Nom/Prénom : Aëryös Ened'Ethdu Âge : Deux cent cinquante-sept ans Sexe : Homme Race : Elfe Particularité : Aëryös ne sait pas se battre lorsque ses pieds sont posés sur une surface dure, créée de main d'homme ou d'elfe, car il perd la plupart de ses repères. Seul le sol de la forêt lui permet de se mouvoir agilement, et il lui permet même de repérer les mouvements proches lorsque les conditions sont parfaites (Pas de pluie par exemple, car elle brouillerait les sens d'Aëryös.).
Alignement : Chaotique Bon Métier : Rôdeur Classe d'arme : Epées à deux mains (arme principale) | Arcs longs (arme secondaire)
Équipement :
Les possessions d'Aëryös se comptent sur les doigts d'une main, et lui permettent de voyager rapidement dans la forêt. D'abord, son plus fidèle compagnon, un arc long de deux mètres taillé dans les arbres les plus majestueux de la forêt, qui l'a sauvé à maintes reprises, et qui a également éloigné nombre de nuisances des forêts. Ensuite, l'extension de son corps, une épée elfique ouvragée d'un mètre cinquante se maniant à deux mains, sur laquelle on peut lire le code des rôdeurs, chose qui régit la vie de notre bon elfe. Au lieu d'être accrochée à la taille, ce qui gênerait considérablement les mouvements en forêt, elle se trouve fixée dans un fourreau accroché dans son dos, ce qui en contrepartie l'empêche d'être dégagée aisément. En plus de ces deux armes, Aëryös possède une armure de cuir complète de couleur brune, qui, sans entraver ses mouvements, le protège quelque peu contre les risques que son nomadisme peut lui apporter. Une partie de son armure manque souvent, car il a la plupart du temps les pieds nus lorsqu'il rôde dans la forêt, et n'utilise des chaussures que lorsqu'il pose les pieds sur une surface de pierre ou de bois traité, ne voulant même pas toucher ces impuretés.. Un carquois, lui aussi en cuir, accroché dans le dos, lui permet de toujours garder une flèche sous la main, et peut en contenir une cinquantaine. Sa dernière possession, non des moindres, est un couteau de chasse, accroché à la ceinture, qui contrairement à son nom ne sert pas à la chasse, mais à se défendre lorsque l'ennemi est trop proche et que ni l'arc ni l'épée peuvent être maniés ou dégagés de leur emplacements respectifs.
Description physique :
Un elfe à peu près comme les autres s'incarne sous les traits d'Aëryös. Son visage fin, émacié, et vierge de toute marque tracée par l'âge rappelle un jeune homme à peine sorti de l'adolescence. Bien sûr, ce n'est pas le cas, mais toute cette expérience, on la lit dans les yeux verts qui sondent votre esprit rien qu'en se posant sur vous. Ce regard attentif, semblable à celui d'un faucon guettant le bon moment pour jaillir, est une de ses armes principales, le rendant prêt à bondir si l'objet de son attention se montre dangereux pour lui ou la nature des alentours. Ce visage jeune mais expérimenté est couronné d'une chevelure brune tirant sur le roux lorsque la lumière perce les arbres. Grand parmi les elfes, sa taille avoisine le mètre quatre-vingt-dix, mais il n'en est pas pour autant plus musclé, et sa maigreur fait que lorsqu'il brandit son épée, on ne devine pas du premier coup d'oeil qui est l'épée et qui est l'elfe. Malgré tout, il garde une force supérieure à la moyenne, et la plupart de ses ennemis trembleront sous ses puissants mais agiles coups d'épée, ou sous la puissance et la vitesse de ses flèches.
