Rencontre de taille [Lyne]

Le sol était encore humide de la dernière pluie et toute la forêt chantait au son des gouttes d’eau qui ruisselaient sur les feuilles des arbres avant de venir mourir dans un doux clapotis sur le sol en terre. J’aimais cette musique, plus que tout j’adorais passer des heures, assise sur une branche ou sur mon paquetage à écouter le chant de la forêt. Chaque élément avait son chant. Le vent dans les feuilles, la sècheresse de la terre sous mes pieds, le bruit de l’eau … Ces chants m’étaient plus familiers que la voix d’être humain. Au fil de mon existence, je m’étais un peu plus éloignée de ceux de ma race. Je n’aimais pas les longs discours, les complots et les petites guerres entre voisins. C’était tellement peu de chose fasse à l’immensité et à l’étendue de nos terres. Certains endroits réclamaient plus d’attention que d’autres, certains lieux oubliés devaient être soignés, cultivés, arrangés, je pouvais y passer plusieurs longues années sans en bouger.
J’en étais arrivée à oublier la compagnie de mes semblables pour m’enfoncer dans la solitude. Mais celle-ci, bien que pesante par moment, m’était d’un réel réconfort. Malgré les cent longues années qui s’étaient écoulés, mon cœur souffrait toujours, j’avais été trahi de la façon la plus lâche qu’il soit.
J’avais aimé et j’avais été trahi. La douleur n’était plus aussi vive qu’avant mais elle était toujours là, présente dans chacun de mes gestes, dans chacune de mes pensées.

Peut-être était-ce pour cette raison que j’évitais de fréquenter les miens. La peur de souffrir, de refaire à nouveau confiance, d’aimer… Ce seul mot m’était difficile à penser…. Comment pourrais-je connaitre un sentiment si fort, si étourdissant, si agréable qu’il aurait pu me faire oublier tous les maux du monde ? Personne à part lui n’avait réussit à éveiller pareille émotion en moi…

Mais il fallait que j’arrête de penser à lui, je devais finir d’emballer mes affaires et de quitter le tronc creux dans lequel je m’étais abritée pour la nuit. Cette vie de nomade n’avait pas que des avantages, j’avais été élevé dans le confort et la sécurité, mais depuis ma formation de rôdeuse, j’avais oublié la sensation même de dormir sur un lit de plume ! Ma vieille couverture était la seule chose qui me tenait chaud été comme hiver.
L’automne avançait petit à petit et il se faisait chaque jour un peu plus froid. Bientôt je n’aurais plus assez de vivres et de courage pour dormir à la belle étoile, je le savais. Il serait bientôt temps que je rejoigne la ville la plus proche, que je vende mes remèdes, mes plantes et mes conseils pour passer l’hiver au chaud.

Cependant la simple idée de quitter la plénitude de la forêt me rendait maussade. Je n’avais guère envie de retrouver les miens et leurs petites préoccupations. Mais je n’avais d’autre choix.
Une fois prête, je pris la route, marchant de longues heures avant que le soleil soit bien haut dans le ciel et qu’il perce à travers les épaisses branches. Les feuilles rougeâtres tombaient avec lenteur autour de moi. Je connaissais ces sentiers par cœur, et je prenais plaisir à les arpenter en chantant. Bientôt mes pas me menèrent à une cascade au pied d’une montagne. Je m’arrêtais au pied de celle-ci et sans pudeur aucune –trop habituée que j’étais à vivre seule – je me dévêtis et pénétrée dans l’eau fraîche du bassin d’eau naturel.

Le bourdonnement de la cascade près de moi était assourdissant, mais il était agréable à mes oreilles. Je plongeais, faisais quelques brasses et remontais près de la rive pour tirer d’une plante aux pétales blanches un liquide blanchâtre qui se mit aussitôt à mousser au contact de l’eau. Je m’en servais pour laver mes cheveux, et frictionner mon corps.
Lorsque je sortis de l’eau je me sentais parfaitement propre. Je me laissais sécher au soleil, après avoir enfilé ma chemise blanche j’entrepris de laver mon linge et ma couverture. Après tout je ne pouvais pas débarquer dans une ville, sale et puante. C’était l’un des premiers enseignements de mon maître.

