Un chateau en ruine [Guilhem]

Trois années s'étaient écoulées, trois années durant lesquelles Iseult Séraphin vécut en marge de la société. La jeune femme demeurait dans le chateau familiale mais comme il le faudrait. Le première fois à son réveil, elle l'avait fuit ne voulant jamais y retourner, à présent, elle ne veut plus le quitter car même s'il est le témoin de la tentative d'assassinat sur sa personne, il est le seul lien restant avec un passé oublié dont les traces s'effacent de jours en jours.
Le printemps était à présent bien installé, Iseult voyait ainsi ces murs glaciales se réchauffer un peu. Le chateau est en ruine. Personne ne s'y approche car on le dit maudit. Sans doute par ce qu'il appartenait à la famille honnie des Séraphins dont Merwyn a causé la déchéance. Aussi c'est comme une voleuse que cette jeune femme vit en ses propres biens.

Durant cette journée comme tant d'autres, Iseult avait posé quelques pièges à lièvres aux abords du chateau pour faire prisonnier quelques lapins qui serivront à la nourrir. D'ailleurs une sorte de potence était dressée à côté de la porte principale où était pendu le gibier avant d'être dépeusé. Comme à son habitude, Iseult finissait toujours ses journées de la même façon.
Ce n'est pas par ce que la dernière des Séraphins vit comme une souillon qu'elle en est une aussi le rare plaisir qu'elle avait été de se laver dans un peu d'eau chaude. Qu'il est loin le temps où on lui montait des sceaux d'eau chaude pour son bain. Une époque révolue depuis qu'elle a décidé de rester en ce lieu maudit.

La nuit était tombée, la forêt alentour parraissait presque hostile par cette nuit sans lune. Il faisait noir, désespérement noir à l'exception d'un point lumineux qui se faisait voir à l'horizon et qui semblait provenir du chateau en ruine. Etait il encore habité ou tout simplement hanté?

Ce qui est pratique avec les jurons, c'est qu'on en est rarement à court. Et puis, si c'est le cas, rien ne nous empêche de recommencer dans un autre ordre... ou dans le même, c'est aussi possible de faire comme ça pour les gens qui n'aiment pas trop changer une technique qui marche bien. Enfin, toujours est-il que niveau jurons, Guilhem d'Arvelaig était très certainement en train d'épuiser le répertoire. Peut-être qu'une nouvelle allait voir le jour dans peu de temps, sait-on jamais.

Trempé jusqu'aux os, le seigneur de Karras regardait autour de lui, cherchant avec peu d'espoir une cabane de bûcheron ou un abris de chasse pour pouvoir s'abriter de la pluie.

Il avait voulut rentrer en son fief après quelques temps passé à la cour de Serramire, mais malheureusement, un pont détruit sur la route l'avait forcé à faire un détour de plusieurs lieux, et le voilà qui se trouvait à présent forcé d'avancer sous la pluie et dans le noir, tirant les longes de son cheval derrière lui, faute de pouvoir le monter. On ne savait jamais. Une pierre trop glissante ou une flaque plus profonde qu'on aurait put le penser, et ce serait une chute. Étant donné qu'il était au milieu de nul part, autant éviter qu'il ne se casse une jambe ou se retrouve coincé sous son cheval.

Heureusement, les dieux sont parfois miséricordieux. Il aperçut une lumière au loin. Rien de particulièrement important, loin de là. Mais cela suffit à lui redonner espoir. Étant donné qu'il pleuvait trop pour un feu de camp, il pourrait peut-être espérer un endroit au sec, cela ne lui ferait pas de mal.

Avançant, il aperçut les contours de la grande bâtisse plus ou moins en ruine. L'ancien château des Serrafins. Un rictus amer étira ses lèvres. Quelqu'un avait donc décidé de vivre dans ce taudis. Personne n'y avait vraiment mis les pieds depuis le massacre à part pour déblayer les cadavres. Mais les terres alentours avaient été complètement abandonnées. Certes, un quelconque seigneur devait se les être attribuées. Mais le château était resté totalement inhabité. Personne n'avait eu ni les moyen ni l'envie de remettre en état cette vieille ruine qui au fond, était purement et simplement plantée au milieu de nul part.

Mais elle n'était pas si inhabitée que cela finalement.

Descendant de cheval dans la cour, Guilhem avisa l'écurie qui avait encore un toit à peu prêt potable pour y loger sa monture. Visiblement son arrivée n'avait pas été remarquée. Il avait un peu de temps devant lui pour s'occuper de son cheval trempé. Une fois que ce fut fait, il tira son épée et entra dans la partie encore en état du château. La lumière venait de là et il préférait être prêt en cas de mauvaise rencontre. Il ne savait pas qui se trouvait là et rien n'indiquait s'ils étaient hostiles ou pacifiques. Au moins, il serait prêt au pire.

La pluie battait contre le carreau aussi Iseult n'entendit nullement le bruit des sabots d'un cheval claquant contre le pavé de la cours. Elle n'entendit pas plus les pas de son cavalier qui avançait dans l'escalier de colimasson pour vérifier la source lumineuse qu'il avait apperçue dans la nuit profonde.
La dernière des Séraphins avait fini son bain et se trouvait devant une cheminée crépitante séchant allongée nue sur un tapis. Un grincement de porte se fit entendre, cela arrivait souvent dans le chateau en ruine aussi, elle ne réagit pas tout de suite, profitant de la douce chaleur des flammes dans l'âtre.

Se relevant, elle vit deux yeux couleurs or briller dans l'embrasure de la porte. Attrapant d'une main un drap pour voiler sa nudité et de l'autre une épée en piteuse état, elle fixa d'un regard noir l'intrus. Elle resta en position attendant que son voyeur ne dévoile son visage. Elle était en position de faiblesse mais elle pouvait toujours tenter de l'intimider et le faire fuite pour retrouver son intimité.
Comme elle faisait dos à la cheminée, Iseult n'avait que peu d'amplitude de mouvements. Elle ne pouvait reculer plus ni même avancer si elle ne voulait pas se retrouver en prise directe avec cet intrus. Elle ne pouvait même pas faire un pas de côté car le baquet lui servant de baignoire lui barrait la route. Non elle était prise au piège dans cette zone exigüe de la chambre.

Quoiqu'il en soit, elle fixait toujours cette personne dont elle ne voyait le visage. Aucun mot, aucune parole dans cet échange silencieux.

Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il ne s'attendait pas à cela. Enfin quoi. Il s'attendait à des braconniers boueux, une bande de mercenaires en train de faire flamber leurs pets en riant grâcement. Peut être à simplement quelques voyageurs égaré ayant juste cherché un abris pour la nuit. Mais que nenni. Arcam devait être en train de se bidonner gentiment de son côté. Parce que face à Guilhem, ce n'était en rien une bande de joyeux lurons péteurs qui se trouvait là, mais une demoiselle. Et plutôt mignonne la garde. En tout cas, elle avait de jolies cuisses et une poitrine avantageuse.

Il marqua un temps d'arrêt devant ce spectacle pour le moins inattendus. Assez pour que la mignonne le remarque et ne réagisse, attrapant un drap pour se couvrir et dissimuler sa nudité ainsi qu'une épée qu'elle pointa dans sa direction. Oh, elle avait des griffes la bougresse.

Approchant, Guilhem rentra, trempé dans l'étroite chambre où crépitait un joli feu.