Description mentale :
Le code des rôdeurs est la seule chose qui guide sa vie, protéger la nature et les elfes sont les choses les plus importantes de son univers. Rien d'autre ne peut prétendre le diriger et lui dicter sa conduite. Lorsqu'il sera en désaccord avec un puissant (ou plus généralement un représentant d'un quelconque ordre établi), il le fera savoir sans pour autant s'y opposer. Nombreux sont les rôdeurs déçus par les décisions de ceux qu'ils se doivent de conseiller, mais Aëryös n'en fait pas partie, car il acceptera ces mêmes décisions tout en faisant ce qu'il pense juste et bon de son côté. Malgré cela, et malgré le respect du code des rôdeurs, il a une haute opinion de lui-même, et ne pourra jamais se sacrifier pour d'autres elfes ou pour la nature, car il croît au plus profond de lui-même que s'il disparaissait, la forêt toute entière perdrait un gardien irremplaçable. Finalement, s'il agira toujours pour l'intérêt des elfes et ne trahira jamais son peuple, il lui arrive de penser du mal de certains de ses congénères, trop attachés à la sédentarisation à son goût, même s'il ne s'autorisera jamais à lever les armes contre ceux-ci. Pour lui, maintenant que la plupart des nobles arts des elfes sont perdus, si les villes venaient à tomber en ruines, et que son peuple se voyait incapable de les reconstruire, il faudrait que tous se rendent à la raison, et vivent de nouveau en harmonie avec la nature, comme dans le passé.
Histoire :
La clairière était dans l'obscurité la plus totale, le ciel abandonné par l'astre qui régissait toute vie. La nature semblait s'être figée tout autour de l'être qui se trouvait exactement en son centre. L'être était à genoux, et restait complètement immobile. Il était totalement nu, complètement vulnérable aux éléments, mais, étrangement, rien ne l'atteignait. Son corps était comme endormi, son esprit, lui, se préparait. La fin d'un cycle était venue, et pour accueillir le nouveau, un rituel bien spécial impliquait un elfe vieux de plus de deux cent ans. L'elfe méditait, et, son esprit voyageait en suivant un schéma bien précis, reproduit dans le passé par chaque homme de sa famille, famille qui était le produit de nombreux cycles. Dans ce rituel antique et unique, chaque début de cycle était nommé Andrann'Methed, et représentait le temps situé entre l'arrivée puis le départ du Voile.
***
Le père. C'était la première orientation que devaient prendre mes pensées, et c'est dans cette direction qu'elles se tournèrent alors. Trahison, liberté, bravoure. Trahison pour n'avoir pas adopté le code des rôdeurs, laissant un maillon vide dans notre tradition familiale, il aurait dû être là à mes côtés en ce jour, plutôt que sur les pierres des villes. Liberté pour s'être dégagé d'un destin contraignant, et ainsi vivre la vie qu'il avait choisie, aux côtés de celle qu'il aimait. Bravoure pour s'être lancé dans la politique elfique, et ainsi devenir un guide des elfes, rôle que les rôdeurs n'arrivaient plus à assumer depuis longtemps.
***
Cela faisait déjà plusieurs minutes que l'elfe était plongé dans sa méditation, la première étape était finie, il n'en restait plus que trois. Il réprima ses pensées quelques secondes supplémentaires, il ne fallait pas qu'il soit en avance, le schéma de réflexion ne pouvait pas souffrir d'une avance, cela pouvait interrompre le rituel. L'esprit vide, il ne pensait à rien, mais savait qu'au dessus de lui, l'astre d'or n'était plus, et qu'il resurgirait plus tard dans le rituel, rituel qui reprit aussi vite qu'il s'était suspendu.
***
La mère. La deuxième orientation, de nouvelles pensées, de nouvelles idées. Souffrance, amour, sacrifice. Souffrance pour m'avoir mis au monde, et pour m'avoir perdu ensuite, me laissant disparaître dans la forêt. Amour pour m'avoir aimé, élevé, et accompagné. Sacrifice pour avoir suivi mon père, pour avoir quitté la forêt, sans regarder en arrière, mais sans oublier la Symphonie des arbres. L'étape se termina comme ceci, et, n'ayant pas d'avance, je continuai jusqu'à la suivante.
