours pas à savoir comment se comporter avec lui. Elle appréciait énormément sa présence, mais elle le voyait toujours comme un chevalier et ça ne l'aidait pas à se montrer spontanée... en admettant qu'elle ait pu l'être avec quiconque.
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeSam 22 Mai 2010 - 13:29

Nicolaï s’était attendu à se qu’Aureane soit un peut surprise. Mais sa réaction dépassa toutes ses espérances. Elle restait là à regarder l’horizon mouvant de la mer Olienne. Un sourire épanouit sur ses lèvres. Son paris était réussi. Elle avait peut-être été réticente à l’idée d’avoir les yeux bandé, mais la surprise était totale et elle semblait se trouver sur un petit nuage tout doux et cotonneux. Il n’aurait jamais eu une telle réaction si elle avait vu la mer approcher. Il n’y avait aucune autre raison au fait qu’il lui ait bandé les yeux. Non, vraiment aucune.

Le sourire qui ornait son visage était d’autant plus précieux après les moment difficiles qu’elle avait vécut. La plus belle des récompense pour le jeune homme. Elle fini par s’arracher à la contemplation de la mer pour le regarder à nouveau, visiblement toute émue. Mais pas émue comme elle l’avait été dans la chambre d’Arcani. Là, elle était heureuse.


" C'est magnifique... "

Emue au point d’en perdre ses mots. Bien sur, il n’était guère difficile de faire bredouiller la jeune femme. Mais là, se n’était pas pareil. Elle n’était pas en train de se mordre la lèvre, de se maltraiter les doigts ou de rougir comme une pivoine. Non, elle regardait autour d’elle l’air émerveillé.

" C'est... l'océan, n'est ce pas ? "

Techniquement non. Se n’était pas un océan, mais une mer. Pourtant, Nicolaï ne releva pas. Cette subtilité lui échappait toujours. Alors à quoi bon corriger la jeune femme. Se n’était pas important. Se qui l’était, s’était le fait qu’elle soit heureuse et qu’elle ne pensais plus à son enlèvement et à se que les hommes de Veshork lui avait fait subir. Le reste était tout à fait secondaire. Alors à se compte là, quel importance si on était devant une mer ou un océan ? Le vent chargé de sel faisait voleter ses cheveux laissé libres par petites mèches. Elle paraissait heureuse de se qu’elle découvrait. C’était comme si Aureane était à nouveau avec lui. Que les bandits avaient été chassé de sa mémoire tel un vulgaire cauchemar.

" Merci... "

Aureane était bel et bien de retour, ne se lassant pas d’observer la mer, la jeune femme lui fit une des rares confidences qu’elle donnait sur la famille dont elle ne parlait jamais. Cela aurait pourtant tout à fait intéressé Nicolaï de connaître un peut les gens qui avaient fait la vie de la jeune femme avant leur rencontre. Mais elle n’en parlait jamais.

" Ma grand-mère me parlait parfois de la mer. Elle ne l'a jamais vue, mais elle disait que son père y était allé. Il lui avait raconté et elle faisait de même avec moi. Elle disait que c'était à la fois magnifique et terrifiant. "

Aureane secoua légèrement la tête. Apparemment, elle ne trouvait pas la mer effrayante. Un marin aurait dit à la jeune femme qu’il ne fallait pas s’y fier et que de multiples danger courraient sous la surfaces. Se n’était pas le cas de Nicolaï. Lui dont l’étrange histoire avait pourtant commencé à cause de ces dangers.

" Je ne trouve pas ça terrifiant. Mais magnifique, oui, encore plus que ce que j'avais pu imaginer. "

Sur ce point, ils étaient tout à fait d’accord. Nicolaï avait d’ailleurs eu du mal au départ à comprendre la subtilité entre mère et mer. Pour plaisanter, il avait prit l’habitude de dire que cette mer lui avait tenu lieu de mère. D’un certain côté, se n’était pas totalement faux. En effet, d’une certaine façon, elle l’avait protégé et laissé vivre alors qu’elle avait gardé tout ceux qui étaient sur le navire qui avait fait naufrage et dans lequel il se trouvait. Et cela, même si elle avait conservé avec elle sa mémoire.

