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 Entre amitié et politique | Trystan

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Le Vaisseau de la Voilée
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MessageSujet: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMar 11 Mai 2010 - 15:24

Katalina venait de trouver un nouveau désavantage au fait d’être enceinte. En plus de devoir supporter les nausées, les bouffées de chaleur et les fatigues surprises, voilà qu’elle se retrouvait avec un Aerandir encore plus protecteur qu’à l’ordinaire. En temps normal, elle aurait sans doute adoré ça, mais il se trouvait que le sang-mêlé était plus difficile à convaincre qu’elle s’y était attendue. Ainsi, quand elle avait innocemment présenté l’idée de se rendre à Diantra pour rejoindre le couple royal, elle ne s’était pas attendu à la longue discussion qui s’en était suivi. Malheureusement, elle n’avait rien à objecter à l’argument phare de son amant, et cela la mettait hors d’elle. Qu’il utilise leur enfant à naître pour arriver à ses fins était tout simplement déloyal. Il affirmait qu’elle n’était pas en état de voyager, qu’elle devait faire attention et se ménager pour que la grossesse se passe le mieux possible. Elle avait beau lui répéter qu’elle allait parfaitement bien et que si elle arrêtait de vivre alors même qu’elle n’en était même pas au tiers du processus, elle ne donnait pas cher de sa peau vers la fin, il restait sourd et inflexible. Le pire était qu’elle avait l’impression qu’en ignorant son avis, elle deviendrait une mère irresponsable et inconsciente. Déjà qu’elle s’en voulait pour sa nuit de coma, elle ne voulait pas sentir plus de reproches dans sa voix. Il la prenait par les sentiments, et il gagnait. Mais il ne perdait rien pour attendre.

Elle s’était ensuite retrouvée face à un nouveau problème, tout aussi inattendu que le précédent et tout aussi insolvable. Ecrire une lettre lui était désormais impossible, ne pas savoir si elle repassait encore et toujours sur la même ligne l’avait presque rendue folle et elle avait finit par abandonner, faisant appeler Théodore pour qu’il écrive à sa place. Le vieil homme avait toute sa confiance, et elle pouvait remercier Néera de l’avoir placé sur sa route. Avec tout autre que lui, elle se serait censurée elle-même. Le vieil homme, quant à lui, avait du maudire le jour où il était entré au service des Noblegriffon, Katalina n’ayant pas arrêté de changer d’avis, de revenir en arrière, de lui faire relire tel ou tel passage… Tous deux étaient sortis exténués de ce qui aurait du être un agréable exercice de dicté. Mais voilà, pour la jeune femme, c’était se retrouver avec bien trop de limites d’un coup, et les sautes d’humeur n’aidaient pas à gérer le stress qui, doucement, s’accumulait.

De Katalina Noblegriffon, Héritière de la lignée Noblegriffon
A Trystan et Lilianna de Diantra, Roi et Reine des Hommes

Mon Roi, ma Reine

Encore une fois, les épreuves m’ont éloignée de Diantra et de vos personnes. Ce fut ma famille, et son histoire, qui me ramenèrent à Serramire, dans le Manoir qui me vit grandir. Peut-être, quand nous pourrons enfin nous revoir, vous conterai-je plus en détail les raisons exactes de ce retour aux origines, mais sachez déjà qu’il me fut profitable. Il s’est passé bien des choses, certaines m’ont fait sourire, d’autres, au contraire, me poussèrent à me retrancher une nouvelle fois entre les quatre murs de ma chambre, mais au final, j’estime en être sortie grandie. J’aurais voulu pouvoir vous affirmer que j’y vois désormais plus clair, usant ainsi de la métaphore consacrée, mais il n’en est rien, et pour cause… Il semblerait que nous ayons gagné un point commun, mon Roi. Ce que j’ai d’abord pris pour un mal étrange m’a ravi la vue sans que je ne puisse rien y faire, et je suis désormais aveugle. Ma Reine aura d’ailleurs sans doute remarqué que je n’ai pas écris cette missive.

Je dois l’avouer, il me tarde de quitter Serramire, car bien qu’attachée à ma terre natale, je supporte désormais difficilement certains souvenirs qui y naquirent. Malheureusement, je suis désormais dans l’incapacité de revenir là où je voudrai être. Astéride vous l’a peut-être déjà conté, sinon sachez que je ne suis pas peu fière de vous annoncer que les Noblegriffon ne mourront pas avec moi. Par la grâce de Néera, je suis désormais enceinte, et si j’ai encore du mal à l’accepter, cet état m’empêche de faire tout ce que je voudrai. Il y a quelqu’un auprès de moi qui vieille à ce que je ne fasse rien de stupide… Et, étrangement, je suis sûre que la Reine comprendra qui.

Vous m’avez invitée, un jour, à venir séjourner auprès de votre Cour et j’ai accepté avec plaisir ce qui m’apparaît aujourd’hui comme un gage d’amitié. L’envie de vous le rendre en vous invitant à mon tour à venir remplir de votre présence une demeure bien trop grande pour le peu d’habitants qui y vivent est forte, mais je ne peux que me rendre compte qu’une telle chose est impossible. Vous avez un Royaume à guider, et c’est une tâche qui ne souffre pas de distractions. Cependant, j’ai appris le mariage du Comte Gaucelm, ironiquement surnommé le Gras, de sa bouche même quand il me rendit visite. Je sais que Serramire n’est pas réellement sur la route d’Odelian, mais vous feriez ma joie si vous acceptiez d’y passer. Ma Reine ne pourra peut-être pas faire le voyage, et si tel est le cas sachez que je lui adresse tous mes encouragements, avec d’autant plus de sincérité que je comprends réellement leur nécessité désormais. Ce serait l’occasion de nous revoir et, pourquoi pas, de parler de l’avenir du Royaume. Celui du Nord me préoccupe particulièrement, de part mes origines, et je ne suis pas la seule dans ce cas. Pour autant, il y a un conseil que je me permettrai de vous donner dès à présent : ne faites pas l’erreur de confier les rennes de Serramire à un homme ne venant pas de Serramire. N’y voyez aucune offense, mais je connais mes compatriotes, et ils accepteraient mal de voir un homme du Sud régner sur leurs Terres.

Dans tous les cas, j’espère que la présente missive vous trouvera en bonne santé, et que vous pourrez me faire l’honneur de votre visite. Sinon, j’imagine que je devrais tenter de convaincre un certain sang-mêlé avant qu’il ne soit réellement trop tard.

Néera veille sur vous et sur votre lignée.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMer 12 Mai 2010 - 11:38

Une missive de Serramire.

Qui pouvait bien écrire de Serramire? Il n'y avait pas trente-six personnes possibles et dés les premiers mots de Lilianna, Trystan eut la confirmation de son doute : c'était une lettre de Katalina. Katalina qui était revenue après un long exil chez les elfes pour repartir dans sa patrie d'origine avec son amant Gardien. Il apprit ainsi qu'elle avait traversé une nouvelle épreuve... La jeune femme était désormais aveugle... Trystan ne avait que trop quelle épreuve cela pouvait représenter... Mais elle disait aller bien et même être enceinte. Et bien, quelle bonne nouvelle! Bien que cette grossesse serait surement mal vue par la noblesse bien pensante... Katalina Noblegriffon, héritière de l'illustre famille Noblegriffon, veuve et maintenant maîtresse d'un bâtard d'elfe, Gardien d'un dieu dérangé... Enceinte de son oeuvre... Ça allait jaser à la Cour.

Alors, il fit dicter une réponse à Lilianna, assurant qu'il passerait à Serramire juste avant le mariage, pour son plus grand plaisir. Il excusa sa reine qui était affaiblie par la grossesse et ne serait pas du voyage et Lilianna ajouta un petit mot de son écriture élégante pour féliciter la jeune mère avec chaleur et s'excuser de ne pouvoir lui rendre visite, pour les mêmes raisons que Katalina ne pouvait faire le voyage jusque Diantra. En effet, Trystan comprenait le Gardien d'Arcamenel : Lilianna ne quitterait pas Diantra, il lui fallait du repos et tout le monde le comprendrait sûrement. Il la laisserait derrière lui bien à regret, maudissant une fois de plus sa condition de roi qui ne lui permettait pas de se dérober à son devoir. Mais il était décidé à faire un voyage rapide et un séjour éclair à Odelian, le strict minimum exigé par la courtoisie et il espérait que le Gras comprendrait les raisons de son empressement à rejoindre Diantra. Il saurait bien le lui expliquer de toutes façons.

La lettre partit ainsi jusqu'à Serramire.

----------------

Et après quelques semaines, le roi suivit la lettre. Le cortège royal avait fait route avec diligence et des éclaireurs avaient prévenu Serramire de la visite du roi. Imaginez donc, le roi dans la demeure des Noblegriffon! Il fallait reçevoir la personne la plus importante du royaume... c'était une pression énorme pour le château.

Le cortège pénétra dans l'enceinte de la demeure et le roi sortit du carrosse avec l'aide de Thibaut, son fidèle valet. un chien loup gambadait près d'eux. Le roi était sobrement vêtu de brun et de vert, une tenue de voyage luxueuse qui trahissait la richesse de son porteur, malgré tout.

Il était à Serramire et il était heureux de pouvoir revoir Katalina... Enfin, la revoir... il était aussi intrigué de la raison qui avait ravi la vue à la jeune femme.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMer 12 Mai 2010 - 20:44

Katalina n’avait pas pu s’empêcher d’esquisser un sourire ravi quand Théodore lui avait lu la réponse de Trystan. Ainsi, il pourrait venir lui rendre visite avant de se rendre au mariage du Comte d’Odelian. C’était un soulagement, au moins pourrait-elle lui parler de plusieurs choses avant qu’il ne se confronte à la noblesse de Serramire. Surtout qu’elle doutait de plus en plus de pouvoir l’accompagner auprès du Gras. En effet, son ventre commençant déjà à s’arrondir, Aerandir se montrait encore plus réticent à l’idée, et l’opinion qu’il pouvait avoir de la cérémonie et de l’heureux élu qui allait en être le principal bénéficiaire n’aidaient pas. Elle avait espéré obtenir une réponse claire de la part du sang-mêlé avant l’arrivée du Roi - c'est-à-dire une réponse affirmative, l’inverse n’étant pas à ses yeux qu’un moyen évasif de passer à autre chose - mais il fallait croire qu’il était aussi têtu qu’elle. La fatigue et les sautes d’humeur dus à la grossesse n’aidaient pas vraiment à instaurer un dialogue serein et la demeure des Noblegriffon avait eu son lot de confrontations et de réconciliations. Dans tous les cas, la jeune noble avait l’impression de revivre complètement. La confrontation avec Nhilantar avait été salvatrice et avait achevé le long travail du Gardien d’Arcamenel. Ses épaules soulagées de leur pesant fardeau, elle avait pu reprendre sa vie en main et sa première tâche avait été d’entreprendre d’apprivoiser sa cécité. Dessein qui s’annonçant sous d’encourageantes auspices, et elle parvenait de nouveau à s’orienter et se déplacer dans sa propre demeure sans craindre le moindre tournant.

Jamais elle n’avait connu une telle effervescence dans le manoir de ses ancêtres, mais elle doutait qu’il ait un jour accueillit personnage aussi important que celui qui arriverait sous peu. Le Roi… Son père, depuis Versmilia, devait s’étrangler rien que d’y penser. De joie, de fierté, de frustration, que savait-elle encore. Ce qu’il pouvait penser ne l’intéressait pas, du moins essayait-elle de s’en persuader. Parfois, il lui arrivait de regretter son choix, et elle avait alors envie de le faire revenir auprès d’elle, mais il était allé trop loin. Son ambition dévorante l’avait poussé à la tentative meurtre, et le fait qu’il affirme l’avoir fait uniquement pour les Noblegriffon ne rendait sa faute que plus lourde encore ; sans compter l’impact qu’avaient eu ses actes sur Aerandir. Au final, elle en revenait encore et toujours à la même conclusion : pour le moment, et pour longtemps encore, son père était mieux loin d’elle. Pour palier le manque d’effectif, Théodore avait tyrannisé les quelques domestiques qui étaient restés fidèles à la famille de Katalina. Tout devait être parfait, affirmait-il avec hargne, alors qu’il abattait une masse de travail impressionnante. Amusée par tant d’activité, la maîtresse des lieux les avait laissé faire, doutant que cela soit très utile. Après tout, sa demeure était dans un état tout à fait respectable, et elle n’avait pas invité Trystan pour faire étalage de ses moyens.