La nature. Troisième et dernière orientation. Abandon, vengeresse, protégée. Abandon pour l'exode des elfes vers les villes de pierre. Vengeresse pour la destruction progressive des villes de pierres. Protégée pour moi, mon adoption du code des rôdeurs. Le rituel était terminé. Les quelques minutes qui restaient, elles servaient à se remémorer les moments clé d'une vie.
Mes pensées défilèrent à une vitesse que je n'avais jamais connue. Je me pressais de me remémorer ces deux cent cinquante années, pour finir avant la fin de l'éclipse. Chaque seconde comptait, et je ne voulais pas finir ce rituel sur un sentiment d'inachèvement. Cela avait parfois eu raison de mes ancêtres, car on vivait rarement deux fois le même rituel, et le premier était toujours décisif, voire clé pour le futur du rôdeur. Une fois les souvenirs enfouis à nouveau au fond de l'esprit, le soleil devait réapparaître. Mais ce n'était pas le cas. Je devais maintenant attendre, attendre la fin du Voile, attendre le début du Cycle.
Je venais de revivre des scènes que je croyais disparues depuis des décennies, c'était l'intérêt du rituel. Ce rituel était une façon de montrer à la nature, à Kÿria, le dévouement qu'on leur rendait, mais aussi de nous dévoiler notre place dans le monde, de nous dévoiler à nous-mêmes qui nous étions. Passer par les souvenirs était alors essentiel. Il fallait que je me remémore mon enfance, mon apprentissage, le jour où j'ai décidé de devenir rôdeur, le jour où j'ai prononcé les mots, puis mon service en tant que dernier rempart entre la forêt et ses ennemis.
C'était mon apprentissage qui avait attiré le regard de mon esprit le plus longtemps, car une chose s'était révélée un jour, une chose qui avait changé mon rapport au combat, et mon futur. Une dizaine d'année d'entrainement m'avaient été prodiguées par un ami de mon père, censé être un maître d'armes hors pair. Il n'arriva à rien avec moi, jusqu'à ce qu'il tente de m'amener au plus profond de la forêt. Là, il n'eut même pas à me forcer pour me pousser à tenter des choses, tout venait naturellement, tout ce qu'il m'avait appris sur la place d'un village dans lequel mon père se rendait souvent, en Eraïson. Le maître d'armes fût surpris, et c'est à ce moment là qu'il compris que j'avais ce qu'il fallait pour devenir un vrai combattant, bon tireur et l'un des meilleurs à l'épée une fois que l'ennemi s'était approché. Malgré cela, il n'avait jamais réussi à me transférer les dons que j'avais sur le sol de la forêt jusqu'à un terrain créé de mains d'elfes ou d'hommes.
J'avais revu ma mère, qui tentait de me retenir, lorsque je décidai de prendre mon futur en main, de prêter le serment. J'étais encore jeune, j'avais à peine cent quarante ans, et j'avais décidé de me tester avant de devenir rôdeur. Je passerais une partie de ma vie dans la forêt, survivant, sans jamais voir la ville, sans jamais côtoyer d'elfe, en vivant dans l'isolement le plus total. Il fallait que je sois certain de pouvoir tout abandonner avant d'aller trop loin et de ne plus pouvoir faire marche arrière. Ma mère ne voulait pas de tout ça, elle ne voulait pas me perdre, elle ne voulait pas que je devienne une créature qui ne faisait qu'obéir à la forêt. Elle était égoïste.
