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 [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron

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Aaron Kolhe
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MessageSujet: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeVen 12 Juin 2020 - 19:21


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La journée avait été éprouvante. Elle avait pourtant si bien commencé... En sortant de cette caverne, Louise avait retrouvé le sourire. Il avait même pu entendre son rire. Ils n'étaient resté que peu de temps seuls après qu'il lui ai fait savoir qu'il ne lui était pas insensible et cela leur avait néanmoins fait le plus grand bien. Mais cet instant partagé semblait si loin à présent...
Il s'était passé tellement de choses... Entre Efren, Geoffroy et Elazar, Anaëlle, Sylvie... Aaron n'avait plus vu la Dame de Fernel depuis qu'il l'avait croisée dans la chambre de la pauvre servante. Elle semblait si différente de l'heure précédente... Si froide, si distante... Et avec cette lueur dans le regard qui lui avait tant déplu.

Assis dans l'un des fauteuils de sa chambre, le quarantenaire observait le feu qui brûlait dans l'âtre. Il était monté après avoir laissé la complice du vieux conseiller entre les mains des gardes. Cela devait bien faire une heure qu'il n'avait pas bougé, perdu dans ses pensées et ses réflexions. Il se repassait le fil des derniers évènements, associait des idées, se forgeait son opinion. Finalement, il se leva dans un soupir. Les jours se raccourcissant, la nuit était déjà là. Dans sa chambre, seul le feu éclairait autour de lui. Dans le couloir, on avait allumé les bougies sur les chandeliers et le mercenaire ne pouvait que se faire la réflexion sur la quantité de cire qu'il fallait consommer pour éclairer un endroit pareil... Ce n'était certes pas un palais d'Ithri'Vaan mais il était bien loin des maisons dans lesquelles il avait vécu en tant que simple homme du peuple.
Les pas d'Aaron le menèrent jusqu'à la pièce d'à côté. La porte de la chambre d'Efren était toujours ouverte et il s'y arrêta une seconde. Le jeune aveugle était assis sur un fauteuil qui avait été placé près de son lit. Il tenait la main d'Anaëlle, profondément endormie. Il ne le faisait certainement plus pour la rassurer car elle n'avait plus besoin de lui pour le moment, à moins qu'une part d'elle-même ait conscience de sa présence ce qui était fort peu probable. Non, ce contact avec un tout autre but. Deux doigts glissés sous le poignets de la jeune servante, son protecteur surveillait son rythme cardiaque tandis que ses oreilles épiaient chacune de ses expirations. Il ne pourrait pas faire grand chose si jamais il perdait l'un ou l'autre de ses signes vitaux mais il le faisait malgré tout.

Maximilien s'était écroulé, assis en boule sur un autre siège non loin. Aaron entra et, tout silencieux qu'il fut, il vit néanmoins son fils tourner sensiblement la tête dans sa direction.

-Tout va bien ? Demanda-t-il à voix basse.
-Elle est stable pour le moment. Répondit-il, incapable de voir le hochement de tête que son père lui adressa en réponse mais il parvenait tout à fait à l'imaginer dans le court silence qui s'ensuivit.
-J'ai fait appeler un prêtre néerite. Il faut qu'elle tienne jusque là.
-Elle devrait tenir jusqu'à demain. Elle ne voudrait certainement pas rater son premier anniversaire. Fit le jeune homme avec un sourire énigmatique. Aaron le regarda, sans vraiment comprendre. Je t'expliquerai. Conclut l'adolescent.

Un nouveau silence s'installa tandis que le nouveau conseiller de Fernel observait la servante. Il était certain d'une chose : elle ne méritait pas ce qu'elle avait subi. Lui aussi était conscient que ce n'était probablement pas la première fois que Geoffroy la battait, en revanche, il n'avait pas idée des autres sévices qu'elle avait pu subir. Mais alors qu'il commençait à repartir, Efren tourna à demi la tête vers lui.

-Louise est passée.

Aaron s'arrêta et regarda son fils qui étirait un sourire discret devant sa réaction. Il avait raison : il se passait quelque chose entre eux...

-Elle a dit qu'elle allait bien et qu'elle était dans sa chambre. Des fois que tu la cherches, j'imagine ? Ajouta-t-il d'un air faussement innocent.

Le quarantenaire sourit à son tour, las mais pourtant amusé. Il n'ajouta rien et s'en alla. Si elle lui avait fait savoir où elle se trouvait, il comprenait qu'il était plutôt attendu ou au moins espéré. Et ils avaient sans doute une discussion à avoir après tous les évènements de la journée. Il longea donc le couloir qui courrait sur trois des côtés de cet immense hall qui s'élevait sur deux étages. Lorsqu'il atteignit l'avant dernière porte, il frappa trois coups. Maintenant qu'il était là, il réalisait qu'il n'avait encore jamais pénétré dans ses appartements.