Il y avait cependant une chose qui faisait redouter la venue de son Roi et ami à la jeune femme : sa réaction quand il se rendrait compte de l’étrange aura qui était désormais la sienne, et qui serait surement pour lui une confirmation aux rumeurs qu'il n'aurait pas manqué d'entendre. Tyra l’avait prévenue, étant un mage confirmé, il risquait de se rendre compte rapidement d’un changement de taille : alors que Katalina n’avait jamais dégagé la moindre étincelle magique jusqu’alors, elle exsudait désormais une puissance qui dépasserait de loin la sienne. Il n’était pas idiot, loin s’en fallait, et elle ne doutait pas qu’il comprendrait de quoi il en retournait. Ce simple indice serait la seule explication qu’il lui faudrait pour expliquer sa cécité et il comprendrait alors quelle était la nouvelle réalité de son amie du nord. Or elle n’était pas certaine de vouloir le voir dans la confidence. Pas par manque de confiance, plus par… pudeur. Elle ne voulait pas se dévoiler, même si elle savait que cela était inévitable, pire elle commençait à se résigner au fait que la chose était déjà faite. La visite des Hauts-Prêtres de sa Déesse en avait été la preuve la plus flagrante, et les religieux n'ayant fait aucun effort pour se faire discret, elle avait déjà eu vent de commérages. On commençait déjà à se poser des questions, on émettait des suppositions… La Dame Noblegriffon serait mourante, ou bien tentait-elle d’amadouer le culte de Tyra pour obtenir la longue vie - après tout, elle avait déjà abusé des pouvoirs d’Anaëh pour se rendre plus belle ! - et bien d’autres fantaisies, mais la pire était aussi la seule vraie : on murmurait qu'elle était la Gardienne, ce qui expliquait pourquoi même les Hauts Prêtres s'étaient agenouillés devant elle. Oui, un jour, la vérité avait déjà éclaté.

Quand, finalement, Trystan de Diantra, Roi des Hommes et Maître de l’Arcanum, se présenta à ses portes, tout était fin prêt pour le recevoir. Ce fut une Katalina en apparence sereine qui se présenta à lui, vêtue d’une robe mêlant bleu et gris avec la science des elfes. Ramenée d’Alëandir, elle était une pièce rare et précieuse, bien que bien sobre comparée aux trésors de complexités que pouvaient être les robes des courtisanes de la Cour. Elle cachait de plus les rondeurs naissantes et pleines de promesses de la future mère, qui dissimulait ainsi son état aux yeux d’un cortège qui n’avait pas à le connaître. Quelques pas derrière elle, prêt à prendre le relais auprès des serviteurs, Théodore était égal à lui-même : grand, sec et presque sinistre avec sa vieille mais encore robuste canne.

« Le Roi est descendu de son carrosse, ma Dame. » murmura doucement Théodore à sa seule attention.
« Merci. » répondit-elle sur le même ton, esquissant un léger sourire.

Elle savait, bien entendu. La Voix des Morts, douces, lancinantes et terriblement harmonieuses, résonnait à ses oreilles et lui disait tout ce dont elle avait besoin de savoir. C’était un chant funèbre dont elle parvenait enfin à se détacher. S’inclinant doucement, trop pour sa condition de Gardienne mais aux yeux de la Péninsule, elle n’était que Katalina Noblegriffon et devait donc témoigner son respect à son Souverain de façon visible.

« C’est un honneur, Sire, que de vous recevoir. » commença-t-elle, élevant la voix pour être entendue de tous. « Vous m’avez manquée. » ajouta-t-elle, malicieuse.

Elle savoura sa petite vengeance pour la façon dont il l’avait ravie aux yeux de tous et au mépris des rumeurs qu’il aurait pu faire naître - et qu’il avait fait naître - quand elle l’avait rejoint en Erac. C’était puéril, mais surtout agréable et issu d’une complicité qui s’établissait à peine. Elle se tourna ensuite légèrement vers Théodore, qu’elle désigna de la main.

« Théodore, mon Intendant, s’est donné beaucoup de mal pour préparer mon humble demeure à votre venue. Il se fera une joie de s’occuper de votre escorte. » commença-t-elle, ignorant superbement le regard légèrement étréci que lui lança le dit Intendant. Parfois, être aveugle avait certains avantages, on ne lui reprocherait pas de ne pas tenir compte de ce qu’elle ne pouvait pas voir, mais elle connaissait assez le vieil homme pour savoir qu’il jugera déplacé qu’elle souligne ainsi son rôle. « Me ferez vous l’honneur, quant à vous, de m’accompagnez ? C’est à mon tour, je crois, de vous faire visiter l’endroit qui m’a vu grandir. »
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMar 18 Mai 2010 - 8:40

Durant le voyage le rapprochant de Serramire, il avait entendu moultes rumeurs concernant la dame Noblegriffon. Décidément, elle ne pouvait pas rester dans l'anonymat... Après le séjour chez les elfes et sa beauté transcendée par magie (par pacte avec une quelconque entité, par sorcellerie, ou n'importe quoi d'autre pour les petites gens), voilà qu'on murmurait qu'elle cherchait à se rapprocher de la Mort pour en tirer profit et jeunesse éternelle, qu'elle était une suivante de Tyra, qu'elle était nécromancienne... Qu'elle était sa Gardienne. Le roi ne savait plus que croire, mais un et un faisant deux, la soudaine cécité de la jeune femme ne s'expliquait logiquement que par la dernière hypothèse... Et dans ce cas, le roi se rendait auprès de la Gardienne de Tyra et du Gardien d'Arcamenel, soit deux entités bien plus puissantes qu'il ne le sera jamais et à qui il devait le plus grand respect. Il n'avait aucune autorité sur les dieux et leurs représentants. Voilà qui était inédit : il se rendait chez des personnalités plus importantes que lui, la première fois depuis son couronnement. Les autres rois étaient ses égaux. Les Hauts-Prêtres également, bien que ce soit dans une branche où il n'avait aucun pouvoir. Mais face à des Gardiens, il était insignifiant.

Pourtant, elle restait Katalina. Le ton de sa lettre ne montrait aucun changement de personnalité, le ton était resté le même qu'elle avait presque toujours utilisé avec lui : courtois et chaleureux. Devenir Gardien ne changeait-il donc pas la personnalité? Apparemment pas. Bien qu'Aerandir lui semble insaisissable, instable et imprévisible, il pouvait s'imaginer qu'il avait toujours été ainsi... Mais pourquoi Katalina était-elle devenue la voix de Tari? Pourquoi la déesse s'était-elle intéressée à elle? La jeune femme se posait-elle les mêmes questions? Et il y avait le fait qu'elle était enceinte... Ne jamais pouvoir voir son enfant était quelque chose de cruel et qu'il ne connaissait que trop bien. Surtout que sa cécité était récente, bien trop pour en avoir déjà fait le deuil... A moins qu'être Gardienne ne lui apporte quelques avantages...

Le roi arriva à la cour de Serramire, en effervescence. Oh pas de bruits, pas de cris, pas de mouvements, mais une atmosphère à laquelle il était sensible. Sans oublier qu'il savait parfaitement comment se comportait un château avant une visite importante : tout devait être parfait. C'était une énorme responsabilité, écrasante et éreintante. Il n'aurait pas aimé être à la place de l'intendant. Seamus, l'intendant d'Erac, avait failli mourir de dizaines de crises cardiaques quand il avait reçu la cour à Erac durant le siège de Diantra. Trystan ne le remercierait jamais assez pour son professionnalisme.

Le carrosse fit halte et le roi en descendit aidé par Thibaut qui ne le quittait pratiquement jamais. Il fut aussitôt sensible à une aura de magie absolument démentielle par sa puissance. Pas de la magie ordinaire comme celle de Nakor ou de Dyarque qu'il n'avait rencontré qu'en rêve. Non, c'était autre chose, cette magie propre aux serviteurs des dieux. Il avait rencontré la Haute Prêtresse de Tyra et avait été surpris de sa puissance. Mais là, c'était encore pire. Et les pièces du puzzle se mirent instantanément en place, confirmant les rumeurs courant sur elle : elle était bel et bien Gardienne de la Sombre Déesse. Un instant décontenancé par cette puissance, il fut ramené au présent par la douce voix de la jeune femme, d'abord cérémonieuse, avant de se faire malicieuse. Il esquissa un sourire et répondit :

- "Vous de même. Je suppose que j'ai mérité cette petite vengeance."

Oh il ne se rappelait que trop bien comment il l'avait arrachée à tous pour l'emmener tranquillement dans les jardins, se moquant des rumeurs qui pourraient naitre de cette intimité. Katalina lui rendait la monnaie de sa pièce avec bonne humeur et cela le rassura quant à celle qui se trouvait devant lui aujourd'hui. Il fit un léger signe de tête pour Théodore, en guise de salut, avant de reprendre avec simplicité :

- "Je sais la pression qui repose sur vos épaules Théodore. Tout sera parfait, je n'ai aucun doute."

Katalina lui proposa alors de l'escorter. A son tour de jouer les maitresses de maison. Il s'était prudemment et sagement abstenu de lui faire une remarque quant à son aura magique en public. Il ne savait pas si sa maisonnée était au courant réellement de ce qu'elle était. Il allait attendre un peu d'intimité pour aborder le sujet. Il s'approcha de la jeune femme et l'effleura du bout des doigts, avant de repérer son bras et de s'en saisir cavalièrement, indifférent aux indignations qui pouvaient naitre de ce geste. Il entendait déjà d'ici les commères parler du roi qui laisse sa femme enceinte derrière lui pour aller retrouver sa maîtresse et profiter de ses charmes avant d'aller au mariage.

- "Bien, je vous laisse me conduire ma Dame, j'espère que vous avez eu le temps de vous faire à votre nouvelle condition."

Elle était aveugle elle aussi désormais. Sûrement s'était-elle entrainée à se repérer chez elle, comme lui dans les premiers temps. Il siffla néanmoins pour que Cabal les rejoigne. Le chien était spécialement dressé pour être les yeux de son maître. C'était un animal précieux et parfaitement éduqué. Et un excellent gardien.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMar 18 Mai 2010 - 15:18

Si les circonstances l’avaient permis, Katalina aurait sans doute poussé un soupir de soulagement. Trystan n’avait pas réagi. Il n’était sans doute pas passé à côté des changements de la jeune femme, bien entendu, mais il n’avait fait aucun commentaire, aucune remarque, et s’il avait haussé un sourcil, elle saurait lui pardonner. Pourtant, il en aurait eu tout à fait le droit, plus peut-être que les Hauts Prêtres qui s’étaient invités chez elle et l’avaient presque proclamée Gardienne de Tyra. Cette discretion, simple et pouvant sembler naturelle mais ô combien précieuse pour elle, lui fit chaud au cœur et elle se retint de le serrer dans ses bras avec un éclat de rire. Une nouvelle fois, le monarque prouvait sa valeur et son respect pour une noble cumulant les « fautes ». Il réagit avec humour à sa petite pique, devinant très bien où voulait en venir son hôte. Devinait-il que la sincérité accompagnait la plaisanterie et que la conversation de son suzerain avait manqué à la vassale ? Katalina n’en doutait pas.

« Je suis percée à jour, moi qui espérais encore pouvoir vous cacher mes véritables intentions. » fit-elle mine de se désoler.

