Faites entrer les accusés ! [Lucrèce, Nicolaï, Aureane]

Légèrement rassurée de voir que Nicolaï semblait se reposer correctement, Aureane finit par quitter son chevet, à contrecœur, histoire de s'effondrer de fatigue sur son propre lit plutôt qu'au sol. Elle était épuisée par tous ces événements et elle avait besoin de sommeil, même s'il lui était difficile de le reconnaitre. Tout ce qui s'était passé se bousculait dans sa tête, mais le corps eut le dessus sur l'esprit et elle finit par fermer les yeux. Pour une fois, elle dormit d'une traite, sans faire un seul rêve et se réveilla au milieu de la matinée avec l'impression d'avoir enfin récupéré.

Elle avait été tirée du sommeil par une certaine agitation dans la cour : les exécutions, sans doute. Elle frissonna : il était hors de question d'y assister. Ils avaient été condamnés, cela lui suffisait, elle n'avait pas besoin de se repaitre de leurs cadavres. Elle se leva pourtant sans plus tarder, peu habituée à dormir si longtemps et se prépara, guidée par son estomac qui criait famine. En fait... sur le palier, elle estima que le petit-déjeuner attendrait bien encore un peu et elle alla jeter un coup d'œil anxieux dans la chambre de Nicolaï pour s'assurer qu'il n'avait besoin de rien. Le jeune homme semblait dormir toujours paisiblement et, un peu rassurée, elle finit par descendre les escaliers pour se mettre à la cuisine.

Il y régnant une belle pagaille. Depuis le temps qu'elle n'avait pas pris la peine de s'en occuper réellement et que chacun s'était servi à sa manière, ce n'était pas tellement étonnant. Aureane mangea donc un peu pour se remettre en forme et entreprit de tout remettre en ordre en plus de préparer un repas digne de ce nom pour le déjeuner. Une façon comme une autre de penser le moins possible à Nicolaï qui ne s'était toujours pas réveillé. Et si... s'il n'ouvrait plus jamais les yeux ? S'il avait finalement perdu trop de sang ? Elle secoua la tête comme pour chasser ses idées noires et se concentra sur son chaudron : se torturer ainsi n'avancerait à rien.

Ainsi donc, elle passa la journée près de la cheminée à remettre le coin cuisine en état sans parler à personne et en évitant autant que possible de regarder à l'extérieur. Elle savait très bien sur quoi elle tomberait si elle sortait et elle ne le voulait à aucun prix... Lucrèce le fit, à un moment, et la jeune fille la vit faire demi-tour et courir dans sa chambre. Elle ne préférait pas faire la même expérience ! Il lui fallut pourtant s'y résoudre lorsqu'elle dut allez puiser de l'eau au puits. Les yeux résolument fixés au sol, elle avança sans jeter le moindre regard vers les pendus, suffisamment choquée par ce qu'elle imaginait pour ne pas en rajouter. Voir leurs silhouettes du coin de l'œil la contraignit à accélérer pour retourner à l'intérieur sans voir d'horreur.

Étrangement, le chemin entre la table de la salle commune et la cheminée comportait parfois un détour par les escaliers et la chambre de Nicolaï... Oui, il fallait bien qu'elle vérifie qu'il n'avait besoin de rien, tout de même ! Car plus le temps passait, plus elle s'inquiétait de ne pas le voir reprendre conscience. Le médecin n'en disait rien, lui, il devait estimer avoir terminé son travail, au moins pour le moment. Qu'aurait-il pu faire de plus, de toute manière ?

Lorsque le soir arriva, Aureane servit le repas et mit de côté un peu de nourriture pour le jeune homme. Juste au cas où... la dernière fois qu'elle était allé voir s'il allait bien, il commençait à bouger un peu, alors on ne savait jamais. Elle mangea sans s'attarder, abandonna rapidement ceux qui continuaient le repas dans la grande salle et monta à l'étage pour s'isoler un peu avant de redescendre ranger la cuisine. Forcément, deux minutes plus tard, elle faisait un crochet par la chambre de Nicolaï... toujours au cas où.

Poussant la porte tout doucement, sans faire de bruit, elle jeta un coup d'œil discret, s'apprêtant à repartir aussi vite, mais elle se figea : à la lueur de la chandelle, elle put voir qu'il avait les yeux ouverts et regardait le plafond.

" Oh... " souffla-t-elle, surprise.

Elle ne savait pas trop si elle était extrêmement soulagée ou particulièrement inquiète. Sans doute les deux à la fois, ce qui fit que, sur le coup, elle resta là à le dévisager avec de grands yeux, ne sachant pas trop que dire ou faire.

