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 Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]

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Harnyll de Hetalia
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MessageSujet: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeLun 25 Avr 2011 - 19:12

Se tortillant légèrement sur sa selle qui commençait doucement mais surement à lui scier l’entrejambe, le baron d’Ysari fixa l’horizon. Enfin tout du moins aurait-il fixé l’horizon si horizon il y avait eu, mais en l’occurrence son horizon immédiat se limitait à la grande cité de Langehack. Et force était d’admettre que la ville se révélait assez imposante, à la mesure de ceux qui y vivaient.

Oui, car pour ceux qui n’auraient aucune connaissance du guide du routard de Miradelphia, dans la ville de Langehack résidaient les ducs de Langehack. En l’occurrence à l’heure actuelle il s’agissait d’une duchesse, une jeune femme de tout juste 17 ans nommée Jeanne de Sephren. Décidément la moyenne d’âge dans le royaume s’abaissait, et avec sa décennie de plus Harnyll commençait à ressentir une vague impression d’être un vieux crouton.

Mais palsambleu, le Taureau du Sud ne faisait pas encore partie des barbons tout de même ? Si son visage déjà pâle et anguleux par nature paraissait presque livide, et si on aurait pu le croire littéralement taillé à la serpe, il fallait surtout y voir la charge de sa fonction et de ses soucis personnels. L’honnêteté obligeait en effet à reconnaître que sur ces points Harnyll avait du encaisser de violents chocs ces derniers mois.

La fuite de Lucrèce, sa cousine et accessoirement son ancienne femme dans le Nord, sa répudiation, le procès et l’exécution de Denys de la Vallière, l’amant de Lucrèce… sans compter dans la foulée l’organisation des chasses d’automne où une bonne partie de la noblesse s’était rassemblée à Sinlieh afin de festoyer et de décimer le gibier local… oui, on pouvait comprendre que le baron d’Ysari faisait plus que son âge en ce jour.

Talonnant Bayard, le baron pénétra dans Langehack même. Suite aux chasses il avait décidé de mener quelques visites protocolaires dans le royaume afin de raffermir d’anciennes alliances ou peut être d’en créer de nouvelles. Dans ce duché il possédait déjà des liens privilégiés, tant familiaux que politiques, avec la baronnie de Missède, mais l’arrivée d’une nouvelle duchesse rebattait toutes les cartes.

Etant arrivés par voie de mer à Leliande, le baron et son escorte avaient rapidement pris la route de Brevise puis de Langehack. Lorsqu’ils arrivèrent enfin dans la cour d’honneur du palais ducal, un intendant vint aux nouvelles afin de savoir quel seigneur rendait visite à sa nouvelle maîtresse. Tout en confiant les rênes de sa monture à un palefrenier, Harnyll répondit :

Annoncez à la duchesse que le baron d’Ysari désirait avoir l’honneur de la rencontrer.
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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeMar 26 Avr 2011 - 19:11

L'intendant, un homme grisonnant, s'exécuta après avoir confié le baron aux bons soins d'une servante. Elle le mena à travers les couloirs blancs jusqu'à un petit salon. Aménagé luxueusement selon les goût de feu Esidenir, l'endroit brillait d'un éclat doré entêtant que lui disputaient les reflets vermeilles des arbres aperçus à travers les larges fenêtres donnant sur le jardin de la cour intérieure. La clarté du soleil automnal langecin embrasait les teintes chatoyantes du canapé moelleux. Celui-ci, honteusement, tentait le séant baronnal malmené par la longue chevauchée. La domestique s'enquit rapidement des désirs du sieur en matière de boissons. Prestement, elle lui apporta le breuvage de son choix accompagné de quelques victuailles sans doute bienvenu après son voyage.

Quelques jours seulement s'étaient écoulés depuis son sacre officiel. Loin de délaisser ses tâches et déléguer à présent que le pouvoir était sien, la jeune femme se plongeait dans les livres de comptes. Rien de bien palpitant, son aventure à elle sillonnait, pour le moment, des sentiers de chiffres, de réflexions et de papiers. Toute à sa tâche, elle en avait même oublié un temps toutes les rencontres dont elle avait rêvé enfant. Aussi, la nouvelle de l'arrivée du baron fut accueillie avec un froncement de sourcils étonné, puis une franche bonne humeur. Une fois sa tenue mise en ordre, elle se hâta à la rencontre de son visiteur.

Doucement, la porte blanche s'ouvrit. Sur le pas de la porte, la duchesse s'arrêta une seconde le temps d'adresser un sourire avenant au seigneur d'Ysari et l'observer. Visiblement, il était las. Voyage ou soucis ? Les frasques de son épouse répudiée sans doute contribuaient à assombrir ses traits. Les vêts simples et bon goût plurent à la jeune femme. Loin des fanfreluches de ses conseillers plus apprêtés que des courtisanes, il tranchait agréablement avec les vicissitudes de la mode langecine. Jeanne elle-même portait une toilette simple, toutes en nuances de bleus. Aux manches dentelles peu pratiques se soustrayaient les pointes d'un habit serré aux entrelacs de broderies complexes. Quant aux cheveux, ils retombaient d'un chignon simple en boucles ébènes sur sa nuque blanche. Loin de l'étourdissante beauté solaire familiale, les courbes menues, le visage fin, la mine déjà un peu sévère, l'héritière avait le pâle éclat d'un astre de nuit. Elle s'avança vers Harnyll dans un bruissement d'étoffes et exécuta devant lui une révérence.

- Enchantée de vous rencontre Baron. Vous me voyez ravie de votre visite. Vous me sauvez de la diatribe monotone de mon comptable.

Après un temps et un nouveau sourire, elle lui désigna d'un geste ample le siège.

- Je vous en prie, prenez place. Vous devez être las de votre voyage. Que me vaut l'honneur de vous avoir comme invité ?
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeMer 27 Avr 2011 - 13:39

Le baron d’Ysari portait un jugement quelque peu réservé sur l’accession d’une femme à de si hautes responsabilités, mais y voir de la misogynie serait une grossière erreur. Parfaitement conscient qu’une représentante du sexe soi-disant faible peut gérer une terre, il restait néanmoins conscient que nombre de vieux seigneurs quelque peu rétrogrades voyaient mal ce genre d’accession, persuadés qu’une « femelle » ne causerait des catastrophes et que leurs jolies têtes sont inaptes à la politique. Cela lui rappelait les vieilles superstitions des marins qui croyaient qu’une femme à bord portait malheur… encore que dans leur cas cette superstition soit peut être causée par la difficulté de maintenir la discipline au sein d’un équipage masculin isolé pendant des mois si une jolie chute de reins passe à leur portée.

A Ysari même, la propre mère d’Harnyll avait su tenir la régence pendant presque une décennie, ce malgré une absence de formation politique et un mari qui de son vivant l’avait toujours tenu à l’écart des affaires politiques de la baronnie. Malgré quelques erreurs à ses débuts, elle avait réussi à présenter à son fils, lors de sa majorité, une terre unie dont les rênes restaient solidement tenues. De même, l’accession d’Inès au duché de Soltariel ne semblait guère avoir fait grincer des dents. Toutefois Harnyll ne connaissait pas aussi bien les mentalités des vassaux de Langehack que celle des suderons. Une seule chose semblait certaine : Jeanne allait être scrutée durant ses premiers mois en tant que personnalité politique de premier plan.

S’inclinant à l’entrée de sa charmante hôtesse, le baron effectua un galant baisemain. La duchesse était jeune, plus jeune même qu’il ne l’aurait pensé et pourtant un lourd poids pesait déjà sur ses frêles épaules. Vêtue sobrement ; une saine attitude car le vrai pouvoir ne ressent pas le besoin de se montrer trop ostensiblement ; elle accueillit le baron par quelques paroles aimables de bienvenue auxquelles il répondit de même. Ces salutations faisaient parfois croire à un non-initié que les nobles sont des êtres guindés ayant un balai enfoncé dans les fesses, mais tout seigneur terrien vous expliquera que les apparences sont souvent aussi importantes que les actes, et qu’ils se trouvent de fait en représentation permanente.


Duchesse, je suis venu vous présenter mes hommages. Votre heureuse arrivée à la tête de Langehack réjouit tout le royaume qui peut y voir l’espoir d’un avenir plus serein. Mais auparavant me ferez-vous l’honneur d’accepter cet humble présent ?

Offrir un cadeau lorsque l’on rendait visite appartenait également au protocole des nobles, à tout le moins les premières fois. Cependant, réussir à correctement choisir le cadeau en question pouvait par moment donner des migraines tant il fallait savoir peser ce choix avec de fines balances. Trop sobre, le cadeau risquait de vexer et de faire croire à un manque de considération envers son hôte. Trop fastueux, il paraissait être une tentative de corruption ou un manque flagrant de modestie et de savoir-vivre. Comme toujours en diplomatie, trouver le juste milieu entre le trop et le trop peu ne s’atteignait pas sans difficultés.

Ouvrant le coffret, le baron offrit son présent au regard de la duchesse. Afin de paraître respectueux mais non pas obséquieux, galant mais non pas déplacé, il avait porté son choix sur un diadème commandé à un maître orfèvre d’Ysari. Réalisé en platine et incrusté tout au long de ses fins entrelacs par de petits diamants rose et blancs en alterné, tandis qu’en son centre trônait un diamant marquise qui devait aisément aligner ses quarante carats. Digne d’une duchesse, le présent valait son prix sans tomber dans un luxe ostentatoire et brillait de mille feux à la douce lueur du soleil automnal.

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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeMer 27 Avr 2011 - 21:17

A la présentation du présent, la jeune femme ne put s'empêcher d'écarquiller les yeux de stupéfaction. La parure lui semblait bien trop précieuse, bien trop somptueuse pour qu'elle ne puisse l'accepter ou même la porter. Cependant, Jeanne n'était pas encore coutumière des égards dus à son rang. Rapidement, elle sourit avec sa douceur sereine habituelle. Guilhem se chargerait d'évaluer la qualité du présent et en tirer les conclusions. Elle inclina la tête.

- Je vous remercie de votre présent et me réjouis de le porter lors du repas, ce soir, en votre honneur.

