Un chateau en ruine [Guilhem]

Le moins qu'on puisse dire, c'était qu'elle avait parfaitement comprit que le fait de se montrer réticente ne l'amènerait à rien. Pour preuve, elle suivait parfaitement et satisfaisait la demande de Guilhem à peine l'eut-il formulé. Tant mieux. Le jeune homme était d'un naturel curieux et la docilité de sa victime. Cela lui évitait d'avoir à la menacer régulièrement ou, plus ennuyant encore, de devoir mettre ses menaces à exécution.

Tranquillement, elle commença donc à s'appliquer à sa réponse pendant que Guilhem parcourait les lignes de ce livre qui l’intéressait de moins en moins par rapport à la jeune femme presque nue qu'il avait devant lui. Oui, bon, ça va. Il n'avait pas prit la peine de de l'habiller plus qu'elle ne l'était la veille et elle ne portait donc qu'une simple chemise très large. Vous allez quant même pas piquer une crise non plus ? Et puis, il fallait avouer qu'elle n'était pas moche à regarder cette brunette. Alors, d'un côté comme de l'autre, c'était tout bénéfique. Il n'avait pas eu à faire d'effort pour la vêtir plus décemment et il pouvait apprécier la vue de ces jolies jambes.

Pervers et fainéant ? Oui, certaine le diraient sans le moindre doute. Pour sa part, Guilhem préférait penser qu'il savait apprécier la beauté et qu'il avait l'intelligence pour ne pas s'épuiser pour rien. Mais, certains râleurs allaient encore dire que de toute façon, cela revenait au même.

Une fois qu'elle eu terminé de rédiger le petit texte, Guilhem observa les lettres tracées. Leur fille... oui, c'est vrai. Il se souvenait qu'il y avait une fille dans ce château. D'ailleurs, elle était réapparut quelques années plus tard après un scandale et avait même eu le front de rentrer en Serramire. Anselme s'était arrangé pour éloigné Guilhem de la cour à ce moment là en lui confiant une mission à la frontière nord du marquisat. Il avait très certainement bien fait et, même s'il en avait voulut à son ancien amis pour ce geste et qu'il ne l'avouerait jamais vraiment, Guilhem sentait bien qu'il y aurait eu peu de chance pour que la demoiselle survive à une rencontre fortuite.

Une querelle purement personnelle, mais s'il était partit en croisade contre les Séraphins à l'issue de la guerre civile et avait ravagé ce manoir, il n'aurait très certainement pas supporté d'avoir face à lui la preuve vivante que sa mission n'était pas accomplie.

Heureusement, si elle avait eu la stupidité de se révéler aux yeux de tous et de quitter la protection de l’anonymat, cette petite dinde avait eu l'intelligence de disparaître ensuite. Sans quoi, Guilhem ou un autre l'aurait très certainement faite égorgée.

Pour l'avoir faite recherchée, Guilhem savait qu'elle n'était ni chez son ''cousin'' le comte d'Arétria, ni dans une quelconque demeure du bâtard désormais régent. Il n'avait pas fouillé à Missède, mais si elle avait eu l'imprudence d'y remettre les pieds, il y avait fort à parier que le baron l'aurait lui même balancé dans une geôle froide et humide avant qu'elle ne finisse mystérieusement assassiner.

Même si elle n'était plus un danger et que le sang des Séraphins pouvait être considérée comme éradiquée, cette histoire laissait tout de même un arrière goût amère au seigneur de Karras.

Le message d'Agniès en revanche lui tira un sourire.

« Les dieux sont décidément de grands comiques, dit-il. »

Il laissa passer un instant en regardant sa prisonnière.

« J'ai combattu les Séraphins... navré au passage que tu ais été un dommage collatéral de cette attaque sur le manoir, mais nous étions en guerre, et tu servait l'ennemi. »

Qu'elle ne s'attende pas à se qu'il verse une larme ou montre un réel remords. Les choses s'arrêtaient là. Rien ne se serait passé si le personnel de ce château était venu livrer les Séraphins. Ils avaient décidé de les cacher et de les protéger. Tant pis pour eux. Ils étaient alors devenu des ennemis au même titre que la famille déchue.