" Avez-vous été retrouvé par ici ? "

Nicolaï fut un peut surprit par la question. Il ne s’y était pas attendu. Il avait même crut qu’Aureane avait oublié se qu’il lui avait dit il y a plusieurs jours. Il ne lui en aurait absolument pas voulut. Après tout, tant de choses s’étaient passé depuis qu’il lui avait parlé de cela.

Elle parut, comme d’habitude regretter se qu’elle venait de dire. Pourtant, Nicolaï marqua une importante différence. Elle ne s’excusait pas. Elle n’était pas non plus en train de se mordre la lèvre.

Nicolaï lui adressa un sourire.


« Oui, c’est ici. Je ne me rappel pas de l’endroit exacte, mais nous ne devons pas en être bien loin. »

Le jeune homme laissa planer un léger silence. Plongé dans ses souvenirs de ce jour. Ses premiers souvenirs. Avant cela, se n’était qu’un vaste champ blanc. Rien ne lui revenait en mémoire.

Chassant tout accès de mélancolie, Nicolaï s’assis sur le sable et entama de retirer ses bottes.


« Vous venez trempez vos pieds dans l’eau ? »

S’il avait été seul, il se serait volontiers baigné dans l’eau, mais il doutait qu’Aureane le suivrait dans ce bain ou serait très à l’aise.

* * *

La journée s’était passée tranquillement. Tout les deux avaient longtemps parlé. enfin, Nicolaï avait surtout parlé. Aureane n’était pas une grande bavarde et elle ne faisait pas beaucoup la converssation, se contentant la plupart du temps d’écouter le chevalier.

Ils grignotèrent brièvement les quelques rations que Nicolaï avait emporté avec eux alors que le soleil disparaissait petit à petit, incendiant le ciel.

Puis, ils reprirent la route, retournant à Arcani. Il y avait encore quelques petites choses à régler avec Gregor là bas. Nicolaï avait renvoyé Orum et Erl à Dyriet pour les avertir qu’Aureane avait été retrouvée et qu’ils ne tarderaient pas à rentrer eux aussi au manoir.

Ayant guidé là jeune femme jusqu’à sa chambre, Nicolaï s’occupa de dicter à Anselm la déposition que lui avait fait Aureane. Les échanges verbaux entre le vieil homme aigri et son ancien élèves se réduisirent au strict minimum. Aucun d’eux n’ayant gardé de l’autre une bonne image.

Se dirigeant vers sa propre chambre, le jeune homme descida de faire un crochet par celle de la jeune femme. Epuisée par sa journée et cette balade sur la plage, elle n’avait pas mit longtemps à s’endormir. S’approchant doucement de la porte de la chambre, Nicolaï entendit Aureane se débattre avec ses couvertures et émettre de léger gémissement. Sans doute faisait-elle un cauchemars. Le jeune homme fut soudain glacé d’effrois. La dernière fois qu’il avait supposé cela, elle s’était fait enlevée par les hommes de Veshork. Même s’il n’y avait pas la moindre chance pour que ceci se passe ici aussi, Nicolaï se sentait à nouveau dans cette même situation.

Doucement, il ouvrit la porte. Comme il l’avait pensé, Aureane se débattait seule contre sa couverture.

Il s’approcha d’elle. Réflexe ou l’avait-elle entendu, la jeune femme ouvrit les yeux. Un instant effrayée, elle fixa la forme sombre accroupie prêt du lit avant de rapidement reconnaître le chevalier.


« Chut. Se n’est que moi. Tu faisais un cauchemars. Dors. Il ne t’arrivera plus rien. »

Nicolaï passa délicatement la main sur la joue de la jeune femme. Un geste affectueux comme quant on réconforte une enfant qui viens de faire un cauchemars.

Les yeux bleus d’Aureane ne tardèrent pas à se fermer et elle replongea dans un sommeil plus calme. Nicolaï remis un pan de la couverture qui avait glissé et alla s’installer sur une chaise qui meublait la chambre, bien décidé à veiller sur le sommeil de son amie.

Les heures passèrent et le souffle calme et régulier de la jeune femme fini par faire piquer du nez au chevalier. Afin de ne pas s’effondrer quant il finirait par s’endormir, Nicolaï quitta la chaise pour s’allonger sur le sol.