Elle avança à nouveau vers le baron, prenant révérencieusement l'offrande. D'un doigt, elle caressa le métal lunaire et les joyaux scintillants. La pureté des lignes, les couleurs froides pareraient à merveilles les traits pâles de l'héritière langecine. Qui plus est, elle aimait leur sobriété. Elle referma l'écrin et inclina une nouvelle fois la tête, ravie.

- Quelles sont les nouvelles d'Ysari ? Je n'ai pas encore eu la chance de me rendre sur vos terres, j'espère réparer cela prochainement. Les chasses se sont-elles bien déroulées ?

Après hésitation, elle opta pour une discussion civile et badine. Après son long trajet, il ne désirait sans doute pas entrer dans le vif du sujet avant un bon repas et une nuit de repos. Parler de chasses lui était spontanément venu à l'esprit. Son regard glissa un instant sur le paysage s'offrant aux fenêtres.

- Désirez-vous vous dégourdir les jambes de votre voyage en m'accompagnant dans une promenade dans les jardins ? Je désire profiter du temps encore doux pour m'aérer après les heures passées dans mon bureau.


Le bijou fut cédé aux mains de sa camériste avec l'ordre de préparer une tenue adéquate pour mettre l'ouvrage en valeur lors du dîner du soir. Elle guida ensuite son invité à travers les coursives du palais. Elle marcha d'un bon pas, loin des langueurs monotones qu'on attribue généralement aux jeunes femmes. Les portes s'ouvrirent sur la verdure. Lentement, elle aspira une bouffée d'air frais et, rapidement, ses joues se teintèrent de rose à cause du vent froid. La promenade débuta.

Le rythme un peu ralenti, ils s'enfoncèrent entre les arbres en habits automnaux. Leurs pas résonnaient sur le sentier pavé dépouillé de feuilles mortes. Ça et là s'érigeaient des statues à la gloire des ancêtres de la lignée ducale ou des dieux. A intervalles réguliers, des bancs de marbres blancs invitaient les promeneurs à faire halte pour se laisser bercer par le vent ou le murmure des fontaines. Véritable labyrinthe, il était aisé de s'y perdre en rêveries. Au centre s'élevait une serre de verre et métal, apparemment récente. S'en échappaient des chants d'oiseaux divers.

- Aimez-vous les oiseaux de proie, Sire ?
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeJeu 28 Avr 2011 - 11:58

Le baron eut un fin sourire complice en voyant la duchesse écarquiller les yeux à la vue de son présent. Bientôt, elle aurait tant de parures qu’elle n’y prêterait probablement plus garde, mais pour le moment elle découvrait les petits plaisirs de la vie de noble. Se blasait-on de tout cela avec le temps ? Oui, sans doute, et au fond de lui-même le baron enviait son hôtesse qui pouvait encore avoir l’impression de vivre un rêve éveillé. Lui-même était blasé depuis le temps, mais regrettait parfois cette douce insouciance du début, avant que la dure réalité de la politique ne vienne vous écraser.

Sur proposition de Jeanne, les deux seigneurs sortirent dans les jardins afin de se dégourdir les jambes et de se mettre en appétit avant le dîner. L’air frais leur gifla légèrement les joues, comme une caresse glacée mais vivifiante. Le soleil qui s’abaissait peu à peu sur l’horizon donnait un charme tout automnal aux jardins du palais, ouvrage d’une grande élégance dans un style épuré mais élégant. Pas le genre de jardin tape-à-l’œil que l’on rencontrait parfois, mais un jardin où il faisait bon se promener tranquillement pour profiter des derniers beaux jours avant la morte saison.

Les statuts à la gloire des anciens ducs plurent particulièrement au baron. Elles symbolisaient la continuité dynastique tout en valorisant le jardin en lui-même. Désireux d’ouvrir un nouveau jardin à Ysari, le baron nota les détails afin d’en parler à ses architectes lors de son retour. On ne copie que les bons auteurs, dit-on, et le maître-paysagiste qui avait dessiné le plan des jardins de Langehack devait appartenir à l’élite de sa profession.

Chemin faisant, la duchesse et le baron discouraient oiseaux de proie et chasses, sujets qui passionnaient tout particulièrement Harnyll. Grand chasseur devant l’éternel, le baron d’Ysari ne manquait jamais l’occasion de s’en aller traquer du gibier à poil ou à plumes dans la riche forêt de Féoda. Dans son pavillon de chasse, les bois de grands dix-cors ou les têtes empaillés de sangliers côtoyaient des hérons attrapés par les faucons du seigneur des lieux. Comme tout vrai chasseur, le baron se sentait une relation fusionnelle avec ses proies, ce qui ne l’empêchait pas des les massacrer allégrement.


Je les adore, duchesse. La fauconnerie est un art se perdant trop souvent de nos jours parmi nos pairs au profit de la chasse à courre. Certes tout seigneur se doit de posséder une meute, et je ne déroge pas à la règle, mais j’élève également quelques faucons et éperviers à Ysari, goût que m’a donné mon père qui y excellait. Ces prédateurs dégagent une noblesse fascinante et ont d’ailleurs été à l’honneur lors des chasses organisées le mois dernier à Sinlieh.

Assis sur un banc de marbre près de la verrière, le chant des oiseaux emplissant l’espace autour d’eux, Harnyll et Jeanne discutèrent aux derniers feux du soleil couchant de cette intérêt commun pour la gente ailée, prédatrice ou chanteuse suivant les cas. Le bruit des pas d’un serviteur brisa le calme du moment. Il s’agissait d’un valet qui vint s’incliner devant la maitresse des lieux pour lui indiquer que le repas était prêt et que les serviteurs n’attendaient plus que son bon vouloir.

L’estomac du baron commençait à crier famine, car chevaucher toute la journée faisant brûler des calories, et il espérait que les cuisiniers du château feraient honneur à leur réputation d’excellence. Distraitement, Harnyll se demanda si le souper se ferait en petit comité ou en grand banquet. A Ysari, et mis à part lors des banquets officiels, il lui plaisait de limiter le nombre de convives afin de laisser ces invitations apparaître comme des faveurs aux heureux élus, ou leur absence comme une défaveur.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeVen 29 Avr 2011 - 16:35

Jeanne échangea quelques mots avec le serviteur, puis revint vers son hôte en lui désignant le valet d'un ample geste de la main.

- Enric sera à votre service durant votre séjour en nos murs. Il va vous mener à votre chambre, afin que vous puissiez vous rafraichir avant le dîner. J'espère que vous ne vous formaliserez pas de partager ce repas en petit comité. Pour l'instant, le château est encore fort dépeuplé.

D'un sourire charmant, elle s'excusait de ne pas pouvoir lui offrir une tablée digne de son rang. Elle prit ensuite congé de son hôte d'une révérence.

- Si Son Honneur veut bien me suivre

Le domestique s'inclina avant de précéder Harnyll jusqu'à la pièce réservée à son attention. Les rideaux du lit à baldaquins oscillaient dans la fine brise d'une fenêtre entrouverte. Enric, prenant sa tâche très à cœur, se renseigna rapidement sur les désirs du baron en matière de température de la pièce, d'oreillers ou draps, de boissons nocturnes, bref tout pour son confort personnel. Puis, il se tint près à l'aider pour ses ablutions si le sieur le souhaitait.

Pendant ce temps, les caméristes valsaient autour de la duchesse, poupée docile. Plusieurs tenues passèrent de main en main suscitant moult commentaires sur la manière adéquate de mettre en valeur la jeune femme et le présent. Finalement, lasse, Jeanne trancha. Hors de question de passer pour coquette écervelée. Hors de question de faire patienter un invité de marque. Prestement, on l'aida à se parer d'une toilette de brocart de soie argentée brodé de lierres blancs. Sur ses cheveux cascadant en boucles épaisses jusqu'au milieu de son dos, elle ceignit elle-même le diadème offert.

Une fois Harnyll prêt, Enric le mena jusqu'à une des salles à manger. Au milieu des moulures dorées, sur le sol dallé de marbre clair, se dressait une table unique entourée de chaises. Rapidement, un homme de la quarantaine, le cheveu sombre mâtiné de sel, s'approcha du baron et s'inclina. Parmi les conseillers aux fanfreluches, il détonnait de sobriété.

- Sire, enchanté de vous rencontrer. Je suis le Vicomte Guilhem de Tall, conseiller de la Duchesse. Si vous le permettez, je vais vous présenter aux convives.

Et ainsi, le dirigeant d'Ysari fut introduit aux divers conseillers attachés aux services de la jeune héritière. Il n'eut heureusement pas à souffrir longtemps des discussions-peccadilles des langecins en goguette. La maitresse de maison apparut. Prenant poliment congé, le vicomte s'approcha de sa protégée et lui glissa quelques brèves paroles murmurées. Le rouge monta une brève seconde aux joues de la jeune femme. Puis, elle invita le seigneur d'Ysari à siéger à sa droite durant le repas, faveur réservée aux invités importants. Délaissant les services à rallonge des banquets, les dîners comporta trois assiettes de mets de choix, entrecoupées par des interludes musicaux par un trio de cordes. L'ambiance calme était propice à la discussion.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeDim 1 Mai 2011 - 13:04

Ayant remercié la duchesse pour sa gracieuse hospitalité, le baron d’Ysari suivit Enric jusqu’aux appartements qui lui seraient réservés durant son séjour à Langehack. Composés d’un salon, d’une chambre et d’une salle d’eaux, ils permettaient aux hôtes de marque de se créer un petit chez-soi fort confortable. Les bagages du baron, préalablement amenés par ses serviteurs, se trouvaient installés dans un coin de la chambre. Certaines malles avaient déjà été ouvertes et leurs contenants installés dans les penderies et les commodes, d’autres ne s’ouvriraient que lorsqu’Harnyll aurait déverrouillé leurs serrures avec les clés qui se trouvaient dans la bourse de sa ceinture.