Comme si elle en avait réellement envie. C’était plutôt l’inverse qui se produisait, et la nouvelle Gardienne devait bien le reconnaître, si elle était si heureuse de la visite de Trystan, ce n’était pas uniquement parce qu’elle allait pouvoir le mettre en garde contre la susceptibilité de la noblesse serramiroise, mais bien parce qu’elle espérait se confier à quelqu’un d’autre qu’Aerandir. Non pas que l’oreille du sang-mêlé ne vaille pas celle du Maître de Diantra, mais il était trop impliqué dans les tourments de la jeune femme pour qu’elle ne puisse lui parler en toute sincérité. Pour une fois, la première peut-être depuis leur rencontre, il n’était pas la personne la plus apte à soulager ses épaules fatiguées. Pressée de quitter le carcan invisible du protocole imposé par les spectateurs de la scène, qu'ils fassent partis de sa maisonnée, de l’escorte du Roi ou bien de la foule qui doucement mais surement commençait à se masser aux alentours de la demeure, elle n'avait qu'une envie : se soustraire aux regards de tous. Afin d’accélérer les choses, elle reprit son sérieux et souligna le travail de Théodore pour préparer la venue tant attendue de la royauté, lui rendant hommage et indiquant par la même occasion aux suivants de Trystan qui se chargeraient d’eux. Elle ne fut pas surprise d’entendre le mage remercier son vieil intendant, hochant légèrement la tête pour marquer son approbation, avant de l’inviter à la suivre, réprimant la légère angoisse qui pointait le bout de son nez.

Et pour cause, si elle parvenait désormais à s’orienter sans mal dans sa demeure, elle n’avait jamais eu l’occasion d’y guider quelqu’un. Elle voyait déjà toute une liste d’exemples de situations embarrassantes qui pourraient survenir. Mettre quelques secondes pour trouver la poignée d’une porte avait fini par ne plus la déranger - quoi que - mais elle n’était pas certaine de pouvoir supporter le regard aveugle de son invité posé sur sa nuque. Il comprendrait et, certainement, ne lui ferait aucune remarque désobligeante, mais la fierté de Katalina en prendrait dans tous les cas un coup. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait renoncé à toutes les robes surchargées de dentelles et autres froufrous, trop difficile à revêtir seule. Concentrée sur sa respiration, elle sursauta légèrement quand elle sentit la main de Trystan effleurer son épaule, fronçant légèrement les épaules malgré elle avant de comprendre ce qui se passait quand il lui saisit cavalièrement le bras. Ah, il voulait jouer à cela ? Très bien, mais il ne serait pas le seul, et elle le lui prouva en posant familièrement sa tête contre lui alors qu’il l’invitait à le conduire. Ne prenant pas même la peine de lui répondre, elle commença à le guider, le prévenant quand ils s’approchèrent des marches qui menaient à la grande porte qu'elle avait d’ailleurs laissée ouverte pour l’occasion. Le sifflement de Trystan ne l’alerta pas, pas plus que les sons qui avaient de grande chance de trouver leur origine dans la gueule d’un chien, mais elle eut tout de même une pensée pour Théodore. Le vieil Intentant n’était pas habitué à voir des animaux se promener dans sa demeure.

« Votre Reine ne mérite pas les rumeurs qui ne vont pas tarder à proliférer. » murmura-t-elle, désapprobatrice mais un léger sourire aux lèvres quand ils furent entrés et hors de vue, relevant la tête afin d’adopter une posture plus convenable. « Il me faudra me faire pardonner. »

Elle avait bien quelques idées, après tout même si elle ne le gérait plus en personne, son réseau commercial lui appartenait encore et elle avait largement de quoi offrir un cadeau digne de la Reine qu’elle était à Lilianna. La venue d’un deuxième enfant, peut-être le prochain héritier - du moins ses parents devaient l’espérer -, devait de toute façon être saluée. Mais l’heure n’était pas à la déconcentration et elle devint rapidement muette comme une tombe, alors qu’elle visualisait encore et encore le chemin qui leur restait à parcourir. Elle devait reconnaître son génie - bien involontaire - d'avoir fait déplacer la salle de réception du premier étage au rez-de-chaussée pendant les rénovations de la bâtisse, sept ans plus tôt. Ce serait des escaliers en moins à gravir. Finalement, ils parvinrent sans encombre - mais avec de légères hésitations à foisons, preuve qu’elle n’était pas encore tout à fait à l’aise - dans la pièce spécialement préparée par Théodore. S’il avait suivit ses instructions, un fauteuil devait se trouver… la main légèrement tendue de Katalina glissa sur le bois poli d’un accoudoir et elle ne put retenir un léger soupir de soulagement.

« Si mon Roi veut bien s’assoir. » lui proposa-t-elle, rayonnante, alors qu’elle le mettait face à son siège. « Nous avons beaucoup à nous dire. »

Peut-être trop, en tout cas en ce qui la concernait, mais elle ne laissa rien paraître de ses incertitudes. Elle verrait bien la tournure de la discussion et agirait en conséquence. C’était étrange, elle n’espérait pas que les thèmes abordés ne se limitent qu’à la seule politique mais redoutait ce qui pouvait naître d’un dialogue plus intime.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMar 25 Mai 2010 - 22:12

- "Impossible de me cacher quoique ce soit, je suis aveugle et donc clairvoyant."

Drôle de pléonasme n'est-ce pas? Et pourtant, rien n'était plus vrai : avec sa cécité, Trystan avait développé une conscience accrue de son environnement et des gens, comme s'il lisait leur âme au lieu de pouvoir déchiffrer leurs expressions à jamais interdites pour lui désormais.

- "Non, elle ne les mérite pas, mais quoique je fasse, elles naissent de toutes façons, elle y est habituée."

Il esquissa un petit sourire en coin.

- "Mais je suis certain qu'elle appréciera que vous vous fassiez pardonner."

La balade se déroula sans encombres, même s'il sentait que le pas de Katalina était loin d'être assuré, mais quoi de plus normal? Cela lui faisait étrange de s'en remettre à quelqu'un qui souffrait du même handicap que lui... Ils étaient deux aveugles lâchés dans un environnement inconnu pour lui... Mais Katalina semblait avoir pris ses repères malgré tout et elle lui demanda de s'asseoir avec un sourire qu'il devinait triomphal au son de sa voix.

- "Avec plaisir."

Il tâtonna et s'assit, avant de reprendre :

- "C'est vraiment étrange de me dire que désormais, vous ne me voyez pas plus que je ne vous voie... C'est vraiment une pensée déconcertante... Me direz-vous ce qu'il s'est passé? On vous dit Nécromancienne, Sorcière, Gardienne... Je ne sais quelle est la vérité, même si j'ai une petite idée de l'hypothèse la plus plausible."

Il sourit de nouveau. Même si elle ne pouvait pas le voir. ils étaient de nouveau seuls et pouvaient discuter de ce qu'ils désiraient. Trystan lança discrètement un sort pour les englober dans une bulle de silence, si bien que rien de ce qui ne serait dit ne pourrait être entendu.

- "Nous avons effectivement beaucoup à nous dire, mais avant toute chose, je suis sincèrement heureux de vous savoir enceinte."
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMar 25 Mai 2010 - 23:36

Katalina ne prit pas la peine de relever les paroles du Roi quant à sa femme, reconnaissait au moins qu’elles n’étaient pas totalement fausses. Les rumeurs étaient en effet une gangrène qui refusait de lâcher la noblesse humaine, et elles pullulaient sans qu’il soit possible de les réguler ou même de les limiter. Mais ce n’était pas tant de donner raison à Trystan que de ne pas le perdre dans les dédales de sa demeure qui poussa la jeune femme à se murer dans un silence concentré. Elle se prenait à envier l’assurance qu’elle avait décelée chez lui ou chez Aerandir, se sentant incapable de marcher un jour sans craindre de rencontrer un obstacle imprévu, et c’était d’ailleurs la certitude qu’un obstacle s’était glissé jusque devant ses pieds qui l’avait faite hésiter voir même s’arrêter plusieurs fois. Elle avait l’impression que son imagination prenait un malin plaisir à remplacer sa vue, lui livrant tout un tas d’informations erronées qu’elle s’efforçait de trier du mieux qu’elle pouvait. Heureusement, elle pouvait compter sur l’aide et le dévouement de Théodore qui, en Intendant consciencieux, avait exécuté ses ordres à la lettre. Elle aurait volontiers laissé la maison à l’abandon si cela avait été le seul moyen d’avoir un siège aisément repérable dans sa salle de réception. Cela pouvait paraître idiot, mais l’idée de chercher quelque chose d’aussi simple qu’un fauteuil dans sa propre maison lui était insupportable, surtout si elle était en compagnie du Roi… Puisse-t-il être aveugle et le mieux à même de la comprendre, d’ailleurs.

Sa première remarque surprit Katalina, qui n’avait pas vu les choses sous cet angle. Elle ne s’était pas attendue, en effet, à ce que Trystan trouve étrange de parler à une aveugle, mais étrangement elle le comprenait. Le pire était peut-être que la scène n’était, au fond, vue par personne. Une pensée tout aussi étrange, mais si la noble eut envie de sourire, la suite fut prompte à l’en dissuader. Elle s’était imaginée bien des fois avouer à son Roi ce qui lui avait valu sa cécité, mais maintenant qu’elle devait prononcer à voix hautes des mots qui se bousculaient pour se faire entendre, elle trouvait la tâche presque insurmontable. Si elle avait fini par accepter d’être la Gardienne de Tyra, le dire à voix haute lui paraissait toujours incroyablement… présomptueux. Elle garda donc le silence, alors qu’il énumérait les possibilités. Nécromancienne, l’idée était étrange, et que certains puissent penser qu’elle pouvait jouer avec la mort lui donnait envie de les rencontrer pour leur faire passer l’envie de calomnier à son sujet. Sorcière était un terme tellement générique qu’il la faisait presque sourire, et ce même s’il n’était que rarement employé de façon méliorative. Gardienne, enfin… Elle préféra garder le silence, mal à l’aise, mais faillit lâcher un léger hoquet de surprise quand elle sentit… quelque chose.

L’espace de quelques secondes, elle sut sans aucun doute possible où se trouvait Trystan. Ce n’était pas comme si elle l’avait vu, non, elle supputait même que ses yeux auraient été moins précis. Ca n’avait duré qu’une seule seconde, qu’un instant même, et puis la sensation avait de nouveau changé, et ce n’était plus temps le jeune homme qu’elle ressentait qu’une sorte de toile qu’il étendait encore et encore. Elle déglutit légèrement, mal à l’aise, alors qu’elle tentait de deviner la raison du phénomène, si bien qu’elle n’entendit qu’à peine ses félicitations et son ton sincèrement réjouis. Le silence fut donc, une nouvelle fois, sa seule réponse.

« Qu’avez-vous… fait ? » finit-elle par demander, presque timidement.

Ce devait être la magie. Elle ne voyait aucune autre explication. Elle n’avait pas été confrontée aux arcanes depuis qu’elle était devenue une Gardienne, mais qu’elle la ressente différemment – qu'elle la ressente tout court, d’ailleurs - n'était pas étonnant, encore fallait-il y penser.

« Je suis désolée. » ajouta-t-elle subitement. « C’est juste que… C’est inédit. »

Elle reprenait déjà son calme, chassant la surprise et le malaise qui avait été la sienne. A la place, une étrange curiosité naissait, et elle ne pouvait que s’interroger. Jusqu’à quel point la magie était-elle repérable ? Persistante ? Des questions légitimes et même, d’une certaine façon, dérangeante. La façon dont les Hauts Prêtres l’avait dénichée devenait subitement évidente, et l’idée de pouvoir être retrouvée peu importe l’endroit où elle se réfugiait ne lui plaisait pas, loin de là. Elle en avait oublié les demandes d’éclaircissement de Trystan, mais venait de lui fournir quelques éléments de réponses. Au moins savait-il que la magie était impliquée, même s’il s’en doutait déjà.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeVen 28 Mai 2010 - 21:04

Il eut une expression de surprise quand Katalina lui demanda ce qu'il avait fait alors qu'il venait de lancer son sort. Il ne s'était pas attendu à ce qu'elle ressente le phénomène. Seuls les mages le sentaient et aux dernières nouvelles Katalina ne pratiquait pas les arcanes. Donc, elle avait désormais de la magie en elle et les rumeurs courant sur elle n'étaient donc pas dénuées de vérité. Il nota aussi qu'elle ne répondit pas à ses questions, un sale manie qu'elle avait là, mais qu'il acceptait sans s'agacer.

- "En tous les, vous n'avez pas changé, vous avez toujours l'art et la manière d'esquiver mes questions et de m'en poser de nouvelles pour me distraire. Mais cette fois, cela ne marchera pas ma chère."