Assise sur le bord de la rive, je laissais mes pieds tremper dans l’eau tandis que le peu d’affaire que je possédais séché sur quelques gros rochers près de moi. Je profitais de cette pause fort agréable pour démêler mes cheveux tout en chantant comme j’aimais le faire chaque fois que je sentais qu’un Ëala pouvait m’entendre.

L'automne s'était installé sur le monde. Les arbres avaient revêtu leur parure rouge orangée propre à la saison. Le soleil qui perçait les hautes branches des arbres n'était plus aussi chaud que durant l'été. On pouvait sentir dans la forêt cette senteur de pluie bien particulière des sous bois elfiques.
Les animaux de la forêt se préparaient faisant leur provision avant que l'hiver n'arrive. Toute la forêt était en pleine effervescence. Les écureuils bondissaient de branches en branches en quête de noisettes. Les cervidés tentaient de fuir les chasseurs qui eux aussi en cette époque reprenaient leurs habitudes barbares envers la nature.

Lyne n'avait pu avoir d'entrevue avec le roi des oreilles pointues. Ce dernier étant absent lorsqu'elle s'était présentée. Impatiente dans l'âme, elle ne voulut pas attendre son retour. La petite demoiselle ailée avait quitté la capitale elfique sans que la mission usurpée à une autre ne fut accomplie. Elle s'était alors dirigée vers les contrées d'Ardamir.
La fée s'était laissée porter par les airs chauds qui flottaient encore par moment. Cette saison et ses couleurs étaient un émerveillement constant pour la petite créature qui affectionnait beaucoup les teintes automnales qui se mariaient parfaitement à sa peau ambrée et à ses ailes orangées.

Cela faisait un long moment que Lyne n'avait croisé aucun géant en cette contrée. Etait elle déserte de vie hormis celle de la faune et de la flore ? La fée s'ennuyait quelque peu car elle aimait à observer ces être à la grandeur démesurée, dépourvue d'ailes et n'ayant plus de lien symbiotique avec la Nature.
L'air se chargeant de cette pesanteur annonçant un orage, la fée Lyne trouva abri près d'un lac. L'orage passa. L'endroit n'était pas si mal en fait et le paysage qu'il offrait plaisait beaucoup à la petite demoiselle qui décida de rester un peu.

Il y avait quelques coccinelles dans les parages que Lyne voulut dresser. Chose peu évidente à faire et qui demandait une très grande patience que la petite fée n'avait pas. Finalement cette tâche étant plus fastidieuse qu'autre chose, elle voulut les repeindre aux couleurs de l'arc en ciel. Usant de sa magie, Lyne colora les coléoptères qui prirent ensuite leur envole furieuse d'être ainsi changées. Cela fit bien rire la fée.
Quelques passèrent à nouveau mais un élément de taille attira l'attention et la curiosité de la créature ailée. Un de ces êtres surdimensionnés se baignait dans l'eau. Tapie dans un recoin au milieu des feuilles, elle observa l'intrus de longues minutes. Elle remarqua une certaine similitude entre leurs deux corps. Il s'agissait d'une jeune femme.

Lyne la vit plonger sous l'eau. Elle était jalouse car elle était incapable de faire cela. La fée fulminait dans son coin. Quand la géante refit son apparition au dessus des ondes ce fut pour attraper une fleur blanche dont elle en extrait une substance mousseuse qu'elle frotta sur sa peau blanche. Lyne n'avait jamais pensé à faire cela pour se nettoyer.
Elle sortit ensuite de l'eau sous le regard de la fée toujours camouflée dans le feuillage. Elle entreprit de laver son linge. Lyne ne comprenait vraiment pas pourquoi ils avaient besoin de se vêtir. Le vieux géant le lui avait expliqué mais c'était contre nature pour la petite fée.