Ce passage par sa chambre permit également au baron de prendre un bain, qui pour court qu’il fut le relaxa grandement. Certes il appréciait fort de chevaucher du matin à la nuitée les cheveux flottant au vent, mais l’odeur de cheval risquait de ne point convenir lors de la réception qui s’annonçait pour le soir même. Ce fut donc avec un plaisir manifeste qu’il se coula dans l’eau, laissant la douce chaleur dénouer ses muscles crispés, et sans la prévenance d’Enric sans doute en aurait-il oublié que les invités au banquet l’attendait.

Sortant à regret de la baignoire, Harnyll enfila une vêture anthracite à liserés dorés, sa tenue habituelle pour les banquets ou les cérémonies. Un pantalon gris et des bottes à la coupe militaire complétèrent sa tenue. Adepte d’une élégante sobriété, le Taureau du Sud n’aimait guère les tenues trop extravagantes, et les modes à la cour glissaient sur lui comme l’eau sur les plumes d’un canard. Alors que les courtisans devaient suivre les dernières tendances et jeter chaque saison leurs vêtements de la précédente, le baron traversait tranquillement tout ce fouillis sans guère s’en préoccuper.

Lorsque le baron arriva dans la salle du banquet, il fut accueilli par un homme dans la force de l’âge, au cheveu déjà poivre et sel, qui se présenta comme étant le Vicomte Guilhem de Tall, conseiller de la duchesse. Tall, oui ce nom ne lui était pas inconnu, il s’agissait de l’un des principaux vassaux de Langehack, un homme qui en tenait depuis longtemps pour Jeanne. Nul doute que l’accession au pouvoir de sa candidate lui permettrait désormais de se placer dans les hommes qui comptaient sur la politique du duché. Un ami précieux ou un ennemi dangereux, donc, mais en aucun cas une personne à oublier sur l’échiquier politique.

Le vicomte lui fit faire le tour de tous les courtisans et nobliaux amassés (pardon réunis) ce soir là. Notre malheureux héros eut donc à subir les courtoisies et les platitudes d’usage de la part de gens avides de se faire bien voir de leur nouvelle maîtresse et qui de ce fait tentait déjà de conquérir son invité. Bien que rôdé depuis des années à ce genre de simagrées, le baron commençait à se sentir un peu à bout lorsque Jeanne le libéra en apparaissant, ce qui donna le signal du début des festivités.

Pas de doute, les cuisiniers de Langehack connaissaient leur affaire, se dit le baron en dégustant une caille farcie, et pour un peu son estomac en aurait ronronné de contentement. Aucun sujet politique ne fut abordé durant le repas, Harnyll comme Jeanne évitant soigneusement de tels discussions qui devaient être remises au lendemain. Les débats à la table de la duchesse tournèrent donc autour de sujets plus consensuels comme l’impact du Voile sur les récoltes, les prochains mariages envisagés dans le royaume ou l’analyse comparé des qualités en tournoi de différents chevaliers.

Alors que le repas se terminait et que des couples commençaient à se former sur la piste de danse, le baron d’Ysari se tourna vers son hôtesse et lui demanda :


Duchesse, me ferez vous la grâce de m’accorder cette danse ?
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeLun 2 Mai 2011 - 21:31

A la demande du baron, elle se redressa et se fendit d'une révérence exquise avant de glisser doucement sa main dans celle d'Harnyll. D'un pas lent, comme le désirait la coutume, ils gagnèrent l'aire de danse. Délicatement, la duchesse posa sa seconde main sur le haut du bras de son partenaire et lui sourit parfaitement sereine.

Et la mélodie débuta. En cadence, les pas des deux nobles s'animèrent. Le baron menait Jeanne au gré des lentes oscillations des archets sur les violes. Gracieuse et légère, la demoiselle flottait sur le sol. Seul le chuintement des riches étoffes répondait aux accords cristallins des musiciens. Hélas, si le couple-phare se composait de deux danseurs émérites, d'autres n'avaient pas cette chance. A côté de nos deux jeunes gens, une paire peinait. La dame engoncée dans une robe à paniers trop volumineuse gênait les mouvements d'un jeune homme peu sûr de lui. La situation tira un bref sourire en coin à la rosière langecine. Puis, elle plongea son regard d'argent dans celui sombre de son compagnon éphémère. Loin de jouer de cils, elle l'observait tranquillement avec ce brin de complicité né de leurs diverses discussions et intérêts communs. Le diadème offert trônait sur l'ébène de sa chevelure, étoile scintillante de pureté dans le doré clinquant.

Si dans la salle, certains convives plus âgés envisageaient déjà quelque mariage entre le Langehack et Ysari, Guilhem encore attablé, les dissuada d'un regard de continuer la conversation plus en avant. Loin des messes-basses, Harnyll et Jeanne virevoltaient encore. Elle vivait sa première danse officielle. Heureusement, le partenaire charmant ne la dégoûterait pas de ce type de mondanité en lui écrasant les pieds. Pour le moment, hormis les heures de travaux assidus, le conte de fée se passait sans anicroche. Le lendemain se déroulerait dans une atmosphère différente.

A chaque changement de musique, les partenaires se mélangeaient. Parfois, ils se retrouvaient. Sans fausses notes et peu d'orteils malmenés, la soirée s'étira ainsi jusqu'à une heure tardive pour les plus raisonnables. Aux douze coups de minuit, la duchesse prit congé de son hôte pour aller se reposer.

Une fois allongée dans son lit trop grand, à la lueur des chandelles, elle lut attentivement les comptes-rendus divers de la journée, espérant ainsi combler le retard pris grâce à la visite impromptue du Seigneur d'Ysari. Finalement, Michelle retira doucement les liasses de parchemin de l'héritière endormie en plein labeur.

Au matin, Enric, toujours aux petits soins, attendit patiemment que son maître temporaire s'éveille. Un repas selon les désirs expliqués la veille recouvrait une table. Une corbeille de fruits langecins donnait une note de couleur fraîche et vivifiante. Le bain chaud fumait encore dans la salle d'eau. Une brève note de la main de la duchesse accompagnait le déjeuner : "Sire, je vous attendrais à mon cabinet de travail sur le coup de la 10ème heures. Enric se chargera de vous y mener. J'espère que les fruits seront à votre goût. Cordialement."

Vers la dixième heure, dans le bureau de la Duchesse, le baron fut introduit. La pièce, rangée de manière méthodique, fourmillait de livres. Dépouillés des apparats langecin, les murs de pierres blanches s'ornaient de tapisseries représentants diverses batailles ou de bibliothèques de bois précieux. La table de travail de même matière et des sièges de velours bleus s'offraient accueillants pour de longues discussions studieuses. Souriante et visiblement au travail depuis plusieurs heures, elle l'accueillit d'une révérence, d'un sourire et s'enquit de sa nuit poliment. Aucun conseiller n'assistait à la petite réunion somme toute très informelle. D'un geste large, elle proposa une chaise au sieur. Un valet s'empressa de servir aux deux nobles une boisson chaude. Comme il était d'usage, Jeanne attendait qu'Harnyll lui expose les raisons de sa visite ou ses doléances.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeMar 3 Mai 2011 - 8:25

Les couples tournoyaient doucement au rythme de la musique, avec plus ou moins d’élégance suivant les cas. Si Harnyll et Jeanne démontraient leurs qualités de danseurs, le baron dut se mordre la lèvre pour ne pas éclater de rire en voyant non loin d’eux un vieux courtisan rachitique tenter de mener le pas avec une partenaire plus que grassouillette qui devait peser presque deux fois son poids. Avec la quantité de tissu nécessaire à la confection de la robe, il y aurait eu de quoi gréer un navire, nota avec ironie l’esprit satirique et légèrement moqueur du suderon.

Heureusement lui-même se trouvait mieux loti, et danser avec une charmante jeune femme dans les bras lui rappelait les temps heureux où il croyait encore en l’amour et en la solidité de son mariage. Une époque heureuse où les festivités succédaient aux festivités, et où le couple régnant d’Ysari paraissait aussi solide qu’un roc. Venu pour parler politique, il ne comptait pas aborder ce genre de sujets mais espéra sincèrement que la jeune duchesse serait plus heureuse que lui lors de son mariage. De fait Jeanne constituait surement l’un des plus beaux parti du royaume, et les prétendants risquaient de se battre pour la courtiser. La veinarde !

Les discussions devaient d’ailleurs aller bon train dans les petites alcôves où se réunissaient nobliaux et courtisans. Premier seigneur terrien à venir rendre ses hommages à la duchesse depuis son couronnement, Harnyll devait par là-même se retrouver au centre d’un certain nombre de supputations. Nul n’ignorait l’amitié qui liait le baron du Sud au baron de Missède, vassal de Langehack, mais de là à deviner quel pourrait être l’évolution des liens politiques entre le duché et la péninsule de Soltariel, bien malin qui saurait le dire à ce stade. Sur les minuits, la maîtresse des lieux quitta la salle afin de s’en retourner dans ses appartements, suivie de peu par le baron.

Après une nuit réparatrice, Harnyll déjeuna et rejoignit la duchesse dans son cabinet de travail, qui n’était pas sans lui rappeler le sien par bien des aspects. Calme, isolé, comprenant tous les documents nécessaires au seigneur des lieux, il s’agissait d’un véritable petit sanctuaire où Jeanne pouvait méditer et travailler tranquillement aux affaires de Langehack. S’asseyant, le baron remercia d’un léger signe de tête le serviteur venu leur apporter des boissons et se tourna vers son hôtesse. Si la veille tous deux s’étaient entendus d’un commun accord pour éviter d’aborder les sujets politiques, ce jour y serait par contre en majeure partie consacré.


Duchesse, votre avènement constitue un changement majeur dans l’échiquier politique du royaume, et je suis persuadé au plus profond de moi-même que ne pas saisir cette occasion serait une erreur historique. Ne croyez pas que je cherche par là à tomber dans la flagornerie, je vous parle d’expérience. J’ai connu la guerre civile, j’ai vu le royaume déchiré par des factions rivales, le frère se dressant contre le frère, les seigneurs se repliant sur eux-mêmes et lorgnant avidement sur les terres du voisin. Bien que les combats aient culminé à Diantra et à Oësgard, même la péninsule n’a pas été épargnée par les remous lors de cette triste époque.

