[Manoir des Melasinir] Préparatifs et retrouvailles. [Roxane]

- "Non, je ne me trompe pas, peu de personnes tiennent à moi... En fait, tous ceux pour qui je comptais ont disparu, ou presque. Peu de gens se font du soucis pour moi. Il n'y a que toi et mon amie, je suppose."

Juste lui et Astéride. Personne d'autre. A bien y réfléchir, c'était à pleurer tellement cela était peu. Comment en étais-je arrivée à réduire ses amis comme peau de chagrin? C'était la vie, voilà tout, ceux que j'aimais étaient morts ou avaient disparu de ma vie et je ne m'étais plus attachée à personne, de peur de souffrir de nouveau. C'était aussi simple que cela.

Nous passâmes au sujet du mariage en Odelian et je fus déçue de savoir qu'il partirait sans moi, même si c'était la solution la plus sage. Je n'avais pas envie d'y assister, mais il était de son devoir de s'y rendre, il ne pouvait pas ignorer les puissants à peine entré en fonction. Je le comprenais. Par contre, je ne comprenais pas qu'on puisse épouser quelqu'un par intérêt. C'était terrible.

- "Je comprends la manœuvre, mais... enfin, comment peut-on se lier à un inconnu? C'est terrible quand même..."

Il m'apprit que la jeune épousée pouvait jouir du pouvoir de son époux et je fis la moue, trouvant cela totalement absurde.

- "Je préfère vivre pauvre et inconnue avec l'homme que j'aime, que riche et malheureuse avec un homme puissant, c'est tout."

Je lui lançai un sourire malicieux, avant de reprendre :

- "Et vous messire de Melasinir, maintenant que vous êtes Baron d'Ancenis, il va vous falloir songer à trouver une épouse pour avoir une descendance... Accepteriez-vous un mariage arrangé comme cela est monnaie courante dans votre milieu?"

- "Il me connait à peine..."

Ce n'était qu'un murmure. Apprendre que le serviteur d'Arthur pouvait tenir à moi simplement parce que j'avais aidé son maître à relever la tête me semblait étrange. Incompréhensible. Je ne l'avais croisé qu'en arrivant au manoir. Il s'était montré bienveillant, mais je pensais que ce n'était là que son rôle. Et si ses paroles avaient été sincères, je ne pensais pas qu'il était si touché que cela.

- "Je trouve ça triste. Je mourrais de lier ma vie à un homme que je n'aimerais pas."

Oui, je mourrais de tristesse, de chagrin, comme une fleur sans eau, sans soleil, sans amour. J'étais heureuse de ne pas être noble. Mes parents étaient morts, je n'avais aucun tuteur, j'étais libre de vivre ma vie comme je le souhaitais. Je n'avais pas à me plaindre.

- "Alors que la richesse, le pouvoir, le prestige, ne sont rien, que des futilités... Ils sont aveuglés par les richesses matérielles."

Je lui demandai avec amusement s'il songeait au mariage arrangé pour assurer sa descendance. Amusement, mais je savais que j'aurais le cœur brisé si cela se produisait. Je ris malgré moi du portrait de la mariée.

- "Oh la pauvre. Voilà qui n'est pas charitable. Mais c'est joliment dit et cela ne m'étonne pas de toi."

Je l'enlaçai et l'embrassai, avant de répondre dans un murmure :

- "Je serais intransigeante."

Et je l'embrassai de nouveau, mettant un point final à cette histoire de mariage pour ne laisser la place qu'à nos retrouvailles.

[TERMINE]