Quelques minutes plus tard, son linge séchait sous les doux rayons du soleil. La géante était assise là sur la berge les pieds dans l'eau en chantonnant tout en peignant sa chevelure. Il était temps d'entrer en scène et de s'amuser un petit peu. Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de Lyne qui n'allait pas repartir sans jouer un peu avant.
Formant un rectangle avec ses doigts fins, elle cadra sa cible : la géante. Se plaçant à califourchon sur la branche où elle était assise pour avoir une meilleur stabilité, Lyne se frotta les mains avant de souffler dans celle ci.

Un vent chaud et humide vint à se faire sentir faisant voler le linge qui séchait. C'était bizarre car il n'y avait pourtant aucune brise en ce jour. Pointant l'eau de son index, elle fit tourner celui ci. L'eau forma un tourbillon autour du pied de la jeune femme, la faisant prisonnière des ondes. La fée ne faisait que commencer son petit jeu.

Tout semblait paisible autour de moi, le sifflement du vent accompagnait mon chant. J’avais presque l’impression que le temps s’était figé. J’aurais pu rester ainsi des heures, des jours même. Je me sentais bien, heureuse, comme je l’étais rarement. Mes pieds se balançaient dans l’eau, créant de fines vaguelettes à la surface. Je posais mon peigne et attendit, continuant mon chant. Une ode adressait à Kÿria la déesse protectrice. Cet endroit était tellement magnifique que je ne pouvais douter de l’intervention de la divinité pour le protéger et le rendre aussi beau. Moi qui espérais par mon chant attirer l’attention d’un esprit pour recueillir ses conseils, je fus ravie de sentir une brise chaude balayer mes cheveux. Peut-être qu’un Eäla acceptait de s’adresser à moi.
De ce fait je n’exprimais aucune surprise lorsque je vis tourbillonner l’eau à mes pieds. Pourtant, sûrement par instinct, je sus presque aussitôt qu’il ne s’agissait pas d’un esprit. Mes pieds se retrouvèrent emprisonnés dans l’eau sans que je puisse les retirer. Petit à petit je me sentais glisser du rocher et je fronçais les sourcils, tentant de m’accrocher comme je le pouvais à la berge.

Pas de doute, il s’agissait là d’une blague, de mauvais goût d’ailleurs, d’un être doué de magie. Durant ma longue vie j’en avais croisé quelques uns, après tout j’arpentais les forêts, il était donc fréquent que je rencontre des êtres hors du commun.
Décidant qu’il était inutile de lutter contre l’eau tourbillonnante, je me laissais glisser du rocher pour plonger sous l’eau. Le courant était moins fort sous l’eau, je pus donc me dégager en nageant vers l’autre rive, en face de moi.

Emergeant la tête de l’eau je regarda is autour de moi, cherchant le responsable de tout ceci. Je voyais mes vêtements éparpillés à droite et à gauche, j’espérais pouvoir les récupérer en bon état car la simple chemise que je portais ne me protégerait guère du froid et des railleries de ceux de ma race.

- Sors de ta cachette petite peste, m’écriais-je en souriant amusée.

Si je ne me trompais pas, il ne pouvait s’agir que d’une fée ou d’un esprit des eaux. J’optais plutôt pour la première hypothèse car l’esprit ne m’aurait pas laissé filer si aisément.

Bien que ce petit jeu aurait pu m’agacer à d’autres moments, j’étais d’humeur joyeuse, voir même joueuse. Je n’avais certes pas les mêmes armes que la créature pour me défendre, mais je ne sentais émaner aucune menace autour de moi. Il s’agissait donc d’un jeu seulement. Du moins l’espérais-je.
Je ne pouvais pas m’être fait un ennemi si vite et en faisant si peu de chose. A moins que laver mon linge dans ce bassin ne soit passé pour une insulte.