Aureane hocha légèrement la tête lorsqu'elle l'entendit murmurer son nom et entra dans la pièce pour s'approcher du lit, murmurant simplement en réponse :

" Oui, c'est moi... "

Le voyant tenter de bouger, elle reprit aussitôt, inquiète :

" Doucement. "

Le médecin n'avait pas précisé ce qu'il avait, mais ses bandages étaient assez parlants pour qu'elle craigne qu'il ne rouvre ses blessures. Il se mit à tousser et elle le dévisagea un instant sans savoir que faire avant de se dire qu'un verre d'eau lui ferait sans doute du bien. Il y avait déjà ce qu'il fallait dans la chambre, ses aller-retour n'ayant pas été vains. Sauf qu'il semblait décidé à s'agiter et elle retourna aussitôt auprès de lui, inquiète. Lui posant une main sur l'épaule pour qu'il cesse de chercher à se redresser, elle hocha à nouveau la tête, tentant de l'apaiser :

" Oui, nous sommes à Dyriet et il ne faut pas bouger ainsi, vous avez été blessé... "

Gravement, à tel point que le médecin avait cru le perdre et qu'elle avait un instant pensé qu'il était bel et bien mort. Mais elle ne pouvait pas lui dire cela au risque de le déprimer. A vrai dire, l'expression qu'elle affichait malgré elle était assez parlante car elle le regardait avec un mélange de soulagement de le voir réveillé et de crainte qu'il ne souffre davantage.

" De l’eau. "

Pas étonnant qu'il soit déshydraté avec tout le sang qu'il avait perdu et l'alcool que lui avait fait ingurgité le médecin. Aureane posa aussitôt sa chandelle et se dirigea vers la petite table qui se trouvait dans la chambre.

" Oui, tout de suite mais, par pitié, cessez de vous agiter, en attendant. "

Elle alla prendre le pichet, servit un verre et revint près du lit. Hésitant un bref instant, elle finit par l'aider à se redresser légèrement pour qu'il boive. Elle allait aussi délicatement que possible, craignant de le faire souffrir.

" Vous avez été blessé... Je ne sais pas exactement ce que vous avez, mais vous avez été ramené la nuit dernière par le baron et ses hommes. "

Elle se garda bien de lui faire remarquer qu'il avait fait une folie en allant retrouver Veshork. Comment avait-il pu partir ainsi en pleine nuit pour se jeter tout droit dans ce qui avait été manifestement un piège ? Mais elle se tut, gardant pour elle son incompréhension et ce qu'elle avait ressenti à l'idée qu'il puisse lui arriver malheur. Cela ne la regardait pas, après tout, il était libre d'agir comme elle le voulait, elle n'avait pas à le juger. Reposant le verre sur la table, elle ajouta donc simplement :

" Le médecin du baron s'est occupé de vous, je vais aller le chercher, si vous le permettez. "

Elle était déjà prête à sortir, toujours aussi rapide dans son souci d'efficacité, mais se retourna sur le seuil avec un sourire timide :

" Je suis contente que vous soyez enfin réveillé. "

Puis elle s'éclipsa, descendant aussitôt voir le médecin. L'homme avait terminé son repas et monta sans discuter voir comment se portait son patient. Aureane, pour sa part, resta dans le couloir... au cas où il y aurait besoin de quelque chose, elle ne voulait pas s'imposer. Il fallait que le médecin puisse faire son travail en paix, d'autant qu'il repartait le lendemain matin. Ce dernier demanda à Nicolaï comment il allait et fut satisfait de voir que les blessures ne s'étaient pas remises à saigner car les bandages restaient propres.

Il conclut finalement qu'il faudrait les changer régulièrement et que Nicolaï avait interdiction de sortir de son lit pendant au moins deux bons mois. (à ce moment du rp le médecin râle contre la joueuse qui essaye de profiter lâchement d'un pauvre pnj pour d'obscures raisons inavouées. Bon...) Ainsi donc, il demanda au jeune homme de ne pas se lever avant quelques jours, de rester prudent et de ne pas faire d'effort physique, tant que ses blessures n'auraient pas totalement cicatrisé ce qui prendrait tout de même un certain temps. Il n'avait rien de grave, mais il devait absolument récupérer de la fatigue due au sang perdu et éviter l'infection de ses plaies.

" Il vous réclame demoiselle, dit le médecin d’Harnyll. A mon avis, vos jolis yeux sont plus efficaces sur lui que tous les traitements que je pourrais lui donner. "

Il n'en fallut pas plus à Aureane pour devenir rouge comme une pivoine. Elle resta là, interdite, pendant quelques secondes avant de parvenir à se reprendre un peu. Enfin ! Il fallait qu'elle cesse de s'empourprer ainsi pour la moindre parole lancée en l'air ! Le médecin ne faisait que la taquiner... Bon... Elle finit par oser retourner dans la chambre, l'air vaguement gênée à l'idée de ce qu'elle venait d'entendre.

