Syriac, Apreplaine,
Tariho de la 2ièmeennéade de Vérimios de la 9ème année du 11ème cycle,
Chère Blanche,
Si mes gens ont pris part à une expédition vous visant ou visant votre époux, il s’agit d’une faute grave et dès mon retour je ferai la lumière sur cet évènement. Les deux seuls ordres donnés par ma personne ou mon office à l’endroit d’affaires au Médian ont été :
- Kÿrianos de la 9ème ennéade de Bàrkios, 9ème année du 11ème cycle en matinée : d’accompagner une délégation pour la restitution de M. du Lyron conformément à l’esprit de mes déclarations à la Diète.
- Kÿrianos de la 9ème ennéade de Bàrkios, 9ème année du 11ème cycle en après-midi : D’envoyer un messager vous apporter mes conclusions concernant la tentative d’assassinat de votre époux.
En dehors de ces deux points je n’ai donné aucun ordre ou aucune latitude à des personnes représentant ou étant issues du Garnaad. J’en discuterai également avec M. d’Erac si je dois le revoir. S’il est établi que les objectifs de la délégation que j’ai accepté de soutenir ont été modifiés sans me prévenir, il s’agit là d’une faute diplomatique et politique que je ne manquerai pas de lui rappeler.
Je ne suis pas ingrat Blanche de votre travail auprès de la Ligue en mon absence, en particulier diplomatique, mais je vous prie de ne pas affirmer que le Garnaad et ses réfugiés aient bénéficié de votre patronage. Son conseil fut seul aux commandes. Mais cela est point de détail. Pour ce qui est des affaires Diantraise en revanche je vous remercie de votre intervention bénéfique. J’imagine néanmoins que cette action a été désintéressée et n’avait pas pour objectif d’obtenir des services par la suite.
Pour des intérêts aussi importants que la sécurité alimentaire des domaines il ne s’agit pas ici de se rendre des services personnels ou d’en appeler à des services personnels rendus.
La Ligue était le gage de la sécurité alimentaire de nos domaines dans la mesure où une politique conjointe pouvait être menée de consolidation et de distribution des réserves alimentaires. Nous n’avons jamais eu accès aux inventaires permettant de constituer cette stratégie commune. Ici comme ailleurs les obstructions de notre tentative d’administration fédérée ont mené à l'échec.
A ce titre aucun plan, aucune stratégie, aucun indice ne me permets de présager des besoins du Médian en termes alimentaires durant l’hiver. N’étant pas en charge de vos terres, je ne me peux me substituer à ce travail que vous devrez mener ou faire mener par vos assesseurs. Nous avons travaillé de manière très agressive pour arriver à préparer l’hiver dans le Garnaad avec une politique proactive de remise en fonction de jachères et de modification des plantations pour avoir une récolte automnale. Autant de demandes pressantes qui avaient été envoyée à Erac et au Médian et qui n’ont pas été suivies d’actes.
Notre situation alimentaire est tendue mais acceptable au Garnaad. Nous disposons des réserves permettant, au moyen d’un rationnement acceptable de tenir jusqu’à la fin du printemps.
Nous serons disposés à relâcher nos réserves pour venir en aide à Velteroc. A ce titre je vous prie de rapidement me faire parvenir un état des lieux de vos manques afin que je puisse organiser une telle relâche.
Je vous conjure de vous y plier rapidement. En effet j’en viens aux raisons de cette urgence dans la dernière partie de mon message.
Un point de précision sur lequel je refuse d’aider votre mari : la situation financière de Veteroc du point de vue purement des dépenses est également en cause. Je ne connais que l’état relatif des finances que j’ai pu retranscrire dans les dernières ennéades de mon mandat de chancelier. La tenue des comptes de ces terres est désastreuse et toute entière plombée par des décisions de dépenses militaires totalement incompatibles des capacités économiques. Je ne peux défendre la moindre aide financière de la part de nos domaines à ces difficultés financières imputables d’une part à une très mauvaise gestion de la part de votre époux, d’autre part à une guerre civile dont il est l’un des acteur, et pour finir lié au refus continuel d’une mise sous tutelle par la Ligue de ces finances, tous mes messages à ce sujet ou mes demandes au conseil ayant été passées sous silence.
A moyen terme ce point sera plus handicapant encore que la situation alimentaire, même si je souscris au fait que vous devez gérer cette crise là en premier. Encore une fois sur la partie alimentaire, et comme il s’agit du bien être de vos sujets, j’appuierai une aide vers vos domaines.
