Un trajet très pluvieux [Guilhem]

Guilhem avait aidé la jeune femme à monter à l'arrière de la croupe de son cheval. Aussi une fois cela fait, ils prirent la direction de Karras. La température extérieur était fraiche, l'air était plus qu'humide. Malgré l'acalmie, il était fort à parier que cela ne serait que temporaire. Combien de temps allaient ils pouvoir voyager sans se prendre une nouvelle averse sur la tête?
Les bras enroulés autour du torse du seigneur de Karras, Iseult se tenait à lui pour ne pas tomber de cheval. Epuisée, elle ne tarda pas à poser sa tête contre son échine et à somnoler durant le trajet. La météo était clémente mais il était difficile d'avancer rapidement dans la plaine rendue boueuse par la pluie. De plus le cheval de Guilhem ne pouvait pas aller aussi vite avec deux cavaliers sur son dos.

Ils n'avaient pas fait la motiée du chemin qu'une fine bruine se mit à tomber. Un petit vent se mit à souffler et d'un coup le ciel s'embrasa laissant la place à de lourds nuages noirs prêts à déverser leur eau sur ces pauvres ames. Un filament de lumière éclaira le ciel, un éclair fendit les cieux avant que ne tombe sonore le tonnerre.
Iseult s'éveilla en sursaut, se serrant un peu plus contre le seigneur. La pluie devint diluvienne. Il était à présent impossible de continuer le trajet, il fallait trouver un abris au plus vite. Non loin de là, il y avait d'anciennes carrières de charbon, à défaut d'être encore en fonction, elles feraient un abris acceptable pour les deux jeunes gens qui étaient trempés jusqu'aux os.

Guilhem poussa un grognement lorsqu'il vit les nuages noirs s'accumuler. Il allait encore pleuvoir. Au moins ils avaient put se déplacer pendant quelques petites heures avant que cela n'arrive et ils se rapprochaient de Karras. Et puis, s'ils se prenaient une averse, ce n'était pas si important au fond, ils n'étaient pas en sucre et cela n'était rien de plus qu'un petit peu d'eau. Mais malgré tout, il aurait préféré être aussi rapidement à Karras que possible. Mais avec un nouvel orage, cela risquait de durer un petit peu. Et puis, on ne pouvait pas vraiment compter sur sa petite passagère pour lui faire la conversation.

Lorsque la foudre commença à tomber, il sentit la jeune femme se serrer plus fortement contre lui. Il avait complètement oublié que cette bécasse avait peur des orages. Bon sang, c'était une véritable gamine ou quoi ? Sous la fine bruine, Guilhem commença à obliquer tranquillement vers l'ancienne mine qui se trouvait un petit peu plus loin. Elle n'était pas utilisée depuis plusieurs années, aussi la végétation avait en grande partie repris ses droits sur le large chemin de terre qui servait par le passé à emporter la matière première issue de la mine.

« Descend, ordonna un peu sèchement Guilhem avant d'imiter la jeune femme. »

Avec la végétation et la pluie qui avait rendue particulièrement boueux le petit sentier qui se trouvait encore là, il n'avait pas l'intention de faciliter un dérapage et la chute de son cheval. Ils risquaient de se retrouver coincé dessous, de mourir sur le coup ou de blesser le cheval et de devoir l'achever. La route était encore longue jusqu'à Karras et Guilhem n'avait pas l'intention de la faire à pied.

Tirant le cheval par la longe, Guilhem resserra sa cape autour de lui, avançant la tête enfoncée dans le cou sans le moindre regard ni la moindre attention pour Agniès qui suivait tranquillement derrière lui et était déjà complètement trempée. Il n'avait pas grand chose à faire du fait qu'elle soit mouillée et était plutôt en train de se demander comment ils pourraient trouver du bois pour un feu. Trouver un abris était déjà une bonne chose. Mais sans la moindre brindille à brûler pour les réchauffer, se ne serait pas suffisant.

Finalement, le jeune homme entrava son cheval non loin de l'entrée de la grotte avant d'y entrer, ayant ramassé et collé dans les bras de sa captive du bois qu'il faudrait faire sécher pour pouvoir brûler mais qui les réchaufferais bien pendant que lui avait entre les mains sa selle et les quelques bagages qu'il avait emporté.

La caverne était tout d'abord un long couloir de roche taillée grossièrement qui s'agrandissait plus loin pour former une sorte de salle en forme grossièrement circulaire dont un nouveau tunnel partait pour s'enfoncer dans les profondeurs.

Aussi trempé que la jeune femme, Guilhem posa ses affaires dans un coins avant de commencer à se deshabiller, tordant ses vêtements pour les essorer au mieux sans la moindre gène pour la demoiselle qui l'accompagnait.

« Tu ferais bien de faire pareil si tu ne veux pas tomber malade. »

La pluie tombait à tambour battant sur ces deux corps serrés l'un à l'autre. Cela aurait pu être une situation romantique si ces deux êtres étaient proches mais ce n'était pas le cas. La situation n'avait rien de cela au contraire elle était même plutôt pathétique car Iseult se serrait à lui pour se maintenir à cheval mais également car elle avait peur de l'orage qui grondait au dessus de leur tête.
Quand il ne fut plus possible de voir quoique ce soit, Guilhem ordonna à la jeune femme de descendre de cheval. Passant une jambe par dessus la croupe de l'animal, elle se laissa glisser pour en descendre. Quand elle eut mis pieds à terre ce fut dans une flaque d'eau qui lui trempa alors les pieds. Le seigneur fit alors de même et démonta à son tour.