Je m'étais revu, quelques jours après mon début dans la forêt. J'avais passé plusieurs nuits à essayer de dormir, en vain. Les bruits de la forêt m'emplissaient, et au début, je les haïssais. Je haïssais le fait d'être ici, fatigué, sans aucun confort. Puis je m'essayai à la méditation, comprenant que c'était la seule voie qui me permettrait de me reposer. Au début rien ne se passa, je passais les jours à me fatiguer. Mais ma méditation était plus efficace au fil des jours, et je trouvai un peu de repos dans cette pratique. Je tins bon, m'ouvrant à la forêt, essayant de m'identifier à elle. Au bout de quelques années, je ne connaissais plus la fatigue, et je commençais à aimer ces sons de la nature. La fin de mon pélerinage eut lieu lorsque je crus reconnaître dans le chant d'un oiseau un appel de Kÿria pendant une méditation, j'avais l'impression qu'elle m'appellait, pour que je passe le serment. Je pris donc la direction des miens, pour leur dire un dernier adieu, avant de disparaître dans la forêt.
J'avais également revu mon père, juste avant d'aller adopter le code, quelques jours avant mes cent quatre-vingt ans, qui refusait en bloc tout ce que je lui disais. Il ne voulait pas devenir comme tous les mâles de notre génération, il avait peur de devenir rôdeur, il ne voulait pas perdre son identité au profit de la forêt, il ne voulait pas vivre tout seul. L'absence de son père avait pesé sur ses épaules, et il n'avait pas voulu reproduire le même schéma. Il me renvoya du domaine familial sans prendre le temps d'écouter ce que je lui disais. S'il avait pu, il m'aurait renié, mais au fond de lui, il savait que les rôdeurs étaient importants pour les épreuves qui ne manqueraient pas de se présenter devant le peuple immortel tout entier. Il était égoïste.
Je m'étais revu, dans la même clairière que celle où j'étais aujourd'hui, pour attendre la fin du Voile. Mais à cette époque là, je n'attendais pas la fin d'une éclipse, j'attendais le bon moment. Le bon moment pour préter le serment des rôdeurs, pour sceller le pacte qui ferait de moi, à cent quatre vingt ans, un rôdeur elfe, dans la plus pure des traditions. Je deviendrais un protecteur d'Anëh, une main de Kÿria. Si je devais perdre toute identité, je le ferais, tout en sachant que j'accomplissais mon devoir. A genoux, au milieu de la clairière, je récitai les mots...
"Mon bras gauche pour protéger mon peuple, mon bras droit pour préserver la forêt ; une main pour guider les miens, une autre pour écarter tout danger, et qu'ainsi les elfes suivent la voie de Kÿria."
***
Le visage de l'elfe se décrispa, et sa méditation devint un sommeil, duquel il se réveilla deux jours plus tard, inquiété par la longueur du Voile. Il disparut alors dans la forêt, pour écouter les arbres, écouter le vent, et prendre des nouvelles du monde, et de la forêt qu'il devait protéger. Il ne reparut pas pendant sept ans, sans que personne ne sache exactement ce qu'il s'était passé, même pas lui, qui se souvenait d'avoir œuvré pour la forêt, mais pas de ses actions exactes. La perte d'identité tant crainte par son père était survenue, mais il n'était pas inquiet, et il savait qu'il avait été utilisé à bon escient. Peut-être même qu'il avait accompli de très grandes choses pour la forêt.
Lorsqu'il reprit ses esprits et son identité, il fut soulagé mais fier, et décida de continuer d'œuvrer pour la forêt, sans renoncer. Il vérifia son matériel et marqua une pause. Son épée était recouverte de sang, et il lui manquait trois flèches.
P.S: J'ai une impression bizarre en relisant mon histoire, j'espère que c'est que moi qui suis parano
Dernière édition par Aëryös Ened'Ethdu le Jeu 18 Avr 2013 - 21:01, édité 1 fois
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Nombre de messages : 4141 Âge : 34 Date d'inscription : 09/03/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans (né en 972) Taille : Niveau Magique : Avatar
Comme dit sur la CB, c'est moi qui vais m'occuper de ta fiche.