Il ne tarda pas lui aussi à trouver le sommeil.
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeSam 22 Mai 2010 - 21:18

Nicolaï ne s'offusqua pas de la question posée et la jeune fille lui sourit en retour, se détendant un peu. Elle ne brisa pas le silence qui suivit, se contenant d'observer la mer qui clapotait doucement. C'était vraiment un lieu paradisiaque.

" Vous venez trempez vos pieds dans l’eau ? "

Aureane resta un instant interdite. Il était vrai que cela était tentant... Le chevalier ne se posait visiblement pas autant de question et il était déjà pieds nus dans le sable. Ce devait être agréable... Après une ultime hésitation, la jeune fille finit par s'asseoir à son tour pour enlever bottines et chausses qu'elle abandonna. Rien que la sensation du sable chaud entre ses orteils était agréable. Elle fit quelques pas, fut soulagée que sa robe tombe suffisamment bas pour cacher ses chevilles... eh oui, tout de même, se promener pieds nus, ce n'était pas très correct ! Hum... il valait mieux oublier quelques minutes ces principes et vivre l'instant présent. Il aurait été dommage de ne pas en profiter.

Elle ne tarda pas à rejoindre Nicolaï au bord de l'eau et se trempa les pieds. C'était froid, mais cela n'avait rien de désagréable, au contraire. Nicolaï discutait, parlant de tout et de rien et, si elle-même ne répondit pas grand chose, il réussit véritablement à lui changer les idées. Le repas sur la plage alors que le soleil disparaissait à l'horizon mit un magnifique point final à cette sortie. Reprendre la route alors qu'il faisait presque nuit, effrayait quelque peu Aureane, mais elle avait encore en tête la petite crique et elle ne dit rien, un petit sourire aux lèvres. Elle n'aurait raté cette sortie pour rien au monde.

En revanche, à la porte de sa chambre, la jeune fille n'eut aucune envie de s'y retrouver seule. Évidemment, elle ne pouvait pas demander à Nicolaï de lui tenir compagnie, ni continuer à errer sans but dans les couloirs... elle remercia le jeune homme pour la sortie et se retrouva seule. La fillette à laquelle elle avait eu affaire un peu plus tôt revint pour s'assurer qu'elle n'avait besoin de rien et passée une toilette rapide, Aureane se retrouva rapidement en chemise de nuit, prête à dormir... ou pas. Allongée sous ses draps, dans le noir, elle resta à fixer le plafond un long moment. Chaque bruit, aussi infime fut-il lui faisait tendre l'oreille avec anxiété. Il n'y avait aucune raison pour qu'elle se fasse à nouveau enlever, mais sa peur était irraisonnée. Après s'être tournée et retournée sous ses couvertures, elle tenta de se concentrer sur le souvenir de la crique et finit par s'apaiser un peu. Ce fut en repensant à la surprise de Nicolaï qu'elle parvint à fermer les yeux et finit par s'assoupir, épuisée.

...

Veshork fait irruption dans la chambre, elle se retrouve une dague sous la gorge, elle veut crier mais ne peut pas, elle est bâillonnée...

Aureane se réveilla une nouvelle fois en sursaut, le cœur battant... elle se rendormit aussi vite, complètement harassée.

La forêt, elle est poussée dans la cage, une femme demande combien elle vaut, la forêt encore, Veshork qui arrive dans sa chambre...

Nouveau réveil. La jeune fille ouvrit les yeux, dans un demi-sommeil. Il y avait quelqu'un, mais elle ne sut dire sur le moment qui c'était, il faisait trop sombre. Quelque chose dut la rassurer, pourtant, car, plutôt que se réveiller tout à fait, elle resta dans le vague, retomba dans le sommeil... Nicolaï, finit-elle par comprendre dans un éclair de lucidité, avant de se rendormir tout à fait. Il n'avait sans doute rien à faire là, mais elle était trop endormie pour se poser de question... ce devait être un rêve. Un beau rêve, cette fois.