Ils marchaient à présent tous les deux. Guilhem ouvrait la marche tirant le cheval par la bride. Il semblait savoir où il allait malgré ce manque de visibilité et toute cette grisaille. Iseult le suivait avec beaucoup de difficultés, chutant même dans la boue alors que lui avançait impassible face aux éléments.
Finalement, ils arrivèrent au milieu de carrières et de mines. Elle le vit alors attacher son cheval solidement et pénétrer dans une mine. La jeune femme le suivit alors complètement trempée de la tête aux pieds. Il lui avait collé dans les bras du bois humides pour tenter de faire un feu avec quand ils seront installés pour attendre le passage de l'orage.

Le suivant alors le tréfond de la mine, Iseult vit alors le jeune seigneur s'arrêter et déposer ses affaires. Elle fit de même et déposa les morceaux de bois qu'elle avait entre les bras. Dans un premier temps, elle chercha deux silex pour tenter d'allumer un feu pour se sécher aussi elle ne remarqua pas qu'il était en train de se dévêtir.
Iseult grelottait, elle avait froid, elle était trempée. Ses cheveux gouttaient sur le sol, mouillant le sol sous ses pieds. Sa chemise était rendue quasi transparante par l'eau et lui collait à la peau laissant voir toute sa poitrine. Ses bottes remplies d'eau émettaient des plouf à chacun de ses pas...

Un bruit d'eau tombant se fit alors entendre derrière elle. Se retournant, elle vit Guilhem, torse nu qui essorait ses vêtements. C'est alors qu'il lui conseilla de faire de même si elle ne désirait pas tomber malade. Il avait raison mais de quelle façon pourrait elle faire cela sans devoir rester nue devant lui.
S'asseyant sur un rocher, elle se déchaussa et vida l'eau de ses bottes. Discrètement, elle sortit le bracelet de sa poche et le glissa dedans à l'abris. Retirant son pantalon, elle l'essora et l'épingla sur une roche mural pour qu'il finisse d'égoutter. Se tournant alors pour faire dos au seigneur de Karras, elle retira sa chemise et l'essora de la même façon avant l'accrocher également à la paroie murale.

Iseult était nue à présent, Guilhem ne pouvait voir que son dos et sa longue chevelure noire à cet instant. La jeune femme grelottait toujours autant et se frictionnait les bras dans l'espoir de se réchauffer un peu. Un très léger son d'éternuement se fit alors entendre, il venait de la jeune femme.

Au moins, lui il avait sa cape pour se protéger un petit peu de la pluie. Les nippes d'Agnies en revanche n'avait pas eu la même efficacité. Loin de là. Elle était trempée et pleine de boue. Quoi que la pluie avait lavé une partie de la boue. Enfin, cela importait peu. Sitôt arrivé à Karras, il ferait donner un bon bain digne de ce nom à cette jeunette, des vêtements et les horribles choses qu'elle était en train de porter iraient directement au feu. Inutile de s'en encombrer plus que nécessaire. L'état dans lequel ils se trouvaient présentement avait donc une importance... insignifiante, si ce n'était pas nulle.

Comprenant vite que Guilhem avait raison, la jeune femme ne tarda pas à retirer ses propres vêtements pour les faire plus ou moins sécher sur la pierre. Vu comment elle s'y prenait, elle allait en avoir pour un moment. Le fait de les torsader avait un avantage non négligeable, celui de les vider de leur eau. Attendre simplement que l'eau en question veuille bien goûter était une formidable perte de temps.

Elle n'avait pas non plus été des plus prévoyante qui soit. En effet, il ne tarda pas à être évident que, contrairement au seigneur de Karras, la belle ne portait pas le moindre sous vêtement. Aussi, se fut totalement nue qu'elle se retrouva bientôt assise sur sa pierre, tournant ostensiblement le dos à Guilhem pour lui éviter de se rincer l’œil. Malin quant on est une pucelle effarouchée. Malin mais aussi stupide qu'inutile compte tenu du fait que le jeune homme avait non seulement déjà vu tout se qu'il y avait à voir chez elle, mais également qu'il avait eu tout le temps de la reluquer pendant qu'elle dormait. Il ne l'avait pas fait. Mais il aurait parfaitement put.

À l’éternuement qu'elle poussa, Guilhem répondit par un léger éclat de rire avant d'exhiber un objet tiré de ses frondes et qui était encore relativement sec.

« J'ai une couverture, mais il va falloir la partager. »

Il s'amusait un peu sadiquement de l'imaginer rougir comme une pivoine. Lui n'était pas nu et avait garder des braies tout juste humides. Mais Agniès n'aurait guère le choix. Elle pouvait toujours tenter d'allumer un feu si cela lui faisait envie. Avec le bois trempé qu'ils avaient, cela tiendrait du miracle si elle parvenait à faire quoi que se soit. Seule solution, la couverture et le contacte du corps parcourut de cicatrices de Guilhem.

Mais visiblement, elle avait décidé de faire sa tête de cochon et de rester plantée sur son rocher.

Aussi, c'est tout tranquillement que le seigneur de Karras passa la couverture sur ses épaules avant de se mettre assis par terre.

« Comme tu veux. »

Restait à compter combien de temps sa ténacité tiendrait face au pur et simple pragmatisme qui était que dans cette grotte humide, la seule source de chaleur était le corps de celui qu'elle détestait tant.