J'aime bien le style, mais j'aimerai que tu étoffes un peu avant que je valide. Que tu rajoutes des détails, etc. La fiche en tant que telle ne comporte pas d'incohérence et est agréable à lire, cependant, et on sent que tu as fait l'effort de lire les BGs, ce qui est appréciable.
Encore un petit effort, en somme.
Aëryös Ened'Ethdu
Elfe
Nombre de messages : 14 Âge : 30 Date d'inscription : 15/04/2013
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 257 ans Taille : Niveau Magique : Non-Initié.
Ca devrait être mieux, j'ai fait les modifications. Les ajouts et modifications sont en rouge dans le spoiler et j'ai changé la fiche également.
Spoiler:
Histoire :
La clairière était dans l'obscurité la plus totale, le ciel abandonné par l'astre qui régissait toute vie. La nature semblait s'être figée tout autour de l'être qui se trouvait exactement en son centre. L'être était à genoux, et restait complètement immobile. Il était totalement nu, complètement vulnérable aux éléments, mais, étrangement, rien ne l'atteignait. Son corps était comme endormi, son esprit, lui, se préparait. La fin d'un cycle était venue, et pour accueillir le nouveau, un rituel bien spécial impliquait un elfe vieux de plus de deux cent ans. L'elfe méditait, et, son esprit voyageait en suivant un schéma bien précis, reproduit dans le passé par chaque homme de sa famille, famille qui était le produit de nombreux cycles. Dans ce rituel antique et unique, chaque début de cycle était nommé Andrann'Methed, et représentait le temps situé entre l'arrivée puis le départ du Voile.
***
Le père. C'était la première orientation que devaient prendre mes pensées, et c'est dans cette direction qu'elles se tournèrent alors. Trahison, liberté, bravoure. Trahison pour n'avoir pas adopté le code des rôdeurs, laissant un maillon vide dans notre tradition familiale, il aurait dû être là à mes côtés en ce jour, plutôt que sur les pierres des villes. Liberté pour s'être dégagé d'un destin contraignant, et ainsi vivre la vie qu'il avait choisie, aux côtés de celle qu'il aimait. Bravoure pour s'être lancé dans la politique elfique, et ainsi devenir un guide des elfes, rôle que les rôdeurs n'arrivaient plus à assumer depuis longtemps.
***
Cela faisait déjà plusieurs minutes que l'elfe était plongé dans sa méditation, la première étape était finie, il n'en restait plus que trois. Il réprima ses pensées quelques secondes supplémentaires, il ne fallait pas qu'il soit en avance, le schéma de réflexion ne pouvait pas souffrir d'une avance, cela pouvait interrompre le rituel. L'esprit vide, il ne pensait à rien, mais savait qu'au dessus de lui, l'astre d'or n'était plus, et qu'il resurgirait plus tard dans le rituel, rituel qui reprit aussi vite qu'il s'était suspendu.
***
La mère. La deuxième orientation, de nouvelles pensées, de nouvelles idées. Souffrance, amour, sacrifice. Souffrance pour m'avoir mis au monde, et pour m'avoir perdu ensuite, me laissant disparaître dans la forêt. Amour pour m'avoir aimé, élevé, et accompagné. Sacrifice pour avoir suivi mon père, pour avoir quitté la forêt, sans regarder en arrière, mais sans oublier la Symphonie des arbres. L'étape se termina comme ceci, et, n'ayant pas d'avance, je continuai jusqu'à la suivante.
La nature. Troisième et dernière orientation. Abandon, vengeresse, protégée. Abandon pour l'exode des elfes vers les villes de pierre. Vengeresse pour la destruction progressive des villes de pierres. Protégée pour moi, mon adoption du code des rôdeurs. Le rituel était terminé. Les quelques minutes qui restaient, elles servaient à se remémorer les moments clé d'une vie.