Elle s'excusa de son "emportement", dû à la surprise. Trystan haussa un sourcil. N'empêche que cela lui était toujours étrange de se dire qu'elle ne pouvait plus interpréter ses expressions et ne pouvait se fier qu'à ses paroles pour savoir ce qu'il pensait. Sauf que ses paroles n'étaient pas toujours reflets de ses pensées.

- "Non, c'est moi qui suis désolé. J'ai tellement l'habitude d'avoir à faire à des gens dépourvus de magie que j'en oublie que certains ressentent les sortilèges et en son déconcertés... C'est juste que c'est la première fois que vous ressentez ma magie."

Et son ton était lourd de sous entendus quant à ce qui lui était arrivé pour qu'elle soit capable de cela désormais.

- "J'ai lancé un sort de silence pour que toute personne en dehors de nous deux, soit incapable d'entendre notre conversation. J'ai cru comprendre que vous ne souhaitiez pas que tout le monde sache ce qu'il vous est arrivé avant que vous n'en fassiez l'annonce vous-même. Je désirais vous aider à respecter cela en évitant les oreilles indiscrètes, même si vous devez me penser paranoïaque d'imaginer que vos gens soient à ce point curieux."

Katalina put sentir un sourire dans sa voix alors qu'il avouait sa paranoïa. Il était roi, il avait de nombreux ennemis et il savait comme personne à quel point les espions pouvaient être partout.

- "Mais revenons-en à notre sujet : vous. Vous avez découvert la magie, c'est désormais une certitude. Il semblerait qu'il vous arrive bien des choses ces temps-ci."

Après sa petite retraite chez les elfes où elle était revenue transformée (en bien et ayant gagné en beauté) et avec un Gardien comme compagnon, voilà qu'elle faisait de nouveau parler d'elle.

- "Je vais finir par prendre ombrage de voir les gens parler davantage de vous que de moi, pourquoi cette recherche incessante d'attention?"

Il laissa filtrer un petit rire pour montrer qu'il plaisantait, avant de reprendre, enfin sérieux :

- "Aurais-je une réponse à ma question?"
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeSam 29 Mai 2010 - 8:46

Katalina ne put s’empêcher de hausser un sourcil alors qu’il affirmait user ainsi de ses dons sans arrêt, sans se soucier de ceux qui ne pouvaient le percevoir. Ce n’était guère surprenant, au fond, elle connaissait assez bien Trystan désormais pour savoir qu’il n’hésiterait jamais à utiliser les cartes qu’il pouvait avoir en main. La question était de savoir quelles cartes exactement il était capable de sortir de sa manche, mais elle se retint de l’interroger plus sur ce sujet. Le Roi semblait être impatient d’en savoir plus sur les péripéties de son amie du Nord. Faisant quelques pas en arrière, elle écouta le jeune homme pendant qu’elle tâtonnait prudemment à la recherche de son propre siège. Comme pour le premier, Théodore avait suivi ses instructions, et elle put s’assoir à son tour, alors qu’il estimait ce qu’elle pouvait penser de lui alors qu’il doutait de l’honnêteté de ses gens. Elle n’esquissa pas un sourire, trop concentrée sur ce qu’elle allait lui dire, et lui répondit distraitement sans relever réellement l’humour.

« La frontière entre la prudence et la paranoïa est parfois floue. »

Que dire, que révéler, que cacher ? Elle n’arrivait pas à se décider. Elle oscillait entre être tout à fait honnête ou ne dire que le strict minimum. Mais elle ne savait pas si elle avait le droit d’expliquer en détail les raisons de son ascension, tout comme elle n’avait pas envie d’imaginer le regard réprobateur de Trystan alors qu’il imaginait qu’elle esquivait une nouvelle fois ses questions. Surtout qu’il avait de la suite dans les idées, se servant de ce petit intermède pour pousser un peu plus loin ses réflexions. Tant mieux, en un sens, plus il en découvrait seul, moins elle avait besoin de se confier. C’était encore un art qu’elle maitrisait mal, peu habituée qu’elle était à se reposer sur les gens. Il avait fallut à Aerandir plus d’une demi-année pour qu’elle ne s’ouvre vraiment à lui. Elle esquissa un léger sourire, plus crispé qu’amusé, alors qu’il plaisantait en la maudissait d’attirer plus l’attention que le Roi et en lui demandant quelles étaient ses motivations.

« Croyez bien, Sire, que si une telle chose était en mon pouvoir, je vous lèguerai toute l’attention que j’ai pu glaner ces derniers mois. »

Quoi que, elle ne souhaitait pas à Trystan de vivre ce qu’elle avait pu subir. Non, en réalité, la seule personne à qui elle pouvait souhaiter cela était morte, et personne ne devait la regretter. Nhilantar avait rejoint l’autre monde, que ce soit celui de Tyra ou celui de sa Teiweon, Katalina n’en avait aucune idée, tout ce qu’elle savait était qu’il y était par sa faute. Elle esquissa un léger sourire, sans réel joie, alors qu’elle se remémorait la façon dont il s’était effondré devant elle. Ainsi, même le cruel drow avait fini par flancher devant la mort. Mais l’heure n’était pas à la rétrospective, elle avait un Roi qui se languissait de ses confessions, lui demandant le plus sérieusement du monde s’il allait avoir une réponse à sa question.

« J’essaie, ce n’est pas forcément facile, vous savez ? » répliqua-t-elle sans animosité mais sans la complicité qui les avait liés depuis leurs retrouvailles. « Ce n’est pas quelque chose d’aisé à énoncer à haute voix. »

Elle ne l’avait jamais prononcé à haute voix, d’ailleurs. Mais elle n’avait pas le choix, elle savait très bien à quoi elle s’engageait en l’invitant. Trystan avait toutes les raisons d’être curieux, et elle en avait autant d’être honnête. Fermant les yeux, même si une telle chose était inutile, elle soupira discrètement. La phrase qui suivit fut prononcée clairement et distinctement, mais sans passion ni regret. Elle énonçait un constat, sans donner le moindre indice sur son propre sentiment.

« Je suis la nouvelle Gardienne de Tyra. »
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMar 1 Juin 2010 - 20:14

Il ne la voyait pas, mais il n'avait pas besoin de cela pour sentir que son trait d'humour ne trouva pas d'écho en elle et qu'elle avait répondit distraitement. Son esprit était ailleurs, sans doute sur les choses qu'elle pouvait révéler ou non, étant donné qu'il la pressait de questions. Il fit une nouvelle tentative en lui reprochant d'accaparer l'attention des gens, alors qu'il était quand même le roi. Faux reproche, évidemment, s'il pouvait se faire oublier de ce côté là, il n'en serait que plus heureux. Et apparemment, Katalina aussi.

- "Ce serait bien aimable, j'aime tellement être au centre de toutes les discussions, cela flatte mon ego démesuré de monarque absolu."

Seulement, Katalina tournait autour du pot et essayait de détourner l'attention de Trystan, ce qui ne fonctionna pas, bien entendu. Elle finit par lui faire remarquer que ce n'était pas facile et il resta muet, surpris de se faire ainsi rembarrer. Il n'en avait plus l'habitude, tout le monde prenait des pincettes avec lui désormais. Katalina se sentait assez familière pour ne pas s'embarrasser de gants avec le roi. C'était rafraîchissant, mais déroutant.

- "Si je savais lire dans les pensées, je vous épargnerai cette corvée."

Il avait perdu son amusement lui aussi. Oh il comprenait parfaitement Katalina. Lui-même n'avait jamais dit à personne que sa perte de vue correspondait à l'acquisition d'un don de troisième vue. C'est alors qu'elle lâcha être la Gardienne de Tyra... La Gardienne de la Déesse de la Mort, rien que ça. Trystan soupira.

- "Ben voilà, ce n'était pas si difficile."


Il reprit, avec amusement :

- "Je m'interroge, comment dois-je m'adresser à vous désormais? C'est que je n'ai pas l'habitude de côtoyer quelqu'un qui soit d'un rang supérieur au mien, voyez-vous?"

Il tapota sur son siège, ses pensées se perdant en conjectures. Les Gardiens, qui communiquaient avec les dieux, perdaient la vue. Lui-même avait perdu la vue... Était-ce donc que les dieux lui avaient offert ses dons?

- "Je vais vous confier un secret Katalina. Échange de bons procédés. Je n'ai pas perdu la vue par hasard... j'ai découvert de nouveaux dons... La faculté de voir le futur. De façon erratique, certes, mais j'ai vu la mort de mes nièces. Je savais déjà qu'elles étaient mortes avant qu'on ne ramène leurs têtes. J'ai vu l'incendie d'Ydril. J'ai vu la guerre civile. Mais trop tard à chaque fois. Et récemment, je suis devenu capable de parcourir des rêves des autres..."

Il haussa les épaules.

- "Donc, je ne peux pas dire que je sois horrifié ou surpris par votre annonce Katalina... Mais pourquoi vous? En avez-vous la moindre idée?"
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMer 2 Juin 2010 - 20:44

Elle ne se rappelait pas Trystan si curieux. Il fallait dire qu’elle avait rarement été dans une telle position, partagée entre l’envie de se confier et celle, presque plus impérieuse, de taire ce qui la dépassait. Ce n’était que quelques mots, mais ils sonnaient à son oreille suintant d’orgueil et de vanité. Si seulement elle parvenait à maitriser un tant soit peu ses nouveaux dons, les choses seraient plus simples, mais elle était encore en phase d’apprentissage. Seulement voilà, son Roi ne se satisfaisait pas d’esquives et de non-dits, aussi involontaires soient-ils. Elle finit par lui demander un peu de temps, de façon un peu familière peut-être, mais ce n’était qu’une façon de gagner du temps, la seule qu’il lui restait, et cela eu au moins le mérite de faire taire le jeune homme. Sans doute devrait-elle s’excuser, on ne parlait pas ainsi à son suzerain, mais aussi invraisemblable que cela puisse paraître, il était désormais plus un ami qu’un seigneur. Et il y avait fort à parier que si la tendance se confirmait, il allait regretter les temps bénis où Katalina savait rester à sa place. Mais l’heure était à l’aveu, et elle s’en voulait presque de trouver la tâche si ardue. Quand finalement elle parvint à se lancer, annonçant la nouvelle sans fioriture ni détail, ce fut comme si on la soulageait d’un poids sur les épaules. L’énoncer n’était pas aisé, avait-elle dit, mais le jeu en valait la chandelle. Rester en retrait n’empêchait pas Tyra de s’amuser de la situation, sans rien cacher à sa Gardienne.

Satisfaite ?

Elle ne savait pas exactement quels étaient les projets de la Déesse à son égard, et encore moins ce qu’ils impliqueraient. Pour ce qu’elle en savait, la visite des Hauts Prêtres pouvait très bien être de son fait. L’Ecorchée cherchait peut-être un moyen de pousser doucement mais surement son Instrument sur le devant de la scène, pour une raison connue d’elle-seule. Pour l’heure, elle se contentait de lui apprendre au fur et à mesure ce qu’elle avait besoin de savoir, et Katalina ne s’en plaignait pas. Chassant Tyra de ses préoccupations, elle reporta son attention sur Trystan, qui lui faisait remarquer que se confier n’était pas si difficile. Elle retint la remarque qui lui venait, se rendant compte qu’elle aurait sans doute été de trop. Elle aurait bien voulu l’y voir - au sens propre, c’était le cas de le dire - elle n’était pas certaine qu’il s’en serait tiré mieux qu’elle. Heureusement, il ne laissa pas planer le silence bien longtemps et détendit l’atmosphère en plaisantant sur leur différence de rang, et sa remarque arracha un sourire à mi-chemin entre l’amusement et le soulagement. Elle n’avait certes pas vu les choses sous cet angle, trop occupé à s’accommoder du reste pour se concentrer sur la réussite sociale - relative - que représentait son élévation.

« Vous m’appelez déjà par mon prénom. » fit-elle remarquer, malicieuse, sans ajouter qu’elle-même ne s’y était jamais autorisée. Elle ne se voyait pas appeler son Roi simplement « Trystan », même alors qu’elle était désormais Gardienne. « J’imagine que la prochaine étape est le tutoiement. » ajouta-t-elle, joueuse.