Alors qu'elle lui faisait dos, sans possibilité de voir ce qu'il faisait. Eternuant, il se moqua visiblement d'elle. Iseult poussa alors un soupire et continua à se frictionner les bras alors que Guilhem lui annonçait qu'il avait une couverture et qu'il était prêt à la partager avec elle.
Iseult tourna alors le regard pour le fixer et vit la dite couverture qu'il tenait en main. Elle remarqua qu'il avait le torse parcourru de cicatrices et elle détourna le regard en rougissant légèrement. Elle se posait plein de questions concernant la provenance de ces marques. Combats et batailles semblaient être le plus plausible.

Comme elle ne bougea pas pour se rapprocher de lui et partager la couverture, Guilhem lui rétorqua que c'était comme elle voulait tout en prenant place par terre. Iseult resta là un instant à se demander si elle devait ou non se réchauffer près de lui.
Plusieurs longues minutes passèrent. La jeune femme éternua une nouvelle fois. Se levant alors de so rocher, Iseult dissimula pudiquement d'une main son intimité et de l'autre sa poitrine avant de se rendre devant le seigneur de Karras et de venir se blottir contre lui dans l'espoir qu'il fasse une petite place au chaud.

Elle grelottait et elle était un peu pâle. Son corps était glacé, il ne demandait qu'à être réchauffé. Elle continua à se frictionner pour ne pas attraper froid alors qu'elle était complètement nue. Une fois de plus, il devait bien rire d'elle car elle venait vers lui clémandant un peu de chaleur de sa part. Allait il se jouer d'elle cette fois?
Fermant les paupières un bref instant, Iseult tomba à terre avant que Guilhem n'ait pu la prendre sous la couverture avec lui. Son front était chaud, ses joues rouges. Visiblement elle était en train de tomber malade, ce qui n'était pas étonnant après tout...

Finalement, elle mit assez longtemps à se décider pour le rejoindre. Elle était plus tenace qu'il ne l'avait pensé cette petite dinde. Largement plus. Il pensait n'attendre qu'une ou deux minutes, mais en fin de compte, elle le fit attendre beaucoup plus longtemps que cela. Enfin, elle était têtue, mais pas au point d'être complètement stupide. Et, après un moment, elle se décida à retirer ses fesses, qu'elle avait jolies, du rocher, s'approchant lentement en dissimulant son intimité et sa poitrine autant qu'elle le pouvait à l'aide de ses mains.

Une idée bien inutile puisqu'elle tentait en même temps de se frictionner et que, malheureusement pour elle, se qu'elle voulait dissimuler ne suivait pas docilement le mouvement. Sa tentative était donc tout à fait veine, mais pas inintéressante. L'idée de la laisser patauger dans son malaise en la regardant continuer à se tortiller comme elle était en train de le faire était, il faut le dire, assez tentante.

Mais s'il pouvait être quelque peu cruel, Guilhem n'en était pas moins fidèle aux promesses qu'il faisait. Dans la mesure du possible bien entendu. Et, en l’occurrence, il lui avait proposé une place au chaud sous cette couverture. Alors tant qu'à faire, autant gagner du temps et éviter de lui faire croire qu'il était en train de la reluquer. En plus de ça, si elle était sans doute froide pour le moment, elle ne tarderait pas à se réchauffer. Et pour être tout à fait honnête, Guilhem était en train de trouver qu'il faisait un peu froid.

Ouvrant la couverture, il n'eut pas le temps de l’accueillir. Elle tomba devant lui comme une mouche. Le seigneur de Karras tâta son front. Foutue tête de mule. Elle avait sans doute attrapé un coup de froid.

Sans le moindre égard pour sa pudeur, le jeune homme l'attira contre lui et passa sur elle la couverture, commençant à la frictionner alors qu'il marmonnait différents noms d'oiseau à l'encontre d'Agniès.

* * *

Au comble de l’ennui et après avoir commencé à préparer le futur feu de camp qu'il n'arrivait pas à faire démarrer par la faute d'un bois trop humide, Guilhem tenait une Agniès réchauffée en position fœtale contre lui. Elle avait arrêté de grelotté et la chaleur de leur deux corps leur permettrait d'éviter l'hypothermie le temps que le bois soit assez sec pour le feu. Il s'amusait avec une mèche de ses cheveux comme il pouvait, s'ennuyant férocement pour se qui était du reste.

Il la sentit bouger et se réveiller sans faire le moindre mouvement supplémentaire ou lui adresser le moindre regard. Se contentant de la tenir elle et la couverture qui les protégeaient tout les deux.

« On pourra bientôt allumer le feu, dit-il simplement. Mais je pense qu'il serait plus sage de rester l'un contre l'autre pour la nuit puisque tu n'as rien pour te couvrir. »

Il n'attendait pas de réponse de sa part. Elle faisait se que bon lui semblait. Si elle voulait prendre le risque d'avoir à nouveau froid, c'était son problème. Mais étant donné la précédente réaction, il doutait qu'elle fasse véritablement ce choix là.

« En revanche, quoi que tu décide, je te ré-attacherais. »

Aucune cruauté dans ces paroles, ni quoi que se soit qui pouvait laisser à penser qu'il y prendrait plaisir ou aurait l'intention de lui faire du mal. Juste du pragmatisme.

Tombant à cause de la fièvre qui s'était emparée d'elle, Iseult resta évanouie un certain moment. Guilhem en avait profité pour l'attirer contre lui, contre son corprs pour la réchauffer. Sous la couverture qu'il jeta sur leurs deux corps ainsi enlacés, le seigneur frictionna les bras et les cuisses de la belle évanouie pour aider sa circulation sanguine à se réchauffer d'elle même. En même temps divers noms d'oiseaux fusèrent mais elle n'en entendit aucun.
Quelques heures s'écoulèrent durant lesquelles le seigneur de Karras tenta d'allumer un feu pour réchauffer l'atmosphère mais en vain. Le bois recueilli était bien trop humide. Il fallait encore attendre. Mais combien de temps.