Nicolaï était toujours allongé. Au moins avait-il compris qu'il fallait qu'il cesse de s'agiter inutilement. Le voir dans cet état dissipa son malaise pour le remplacer par de l'inquiétude. Était-il vraiment tiré d'affaire ? Elle ne pouvait s'empêcher de se le demander. Comme il murmurait son nom, elle crut qu'il voulait parler et se rapprocha pour tendre l'oreille, il en profita alors pour lui tendre la main. Encore une fois, elle s'immobilisa, surprise. Elle le fut plus encore lorsqu'il se mit à parler, s'excusant de... de quoi au juste ? Lui apporter de la peine, lui causer des soucis ? De quoi parlait-il ? Elle haussa les sourcils, secoua légèrement la tête :

" Mais... "

Non, elle avait beau chercher, elle ne comprenait pas où il voulait en venir ni ce qui justifiait ces mots. Il était encore sous le coup de l'alcool, elle ne voyait pas d'autre explication. Il devait divaguer à propos d'elle ne savait quoi... S'asseyant doucement sur le bord du lit pour éviter qu'il n'ait à bouger en voulant continuer à parler, elle secoua à nouveau la tête pour tenter de le calmer :

" Mais je... "

Il ne fallait pas qu'il s'agite et rouvre ses blessures parce qu'il délirait. l'ennui, c'était qu'il avait l'air tout de même assez lucide dans ses divagations. D'ailleurs, il ne la laissa pas répondre poursuivant :

" Je voulais que ce cauchemars s’arrête. Que tout redevienne comme avant. Que tu cesses de te torturer. Aureane… promets moi que tu ne vas plus passer tes journées à travailler sans t’arrêter. Promets le moi. Je n’aime pas ça du tout. "

Le dévisageant avec de grands yeux, la jeune fille commença à comprendre ce qui devait lui trotter dans la tête. Il s'excusait d'être allé tuer Veshork parce que... non... elle avait bien l'impression d'avoir saisi quelque chose, mais elle ne pouvait y croire : il avait fait ça pour elle ? parce qu'il la voyait travailler à s'en épuiser ? La culpabilité la fit se décomposer et elle baissa aussitôt les yeux. Ce n'était pas possible... Qu'avait-elle encore fait ? Elle n'avait pas voulu cela, mais le résultat était le même, à croire qu'elle avait un don pour attirer le malheur sur ceux qui l'entouraient. Elle ne savait même pas quoi répondre à tout ça... Juste qu'elle ne l'avait pas voulu... mais qu'est-ce que cela aurait changé ? A cause d'elle, il avait manqué mourir !

" Ce cauchemars est clos. Ce n’est plus… la peine d’y penser d’accord ? Si quelque chose te tracasse, ou si tu veux juste parler… j’aimerais bien que tu m’en parles. "

Elle avait laissé sa main dans la sienne et il put sentir qu'elle se crispait à mesure qu'il parlait. Tout était de sa faute, il avait failli mourir parce qu'il s'imaginait... ou pas, peut-être avait-il eu raison, mais quoi qu'il en soit, ça n'excusait en rien la façon dont elle s'était comportée. Elle aurait dû se rendre compte qu'il s'inquiétait, elle aurait dû être plus attentive... Elle n'avait fait que le pousser à se jeter dans la gueule du loup. Tout était sa faute. D'ailleurs, elle n'aurait pas été là, elle n'aurait pas été enlevée et rien en serait arrivé. Il y eut un instant de silence pendant lequel elle essaya de répondre mais sans parvenir à trouver les mots. Elle avait la gorge nouée, anéantie à l'idée de ce qu'elle avait fait. Il devait la détester.

" Tu vas rester hein ? Tu ne vas pas partir ? "

Sursautant légèrement, Aureane dévisagea le jeune homme, pétrifiée. Voulait-il qu'elle parte ? Était-il simplement en train de la chasser comme responsable de tous ses maux ? Elle se leva aussitôt, complètement perdue, bredouillant quelque chose d'incompréhensible avant de parvenir à balbutier sans oser le regarder :

" Si... si c'est ce que vous voulez... Je... je suis désolée... "

Elle était au bord des larmes, ne savait plus où se mettre et si elle n'avait pas soudain eu l'illumination, elle serait sortie en coup de vent. Mais, fort heureusement, malgré sa confusion quelque chose la fit réagir : l'expression de Nicolaï peut-être, ou le sens de ses mots qui perçaient enfin la brume de son cerveau. Ce n'était pas ce qu'il venait de dire, bien au contraire. Fixant le sol, elle finit par lui jeter un coup d'œil indécis et se calma un peu, le temps de rassembler ses idées. Non, ce n'était pas du tout ce qu'il avait dit. Pas du tout. Elle se remit à respirer un peu plus normalement et après un moment de silence, risqua timidement :

" Non... non, je n'ai pas envie de partir... je... je suis heureuse ici... "

Elle eut un petit sourire incertain et réellement désolé, finit par ajouter, plus spontanément :

" Je suis navrée... je ne voulais pas... que... que vous vous inquiétiez pour moi... il ne fallait pas... Je... "

Elle ne savait plus trop où elle en était, resta debout au milieu de la pièce à se mordre la lèvre. Elle ne comprenait pas trop s'il lui en voulait, mais elle était certaine, elle, qu'elle avait de quoi culpabiliser. Baissant à nouveau les yeux, elle perdit son sourire pour ajouter à voix basse :

" Je suis désolée... je... je ne fais qu'attirer des catastrophes sur ceux qui m'entourent... "

Mais c'était involontaire ! Et ça n'excusait rien. Rien du tout. Elle secoua la tête, abattue :

" Je vais vous laisser vous reposer. "

Des qu’il eu parlé, Aureane se leva, l’air un peut paniquée et perdue. Mais qu’est-ce qui n’allait pas ? Il lui demandait de rester et elle, elle s’éloignait. Qu’est-ce qu’elle avait put comprendre de travers ? Non, il voulait qu’elle reste, qu’elle revienne. Cela lui donnait envi de hurler. Elle s’était éloignée et il avait dut lâcher sa main. Pourquoi est-ce qu’elle partait ?