Le baron se tut l’espace d’un instant, les yeux perdus dans le vague et revivant ses souvenirs. La guerre civile ne datait pas de si longtemps et pourtant un siècle paraissait s’être écoulé depuis ce terrible épisode durant lequel la survie de la royauté n’avait tenu qu’à un fil tenu.

Je n’aime pas la guerre duchesse, et en particulier entre ceux qui devraient être alliés. Des centaines, des milliers d’hommes et de femmes meurent pour au final que leurs dirigeants s’accordent à revenir aux anciennes frontières. Le commerce s’en retrouve affaibli pour des années, les destructions grèvent les budgets, des famines éclatent un peu partout… quel gâchis stupide. Je ne cherche pas à faire un quelconque plaidoyer pour un désarmement, il s’agirait là d’idéalisme voire d’irréalisme. Les pirates de Meca ravagent les côtes de l’Eris, les osts drows reprennent l’offensive à l’Est et l’alliance naine appartient au passé. Rarement dans l’histoire le royaume a été plus menacé et alors qu’il nous faudrait unir nos forces, des tensions réapparaissent.

A mots couverts, le baron évoquait là les incidents politiques survenus récemment et qui pour certains impliquait des vassaux de Langehack. Harnyll ne tenait pas à parler ouvertement du conflit lié à Nelen ou de jugement royal suite à l’affaire de l’Afayel, à la fois car il ne connaissait pas tous les tenants et les aboutissants de ces affaires mais également parce qu’il ne se trouvait pas directement concerné et ne voulait pas donner l’impression de s’immiscer dans les affaires internes à Langehack.

Comme dans toute discussion politique, on pouvait la résumer à une sorte de partie d’échecs. Idée un peu simplificatrice dans le cas présent où les deux nobles ne se trouvaient pas être des ennemis et ne cherchaient donc pas à remporter une quelconque victoire… mais gardons l’image tout de même, elle peut se révéler pratique. En expliquant sa vision de l’actualité de Langehack et du royaume en général, Harnyll avançaient ses premiers pions sans trop dévoiler ses batteries et testait Jeanne afin de tenter d’en savoir plus sur sa propre vision des choses. Avancer de négocier, il leur fallait débattre, et Harnyll ne sous-estimait pas l’importance de l’avis de la duchesse, au vu de son poids politique dans le royaume.
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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeDim 8 Mai 2011 - 21:09

Jeanne se taisait tout à fait, écoutant sereinement son interlocuteur. Elle gardait jalousement ses impressions, ses propres ressentis pour les sortir à l’instant propice. Patiente, elle le laissait avancer ses premières pièces, les ébauches des sujets à aborder dans la suite de leur réunion. A la mention de la guerre civile, elle hocha toutefois la tête tristement. Ces tragiques événements lui avaient coûté toute sa lignée. Evidemment, elle devait également reconnaître que, grâce à ces enchainements malheureux, elle était à présent à la tête du Duché langecin. A la fin de l’introduction du baron, elle entonna à son tour les premières notes de leur valse politique.

- Je n’aime pas plus la guerre que vous, Baron. Il me faut cependant admettre que la Guerre Civile, aussi horrible fut-elle, a eu le mérite de clarifier certaines situations. Peut-être nous permettra-t’elle de repartir sur des bases plus saines et de reconstruire un royaume où les tractations dans l’ombre n’auront plus cours. Certes, cela est aussi idéaliste voire irréaliste qu’une démilitarisation. Mais, parfois, ce sont ces grandes idées qui permettent de reconstruire un royaume plus juste et plus agréable pour notre peuple. Il faut savoir s’en inspirer sans pour autant négliger la réalité.

Elle sourit avec douceur. Jeanne était idéaliste, mais pas utopiste. Se nourrir de ses rêves pour en mâtiner sa politique, elle espérait pouvoir le mettre en pratique. Toutefois, les changements ne devaient jamais être brutaux sous peine de rejet pur et simple. Lentement, elle devait tisser sa toile et tirer lentement les bons fils pour parvenir à une trame adaptée aux besoins de tous.

- Certaines querelles ridicules entre nobles me désespèrent. Il est à croire que les menaces extérieures, naturelles ou divines n’occupent pas suffisamment certains seigneurs. Je prie Néera pour que les belligérants aient, à présent, plus à cœur de s’occuper des conséquences du Voile que de leurs affaires privées.

Elle condamnait les dérives récentes de son vassal aux prises avec son voisin pour des querelles au sujet d’une demoiselle. Cependant, elle n’avait pas toute les cartes en main sur le sujet, aussi préférait-elle rester assez vague. Concernant Nelen, le sujet devait également être approfondi en interne avant d’en parler ouvertement avec un seigneur étranger -aussi sympathique qu’il fut- et avouons que, qui plus est, cela ne le concernait pas vraiment.

- D’ailleurs, à mon sens, plus que la Guerre Civile, ce sont les conséquences de celui-ci que nous devrions craindre. L’hiver promet d’être rude. La famine toque à nos portes. Les cultures qui s’annonçaient bonnes se réduisent à présent à peau de chagrin. J’ignore le bilan dressé pour Ysari, mais celui du Langehack n’a rien de réjouissant.

Plus sombre, Jeanne tapota un instant du doigt sur la table, afin de trier ses pensées.

- Cependant, le Duché n’est pas la région la plus à plaindre. Comme vous, nous disposons de gibiers abondants et les produits de la mer permettront de diminuer les pertes. Nous devrons rationner comme tout le monde. J’espère que nous réussirons à limiter les pertes.

A mots couverts, elle donnait au baron une piste sur un accord possible. Elle manquait d’élément sur l’état des récoltes d’Ysari, mais jusqu’à présent, la baronnie avait toujours été auto-suffisante. Elle lançait le sujet qui était le plus important pour elle, outre les drows et les pirates – sur lesquels elle devait d’abord mettre au point une politique commune à tout son duché – : la famine à venir.
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Harnyll de Hetalia
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeLun 9 Mai 2011 - 9:04

La duchesse avança à son tour ses premiers pions, présentant sa propre analyse de la guerre civile et des derniers événements survenus dans le royaume. Fondamentalement Jeanne et Harnyll semblaient à peu près se placer sur la même ligne politique, à savoir une préférence pour les négociations par rapport aux les conflits, pour la réflexion par rapport à l’impulsivité. Certes cela semblait être un lieu commun que de le dire, mais tant de nobles réfléchissaient avec leurs braquemarts et non pas avec leur cervelle que partager et échanger sur ses visions en valait la peine.

Son hôtesse semblait croire plus en l’avenir que le baron, preuve en fut son espoir de voir les nouveaux nobles faire preuve de plus de sagesse que leurs prédécesseurs. Harnyll ne pouvait qu’espérer la voir être dans le vrai, mais au fond de lui-même il doutait trop fortement de l’humanité en général et des nobles en particulier pour se montrer confiant sur ce point. S’il semblait peut probable de voir de nouveaux des nobles tenter une guerre ouverte entre eux, les tensions récentes démontraient que trop d’entre eux préféraient encore l’action à la négociation.

Bah, l’important restait que les deux dirigeants aient des vues suffisamment proches pour espérer pouvoir s’entendre. Or justement un sujet arrivait sur la table, sujet concernant l’approvisionnement alimentaire des populations suite au Voile. Même les régions excédentaires d’habitude réussissaient difficilement à tenir leurs approvisionnements, et au dire de la duchesse, Langehack allait devoir faire face à une pénurie. Pénurie qui, si elle ne s’annonçait pas dramatique au point de risque d’entrainer une famine, s’annonçait suffisamment sérieuse pour amener des mesures de rationnement durant l’hiver.


Les récoltes à Ysari n’ont pas été aussi gravement impactées que l’on aurait pu le craindre après une éclipse d’un mois. Elles avaient déjà commencé dans toute la région d’Arcani et de d’Orfédie, et elles ont été avancées sur le reste du territoire. Et les élevages restent eux à un niveau de production plus que satisfaisant. Les silos comme les entrepôts ne sont pas pleins comme dans une année faste, mais pour autant Ysari ne stoppera pas ses exportations à destination des partenaires commerciaux.

Partenaires commerciaux au nombre desquelles Langehack ne comptait pas ou quasiment pas, au contraire par exemple de Missède. Jusqu’à présent, Ysari n’exportait pas ses biens vers le duché, ni d’ailleurs n’en importait. Situation assez surprenante vu que l’un se spécialisait dans la production alimentaire et l’autre dans l’industrie, et en particulier le riche créneau du textile. Et pourtant, malgré cette possible complémentarité, économiquement parlant les deux marchés restaient quasi fermés l’un à l’autre. Si cette situation pouvait évoluer le suderon n’allait pas s’en plaindre. Tout ce qui pouvait le désenclaver de l’influence d’Ydril serait une excellente chose.

Sachez duchesse que j’ai toujours été fort favorable à des échanges entre nous, échanges qui pourraient par exemple s’effectuer entre les ports d’Ysari et de Leliande.

A mots désormais ouverts, le baron proposait l’ouverture d’une route commerciale maritime entre les deux territoires. Des navires chargés de grains ou de viandes d’Ysari pourraient peut être dans un avenir proche s’en revenir chargés des superbes tissus de Langehack. De fait, le baron savait bien que les surplus de production de sa baronnie ne pourraient en aucun cas suffire à combler le creux dans les besoins du duché de Langehack, mais l ne s’agissait pas de régler en une signature un problème aussi vaste. La confiance se base avant tout sur des échanges commerciaux, et l’installation de comptoirs pourraient être un premier pas fort constructif dans cette voie.
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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeMar 10 Mai 2011 - 12:34

Avec un hochement du chef, elle accueillit les propos du baron. Apparemment, ils avaient été plus prompts à trouver une solution à l’absence de soleil et n’avait pas laissé pourrir les récoltes comme certains de paysans langecins paniqués par le phénomène divin. Si les nouvelles d’Ysari étaient réjouissantes, elles renvoyaient également à la gestion désastreuse du Langehack. Brièvement agacée, Jeanne tapota sur le bureau du bout de l’ongle deux brefs coups. Soit, il y avait donc matière à trouver un accord pour combler le déficit de denrées. Cependant, les produits des récoltes du lin et du chanvre avaient également souffert du Voile. Fragiles, le manque de soleil avait laissé des plantes rachitiques et, malgré une sélection rigoureuse, certaines opérations du rouissage ou du teillage n’avaient abouti qu’à des fibres cassantes. Vaguement amusée, Jeanne succomba un instant à l’idée de mettre sur le marché des cordes de chanvre se brisant facilement pour mettre à mal les voilures des navires pirates. Vite chassée, la pensée retorse céda place à un sourire.