Ce fut des heures plus tard, alors qu'il faisait encore tout à fait nuit, qu'Aureane se réveilla à nouveau. Elle ne se souvenait plus du cauchemar qui l'avait réveillé mais nul doute que Veshork en faisait partie. Elle resta un instant les yeux ouverts dans l'obscurité avant de se rendre compte qu'elle entendait la respiration d'un autre dormeur dans la pièce. Elle avait mis du temps à s'en apercevoir, habituée à entendre ses sœurs dormir à ses côtés. Sauf que ces dernières étaient à des lieues de là... Une servante venue s'assurer qu'elle allait bien et qui se serait endormie ? Il y avait une forme, par terre... Quoi ? Par terre ?

Se levant sans faire de bruit, Aureane alla entrouvrir le rideau d'une fenêtre. La lueur de la lune éclaira doucement la pièce, juste ce qu'il fallait pour entrapercevoir ce qui s'y trouvait. Quelqu'un dormait au sol et ce quelqu'un, c'était Nicolaï. La jeune fille le regarda un instant avec de grands yeux : mais que faisait-il là ? S'assoupir par terre ? Elle se doutait que les derniers événements l'avaient fatigués au point de pouvoir dormir n'importe où, mais cela n'expliquait pas qu'il n'ait pas rejoint son lit, tout simplement. Alors... son rêve lui revint : le seul qui n'ait pas été un cauchemar. Et si... il aurait pu venir veiller sur elle ? Idée absurde pour n'importe qui... mais pas pour lui. C'était même tout à fait son style.


Aureane eut un sourire dans la semi-obscurité en voyant que le jeune homme dormait paisiblement. Si elle avait été terrorisée durant des heures et des heures, lui l'avait sans aucun doute cherchée tout ce temps. Il avait terminé lui aussi dans les égouts et à présent, il devait sans doute gérer, avec Harnyll ou elle ne savait qui, le sort des brigands. Pas étonnant qu'il arrive à dormir dans de telles conditions, mais de là à prendre la peine de venir veiller sur elle... La jeune fille s'agenouilla dans l'idée de le réveiller doucement puis elle s'immobilisa. S'il ouvrait les yeux, il risquait de protester si elle lui assurait qu'elle allait bien et pouvait passer la nuit toute seule, d'autant qu'elle n'était pas sûre d'être très convaincante. Et puis, il avait l'air de dormir si paisiblement...

Se décidant, Aureane se releva, alla chercher une couverture et le couvrit doucement. Elle ne pouvait guère faire mieux, au risque de le réveiller. Secouant la tête avec un petit sourire amusé, comme si elle se demandait comment ils faisaient pour se trouver dans une telle situation, elle alla fermer le rideau et retourna dormir. Une nuit un peu plus calme, cette fois. Nicolaï était à ses côtés, elle se sentait en sécurité.
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeDim 23 Mai 2010 - 14:21

Contrairement à ceux d’Aureane, les rêves du chevalier étaient paisibles. Où en tout cas, se n’étaient pas des cauchemars. Il se revoyait sortir la jeune femme de l’eau des égouts et la prendre dans ses bras. Il revoyait son air ravit et émerveillé sur la plage. Si Vershork était le centre de ses cauchemars, Aureane était le centre de ses rêves. Des rêves ou elle était heureuse et où elle souriait.

Nicolaï ne la sentit pas le recouvrir de la couverture. Pas plus qu’il n’entendit la jeune femme se déplacer dans la chambre. Il dormait trop bien pour cela. Et puis, s’il s’était réveillé, il n’aurait pas bougé d’un pouce. Cela aurait put bloquer Aureane et il ne le voulait pas.

Le jeune homme continua donc de dormir tranquillement jusqu’à l’heure fatidique. Ce moment, un certain temps avant l’aube où il se réveillait toujours en sursaut, effrayé par un cauchemar dont il n’avait alors aucun souvenir.

Il regarda un peut intriguer la couverture qui le recouvrait. Il ne se souvenait pas en avoir prit une lorsqu’il s’était allongé sur le sol. L’évidence ne tarda pas à lui sauter au visage. Aureane. Nicolaï eu un léger sourire en pensant à la jeune femme. Il se demandait quel tête elle avait bien put faire en le découvrant allongé par terre à deux pas de son lit. Cela ne pouvait en tout cas être personne d’autre. Si s’avait été une servante, elle aurait réveillé doucement le chevalier.