Si elle pensait l'intimider, c'était ratté. Cela suffisait sans doute à faire fuir quelques badaud sans la moindre éducation militaire. Mais avec quelqu'un comme Guilhem, les choses n'étaient pas pareil. Son épée était trop longue et sans doute trop lourde pour elle. Si le combat s'engageait, elle se fatiguerait très vite. Surtout si elle tentait de conserver sa pudeur en se dissimulant ainsi. Elle ne pourrait manier son arme que d'une seule et unique main. Et la prise sur elle montrait assez bien que c'était une piètre combattante.

Elle n'avait pas la possibilité de fuir, était acculée. C'était un avantage autant qu'un inconvénient. Elle se battrait jusqu'au bout sans le moindre doute et pouvait donc se révéler dangereuse. D'un autre côté, ses mouvements seraient limité et son épée trop longue la gênerait.

Mais prudence... Combien de fois d'excellents guerriers trop sur de leur forces avaient succombé sous les coups de débutants ?

Levant légèrement son arme, Guilhem la croisa avec celle de la demoiselle, l'écartant légèrement.

« Range ça avant de te blesser avec, dit-il d'un ton froid. »

Il n'était pas venu ici pour se battre et enfoncer son épée dans le ventre de cette fille ne lui ferait pas plaisir. Mais si elle ne lui laissait pas le choix, il le ferait.

Finalement, il ne fallut pas longtemps avant que la porte ne s'ouvre et que l'inconnu ne se montre. Il s'agissait d'un jeune homme qui n'avait en rien l'allure d'un manant. Un noble très certainement à en juger l'allure et sa stature. Elle remarqua que son épée était également sortie. Iseult savait parfaitement qu'elle ne ferait pas le poids face à lui mais elle tentait tant bien que mal de l'intimider.
Il s'avança suffisament près pour que la pointe de son épée vienne à écarter celle de la jeune femme. Trop longue et trop lourde pour être tenue à une main, Iseult ne reussit pas à opposer une quelconque résistance. L'épée tomba alors sur le sol dans un fracas sourd. Point besoin de la ranger vu qu'elle venait de tomber sur le sol.

Un peu plus libre de ses mouvement, Iseult tenta de faire un pas sur le côté pour fuir mais en vain. Son pied rippa sur l'épée à terre et elle s'entailla méchament la voute plantaire avant de choir dans le baquet d'eau qui était à présent froid.
En temps normal, toute personne se blessant et chutant aurait crié mais là, le cavalier put se rendre compte qu'aucun cri ne s'était fait entendre. Seul le bruit des éclaboussures se fit entendre et la respiration de la demoiselle quand sa tête sortit de l'eau pour haper l'air. Rien de plus et rien de moins. Il avait de quoi se moquer d'elle. Non seulement elle était incapable de tenir une épée convenablement et en plus elle était suffisament maladroite pour se blesser et tomber dans l'eau.

Les pieds hors de l'eau, un filet de sang coulait sous son pied droit. Iseult était perdue, appeurée et vaincue. Que faire? Fuir? mais comment? Le drap mouillé se collait à sa peau et laissait voir par jeu de transparence les courbes de son corps. La jeune femme serrait fermement contre elle le morceau de tissu trempé.

L'épée était tombée mollement. La jeune femme avait à peine opposée de résistance à se faire désarmer. C'en était quelque peu risible d'ailleurs. Pour un peu il n'aurait même pas eu besoin de lui parler ou de lever son épée, elle l'aurait lâchée toute seule faute de pouvoir la garder levée. C'était idiot. Complètement stupide. Elle n'avait pas été capable de tenir son épée simplement parce que son autre main était occupée à maintenir sur elle un drap senssé préserver sa pudeur. Mais s'il avait vraiment chercher à atteindre à sa pudeur, elle n'aurait pas été capable de la protéger sans son arme... pauvre idiote.

C'est bien connu. Un animal qui se sent piégé se met à foncer tête baissé droit devant lui, sans prendre le temps de se défendre. Eh bien cela marchait aussi pour les muettes presques nues vivant dans un château abandonné. Tentant une manœuvre aussi inutile que stupide, elle se jeta en avant pour tenter de lui échapper. Guilhem n'eut même pas à faire un seul mouvement puisque cette gourde marcha et dérapa sur l'épée qu'elle avait lâché un petit peu plus tôt, s'entaillant le pied.

Et comme si cela ne suffisait pas, elle perdit l'équilibre pour se retrouver plongée la tête la première dans la bassine d'eau froide qui, de toute évidence, lui servait de baignoire.

La scène avait quelque chose de... comment le dire sans être vexant ou blessant ? Minable, tout simplement.

S'extrayant de la bassine en happant l'air, la demoiselle apeurée se terrait contre le mur non loin de la cheminée, essayant tant bien que mal de se cacher avec le tissus trempé, rendu collant et transparent par l'eau et qui, au final, ne cachait rien du tout.

Avec un soupire un rien exaspéré, Guilhem ramassa l'épée tachée de sang.

« Finalement, tu te serais peut-être moins fait mal si tu l'avais gardé. »

Sans prêter la moindre attention à la jeune femme, il se dirigea vers la fenêtre. Si elle avait un tant soit peu de bon sens, elle resterait là bien tranquillement. Elle était presque nue, blessée au pied, il faisait froid et il pleuvait dehors. Elle n'irait pas bien loin si elle tentait de s'échapper. Et puis, il n'était pas dit que Guilhem la laisse re rentrer alors.

La fenêtre s'ouvrit un court moment. Juste le temps pour permettre à Guilhem de balancer l'arme par la fenêtre et de la refermer. À présent, pour rajouter au désaventage de la muette, la seule arme de la pièce était celle de l'intrus. Intrus qui venait de tirer une gourde de son bagage et d'y boire une rasade avant de regarder son pied.

« La coupe et net, propre et pas trop profonde. Je te conseille de la bander avec ce avec quoi tu tente de te dissimuler. De toute façon, j'ai déjà tout vu, et avec l'état dans lequel ton bout de tissus se trouve, ça ne changera rien si tu es nue. »

Alors qu'Iseult s'extirpait du bassin d'eau froide dans lequel elle était tombé par maladresse en marchant sur l'épée en tentant de se sauver, l'inconnu poussa un profond soupire comme s'il était presque blasé par la scène qui s'offrait à lui. Une fois hors de l'eau, la jeune femme conservant le tissu trempé contre elle se prostra dans un coin apeurée par ce qui allait à présent lui arriver.
Iseult vit alors le jeune homme s'approcher un peu et se baisser pour ramasser l'épée au sol. Ses paroles furent moqueuses quand il lâcha qu'elle aurait mieux fait de conserver son épée pour éviter de se blesser alors qu'il avait dit de la lacher pour pas qu'elle se blesse. Douce ironie du sort que ceci.

Sans même lui jeter un regard, il lui fit dos se dirigeant vers la fenêtre. Iseult se rapprocha de la cheminée et sa main tâta le rebord pour en trouver le tissonier. Si elle n'avait plus d'épée sous la main, elle ne se laisserait pas pour autant.
Un glacial courrant d'air pénétra dans la pièce quand il ouvrit la fenêtre faisant grelotter de froid la jeune femme trempée et nue. Le bruit de l'épée tombant sur le sol, plusieurs mètres plus bas se fit entendre brisant le silence de la nuit.