Elle ne s’attendait pas à ce qu’il la prenne au mot et la tutoie, il y avait des habitudes fermement ancrées qu’il était difficile de jeter aux orties, même par jeu. S’il le lui avait demandé, par défi, elle aurait sans doute joué le jeu, mais pas plus d’une phrase. Mais qu’il réagit ou non à sa petite pique, elle l’oublia bien vite quand il décida de se confier à son tour, invoquant l’échange de bons procédés. Sa révélation était d’importance, elle aussi, car il ne lui annonçait ni plus ni moins qu’il était un devin, homme capable de voir au travers des voiles opaques du futur. Se perdait-il dans les entrelacs du probables ou n’entrapercevait-il que l’inévitable ? Au vu de ses dires, ce devait être la deuxième solution, et aux yeux aveugles de Katalina, ses dons étaient plus des malédictions qu’autre chose. Savoir sans rien pouvoir changer devait être un fardeau oppressant. Dans tous les cas, c’était un cadeau qu’il venait de lui faire, d’une certaine façon. La preuve qu’il lui faisait confiance, assez pour lui confier un secret qui portait bien son nom. Il ne lui laissa pas le temps de réagir, et elle ne voyait de toute façon pas réellement quoi dire, peu habituée à ce genre de conversation, reprenant le masque du curieux et lui demandant si elle savait pourquoi c’était sur ses épaules que s’était déposé le manteau de Tyra. Une question qu’elle redoutait, en réalité, la blessure n’était pas totalement renfermée. Elle se tut un instant, préférant le silence aux vaines tentatives de fuite, puis poussa un léger soupire.

« Il y avait un prix à payer, il y a toujours un prix à payer. » commença-t-elle, marquant une pause avant de reprendre plus sereinement. « Parfois, le choix n’est tout simplement pas offert. »

Elle aurait aimé en dire plus, mais ne voyait pas quoi rajouter. Trystan devrait se contenter de cette explication qui, elle s’en rendait bien compte, n’en était pas une.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeLun 7 Juin 2010 - 20:28

- "Le tutoiement? Ne me mettez pas au défi Katalina... Quoique tutoyer une Gardienne, est-ce vraiment convenable?"

Non sûrement pas. Jamais il ne lui serait venu à l'esprit de tutoyer Aerandir. Mais le demi elfe était quelqu'un d'insaisissable et d'étrange, impressionnant. Le roi n'était pas à l'aise avec lui. En revanche, il avait connu Katalina simple négociante. Une femme de poigne, une veuve libre... Qui avait vécu bien des drames, biens des tourments et qui avait profondément changé sans pour autant perdre l'essence même de son être. Enlevée par les drows, séquestrée, battue, violée, humiliée... Elle avait eu besoin de temps auprès du peuple éternel. Et là, elle avait fait deux rencontres qui allaient changer sa vie. Aerandir, qui lui apportait l'amour et une autre rencontre qui changea son physique.

Et maintenant, Tari s'intéressait à elle et faisait de la jeune femme sa Gardienne, la rendant aveugle par là même, mais aussi divine et intouchable. Maintenant, Trystan et Katalina était sur un semblant de pied d'égalité. Lui était roi des hommes, elle voix d'une déesse...

Et c'était parce qu'il sentait la réserve de son amie, parce qu'il ne savait que trop la solitude qui résultait de ce genre d'épreuve, les incertitudes, qu'il décida de lui confier sa propre histoire, son propre secret. Celui de Katalina était lourd à porter et Trystan lui demandait de le lui confier. Aussi jugea-t-il plus juste de prouver sa confiance en elle. Il ne put qu'acquiescer à ses paroles qui n'étaient pas une réponse.

- "C'est vrai, il faut s'accommoder des choses au lieu de les rejeter au risque de devenir fou."

Et il parlait en connaissance de cause.

- "J'ai longtemps pesté contre les dieux, le destin ou je ne sais quoi... Et puis j'ai appris à faire avec et à apprendre au lieu de pester... Lilianna a été d'un grand soutien... de même que ma sœur, je ne le nierais pas. J'ai affronté cela seul au début... Vous avez la chance d'avoir Aerandir... et moi si vous acceptez mon aide."
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMer 9 Juin 2010 - 17:25

Fou. Avait-il faillit le devenir ? Après tout, c’était tout à fait possible. Il était devenu aveugle, du jour au lendemain, quelqu’un ou quelque chose avait posé un voile sur ses yeux sans lui donner la possibilité de le retirer. Il était même plus à plaindre qu’elle, d’une certaine façon, car elle avait su ce qui lui était arrivé. Elle avait compris pourquoi on lui volait cette chose simple et merveilleuse qu’était la possibilité de voir ce qui l’entourait. Elle avait su le prix et le gain, sans l’ombre d’un doute possible. Trystan, lui, n’avait eu rien d’autre que les ténèbres et aujourd’hui encore il se posait des questions. Sur l’instant, Katalina aurait réellement voulu pouvoir lui répondre. A la place, elle ne pouvait que garder le silence, prisonnière d’une partie de ses secrets. Alors qu’il aurait été si simple de tout lui raconter, elle préférait le silence et les non-dits. Le Roi des Hommes était-il déçu de ce qu’il pouvait interpréter comme un manque de confiance ? Si c’était le cas, il ne le montrait pas, comprenant sans doute les réticences de son interlocutrice.

« Il est difficile de rejeter la Voix d’un Dieu de toute façon, vous savez ? » demanda-t-elle, un sourire dans la voix.

Une plaisanterie destinée à réchauffer un peu l’atmosphère solennelle qui s’installait malgré eux, elle aurait pu paraître extrêmement arrogante sur un autre ton mais pas avec celui qu’avait utilisé Katalina, du moins ne l’espérait-elle pas. Il était inutile, comme le disait Trystan, de rejeter ce qu’elle était devenue. Elle pencha légèrement la tête quand le jeune monarque lui avoua avoir maudit les Dieux avant de se faire une raison, et elle hésita un instant, se demandant soudainement pourquoi il lui disait tout cela. Etait-ce pour lui prouver qu’il lui faisait confiance, et qu’il ne demandait pas sans donner lui aussi, ou était-ce parce qu’il espérait obtenir des réponses ? Espérait-il utiliser ce lien qu’il découvrait à peine pour en finir avec les mystères qui entouraient la perte de sa vue ? Pensait-il que Tyra possédait les réponses, et que Katalina les lui livrerait ? Elle connaissait Trystan, peut-être pas aussi bien qu’elle l’aurait souhaité, mais assez en tout cas pour savoir qu’il était capable de beaucoup pour parvenir à ses fins. Mais de là à lui proposer son aide de manière intéressée… Elle ferma les yeux un instant, puis décida de refouler ses doutes.

« Je ne suis pas en position de refuser. » répondit-elle finalement, avec un léger temps de retard. « On ne dédaigne pas l’aide d’un Roi, après tout. »

Elle marqua une pause, le temps de remettre de l’ordre dans ses pensées. Elle n’avait aucune idée de comment Trystan pourrait l’aider, mais s’il le pouvait, elle n’était pas contre. Malheureusement, il n’était pas un religieux, et elle doutait que la magie d’un prêtre et celle du Maître de la Péninsule fonctionne de la même façon. Tout dépendait de ce qu’il avait derrière la tête. Katalina, elle, se répétait sans cesse la question qu’il lui avait posée. Elle déglutit, puis se jeta à l’eau.

« Aerandir… » commença-t-elle, avant de se reprendre. « Nous ne voulions pas que notre enfant grandisse pour me voir vieillir et mourir trop vite. Il a… demandé à Arcam… C’était une erreur, mais au moins, leur souffrance viendra plus tard. »

Elle n’accuserait pas Aerandir, elle l’avait déjà fait une fois et cela n’avait mené nulle part. Mais elle avait besoin que quelqu’un sache, au moins une partie de la vérité. Elle ne savait pas comment allait réagir Trystan, et regrettait presque d’avoir parlé. Il pouvait très bien juger la punition à la hauteur de l’arrogance qui avait été la sienne, ou comprendre et acquiescer.

« Mais assez parlé de moi. Vous connaissez sans doute Gaucelm d’Odelian, n’est-ce pas ? »
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeJeu 10 Juin 2010 - 22:19

- "Je ne sais pas non, je n'ai pas eu cet honneur."

Quelle conversation surréaliste... Quelle situation surréaliste... Ils parlaient de pouvoirs qui les dépassaient tous deux mais dont ils étaient pourtant les détenteurs. Ils n'avaient rien demandé à personne et s'étaient retrouvés du jour au lendemain pourvus de pouvoirs dont ils n'auraient jamais osé rêver et qu'ils ne maîtrisaient pas encore tout à fait. Cela faisait deux ans passé que Trystan avait perdu la vue et avait découvert qu'il voyait l'avenir et quelques mois qu'il parcourait les rêves et il ne maîtrisait ni l'un ni l'autre de ces dons. Et pour Katalina? Être gardienne lui donnait-il un don inné ou bien devait-elle également apprendre? Et elle, elle n'avait jamais touché à la magie, contrairement au roi, c'était encore pire. Mais on disait que les Gardiens étaient guidés par la voix des dieux... La déesse de la mort parlait-elle à Katalina?

- "Entendez-vous vraiment Sa voix?"

Question naïve, sûrement, mais c'était tellement inconcevable de se dire qu'il discutait avec une femme capable de converser avec une déesse... C'était sans doute quelque chose de personnel, ou de la curiosité mal placée, mais cette question lui avait échappé.

Il lui proposa alors son aide dans cette douloureuse épreuve et sourit à la réponse de Katalina, reprenant gravement :

- "Ce n'est pas la demande d'un roi."

C'était celle d'un ami, de quelqu'un qui l'appréciait, tenait à elle et comprenait mieux que personne ce qu'elle pouvait traverser. Si cela pouvait l'aider, alors il serait là. Il fut interloqué d'entendre Katalina lui confier que son Gardien de compagnon avait prié Arcam pour trouver une solution à la mortalité de Katalina et qu'apparemment, les dieux avaient répondu, d'une façon à laquelle ils ne s'attendaient pas... Le Gardien d'Arcamenel était vraiment quelqu'un d'égoïste et étrange, mais Trystan pouvait comprendre ses motivations et n'arrivait pas à lui en tenir rigueur.

- "Être Gardienne allonge-t-il beaucoup votre espérance de vie?"

Une question pour répondre à sa confidence. Il ne lui fit pas part de son sentiment à ce sujet, trop habitué à se montrer prudent dans ses réactions, à les masquer. On était politicien ou on ne l'était pas. Il fronça les sourcils à l'étrange changement de conversation de Katalina, ne suivant pas le déroulement de ses pensées.

- "Euh oui, évidemment. Qui ne le connait pas? Pourquoi cette question?"
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeVen 11 Juin 2010 - 22:15

Quand Trystan lui demanda si Katalina entendait réellement la voix de la Déesse, elle ne sut que répondre. Son premier reflexe fut de hocher humblement la tête, mais elle se rendit elle-même compte de la stupidité de son geste et se sentit rougir, ce qu’elle détestait par-dessus tout. Elle remercia instinctivement elle ne savait quelle puissance de l’avoir rendu aveugle avant de se fustiger pour une telle pensée. Au final, elle laissa échapper un léger rire confus qui mit fin au silence - un peu trop long pour être innocent - qui s’était installé. Secouant la tête, elle se massa les tempes sans s’empêcher de sourire un peu nerveusement. Décidément, parler de sa condition de Gardienne n’était pas la meilleure idée qui soit pour la mettre à l’aise.

« Néera ait pitié de moi. » murmura-t-elle en guise d’excuse. Etonnamment, elle n’invoquait plus jamais Tyra oralement. « Je suis désolée. » ajouta-t-elle, avant de se rendre compte qu’elle n’avait toujours pas répondu à la question qu’il lui avait posée. Elle reposa précipitamment ses bras sur les accoudoirs. « Et la réponse est oui. »

Peut-être pour l’apaiser ou pour changer tout simplement de sujet, il lui avoua avoir longtemps maudit les Dieux pour sa cécité soudaine, sans savoir s’ils étaient vraiment coupables, avant de parvenir à surmonter cette épreuve. Il conclut en lui proposant son aide, ce à quoi elle répondit avec légèreté qu’elle n’avait aucun intérêt à refuser l’aide d’un Roi. Il répliqua alors qu’il ne s’agissait nullement de la proposition du monarque, avec gravité. Surprise, Katalina finit par hocher doucement la tête et elle compléta sur un ton similaire.

