A peine rentrée, déjà repartie

Eté - 6e jour 2e ennéade de Verimios
10e année du XIe Cycle
lendemain des évènements de Yutar

Cela faisait trois jours qu'Halyalindë et son petit groupe était revenu à Alëandir. La surprise que lui réservait Glinaina à son arrivée était de taille mais finalement, cela n'avait pas poser trop de problèmes. La liberté dont elle avait joui durant leur voyage et la présence simple de Fenris lui avait fait du bien. La Meute n'était pas loin, la chasse avait été fructueuse et les drows en vadrouilles qui étaient tombés sous leurs lames l'avait réconcilié avec ses années de guerrière. Ils étaient infectes. L’œuvre et même l'ensemble de Miradelphia se portait mieux sans les belliqueux, qu'ils soient drows ou humains. Pouvoir laisser s'exprimer son instinct sauvage en protégeant l'ordre naturel était une félicité.

Pourtant, avec la même soudaineté instinctive qui caractérisait ses décisions, elle avait disparue en laissant derrière elle un simple mot à l'intension de l'homme auquel elle avait offert son coeur.

Nin Arman,

Un message est arrivé ce matin au trône blanc, j'en ai été averti pas une connaissance. Hier soir, la forteresse de Yutar est tombée. Un très vieil ami y a pris part. J'ai essayé de passer au QG des Aigles pour te le dire de vive voix, mais tu n'étais pas là.

Je ne peux pas attendre que les hautes sphères mettent en branle la chaine de commandement et je ne peux pas non plus te demander de tourner une fois de plus le dos à tes obligations. Je pars pour la ligne de front dès que j'aurai fini cette note. Pas d'inquiétude, la Meute ne sera pas loin et Hiel, Löss, Denial et Renwë viennent avec moi.

Je reviendrai au plus vite.

Je t'aime,

Halie

Une autre note avait été portée à Mëlian Nöldorion pour excuser l'Ardamirie. En toute discrétion, Halya avait réussit à obtenir un entretien avec cette haute personne, surement le dernier qu'elles auraient, mais il lui faudrait le repousser à son retour. Pour un temps qu'elle pensait pouvoir passer à se reconstruire et à se retrouver en but en alliant toutes les parts de sa vie et de sa psyché, elle était bien plus occupée qu'elle ne l'avait envisager.

A midi, trois Faïra passaient la porte est d'Alëandir et courraient droit vers le sud et les berges de l'Uraal, droit vers le fort drow qui venait de tomber.

Trois heures plus tard, une missive arrivait d'Ardamir, demandant à l'ancienne Protectrice de rentrer en Ardamir de toute urgence pour veiller sur son père dont l'état avait brusquement empiré.

Les entraînements avaient repris, si on considérait qu'ils avaient cessés... Même loin de son instructeur, Fenris prenait toujours soin de s'entraîner chaque jour, même en plein voyage, ce afin de continuer à éprouver ses capacités physiques et ses compétences martiales tout autant que magiques. Et, faisant route avec Halie, il avait pu bénéficier des conseillers avisés d'une ancienne Aigle alors autant dire que sa formation n'avait pas eu le temps de s'arrêter. Même s'il parcourrait encore une fois les sentiers, au moins son instruction perdurait-elle toujours.

A peine arrivé, le jeune cavalier fut convié à se joindre à un petit groupe qui devait aller s'entraîner en forêt durant quelques jours. Trois pour être exact. Etant donné qu'il rentrait à peine, on lui avait laissé la possibilité de refuser afin qu'il se repose mais il accepta tout de suite. Le programme était plus qu'intéressant et cela lui permettrait de rencontrer quelques frères d'armes qu'il ne connaissait pas encore. A son retour, son dos et ses bras lui étaient plus que douloureux. Si les courbatures étaient habituelles pour les jeunes recrues, Fenris ne s'était pas attendu à en avoir autant en rentrant chez les Aigles. Il lui avait fallu réapprendre à s'en accommoder afin de ne pas trop en souffrir. Il savait que cette période durerait un moment entre ses nouveaux entraînements aux armes et ceux ayant rapport à la magie. Tout son corps travaillait très différemment et il redécouvrait des muscles qu'ils n'utilisaient pas pleinement jusqu'alors.