-Louise, c'est Aaron.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeVen 12 Juin 2020 - 22:24


J’ai bien tenté, évidemment, de me reposer. J’en ai cruellement besoin mais…comment trouver le repos après tout ce que je viens de voir et d’entendre dans les cachots ? Les paroles de Geoffroy et celles de mon père me hantent, empêchant mon esprit de lâcher prise. Ce n’est qu’après de longues minutes d’introspection douloureuse que le sommeil s’empare de moi. Un sommeil à peine amorcé qui sera pourtant interrompu par de petits coups frappés à ma porte. Trois petits coups précédant une voix qui m’est chère.  Aaron. Je m’assieds sur le bord de mon lit et tâche de remettre un peu d’ordre dans mes cheveux en pagaille, avant de me lever, les traits encore chiffonnés d’un mauvais sommeil.

- Entrez.

Je réalise alors que c’est la première fois qu’il entre en cette pièce. Debout à côté du feu qui danse dans l’âtre, souriant légèrement, je songe à cette fois où il est entré dans ma pièce de repos, dans cette auberge sur la route de Serramire. Je me posais alors des questions sans fin, me demandant s’il était bien moral qu’un homme entre ainsi dans la chambre d’une jeune femme non mariée. J’ai eu peur, j’étais pleine d’appréhension, de doutes et d’incertitudes. Et en le voyant pousser la porte ce soir, toutes ces questions que je me posais alors ne m’effleurent même plus l’esprit. Parce que je suis tout simplement heureuse de le voir. Et cela même si je suis, une fois de plus, d’une gaucherie à s’en taper le front contre les murs.

Je le laisse observer la pièce, qui est assez grande, la plus grande de cet étage et pourvue de tout le confort que l’on peut attendre d’une chambre de Seigneur. Un grand âtre dans lequel flambe de larges bûches, des chaises garnies de coussins, des tapis au sol, de lourds rideaux aux fenêtres et un grand lit, prévu pour le confort d’un homme et non d’une dame. Même si cette pièce est ma chambre, on y sent l’empreinte toute masculine de mes prédécesseurs. Je n’ai pas encore eu le temps de l’arranger à mon goût, d’y apporter la petite touche féminine qui me la rendra supportable. En attendant, je me contente donc de ce qu’il s’y trouve et m’en accommode bon gré mal gré. Pour le temps que j’y passe en ce moment, de toute façon…

- Je suis contente de vous voir, Aaron.

Après une seconde d’hésitation, je m’approche à mon tour pour ensuite m’arrêter à un pas de lui, le cœur battant à toute vitesse de le savoir ici. Cela doit sembler tellement idiot, mais c’est tout sauf idiot pour moi. Il avait l’air si…désappointé et déçu, dans la chambre d’Anaëlle. Toussant un peu pour dissiper un petit moment gênant, tout en replaçant une mèche de cheveux derrière mon oreille, je murmure :

- Je n’ai pas pu rester…Je ne pouvais pas…Il y a des limites à ce que je peux entendre, voir et supporter et ça…C’était trop…

Je le regarde et avoue :

- Vous aviez raison. Je n’aurais jamais pu vivre avec …ça. Les quelques moments passés là-dessous me hantent. Et me hanteront encore pendant de longs moments.

Dépitée, résignée, j’ajoute enfin :

- De votre côté…avez-vous appris quelque chose ?

J’essaye de garder un discours neutre et de rester sagement à ma place. La fatigue et tous les événements de la journée ne m’aident pas à garder l’esprit clair. J’oscille présentement entre un désir presque sauvage de me jeter dans ses bras et une envie immense de me dissimuler derrière mes rideaux. Est-il donc écrit que jamais je ne parviendrai à faire les choses bien, même avec lui ?

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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 14 Juin 2020 - 12:59

Aaron entra et le premier défit pour lui fut de trouver Louise. D'après l'espacement entre les portes, il avait deviné que cette pièce était immense et la pénombre, tout juste perturbée par le feu survivant encore dans l'âtre, ne la brisait qu'à peine. Fort heureusement, c'était devant cette unique source de lumière que la Dame de Fernel c'était postée. Il la découvrit donc là, toute droite et presque apprêtée pour son visiteur. Il eut un soupir silencieux en refermant la porte derrière lui. Sa mère l'avait visiblement un peu trop bien éduquée, oubliant de lui dire qu'il avait des personnes avec qui il n'était pas nécessaire de se montrer digne en tout instant... Et il en faisait partie. Parce qu'en tant que Conseiller, elle avait le droit de lui faire savoir quand cela n'allait pas afin qu'il lui vienne en aide et parce que leur relation était telle qu'il n'y avait que peu de personnes plus indiquées que lui avec qui elle pouvait se montrer vulnérable. Avait-elle le même comportement avec son père d'ailleurs ?