Iseult toujours endormie ne tremblait plus comme une feuille morte. Visiblement les efforts de Guilhem pour la réchauffer avaient payé car la jeune femme dormait simplement encore assomée par le contre coup de la fièvre qui l'avait prise. Le jeune homme était retourné près d'elle pour patienter au chaud.
Doucement la tête d'Iseult vascilla. Elle semblait reprendre doucement connaissance. Quand finalement, elle fut éveillée mais un peu débousolée, elle ne réalisa pas immédiatement qu'elle était collée à lui, nue dans ses bras. Guilhem lui annonça que bientôt il pourrait allumer un feu mais que le plus intelligent pour le moment était de rester ainsi, collé l'un à l'autre.

La jeune femme acquiesça sans oser se retourner. Guilhem avait continué sur sa lancé l'informant que quelque soit son choix, elle serait attachée pour la nuit. Une lueur de tristesse traversa le regard de la jeune femme qui ne comprenait pas pourquoi il voulait la réattacher alors qu'elle ne tenterait contre lui.
Un léger éternuement se fit entendre de sa part avant qu'elle ne se resserre un peu plus en position foetale. Sous la couverture il faisait bon. La chaleur émise par leurs corps respectifs en était la cause. Dans cette position, où elle lui faisait dos, Iseult pouvait sentir son souffle dans le creux de sa nuque. Elle frissonna alors légèrement alors que son estomac se mit à gargouiller.

En tout cas, elle ne commença pas à se débattre lorsqu'il lui annonça gentiment qu'il avait l'intention de l'attacher. Tant mieux. Cela ne lui aurait pas fait plaisir de l'attacher de force. Il l'aurait fait, n'y aurait pas prit le moindre plaisir, mais il n'aurait pas hésité un seul instant avant de lui tordre les bras pour l'attacher de force. Il n'était pas stupide ni fou. En effet, ils allaient tout les deux dormir dans cette grotte. Et même si elle ne pouvait pas le vaincre lorsqu'il était éveillé, elle pouvait tout à fait se réveiller plus tôt que lui, ou le laisser s'endormir. Et là, elle se retrouverait avec l'homme responsable du massacre qui l'avait marqué, mais également une belle épée non loin.

Il n'y avait pas à beaucoup plus réfléchir que cela.

Guilhem lui faisait confiance pour ne pas s'enfuir. Mais il n'était pas idiot au point de soumettre ainsi sa vie à la seule lubie d'une jeune femme qu'il avait rencontré la veille et qui avait déjà tenté de se battre contre lui. Vous l'auriez fait vous ?

Pour se qui était de son air de chien battu un rien résigné, pour être honnête, il n'en avait strictement rien à faire. Ce n'était pas important le moins du monde et il se passait très bien de son accord ou de son avis sur se point. La seule chose qu'il attendait d'elle, c'était qu'elle se laisse faire et c'était de toute évidence ce qu'elle avait l'intention de faire.

Au bout d'un moment, le ventre de la captive muette se mit à gronder. Elle avait faim et décidément, son estomac était beaucoup plus parlant que la jeune femme. C'était assez étrange de se dire cela, mais ramené au fait qu'elle ne prononcerait sans le moindre doute jamais un seul et unique mot. Enfin, ce n'était pas grave. Il n'allait pas non plus s'amuser à le lui dire. C'était juste totalement inutile et il n'était pas d'humeur à lui jeter cette plaisanterie en ce moment précis. Sans doute à cause du temps qu'il était en train de faire.

Il lui donna une légère tape sur les fesses pour qu'elle se bouge avant de se redresser et d'aller fouiller dans ses frondes.

« Attrape... »

Il lui envoya plusieurs choses pour qu'elle les rattrape. Un morceau de pain, un bout de fromage un petit peu dur et un morceau de pain sec.

« Ce n'est pas un repas de palais, mais c'est tout se que j'ai, dit-il en revenant avec une bourde de cidre dilué. Mais il faudra s'en contenter. Je n'avais pas prévu que la route dure aussi longtemps. »

Doucement, il se glissa à nouveau sous la couverture et prit une rasade de se qui se trouvait dans la gourde avant de la proposer à sa prisonnière.

Puis, se fut à autre chose qu'il s’intéressa, portant son regard sur le ruban plus qu'usé qu'elle portait autour du cou. Il ne tarda d'ailleurs pas à tirer sur le nœud pour le retirer.

« Cela ne te va pas du tout, dit-il. Tu auras des rubans si tu tiens à en porter, mais je trouve que cela ne te va pas vraiment. Et moins encore celui-ci. »

Est-ce qu'elle allait tenter de se rebeller et de conserver cette saleté sur elle ? Possible. En tout cas, même s'il pensait se qu'il disait, il avait envie de voir jusqu'où sa docilité pouvait aller sans tomber dans quelque chose d'ouvertement vulgaire et de trop facile. Comme commencer à la peloter par exemple.

Ce ruban crasseux et usé était un bon point de départ.

Alors que l'estomac de la jeune femme venait de crier famine, le seigneur de Karras donna une tape sur les fesses d'Iseult qui sursauta de surprise. Se décalant alors du jeune homme celui ci se redressa et sortit de sous la couverture avec pour seul vêtement sur le dos, des braies humides.
Guilhem alla fouiller dans ses affaires et lui lançant une injonction, Iseult eut à peine le temps de se redresser qu'elle devait déjà essayer d'attrapper quelque chose en plein vol. Fort heureusement, elle reussit sans la moindre difficulté à attraper à la suite tout ce qu'il lui envoyait. Un morceau de pain et un bout de fromage. C'était toujours mieux que rien à avoir à se mettre sous la dent.