Plutôt que de retourner à la caserne, le cadet des Nöldorion se dirigea directement vers le logis d'Halyalindë pour son séjour à Alëandir. Il pourrait s'y laver et s'y changer avant de passer un peu de temps avec sa bien aimée. Il ignorait quand elle repartirait et dans combien de temps ils pourraient se revoir, aussi voulait-il profiter d'elle tant qu'elle était dans la cité. Quelle ne fut pas sa surprise de trouver la maison vide. Même les affaires d'Halie avaient disparu. Il se rendit donc auprès de la voisine qui était chargée d'entretenir la maison entre chaque arrivée et départ des gens de passage. Pour toute réponse, elle lui confirma que la dame avait dû partir. En revanche, elle avait laissé une lettre à son attention. Fenris eut à peine le temps de la parcourir qu'un groupe visiblement venu d'Ardamir réclama l'ancienne Protectrice en disant avoir un message pour elle.

-Elle n'est plus ici. Puis-je savoir de quoi il s'agit ?

Le jeune Aigle n'avait pas peut de poser la question. Après tout, Halie n'occupait plus les mêmes fonctions, même si son départ précipité indiquait qu'elle n'en resterait jamais bien loin. Cependant, il n'y avait officiellement plus rien de confidentiel dans ses obligations tandis que lui arborait les couleurs et signes distinctifs de son corps d'armée.

-Puis-je savoir qui vous êtes ? Répondit le messager d'un air suspicieux.

La répartie était assez belle mais Fenris n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche que la logeuse répondit pour lui.

-C'est son compagnon.

Le cavalier se tourna vers elle et un discret sourire s'esquissa sur ses lèvres. Elle savait qu'il avait passé plusieurs nuits dans la maison et certains des regards et gestes que les deux tourtereaux avaient échangé ne trompaient pas sur la nature de leur relation. Son statut par rapport à Halie ne pouvait que lui donner un peu plus de légitimité pour obtenir une réponse, surtout si le sujet était personnel.
Entendant la voix du messager sonner de nouveau, Fenris porta son regard sur lui.

-Oh... Dans ce cas, je pense que je peux vous délivrer ce message. Il s'agit de son père...

Les sourcils du cavalier se plissèrent tandis que l'ardamiri achevait de lui expliquer la situation. Ainsi, l'état d'Eölir s'était détérioré. Le dernier voyage qu'il avait entrepris était peut-être le déclencheur... Quoi qu'il en soit, Halie n'était plus là pour s'en préoccuper et, étant donné ce qu'elle lui avait écrit, elle avait dû partir à toute allure. Et elle avait deux jours d'avance. Il ne leur serait pas aisé de la rattraper.

-Halyalindë est partie en direction de Yutar. Je doute que vous parveniez à combler le retard que vous avez sur elle avant d'arriver sur place. Je vais demander une permission pour me rendre auprès d'Eölir. Faites de votre mieux pour la prévenir au plus vite.

Quelques brèves salutations. Un regard de remerciements envers la logeuse. Et chacun repartit de son côté. Etant donné les circonstances, Fenris n'eut aucun mal à obtenir le droit de se rendre à Ardamir, au moins le temps que sa compagne vienne le remplacer. Son séjour pourrait néanmoins se prolonger, en permission ou non, afin d'apporter son soutien à Halie si nécessaire.
Ainsi, à l'aube du neuvième jour de cette seconde ennéade, Fenris franchit les portes de la cité blanche pour se rendre au chevet de son beau-père.

Eté - 1er jour de la 6e ennéade de Verimios
10e année XIe Cycle

- Comment ?

Décidément, la journée était affreuse...

Elle qui pensait que son retour à Alëandir sonnerait le glas de ses problèmes, elle s'était trompé à un point tel que s'en était risible. Elle n'avait même plus la force de se mettre en colère ou d'angoisser plus que ce n'était déjà le cas. Elle finissait par se sentir seulement vidé. Escorté ce drow sans le tuer avait puisé dans sa réserve de volonté au delà de ce qu'elle aurait pu dire.

Et voilà qu'en deux heures, elle apprenait que son père était au plus mal depuis 3 ennéades, que Fenris n'était plus à Alëandir et que le nombre d'humains se multipliait dans la capitale... Elle devait rentrer à Ardamir.

Après être passé à l'Académie de magie pour prévenir Lomion de la proximité d'un puissant mage potentiellement dangereux, elle ignora superbement son mal de mer et embarqua dans la première barge qui voulait bien remonter le fleuve.