Voyant que rien ne bougeait ou ne sortait d’une quelconque cachette je me redressais, ma chemise me collant le corps, et je croisais mes bras devant moi l’air mécontente.

- Pourquoi ne pourrais-je pas m’amuser moi aussi ? Sors de ta cachette que je vois au moins à qui j’ai affaire.

200 ans d’existence ne m’ont toujours pas appris à me montrer prudente. Je ne savais pas faire autrement que me fier à mon instinct, et pour l’heure il m’apparaissait clairement que je n’avais rien à craindre du petit farceur qui avait voulu s’amuser avec moi.

Maintenant j’espérais ne pas l’avoir froissé en me montrant si directe, et si peu effrayée !
Un peu de compagnie ne me ferait pas de mal, je savais qu’il y avait presque plus d’un mois que je n’avais pas croisé la route d’une personne physique douée de la parole. Et maintenant qu’il m’était presque possible de converser voir même de m’amuser un peu avec quelqu’un je sentais le sourire étirer mes lèvres.

La géante glissait de son rocher au fur et à mesure que le tourbillon d'eau l'attirait vers le fond. Elle tentait de s'accrocher mais en vain. La magie de la petite fée était bien trop puissante pour qu'elle puisse y faire quoique ce soit.
Résignée, elle se laissa glisser dans l'eau et le sort prit fin instantanément. Le but n'était pas de la blesser ou de la noyer mais seulement de la mettre à l'eau. Et c'était chose faite. La géante aux oreilles pointues avait nagé jusqu'à la rive d'en face où sortant des ondes aquatiques, elle chercha une présence.

Le vent créé par Lyne avait dispersé les vêtements sur le sol. La géante cria alors. Elle ordonnait que l'instigateur de cette mauvaise blague sorte de suite de sa cachette. Elle venait de traiter Lyne de peste. Grossière erreur que cela.
La petite demoiselle ailée croisa ses bras sur sa poitrine, elle fronça les sourcils de mécontentement. Elle venait d'être insultée de peste. A cette distance, elle n'avait pas vu le sourire qui ornait le visage de l'elfe.

Lyne bien décidée à ne pas sortir, resta tapi dans le feuillage. La géante voulait voir à qui elle avait à faire. Très bien... La voix de la petite fée s'éleva alors en une brise, résonnant des quatre coins du lac. Elle voulait jouer. Très bien. Elles allaient donc jouer.

Trouve moi dans ce cas. Je ne bougerai pas promis !

Véritable promesse ou mensonge éhonté ? Pour cela, il faillait déjà tenter de chercher la fée pour le savoir. Mais elle avait promis de ne pas bouger. Aussi, elle ne bougerait pas. Du moins pas tout de suite. Elle allait lui donner un temps pendant lequel, elle devrait éviter quelques obstacles. Ce n'est pas drôle sinon...

Tu as une heure !

[HRP/ désolé du retard :coupable:

]

L’être qui s’amusait ainsi avec moi ne devait pas être bien méchant. Je sentis dans l’intonation de sa voix que j’avais du le vexer. Où devrais-je dire…LA vexer, puisque j’étais maintenant certaine qu’il s’agissait d’une créature féminine. Mais quel genre ? Sûrement pas un esprit de l’eau, je m’en serais rendue compte lorsque je me baignais, généralement on ne pouvait pas ignorer leur présence ! Une sorte de lutin peut-être ? Un gnome ? Hum…. Après tout pourquoi pas un elfe usant de magie ? Non…non ce n’était pas crédible.
La créature en question me laissa une heure pour la trouver en promettant de ne pas bouger d’un pouce. Je ne sais pas pourquoi mais je doutais qu’elle me dise la vérité. Mais tant pis, après tout je n’avais rien de prévu aujourd’hui, et même si j’espérais rejoindre la ville la plus proche dans l’après midi, il faisait encore assez chaud pour que je passe une nouvelle nuit à la belle étoile.