La chambre était plus vaste que les maisons dans lesquelles le mercenaire avait vécu ces vingt dernières années. C'était presque trop pour un Seigneur d'une si petite terre, à croire que le bâtisseur de ce château tenait à son statut. Il s'avança lentement, découvrant partiellement la pièce qui disposait d'un grand confort, même s'il peinait à imaginer Louise dans ce décorum... Il n'y avait rien d'elle ici et sa présence devant la cheminée -telle la maîtresse des lieux- paraissait presque incongrue. Mais il ne dit rien et s'arrêta à quelques pas en entendant la voix de la jeune femme. Il posa alors ses yeux bleus sur elle et un léger sourire étira ses lèvres, adoucissant ses traits fatigués. Le contraire l'aurait surpris...

-Votre message était discret mais suffisamment explicite pour moi.

De la façon dont il la regardait, il était évident qu'il éprouvait une certaine satisfaction -sinon une joie- à la retrouver. Leur dernier échange ne lui avait guère plu mais il comprenait que la situation était particulière et, s'il ne connaissait pas encore parfaitement Louise, il imaginait sans mal qu'elle n'était alors pas dans son état normal.
Aaron perçut l'hésitation de la jeune femme avant qu'elle ne s'élance vers lui. Elle conserva néanmoins une distance respectable, comme s'il y avait eu quelqu'un pour les voir... A moins qu'elle ne redoute tout autre chose. Il lui semblait cependant évident qu'elle n'avait aucune envie de demeurer si loin de lui. Quelque chose la retenait encore et elle aborda bien vite le sujet qui les avait divisé quelques heures plus tôt et qu'il tenait justement à évoquer avec elle.

Louise lui confia alors quelques mots qui le rassurèrent un tant soit peu. Même s'il savait que Geoffroy était toujours en vie une heure plus tôt, il avait désormais confirmation qu'il ne serait pas tué par simple vengeance. Ou, en en tout cas, sur l'ordre de Louise. Cela le soulageait mais pas tellement pour lui... Il savait ce qu'était le remord et il ne souhaitait pas à la demoiselle de Fernel qu'elle ait à connaître cela. Sans parler de ce que représentait un tel acte... Autrement-dit, rien de moins qu'un crime avec lequel elle aurait dû vivre et peut-être même payer devant la loi. Néanmoins, la torture n'était pas non plus à son goût... Mais Louise l'interrogeait sur tout autre chose pour le moment.

-A part que Geoffroy n'est pas seulement un salaud avec les femmes mais aussi un monstre ? Répliqua-t-il avec sarcasme, n'attendant aucune réponse de la part de la jeune femme. Non, pas grand chose. Nous avons soigné Anaëlle et j'ai demandé à ce qu'un prêtre de Néera soit dépêché pour elle. J'espère qu'il ne tardera pas. Puis j'ai fait sortir Sylvie de la cave mais elle a signé sa culpabilité toute seule dans un geste désespéré. Comme je n'ai pas pu l'enfermer au cachot, je l'ai laissée dans la salle des gardes sous surveillance.

Qu'on ait tenté de le tuer ne semblait même pas le choquer. En descendant dans le noir, il s'attendait à cette éventualité et il avait tout fait pour que la servante ne parvienne pas à atteindre son but. Elle ne savait pas qui était son adversaire et ignorait donc que sa tentative était perdue d'avance... Mais, si elle avait su, aurait-elle agi autrement ? Sûrement pas... De toute manière, il allait bien, il n'y avait pas à se soucier plus longtemps de ce qui aurait pu se passer ou non.

-Et de votre côté ? Vous avez progressé ?
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 14 Juin 2020 - 19:04


- Anaëlle…Cette pauvre petite…J’ignorais tout de cela, Aaron, je ne l’aurais jamais toléré. Elle n’a jamais rien dit, je n’ai jamais rien soupçonné et je me sens terriblement coupable de ne pas été plus clairvoyante sur ce point.

Ce n’est rien de le dire. Voir le corps si frêle de la servante trembler à mon approche a été bien plus difficile à supporter que de voir mon père embrocher Geoffroy à coups d’aiguilles judicieusement placées. Cela m’a rappelé à quel point les choses étaient bel et bien pourries sous ce toit.