Il ne sut qu’elle avait parlé que par le simple fait qu’il avait vu ses lèvres remuer légèrement. Elle reprit légèrement plus fort pour qu’il puisse comprendre, balbutiant doucement.

" Si... si c'est ce que vous voulez... Je... je suis désolée... "

Ce qu’il voulait ? Bien sur que c’était se qu’il voulait. Mais il n’était pas certain qu’elle ait bien comprit se qu’il voulait justement. Il la voyait au bord des larmes. Il voulait qu’elle reste. Pas qu’elle parte. Encore un peut et elle allait fondre en larme et s’enfuir en courant.

NON !!! Veshork ne lui prendrait pas Aureane.

Nicolaï avait envi de se lever et de la rassurer, mais il ne réussi pas à dire quoi que se soit. Aaaaargh c’était rageant. Pour un peut, le chevalier en aurait hurler de dépit. Il allait perdre Aureane si ça continuait comme ça. Mais pourquoi ne voulait-elle pas comprendre qu’il tenait à elle ? Pourquoi est-ce qu’elle interprétait toujours mal se qu’il disait ?

Elle se risqua timidement à reprendre la parole.

" Non... non, je n'ai pas envie de partir... je... je suis heureuse ici... "

Tant mieux, il ne voulait pas qu’elle s’en aille. Il voulait qu’elle reste. Avait-elle enfin comprit? Elle lui adressa un de ses petits sourires timide avant qu’il n’ai le temps de dire quoi que se soit.

" Je suis navrée... je ne voulais pas... que... que vous vous inquiétiez pour moi... il ne fallait pas... Je... "

S’inquiéter pour elle ? En fait, elle n’avait toujours rien comprit. Par les Cinq, elle était vraiment aveugle cette petite. Qu’il s’inquiète pour elle était NORMAL. Mais quant est-ce qu’elle se déciderait enfin à ouvrir les yeux là-dessus ?

Elle baissa la tête comme si elle était fautive de quelque chose. Mais non, c’était lui qui était allé voir Veshork pour sa stupide vengeance.

" Je suis désolée... je... je ne fais qu'attirer des catastrophes sur ceux qui m'entourent... "

Elle secoua la tête, abattue.

" Je vais vous laisser vous reposer. "

« NON !!! »

Nicolaï avait presque crié ce mot. Non, il ne fallait pas qu’elle parte. Non, il ne fallait pas qu’elle s’en veuille. Non, non et non. S’il la laissait partir et sortir de cette pièce, elle ne trouverait pas le sommeil de la nuit et tournerait ses pensées en rond jusqu’au matin. La culpabilité allait la ronger comme son enlèvement l’avait fait. Et elle allait recommencer à se tuer à petit feu comme elle savait si bien le faire.

« Non, reste, implora Nicolaï. »

Il s’agita à nouveau, essayant de se lever pour rejoindre la jeune femme. Au diable les conseils du médecin. C’était d’Aureane dont on parlait là. Se qu’il avait fait, il le recommencerait sans hésiter s’il y en avait besoin.

Malgré toute sa bonne volonté, Nicolaï ne put ignorer la douleur qui le foudroya d’un coup, l’obligeant à rester coucher. Il se sentait inutile. Incapable de la convaincre qu’elle n’y était pour rien dans tout ça, incapable d’aller la rassurer.

« Reste, implora-t-il à nouveau. J’ai passé je ne sais combien de temps à me reposer. S’est de toi dont j’ai besoin. »

« In vino veritas. » soyons clair. S’il avait été tout à fait sobre, jamais le jeune chevalier n’aurait dit un truc pareil. Cela reflétait tout à fait la réalité, mais il ne l’aurait pas dit. Ou pas comme ça en tout cas.

Et il avait raison. La journée entière, il l’avait passé à se reposer et à dormir. Se n’était pas se dont il avait besoin pour le moment. Et puis, impossible de trouver le sommeil en sachant qu’Aureane se torturait l’esprit dans sa chambre.

Et aussi, il avait besoin de sa présence.

Aureane se figea quand le jeune homme lui reprocha de ne pas l’appeler par son prénom. Il était vrai qu’il le lui demandait régulièrement et qu’elle oubliait aussi vite, malgré ses efforts pour éviter les "messires". Seulement, ce n’était pas naturel pour elle, loin de là. Elle ne pouvait tout simplement pas l’appeler "Nicolaï", c’était beaucoup trop familier, elle ne pouvait pas se le permettre. Si elle était déjà un peu gênée après ce qu’il lui avait dit durant la nuit, la remarque n’arrangea rien et il dut s’en apercevoir car il ne tarda pas à s’excuser, ce qui, en vérité, n’aidait pas Aureane à se sentir davantage à l’aise. Elle faillit lui expliquer, mais elle n'osa pas et se tut, ne voulant pas le contredire ouvertement.