Concernant le Nord, j’ai entendu bien des rumeurs de guerre depuis des mois maintenant. Vous me dites qu’ils ont déclaré la guerre. Je n’étais pas au courant de ce dernier état de fait. Avez-vous reçu des nouvelles définitives et certaines à ce sujet ?
Pour ce qui est des demandes concernant vos filles, je répète encore une fois Blanche que notre rôle, au Garnaad, n’est pas de faire jouer des faveurs personnelles ou de soutenir l’un ou l’autre. Je regrette mais comprends que vous mélangiez notre amitié personnelle et nos positions politiques. C’est là le drame des personnes ayant de hautes fonctions. Pour autant je ne peux laisser mes amitiés personnelles influer sur mon respect de la Loi. Je n’ai ni la légitimité ni le droit de soutenir un prétendant à la Couronne.
A cette heure il parait de plus en plus certain que le reste de la Péninsule a choisi Bohémond. Il s’agit là d’un drame personnel pour vous, je m’en rend bien compte et je tiens à vous dire que vous soutiens moralement. Pour autant vous devez comprendre que les actions de votre époux ont constitué un gouffre impossible à combler à présent. Penser que mon soutien était la seule chose manquant au succès de votre fille est une fable, je suis navré de vous le dire aussi crûment, mais je pense être le devoir d’un ami d’en appeler à votre raison sur ce sujet.
J’ai côtoyé votre mari, je sais que ses actions étaient le mélange malheureux d’une bonne volonté couplée d’une ambition dévorante. Malheureusement pour lui et pour vous, l’ambition a parfois pris le pas sur la bonne volonté et il a oscillé entre ces deux extrêmes. J’ai du respect pour cet homme dont je sais que l’on a dit beaucoup de mal sur lui. Je l’ai vu faire du mal mais je sais aussi que je l’ai vu faire du bien. Le bilan global de ses actions est néanmoins malheureux. Il bénéficie à mon sens de circonstances atténuantes mais doit comprendre dès maintenant que s’entêter dans ses ambitions seront non seulement sa perte mais signifiera des années de malheur supplémentaires pour la Péninsule.
Vous me le dites fou. Vous êtes donc aux commandes Blanche. Dans ces conditions je vous en conjure : stoppez dès maintenant cette guerre que vous me dites se voir approcher. Entrez dès maintenant aux négociations et sauvez ce qui peut l’être. Si ces gens ont le moindre bon sens, ils accepteront une issue pacifique. Dans tous les cas vous aurez mon soutien en ce sens. Mais mon soutien ne vaudra bientôt plus grand-chose, car j’en arrive à la partie de ma lettre qui va le plus vous décevoir.
Je termine une tournée dans le sud de la Péninsule et j’ai reçu plusieurs réponses écrites du Nord. A l’heure actuelle nous sommes à une voix d’un quorum pour le parti de Bohémond. Dès que je recevrai une réponse de Langehack il me faudra rendre mes titres et rendre à la chancellerie nommée par Bohémond la direction des affaires au Garnaad. Le fait que j’attends leur réponse est formel, car nous savons très bien ce qu’elle sera.
A ce titre dans quelques jours ou au plus quelques ennéades je ne serai plus représentant du Garnaad qui sera rendu à Bohémond. J’ignore précisément quel sort me sera dans les faits réservés une fois les pouvoirs transférés.
Je tenais à vous en prévenir avant n’importe qui d’autre, et je tiens à vous présenter avec mon honnêteté habituelle l’état de la situation.
J’ai toutes les raisons de penser que cette lettre vous fera de la peine. J’ai le cœur serré en écrivant ces quelques derniers mots. Être adulte signifie de voir le monde tel qu’il est et non tel qu’on souhaiterait qu’il soit. Je continuerai à travailler pour que notre monde se rapproche de mes espoirs, mais en attendant, je dois me résoudre à constater une situation pour mieux pouvoir l’influer.
Vous serez certainement déçue, comme je le sens dans le ton de vos messages depuis quelques temps. Peut-être penserez-vous que je suis l’exemple illustré de la lâcheté des hommes. Peut-être aurez-vous raison bien que je n’ai pas une si basse opinion de ma personne. Je n’ai d’autre regret Blanche que de celui de vous faire de la peine via mes actions. Pourtant je les crois être les seules voies possibles étant justes et légales.
J’espère un dénouement le plus heureux possible à cette tragédie dans laquelle notre pays est nos êtres sont collectivement plongés depuis des mois et je vous le souhaite aussi.
Amicalement,