- Voyons voir, je ne t’imagine pas en train de cacher dans un fourré…humm…peut-être en haut, près de la chute d’eau !

Je me levais donc et me mis ramasser rapidement ses vêtements éparpillés. J’en profitais d’ailleurs pour enfiler mon pantalon en toile fine, puis je me mis aussitôt à chercher la créature.

- Puis-je au moins connaître le nom de celle que je cherche ?

N’ayant aucune réponse, j’entrepris de me présenter, après tout peut-être que la créature était une férue de politesse. Après lui avoir donné mon prénom je gravis les roches qui menaient en haut de la cascade. Mais j’avais beau chercher je ne vois rien. Alors me vint l’idée qu’elle devait être petite. Très petite pour que je ne la remarque pas sur une branche ou derrière un tronc d’arbre. D’ailleurs si elle m’avait demandé de la chercher, c’était sûrement parce qu’elle était persuadée que je ne pourrais pas la trouver !
Il ne me restait plus qu’à trouver ce qui pouvait se cacher derrière une petite créature avec quelques pouvoirs magiques visiblement. Le lutin restait toujours d’actualité, mais je doutais que ce soit réellement ce genre de créature…

- Une fée ! m’écriais-je ravie en redescend jusqu’au bord de bassin. Je sautais par-dessus le ruisseau qui descendait à travers la forêt et levais la tête, les mains sur les hanches. Ai-je réellement l’honneur de converser avec une fée ?

Et je n’étais en train d’user de flatterie pour la faire sortir de sa cachette, non, j’étais réellement excitée à l’idée de croiser la route d’une fée, elles se faisaient si rare ces temps-ci. La dernière fois que j’avais eu la chance de croiser l’une de ses petites femmes ailées s’était au tout début de ma formation de rôdeuse, il y avait à peu près 100 ans…

Elle avait promis de ne pas bouger et c'est ce qu'elle fit. Pendant une heure de temps, Lyne ne ferait que converser avec la géante aux oreilles pointues. Celle ci commença à se mettre à la recherche de la petite fée sans savoir qu'elle en était une.
Tout d'abord dans les fourrés mais rien. En haut de la cascade peut être ? Non plus. Lyne la regardait de ses yeux mordorés d'un air amusé.
Cependant pendant les recherches, la géante demanda à connaître l'identité de celle qui se dissimulait et qui usait de magie. Lyne décida de ne pas lui répondre.

Dépêche toi ! Il te reste plus que 30 minutes !

La voix de la petite fée résonna tel un écho. Elle était portait par la brise, elle venait des quatre coins ce qui rendait impossible à l'elfe de trouver sa position, la forçant à continuer ses recherches.
Cette dernière se présenta alors qu'elle n'avait pas voulu dévoiler son nom. Elle le ferait mais pas maintenant, pas tout de suite. Elle voulait garder le mystère entier. La géante continuait à chercher.

Puis soudain un sursaut. Elle se mit à s'écrier une fée. Elle venait de percer l'identité de la petite demoiselle. Quand elle lui demanda toute excitée si elle conversait bien avec une fée, Lyne finit par achever les présentations en donnant son prénom. Mais comme à son habitude, elle usa de la magie.
Les feuilles mortes s'envolèrent en un tourbillon portées par une brise qui n'existait pas. Elles formèrent à tour de rôle une lettre. A chaque fois que l'elfe prononçait la lettre qu'elle voyait, les feuilles se mouvaient pour en devenir une autre. Elle put alors y lire quatre lettres : L- Y- N- E

Tu as l'immense honneur de converser avec la divine fée Lyne. Mais tu ne m'as pas encore trouvée. Dépêche toi sinon il sera trop tard et je disparaitrai sans que tu n'ai pu me voir!