Se redirigeant vers le plateau pour se donner une contenance, elle murmura un "ce n’est rien." Elle avait l’impression que c’était plutôt à elle se s’excuser, mais comme cela aussi lui déplaisait, elle ne savait plus quoi dire. quoi qu'elle fasse, elle était de plus en plus gênée, alors inutile d'en rajouter jusqu'à finir par avoir envie de partir en courant.

Il n’y avait rien à faire pour s’occuper du plateau, mais cela lui permit de tourner le dos au jeune homme le temps de se reprendre et de ne pas se remettre à rougir de confusion.

" Aureane, Harnyll va certainement vouloir me voir et il ne risque pas d’être ravi. Je vais sans doute me prendre un sacré savon. Enfin, il va me passer un savon à sa manière. "

Comme elle pouvait comprendre le baron ! Elle-même aurait aimé dire à quel point Nicolaï avait pu se montrer inconscient. Qu'est-ce qui lui avait pris, par tous les dieux ? Se rappelant leur conversation et ce qu'elle en avait déduit, la jeune fille fronça les sourcils, à nouveau mal à l'aise. C'était sa faute... Pourtant, elle choisit de ne rien dire et se retourna en haussant légèrement les épaules.

" Je ne sais pas… Il est prêt à partir avec la baronne et ses hommes. Son médecin prend également congé, il m’a renouvelé ses conseils pour votre guérison. "

Elle espérait sincèrement qu’ils n’auraient pas à regretter son absence. Elle doutait que quiconque ici ait de solides notions en médecine. Pour sa part, elle avait appris quelques bases, comme tout le monde, mais il y avait une différence entre savoir préparer une infusion calmante et guérir des plaies comme celles que le jeune homme avait récoltées.

" Tu veux bien rester avec moi et partager le petit déjeuner en attendant ? Tu pourrais me parler de ta famille. Enfin, si tu acceptes de m’en parler. Je ne veux pas t’y obliger. "

D’abord surprise, Aureane ne tarda pas à hocher la tête. A la vérité, elle avait prévu leurs deux petits déjeuners dans l’idée de pouvoir surveiller le jeune homme s’il ne se montrait pas prudent. Il put d’ailleurs voir qu’elle avait dû faire attention à ce qu’il mangeait habituellement car il ne manquait rien de ce qu'il aimait. Elle prit le plateau et le lui apporta, estimant qu’il ferait mieux de rester au lit. Ce qui lui paraissait réellement étrange, en revanche, c’était de lui parler de sa famille. Sa réponse fut d'ailleurs assez hésitante :

" Comme vous voulez… Il n’y a pas grand chose à raconter… "

Enfin, pour elle, si, elle aurait pu en parler des heures car il s’agissait de ses proches, mais elle ne comprenait toujours pas bien en quoi cela intéressait le jeune homme. Enfin… cela se faisait parfois, de juger ses employés sur leur famille afin de savoir à qui on avait affaire pour ne pas recruter n’importe qui. Sauf que quelque chose lui disait que ce n’était pas du tout la motivation de Nicolaï. Peut-être finissait-elle enfin par réussir à la cerner un peu mieux ?

Elle s’installa sur la chaise et jeta un coup d’œil à son propre petit déjeuner avant de commencer à parler doucement :

" Je ne sais pas vraiment quoi vous raconter… Ma famille vit dans mon village depuis des générations. Nous travaillons la terre, mon père a un petit terrain, mais nous nous louons souvent en plus aux voisins car ce n’est pas toujours suffisant. "

Elle mangea un peu, prenant garde à ne pas s'exprimer la bouche pleine. Parler de sa famille lui faisait une drôle d’impression. Elle n’avait pas vraiment eu l’occasion de partager cela avec quiconque depuis son départ. D’une certaine façon, il était plaisant d’évoquer les siens et, si cela pouvait faire plaisir à Nicolaï, elle n’avait rien contre. Elle avait l'air nostalgique lorsqu'elle reprit :

" J’ai une famille nombreuse, j’avais cinq frères et autant de sœurs lorsque j’étais enfant. Je suis la septième de ma fratrie. "

Se situer parmi eux lui tira un petit sourire attendri. Entre les grands qui étaient plus ou moins partis faire leur vie et les petits qu'elle aimait câliner... Ils lui manquaient tous beaucoup.

" C’est à ma sœur cadette, Guilaine, que j’ai écrit dernièrement. J’espère qu’elle me répondra. C'est elle qui est la plus proche de moi. J'espère obtenir des nouvelles par son intermédiaire. "

Elle n’avait toujours pas eu de réponse, mais elle s’y attendait un peu. Le temps que la lettre arrive, que sa sœur trouve quelqu’un pour la lui lire, puis décide d’employer l’argent joint pour répondre plutôt que pour une autre nécessité plus importante… et il fallait encore que la réponse fasse le trajet inverse. Elle n'aurait peut-être jamais de retour, elle en était parfaitement consciente et ce, que Guilaine ait ou non envie de lui répondre. Il y avait trop de paramètres qui rentraient en jeu.

" Je n’avais jamais quitté mon village avant de devoir partir. "

Elle ne lui en avait d’ailleurs jamais donné la raison.