« Je trouve ironique que tes talents développé par les Séraphins soient finalement mis à mon service. »

Décidément, cette fille était une vraie fontaine. À peine avait-elle entendu se qu'il lui avait dit qu'elle s'était remise à pleurer. Non mais vraiment, cela devenait simplement grotesque. Elle avait passé la plupart de son temps dernièrement à pleurer ou à lui tendre ses poignets pour qu'il la détache. Elle s'attendait à quoi en venant vivre dans cette ruine ? Il y avait très peu de chances qu'elle ne finisse par tomber sur quelqu'un qui se trouvait là au moment de l'attaque. Ils avaient recruté dans les personnes qui se trouvaient à proximité. Y comprit parmi les simples paysans. Il fallait bien utiliser des gens pour écraser les quelques soldats de la garnison sous le nombre. Quelques pièces avaient largement suffit à engager tout ce petit monde. Ça et la promesse d'un solide et guet pillage avec violence et viol gratuit à la clef.

Les pleurs avaient quelque chose de toute à fait agacent et énervant. Il se moquait pas mal de se que cela pouvait bien lui faire. Tout comme il resterait sur sa position. C'était une guerre qu'ils avaient menée. Elle était une victime de cette guerre tout comme l'avait été sa défunte épouse.

Au moins elle était muette et lui épargnait ses cris de dindon égorgé. Mis à part sa respiration irrégulière qui suffisait pourtant à lui écorcher les tympans, cette Agniès lui faisait la grâce de pleurer en silence.

La main tremblante, elle prit la pierre et se remis à écrire sur le sol. Il y avait Guilhem avait lâché son livre. Il y avait quelque chose chez cette fille qui ne collait pas. Quelque chose qui ne collait pas dans son histoire ou dans sa façon de se comporter, ou autre part. Il ne parvenait pas à mettre le doigts dessus, mais tout se qu'il pouvait dire avec certitude, c'était qu'il y avait un élément qui lui échappait. Ce petit quelque chose qui cloche sans qu'on puisse parvenir à identifier clairement de quoi il pourrait s'agir.

Penché sur elle, il commençait à regarder se que la jeune femme était en train d'écrire.

« Pourquoi? Que vous ont ils fait pour mériter cette haine? Ils n'y étaient pour rien dans les agissements de l'ancien duc Merwyn. Pourquoi rejeter les fautes d'un seul sur toute une famille? »

Oui, définitivement, cela clochait. Elle était trop proche de cet endroit et de la famille des Séraphins pour que cela soit tout à fait normal. Elle avait apprit à lire et à écrire, eux étaient mort. Son explication à sa présence ne lui suffisait plus vraiment. Il allait falloir qu'elle lui en dise plus que cela.

Pourquoi rester dans l'endroit qui l'avait traumatisée alors qu'elle aurait aisément put trouver un emplois, une bonne situation et un bon partit.

Finalement, Guilhem ne dit rien de ses impressions et de ses pensées. Il se contentait de la fixer avec intensité.

« Lorsqu'un arbre est pourris, on l'abat. C'est aussi simple que cela. Et tant pis pour les quelques éventuelles branches encore viables... »

Il laissa passer un moment, gardant ses yeux braqués sur elle. Il voulait voir sa réaction. Ce très léger et furtif instant où elle n’agirai que par réflexe.

« D'autant que les événements ont montrés que la branche en question était tout aussi pourrie que le reste. »

Guilhem avait continuer à la fixer, cherchant à comprendre se qui était en train de se passer dans la tête de la brunette. De toute évidence, elle lui cachait des choses. Il ne comprenait pas encore se que c'était, mais il était tout à fait certain qu'il y avait quelque chose. La peine qu'il ressentait et qu'il voyait sur son visage était tout à fait normale compte tenue de la situation. Mais il y avait quelque chose qui ne collait pas. Si elle était réellement une servante, il y avait des chances que son père, son frère, son époux ou fiancé aient participé à l'attaque. Mais depuis qu'ils avaient entamé la conversation sur ce point, était sur autre chose qu'elle se concentrait...