Guilhem mentionna que ce n'était que de maigres provisions mais que cela devrait suffir le temps d'arriver au chateau de Karras appartenant au jeune homme. Il revenait vers elle avec en main une outre fermée et visiblement remplie.
Assise en tailleur, la couverture sur ses épaules, elle portait à sa bouche un petit bout de pain qu'il lui avait lancé. Guilhem en profita pour reprendre également sa place au chaud près d'elle et boire une rasade de ce que contenait l'outre avant de la tendre à la jeune femme.

Pensant qu'il s'agissait d'eau, Iseult accepta d'un signe de la tête et porta alors la gourde à ses lèvres pour boire. Avalant une grande gorgée de liquide, elle ouvrit alors grand les yeux se mettant alors à tousser. Ce n'était pas de l'eau mais de l'alcool que l'outre contenait. Mais elle avait soif aussi, elle fut obligée de se contenter de cela.
Alors que la jeune femme buvait doucement, Guilhem regardait sa gorge. Cette gorge ornée d'un ruban à moitié moisi et totalement usé qui dissimulait une cicatrice. Tirant sur le flot pour défaire le ruban, le seigneur le lui retira en lui disant que cela ne lui allait guère. Iseult referma alors l'outre et la rendit au jeune homme en baissant le regard.

Sa gorge était nue, dévoilant cette marque qui lui traversait la trachée, symbole d'une mort à laquelle elle avait échappé par chance. Elle ne tenta pas de récupérer le dit ruban. Après tout, il venait de lui en promettre d'autres. Elle pouvait donc patienter un peu. Mais sans ce morceau de tissu, elle se sentait complètement nue.
Tournant le visage vers Guilhem, elle regarda son ruban d'un air mélancolique. Elle poussa alors un soupire et détourna le regard pour manger un petit bout de fromage. Elle n'avala pas tout ce qu'il lui avait lancé, en concervant pour lui. Si elle avait faim, cela devait être de même pour lui. Elle lui tendit alors le pain et le fromage.

Un baillement se fit entendre et voir. Iseult se frotta les yeux de fatigue. Changeant alors de position pour replier ses genoux vers sa poitrine, elle tendit ses poignets joints vers Guilhem. Il avait dit vouloir l'entraver pour dormir. Elle faisait preuve de bonne foi en les lui offrant d'elle même. Elle attendit alors qu'il lui lie les mains pour se rallonger sur le sol.

Pour tout commentaire, Agniès se contenta d'un simple regard mélancolique et d'un soupire avant de se remettre à grignoter. Difficile de dire si elle se moquait complètement de son ruban ou si elle se contentait d'attendre d'être à Karras pour en avoir un nouveau tout neuf à s'attacher autour du cou. Allez savoir. En tout cas, il avait maintenant quelque chose de sec... et avait bien l'intention de s'en servir. Pour le reste, il lui suffisait d'attendre un petit peu et il le saurait bien.

Le repas était frugal. C'était le moins que l'on puisse dire, mais il avait au moins eu le mérite de faire taire les gargouillis en provenance du ventre de la jeune femme. Elle avait un appétit d'oisillon anorexique, mais par contre, son ventre faisait un de ses boucans.

Rapidement après avoir engloutit son maigre repas, elle commença à bailler et à lui tendre ses mains pour être attachée. Un vrai bébé cette fille. Ça se réveille, ça mange et ça s’endort. Bon, au moins, il n'avait pas à se plaindre qu'elle tentait de le tuer toutes les trente secondes, c'était déjà ça de gagné. Quoi que si elle avait tenté de s'en prendre à lui, il l'aurait sans doute tué sans autre forme de procès. Malgré cette relative indépendance qu'elle avait, pour Guilhem, elle n'était pas libre. C'était une captive. Une sorte de prise de guerre en quelque sorte. En tout cas, c'était ainsi qu'il la percevait. Une prise dans sa guerre personnelle contre les Séraphin.

Elle le servait ou elle mourrait.

Dans l'esprit du seigneur de Karras, c'était aussi simple que cela. C'était même un acte d'intérêt publique si il poussait un petit peu la réflexion. Même bâtarde, on ne pouvait pas laisser les Séraphins traîner n'importe où. Et puis, cela évitait sans doute des vols et du braconnage. Bon, c'était sans doute assez hypocrite de penser cela, mais après tout, tout les moyens sont bons pour se donner bonne conscience.

Finalement, Guilhem se leva à nouveau pour aller chercher une courte corde avec laquelle il entreprit de nouer les poignets tendus de la jeune femme sans s'attarder plus que nécessaire sur sa besogne.

« A moins que tu me trahisse, il n'y aura plus besoin de cela à Karras... et si tu me trahis, tes liens seront sans doute le dernier de tes soucis. »

Il se foutait pas mal du regard qu'elle pouvait lui lancer et n'y prêta pas d'ailleurs la moindre attention.

Il l'aida à s'allonger et attendit encore un peu qu'elle se soit endormie. Non que cela soit une condition pour se qu'il avait l'intention de faire, mais il pourrait éviter les mouvements de nostalgie intempestifs.

Bientôt, les flammes montèrent du petit feu qu'il avait allumé grâce au ruban précédemment prélevé sur la muette. Et après un autre moment, Guilhem s’endormit contre sa prisonnière dumment entravée.