" Au début, c’était… "

Elle cherchait ses mots, ne sachant décrire ce qu’elle avait ressenti. Ou plutôt, elle ne voulait pas lui dire à quel point elle avait pu se sentir seule, totalement abandonnée. Elle ne voulait pas qu’il la plaigne, cela n’aurait servi à rien et il avait bien autre chose à penser.

" Finalement, je suis contente d’avoir découvert le sud… et la mer. "

C’était ce qu’on appelait faire contre mauvaise fortune bon cœur, mais, au final, c’était sincère. Elle avait bien plus appris depuis qu’elle avait quitté son village qu’en dix-neuf ans à Trois-Chemin. Elle sourit à cette idée et conclut :

" Je n’ai pas beaucoup plus à dire sur ma famille, nous sommes des gens banals, vous savez… "

Mais pas pour elle et, encore une fois, ils lui manquaient. En parler lui faisait du bien, même si elle n'était pas sûre que cela passionne Nicolaï. Comme elle l'avait dit, sa famille était on ne peut plus classique et elle ne voyait pas trop quoi ajouter. Enfin, au moins, elle semblait s'être à nouveau détendue. Elle n'avait pas placé un seul "messire" et partager son petit déjeuner avec le chevalier ne la troublait plus vraiment.

Aureane eut un petit sourire lorsqu'elle vit la stupéfaction du jeune homme en entendant le nombre de ses frères et sœurs. Il était vrai qu'elle avait une famille nombreuse et que sa mère avait été épargnée par les fausses couches.

" Oui, ma mère a une excellente santé, nous avons de la chance. Mon père est fier d'avoir quatre fils en pleine forme. En étant aussi nombreux, il y a toujours de l'animation... maintenant il y a aussi mes neveux et nièces, sans oublier ma grand-mère. "

Si elle ne comprenait toujours pas en quoi cela intéressait Nicolaï, ce dernier ne tarda pas à lui fournir une réponse et un excellent argument pour qu'elle continue à parler. Il était vrai que ne pas se souvenir de sa famille devait être un manque difficile à combler. Ajouté à cela le fait qu'elle appréciait de pouvoir partager cela avec lui et elle reprit donc la parole en essayant de lui permettre de se situer.

" C'est formidable d'être ainsi entouré et de ne jamais être seul. J'ai toujours été très liée avec deux de mes sœurs. Guilaine a quinze ans, quatre de moins que moi, alors elle m'a toujours suivie partout, mais, paradoxalement, c'est aussi elle qui m'entrainait : c'était elle qui parlait aux gens, découvrait de nouveaux jeux auxquels je n'aurais jamais osé penser... Elle m'apprenait des bêtises et lorsque Père nous grondait, j'avais l'air tellement malheureuse qu'il ne disait plus rien. "

Elle eut un petit rire :

" Guilaine en profitait bien. Elle me poussait devant, me disait "Explique-lui, toi." et comme je n'osais rien dire parce que j'étais terrorisée, il capitulait. "

La jeune fille souriait en racontant, oubliant presque son petit déjeuner. En soi, elle voulait bien partager sa famille avec Nicolaï. Il y avait de quoi raconter, il avait raison... Ses souvenirs d'enfance, ou plus récents, remontaient à la surface alors qu'elle avait passé des mois à tenter de les refouler pour ne pas avoir à regretter. A présent qu'elle avait une vie stable, elle pouvait se permettre d'y repenser sans crainte s'effondrer. Elle était capable d'aller de l'avant, maintenant, elle pouvait donc parler du passé.

" Elle a failli me suivre lorsque je suis partie. Mais Père a refusé, évidemment. J'ai craint qu'elle ne me suive malgré tout, mais heureusement, elle n'a pas osé désobéir et puis, même pour elle, cela a dû paraitre trop extrême. "

Elle haussa les épaules avec un air triste pour balayer ce qu'elle venait de dire, regrettant d'y avoir repensé. Se souvenir du passé, d'accord, mais à ce propos, elle faisait un blocage, c'était trop douloureux. Elle choisit donc de dévier la conversation en reprenant :

" Je pense souvent à eux quand je découvre de nouvelles choses, que ce soit à Diantra, Erac ou ici... Ils ne connaissent rien de tout ça. Mes frères ainés sont déjà allés à Diantra, mon père aussi, mais seulement pour une ou deux journées tout au plus et je sais qu'ils se sont tenus à l'écart. Et tous les autres, ils ne connaissent que notre village. Ils ne pensent pas que la magie puisse réellement exister, mais sont en même temps très superstitieux, c'est paradoxal... Notre mode de vie... "

Elle soupira, essaya de trouver un adjectif, mais rien ne lui vint.