Mes pensées défilèrent à une vitesse que je n'avais jamais connue. Je me pressais de me remémorer ces deux cent cinquante années, pour finir avant la fin de l'éclipse. Chaque seconde comptait, et je ne voulais pas finir ce rituel sur un sentiment d'inachèvement. Cela avait parfois eu raison de mes ancêtres, car on vivait rarement deux fois le même rituel, et le premier était toujours décisif, voire clé pour le futur du rôdeur. Une fois les souvenirs enfouis à nouveau au fond de l'esprit, le soleil devait réapparaître. Mais ce n'était pas le cas. Je devais maintenant attendre, attendre la fin du Voile, attendre le début du Cycle.
Je venais de revivre des scènes que je croyais disparues depuis des décennies, c'était l'intérêt du rituel. Ce rituel était une façon de montrer à la nature, à Kÿria, le dévouement qu'on leur rendait, mais aussi de nous dévoiler notre place dans le monde, de nous dévoiler à nous-mêmes qui nous étions. Passer par les souvenirs était alors essentiel. Il fallait que je me remémore mon enfance, mon apprentissage, le jour où j'ai décidé de devenir rôdeur, le jour où j'ai prononcé les mots, puis mon service en tant que dernier rempart entre la forêt et ses ennemis.
C'était mon apprentissage qui avait attiré le regard de mon esprit le plus longtemps, car une chose s'était révélée un jour, une chose qui avait changé mon rapport au combat, et mon futur. Une dizaine d'année d'entrainement m'avaient été prodiguées par un ami de mon père, censé être un maître d'armes hors pair. Il n'arriva à rien avec moi, jusqu'à ce qu'il tente de m'amener au plus profond de la forêt. Là, il n'eut même pas à me forcer pour me pousser à tenter des choses, tout venait naturellement, tout ce qu'il m'avait appris sur la place d'un village dans lequel mon père se rendait souvent, en Eraïson. Le maître d'armes fût surpris, et c'est à ce moment là qu'il compris que j'avais ce qu'il fallait pour devenir un vrai combattant, bon tireur et l'un des meilleurs à l'épée une fois que l'ennemi s'était approché. Malgré cela, il n'avait jamais réussi à me transférer les dons que j'avais sur le sol de la forêt jusqu'à un terrain créé de mains d'elfes ou d'hommes.
J'avais revu ma mère, qui tentait de me retenir, lorsque je décidai de prendre mon futur en main, de prêter le serment. J'étais encore jeune, j'avais à peine cent quarante ans, et j'avais décidé de me tester avant de devenir rôdeur. Je passerais une partie de ma vie dans la forêt, survivant, sans jamais voir la ville, sans jamais côtoyer d'elfe, en vivant dans l'isolement le plus total. Il fallait que je sois certain de pouvoir tout abandonner avant d'aller trop loin et de ne plus pouvoir faire marche arrière. Ma mère ne voulait pas de tout ça, elle ne voulait pas me perdre, elle ne voulait pas que je devienne une créature qui ne faisait qu'obéir à la forêt. Elle était égoïste.
Je m'étais revu, quelques jours après mon début dans la forêt. J'avais passé plusieurs nuits à essayer de dormir, en vain. Les bruits de la forêt m'emplissaient, et au début, je les haïssais. Je haïssais le fait d'être ici, fatigué, sans aucun confort. Puis je m'essayai à la méditation, comprenant que c'était la seule voie qui me permettrait de me reposer. Au début rien ne se passa, je passais les jours à me fatiguer. Mais ma méditation était plus efficace au fil des jours, et je trouvai un peu de repos dans cette pratique. Je tins bon, m'ouvrant à la forêt, essayant de m'identifier à elle. Au bout de quelques années, je ne connaissais plus la fatigue, et je commençais à aimer ces sons de la nature. La fin de mon pélerinage eut lieu lorsque je crus reconnaître dans le chant d'un oiseau un appel de Kÿria pendant une méditation, j'avais l'impression qu'elle m'appellait, pour que je passe le serment. Je pris donc la direction des miens, pour leur dire un dernier adieu, avant de disparaître dans la forêt.