Iseult lui avait tendu ses poings pour qu'il les attache. Guilhem se leva alors et alla chercher une fine corde avec laquelle il entrava les poignets de la jeune femme. Il ne les serra pas comme la première fois au point où elle avait la circulation sanguine coupée, il les serra juste ce qu'il fallait pour qu'elle ne puisse le défaire d'elle même.
Le seigneur de Karras en profita pour l'informer qu'elle n'aurait plus besoin d'avoir les poings liés une fois qu'ils seront dans son chateau. Cependant il précisa bien que si elle le trahissait, ces liens seraient alors le cadet de ses soucis. Iseult acquiesça alors pour lui dire qu'elle avait compris et qu'elle ne ferait rien contre lui. Elle ne voulait pas se retrouver avec la tête au bout d'un pic.

Une fois les mains liées, Guilhem l'aida à s'allonger. Il ne fallut pas longtemps avant que le sommeil ne vienne la prendre. Ce n'est qu'une fois le feu allumé avec le ruban qu'il lui avait retiré du cou qu'il revint se coucher près d'elle. Ils étaient collés l'un à l'autre mais Iseult se mit à bouger durant son sommeil.
Quittant le cocon chaud que lui offrait la couverture et le corps de Guilhem, la jeune femme quitta les lieux complètement nue. Les mains toujours attachées, elle avançait dans le noir alors que le feu crépitait toujours dans la salle où ils avaient trouvé refuge. Seul le son des rochers dans lesquels elle trébuchait se faisaient entendre.

Dehors, il faisait nuit. La lune était pleine et on pouvait voir quelques étoiles parsemer la voute céleste. La pluie n'avait pas cessé mais l'orage était passé. C'était une fine pluie sous laquelle Iseult sortie. Avançant un peu, elle s'arrêta au milieu de la carrière. Son visage était relevé vers la lune comme si elle la fixait à la différence que ses yeux étaient clos.
La pluie tombait sur son corps. Ses longs cheveux noires étaient à nouveau mouillés. Elle restait pourtant plantée là. Quelque chose n'allait pas dans ce tableau car la jeune femme dormait toujours...

Guilhem dormait tranquillement non loin du feu lorsque la jeune femme se glissa en dehors du lit tout en douceur. Lui, ne se réveilla pas un sein instant et se contenta de resserrer la couverture autour de lui ? En tout cas, dans un premier temps. Habitude de soldat en campagne et de courtisans affrontant les intrigues politiques, les poisons et les coups de couteau dans le dos, il ne tarda pas à voir son sommeil quelque peu dérangé par l'absence du corps chaud de la jeune femme. Les yeux ouverts, il regarda un moment droit devant lui, là où aurait dut se trouver une masse de cheveux bruns et une jeune femme au jolies petites fesses.

Au début, il ne se dit rien de particulier. Elle était juste stupide de sortir et de refuser la chance qu'il lui offrait. Mais si la stupidité devait tuer, le monde connaitrait une chute démographique terrible. D'un coup d'oeil, il repéra les vêtements de la jeune femme et nota l'absence de la corde qu'il avait utilisé pour l'attacher. Quoi que. La stupidité de cette dinde allait sans doute lui coûter la vie. Une jolie jeune femme qui se balade nue et entravée en pleine champagne... le premier qui croiserait sa route ne manquerait pas d'en profiter.

Puis, un ''tilt'' se fit dans sa tête.

« Merde, le cheval. »

Si elle n'avait prit ni sa vie, ni son épée, ni ses vêtements, elle avait peut-être bien prit le cheval. Bondissant sur ses pieds et s'emparant de son épée, il se mit à courir en direction de l'extérieur. C'était sans doute trop tard pour la rattraper, mais il pourrait toujours tenter, après quoi il taillerait en pièce cette idiote.

Mais le spectacle qu'il vit en sortant. Son cheval était toujours bel et bien là. Et il avait de jolies lunes dans son champ de vision. Sa prisonnière était debout et se contentait de regarder la lune, entièrement nue et sous la pluie.

« Saletée de timbrée. »

Sans le moindre égard, Guilhem l'attrapa par le bras pour la ramener dans la grotte. Il avait déjà prit soin d'elle après son malaise un peu plus tôt. Il n'avait pas que cela à foutre de s'occuper d'une malade parce qu'elle avait décidé de se balader à poil sous la pluie en pleine nuit.

« On arrête les conneries maintenant, viens par là. »

Iseult resta sous la pluie, le visage semblant fixer la lune. Pourtant elle dormait toujours. Elle venait d'avoir une crise de somnambulisme. Si d'habitude cela ne prêtait nullement à conséquence car elle était seule, cette fois c'était différent car Guilhem pensant qu'elle avait pris la fuite s'était de suite diriger vers l'extérieur de la grotte pour vérifier si son cheval était toujours là.
Elle n'avait pas pris la fuite car il put la voir debout au milieu de la carrière à observer en apparence les étoiles. La nudité dans laquelle elle se trouvait rendait le tableau fort joli à voir. Mais le seigneur de Karras semblait énervé de cela et laissa entendre une remarque à son sujet.

Elle ne se retourna même pas comme si elle l'ignorait royalement. En même temps quoi de plus normal quand on est toujours en train de dormir? Iseult était dans un autre monde à cet instant et ce n'est pas une simple voix qui allait la tirer aussi facilement de l'univers dans lequel elle se trouvait à cet instant.
Guilhem ne s'étant pas rendu compte que sa captive dormait toujours, la saisit sans le moindre ménagement par le bras. Un violence telle alors qu'il lui hurla dessus fut assez pour la réveiller. On ne réveille jamais un somnambule, on le raconpagne simplement et gentiment à son lit sans quoi le retour à la réalité serait trop brutal.