« C’est celle d’un ami. » Elle marqua une pause, avant de reprendre d’une voix plus douce que grave. « Et elle me réchauffe le cœur. »

Elle ne mentait pas, le fait qu’on lui propose son aide sans rien demander en échange était une nouveauté pour elle, si on excluait le vieux Théodore. En réalité, l’Intendant avait été au cours des années ce qui ressemblait le plus à un ami, et c’était en quelque sorte bien pathétique. Lui-même ne se considérait pas ainsi, au mieux s’assimilait-il à un oncle, ce qu’il était peut-être, quelque part. Aussi, et paradoxalement, elle se sentait redevable. C’était sans doute cela qui la poussa à lui avouer les réelles raisons de son élévation, sans entrer dans les détails des responsabilités de chacun. Elle ne pouvait pas se désolidariser d’Aerandir à la première erreur, aussi importantes soient les conséquences. Il avait assez fait pour mériter une seconde chance, une troisième et bien d’autre encore. Apparemment, Trystan ne s’attendait pas à une telle révélation, même s’il n’en laissa rien paraître. Sa question en témoignait, aux yeux aveugles de la Gardienne qui y lisait peut-être de la surprise uniquement parce qu’elle s’attendait à ce genre de réaction.

« Ce n’est pas le fait d’être devenue Gardienne qui a exhaussé notre souhait. » expliqua-t-elle, continuant à utiliser la première personne du pluriel. « C’est plutôt le prix à payer que j’ai évoqué tout à l’heure. »

Cependant, malgré toute la bonne volonté qu’elle pouvait y mettre, elle était arrivée à la fin de ses confessions. Elle s’en rendait bien compte, elle ne dirait rien de plus au Roi des Hommes, aussi décida-t-elle de changer - un brin cavalièrement – de sujet, en venant à la principale raison qui l’avait poussée à le faire venir : les Seigneurs du Nord. Ou plutôt, en réalité, un Seigneur du Nord. Trystan le savait sans doute, elle l’avait reçu dans sa demeure, mais ce qui était certain était qu’il ignorait la teneur des propos échangés. Tous l’ignoraient, sinon Théodore, Fulbert et, bien entendu, Gaucelm et Katalina eux-mêmes.

« Je n’avais jamais eu l’honneur de le rencontrer jusqu’alors. » commença-t-elle, et elle n’avait pas usé d’ironie en parlant d’honneur. « Mais c’est désormais chose faite, et nous avons profité de cette rencontre pour négocier les termes d’un partenariat entre son comté et mes comptoirs. » Ayant réussi à orienter la conversation dans un terrain qu’elle maitrisait mieux, elle était parvenue à reprendre son emprise sur elle-même. « Cependant, ce ne sont pas les débats en eux-mêmes qui sont intéressant mais la petite discussion que nous avons eu avant d’en venir au fait. »

Elle se remémora la conversation qui avait été la leur. Entamée par Gaucelm, il avait fini par battre en retraite devant l’insistance de son interlocutrice à le voir dévoiler ses ambitions. En un sens, elle s’était juste prouvé qu’elles existaient bien, mais c’était fort peu. Elle n’avait rien à offrir à Trystan sinon des soupçons et des suppositions. Le pauvre monarque ne pourrait rien faire d’autre que les garder à l’esprit, mais c’était l’occasion rêvée pour le convaincre de laisser le trône de Serramire à un homme du Nord.

« Il a sous-entendu à plusieurs reprises que ce qui est devenu un Marquisat… » et malgré elle, il y avait un soupçon de reproche dans la façon dont elle prononça ce qui, à ses yeux, était une déchéance. « … me revenait de droit. Je n’ai pas réussi à deviner ce qu’il pouvait espérer obtenir en agissant ainsi. Peut-être espérait-il me voir faire connaître mes prétentions afin d’unir les Seigneurs de Serramire autour de lui, après tout je ne suis pas en odeur de sainteté auprès d’eux. Peut-être nourrit-il l’ambition de supplanter Serramire et d’imposer son hégémonie sur les Marches du Nord, il a avoué trouver très plaisantes l’idée du Marquisat d’Odélian, mais sur le ton de la plaisanterie. C’est un homme prudent. »
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeJeu 17 Juin 2010 - 12:44

La question était osée et il aurait compris qu'elle ne réponde pas, cela était peut-être un secret divin, de la poudre aux yeux aux fidèles, ou une vérité trop terrifiante pour être acceptée... Une déesse parlait à Katalina... La déesse de la mort parlait à la jeune femme. Dérangeant, non? Mais ce fut un petit rire qui rompit le silence avant que Katalina ne se décide à répondre. il l'entendit invoquer Néera et eut une expression de surprise qu'elle ne vit pas. Puis elle s'excuse, sans doute d ele faire attendre, avant de répondre simplement que oui. Trystan souffla, avant de reprendre d'un ton tranquille qui dissimulait son léger malaise :

- "Et bien... Par Néera, j'attendais la réponse et m'en doutais mais l'entendre fait un drôle d'effet..."

Il n'osa pas demander comment cela se passait, si la Déesse parlait dans son esprit, si c'était un dialogue réciproque, ce qu'elle percevait du caractère de la Déesse ou si elle était neutre... Mais c'était délicat et il sentait la répugnance de la jeune femme à en parler. Alors il se livra, pour la détendre, pour les mettre sur un pied d'égalité, pour instaurer de la confiance entre eux, alors qu'elle traversait une période difficile.

Il proposa son aide alors et elle rétorqua qu'elle ne pouvait rien refuser au roi, ce à quoi il objecta que ce n'était pas l'aide d'un roi qu'il proposait et elle acheva elle-même que c'était celle d'un ami.

- "Vous m'en voyez ravi, si cela vous apporte quelque réconfort."

Et elle confia alors le vœu qu'avait fait Aerandir et Trystan ne se permit aucun jugement, juste une question. Si elle lui confiait cela, ce n'était surement pas pour l'entendre juger le sang mêlé.

- "Certes, mais devenir Gardienne vous apportera peut-être une longévité qui permettra d'exaucer ce souhait. Je vous le souhaite, sincèrement."

Il ne concevait pas lui-même que Lilianna puisse mourir avant lui, trop longtemps avant lui et le laisser seul. Il avait réalisé cela en manquant la perdre lors de la naissance de leur fille.

Le chapitre était clos.

Et Katalina le lui fit comprendre en changeant de sujet en parlant du Comte Gaucelm. Changement de sujet un peu surprenant qui prit le roi au dépourvu, cela s'entendit dans sa voix hésitante. Elle commença en disant qu'elle ne l'avait jamais rencontré, qu'ils avaient discuté affaires... Mais ce n'était surement pas ça qu'elle voulait lui confier.

- "Une discussion?"

Intéressé, le roi avait reprit sa voix grave et dénuée d'émotions, redevenant le roi et effaçant doucement Trystan, celui qui avait proposé son aide à Katalina. Il remarqua le reproche dans la voix de la jeune femme quant à la rétrogradation des terres de Duché à Marquisat, mais ne releva pas de suite. Il apprit alors que le Comte s'était entretenu avec Katalina, cherchant à la voir prendre la tête du Marquisat, avant de plaisanter sur le Marquisat d'Odélian. Prudent, le roi répondit :

- "Premièrement, le duché a été puni des actions de son duc, voilà pourquoi j'en ai fais un Marquisat. Et mes décisions ne sont pas contestables."

Sa voix était ferme et sans appel, montrant le monarque inflexible qu'il pouvait être.

- "Merci de me rapporter cet entretien. Le Comte est un homme rusé et ambitieux, je le sais. Mais aussi un homme avisé et qui gère parfaitement ses terres. Et un allié puissant. Cela dit, j'attends de trouver l'homme qui saura reprendre le Marquisat et qui sera accepté des seigneurs... un homme du Nord... Auriez-vous quelque idée à ma suggérer?"
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeSam 19 Juin 2010 - 12:24

Katalina n’avait jamais imaginé qu’on puisse être apprentie Gardienne. Force était de constater qu’elle s’était trompée. Il lui restait encore bien des choses à apprendre, à comprendre, à maitriser… C’était sans doute pour cela que les Dieux choisissaient bien souvent des membres de leur clergé, déjà au fait de la plupart des usages.

« Douterais-tu de mon choix ? »

Et Trystan s’interrogeait sur la réalité de son dialogue avec la Déesse. Elle aurait presque pu lui apprendre qu’en cet instant précis, Tyra venait de lui parler, mais ça n’aurait servi à rien sinon à les mettre mal à l’aise tous les deux. A la place, elle se concentra sur la question. Piège, bien entendu, elle ne pouvait pas réellement répondre par la négative. Même si ses « rapports » avec Tyra s’étaient « détendus » - il était toujours aussi étrange de raisonner ainsi - elle ne se voyait pas la contredire sincèrement.

Je ne le comprends pas encore vraiment, j’imagine.

Et le dialogue cessa, comme bien souvent quand Katalina n’était pas seule. Elle n’allait pas s’en plaindre, il n’était pas évident de gérer deux conversations à la foi, et quand l’une était mentale et l’autre orale, c’était encore pire. Il était cependant temps de passer à autre chose, la noble n’étant toujours pas totalement à l’aise avec son élévation, elle préféra orienter la discussion vers la véritable raison de la venue de Trystan, qui se trouvait par un heureux hasard être son domaine de prédilection après l’économie : la politique. S’il avait su qu’il était au centre des attentions, sans doute Gaucelm en aurait-il était ravi, après tout il connaissait sans doute la relation d’amitié qui unissait le Roi et la femme qu’il avait approché. Peut-être tout cela faisait-il parti d’un plan, peut-être ourdissait-il l’accomplissement de son ambition. Katalina n’aimait pas ne pas savoir, mais l’homme avait été prudent et elle n’avait rien pu deviner de ses réelles intentions.

Elle lui conta la rencontre, concisément et en omettant d’évoquer le présent qui avait été le sien. Le diadème reposait à Serramire, dans sa chambre, sous une tonne d’autres bijoux du même type. Un magnifique cadeau, mais elle connaissait assez Aerandir pour savoir qu’il était le cadeau de trop. Elle n’imaginait même pas sa réaction si elle s’en parait en sa présence, aussi valait-il mieux qu’il reste où il se cachait. Il n’avait été porté qu’une fois, et c’était sans doute un bel hommage, d’une certaine façon.

« Aurais-je donné l’impression de vous contester, votre Majesté ? » demanda-t-elle sans frémir devant l’inflexibilité de son souverain, adoptant pour l’occasion l’attitude respectueuse d’une vassale auprès de son suzerain.

Parfois, le respect pouvait être utilisé de façon originale. Attachée à sa terre natale, Katalina ne verrait jamais d’un bon œil la décision de son Roi mais ne se serait jamais permise de le contester. Cependant, alors que celui-ci abandonnait le manteau d’ami pour reprendre celui, plus lourd, du Souverain juste à cause d’une pointe de reproche mal étouffée, elle se contentait de suivre le mouvement.

« C’est une question difficile. Il y a plusieurs grands Seigneurs qui seraient susceptibles de convenir, après tout ceux qui possèdent encore leurs terres sont ceux qui vous ont soutenu après votre décision de déchoir Merwyn. Malheureusement, aucun ne fait l’unanimité pour le moment, et même s’ils se plieraient à votre décision, mieux vaut encore qu’ils choisissent eux-mêmes leur Marquis. Ils n’ont plus besoin de prouver leur loyauté, et ce serait une récompense méritée. » Elle marqua une pause, poussant un soupir. « Si vous leur demandez, ils s’attèleront sans doute à la tâche avec d’autant plus d’ardeur qu’ils se sauront entendus à la fin. »
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMer 30 Juin 2010 - 20:00

- "Non, pas ouvertement, mais j'ai perçu la désapprobation dans votre voix. J'imagine que d'assister à la déchéance de votre terre natale ne vous plait pas, mais c'est ainsi."