La rôdeuse continua à chercher avec plus d'entrain à l'idée de voir une fée. Le temps s'écoulait allant vers la fin. L'elfe se rapprochait un peu plus du lieu où était dissimulée la petite créature ailée.
Ecartant deux branches, une fleur se dévoila. Une magnifique fleur aux pétales oranges. Le genre de fleur qui ne pousse pas sur un chêne. Cette fleur de toute beauté c'était Lyne qui s'était agenouillée et mise en boule ne laissant que ses ailes déployées.

Sujet: Re: Rencontre de taille [Lyne] Dim 20 Nov 2011 - 16:22

La fée Lyne. Depuis le temps que j'espérais rencontrer l'un des membres de ce petit peuple, ma patience allait enfin être récompensé. Depuis le passage de Kÿria sur les terres elfiques, beaucoup de choses avaient changé. La nature qu'elle aimait tant écouter auparavant devenait de plus en plus silencieuse. Les brises qui soulevaient ses cheveux, les feuilles des arbres qui bruissaient sous son passage imitant des milliers de rires... tout cela disparaissait chaque jour un peu plus. Depuis des mois j'avais cherché à écouter avec plus de concentration, je restais des heures assises à attendre un signe mais j'avais du me montrer réaliste, l'hiver approchait à grand pas et je ne pouvais rester dans la forêt. Je devais rejoindre une ville avant les premières neiges, et voilà que tombait du ciel cette petite fée m'apparaissait.

Peut-être pouvait-elle m'aider à comprendre les chants de la nature, peut-être qu'elle pouvait m'expliquer la disparition de son peuple autrefois si facile à rencontrer.
Après plusieurs longues minutes de recherche infructueuse je fus presque sur le point de baisser les bras mais je m'obligeais à continuer. Sur la pointe des pieds pour l'attendre je tirais une branche et découvrit derrière celle-ci un petit nid. Son propriétaire n'était plus là depuis longtemps mais à la place une toute petite créature s'y prélassait. Je lui adressais un grand sourire. Ravie de la découvrir enfin.

-J'ai bien cru que j'allais manquer ma chance de te voir.

Retrouvant mes bonnes manières j'inclinais légèrement la tête pour la saluer et lâchais la branche. J'avais gagné le droit de la regarder mais elle pouvait toujours choisir de partir. Aussi attendis-je qu'elle quitte sa cachette.

-Je ne sais pas quelle est ta destination mais je pars vers Aldamir. Faire un bout de chemin avec moi te tente-t-il ?

Gagner Aldamir avant l'hiver était une priorité pour moi et je me doutais que cette charmante petite fée ne pourrait par rester éternellement dehors sans craindre le froid. Il lui faudrait trouver un abri tout comme moi. Mais pourquoi accepterait-elle de me suivre, elle ne me connaissait pas et même si , de par mon allure et mes bagages légers, elle pouvait deviner ce que j'étais....cela ne changeait rien au fait que j'étais une inconnue pour elle.

Et puis, qu'allais-je faire à Aldamir ? J'aurais très bien pu retourner dans mon village natal, retrouver mes parents....cela faisait tant d'année que je ne les avais pas vu.... Non, cet hiver se serait Aldamir, elle aurait d'autres occasions de rentrer chez elle. Pour l'heure elle devait comprendre ce qui se passait, essayer d'avertir son peuple qu'il ne fallait surtout pas se détourner de Kÿria, encore moins maintenant que les temps étaient si incertains.

Sujet: Re: Rencontre de taille [Lyne] Lun 21 Nov 2011 - 19:13

Alors que le temps s'écoulait de plus en plus rapidement, Lyne patientait sagement. Une première pour elle... Elle qui d'habitude aimait à s'amuser avec ces géants qui croient tout ce qu'on leur raconte comme si c'était de l'eau de source.
La géante semblait perdre espoir de trouver la petite fée et pourtant son désir de la voir était si ardent qu'elle se forçait à continuer de la chercher. Cela amusait beaucoup la petite demoiselle ailée qui commença à brosser sa longue chevelure auburne.

Finalement alors que le temps imparti touchait à sa fin et que dans l'air on entendait le décompte les branches devant elle s'écartèrent.