Léliande, une voie commerciale vers Ysari. Jusqu’à présent, les précédents ducs avaient négligé les voies maritimes pour le commerce. Elle hocha la tête, visiblement ravie.

- Excellente idée concordant également parfaitement à mon désir d’ouvrir des voies maritimes depuis les deux ports principaux langecins.

Évidemment, il subsistait le souci « pirate ». Peut-être qu’en combattant le mal par le mal, des corsaires ? La duchesse n’écartait pas totalement l’idée. De toute manière, pour le moment, cela divergeait du sujet.

- Armé un navire pour le commerce entre nos deux régions ne devrait pas poser de soucis particuliers. Pas plus que l’établissement de comptoir pour nos produits respectifs dans chacune de nos cités portuaires.

Fournir les cordes et la voilure reviendrait évidemment aux commerçants langecins. Aucun accord sur cette utilisation du textile n’avait été signé avec les Comptoirs Noblegriffon. Se diversifier du commerce des étoffes de luxe ouvrirait de nouveaux marchés à l’avenir. D’autant plus que certains seigneurs se retrouveraient appauvris par les conséquences du Voile, le luxe allait sans doute se mâtiner d’un peu plus de sobriété. Quant à l’ouverture d’un comptoir d’Ysari à Léliande, Raoth de Lancrais, le seigneur de la châtellenie, en homme avisé, y serait naturellement favorable. Une fois, les doléances du baron mises à plat, elle se chargerait de lui apporter la nouvelle et de désigner conjointement un responsable parmi la bourgeoise locale.

Ne mettons toutefois pas la charrue avant les bœufs. Avant d’arriver à un accord plus précis, il fallait continuer la négociation. Jeanne se souvint alors d’une des caractéristiques d’Ysari, sa gastronomie, et fit le lien avec le seul « bienfait » inattendu du Voile.

- En plus d’étoffes langecines, de cordages et toiles pour vos navires, de notre huile d’olive, une autre denrée du Langehack pourrait peut-être vous intéresser. Habituellement, nos récoltes maraîchères servent à diverses fabrications. Hélas avec le Voile, de nombreux fruits sont inutilisables de façon courante. Heureusement, certains paysans ont trouvé une façon intéressante de les utiliser malgré tout. Évidemment, les alcools de fruits distillés ne sont pas une nouveauté. Mais de production locale, voire familiale, nous disposons, à présent, de suffisamment de bouteilles de liqueurs pour de l’exportation. Je ne bois hélas pas moi-même de ce genre de breuvage mais, le Vicomte de Tall et mes autres conseillers semblent particulièrement l’apprécier. Peut-être pourriez-vous en déguster après le repas de midi en sa compagnie.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeMer 11 Mai 2011 - 9:13

Futée la duchesse, n’est-ce pas ? Inviter le baron à boire afin de bien mettre en valeur ses produits restait une méthode mille fois rôdée mais toujours efficace. Au moins se dit Harnyll, cela se terminera mieux pour lui qu’à Sybrondil où une cuite trop sévère en compagnie d’un prêtre nain moitié-religieux moitié-poivrot moitié-obsédé et moitié-fou l’avait amené à se retrouver ligoté sur le lit de la baronne Ydria. Ses souvenirs quand à la suite des événements restaient flous, noyés dans une stupeur alcoolique, et peut être cela valait-il mieux.

Je goûterai avec plaisir vos liqueurs en compagnie du Vicomte. Le climat d’Ysari étant plus propice à la vigne, nous avons assez peu d’alcools forts, mais pour autant nous les apprécions grandement.

Les deux dirigeants échangèrent un sourire entendu. L’un comme l’autre voyait s’ouvrir un nouveau marché pour ses produits, ce qui ne pourrait que servir leurs intérêts économiques, en particulier en ces temps de crise où les marchés intérieurs peinaient à satisfaire l’intégralité de leurs demandes. Si les modalités, les personnes et l’organisation exacte des comptoirs resteraient à définir par leurs chancelleries respectives, le principe d’une coopération était entendu. Harnyll comme Jeanne n’appartenaient pas à la caste des défenseurs de l’autarcie, bien au contraire.

Évidement, il faudrait que des clercs et des représentants des guildes marchandes d’Ysari se rendent à Léliande afin de discuter avec les autorités locales des modalités d’installations du comptoir, et la même chose se passerait en sens inverse dans le port de commerce d’Ysari au sujet du comptoir Langecin. Les amirautés devraient elles aussi échanger des cartes des ports afin d’en faciliter les approches aux capitaines marchands, mais ce genre de détails n’appartenaient pas aux préoccupations de leurs dirigeants qui se souciaient avant tout des résultats.


Des échanges justes serviront les intérêts de nos deux peuples. Mes clercs et les vôtres pourront sans doute commencer à travailler à la rédaction d’un traité sur ce sujet tandis que nous aborderons d’autres sujets ? Car bien que les pirates soient moins présents dans l’Olienne que sur l’Eris, je pense qu’il va nous falloir veiller à sécuriser cette nouvelle route maritime.

La piraterie restait une sangsue accrochée au flanc des puissances maritimes. On avait beau les attraper, les pendre, les dépendre, les écarteler et autres joyeusetés, il se trouvait toujours de nouveaux candidats pour devenir des chevaliers de fortune. Les écumeurs des mers, à bord de leurs navires rapides frappant comme l’éclair, pouvaient mettre à mal le commerce déjà affaibli par les effets du Voile. Or personne ne pouvait distraire suffisamment de forces pour les traquer et les écraser réellement dans leurs bases. Sur terre, les brigands risquaient toujours se laisser encercler par inattention, mais l’immensité des flots jouaient contre les protecteurs de l’ordre.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeJeu 19 Mai 2011 - 14:37

D’un geste, elle prit congé quelques instants de son hôte. Dans le bureau adjacent, elle donna ses consignes pour la rédaction des premières lignes de leur traité du point de vue langecin. Rapidement de retour, elle reprit place. La suite de la question lui torturait l’esprit. Longuement, Jeanne garda les lèvres scellées, réfléchissant. Armés d’autres navires militaires ne fonctionnerait pas et grèverait encore plus le budget à allouer pour renforcer une si piètre force de frappe. Encore une fois, elle revenait à l’idée précédente : combattre le mal par le mal.

- Des corsaires.

Elle marqua un temps.

- L’idée peut sembler étrange. Cependant, armés d’autres bâtiments de guerre ne servira à rien contre les navires légers et rapides des pirates. Il faut jouer sur leur propre terrain. Naturellement, cela ne garantira en rien une sécurité aux bateaux naviguant entre nos deux ports, mais surveiller une telle étendue demande des forces maritimes que nos deux régions ne peuvent engager avec les restrictions dues au Voile. Cependant, cela peut diminuer peu à peu leur nombre dans nos eaux.

De plus, pour une simple signature sur une lettre de marque, les bénéfices étaient multiples : Des corsaires agissant pour les couleurs langecines ouvriraient la suite des plans de la jeune duchesse ; Aucun frais supplémentaire pour les caisses ducales ; Sans compter la part sur les prises.

- En sus, un bon capitaine sur le navire de commerce et quelques gens d’armes avisés. Préférons également un tonnage léger et des livraisons rapides pour éviter les pertes trop lourdes en cas de prises. Si je ne m’abuse, par vent normal, le trajet entre les deux ports n’excède pas six jours : un rendement tout à fait acceptable.


Du regard, elle interrogea Harnyll. Il était son premier interlocuteur en la matière. Guilhem laissait souvent transparaitre son approbation ou sa réprobation lors de leurs exercices par une petite moue ou un fin sourire. Habituée, elle guettait les mêmes signaux chez le baron. Hésitante, non pas sur les idées mais sur la manière de le présenter, elle se crut obliger d’ajouter :

- Qu’en pensez-vous ?

L’impression de commettre une légère maladresse teinta ses joues de rouge brièvement. Hormis un accord commercial, elle ignorait, de toutes manières, quelles étaient les autres attentes du seigneur d’Ysari. Aussi, lui laisser avancer ses autres pions était la seule option envisageable.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeLun 23 Mai 2011 - 9:20

La duchesse semblait aussi préoccupée que lui par la problématique de la piraterie. Ces maudits loups des mers constituaient une plaie qu’il leur faudrait cautériser par le fer et le feu. Lorsque les cadavres de quelques écumeurs des mers se retrouveraient pendus sur les docks de leurs ports de commerces, dévorés par les charognards, leurs confrères s’en retourneraient peut être vers l’Eris, plus vaste et moins risqué.

Évidemment, l’installation d’une base sur l’île de Nelen permettrait aussi de lutter contre le fléau de la piraterie, mais entre la querelle qui existait déjà pour la possession de ce bout de terre et les coûts pharaoniques qu’engendreraient la construction d’un port d’eau profonde, mieux valait laisser cela de côté. Les budgets ne supporteraient pas de telles saignées au vu du contexte déjà tendu. En attendant, des solutions plus immédiates existaient.


Votre idée est bonne, l’utilisation de corsaires et de navires légers pour lutter à armes égales contre la piraterie devrait donner de bons résultats. Quand aux navires de plus fort tonnages, je recommanderai de les grouper en convois escortés par un ou deux vaisseaux de guerre. Ils ne pourront compter sur leur vitesse pour s’échapper, mais aucun pirate n’osera affronter un navire lourdement armé.

Harnyll avait feint de ne pas relever la légère rougeur sur les joues de la duchesse. Une légère hésitation due sans doute au manque d’habitude… cela lui viendrait rapidement, et le baron ne doutait pas que sous peu elle saurait parfaitement contrôler ses émotions. Bien, les discussions s’engageant favorablement, il allait pouvoir aborder la principale raison de sa venue. Ou l’autre principale raison plutôt, la signature d’un accord économique étant également d’une grande importance à ses yeux.