" Je ne sais pas vraiment qu'en penser... Je ne sais pas si, par exemple, je dois leur faire part de ce qu'il y a ailleurs... s'il vaut mieux leur ouvrir les yeux ou se dire qu'ils sont heureux comme ça... si je peux estimer qu'ils le sont en vivant de façon aussi... fermée ? "

Cela l'ennuyait, visiblement. Il y avait aussi autre chose qui la troublait à ce propos, mais elle n'osait l'aborder. Elle hésita, mangea un peu, hésita encore et finit par demander timidement :

" Pensez-vous que... ma façon de me comporter est très différente de celle de... des gens ? Je veux dire... voit-on beaucoup que je viens d'un petit village et que je ne connais pas grand chose au reste du monde ? "

Et encore, cela faisait des mois qu'elle faisait des efforts pour s'adapter. Nicolaï ne l'avait pas connue alors qu'elle errait en pleine nuit en plaine d'Atral, juste après avoir quitté les siens. Elle avait eu l'impression de découvrir un autre monde en arrivant à Diantra. Un monde effrayant.

" Je ne comprenais rien à ce qui m'entourait, lorsque j'ai découvert la ville. C'était... comme une immense ruche qui ne s'arrêtait jamais, même la nuit. Je n'avais jamais vu ça. Tous ces gens, personne ne se connaissait, personne ne savait que j'existais. Je ne savais même pas ce que je devais faire ni où aller. On aurait dit que c'était... un autre univers. "

Elle secoua la tête d'un air perdu, se rappelant à quel point elle s'était sentie dépassée par les événements. Au moins, à Dyriet...

" Ici, c'est tranquille, aussi, j'aime bien, ça me rappelle mon village. " finit-elle par avouer en souriant légèrement.

Aureane hocha la tête lorsque Nicolaï lui suggéra de parler de ce qu’elle avait vécu à sa famille, mais sans faire mention de Veshork.

" Vous avez raison, je crois… En fait, j’espère passer par Guilaine pour avoir de leurs nouvelles et leurs donner des miennes… je vois mal les autres faire l’effort de se pencher sur des lettres. Mais je ne lui ai pas parlé de Veshork, non, inutile de l’inquiéter. "

La conversation dévia sur son étonnement devant les découvertes qu’elle avait pu faire et la réponse de Nicolaï lui fit retrouver le sourire. Ainsi donc, si elle avait pu se sentir en décalage, cela ne se voyait pas réellement. C’était rassurant. Tout de même, elle préférait vraiment vivre à Dyriet que dans une grande ville comme Diantra. L’espace, le silence et l’air pur lui avaient manqué là-bas.

" Tu m'as dit qu'il y avait deux sœurs auxquelles tu étais proche, mais tu ne m'as parlé que de Guilaine. Qui est l'autre ? Tu veux bien me parler des membres de ta famille ? Je suis curieux d'en savoir plus. "

Aureane perdit un instant son sourire et fixa son petit déjeuner en silence d’un air désolé, puis elle reprit contenance et commença à raconter doucement :

" Elle s’appelait Elvira. C’était ma grande sœur, elle ne m’a pas vraiment élevée car elle n’avait que quatre ans de plus que moi. Mais quand je ne jouais pas avec Guilaine, je discutais avec elle... On s'entendait bien... On lui a offert une robe neuve une fois, elle l’a choisie bleue, parce qu’elle savait qu’elle me reviendrait ensuite et que j’aimais cette couleur. "

La jeune fille parlait tranquillement, comme si elle se rappelait une belle histoire un peu triste. Les mots coulaient tous seuls à mesure qu’elle se souvenait. Sa sœur n’avait sans doute pas été aussi parfaite que dans son souvenir, mais ça n’avait aucune importance, elle en gardait une image intacte.

" Elle m’a appris beaucoup de choses, notamment ce qu’elle savait sur les plantes, même si je n’en ai jamais su autant qu’elle. Si elle n’avait pas été aussi respectueuse de Père, je pense qu’elle aurait pu apprendre les lettres, elle aussi. Mais je crois qu’elle a estimé que cela devait rester mon domaine… comme si… enfin… je ne sais pas trop. "

Elle eut un petit sourire triste et conclut en baissant la tête :

" C’était un peu mon modèle… Elle était toujours gentille avec tout le monde, toujours de bonne humeur… Elle s’est mariée, il y a deux ans et elle est rapidement tombée enceinte. La sage-femme n’a rien pu faire, elle les a perdues toutes les deux, Elvira et sa petite fille. "

Elle avait été présente, ce jour là. Elle avait attendu des heures en priant, comme elle l’avait fait pour Nicolaï, sauf que sa sœur, elle, ne s’était jamais réveillée. Aureane se tut un instant alors qu’elle revoyait les images du drame. Elle finit néanmoins par regarder à nouveau Nicolaï avec une lueur de reconnaissance dans le regard :

" Je n’avais jamais raconté cela à personne… on n’en parlait pas chez moi. "

Et cela la soulageait, d’une certaine façon. Elle avait mis deux ans pour en parler spontanément, mais elle avait fini par en avoir l’occasion. Elle remerciait le jeune homme pour ça, et, même si elle ne le lui dit pas explicitement, peut-être le vit-il au regard qu’elle lui avait lancé. Elle soupira légèrement, eut un geste de la main pour balayer ses souvenirs et reprit un peu plus légèrement :

" Ce sont des choses qui arrivent… Si vous voulez tout savoir… j’ai également perdu un petit frère. C’était il y a… cinq ans, environ. Il s’appelait Isaac, c’était un petit adorable, mais toujours fatigué, toujours malade. C’est horrible à dire mais nous savions qu’il nous quitterait rapidement avec la vie que nous menions. La maladie l’aura emporté, finalement. »