Le regard noir qu'elle jeta à Guilhem ne fit que confirmer se à quoi il pensait. Elle lui cachait quelque chose. Elle était trop touchée par se qui était arrivée à son ancienne ''maîtresse''. Ce n'était pas à elle et à sa vie brisée le soir de cette attaque qu'elle était en train de s'intéresser. Loin de là. Mais à celle des Séraphin. Plus elle était en train de parler et plus les choses sonnaient faux aux oreilles de Guilhem. Petit à petit, l'histoire de cette jeune femme devenait bancale. Et s'il était plus ou moins obligé de croire se qu'elle était en train de dire, cela devenait de plus en plus suspect et bancale.

Elle ne tarda pas à recommencer à écrire sur le sol. Et encore une nouvelle preuve que quelque chose n'allait pas. Encore une fois, elle était en train de s’inquiéter des Séraphin et de personne d'autre.

Elle était en colère. Cela se voyait. En colère mais encore une fois, pas pour la bonne raison. Elle aurait dut demander se qui était advenu de ses parents, de ses amis, de tout ce genre de choses. Pas des Séraphin.

Une idée folle se glissa dans la tête de Guilhem alors qu'une étincelle de haine pure s'alluma dans ses yeux.

« Iseult Séraphin a eu la chance de refaire entièrement sa vie, d'être tout se qu'elle voulait. Elle a fait ses choix et a décidé de se comporter comme une putain, se contenta-t-il de dire. »

Il laissa passer un moment.

« Si elle s'était comportée de façon honorable, j'aurais put penser qu'elle était une malheureuse victime d'une guerre. Mais au vu des scandales, je ne serais pas ému une seule seconde si elle était au fond d'un ravin ou dans un bordel. Et honnêtement, je ne suis même pas convaincu qu'elle soit vraiment une Séraphin. »

Et oui, au fond, quel preuve y avait-il ?

Exception fait qu'elle avait un bijoux, se que n'importe quel gueux pouvait porter.

Plus les choses allaient et plus cela lui paraissait suspect. Elle montrait trop d'intérêt pour la famille de ses anciens maîtres. Elle n'aurait pas dut en faire autant. Bien au contraire. Elle aurait dut tout faire pour s'en détacher ou au moins, partager son avis. Après tout, c'était leurs faute si elle était dans cette situation. Ils lui avaient sans le moindre doute aidé cette jeune femme et commencé à lui donner une bonne éducation. Pour qu'elle devienne une demoiselle de compagnie de la putain de Séraphin d'après son histoire. Au fond, ce n'était pas vraiment bancal comme histoire. Même plutôt logique.

Mais la suite sonnait faux. Si les Séraphins avaient aidé cette jeune femme, ils avaient aussi été la cause de son malheur actuel. Non. Il aurait avalé tout se qu'elle lui avait dit si elle n'avait pas tant insisté sur les Séraphin. En plus de cela, les réponses qu'elle lui donnait ainsi que les réactions face à ses propres réponses étaient trop fortes. Cela l'atteignait de façon personnelle. Trop personnelle pour une simple servante.

Bientôt, elle se remis à écrire sur le sol. Étant donner le mauvais état du plancher, elle allait pas tarder à manquer de place. Le plancher n'était pas vraiment en bon état. Concrètement, cela n'était pas important le moins du monde. Elle n'aurait qu'à nettoyer le plancher purement et simplement et ils pourraient reprendre leur échange.