Savez vous duchesse que les clercs de ma chancellerie, en fouillant dans d’anciennes archives, se sont aperçues que voici près d’un siècle Langehack et Ysari avaient signé un traité d’amitié et d’alliance ?

De fait, le traité comprenait une garantie d’assistance mutuelle en cas d’agression de l’un des deux territoires. Certains auraient pu ironiser sur le déséquilibre des forces entre le puissant duché et la petite baronnie, mais l’écart des forces militaires n’étaient pas si conséquent, et les premiers ducs de Langehack avaient du favorablement envisager la possibilité que la puissante marine ysaraine leur apporte en cas d’urgence plusieurs centaines de ses soldats équipés de leurs redoutables grands arcs de guerre.

Cela sans compter qu’une alliance auprès d’une baronnie de la péninsule créait une possible entente avec Sybrondil, allié historique d’Ysari. Ce dernier point hélas faiblissait quelque peu, car si Erestor comme Ydria avaient confirmé cette alliance avec leur voisin, nul ne savait ce qu’il adviendrait des orientations politiques de la baronnie pour l’instant sans dirigeant. Mais face à la puissante Soltariel ou la riche Ydril, les deux terres ne pouvaient guère agir autrement qu’en se soutenant mutuellement.

Quand à l’intérêt pour Ysari, il était évident. L’appui de Langehack, l’un des plus puissants duchés qui soit, ne pouvait que conforter la situation de la baronnie. Conscient qu’il venait de dévoiler ses batteries… mais il ne pouvait faire autrement s’il comptait avancer. Il lui fallait amorcer l’idée de réactiver et de réactualiser une ancienne alliance, aussi le baron reprit :


Je crois que mon grand père et le duc d’alors ne s’appréciaient guère, aussi ils ne renouvelèrent pas le traité qui finit enterré. Il est regrettable que des dissensions personnelles aient alors pris le pas sur l’intérêt supérieur de nos peuples.
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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeLun 23 Mai 2011 - 19:52

« C’y commence le jeu de l’araignée et la mouche. Nous pouvons inverser les rôles et le jouer encore. La seule chose qui importe : c’est que moi, je gagne. »

Et Jeanne s’accordait seule à dire que la toile tissée par ses conseillers et les renseignements donnés était plus que bancale. L’archiviste se verrait vertement tancer pour ne pas avoir ressorti la donnée associée à un accord vieux d’un bon siècle entre Ysari et Langehack. Probablement que n’importe quel autre seigneur se contenterait un commentaire cinglant à l’égard de l’incompétent, mais la duchesse haïssait plus que tout l’imprécision. Se parant d’un ravissant sourire dont seules les jeunes vierges ont le secret, elle pencha légèrement la tête de coté pour écouter la suite.

Des tensions entre leurs aïeuls auraient mis fin à l’accord ? Peut-être plus simplement que l’accord n’était pas vraiment profitable aux terres langecines. A la belle armée du marquisat de Sephren, les Langehack avaient préféré utiliser les moyens d’entretien des troupes à parer le palais ducal de milles dorures et de manières pédantes « pour le prestige ». Alors engager la faible puissance militaire sur des terres étrangères ne devait, assurément, pas être dans leurs priorités. Cruelle déconvenue pour une région qui, dans un passé lointain, avait su s’ériger une place forte et tenir bon face aux envahisseurs de la Côte de Sel puis les repousser pour unifier sous la bannière d’or à l’aigle sable.

Ce qu’ignorait alors le baron étaient les intentions de la toute fraiche tête ducale. Si ses récents prédécesseurs avaient su composer avec la piètre image de la force de frappe langecines, il ne serait pas de même pour elle. Elle s’y refusait. Le Voile et la Guerre Civile avait achevé de convaincre la jeune femme de la nécessité de l’acier et du fer. Aucune velléité guerrière pourtant, Jeanne n’avait pas menti en affirmant préférer la diplomatie à la manière forte. Cependant, assurer la sécurité de terres si peuplées et des richesses du Duché avec quatre clampins et trois navires de guerre face aux menaces multiples, sombres ou intérieures, la laissait dans un état proche de l’hilarité. Un rire jaune. L’influence de Guilhem, homme d’épée, y était certes pour beaucoup, mais le bon sens faisait le reste.

Que répondre au Baron ? Un non ferme nuirait à leur accord commercial dans lequel la duchesse trouvait grand intérêt. Un petit oui serait un mensonge éhonté et peu crédible face à ceux qui n’attendaient qu’un faux pas de sa part pour s’emparer du pouvoir en arguant l’incapacité féminine à gouverner. Repousser l’échéance était le seul fil sur lequel elle pouvait tisser sa nouvelle trame.

- J’ignorais tout de cet accord. Je serais ravie de pouvoir le consulter plus attentivement et découvrir les tenants et aboutissants n’ayant conclu à son non-renouvellement. Je mandaterais mes conseillers afin de découvrir le fin mot de l’affaire.

Elle marqua un temps. En sus, elle n’avait encore pas toutes les cartes en main.

- Cependant, ne hâtons pas les choses. Après un siècle, nos deux contrées reprennent des échanges. Il ne serait pas avisé de précipiter la « réconciliation ». Allons-y pierre après pierre que l’édifice de nos relations soit solide et n’aille pas se briser comme au temps de nos aïeuls pour des bisbilles. Parlons à nouveau de cet accord lorsque les navires de commerce sillonneront l’Olienne entre Leliande et Ysari et que nos comptoirs respectifs, bien enracinés, porteront les fruits désirés.

Le soleil automnal filtrait, à présent à son zénith, à travers les rideaux fins. Jeanne se redressa, une main crispée sur son éventail refermé.

- Nous reprendrons après un interlude pour le repas de midi.

Jeanne au bras que le baron ne manquera sans doute pas de lui offrir, les deux nobles gagnèrent un salon où les attendait un repas langecin typique. Contrairement à la veille, les convives se limitaient à deux conseillers, le vicomte de Tall et le régent Misakith, homme d’argent avisé déjà attaché au service du duché du temps de feu Esidenir, puis de Kazil. Même informelle, la discussion sur les accords commerciaux alla bon train, les deux hommes se réjouissant tout autant que leur Dame de l’ouverture de cette voie maritime. Chacun déplora d’avoir dû attendre les tristes événements récents pour renouer contact avec Ysari, mais se félicitait de la tournure agréable que prenait le séjour du baron.

Vint alors la fameuse dégustation d’alcools forts. Le panel à disposition comportait les traditionnelles distillations de pommes et poires naturellement, mais également les moins répandues abricots, pêches et cerises. Le palais d’Harnyll avait le loisir de goûter à toutes les saveurs. Bien évidemment, Jeanne ne se joignit pas à la dégustation. De fait, elle accorda un instant la gente masculine pour profiter, entre elle, des biens-faits alcoolisés et enfumés du terroir langecin.

La manœuvre apparemment anodine avait, outre le fait de faire découvrir les produits régionaux à l’invité de marque, pour but de ménager un moment de répit à la demoiselle et sa santé fragile. Instant dont elle profita pour s’aérer l’esprit et trouver refuge auprès des rapaces de la volière.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeSam 28 Mai 2011 - 17:54

Santé, Harnyll !
Santé, Guilhem !

Les deux hommes trinquèrent et s’en jetèrent un derrière la cravate. Ce n’était pas le premier verre qu’ils éclusaient et l’alcool aidant, ils se laissaient quelque peu aller. Le vicomte avait défait les premiers boutons de son pourpoint, voyant quoi le baron défit tous les siens. Car force était d’admettre que le petit digestif tabassait dur, mais Harnyll se disait qu’il ne faisait après tout que tester un potentiel produit d’importation.

Par respect des apparences, les deux nobles ne procédaient pas à la « dégustation » dans la grande salle où les domestiques nettoyait les restes du repas mais dans un petit salon attenant où ils avaient amenés les bouteilles à tester. Enfin bref… nous dirons que ces nobles messieurs se comportaient tout à fait normalement pour des nobles dont les épouses ou les maitresses se retrouvent au loin. Dun Eyr n’aurait pas dédaigné ces agapes, en bon protecteur du divin spiritueux qu’il demeurait. Mais ne parlons pas du seigneur des tonneaux, le souvenir en est encore trop douloureux pour notre héros.

Se grattant vigoureusement l’aisselle, le baron se tortilla pour trouver une position plus confortable… bon sang, ces canapés langecins s’effondraient trop, pour un peu on aurait risquer de s’y noyer. A l’écart, le régent Misakith ronflotait doucement, un sourire de bienheureux collé aux lèvres. La preuve venait d’être faite que pour fort doué qu’il était dans les affaires d’argent, le régent ne tenait pas l’alcool.

Encore heureux que les clercs chargés de rédiger le traité de coopération commerciale entre Langehack et Ysari soient eux contraints de tourner à l’eau claire ! Que les nobles se saoulent comme des cochons est une chose, mais leurs assistants se doivent de rester sobres. Et pourtant, Harnyll n’avait pas une réputation de soiffard, loin s’en fallait, mais depuis la répudiation de sa femme, il se laissait aller à un petit remontant après les repas. Disons que ce jour là, le remontant n’avait de petit que le nom.

Ni Harnyll, fort occupé à déboucher une liqueur de cerise, ni son comparse, occupé à expliquer au baron les qualités au lit d’une certaine dame de la cour de Langehack qui lui faisait bénéficier de ses faveurs, ne remarquèrent le bruit de pas dans le couloir, signe que quelqu‘un approchait. Aussi, lorsque Jeanne ouvrit la porte, elle pu voir son hôte et ses deux plus proches conseillers, affalés comme des tas de viande dans les canapés, à moitié débraillés et un verre à la main. Décidément la gente masculine est irrécupérable !
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Jeanne de Sephren
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeMar 31 Mai 2011 - 17:17

Ne se doutant pas du terrible drame alcoolisé se déroulant dans un petit salon du château, la petite Jeanne conversait gaiment avec Michelle, dans la volière, tout en nourrissant les oiseaux. Bien évidemment, cela n’était pas là une tâche ducale, mais la jeune femme ne réussissait pas encore à abandonner le réconfort anodin de ce petit plaisir, amarre de sérénité dans le tumulte d’événements.