Se sentant donc happée par quelque chose de puissant, Iseult ouvrit les yeux d'un seul coup. Son regard se révulsa et elle tomba inconsciente devant les pieds de Guilhem. En chutant ainsi, sa tête heurta un rocher et un peu de sang se mit à couler. Décidemment la jeune femme était source d'ennuie plus qu'autre chose...

Lorsqu'il la vit tomber par terre, Guilhem la regarda un moment, là, étendue sur le sol, inconsciente, innerte, du sang coulant de derrière sa tête. Elle s'était sans doute cogné la tête contre une pierre un peu pointue. Mais ce n'était pas cela qui occupait l'esprit du seigneur. Ses épaules se voûtèrent et un long soupire désabusé s'échappa de ses lèvres. Bon sang, pourquoi lui ? Pourquoi est-ce qu'il avait fallut que cette idiote tombe sur lui. Il aurait mieux fait de la laisser crever dans sa ruine ou de la noyer dans son bain. Cela aurait sans le moindre doute été un acte des plus charitable. Mais là, elle était un danger pour elle et commençait sérieusement à l'énerver.

Pire, il en regrettait sa défunte épouse. Si c'était une idiote et une neuneu finie pas capable de faire grand chose de ses dix doigts, elle au moins ne tombait pas dans les pommes après s'être piqué avec une aiguille à coudre et elle ne se faisait pas non plus une triple fracture du fémur en se cognant à la table basse. Si l'ancienne dame de Karras avait ramassé des gifles par grappes de temps à autre, Agniès était bien partit pour battre ce triste record. Quoi qu'il en était venu à l'idée que s'il lui tapotait gentiment la joue, elle parviendrait à en avoir la mâchoire déboîtée.

Il resta un moment ici à la regarder par terre... puis retourna s’abriter dans la grotte. Il n'était pas question qu'il attrape froid non plus. Et puis, le feu avait encore besoin d'être entretenu. Dans l'état où elle était, elle n'irait nul part et qui sait, son coup sur la tête lui remettrait peut-être les idées en place. En tout cas, il fallait l'espérer.

Une fois qu'il se fut occupé du feu et qu'il eu rangé son épée, Guilhem retourna voir la captive toujours inconsciente et la ramena dans la grotte. Mais pas en la portant. Et puis quoi encore ? Il se contenta d'attraper la corde liant les mains de la jeune femme... et la traina derrière lui comme un boulet jusqu'à l’intérieur avec l'intime conviction qu'il allait le regretter et qu'il ferait mieux de la laisser où elle était.

Après avoir découpé dans la chemise de la jeune femme de façon totalement alléatoire et peu esthétique de quoi faire un bandage à lui passer autour de la tête (quoi, il aurait fallut qu'il s'en prenne à ses propres vêtements pour éponger la stupidité de la brunette ? Et puis quoi encore?), Guilhem banda sommairement la tête de la jeune femme et se recoucha contre elle, la couverture par dessus. Il l'aurait bien fait dormir ailleurs, mais elle lui tenait chaud et il avait froid.

Restait plus qu'à dormir... non sans avoir cette fois entravé également les pieds de la jeune femme.

Guilhem ne fit rien pour la retenir quand elle tomba et se cogna sur un rocher. Elle ne se réveillait pas, le coup l'avait quelque peu assomér. Il se contenta de la regarder avant de rentrer en la laissant sous la pluie qui finissait de tomber.
Il revint quelques minutes plus tard. La pluie avait cessé mais le corps de la jeune femme était trempé. Elle était toujours là étendue sur le sol. Sans la moindre délicatesse, il la traina jusqu'à l'intérieur de la grotte. Les gravillons et autres petites pierres érafflèrent sa peau.

Quand ils furent de retour dans la grotte, il la laissa tel un vulgaire sac dans un coin pour tailler une bande de tissu vulgairement dans la chemise de la jeune femme afin de panser sa blessure à la tête. S'il venait de s'occuper de sa blessure à la tête, il ne se soucia guère des autres qu'il avait créées en la trainant au lieu de la porter.
Avant de revenir se coucher prêt d'elle, il lui entrava également les chevilles. Au moins cette fois, elle n'irait nul part. Aucun risque à avoir sur ce point. Replaçant la couverture sur eux, il se rendormit en profitant de la chaleur que dégageait le corps de sa jeune captive malgré le fait qu'il soit trempé.

Le reste de la nuit se déroula avec une certaine tranquilité, hormis que la jeune femme bougea quelque peu. Au petit matin, elle avait sa tête déposée au creux de son épaule alors que son corps nu était pressé contre celui de Guilhem. Un léger vent frais s'engouffra dans la caverne et éveilla la demoiselle.
Ouvrant les yeux, elle ressentit en premier lieu un affreux mal de crâne. Portant ses mains toujours liées sur son front, elle sentit un bandage l'entourant. En bougeant d'autres douleurs s'étaient éveillées dans son dos. Que s'était il passé?

Voulant bouger ses pieds, elle se rendit compte qu'ils étaient également attachés alors que la vieille il ne lui avait entravé que les mains. Iseult ne comprenait pas. Elle avait mal un peu partout et ne se souvenait de rien. Aurait elle eu une absence? Il semblerait bien que oui.
La jeune captive resta alors allongée, roulant simplement sur le côté. Sans se rendormir pour autant, elle resta ainsi à attendre que Guilhem se réveille à son tour. Elle le fixait d'un regard d'incompréhension, sans haine et sans le moindre sentiment.