40... 30... 20... 5...

La voix de la petite fée résonna alors dans un éclat de rire.

Trouvée...

Lyne fit un grand sourire alors que les branches se refermaient devant elle. La géante laissa alors l'intimité voulue à la petite fée qui finit de se coiffer avant de faire son apparition.
Quand elle sortit de sa cachette, Lyne observa la géante. Elle était pas trop moche pour une géante. Lyne voleta et se posa sur son épaule. Elle n'était pas une créature craintive bien au contraire, elle aimait jouer avant tout.

La géante lui proposa alors de faire un bout de chemin ensemble après lui avoir indiqué la direction qu'elle comptait prendre. Cela tombait bien car la fée en avait assez de voler d'autant plus qu'il y avait de plus en plus de vent. Elle aurait donc quelqu'un pour la porter durant le trajet.

C'est d'accord mais à condition que tu me portes !

Dit elle de sa petite voix. Le ton était donné, la géante servirait donc de moyen de locomotion à la petite créature. Le ventre de la petite fée se mit à gargouiller, elle avait faim et ne se priva pas pour demander à l'elfe si elle avait quelque chose à grignoter.

Dis tu aurais de quoi manger ? Y a plus grand chose en cette saison et j'en ai mare des noisettes...

Sujet: Re: Rencontre de taille [Lyne] Mer 23 Nov 2011 - 14:00

La condition qu’apposa Lyne pour que nous poursuivions notre route ensemble me fit sourire. S’il suffisait de porter une petite fée pas plus grande qu’un pouce et plus légère qu’une brindille je me trouvais bien chanceuse. Elle venait de se poser sur mon épaule et je pus l’observer de plus près. Elle était magnifique, et ses ailes splendides. Mais j’arrêtais de la détailler pour ne pas la gêner. En évitant de me pencher trop en avant, je ramassais le reste de mes affaires éparpiller et mon sac de voyage. Dans celui-ci j’avais conservé quelques fruits que j’avais cueillis durant mon voyage. Il ne m’en restait pas beaucoup mais suffisamment pour tenir jusqu’à la prochaine ville. Et je supposais qu’avec un si petit estomac, Lyne n’était pas le genre d’ogre à tout dévorer sur son passage. Quoi que…. Peut-être valait-il mieux se méfier, on n’est jamais à l’abri avec les fées.

Je pris dans le creux de ma main une petite poignée de baies sauvages. Des mûres et des fraises sauvages. Elles étaient délicieuses bien qu’un peu écrasées par le voyage. Je levais ma main jusqu’à mon épaule et attendit que la petite fée se serve avant de manger le reste.

- J’ai aussi quelques pommes mais gardons-les pour ce soir !

Sur ses mots je mis mon sac sur le dos et repris la route mais cette fois en meilleure compagnie qu’à mon arrivée. Je n’en revenais toujours pas d’avoir rencontré une fée, et je devais lutter pour ne pas l’assaillir de question. Ce n’était pas le moment de la faire fuir par trop d’enthousiasme. Autant commencer léger !

- Cela fait bien longtemps que je n’avais pas croisé une fée. Au moins une centaine d’année. Vous vous faites rares… Comme beaucoup trop d’autres choses ici. Où comptes-tu aller passer l’hiver ?

C’était bien de pouvoir à nouveau avoir une conversation. Trop longtemps que je vivais en ermite moi. Vivement le retour à la civilisation !
J’avançais rapidement, mais toujours en prenant garde de ne pas gêner l’équilibre de la petite créature. La prochaine ville était encore à deux jours de marche si mes souvenirs étaient bons et encore quatre jours de plus pour attendre la cité. J’avais assez d’argent pour me loger tout l’hiver et avec les plantes que je ramenais, un herboriste aurait tôt fait de me payer suffisamment pour que j’aie aussi à manger ! Et puis j’avais espoir que l’accueil autrefois réservé aux Rôdeurs soient toujours le même.

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