Iseult gardant son regard sur lui pour en épier tous ses mouvement, le vit détacher une gourde de sa hanche et en boire une gorgée avant que son regard d'or ne vienne se poser la flaque d'eau mêlée au sang qui se formait à ses pieds.
L'inconnu prit alors la parole et lui parla de sa blessure lui conseillant de la bander avec cette guenille plutôt que de continuer à se cacher inutilement avec. Quand il lui dit que de toute façon, il avait tout vu, elle lui lança un regard foudroyant comme s'il avait porté atteinte à son intimité en la voyant nue.

Conservant le tissonier dans sa main, elle le dissimula derrière elle dans l'espoir qu'il ne l'ait pas vu. Faisant des pas sur le côté, Iseult se déplaça en boitant avant de rejoindre le lit, contournant le baquet d'eau. Une fois au lit, elle se baissa derrière celui ci se dissimulant à la vue de cet homme. Seule sa tête dépassait.
Sa main tapota le matelas et attrapa une chemise qu'elle enfile et boutonna tout en gardant toujours en vue l'intrus. Une fois à demi vêtue, elle se redressa un peu et avec les dents, elle arracha une lanière dans le tissu trempée. A défaut d'autre chose, elle allait suivre son conseil et panser sa blessure.

Qu'est-ce qu'elle avait planqué dans son dos ? Il aurait vraiment fallut être complètement aveugle pour ne pas voir qu'elle avait décidé de transporter quelque chose. Elle avait tendu une jambe pour dissimuler un objet qui semblait donc être long et elle évitait de plier le genoux malgré le fait qu'elle boitait avec sa blessure. En plus, elle tentait de cacher cette chose avec son corps. Autant dire que l'ensemble de ses mouvements faisait quelque chose de relativement étrange, voir carrément incohérent malgré les efforts qu'elle semblait déployer pour le cacher.

Se glissant derrière le lit, elle parvint à s'y cacher pour enfiler une chemise non sans continuer de le foudroyer des yeux. Elle n'avait pas pronnoncé le moindre mot depuis leur rencontre. Était-elle muette ? C'était possible. Et si c'était bel et bien le cas, cela avait certainement un lien avec cette imposante cicatrice qu'elle avait au cou.

Il prit un peu plus de temps pour la regarder. Elle était plutôt jolie. Enfin, le serait si elle n'était pas en train de froncer les sourcils. Quant à se qu'il avait vu un tout petit peu plus tôt, que dire de plus sinon que c'était plutôt appétissant ? Enfin, une fois qu'il aurait un rien muselé les envies de cette jolie drolesse de le découper en morceau, il faudrait qu'elle lui explique se qu'elle pouvait bien faire dans ce château délabré au milieu de nul part.

Une fois relativement couverte, elle arracha un morceau de tissus détrempé, pendant que Guilhem se contentait d'attendre. Il savait parfaitement qu'elle n'irait nul par et lui n'était pas particulièrement envieux d'aller dehors affronter les éléments déchainé.

Il ne reprit la parole qu'une fois qu'elle fut relativement à nouveau en état de l'écouter.

« Bien. Maintenant, je pense qu'il vaut mieux que nous restions bons amis, je pense qu'il vaut mieux que tu jette le tisonnier par la fenêtre. »

Guilhem tapota la poignée de son épée.

« A moins que tu ne veuille t'en servir tout de suite et finir par t'embrocher toute seule dessus par maladresse. »

Pouvait-on dire qu'il se payait sa tête? Eh bien, en un sens, oui. Ouvertement.

Sommairement pansée, Iseult fixa à nouveau le seigneur histoire de le garder à vue. Celui ci prit une nouvelle fois la parole lui demandant de lacher ce tisonnier qu'elle tentait de dissimuler. Visiblement, elle n'avait pas été très discrète. La jeune femme secoua la tête en signe de négation. Non, elle ne le lacherait pas. C'était la seule arme qui lui restait en mains. Et comme elle était cette fois affublée d'une simple chemise, elle pouvait le tenir aisément à deux mains.
Alors qu'il lui demandait de lacher cet objet contendant, il tapotait le pommeau de son épée comme pour lui faire comprendre qu'elle n'avait pas vraiment le choix. Mais non Iseult ne lacherait pas son dernier rempart. Même s'il se moquait ouvertement d'elle et de sa maladresse, elle ne lacherait pas. Assise dans son coin, elle continuait à le fixer mais la fatigue étant bien présente, elle bailla.

Adossée au mur, bloquée contre lit et un chevet, Iseult était assise et elle le fixait. Une demi heure passe durant laquelle chacun resta sur sa position. La jeune femme commençait à sentir le poids du tisonnier qui se faisait de plus en plus lourd jusqu'à ce que ses mains finissent par le lacher d'épuisement. La barre de métal tomba sur le sol bruyament.
Les larmes d'Iseult se mirent alors à couleur toutes seules. Mélange de fatigue et de se sentir totalement impuissante. Si jusqu'à maintenant, elle avait réussi à vivre ainsi, elle se rendait bien compte qu'à la moindre difficulté réelle, elle était rattrapée par son impuissance. Elle n'était pas gueuse, elle ne savait pas faire plein de choses pourtant si simple à réaliser. Elle ne vivait pas dans ces ruines, elle survivait simplement.

L'obstination que la jeune femme montrait était tout simplement ridicule. Il comprenait qu'elle ne voulait pas se trouver désarmée devant lui. Surtout vu l'état dans lequel elle se trouvait. Mais d'un autre côté, est-ce qu'elle avait vraiment le choix ? Tout se qu'elle faisait, c'était repousser l'inévitable en utilisant les dernières forces qui pouvaient lui rester. Et que se passerait-il alors ? Elle serait simplement plus encore à sa merci, trop fatiguée pour se défendre un tant soit peu ou se débatttre efficacement. Alors à quoi cela pouvait rimer de tendre ce tisonnier dans sa direction avec une telle obstination ?

Sa nuit allait être quelque peu inconfortable, malheureusement pour elle. Elle ne lui laissait pas le choix. Autant il avait put comprendre sa première, mais inutile, action pour se défendre, autant là, c'était n'importe quoi. Elle ne paraissait lui être hostile que par principe. S'il s'était moqué d'elle, c'était parce que sa maladresse avait réellement été à mourir de rire. À part ses moqueries et ses remarques sarcastiques, il n'avait pas été menacent à un quelconque moment. Il n'avait pas eu besoin d'ailleurs, cette gourde avait réussi à se blesser toute seule.

Et voilà qu'en plus elle se mettait à bailler. Non, définitivement, elle ne représentait absolument pas une menace à ce moment précis. Guilhem s'installa donc confortablement en face d'elle et attendit. Après tout, qu'avait-il de plus à faire ? Rien. Il n'avait qu'à attendre qu'elle épuise ses dernières forces avec ce bout de métal. Et alors, il ne serait plus embêté par rien.

Une demi heure plus tard, elle craqua et lâcha la barre de métal, de toute évidence complètement épuisée, des larmes coulant de ses yeux. Sans s'en préoccuper, Guilhem écarta le tisonnier hors de sa portée avant de l'attraper par le bras et de la tirer un peu plus loin.

« Cela aurait été plus simple si tu avait fait se que je te disais. »

Sans plus attendre, il attrapa se qui restait de la toile dont elle avait tenté de dissimuler son corps et il la déchira en bandes.

« Je pense que tu comprendra que je ne te fasse pas assez confiance pour te laisser libre de tes mouvements. »

Les bandes de tissus vinrent attacher les mains de la brunette dans son dos, serrant bien le nœud pour qu'elle ne puisse pas le défaire, pas pas assez pour ne pas bloquer la circulation. Par pur plaisir, Guilhem passa le bout de ses doigts sur la joue d'Iseult.