Si sa voix était inflexible, elle se détendit sensiblement, alors qu'il reprenait, un brin malicieux :

- "Si vous aviez épousé Merwyn, vous lui auriez mis du plomb dans la tête et Serramire n'en serait pas là."

Cela dit, il ne lui souhaitait pas de finir sa vie avec cet imbécile... Cela avait été une bonne chose qu'elle se sépare de lui et suive sa propre voie. Elle aurait été obligée de le tuer pour hériter et être tranquille.

- "Nous nous en serions ensuite débarrassés et Serramire aurait été à vous. J'aurais alors eu une alliée de confiance en ces terres."

Malheureusement, ce n'était pas le cas et il ne savait à qui donner Serramire. Marcus était un homme de confiance, mais pas l'héritier légitime. Le vieil homme était chargé de redresser la barre et de donner le tout à son successeur quand il serait trouvé. Hors, Trystan n'avait aucune idée de qui nommer, aussi demanda-t-il son avis à Katalina, qui ne lui fut pas d'une plus grande aide. Finalement, la faire épouser Merwyn et le tuer ensuite était vraiment un plan parfait et séduisant, mais qui n'avait pu être mené à bien. Dommage. Elle lui conseilla de laisser le peuple décider, ce qui amena une expression interloqué sur le visage du monarque, qu'elle ne put bien entendu pas constater.

- "Laisser les gens de Serramire choisir?"

Dans sa bouche, cette idée semblait presque farfelue. Il y avait trop d'aléatoire, trop de choses sur lesquelles il n'aurait pas de contrôle et la jeune femme devait avoir compris qu'il exécrait cela.

- "Mais... Il y a des risques que les nobles qui apprendront cela fassent pression pour acquérir le titre convoité..."
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeJeu 1 Juil 2010 - 17:25

Epouser Merwyn. Cette plaisanterie n’arracha aucun sourire à Katalina, qui garda le silence. Elle avait fait son deuil et tourné la page depuis bien longtemps, désormais, mais la vision offerte par Arcam restait encore vivace dans ses souvenirs. Voir l’ancien Duc de Serramire charmer une simple messagère avait été comme un gant qu’on lui avait jeté en pleine face, avec force et violence. Elle s’était sentie trahie. Dès lors, plaisanter sur un éventuel mariage n’était pas de son ressort, et elle laissa seul son suzerain s’amuser à imaginer ce qui aurait pu en ressortir. Elle poussa néanmoins un soupir quand, encore une fois, quelqu’un lui rappelait qu’elle aurait pu devenir Marquise. Par les Cinq, son rêve d’enfant, inculqué sur son père et jamais réellement avoué, était passé à deux doigts de la réalisation.

« Ce n’est pas parce que je ne peux plus m’assoir sur le trône de Serramire que je ne peux plus vous servir, Sire, trouva-t-elle judicieux de rappeler. L’influence de mes comptoirs est réelle, et les dettes de ces terres tout autant. Vous devez le savoir, n’est-ce pas ? »

Ne pouvant nommer son amie et alliée, il lui demanda ce qu’elle pouvait penser de la succession. Sans enthousiasme - son soupir en témoignait - elle lui proposa de laisser les Seigneurs féodaux trouver eux-mêmes leurs successeurs, mais le Roi ne se laissa pas convaincre et fit très justement remarquer qu’ils risquaient de voir une guerre d’influence - au mieux - secouer le marquisat affaibli. Et il fallait avouer qu’il touchait du doigt le nœud du problème, avec l’intuition qu’on lui connaissait si bien. Katalina le savait, bien sûr, un noble était par définition attiré par tout ce qui pouvait améliorer sa situation. Elle en était, après tout, l’exemple parfait, quoi que les derniers changements n’étaient pas de son voulu.

« Le nom des Séraphins est honni, déclara-t-elle sombrement. Merwyn a jeté l’opprobre sur sa lignée, et je ne suis pas certaine qu’un membre de sa famille soit bien accueilli par la noblesse Serramiroise. C’est regrettable, car cela nous prive d’une succession sans heurt. Dans un cas comme dans l’autre, les heures sombres du… Marquisat ne sont pas terminées. Les Seigneurs Féodaux ne vous ont pas attendus pour se départir du lot. Ils espèrent tous attirer votre attention. Laissez les choisir, et ils se livreront à une Guerre de Cour, le spectre de la guerre civile et le sort de ceux qui troublèrent votre paix les empêcheront de tirer les armes. Nommez l’un d’eux, et il devra se livrer au même genre d’exercice, mais pour gagner leur soutien. »

Fermant les yeux, elle tenta de réfléchir. Il y avait surement un moyen de mettre tout le monde d’accord, mais elle ne voyait pas lequel. Ou plutôt, elle ne voulait pas le voir, car il était synonyme de déchéance, encore.

« Nous sommes dans le Nord, Sire, rappela-t-elle. Quoi qu’il arrive, le prochain Marquis devra se faire accepter, et votre seule parole ne suffira pas. Ils ne la contesteront pas, mais ils feront leur possible pour limiter le pouvoir de celui que vous aurez choisi. »

Il était clairement audible qu’elle enrageait de cette situation. Si seulement elle avait pu y faire quelque chose, mais elle savait que la nouvelle de son statut ne tarderait pas à se faire connaître. Une semaine, un mois, quelques années, cela ne changeait rien. A long terme, elle ne pouvait pas être Marquise. Avoir nommé un régent était une solution temporaire, mais elle montrerait rapidement ses limites.

Il devait exister un moyen. Un autre moyen.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMar 6 Juil 2010 - 16:46

- "Je le sais et mon intention n'était pas de vous laisser penser que vous ne pouviez me servir autrement. C'est juste un regret de ne pas avoir une alliée et une amie à la tête de ces terres. Mais je suppose que ne pas épouser cet imbécile a été la meilleure décision de votre vie... Sa réputation n'était pas irréprochable concernant les femmes et vous méritiez bien mieux."

Même si le choix du Gardien d'Arcam restait quelque peu étrange pour le jeune roi, il ne se permettrait pas de le discuter. Force était de constater que la jeune noble avait trouvé son équilibre avec le demi elfe mystérieux, qu'elle portait aujourd'hui leur enfant et qu'elle semblait heureuse, du moins autant qu'on peut l'être alors qu'on vient d'apprendre qu'on est devenu le centre d'attention de tous par les caprices d'une déesse. Mais elle prenait cela assez bien.

Il changea de sujet, Merwyn semblant être un point noir dans l'esprit de la jeune femme. S'il ne pouvait la voir, il ressentait très bien son mutisme à cet égard. Ce qu'il pouvait très bien comprendre. Néanmoins, il n'avait pas réellement plaisanté en parlant de donner le siège de duchesse à Katalina en assassinant Merwyn... Cette idée lui avait traversé l'esprit plus d'une fois. Il lui demanda donc son avis sur la succession et ne fut guère enjoué à la proposition de laisser le peuple de Serramire choisir. Tyrannique? Non, simplement lucide : ce serait l'anarchie. Il hocha la tête quand elle déclara que laisser quelqu'un de la famille monter sur le trône serait une erreur. En effet, ce n'était pas concevable. Il soupira à la suite de ses paroles.

- "C'est choisir entre la Peste de le Choléra..."

Soit il laissait faire et les seigneurs se livreraient une guerre à coups de pots de vin et soudoiements, soit il imposait quelqu'un et il devrait faire ses preuves par les mêmes tactiques. Trystan se massa les tempes. Parfois, il regrettait le temps où ce n'était pas à lui de prendre les décisions.

- "Il n'y a donc nul homme qui puisse faire l'unanimité? Personne qui soit reconnu pour ses valeurs, sa sagesse?"


N'y avait-il donc nul homme d'exception dans le Nord? C'était rageant.

- "J'ai l'impression d'être dans une impasse..."

Et de fait, il l'était. Oh, il y avait bien d'autres moyens... Basculer le pouvoir, le scinder... Odelian était désormais aussi puissante que Serramire, voire davantage... Et Gaucelm ferait un bon duc, mais ce serait chambouler davantage l'ordre établi... Transformer ce qui avait toujours été...

- "Il y aurait bien une solution. Mais elle ne me plait guère et elle ne vous plaira pas davantage... Odelian a pris beaucoup d'importance ces derniers temps..."

Il se tut et attendit. Katalina était intelligente, elle devait suivre le cours de ses pensées.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeVen 9 Juil 2010 - 14:57

Merci à Anseric pour l'idée de base... très largement réutilisée (rendons à César ce qui est à Arétrian, après tout \o/)


« Une solution ? répéta-t-elle. J'en doute fortement, Sire. »

Trystan ne pouvait tout de même pas envisager de donner Serramire à Odelian ? Indépendamment de tout ce qu’elle pouvait penser de Gaucelm - un jugement qui était loin d’être négatif, en réalité - elle ne pouvait souffrir l’idée d’une telle déchéance. Que sa terre natale, jadis souveraine, se retrouve vassale était une pensée qui la faisait frémir. Ah, si seulement elle avait pu trouver Merwyn, elle se serait fait une joie de lui faire payer pour ses actes. Elle ne savait pas exactement ce qu’avait en tête son Roi. Voulait-il faire hériter le Gras de Serramire et en faire par la même occasion Marquis, ou bien voulait-il lui donner la primauté au Nord, et fonder le Marquisat d’Odelian ? Peu importait, au final, il devait y avoir une autre solution. Il lui suffisait de la trouver.

« Le Comte d’Odelian a déjà été récompensé pour son soutien lors de la Guerre Civile. Lui permettre de s’accaparer la vassalité d’Etherna était une bonne chose, vous avez récompensé un allié et châtié un ennemi. Mais… »

Mais placer Gaucelm à la tête du Nord était sans doute la meilleure chose à faire pour récupérer des Marches puissantes. En somme, rien qui ne la gênait, à priori, car aussi loyale soit-elle à Trystan, rien ne l’hérissait plus qu’une Serramire totalement soumise à l’autorité royale. L’important était de trouver un juste milieu : il y avait une nette différence entre loyauté et soumission. En d’autres circonstances, elle aurait sans doute approuvé l’idée à peine exprimée de son Roi. Mais là, c’était mettre un terme définitif à la gloire de Serramire, et cela, elle ne pouvait l’imaginer.

« Léguer Serramire à Odelian serait confier trop de pouvoirs à un seul homme, la disparition du baron d’Etherna lui donnerait des terres qui pourraient bien rivaliser avec les vôtres si vous n’y preniez pas garde. De même, inverser les rapports entre Serramire et Odelian ne changerait en rien les problèmes de ces terres : vous n’aurez toujours aucun homme à qui en confier les rennes. Et ce serez une belle récompense pour ces hommes qui mirent leurs fiefs en périls pour vous soutenir que de les soumettre à l’autorité Odelianne. En préférant votre bannière à celle de Merwyn, ils ont prouvé que Serramire méritait un nouveau départ… »

Mais lequel, là était toute la question. Elle avait bien une idée, qui avait le mérite de sauvegarder sa terre en même temps que son nom, mais encore fallait-il qu’elle plaise à Trystan. Vu qu’il avait, quelques instants plus tôt, évoqué les regrets qu’il avait de ne pouvoir la nommer elle à ce poste tant disputé, il y avait une chance pour qu’il adhère à ses idées. Elle allait, par ailleurs, devoir convaincre Aerandir, qui ne verrait sans doute pas ses projets d’un bon œil.