Hélas, les bonnes choses avaient une fin. Aussi, après deux heures de pause, dont une demi-heure à attendre le baron dans son cabinet de travail, Jeanne décida d’aller jeter un œil au déroulement de la dégustation. Poussant la porte du petit salon, sous la mine peu réjouie d’un domestique, la duchesse se trouva nez à nez avec l’amas de chairs marinées dans l’alcool qui lui servaient de conseillers et d’hôte. D’abord bouche bée de surprise - si elle connaissait le goût pour l’alcool de Guilhem, elle ignorait celui d’Harnyll-, elle éclata de rire. Que pouvait-elle , de toute manière, faire d’un baron et d’un vicomte avinés ? Les gronder ? Oh, Guilhem subirait de menues réprimandes une fois qu’il aurait récupéré quelques facultés intellectuelles, mais à Harnyll, que pouvait-elle bien reprocher ? De s’être laisser aller aux douceurs langecines ? Après tout, il avait apprécié les denrées, il n’en serait que plus aisé de les inclure dans leur traité ! Soyons positifs !

Délaissant un instant les convenances, elle s’approcha de Guilhem qui se redressait déjà vaguement gêné. Lentement, elle referma les boutons ouverts de son pourpoint et enjoint d’un geste au baron de faire de même. Si elle passait l'éponge sur leur état d’ébriété avancée, elle n’allait pas non plus les autoriser à rester ainsi avachis et dépenaillés comme des libertins défroqués. D’autant plus que, toute duchesse qu’elle fut, elle restait une jeune rosière ignorant tous des hommes et la situation la mettait terriblement mal à l’aise.

Autoritairement, elle manda deux serviteurs pour transporter Misakith à ses appartements et un autre pour apporter à ses messieurs éméchés une collation pour tasser leurs liqueurs. Elle arrangea les coussins pour que les deux compères d’un après-midi soient correctement assis. Puis, elle tapota du pied le sol dallé, prenant un air aussi faussement courroucé que possible.

« Que vais-je bien pouvoir faire de vous deux ? », les gronda-elle en feignant un soupir.

Ce à quoi, Guilhem se crut bon d’ajouter tout bas à Harnyll sur le ton de la plaisanterie : « Une sacrée demoiselle ! Douce et ferme, imaginez l’épouse qu’elle fera ! Aaah si seulement j’avais vingt ans de moins ! ». Suite à quoi, il se tint bien droit, comme un enfant qu’on allait réprimander, riant de bon cœur à intervalles réguliers.

- Bien,
continua-elle. Je ne puis vous consigner dans vos appartements comme de jeunes garçons récalcitrants. Et nous ne pouvons pas, décemment, reprendre une discussion sensée dans votre état. Aussi, pour me distraire et vous faire pardonner de m’avoir fait poireauter pendant une demi-heure, vous allez devoir me raconter une histoire typiquement Ysarienne, mon cher Baron. Quant à votre cas, Vicomte, je statuerai là-dessus après avoir entendu le conte de notre hôte. Aussi, attention Baron, le sort de votre camarade repose sur vos épaules ! Mettez du cœur à l’ouvrage, je suis très exigeante avec mes conteurs, aussi nobles soient-ils.

Elle s’installa ensuite confortablement sur un fauteuil et darda son regard d’argent sur Harnyll, patientant, un fin sourire aux lèvres.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeSam 4 Juin 2011 - 9:24

Nos deux poivrots en puissance échangèrent un regard un peu confus durant de la tirade de la duchesse, comme deux garnements pris la main dans le sac en train de voler les biscuits du placard. Et s’ils évitèrent la fessée, le baron se vit charger de narrer une histoire à son hôtesse pour éviter une punition sévère à son compagnon de beuveries pour le réprimander de ses écarts.

Une histoire ? Il y aurait bien celle du prêtre de Néera alcoolique, de la bergère boiteuse et du vieux bouc. Mais autant cette histoire aurait fait se tordre de rire le vicomte, autant la duchesse risquait de ne pas en saisir toutes les subtilités et sous-entendus. San compter quelle risquait fort d’en rougir, ce qui nuirait à la fraicheur de son teint. Réfléchissant, le baron se gratta le front et marmonna :


Hmm, peut être puis-je vous raconter l’histoire de Tancrède et d’Emma.

Oui, cette histoire pourrait plaire à une jeune fille comme Jeanne, car si le temps l’avait probablement un peu romancée, la base historique restait admise comme réelle et toucherait sans doute le cœur encore pur de la duchesse. S’installant plus confortablement, le baron commença, toute trace d’ivresse disparue dans sa voix, comme à chaque fois qu’il ébaudissait son auditoire par un récit de ce genre.

Tancrède de Hetalia était l’un de mes ancêtres, fils cadet du baron d’alors, mais qui suite à la mort de son ainé accédera finalement au trône. Mon histoire se déroule durant sa jeunesse, alors qu’il n’était encore que le seigneur de Féoda. C’était un beau et joyeux compagnon que ce Tancrède, un rude gaillard fort amateur de joutes et de ripailles, au sourire charmeur et au corps d’athlète qui donnait des frémissements à toutes les damoiselles de la cour lors de ses apparitions.

Comprenez bien duchesse, qu’à l’époque de ce récit, ma baronnie ne disposait pas encore de l’unité dont elle fait preuve aujourd’hui. Châtelains et nobliaux tentaient par tous les moyens de s’arracher aux entraves de leur serment de vassalité, chacun espérant secrètement se bâtir une petite principauté via de complexes systèmes d’alliances avec les ennemis du baron. Fort heureusement, ces temps là sont depuis longtemps révolus.

Toujours est-il que Tancrède appris un jour par ses espions que le seigneur d‘Alife, un puissant fief non loin d’Arcani, désirait secrètement pouvoir marier sa fille, Emma, avec un seigneur d’Ydril, espérant ainsi se gagner un appui précieux. Pouvoir apparaître comme un allié d’Ydril le placerait idéalement dans le jeu politique d’Ysari, faisant de lui une pièce maîtresse dont l’aide serait dès lors nécessaire pour maintenir de bonnes relations avec le comté.

Désireux d’empêcher ce mariage imminent qui lui apparaissait comme un danger envers l’autorité de son père, Tancrède convoqua quelques uns de ses compagnons, issus d‘une branche éloignée de notre famille. Ils formaient un petit clan d’une dizaine de membres batailleurs et grossiers, rudes gaillards à la moralité douteuse mais à la fidélité maintes fois prouvée envers la lignée des Hetalia.

Ils se réunirent dans une cabane de bucheron isolée, assez loin du château pour ne pas être repérés. Là, Tancrède leur exposa son plan : enlever Emma et récupérer ainsi la rançon que ne manquerait pas de payer son père pour récupérer sa fille chérie. Le seigneur d’Alife ne pourrait que s’endetter auprès du baron d’Ysari pour se faire, tout appel à Ydril dévoilant au grand jour ses ambitions politiques et affaiblissant gravement sa position. L’idée paraissait excellente : non seulement Alife deviendrait l’obligé du baron, mais Tancrède et ses comparses mettraient la main sur un beau magot.

« Mais attention, la damoiselle est pucelle et de noble famille, pas question pour vous d’y toucher ni de la brutaliser », ajouta fermement Tancrède à la fin de la réunion.
« N’ayez crainte mon seigneur », répondit Thoerkil, le patriarche du clan. « Je veillerai moi-même sur la donzelle, et je vous garantis que le premier qui tentera de poser ses pattes sur elle devra manger de la bouillie pendant plusieurs mois ».

Le vieux Thoerkil était connu de par toute la contrée pour la dureté de ses poings et la rudesse de ses muscles, sculptés par des années à servir dans la marine, par tous les temps et sur toutes les mers. Ceux qui avaient reçus de sa part un direct à la mâchoire pouvaient témoigner qu’il ne s’agissait pas de menaces en l’air, on affirmait même que le vieux avait un jour réussi à assommer un bœuf.

Ainsi donc, tandis que Tancrède s’en retournait paisiblement à Féoda, les membres du clan de Thoerkil allèrent s’embusquer sur la route menant d’Alife à la frontière d’Ydril. Ils n’eurent pas longtemps à attendre, le convoi menant la belle à son futur époux arriva quelques jours plus tard. Convoi peu défendu, personne ne s’imaginant un seul instant qu’il pourrait y avoir un risque au vu du secret ayant entouré les préparatifs du mariage, secret éventé par les espions de Tancrède.

Un arbre tomba en travers de la voie, bloquant le chemin du carrosse, tandis qu’une dizaine d’assaillants cagoulés fondirent sur le convoi, massacrant rapidement les gardes, assommant les domestiques et enlevant Emma malgré ses cris et ses supplications. En quelques minutes, l’affaire était entendue. Une attaque menée dans les règles de l’art, avec brio et méthode.

Ligotée, bâillonnée et les yeux bandées, la jeune fille fut portée par ses ravisseurs pendant plusieurs heures, et lorsque cette fuite éperdue s’arrêta enfin, elle se retrouva prisonnière dans une grotte, sévèrement gardée et sans espoir de fuite. Un travail parfait que venaient d’accomplir le clan de Thoerkil. Lorsque le seigneur d’Alife eut vent de l’attaque, il était bien trop tard pour espérer retrouver trace des ravisseurs.

Lorsque le patriarche revint à Féoda, ce fut un Tancrède fort impatient qui l’accueillit.

« Alors ? »
« Tout s’est déroulé comme prévu, et la damoiselle est indemne. »


La joie au cœur, Tancrède déposa une bourse d’or bien rondie dans la main calleuse du vieillard, fit seller son cheval et prit au grand galop la direction d’Ysari afin d‘expliquer à son père et à son frère comment il venait de mettre à bas les ambitions d‘un de leur plus dangereux vassal.


Le baron fit une pause, moitié pour se rafraichir la gorge en buvant un grand verre… d’eau, précisons le… moitié pour faire patienter son auditoire. Comme tout bon conteur, il savait attendre qu’on lui demande de continuer pour satisfaire, l‘impatience ne donnant que plus de saveur au récit.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeJeu 9 Juin 2011 - 14:40

Jeanne scrutait attentivement le baron et buvait avidement son récit.