« Dommage que ce regard furieux ne gâche ce visage pourtant bien agréable à regarder. »

Quand le tisonnier tomba sur le sol et que la jeune femme se mit à pleurer à bout de force, le jeune noble s'approcha d'elle et écarta du pied l'arme contendante. Une fois cela fait, il l'attrapa par un bras s'en ménagement la forçant à se relever et la tira un peu plus loin dans la pièce que dans ce coin minuscule où elle s'était proscrée.
La voix du jeune homme résonna dans la pièce lui disant que cela aurait bien plus simple si dès le début elle avait obéit et lacher son arme. Il attrapa dans la foulée le reste du tissu trempé à terre et à son tour en fit des lanières mais le but était différent. Si Iseult c'était pour panser sommairement sa blessure, lui s'était pour l'attacher.

Malgré la fatigue intense que tout son corps endolori ressentait, Iseult tentait de se débattre mais sans succès. Elle s'affaiblissait peu à peu à chaque mouvement pour finalemnt n'être plus sans résistance aucune. Il lui dit alors qu'il l'attachait pour la simple raison qu'il ne pouvait lui faire confiance au vu du comportement qu'elle venait d'avoir.
Rapidement les mains d'Iseult furent liées entre elles dans son dos. Les doigts du jeune homme caressèrent alors sa joue humide avec un certain jeu trouvant dommage que son regard furibond ne vienne gacher sa beauté. Elle secoua alors la tête pour en dégager ses doigts, chose qu'elle réussit à faire et tenta alors de le mordre.

Devant ce geste de violence envers lui, une giffle s'abattit sa joue la faisant choir sur le lit. Iseult ne bougea pas car le coup qu'elle venait de recevoir et sa fatigue extrême la plongèrent dans l'inconscience. Profitant de la situation, il lui lia les pieds et la laissa ainsi sur le lit. Elle était alors positionnée sur le ventre, le corps en travers du lit. Plusieurs heures défilèrent ensuite...

Guilhem la regarda étendue sur le lit sans conscience. Est-ce qu'il allait s'émouvoir d'avoir ainsi frappé une pauvre jeune femme jusqu'à se qu'elle perde conscience ? Absolument pas. Cette pauvre idiote avait tout fait pour repousser ses propres limites et pour pousser celles de sa patience. Si on bouffe trois bassine de fraise en une après midi, on a la chiasse. Si on pousse Guilhem un peu trop loin, on s'en prend une. Elle en avait fait l'expérience et, en toute honnêteté, s'émouvoir. Il lia rapidement ensembles les pieds de la jeune femme et la laissa en travers du lit. À moins qu'elle ne parvienne à ramper jusque lui pour lui arracher la gorge avec les dents, il avait relativement peu de soucis à se faire en se qui la concernait.

Jetant un coup d’œil autour de lui, le jeune homme commença à fouiller dans les affaires de son hôtesse non consentante. Cette fille était tellement entourée de mystères que lui avait la ferme intention d'en lever quelques uns avant de partir au matin. Il n'y avait pas grand chose de notable dans les maigres possessions de la jeune femme et il n'avait pas la moindre envie de fouiller toute la chambre. Mais au final, se qu'il trouva lui apporta plus de question que de réponses. Des livres, elle possédait des livres. Qui qu'elle soit, ou bien elle s'intéressait fortement à la lignée ducale de Serramire et à l'histoire du duché déchu depuis la guerre civile, ou bien elle avait rencontré sur son chemin quelqu'un qui s'y interessait fortement.

Par contre, le fait qu'elle sache lire était interessant... interessant et intriguant. Pourquoi une fille qui saurait lire et écrire vivrait ainsi comme une reculse dans une tour en ruine où personne ne viendra jamais ? Même si elle était muette, elle pouvait toujours vendre ce talent à une quelconque administration seigneurial, à un notaire et correctement gagner sa vie.

La fouille pausait plus de questions qu'elle n'apportait de réponse. Elle y répondrait bien demain.

Laissant les livres sur une petite table, Guilhem s'approcha du lit en travers duquel était étendu sa prisonnière et eut une moue pensive. Trop de place, elle prenait trop de place. La poussant sans trop de ménagement, il l'allongea au bord du lit avant de retirer enfin ses vêtements trempé et de remettre une bûche au feu avant de les faire sécher.

En braie, il s'installa dans le lit et jeta un regard à Iseult.

Non, définitivement, ça n'allait pas.

D'un coup bien calculé et sans la moindre hésitation droit sur l'épaule, il la fit basculer et tomber du haut du lit sans se soucier de la façon dont elle avait attérit.

Voilà qui était mieux.

* * *

Guilhem était déjà levé quant la jeune femme ouvrit un œil, toujours sur le côté du lit, le seigneur n'ayant pas trouvé un seul instant utile de la bouger.

Un léger fumet flottant dans l'air. Un ragoût mijotait tranquillement. Dehors, l'orage s'était mué en une véritable tempête. Tant pis, Guilhem ne repartiraient pas pour le moment. Les murs et fenêtres de ce château en ruine lui offraient un abris providentiel.

« Bonjour, bien dormis, demanda-t-il en s'apercevant qu'elle était réveillée, levant à peine les yeux de l'ouvrage traitant de la formation du duché de Serramire. »

Iseult ne rouvra point les yeux pendant l'heure qui s'écoula où ce jeune noble fouilla dans ses affaires sans son autorisation trouvant quelques ouvrages traitant de l'ancienne famille régnant de Serramire: les Séraphins.
Il ignorait pour le moment qui elle était, la prenant sans doute pour une gueuse comme les autres. C'était sans doute mieux ainsi car sinon cette nuit serait sa dernière nuit.
Par chance en fouillant dans les affaires de la jeune femme, il ne trouva pas le bracelet portant son nom et ses armoiries. Le bijou était dissimulé au milieu d'un petit coffret qui ne contenait que des rubans de plus ou moins large épaisseur dont elle se servait pour masquer sa cicatrice à la gorge.

Quand l'intrus la décala dans le lit, elle ne s'éveilla point. Quand il l'a poussa hors du lit, elle ne se réveilla point non plus. Iseult passa donc la nuit entière sur le sol, étendue et inconsciente.
Quand elle finit par émerger lentemet, sa tête vascillant de droite à gauche avec une migraine importante, il faisait déjà jour même si le temps était passé de la simple pluie à la tempête orageuse.

Iseult tenta de bouger ses jambes mais en vain. Ses pieds étaient liés l'un à l'autre. Elle roula alors péniblement sur l'autre côté avant de prendre appui sur le chevet pour se redresser un peu.
Il était toujours là. Même si sa vue était brouillée par son émergeance, elle en voyait néanmoins sa silhouette posait dans un fauteuil tenant quelque chose en main.
Petit à petit sa vue se faisait plus net, alors que inclinait la tête de droite à gauche lentement comme pour se réveiller d'un mouvais rêve.

Remarquand que la jeune femme était enfin réveillée, il lui demanda si elle avait bien dormi. Il ne reçut aucune réponse bien évidement. D'un coup le regard d'Iseult se figea quand elle réalisa le livre qu'il tenait en main. Il tenait un de ses livres.
Un éclair retentit faisant un éclat lumineux à travers la fenêtre avant que le tonnerre ne gronde quelques secondes après. Iseult sursauta. L'orage lui faisait peur. Elle était apeurée, elle était comme une biche aux abois. On ne lisait plus de colère dans son regard mais seulemet de la peur ou plutôt une certaine terreur.