Il se contenta d'un sourire au moment où il lut se qu'elle était en train d'écrire. Elle tentait de faire machine arrière. Agniès, si c'était bien son nom, avait comprit qu'elle allait un petit peu trop loin et que, sa vie dépendant de celle de Guilhem, elle allait tout faire pour changer les choses. Mais c'était bien trop tard pour qu'elle y parvienne. Le jeune homme avait déjà de lourds soupçons et se qu'elle avait commencé à écrire était en réalité assez loin d'arranger les choses. Bien au contraire.

Une manœuvre grossière pour tenter de détourner l'attention. Rien de plus.

Elle lui présenta à nouveau ses poignets. Peut-être avait-il serré un petit peu trop fort étant donné la légère teinte bleuté qu'ils commençaient à prendre. Mais pour lui, cela n'avait au fond pas de réelle importance... enfin non, soyons honnête, il n'en avait rien à foutre qu'elle ait mal aux mains et qu'elle veuille être détachée. Non mais sincèrement, qu'est-ce qu'elle pensait que cela pouvait bien lui faire ?

D'autant que tout leur échange avait été loin de diminuer la méfiance du sire de Karras. L'histoire qu'elle lui avait servit était simple et claire au début. Mais plus la conversation avait avancé, plus elle avait eu l'air de devenir bancale.

« Oui. Mais c'est trop tard pour elle. Si elle réapparaît à un moment ou à un autre, elle sera assassinée. Par moi ou par un autre. Elle aurait mieux fait d'avoir l'intelligence de se dire que si on avait tenté de la tuer une fois, ce n'était pas en gueulant au royaume qu'elle était toujours vivante que ses agresseurs allaient la lâcher. »

De fait, on pouvait parfaitement dire qu'Iseult Séraphin cristallisait la haine de bon nombre de personnes. Seigneurs ou manants. Tout ceux qui avaient eu à souffrir profondément de la guerre civile. Les haines sont en général tenace. Et elle avait même réussi à se faire un ennemi mortel du baron de Missède qui pourtant n'avait rien pour elle.

Peut-être était-ce prétentieux de sa part, mais Guilhem était intimement convaincu qu'elle mourrait rapidement si jamais elle faisait mine de réapparaître.

Continuant à faire comme s'il ne voyait pas les mains tendues de sa captive, le jeune homme se leva et alla prendre son épée qu'il commença à polir. Agniès ne semblait plus exister à ses yeux.

Du moins, jusqu'à se que la lame vienne chatouiller la gorge de la demoiselle.

« Maintenant, redit moi qui tu es... et je te déconseille de me mentir cette fois. »

Si elle lui ressortait cette histoire de paysanne, les choses risquaient de mal se passer pour elle. Guilhem n'y croyait plus. A moins bien sur qu'elle ne soit particulièrement convaincante, et ne parvienne à dissiper ses doutes, elle perdrait quelque chose en prétendant n'être qu'une simple fille de basse extraction éduquée pour tenir compagnie à la Séraphin.

Visiblement, la jeune femme avait particulièrement peur de se qui était en train de lui arriver. Et c'était tant mieux que les choses se passent ainsi. Au moins, il était presque certain d'obtenir d'elle la vérité. Quant on a peur, on réfléchis moins. C'est un fait avéré. Et moins cette petite dinde aurait la possibilité de réfléchir, moins sa nouvelle histoire serait loin de la vérité. Si elle s'amusait encore à lui mentir, son mensonge serait bancal, voir très bancal. Il ne lui restait donc plus qu'à l'écouter et à se demander si sa nouvelle histoire pouvait tenir la route. Dans le cas contraire...

Difficile de savoir se qu'il allait lui faire. Lui couper un orteil ou un doigt peut-être... l'orteil était plus probable d'ailleurs. S'il lui coupait un doigt, elle allait moins facilement pouvoir écrire. Ou alors il lui arracherais la langue. Étant déjà muette, elle ne lui servait pas à grand chose.