« Peut-être... Il existe peut-être une façon de tirer un trait définitif sur la Guerre Civile, Sire. Quelle meilleure récompense pour Odelian que de le libérer officiellement de sa vassalité envers Serramire ? Ce serait, de plus, châtier les terres de Merwyn Séraphin de la même façon que purent l’être celles d’Aegar de Sainte-Berthilde. Ainsi, avec Etherna, ils ne dépendront plus que de votre seule autorité, gagnant en prestige et en autonomie. Rien ne vous empêcherait, alors, de prolonger votre régence jusqu’à mon accouchement, et si j’enfante un fils, vous pourrez en faire l’héritier que tous attendent. Afin de ne pas lier Tyra au destin de ces contrées, je renoncerai à mon nom et à mon héritage en sa faveur, et vous pourrez jusqu’à son âge de raison assurer comme bon vous semble la régence. Si je donnais naissance à une fille… Les Comptoirs Noblegriffon apporteront leur soutien entier et désintéressé au candidat que vous choisirez parmi les Preux de Serramire. »

Un Comte fidèle récompensé, une terre félonne sous la coupe royale pour une bonne quinzaine d’années… Au final, ce n’était pas un scénario si improbable. Et elle pourrait ainsi s’assurer que son fils rende un visage digne et fier à Serramire, comme elle-même l’avait fait pour les Noblegriffon. Bien entendu, si elle accouchait d’une fille, la seule solution aurait été de la marier… Et Aerandir s’y refuserait. Elle aussi, d’ailleurs, étrangement.

« Il vous suffirait d'attendre le terme de ma grossesse. »

Elle devrait attendre vingt ans avant de voir Serramire retrouver la place qu'est la sienne, mais elle préférait quelques décennies de dures labeurs à une décision irrattrapable. Surtout que, par la grâce de Tyra, elle avait de longues années devant elle.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeLun 30 Aoû 2010 - 19:39

- "Il y a toujours une solution, même si elle est mauvaise."

C'était étrange de discuter de politique avec Katalina. Ils ne se connaissaient pas depuis très longtemps, au final et il lui faisait davantage confiance qu'à certains de ses conseillers. Paradoxal. Il se souvenait comment elle avait demandé audience la première fois pour assurer son commerce et passer un accord avec le roi. Il se souvenait d'avoir admiré sa détermination, son ton doux et ferme à la fois, son intelligence. Il avait eu un coup de cœur pour elle. Oh pas d'amour non, son amour était réservé à Lilianna et entièrement à elle. Mais Katalina était une amie, une égale même. Il avait été peiné par son enlèvement, avait été aux nouvelles dés qu'il avait pu. Ils partageaient un drôle de morceau de vie.

Encore une fois, il lui faisait confiance. Il se fiait à son jugement et son esprit aiguisé. A sa connaissance de Serramire également.

- "Mais?"

Katalina se montrait prudente, mais il attendait la suite. Oh il avait déjà une petite idée de ce qu'il allait faire, mais cela risquait de bouleverser la carte du royaume telle qu'elle était depuis des années... Des décennies. Il récompenserait un allié, le fidéliserait, punirait des félons, même si c'étaient d'autres hommes qui avaient prit les rênes. Serramire n'étant pas reprise par un Serramirois pour le moment, cette décision n'offenserait pas le Marquis. Quant à Sainte Berthilde, il avait déjà perdu Odelian. Il écouta Katalina soigneusement, la laissant aller au bout de son idée. Confier Serramire à Gaucelm ne lui plaisait pas. Ça il l'avait compris. La première partie de son discours coïncidait avec l'idée qui avait germé dans son esprit : amputer Serramire d'Odelian et donner au Comte sa liberté. Il ne dépendrait que du roi, comme les ducs et marquis.

Mais la seconde partie de son discours le prit de cours : permettre à son fils d'hériter de Serramire, la régence étant assurée par la couronne jusqu'à sa majorité. Ce serait s'assurer de la loyauté de Serramire. Mais, c'était aussi s'attirer les foudres des seigneurs de Serramire, des hommes faits qui verraient là une préférence du roi pour une amie... voire une maîtresse. Sans compter que les parents de cet enfant seraient des Gardiens... Solution épineuse.

- "Concernant Odelian, nous sommes d'accord. J'informerai le Comte de ma décision le concernant."

Il hésita un instant, avant de reprendre :

- Concernant votre héritier. J'avoue que vous me prenez de court, je n'y avais pas pensé. L'idée est séduisante, je serais ainsi certain de la loyauté de Serramire... Mais je doute que cela réjouisse les seigneurs, des hommes faits qui risquent d'avoir des vues sur le trône Serramirois et trouver un enfant gênant... Êtes-vous certaine que vous désirez cela pour votre enfant? Et votre compagnon est-il d'accord? Il me semblait qu'il n'était pas du genre à faire de son fils un marquis... Sans compter que vous êtes tous les deux des Gardiens. Politiquement, j'ai peur que cela soit... dérangeant."
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeJeu 2 Sep 2010 - 22:28

Katalina n’était pas surprise… Pas vraiment. Elle connaissait les failles de ses plans bien avant de les exposer à Trystan, mais il était tout de même étrangement douloureux de se les entendre souligner par quelqu’un d’autre. Le Roi ne put le voir, bien évidemment, mais ses épaules se voutèrent légèrement et elle faillit pousser un soupir. Elle était l’héritière des Noblegriffon, une lignée qui trouvait ses racines en Oësgard pas moins de sept cents ans plus tôt. Elle avait sur ses épaules le fardeau du passé, et les promesses de l’avenir ne pouvaient l’alléger. Par les Cinq, elle ne voulait pas être la dernière, cette idée lui était insupportable. Mais comment faire ?

« Je sais. »

Elle savait, pour les Seigneurs de Serramire, mais avait jugé que le risque était acceptable. Après tout, Trystan avait les moyens de les contraindre, et elle se savait capable de protéger son fils de leurs attaques. Quant à savoir si c’était là la vie qu’elle voulait pour son enfant, Katalina avait été élevé pour la gloire de son nom, et ne voyait pas le mal d’élever sa progéniture dans la même logique. Oh, bien sûr, sa vision du monde avait évolué grâce à Aerandir, mais elle ne pouvait aller contre son éducation.

« Aerandir ne le permettrait pas », reconnut-elle.

Il était audible qu’elle était partagée. D’un côté, elle comprenait parfaitement le sang-mêlé. La noblesse était un monde qui lui était étranger, et il ne le portait pas vraiment dans son cœur. Comment, alors, pouvait-il souhaiter une telle vie à la chair de sa chair ? Mais si la chose avait été si simple, elle l’aurait moins torturée.

« Avez-vous déjà eu l’impression d’échouer ? Quand je suis née, mon père a décidé que je rendrais leur gloire aux Noblegriffon. Toute ma vie, j’ai œuvré en ce but. Passivement d’abord, en épousant Elyas, puis activement en prenant en main ses affaires à sa mort. »

Elle ne savait pas vraiment pourquoi, mais elle avait soudainement envie de se confier. Trystan était une figure particulière, un ami portant une couronne. Elle ne pouvait pas se permettre d’être trop familière, ne l’appellerait sans doute jamais par son prénom – sauf s’il l’y autorisait expressément – malgré son élévation, mais il avait été là quand elle était au plus mal. Il était venu, de lui-même et sans qu’elle ne demande rien, quand elle se terrait telle une souris dans sa chambre. Cela, elle ne l’oublierait jamais.

« J’ai pensé réussir, être digne de la confiance de mon père. »

Son discours était touchant, on sentait qu’elle abordait un sujet sensible. Son père avait toujours eu une grande influence sur elle, et en parler n’était pas facile, surtout depuis qu’elle avait appris l’existence d’une face plus… sombre. Un visage qu’elle n’acceptait toujours pas.

« Maintenant, je ne sais plus. Elyas ne m’a donné aucun héritier pour assurer la pérennité de mon nom, et cet enfant… » Elle caressa doucement son ventre, retrouvant un léger sourire. Katalina ne pouvait pas être triste en évoquant son bébé. « … portera très certainement le nom de son père. »

Elle était la dernière, serait la dernière. La chose semblait s’être décidée sans qu’on ne la consulte.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMar 7 Sep 2010 - 21:17

- "Je suis désolé Katalina."

Oui, sincèrement désolé de briser ses espoirs et lui opposer un refus quand il aurait aimé la récompenser pour sa fidélité et sa sagacité. Mais hélas, il ne pouvait pas la récompenser en accédant à sa requête, il y avait trop de contraintes, trop d'inconnues et même s'il était roi, s'il pouvait imposer, il ne pouvait pas le faire n'importe comment.

Il écouta alors les confessions de Katalina, se sentant étrangement touché par sa détresse. Cela ne le ferait certes pas changé d'avis, mais il doutait qu'elle essaie de le manipuler et préférait voir là la confession d'une femme à un ami. Il ne répondit pas, la laissant continuer. Elle portait sur ses épaules le poids de l'héritage de son nom glorieux. Nom qui mourrait avec elle. Il comprenait.

- "Katalina, vous vous êtes montrée digne de votre nom, au delà des espérances les plus folles de votre père, j'en suis certain. Vous êtes une femme fascinante, une redoutable négociatrice. Vous avez un statut à part, parce que vous êtes Gardienne et parce que vous êtes dans mon cercle intime. Qu'importe ne pérénnité du nom Katalina, ce qui compte ce sont vos actions et ce que vous décidez faire de votre vie. Votre fils, même s'il ne portera pas le nom des Noblegriffon, en sera un par l'éducation que vous lui apporterez et l'héritage que vous lui lèguerez."

Sa voix était douce, compréhensive, avec des accents presque hypnotiques. Comme s'il voulait la persuader qu'il avait raison, qu'elle n'avait rien à regretter.

- "Vous allez avoir un enfant de l'homme que vous avez choisi, quel plus beau cadeau que de porter le nom de cet homme là? Je comprends votre mélancolie Katalina, mais les choses ne peuvent pas être et avoir été."

Et quand bien même donnerait-il Serramire à cet enfant, il n'en serait pas davantage Noblegriffon.
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MessageSujet: Re: Entre amitié et politique | Trystan   Entre amitié et politique | Trystan I_icon_minitimeMar 7 Sep 2010 - 22:02

« Je suis désolée. »

La voix était douce, mais chargée de résolution. Prenant son courage à deux mains, Katalina chassa le vague à l’âme qui l’assaillait. Par les Cinq, elle ne pouvait pas se permettre de telles familiarités. Elle avait beau apprécié Trystan, sincèrement, elle ne pouvait pas juste s’assoir et lui avouer sa tristesse. Du moins, c’était ce qu’elle avait toujours pensé. Elle avait rencontré le Roi des Hommes dans le cadre de la négociation d’un traité commercial, et elle avait toujours mis un point d’honneur à ne pas mélanger affaires et vie privée… Une tâche jusqu’alors aisée, étant donnée la maigreur de ses relations. Seulement voilà, elle n’était plus une négociante, plus jamais elle n’aurait à faire montre du talent que Trystan lui louait. Et puis, il y avait cette visite.

« J’imagine qu’avoir la grâce de Tyra ne m’aide pas à oublier le passé », tenta-t-elle de plaisanter.

Le lien entre le révolu et Tyra était en effet des plus célèbres. Chassant les dernières brides de mélancolies, elle redevint la Katalina enjouée et sûre d’elle qu’elle était quelques minutes auparavant. Pourtant, il lui restait une dernière chose à faire avant de clore complètement l’incident.

« Merci. »

Ses paroles lui avaient fait du bien, elle devait bien l’avouer. Même s’il l’avait honteusement complimentée, et qu’elle était certaine qu’il exagérait, il était tout de même apaisant de s’entendre dire qu’on avait fait honneur à son père et à son nom. Il fallait désormais qu’elle se rende à l’évidence, elle était la dernière Noblegriffon. Enfin, la dernière… Il en restait bien deux, mais elle craignait malheureusement de ne pas pouvoir compter sur eux. Bâtards, pirates… Un cauchemar, pour Katalina, qui ne l’avouerait sans doute jamais. Tout ça à cause de son père ! Il était heureux pour le vieux Noah qu’il n’ait pas encore recroisé la route de sa fille.

« Vous devez être épuisé, après votre route. Ma maisonnée a travaillé d’arrache-pied pour vous préparer un repas digne de votre rang, je pense le moment idéal pour leur faire honneur. »

Les prochaines discussions s’annonçaient beaucoup plus sereines. Il tardait à Katalina, par exemple, de glaner quelques nouvelles des progrès de Lyhann, ou des détails plus précis sur la grossesse de Lilianna. Qu’ils laissent pour quelques temps leurs lourds manteaux derrière eux. Il serait grand temps, ensuite, de les reprendre et de supporter tout ce qu’ils signifiaient.
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