Le jeune homme resta un certain temps à fixer le plafond. Le silence du château était uniquement perturbé par la respiration lente et régulière d’Aureane. Nicolaï surveillait d’ailleurs celle-ci. On avait une respiration calme que lorsqu’on était calme.

La respiration d’Aureane ne tarda d’ailleurs pas à s’accélérer rapidement. Nicolaï bondit sur ses pieds et s’approcha de la jeune fille. Les yeux toujours fermé, elle avait l’air un peut paniquée. Nicolaï se mit à lui murmurer des paroles réconfortante à l’oreille pas assez fort pour la réveiller, mais suffisamment pour ce cela lui parvienne comme une sorte de mélodie réconfortante, la tirant petit à petit de son cauchemar.

Elle fini par se calmer et retrouver une respiration régulière. Nicolaï sourit et observa un moment la jeune femme dormir. Elle avait l’air paisible. Sa poitrine se soulevait doucement au rythme de sa légère respiration. Son visage était calme et serein, ses yeux clos. Douce vision.

L’aube approchant, Nicolaï se décida enfin à quitter la chambre pour aller chercher quelque chose pour Aureane. Elle aurait certainement envi de manger quelque chose lorsqu’elle se réveillerait. Et puis, elle serait peut-être un peut gênée de le voir dans sa chambre.

Nicolaï descendit aux cuisines pour rassembler plusieurs choses à manger sur un vaste plateau. Il s’appliqua ensuite aussi bien qu’il le pouvait à lui griffonner un petit mot qu’il déposa sur le plateau. Se n’était pas grand-chose de plus qu’un petit bonjour ou une banalité du genre. Il ne savait pas trop se qu’il pouvait écrire. Ni dire. Si elle l’avait bel et bien découvert en train de dormir, il serait difficile de savoir quoi dire.

Nicolaï alla déposer le plateau sur la commode qui se trouvait dans la chambre de la jeune femme toujours endormie et quitta la chambre tout aussi silencieusement qu’il y était entré, laissant Aureane se reposer.

* * *

Les deux jeunes gens chevauchaient en direction de Dyriet. Nicolaï aurait parfaitement put rejoindre le manoir depuis au moins deux heures, mais il faisait avancer sa monture au pas pour qu’Aureane n’ai aucun mal à le suivre. Elle n’était pas très douée pour monter à cheval et ces trajets ne devaient donc pas être très agréable.

La route parut bien plus longue au jeune homme. Il fallait pourtant dire que la dernière fois qu’il l’avait emprunté, il cherchait à arriver le plus vite possible à Arcani pour tirer Aureane des griffes de Veshork et de ses hommes. Là, rien ne les pressaient.

En fin d’après midi, ils arrivèrent enfin à Dyriet. Se fut une véritable explosion de joie lorsque les ouvriers et les soldats virent rentrer le jeune seigneur et Aureane. Tous avaient eu peur pour elle. En vérité, tout le monde sur le chantier tenait à la jeune femme. Bien qu’Orum et Erl ait il y a peut annoncer la libération d’Aureane, le fait pour les ouvriers de la revoir saine et sauve était un soulagement. Certains des hommes de Sigamar avaient perdu des membres de leur famille à cause de Farles de Dyriet. L’enlèvement d’Aureane devait leur avoir rappelé de mauvais souvenirs.

Une fois la joie de revoir la discrète bibliothécaire un peut retombée, Nicolaï prit Avak, le maître d’œuvre du chantier, avec lui.


« J’ai quelque chose à vous demander. »

Le jeune homme conduisit le maître d’œuvre jusqu’à la fenêtre par laquelle Veshork avait réussi à s’introduire dans Dyriet.

« Il faudrait que vous condamniez cette fenêtre. »



[Voilà, si tu veux poster quelque chose, vas-y. Sinon, on clos le Rp là.]
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MessageSujet: Re: Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane]   Le seigneur de Dyriet [Nicolaï, Aureane] - Page 3 I_icon_minitimeDim 23 Mai 2010 - 16:03

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