Rapidement, elle effaça quelques uns de ses messages précédents pour se remettre à écrire sur le sol. Ses mains tremblaient. Elle avait peur. Mais il n'était pas certain que se soit la menace de son arme qui lui faisait le plus peur. Peut-être que c'était la vérité qu'elle allait lui révéler ou qu'il ne la perce à nouveau à jour dans le cas d'un nouveau mensonge qui lui faisait peur.

Les premiers mots qu'il lut firent pousser un soupire à Guilhem. Bon, il fallait qu'il se décide, savoir quel morceau il allait bien pouvoir découper en premier. Heureusement, la suite fut plus intéressante.

Une bâtarde... une bâtarde du sang des Séraphin. Jolie prise, même si elle était loin d'être légitime. Qu'elle soit ou non légitime n'avait au fond pas la moindre importance. On massacre aussi bien les uns que les autres.

Allait-il la pourfendre ou non ? La question restait entière.

L'épée de Guilhem décrivit une arabesque métallique... et les mains de sa prisonnière furent à nouveau normalement irrigué par le sang.

« Ma haine ne vas qu'aux héritiers légitimes. »

Doucement, il redressa le visage d'Iseult de la pointe de son épée venant sous son menton.

« Non aux charmantes petites bâtardes sachant lire et écrire. »

Tuer une bâtarde ne lui apportait rien au fond. Ou plutôt... disons que tuer cette batarde, c'était perdre le fait qu'elle puisse lui servir de secrétaire entre autre. Elle pouvait lui servir de défouloir, mais guère plus. Il ne serait rassasié qu'en plongeant ses mains dans les entrailles d'Iseult Séraphin pour l'étrangler avec ses propres boyaux.

Le plaisir qu'il aurait prit à s'acharner sur elle ne valait pas le coût d'une servante instruite.

« Tu compte t'enfuir ou tenter de me tuer ? »

Question légitime étant donné leur dernier échange. Mais la réponse ne serait pas sans conséquences.

Elle était très émotive cette petite demoiselle. La voilà qui se mettait à pleurer. Mais comme il l'avait fait un petit peu plus tôt pour les liens, Guilhem se contenta d'ignorer complètement se qu'elle était en train de faire. Après tout, si elle avait envie de chouiner, c'était son problème. Lui n'en avait strictement rien à faire. Par contre, le fait qu'elle se remette à bouger les lèvres comme si elle cherchait à parler malgré son mutisme était quelque chose qui commençait doucement à l'agacer. Elle avait de jolies lèvres, mais ce n'était pas pour cela qu'il avait envie de les voir remuer à longueur de temps.

A sa question, elle se contenta de secouer négativement la tête. Visiblement, elle n'avait pas la moindre envie de fuir ou de tenter de le tuer. Ou alors elle avait trop peur de lui à ce moment précis pour tenter de le faire ou de lui dire... et pour être honnête, il y avait des chances que si elle lui avait répondu que cela était bel et bien le cas, il y aurait eu de forte chances qu'elle se retrouve dans l'instant avec son épée plantée entre les côtes. Est-ce qu'elle avait de la valeur ? Oui. Assez pour qu'il accepte de fermer les yeux sur son ascendance ? Oui. Assez pour qu'il fasse toujours attention à elle de peur qu'elle ne saisisse une occasion pour le trahir ? Non.

Et elle se remit à écrire. Au moins, si elle décidait de s'enfuir, il n'y avait pas beaucoup d'endroit où il aurait à la faire traquer. Et si elle avait un petit peu d'intelligence alors, elle ne retournerait pas dans ce château en ruine qui tombait en morceau. Et on se demandait bien combien de temps elle allait pouvoir courir la campagne avec son jolis minois avec les troubles qui agitaient en ce moment le royaume et tout les soldats et mercenaires qui pouvaient être en maraude.

Non, elle n'allait pas fuir. Pas si elle tenait à sa vie en tout cas.