Se sentant totalement désorientée, Iseult eut un mouvement malheureux car au lieu de se reculer elle se retrouva littéralement aux pieds de cet homme. Un nouvel éclair et un nouveau coup de tonnerre et la voila qui se recroquevillait sur elle même touchant sans le vouloir ses jambes. Elle resta ainsi un instant avant de rouler sur le dos.
Les yeux humides, elle fixait ce jeune seigneur du regard alors que des larmes coulaient à nouveau le long de ses joues. Elle implorait du regard sa pitié. Ses lèvres remuèrent alors lentement formant un mot. Elle tentait de communiquer avec lui pour la première fois.

S'il vous plait, détachez moi...

Il fallait avouer que les quelques effets dramato-pyro-technique dont les gratifiait une quelconque divinité en ce moment même se mariait assez bien avec le passage relativement épique abordé par le livre à ce moment précit. Entre le roulement du tambours et celui du tonnerre, les pluies de flèches et la pluie tout court... tout cela se mariait relativement bien, il fallait se montrer honnête. Quant à la jeune femme qu'il avait attaché la veille ? Autant dire que sa lecture l'occupait largement plus. Elle avait entièrement voulut cette situation. Lui désirait seulement un toit pour éviter d'être trempé par la plus. Cette confrontation était née de sa volonté et si maintenant, elle trouvait sa position inconfortable, en toute honnêteté, il n'en avait strictement rien à faire.

Le seul moment où il daigna vraiment arrêter sa lecture, se fut lorsqu'il la sentit taper contre sa jambe. Elle était en train de se tortiller sur le planché, comme pour tenter d'échapper à quelque chose. Allons donc. Elle avait vu un araignée ? Il ne s'attendait pas vraiment à se qu'elle agisse comme ça. Elle était complètement recroquevillée contre ses jambes jusqu'à se qu'elle se redresse, lui adressant un regard humide et suppliant.

Puis, ses lèvres remuèrent.

Guilhem n'avait guère besoin d'un traducteur, d'autant qu'elle s'efforçait de lui présenter ses mains pour qu'il la libère. Elle voulait qu'il la détache.

Doucement, il l'attrapa par le menton et lui maintient la tête.

« Si tu veux que je te détache, la réponse est non. Tu prendrais quelque chose pour m’assommer ou me tuer. C'était hier qu'il fallait tenter de parler. Vu ton comportement ma belle, je préfère ne pas prendre de risque. Et si pour rester en vie il faut que je te nourrisse et que je t’emmène te soulager dehors, ça m'étonnerait que se soit moi le plus gêné. »

Il la lâcha et caressa légèrement ses cheveux.

« Mais c'est déjà pas mal d'avoir voulut établir un contact. Mieux vaut tard que jamais. »

Ce n'est qu'au bout de quelques secondes que son assaillant dégnia relever le bout de son nez de son ouvrage pour enfin regarder ce qui se passait en dessous de lui. Devant ses supplications, Iseult eut pour seule réponse une action de sa part et quelques mots. Il lui releva le menton, lui maintenant la tête.
La réponse au fait de la détacher était négative. Il ne voulait pas le faire car il craignait qu'elle ne tente nouvelle folie en essayant de l'assomer pour fuir voir pire le tuer. Seulement elle n'y avait pas un seul instant songé. Tout ce qu'elle désirait c'était le faire fuir. Trois années sans voir quiconque avait légèrement joué sur son état psychologique.

Non seulement, il refusait de la détacher et en plus il l'accablait en lui disant que c'était hier qu'il fallait chercher à établir le contact avec lui et non maintenant par après la nuit, pas après cette nuit. Il était visiblement trop tard. En plus il se moqua d'elle en disant qu'il la conserverait attachée quite à l'aider pour ses besoins et manger. Ce à quoi l'estomac de la demoiselle gargouilla légèrement, indiquant que la faim naissait.
L'intrus finit par lui relacher le menton et la tête pour finalement tapoter dessus comme on flatte de la main la tête d'un chien. Cette caresse animale était pour la féliciter d'avoir tenter quelque chose en précisant que c'était toujours mieux que rien. Un nouvel éclair et nouveau coup de tonnerre qui donnait l'impression que la foudre n'était pas tombée loin. Iseult sursauta à nouveau et lui put alors comprendre qu'elle avait peur de l'orage tout bêtement.

Les larmes coulaient sur le visage d'Iseult qui se recroquevilla sur elle même vu qu'il ne comptait pas la détacher ni faire quoique ce soit. Elle médita alors sa situation. Elle avait échappé à la mort par miracle, élevée au rang de damoiselle chez un baron pour finalement rechercher son passé. Un passé qui à présent la plonge dans la déchéance la plus totale. Elle est une pariat aux yeux des autres nobles, elle vit comme marginal au banc de la société. Même un lépereux avait plus de considération...

Guilhem ne manqua pas d'entendre le léger grognement du ventre de sa prisonnière. Apparemment, elle avait faim. Rien d'étonnant à cela. Loin de là. Elle n'avait sans doute rien avalé depuis la veille au soir et il était proche de midi. À rajouter à cela la douce odeur du ragoût de lapin mijotant sur le feu, cela avait de quoi ouvrir l'appétit. Mais rien n'était prêt pour le moment. Alors même s'il était disposé à lui donner tout de suite à manger, il faudrait que la jeune femme attende un moment avant de pouvoir avaler la moindre bouchée de nourriture.

Elle sursauta violemment au moment où retentit un nouveau coup de tonnerre. Elle avait peur de l'orage... c'était donc cela qui la terrifiait tant... c'était bon à savoir. Il pouvait toujours s'en servir à son avantage pour la faire se tenir tranquille. La menace d'être jetée dehors par ce temps qui la terrorisait alors qu'elle était bien au chaud à l’abri devrait sans doute la convaincre de se montrer plus docile et gommer un peu cette attitude de sauvageonne qu'elle affichait pour le moment.

Toujours en larme, elle se recroquevilla sur elle même, pleurant toujours doucement et Guilhem se désintéressa d'elle pour se replonger dans la lecture de l'ouvrage. Puis, il lui jeta un coup d’œil. Puisqu'elle était réveillée et avait apparemment l'intention d'être coopérative, ne cherchant pas à se débattre ou à briser ses liens d'une quelconque façon, autant en profiter un petit peu pou satisfaire sa curiosité. Même s'il n'avait strictement pas la moindre intention de la détacher tant qu'il aurait un abris et hésitait encore sur le fait qu'il la laisserait ligotée lorsqu'il partirait ou pas, la laissant mourir de faim. Elle ne le savait pas bien entendu. Elle devait sans doute se dire que faire preuve de docilité ou de bonne volonté à l’égard de son bourreau ne pourrait qu'alléger son sort. Elle se trompait, bien entendu. Mais cela non plus elle n'en savait rien.

Finalement, tant qu'à passer sa journée à s'ennuyer en lisant un livre qui ne l’intéressait pas, il pouvait tout aussi bien ''apprivoiser'' cette jeune femme. Quel différence cela pourrait faire ? Dans un ou deux jours, il partirait en se moquant complètement de se qui pourrait lui arriver. Et ce qu'il ait prit la peine de la détacher ou non.