Cela non plus, elle ne l’avait jamais raconté. C’était la première fois qu’elle se livrait ainsi et cela lui faisait du bien. Nicolaï avait une façon de poser des questions qui n’était pas intrusive. Elle était libre de raconter ce qu’elle voulait, elle aurait aussi bien pu éluder les réponses. Mais elle avait envie de partager cela avec lui. Parce que lui-même n’avait plus de famille à regretter, mais aussi parce qu’ainsi les siens lui manquaient moins. En parler les rendait plus présents. Ne voulant pas assombrir l’ambiance plus que nécessaire, elle reprit rapidement en retrouvant sa bonne humeur :

" Il me reste donc quatre frères et une sœur ainés. Adelphe et Beaudoin ont quitté le foyer mais Adelphe vit encore juste à côté. Je me suis beaucoup occupée de ses enfants, ainsi que de ceux de ma sœur. Vous comprenez, dans la journée, tout le monde part travailler aux champs ou chez des voisins, alors je reste… elle se reprit rapidement, je restais à la maison avec ma grand-mère pour écrire et recevoir mes clients et nous gardions les petits. J’aimais bien… "

Elle s’arrêta un instant, se demandant qui, à présent, prenait en charge les enfants. Sûrement pas son aïeule qui était beaucoup trop âgée pour les garder seule. D’ailleurs…

" J’imagine que c’est ma mère qui s’occupe d’elle et des enfants, à présent. "

Elle haussa les épaules : il y avait forcément quelqu’un, la famille était assez unie pour s’organiser. Et puis, les enfants grandissaient aussi, ils pouvaient se rendre utiles à présent.

" Enfin… j’ai deux autres sœurs plus jeunes que Guilaine, aussi. J’ai presque élevée Justine, la petite dernière. Un sacré caractère cette petite, j’espère que tout se passe bien pour elle. Elle n’a pas un tempérament à vivre comme ça, je crois… Elle se plairait à parcourir le monde… enfin, elle n’a que huit ans, il faut qu’elle grandisse un peu, avant. Pour le moment, elle aime bien aller pêcher, quand elle peut. Elle me ramenait des poissons tout frétillants ! " ajouta-t-elle en riant avec une grimace de dégout.

Elle sourit en repensant à quelques autres taquineries de sa petite sœur et conclut :

" Il faudrait que vous les voyiez pour vous rendre compte… Tout ce que je pourrais raconter ne sera jamais suffisant pour les décrire ! "

Elle tenait beaucoup à chacun d’eux, cela se voyait. Elle n'était sans doute pas attaché à chacun d'eux de la même façon, mais ils représentaient beaucoup pour elle et, depuis tout ce temps, ils lui manquaient. Elle était contente de pouvoir en parler avec Nicolaï.

Nicolaï regretta instantanément d'avoir poser la question lorrsqu'Aureane perdit son sourire. Apparemment, cela faisait aussi partit de ses mauvais souvenirs.

Il ne tarda pas à comprendre la réaction de la jeune femme.

Sa sœur était morte en couche, emportant avec elle sa fille. Une histoire vraiment triste. Il comprenait maintenant pourquoi elle n'en avait pas parler auparavant. Elle avait dut en pleurer pendant des jours et des jours. Le dénis de sa famille et le refus qu'elle avait d'en parler n'avait pas dut arranger les choses. Loin de là.

Sans doute la jeune femme idéalisai-t-elle un peut sa sœur ainée. Mais en même temps, avait-elle vraiment tord? Et puis, cela ne pouvait pas faire de mal. Mais également, parce que c'était peut-être vrai. Elle était peut-être aussi gentille que la jeune femme la décrivait. En tout cas, il ne voyait pas de raison de dire quoi que se soit.

Le deuil n'avait pas épargner la famille d'Aureane. Son jeune frère était mort apparemment très jeune des suites d'une maladie.

Il fallait pourtant qu'elle continu à parler. C'était important parce qu'elle pouvait ainsi extérioriser se qu'elle pensait. Cela faisait toujours du bien de dire se qui nous pesait sur le cœur. Comme il le pensait, cela semblait lui faire beaucoup de bien.

Le preuve elle ne tarda pas à preuve, leur souvenir lui ramena son sourire.

" Il faudrait que vous les voyiez pour vous rendre compte… Tout ce que je pourrais raconter ne sera jamais suffisant pour les décrire ! "

Aureane les aimaient vraiment. D'un côté, cela semblait lui faire de la peine de ne pas les avoir avec elle, mais d'un autre, elle semblait vraiment heureuse de pouvoir parler de tout cela à quelqu'un.

Nicolaï lui sourit également.

« J'espère avoir la chance de les rencontrer un jour, dit-il. »

Mais en attendant, il devait encore y avoir un certain nombre de choses qui les attendaient à Dyriet. Le manoir était bien loin d'être rebattit. Même si, pour le moment, Nicolaï aspirait à un peut de tranquillité après les évènements récents.



[RP terminé. Records du plus long Rp d'Ysari encore battu]