Pour la suite... Guilhem poussa un léger gloussement lorsqu'il lut la suite. Elle avait envie d'avoir de sérieux problèmes ou pas ? Non mais parce que si c'était le cas, elle pouvait bien lui rappeler encore et encore qu'elle était issue du sang des Séraphin. Comme ça, elle l'énerverait bien comme il faut et il en viendrait à ignorer qu'elle avait une certaine valeur et hop, il finirait de trancher cette jolie tête. Non, parce que si c'était le cas, il fallait qu'elle le dise. Au moins, ils n'allaient pas perdre de temps.

« Si tu arrête de me rappeler à longueur de temps que tu es une Séraphin, je pourrais plus facilement fermer les yeux sur cette tare. »

Oui, tare, elle avait bien entendu. Parce que non seulement le fait d'être une bâtarde n'était pas particulièrement reluisant, mais en plus si on est une bâtarde des Séraphin, c'est encore pire.

« Quant au fait que je te prenne à mon service... »

Guilhem désigna les différents points assez peu reluisant de la seule pièce dans laquelle la jeune femme pouvait encore vivre avec un toit au dessus de sa tête. Le reste étant soit effondré, soit sans le moindre toit.

Avec ça et les lapins qu'il avait trouvé dehors.

« Je m'en voudrais de t'arracher à une vie de rêve et aux lapins que tu as à vider. »

Est-ce qu'il était en train de se foutre d'elle ? Bien entendu.

Au moins, elle était tout à fait réaliste. Elle ne pouvait pas rester ici tranquillement à attendre que le toit finisse par lui tomber sur la tête. Enfin, il y en avait bien que cela ne dérangeait pas une seule seconde. Son ancienne épouse était parfaitement dans ce cas par exemple. Au moins, elle paraissait un rien dégourdie... Par contre, il n'était pas forcément nécessaire de se lancer dans une vaste élancée poétique. Un peu plus et elle se serait lancée dans des vers de poètes Soltarii défoncé à l'absinthe.

Ah oui, parce c'était bien connu, tout poète Soltarii qui se respecte et qui fait de bons poèmes sur le désespoir doit forcément être un petit peu accrocs à certaines substances. Absinthe, gnole, cigarettes en tout genre et, pour généraliser, tout se qui peu faire voir des trucs étranges ou des couleurs qui n'existent pas.

Enfin bref, tout cela pour dire que cette petite tirade à propos de son cauchemar et autre, elle aurait put se contenter de lui signaler qu'elle n'avait pas l'intention de rester ici. Cela aurait été bien suffisant.

Une fois qu'elle eu fini son petit discourt un petit peu trop imagé, elle se leva pour aller ouvrir la fenêtre et respirer à pleins poumons. Guilhem la regarda faire avec une certaine distante. Jolie chevelure en tout cas. Jolies fesses aussi. Enfin, comme il s'était fait la réflexion un petit peu plus tôt, c'était une jolie fille qui se trouvait là. Il était toujours bien plus agréable d'avoir en face de lui le joli minois d'une petite brunette que la barbe grisonnante d'un vieux scribe décatis et atteint de la goutte.

Une fois qu'elle eut prit assez l'air à son goût, Iseult alla enfiler son pantalon avant de commencer à se préparer, enfilant un pantalon trop large qui ne lui allait pas du tout. Il allait falloir faire sortir la garde robe de son épouse des malles où les robes prenaient tranquillement la poussière. Il n'avait pas l'intention de la laisser se balader dans cette tenue à Karras s'il la prenait à son service.

Pendant ses réflexions, la jeune femme venait d'ouvrir un tiroir remplis de rubans aux couleurs plus que passé, voir même pratiquement moisis. Sa main hésita un moment au dessus du contenu de ce tiroir. Est-ce qu'elle hésitait sur quel ruban choisir ou est-ce qu'elle avait autre chose en tête ? Bonne question, mais au final, sans la moindre importance.

Le ruban... blanc ou jaune ? Difficile à dire, qu'elle en tira vint rapidement orner sa gorge. Voir plutôt la gâter. Quitte à s'enlaidir, autant laisser sa gorge nue.