Avec une certaine force, il la fit se redresser et poser sa tête sur ses genoux. Il n'y avait pas la moindre obligation dans son geste. Elle pouvait parfaitement se dégager, ou retirer sa tête de là où elle se trouvait. Mais d'un autre côté, il l'avait fait avec assez de force pour lui faire comprendre qu'il ne chercherait pas à renouer le contact ensuite. Et étant donné que sa dernière expérience à se montrer réticente l'avais mis dans cette situation plus qu'inconfortable, elle avait tout intérêt à se montrer plus conciliante cette fois.

Il caressa brièvement ses cheveux avant de prendre la parole.

« Tu sais lire ? »

Ce cavalier sans même se soucier de sa proie reprit sa lecture portant sur le Duché de Serramire, ouvrage qu'il avait trouvé en fouillant dans les affaires de la jeune femme alors qu'elle dormait. Un petit moment s'écoula où Iseult demeura recroquevillée à ses pieds, effrayée par l'orage qui grondait à l'extérieur.
Puis d'un seul coup, l'homme l'attrapa par la force pour l'obliger à se redresser et poser sa tête sur ses genoux comme le ferait un chien sur les genoux de son maitre pour réclamer des caresses. Il dégagea sa main, elle était alors libre de retirer sa tête mais de ce qu'elle avait vu de ce jeune homme, il n'était pas homme à ce qu'on lui refuse la moindre chose. Iseult craignait plus ce qui pourrait se passer si elle retirait sa tête que de rester dans cette position désobligeante.

Une main se posa sur sa chevelure et quelques caresses furent données comme si la jeune femme fut effectivement un animal aux pieds de son maitre. La voix masculine s'éleva alors, lui demandant si elle savait lire. Fermant les paupières, Iseult fit un geste de la tête pour signifier que oui. Levant ensuite ses mains liées, elle mima le fait d'écrire pour lui faire comprendre qu'elle savait également écrire. Allait il le comprendre?
Iseult était une jolie jeune femme qui avait bien plus de valeur vivante que morte. Elle savait lire, elle savait écrire. Certe elle ne pouvait pas parler mais cela ne gachait rien à sa beauté. Au contraire, les femmes sont si bavardes qu'elles donnent mal à la tête à ceux qui les écoutent jacasser. Au moins, elle ne serait pas de celles qui vous cassent les pieds sans cesse avec leur jérémiades.

Se redressant pour reprendre une posture plus enclin à la conversation, Iseult déserta les genoux du jeune homme pour lui faire face de façon à ce qu'il voit ses lèvres remuer. Elle réfléchit un instant comment devait elle se présenter? Si elle donnait son nom complet, elle serait sans doute tuée dans la folie. Finalement, elle décida de mentir pour se préserver s'inventant une nouvelle identité.

Agniezka, jadis servante en ces murs...

Dit elle en se pointant elle même du doigt.

Et vous?

Demanda t-elle ensuite en le pointant du doigt. Elle espérait alors qu'il comprenne qu'elle désirait faire les présentations.

De plus en plus surprenante, la jeune femme se contenta de hocher la tête pour signifier qu'elle était effectivement en mesure de lire. Finalement, elle commençait à l'interesser en tant que personne et non plus simplement comme l'encombrante propriétaire d'un abris contre l'orage. Elle allait peut-être sauver sa vie finalement. Enfin... peut-être. Après tout, rien n'indiquait qu'elle disait la vérité.

Finalement, elle se redressa et mima quelque chose avec ses mains. Il ne comprenait pas vraiment se qu'elle était en train de dire et sembla réfléchir un instant avant de saisir. Elle savait écrire. Ah, voilà qui allait simplifier les choses. Lorsqu'on savait écrire, on savait lire. Ou alors c'était vraiment étonnant. En tout cas, il ne serait pas difficile de vérifier si elle était en train de le mener en bâteau ou si ça n'était pas le cas.

Bon... alors c'était décidé. Si elle le baratinait, c'était une femme morte. Sinon... eh bien disons simplement que son jugement serait remis à plus tard. Sa vie était loin d'être sauvée. Elle gagnerait simplement un sursis rien de plus. Quoi qu'elle commençait à se révéler plus utile vivante que morte. Après tout, si elle disait vrai, elle pourrait le seconder et lui servir de secrétaire. Elle ne risquait pas de l'ennuyer ou de révéler ses secrets. Et puis... une fois propre, elle ne devait pas être désagréable à regarder. Ou en tout cas, elle le serait plus qu'un vieux clair à la barbe blanche et au visage aussi ridé qu'une vieille pomme.

Elle se redressa, désertant ses genoux alors que ses lèvres se mettaient à remuer silencieusement, comme si elle essayait de parler malgré son mutisme. Cela en revanche était quelque chose de relativement agacent de son point de vu. Il devrait lui retirer cette mauvaise manie si jamais il voulait la côtoyer plus souvent comme secrétaire. L'idée faisant petit à petit son chemin dans son esprit.

Une fois qu'elle eut terminé son petit cirque, il leva vers elle un regard désabusé.

« Tu ne pense quant même pas que je vais me plier en quatre pour lire sur tes lèvres j'espère. »

En fait si. C'était une question rhétorique. Avisant une pierre blanche, Guilhem la prit et la tendit à la demoiselle à qui ses pieds liés interdisaient tout mouvements. Il allait faire d'une pierre deux coups sans mauvais jeu de mot.

« Tu as tout le sol pour écrire. Assure toi que se soit lisible. »

Si elle s'était moquée de lui, il allait bientôt le savoir. Sinon, elle devait avoir comprit que remuer ses lèvres ne la mènerait à rien. Il n'avait pas envie de se forcer pour lire sur ses lèvres et ne le ferait pas. Restait à savoir se qu'elle avait voulut raconter un peu plus tôt à présent.

Iseult avait tenté une nouvelle fois de communiquer avec son bourreau qui de toute évidence ne semblait pas comprendre ce qu'elle voulait essayer de lui dire. Elle n'eut dans un premier temps pour réponse qu'un regard d'agacement mélangé au désabusement avant que finalement, il ne lui adresse quelques mots.
La réponse qu'il lui fit eut une réaction immédiate de la part de la jeune femme. Une lueur de tristesse et de désarroie traversa son regard avant qu'elle ne vienne à baisser le regard et fixer le sol. Qu'il est loin le temps où on tentait de lire sur ses lèvres. Elle regrettait cette époque...

Lui tendant une pierre blanche, il lui tendit. Iseult se saisit tant bien que mal de la pierre et l'écouta. Elle avait effectivement tout le sol pour écrire. En plus il voulait que ce soit lisible et compréhensible. La jeune femme avait quelques doutes dessus car le sol n'était pas un endroit pour écrire convenablement mais cependant, elle s'attela à la tache.

Qui êtes vous? Que me voulez vous?

Les mots étaient simples et courts mais on pouvait voir malgré la mauvaise qualité de la surface que la demoiselle avait une jolie écriture. Une écriture qui laissait comprendre qu'elle savait parfaitement manier la plume.
Quand elle eut fini, elle se redressa légèrement et leva le regard vers cet homme en quête de réponse qu'elle espérait qui lui donne.

Guilhem regarda la jeune femme se mettre au travail sans attendre avec une certaine difficulté. Étant donné qu'il n'avait pas l'intention de lui donner un autre moyen de communication, il y avait fort à parier qu'elle allait faire tout son possible pour éviter d'avoir à le faire. Il serait tranquille pour un moment. S'il lui fallait dix minutes pour poser une question, elle réfléchirais soigneusement à ladite question avant de dire n'importe quoi qu'il lui faudrait dix nouvelles minutes pour expliquer. De plus, le fait de manier cette pierre de belle taille de la sorte allait très certainement la fatiguer. Elle serait moins encline à la révolte.