- J’ai vu comment Efren s’en occupe. Je pense qu’elle est entre de très bonnes mains. Cette petite a besoin qu’on s’occupe d’elle et je le ferais volontiers moi-même pour me faire pardonner si je n’avais…tout ceci à gérer.

Et par tout ceci, j’entends les actes et les conséquences initiés par mon ancien conseiller qui est très certainement en train de payer sa traîtrise entre les mains de mon père. Je n’ose imaginer ce qu’il pourrait lui faire. Il y a des choses qui doivent demeurer secrètes pour le bien de tous et ce qu’il se passe en ce moment précis dans ces cachots ne doit jamais en sortir.

- Quant à avoir progressé…

Me tournant à demi, je lui montre le trousseau qui se trouve sur une petite table, lourd anneau encombré de clés de toutes les tailles. Les clés des cachots. Le rappel de ce que j’ai fait avec cet objet me revient en mémoire et me fait baisser la tête.

- Il a dit des horreurs. Des choses ignobles à mon sujet. Je l’ai frappé, Aaron. Avec les clés. Je n’ai pas pu m’en empêcher. Pour lui je suis une gamine sans cervelle incapable de gérer ses émotions. Force est de constater qu’il a raison…Je devrais me contrôler mieux, apprendre à gérer tout cela, mais je ne peux pas, il…Aaron…Il a été ignoble…

A nouveau, le ricanement de Geoffroy emplit mes oreilles. Il a tellement raison. Il me connait mieux que mon père, il me connait mieux qu’Aaron, il sait tout de mon impulsivité et de ma violence, de mes colères, il sait que je suis vive, irréfléchie, que j’agis souvent sous le coup de l’émotion ce qui est très problématique quand on dirige un château et un territoire tel que le mien. Un peu comme en ce moment. A un pas de lui, j’essaye de garder le contrôle, de ne pas céder à mon impulsivité et de rester digne, je ne veux pas l’effrayer. Le mettre mal à l’aise. Dans la caverne, il a dit avoir besoin de temps, ce que je comprends parfaitement et qui est d’ailleurs tout à son honneur. Mais…

« Quel effet cela fait, Louise, de savoir que tu es la bâtarde d’un bâtard et d’une femme déshonorée ? »

- Geoffroy sait qui je suis. Il sait tout. Il a deviné en voyant l’attitude de mon père envers moi, je présume…

« Elisabeth n’était qu’une putain bon marché bradée à Eudes pour étouffer un scandale. Eudes le savait, il n’a jamais aimé ta précieuse catin. Il l’a épousée parce qu’aucun parti ne voulait venir s’enterrer ici, dans les terres du Nord et en échange d'une très généreuse compensation. C’est moi qui lui ai rappelé ce qu’elle était. Alors il l’a traitée selon son rang… »

- …il n’aimait pas ma mère. C’est lui qui a suggéré à Eudes de la…de…de la violer pour qu’elle soit à lui…

« Louise t’a-t-elle dit que c’est dans cet endroit où tu dors que Eudes l’a prise, encore et encore, tant et si bien qu’on entendait ses hurlements dans tous les couloirs du château ? Elle a fini par se taire avec le temps. Peut-être qu’elle a fini par apprécier ça, finalement…Elles finissent toutes par aimer cela. »

- …Et de ce que j’ai compris, il aurait été ravi de me faire subir la même chose…Il…C’est ce qu’il a très probablement fait subir à Anaëlle…Je n’ai pas pu rester…Il parlait de cela comme je parlerais de mon cheval… « J’ai développé une passion pour le dressage…Un cheval, une femme, finalement, quelle différence… »…ce sont ses propres mots.

Tous les mots sortent de ma bouche sans qu’aucune émotion ne les colorent. Ce genre de choses, ce genre de comportement est totalement surréaliste à mes yeux. Et s’il n’y avait eu que les paroles de Geoffroy, cela aurait pu être supportable mais…Père s’y est mis à son tour, parlant de ces choses avec tellement de conviction que je le soupçonne d’avoir en son temps commis des actes inavouables. Tout cela me dépasse. Je relève enfin le visage pour le regarder, les larmes aux yeux.

- Je ne pouvais pas rester…La brutalité des mots a dépassé celle des actes. Il y a des choses que je ne préfère pas entendre. Quand je suis revenue, j’ai essayé de me reposer mais je n’y suis pas parvenue. Ces mots horribles tournent en mon esprit comme une torture incessante. Imaginez vous que cet homme me prenait sur ces genoux pour me raconter des histoires quand j'étais enfant ?