Le mur ne tarda pas à se couvrir de quelques mots... quelques mots un peu étrange par rapport à se qu'elle lui avait dit un petit peu plus tôt. Ce 'vous' était des plus déroutant. Elle s'excluait volontairement de leur 'couple' et ne parlait que pour lui. Comme si elle voulait rester ici. Et pourtant, elle avait parfaitement conscience qu'elle ne pouvait pas et qu'elle ne voulait pas. Cela l'intriguait particulièrement. Et visiblement, il y avait quelque chose qu'elle avait hésité, puis renoncé à dire.

La phrase suivante sonnait étrangement et Guilhem ne tarda pas à livrer son sentiment dessus.

« Emporter quoi ? Tes rubans moisit ? Ton épée rouillé ? Laisse tout cela ici, tu auras des affaires dignes de ce nom à Karras. »

Mais en fin de compte, elle avait raison. La route était encore longue jusqu'au château de Guilhem et mieux valait profiter de l'accalmie pour se lancer sur la route. Cette chambre était un petit peu étroite pour tout les deux, et par ce temps, ils n'auraient pas autant de facilité à avoir des lapins ou des autres prises dans les collets de la braconnière. Il rassembla donc rapidement ses quelques affaires.

« Que voulais-tu dire tout à l'heure lorsque tu as hésité et que tu t'es arrêté, demanda-t-il en bouclant la ceinture de son épée. »

Il ne tarda pas la voir se remettre rapidement à griffonner quelque chose sur le mur. En effet, se qu'elle avait envie de dire n'était pas particulièrement important. Bien sur qu'il risquait de se mettre à pleuvoir à nouveau. C'était une certitude. Mais d'un autre côté, ils n'allaient pas rester entassé dans cette petite pièce indéfiniment. Surtout que lui n'avait pratiquement pas emporté de nourriture, n'ayant pas eu l'intention de voyager longtemps, la route étant assez brève entre Serramire et Karras. Quant aux provisions de la jolie brunette, elles aussi étaient des plus limitées.

Partir n'était peut-être pas la meilleure des solution et ils allaient sans doute finir trempé sous l'eau. Mais rester, c'était attendre que la tempête reprenne. Si le beau temps viens toujours après la pluie, il faut malheureusement être réaliste, cela marche aussi dans l'autre sens. Et vu le peu de provision qu'ils avaient en leur possession et l'improbabilité que les lapins viennent se pièger dans les collets en pleine tempête, ils allaient se retrouver poussé dehors par la faim sous la pluie. Tant qu'à faire, autant s'en épargner un petit peu et commencer le trajet tant qu'il ne pleuvait pas.

Pour le moment, la brunette était en train d'enfiler ses bottes. Il n'y avait pas grand chose à rajouter sur le fait qu'il avait décidé de partir ni sur quoi que se soit d'autre... comme les chaussures de la brunette, définitivement moisies... de bons allumes feu une fois arrivé à Karras.

Finalement, c'est assez angoissée que la jeune femme se releva pour tracer à nouveau quelques lignes sur le mur avant d'aller chercher un peigne de bois des plus modestes qui se trouvait dans le tiroir de ses rubans. Lorsqu'il le vit, Guilhem se contenta d'une grimace méprisante et d'une pique à propos du fait que pour échapper à son cauchemars, qu'elle s'attache encore à un objet de ce genre était stupide.

Enfin bon, il se foutait pas mal de son moral, tout comme il se foutait pas mal de sa totale intégrité physique un petit peu plus tôt lorsqu'il était occupé à se demander quel partie de la jeune femme il allait découper pour lui faire comprendre qu'on ne se payait pas sa tête impunément. Ou en tout cas, pas lorsqu'on en avait pas les moyens.

Le départ ne prit pas longtemps ensuite et Guilhem quitta l'ancien château des Séraphin, une... disons, servante, montée en croupe sur son cheval.