Levant les yeux pour lui indiquer qu'elle avait fini, Guilhem se leva pour aller décrypter le message sur la roche. Ce n'était pas excellent, mais il fallait sans doute mettre cela sur le compte du très mauvais matériaux mis à la disposition de la demoiselle. En tout cas, si elle ne savait pas écrire, c'était l'imitation la plus convaincante qu'il ait vu.

Le visage était cour, mais assez clair.

Restait à savoir s'il allait lui donner les réponses qu'elle attendait.

Il réfléchis un moment avant finalement de se décider.

« Mon nom est Guilhem d'Arvelaig, je suis le seigneur de Karras. »

Pour l'identité, cela suffisait amplement.

« Maintenant, se que je te veux... pour être honnête, rien du tout. Je me fiche complètement de toi. Tout se que je cherchais, c'était un abris pour la nuit, tu étais là, tu étais hostile. Estime toi heureuse de respirer encore. Même s'il est possible que cela ne dure pas. Tout dépend de toi. »

Une fois qu'il eu fini de parler, il se dirigea vers le ragoût de lapin et évalua d'un coup d'oeil la cuisson.

« Non, ce n'est pas encore prêt, dit-il autant pour lui que pour sa prisonnière. »

Il regarda ensuite la jeune femme entravée face à lui.

« Tu es une braconnière. Et tu m'as attaqué. Vu l'endroit où tu vis, cela m'étonnerait qu'on se mette à ta recherche si je me débarrassait de toi. Ta survie dépend donc de se que tu pourras m'apporter. Peut-être que je te prendrais à mon service. »

Il avait déjà pratiquement décidé de l’emmener avec lui. Mais elle n'en savait rien. Et sa connaissance de la lecture et de l'écriture étaient déjà deux importantes richesses en soit. Mais qui sait. Peut-être pouvait-il tirer autre chose de cette poule aux œuf d'or.

Alors qu'Iseult relevait le visage pour signifier à son bourreau qu'elle avait finid'écrire, celui ci lut les quelques mots inscrits sur le sol et hésita quelques longues secondes comme s'il en ignorait la réponse. Finalement, il consentit à lui donner une réponse. Il lui donna une réponse simple à sa question du "qui êtes vous". Ainsi la jeune muette apprit que son bourreau se nommait Guilhem d'Arvelaig et qu'il était seigneur de Karras.
Karras... Ce nom lui disait quelque chose. Dans ses recherches, elle avait étudié les différents petits fiefs du côté de Serramire dans l'espoir d'y trouver une quelconque aide pour le futur. Karras était l'un de ces petits fiefs sans importance comme celui où elle vivait.

Guilhem répondit alors à sa seconde question qui était " ce qu'il lui voulait". La réponse fut beaucoup plus longue mais il n'y avait rien de bien intéressant à relever. Il avait été surpris par la nuit et par la pluie et cherchait simplement un abris. Il avait fallu qu'il s'arrête dans ce chateau que tous disaient maudits. Il avait fallu qu'il tombe sur elle, ce fantôme du passé qui hantait une demeure morbide.
Le seigneur se leva donc du fauteuil dans lequel il était installé pour s'avancer vers l'âtre et le chaudron dans lequel mijoté un civet de lapin. Iseult le suivit du regard et son estomac cria nouvelle fois famine. A haute voix, il dit que le ragout n'était pas encore prêt sans pour autant lui dire si elle pourrait en avoir ou non.

La regardant une nouvelle fois de bas en haut, il reprit ses paroles l'accusant d'être une vulgaire braconnière dont personne ne se souciait et qu'il y avait une éventualité qu'il la prenne à son service plutôt que de la tuer si elle savait se montrer utile. Iseult acquiesça alors de la tête en guise de réponse.
Un "oui" qui pourrait lui laisser la vie sauve. Avec un peu de chance, il pourrait se montrer moins froid avec elle et la détacher. Une nouvelle fois, elle leva ses mains liées en sa direction. Ses poignets étaient douloureux tout comme ses chevilles.

Le fait qu'elle se mette à hocher la tête n'était pas vraiment quelque chose de bien surprenant. Il lui offrait de la prendre à son service ou de la tuer. D'un côté, elle pouvait toujours espérer un jour tromper sa vigilance pour s'enfuir et retourner à l'état sauvage comme elle vivait en ce moment précis. Bon, sans doute pas dans ce château en ruine. Mais, après tout, il n'y avait rien qui puisse la relier à cet endroit. Elle avait trouvé cette grande battisse avec tout le confort et s'y était installée. Il aurait sans le moindre doute fait la même chose. Ce relatif confort, elle pourrait tout à fait l'abandonner et s'échapper dans la nature. De l'autre côté de la proposition, il y avait la mort. Plus ou moins lente, que lui proposait Guilhem. Bien entendu qu'elle allait choisir de rentrer à son service.

Pensant sans doute qu'elle avait réussi à attendrir son bourreau, elle tendit les mains dans sa direction, quémandant du regard un petit peu de gentillesse de sa part. Dommage pour elle, elle n'avait toujours pas comprit comment fonctionnait le jeune seigneur de Karras. Ni le fait que son regard de chien battu avait terriblement peu d'emprise sur lui... pour ne pas dire aucune. Il se moquait royalement de sa vie ou de sa mort, alors pour lui, quel intérêt avait pour lui le petit confort de cette prisonnière ?

Il se contenta donc, tout en classe et en délicatesse de lui rire au nez.

« Ce n'est pas parce qu'on a échangé trois mots que je te fais confiance. »

Voilà. Tout était dit. Non mais sans blague, elle avait quoi dans la tête cette greluche ?

« D'ailleurs, à toi de passer aux présentations et de m'expliquer ce que tu fiche ici. »

Elle avait sa pierre et, encore une fois, la totalité du sol pour s'exprimer. De quoi écrire un roman. Pendant ce temps là, Guilhem posa un marque page et se servit une écuelle du civet de lapin enfin terminé de cuire qu'il dégusta avec délectation, bien conscient de la fin qui tenaillait la muette. C'est fou comme la faim alliée à la perspective de gagner un petit peu de nourriture est capable de délier les langues.

Iseult lui tendit ses poings liés dans l'espoir qu'il accepte de la détacher mais une nouvelle fois, elle se heurta à un véritable mur de pierres. Guilhem lui ria littéralement au nez. La jeune femme baissa alors lentement les mains pour les ramener vers elle tout en baissant la tête. Elle avait vraiment l'allure d'un chien battu à cet instant précis.
Guilhem après avoir éclaté de rire prit la parole pour signifier à la jeune captive qu'il ne lui faisait pas confiance. Le ton était donc donné à présent. Si elle était dans l'obligation de lui faire confiance car il avait sa vie entre les mains, l'inverse n'était pas et ne serait pas réciproque.

Le sujet changea alors. Iseult lui avait demandé son identité et elle avait eu une réponse même si celle ci fut assez brève. Guilhem lui retourna la question voulant savoir à présent à qui il avait affaire. Il voulait également des explications quant à sa présence en ce lieu dit maudit.
Alors qu'Iseult se penchait sur le sol, elle commença à écrire quelques mots avec la pierre blanche qu'elle avait reprise en main. Elle n'avait pas d'autres moyens de communication, elle devait faire avec.