J'avais également revu mon père, juste avant d'aller adopter le code, quelques jours avant mes cent quatre-vingt ans, qui refusait en bloc tout ce que je lui disais. Il ne voulait pas devenir comme tous les mâles de notre génération, il avait peur de devenir rôdeur, il ne voulait pas perdre son identité au profit de la forêt, il ne voulait pas vivre tout seul. L'absence de son père avait pesé sur ses épaules, et il n'avait pas voulu reproduire le même schéma. Il me renvoya du domaine familial sans prendre le temps d'écouter ce que je lui disais. S'il avait pu, il m'aurait renié, mais au fond de lui, il savait que les rôdeurs étaient importants pour les épreuves qui ne manqueraient pas de se présenter devant le peuple immortel tout entier. Il était égoïste.
Je m'étais revu, dans la même clairière que celle où j'étais aujourd'hui, pour attendre la fin du Voile. Mais à cette époque là, je n'attendais pas la fin d'une éclipse, j'attendais le bon moment. Le bon moment pour préter le serment des rôdeurs, pour sceller le pacte qui ferait de moi, à cent quatre vingt ans, un rôdeur elfe, dans la plus pure des traditions. Je deviendrais un protecteur d'Anëh, une main de Kÿria. Si je devais perdre toute identité, je le ferais, tout en sachant que j'accomplissais mon devoir. A genoux, au milieu de la clairière, je récitai les mots...
"Mon bras gauche pour protéger mon peuple, mon bras droit pour préserver la forêt ; une main pour guider les miens, une autre pour écarter tout danger, et qu'ainsi les elfes suivent la voie de Kÿria."
***
Le visage de l'elfe se décrispa, et sa méditation devint un sommeil, duquel il se réveilla deux jours plus tard, inquiété par la longueur du Voile. Il disparut alors dans la forêt, pour écouter les arbres, écouter le vent, et prendre des nouvelles du monde, et de la forêt qu'il devait protéger. Il ne reparut pas pendant sept ans, sans que personne ne sache exactement ce qu'il s'était passé, même pas lui, qui se souvenait d'avoir œuvré pour la forêt, mais pas de ses actions exactes. La perte d'identité tant crainte par son père était survenue, mais il n'était pas inquiet, et il savait qu'il avait été utilisé à bon escient. Peut-être même qu'il avait accompli de très grandes choses pour la forêt.
Lorsqu'il reprit ses esprits et son identité, il fut soulagé mais fier, et décida de continuer d'œuvrer pour la forêt, sans renoncer. Il vérifia son matériel et marqua une pause. Son épée était recouverte de sang, et il lui manquait trois flèches.
Le Vaisseau de la Voilée
Ancien
Nombre de messages : 4141 Âge : 34 Date d'inscription : 09/03/2009
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 44 ans (né en 972) Taille : Niveau Magique : Avatar
Foire au RP ~ Pour tout ce qui est recherche de compagnons RP. En bref, que du bonheur ! Inventaire ~ Pour suivre ton évolution {obligatoire}. Journal de bord ~ Pour archiver tes liens de RP qui content l'histoire de ton personnage {facultatif}. Et enfin, si tu as des question, n'hésite surtout pas à demander l'aide d'un parrain, ou à tout simplement poser tes questions dans la partie créée à cet effet.
Timérion Adantar
Elfe
Nombre de messages : 378 Âge : 31 Date d'inscription : 25/12/2012
Personnage :.: MANUSCRIT :.: Âge : 1718 ans. (290 du 9ième cycle) Taille : Niveau Magique : Maître.
Sujet: Aëryös Ened'Ethdu - Rôdeur elfe 
Mer 17 Avr 2013 - 20:29