Guilhem dormait à poings fermé dans la grotte, confortablement installé sous cette couverture, le corps chaud de sa captive serré contre le sien. Son visage n'était plus aussi fermé ni aussi stricte qu’auparavant. Il n'y avait plus non plus ce côté suffisant, autoritaire et hautain qu'il avait arboré depuis leur rencontre. En fait, il paraissait presque détendu et calme. C'était assez étonnant à voir d'ailleurs. Au fur et à mesure con côtoie quelqu'un comme Guilhem on pouvait facilement oublier à quoi son visage pouvait ressembler lorsqu'il se décidait à se détendre un petit peu. Pour le moment Agniès avait devant les yeux un magnifique exemple de ce que le visage du seigneur pouvait donner lorsqu'il était détendu... ou pour généraliser, lorsqu'il n'était pas conscient.

Mais, au bout d'un moment, se fut à son tour de se réveiller. Et quel réveil, nez à nez avec Agniès et ses yeux verts. C'était assez particulier et déroutant, mais pas vraiment désagréable, il fallait bien l'avouer. Il resta un moment sans bouger à simplement regarder la jeune femme dans les yeux. Et pour être tout à fait honnête, il mit une petite seconde à se souvenir de la raison pour laquelle elle avait ce truc autour de la tête.

« Tu es sortie te balader toute nue dehors, dit-il calmement sans s'éloigner d'un centimètre. »

Bon, autant lui dire se qui s'était passé. Si elle n'avait pas encore commencé à se poser des questions, cela n'allait pas tarder. Tant qu'à faire, autant les devancer, cela ne pourrait qu'être bénéfique pour lui.

« Tu restait plantée sous la pluie à regarder la lune et quant je t'ai attrapé par le bras pour rentré, tu as fait un malaise et tu t'es cogné la tête. »

Voilà, c'était tout se qu'elle allait apprendre de lui. Rien de plus mais rien de moins non plus.

« J'espère que tu as bien dormis, la route est encore longue... en espérant qu'il ne pleuve pas. »

Il écarta légèrement les pans de la couverture. Il faisait froid dehors... encore un peu trop froid. Il était sans aucun doute assez tôt et le son de l'eau qui coulait à l'exterieur n'annonçait rien de bon. Est-ce qu'il avait cessé de pleuvoir et cela n'était que le simple écoulement dans les profondeurs de la caverne ou est-ce qu'il pleuvait toujours ?

Trop froid pour le moment. Guilhem se ralongea dans ce petit cocon douillet assez rapidement.

« Donne moi tes poignets, je vais te détacher, dit-il calmement. À moins que tu ne préfère rester encore un peu ainsi. »

Elle n'avait plus besoin de ces liens, mais étrangement, il aurait comprit qu'elle veuille les garder pour ne pas se faire du mal. À peu de choses prêt, il lui aurait d'ailleurs lui même imposé de les garder pour ne pas encore avoir à la ramasser par terre.

Ouvrant les yeux enfin à son tour, Guilhem observa la jeune femme qui le fixait alors qu'il dormait. Sans vraiment attendre de questions de sa part, il enchaina sur le fait qu'il lui avait lié les pieds pour dormir car elle s'était soi disant blessée à la tête. Iseult ne comprenait pas vraiment car le seul moyen pour qu'elle se blesse ainsi c'est de tomber. Et en dormant cette opération se révèlait quelque peu délicate. A moins que...
La jeune femme ouvrit alors de grands yeux car la seule solution fut qu'elle ait été prise d'une crise de somnambulisme. En règle générale cela ne portait jamais à conséquences sauf la fois où elle s'était vue guidée dans la chambre du comte de Scylla et cette fois ci. Avait il pensait qu'elle avait tenté de fuir? Avait il profité de la situation? Ou tout bonnement, il ne s'était rendu compte de rien? Visiblement la troisième solution avait l'air d'être la bonne.

Lui demandant si elle désirait être détachée, Iseult acquiesça d'un geste de la tête. Elle se laissa alors faire alors que la corde qui lui liait les chevilles et les poings était retirée, rendant ainsi ses membres libres qu'elle se massa pour refaire circuler le sang dans ses extrémitées. Puis portant une main sur sa tête, elle y découvrit une belle bosse. Bon au moins cela disparaitrait rapidement.
Les deux jeunes gens restèrent encore un peu sous la couette, il faisait frais dans la caverne et le bruit de l'eau allant vers les profondeurs n'annonçait pas forcement quelque chose de bon concernant les conditions climatiques dehors. Iseult restait là, allongée sur le côté à regarder dans les yeux le seigneur de Karras sans rien tenter de dire ni faire quoique ce soit, juste un regard...

Une heure passa, peut être deux tout au plus. Il était à présent temps de partir. Quand Guilhem se leva, elle fit de même, se dirigeant vers ses vêtements dont elle décourvit la chemise à terre. Enfilant en premier la chemise, elle découvrit des trous dans les manches. Visiblement le seigneur avait découpé dedans durant son sommeil. Ce n'était que les manches donc cela pouvait aller...
Enfilant son pantalon, elle glissa un pied dans une botte qu'elle laça puis retira discrètement le bracelet de la seconde avant d'y glisser son autre pied et de répéter l'opération. Une fois habillée, le bracelet rangé, elle sortit le peigne et commença à se coiffer. Il était temps de partir à présent. Remontant vers la surface, il faisait un peu frais mais un grand soleil brillait dans un ciel bleu dégagé de tous nuages.

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