Je me nomme

Elle laissa sa phrase en suspend un instant réfléchissant au nom qu'elle allait lui donner. Alors qu'il s'était retourné pour se servir une gamelle de civet, elle l'observa. Non... Elle ne pouvait pas dire qu'elle était une Séraphin. Aussi, elle prit la décision de taire son nom de famille.
Quant à son prénom... Si elle donnait Iseult, il serait en mesure de faire une liaison avec la Iseult dont traite certains manuscrits. Non... Elle ne pouvait pas lui donner son prénom également. Elle n'avait d'autres choix que d'en donner un autre.

A

Les larmes se mirent alors à couler le long de ses joues. Le seul autre prénom qu'elle connaissait et dont elle pouvait répondre à l'appel était celui qu'un ancien fiancé lui avait donné. Elle finit alors de l'écrire sur le sol le raccourcissant un peu pour qu'on ne fasse pas le lien avec cette dite fiancée..

Agniès.

Agniezka, voici un prénom qu'elle aurait aimé oublier mais visiblement, il était toujours ancré en elle. C'est une nouvelle fois un brin de son existence qui la rattrape et la frappe si durement au coeur. A présent, elle pouvait répondre à la question concernant sa présence en ces murs. Elle écrivit alors quelques mots.

J'étais servante en ce chateau, il y a quelques années de cela. Même si plus personne ne vit en ces murs, je sens toujours leur présence et cela m'appaise.

Iseult avait menti sur son rang et fonction au sein du chateau mais elle n'avait point menti sur la raison qui l'avait poussée à rester ici. A présent qu'elle avait fini, elle frappa le sol avec la pierre pour indiquer au seigneur qu'elle avait fini d'inscrire les informations demandés alors qu'il dégustait le ragoût. Une nouvelle fois son estomac cria famine...

Lorsqu'il l'entendit taper avec sa pierre sur le dallage massacré, Guilhem se pencha sur les lignes griffonnées par la jeune femme sur le sol. C'était assez difficile à décrypter. Mais ce qui était encore plus intéressant, c'était la tête que la jeune femme était en train de lui offrir. Elle semblait tout à fait dépitée et sur le point de fondre en larme. Pourquoi. Cela ne pouvait pas être pour les liens. Elle les avaient depuis un bon moment. C'était forcément pour autre chose. Et puis, si elle avait dut se mettre à pleurer à cause de cela, elle l'aurait fait avant de rédiger ces lignes. Non, il y avait quelque chose là dedans qui remuait sans doute une chose douloureuse en elle.

Peut-être le souvenir de l'attaque. C'était sans doute là qu'elle avait reçus cette cicatrice. Cela avait été assez sanglant et assez violent. Ils n'avaient pas fait dans la dentelle, loin de là. C'était sans le moindre doute un miracle qu'elle ait put s'en sortir. La consigne avait été claire : on tue tout le monde. C'était simple et expéditif. Ils étaient en guerre et ces gens étaient leurs ennemis. C'était aussi simple que cela.

Enfin, il n'était pas mécontent que celle là ait put survivre. Elle allait peut-être avoir une légère utilité. Il était étrange de trouver une servante qui savait lire, mais ce n'était pas la chose la plus étrange qui soit. Loin de là. Il avait quelques personnes dans son personnel qui étaient lettré. C'était rare, mais pas totalement impossible quant même.

Il resta un moment à hésiter avant de poser son écuelle et d'en remplir une autre.

« Bien... »

Armé d'un cuillère, il commença à nourrir la prisonnière à la cuillère. Il n'avait rien à faire du fait qu'elle se sente gênée ou pas. Elle n'avait pas le choix. S'il lui venait à l'idée qu'il avait versé un quelconque poison là dedans, elle n'était pas assez intelligente pour se dire qu'il avait une épée sous la main et qu'il y avait donc vachement plus simple que le poison pour la liquider. Surtout qu'elle avait commencer à gagner un petit peu de sa confiance et qu'il avait de moins en moins envie de la tuer.

Le repas terminer, il alla chercher un saut qu'il posa juste sous le nez d'Agniès. Au moins, il n'était pas bien compliqué de comprendre se qu'il avait cherché à lui dire.

Il attendit un moment, reprenant sa lecture avant de la regarder, la vaisselle terminée et l'orage grondant toujours à l’extérieur. Le redoublement de violence de celui-ci sembla à nouveau effrayer la demoiselle à qui il fit alors signe de venir poser sa tête sur ses genoux comme elle l'avait fait un petit peu plus tôt. Elle ne se fit pas prier pour avoir ce petit peu d'attention.

« Au fait, dit au bout d'un moment de cette petite cajolerie. Où as-tu appris à lire et à écrire ? »

Iseult avait fini de répondre au jeune seigneur en inscrivant sur le sol la réponse demandée par ce dernier. Guilhem lut alors les écrits de la jeune femme avant d'hésiter à poser sa gamelle pour aller en remplir une autre. Finalement, elle avait été coopérative et lui avait répondu. Elle ne s'était plus montrée menaçante envers lui.
Guilhem s'en retourna vers le chaudron et remplit un nouvelle gamelle de civet de lapin. Une cuillère en main, il s'approcha de la captive. Il ne lui dénoua pas les mains pour autant. Au lieu de la laisser manger par ses propres moyens ou de tout simplement poser la gamelle à terre pour qu'elle mange directement dedans, le jeune seigneur eut la délicatesse de la nourrir lui même.

Iseult ouvrit la bouche à chaque fois qu'il approchait la cuillère remplie de ragoût de ses lèvres. Machant la bouche fermée avant d'avaler. Elle avait faim et finalement, le contenu de la gamelle fut entièrement vidé sans qu'il ne reste le moindre morceau.
Le repas venait de se finir et Guilhem s'éloigna d'elle pour revenir avec un sceau. Iseult s'attela à la tâche mais cela ne fut pas évident. Les mains liés, la vaiselle ne serait pas faite convenablement. Ses liens étaient à présent trempés et quand elle sortit les mains du sceau, une flaque d'eau se créa devant elle.

Le jeune seigneur était parti se rassoire dans le fauteuil pour continuer sa lecture pendant qu'elle nettoyait les gamelles. Il y avait eu une légère accalmie mais d'un coup, l'orage semblait redoubler de violence à l'extérieur. Iseult sursauta et se recroquevilla sur elle même.
Dans un élan de pitié, Guilhem lui fit signe de s'approcher. Il ne fallut pas longtemps pour la captive à se rendre aux pieds de son bourreau. Il tapota ses genoux et Iseult déposa alors sa tête dessus tel un chien. Elle n'avait pas vraiment le choix. Si elle ne se montrait pas coopérative alors elle serait occie.

Guilhem caressa la tête de la demoiselle un long moment tout en continuant sa lecture. Au bout d'un certain temps, il leva son nez du livre et lui demanda où elle avait appris à lire et à écrire. Se redressant, quittant les genoux non moins désagréables de son bourreau, elle avança les mains pour se saisir de la pierre blanche et faire sa réponse une nouvelle fois sur le sol.

Les seigneurs de ce chateau en ont décidé ainsi. Il était pour eux préférable que je sois instruite du mieux possible pour une servante afin de répondre au mieux aux besoins nécessaire de leur fille.

Fille qui en passant était elle. Mais cela le seigneur de Karras l'ignorait. Iseult devrait brodé au fur et à mesure son histoire et veiller à ce qu'elle soit cohérante sans quoi elle se trahirait elle même avec ses mensonges.

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