Le départ était, somme toute, relativement banal. Étrangement tous les ancêtres deviennent beaux, joyeux et fort dans les récits familiaux. Même les pires canailles et les plus grands tyrans sous le pinceau d’un conteur pas totalement neutre se retrouvent fiers guerriers à la loyauté sans faille, devant lesquelles jeunes femmes impressionnables tombaient en pâmoison. Peu dupe à ce sujet, Jeanne hocha néanmoins la tête en souriant à l’introduction de son hôte.

Au fur et à mesure du récit, elle pariait sur une histoire d’amour inattendue entre Tancrède et Emma. Certes, le titre le laissait amplement envisager de base. Mais, savait-on jamais ! Si la belle et Tancrède devaient convoler en juste noce, cela serait après quelques autres épreuves sans doute. Cependant, bien que rompue aux contes romantiques, elle se laissa porter par l’histoire.

S’allier avec une bande de brigands aux mœurs douteuses pour une juste cause ? Quelques années plus tôt, Jeanne aurait bondi sous prétexte que « le chemin est plus important que le but ». Quelques illusions en moins, Jeanne n’était pas la dernière à tirer toutes les ficelles nécessaires à l’accomplissement de ses desseins. Elle n’aurait certes pas recours à des assassins sans fins ni lois pour régler une querelle, mais elle savait plier une partie de sa droiture pour le bien de son duché.

Lorsque le baron fit pause dans son histoire, Jeanne observa une minute de silence pour laisser son conteur se rafraichir tranquillement. Puis, elle ouvrit son éventail et l’agita nonchalamment devant elle. Avouons que les vapeurs d’alcool encore présentes dans la pièce agressaient encore ses poumons fragiles. Le geste avait cependant pour but premier de taquiner le baron en ne quémandant pas la suite avec l’impatience d’une enfant gâtée. Malgré tout, elle céda à sa curiosité.

- Ne me faites pas ainsi languir, Baron. La suite, je vous prie.

Avec un sourire aussi charmant que charmeur, sans doute hérité sans le savoir des mimiques de sa mère. Jeanne invita d’un geste Harnyll à continuer à satisfaire son appétit pour les fables.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeMar 14 Juin 2011 - 7:56

Amusé de constater que son hôtesse attendait avec impatience la suite, le baron reprit :

Tancrède, donc, revint au château d’Ysari avec la satisfaction du devoir dument accompli. Le chambellan lui annonça que son père ne se trouvait pas dans les lieux, ayant été appelé en urgence à Diantra par du roi et qu’il serait absent encore quelques jours. Quel ne fut pas le dépit de notre damoiseau qui se voyait déjà couvert d’éloges par le chef de famille, mais il se consola en se disant qu’il pourrait toujours impressionner son frère ainé, Bohémont.

Les deux frères se réunirent donc dans la salle du conseil, et au fur et à mesure des explications de Tancrède, le visage de Bohémont palissait, comme s’il se refusait à croire ce qu’entendaient ses oreilles. Plus calculateur que son impulsif de frère, il voyait aisément le revers de la médaille.

« Mais as-tu perdu l’esprit ? » rugit-il lorsque Tancrède en eut fini. « Faire enlever et séquestrer la fille d’un de nos vassaux ? Si par malheur les hommes du clan de Thoerkil sont reconnus, nous risquons de voir Alife faire sécession ! »

Un peu gêné, Tancrède dut admettre que son idée si charmante sur le papier se trouvait quelque peu risquée voire embarrassante pour la baronnie. Reprenant péniblement son calme, Bohémont lui expliqua dans des termes peu élogieux que ce genre de méthodes, certes fort prisées des brigands, pouvait jeter le discrédit sur une noble famille. Voyant peu à peu l’abîme s’ouvrir sous ses pieds, Tancrède se décomposa, terrifié à l’idée de la réaction de son père lorsqu’il l’apprendrait, et finit par supplier son frère de l’aider à se sortir d’affaire.

« Je devrais te laisser démêler seul cet écheveau, mais tu risquerais de causer encore plus de dégâts. » maugréa son ainé. « Va prévenir le capitaine de la garde qu’il nous prépare une escorte, je rentre avec toi à Féoda. »

Ainsi fut fait, et les deux frères prirent au grand galop la route du nord. Ils retrouvèrent le vieux Thoerkil, à qui Bohémont expliqua le plan qui devrait leur permettre de se sortir de ce mauvais pas.

Pendant ce temps, la belle Emma se trouvait toujours dans sa grotte, retenue par ce qui semblait être des brigands peu commodes. Les ordres du patriarche avaient été respectés, et elle se trouvait traité avec tout le respect du à son rang, bien que cela ne pèse pas lourd dans la balance au vu de la gravité de sa situation. Quelle ne fut pas sa surprise lorsque le lendemain matin, elle entendit des bruits de luttes, le tintement clair des épées et les hurlements de rage des combattants retentir dans les alentours.

Un grand gaillard en cotte de maille, une épée à la main, entra dans la grotte. Un poète pourrait sans doute écrire des lignes entières sur l’instant au cours duquel les regards d’Emma et de Tancrède se croisèrent. En tout cas, ils restèrent ainsi à se contempler, avec une sorte d’adoration béate jusqu’à ce que le cri de Bohémont brise le charme.

« Tancrède, viens vite ! », cria l’ainé de la famille du dehors.

Peut être que si Emma avait été moins choquée et n’ait pas autant été fascinée par son sauveur, elle aurait remarqué en sortant l’absence de cadavres de ses ravisseurs. Mais une jeune fille enlevée et séquestrée, puis libérée par un jeune homme beau comme un dieu peut être excusée de louper ce genre de petits détails. C’est ainsi que la troupe de soldats ysarains reprit la route de Féoda. Emma avait fermement refusé de quitter son sauveur et chevauchait en croupe de Tancrède, enlaçant fermement le fils cadet du baron.

Ce qui devait arriver arriva… au final, les projets du seigneur d’Alife tombèrent à l’eau, car sa fille ne voulut plus entendre parler d’un mariage avec un quelconque nobliau d’Ydril, ni d’ailleurs quitter Féoda. Et lorsque quelques mois plus tard Bohémont mourut d’une mauvaise chute de cheval, faisant ainsi de Tancrède l’héritier d’Ysari, le père d’Emma donna sa bénédiction au mariage des deux tourtereaux. Devenir le beau-père du futur baron valait bien d’oublier ses anciennes ambitions de sécession.

Voilà duchesse comment un fief rebelle redevint un ferme et fidèle appui du pouvoir. L’histoire ne dit pas si Emma apprit jamais la vérité sur cette histoire, en tout cas son mariage fut aussi long que solide, et la lignée des de Hetalia se perpétua heureusement jusqu’à nos jours.


Se laissant aller en arrière dans le sofa, le baron attendit de savoir si son histoire suffirait à épargner les foudres de la duchesse à son compagnon de beuverie.
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MessageSujet: Re: Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne]   Entre courtoisie et politique, la frontière est étroite [Jeanne] I_icon_minitimeSam 25 Juin 2011 - 14:49

Attentive toujours, Jeanne accueillit la suite du conte avec un nouveau sourire. L’éventail en main, elle chassait l’air encore doux de l’automne d’un geste nonchalant. Les fameuses péripéties arrivaient comme prévu. L’amour naissait d’une étincelle sans autres échanges que des regards. Quelque chose en elle trouvait cela proprement ridicule. Peut-être cela venait-il du rôle faire-valoir de la seule demoiselle du conte. Une jolie princesse qu’on enlève et qui se tient sage, qui tombe amoureuse d’un brigand qui se révèle noble de bon lignage. Il ne manquait plus que le traditionnel « et ils eurent beaucoup d’enfants ». Ah le voilà, un peu modifié, mais il était là « la lignée se perpétua ».

Aux plis délicats des lèvres ourlées, il était aisé de déceler que le conte n’avait pas eu tout l’effet escompté. Difficile de contenter une jeune femme fraichement au pouvoir avec une héroïne terne et sans saveur. Cependant, l’exercice avait atteint les buts premiers : tromper l’ennui et faire décuver en vitesse les deux nobles avinés. Aussi après la brève moue, Jeanne étira un sourire.

- Le Vicomte est sauf grâce à vous, Baron. Il n’y aura donc pas d’autres punitions, Sieurs.

Dans un froissement d’étoffe, Jeanne se redressa et fit claquer son éventail. D’un geste, elle héla un domestique discret près de embrasure de la porte et lui murmura quelques mots auxquels il s’empressa de répondre sur le même ton.

- Nos clercs sont encore occupés à la rédaction des premières lignes de notre traité. Aussi, je vous propose de continuer cette journée sous le signe de la détente. Je vous propose de chevaucher à mes cotés pour découvrir les environs. A moins que l’alcool n’altère vos facultés et que vous ne puissiez me suivre dans ce genre d’activité.

Le ton taquin le défiait tout autant que les prunelles argentées.

- Je serais dans la cour si vous relevez le défi.


En se tournant vers son conseiller, elle informa plus rapidement.

- Un de vos gens attend dans le salon bleu au sujet d’une affaire concernant Azalie. Nous nous verrons avant le repas pour régler quelques détails.

Après une charmante révérence, la jeune femme gagna sa chambre pour passer une tenue plus adéquate pour l’activité annoncée. Rapide, elle ne se s’embarrassa pas de longues minutes à choisir tels ou tels accessoires pour agrémenter sa tenue simple, pratique, mais correspondant à son statut. Dans l’écurie, malgré les protestations des palefreniers, elle tint à choisir sa monture et à aider à la sceller. Le choix se porta évidemment sur l’étalon à la robe baie offert par son mentor quelques années auparavant. Rapidement, elle se saisit des brides et gagna la cour d’entrée. Pas un instant, elle ne doutait que le noble titillé ne pointerait le bout de son nez. Tranquillement, elle profita du temps offert pour donner ses ordres à la garde rapprochée qui ne manquait à présent plus de l’accompagner dans le moindre de ses mouvements.
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