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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 14 Juin 2020 - 20:05


Aaron franchit le pas que Louise s'était empêché de faire et la prit dans ses bras avec douceur. Il la serra contre lui avec une force modérée et rassurante. Geoffroy n'avait décidément pas de cœur et aucune psychologie. Il avait débité ses horreurs seulement pour blesser son auditoire et, s'il était certain qu'Elazar avait su les encaisser, cela ne pouvait être le cas de la jeune femme. Cet homme était véritablement à vomir...
Après l'avoir étreint un petit moment, le quarantenaire rompit enfin le silence.

-J'aurais sans doute perdu mon sang froid aussi. Confia-t-il dans un murmure. Nous avons tous des limites à ce que l'on peut entendre et endurer et ce genre de discours m'est intolérable...

Le mercenaire repensa à la conversation qu'il avait eu avec son homologue dans l'écurie quelques jours plus tôt. Il n'osait imaginer le quotidien de ses épouses auprès de lui... Et la pauvre Anaëlle... Il n'était même pas surpris de découvrir la possibilité qu'il ait abusé d'elle mais cela l’écœurait. Il avait beau être un homme, il ne comprenait pas comment on pouvait commettre de tels actes.
Tout comme dans la caverne, il entreprit de détendre Louise par un léger trait d'humour.

-J'imagine que cela ne vous dérangera pas si je vous annonce que je ne partage pas du tout sa vision des choses ? Lança-t-il sur un ton faussement interrogateur.

Il attendit quelques instants puis il invita Louise à relever la tête pour lui permettre de plonger ses yeux dans les siens. De toute la surface de sa main, il caressa sa joue et ses cheveux. Ses traits avaient repris un peu de sérieux mais lui offraient une expression paisible.

-D'accord, vous êtes impulsive. Nous avons tous des qualités et des défauts. L'important n'est pas de parvenir à les corriger mais d'être capable de les identifier et d'apprendre à composer avec. Reportez vos prises de décisions, prenez du temps pour réfléchir au calme et offrez votre réponse à tête reposée. Et puis, avec le temps et l'expérience, vous en aurez certainement de moins en moins besoin. Vous êtes jeune, nous l'avons tous été, cela n'a jamais été une tare.

Geoffroy était doué pour parvenir à toucher là où cela faisait mal. Il savait que Louise était très attachée à l'idée de bien faire, à sa volonté de faire ses preuves... Il était facile de tenter de la démoraliser dans l'état de fatigue et de fragilité où elle se trouvait. Aaron ne voulait pas qu'elle laisse ce discours pernicieux creuser son trou dans son esprit. Il la savait tout à fait capable d'y arriver. Peut-être pas seule dans un premier temps mais elle n'était pas totalement prête à reprendre les rênes du domaine au moment de la mort de ses parents. Ils l'avaient préservée aussi longtemps qu'ils l'avaient pu. Et elle avait pris le relais dans les pires conditions qui soient...

-Et puis, votre première décision en tant que future Dame de Fernel n'était pas si mauvaise. Celle de me prendre comme Conseiller. Ajouta-t-il en étirant un sourire doux et amusé. Bon, je n'ai pas vraiment eu le temps de faire mes preuves... Mais la volonté y était, c'est le principal.

Il lui avait promis de gérer cette affaire avec Elazar mais finalement tout c'était fait en quelques heures. Il n'avait pas joué de rôle décisif à part celui de regonfler le moral de la jeune femme qui en avait terriblement besoin. Et cela, il l'aurait fait avec ou sans les sentiments qu'il éprouvait.
Reprenant une nouvelle fois son sérieux, il caressa encore sa joue, se voulant rassurant.

-Il est hors d'état de nuire à présent. Il ne fera plus de mal à personne.
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 14 Juin 2020 - 21:27


J’avais cru ne plus pouvoir vivre cela avant des jours et voilà qu’Aaron réduit la distance qui nous sépare en me serrant dans ses bras. La DameDieu en sera témoin, mon esprit s’apaise presque immédiatement, tandis que la douce chaleur qui émane de lui parcourt mon corps. Plus familièrement que lors de notre première étreinte dans les cavernes, mes mains se retrouvèrent dans son dos, de manière à le garder près de moi, en douceur. Les yeux fermés, je profite de cet instant unique, un instant volé à toutes ces horreurs qui ont rythmé mon quotidien depuis quelques jours. D’une voix douce, il m’assure qu’il aurait probablement agi de la même façon que moi ce qui me rassure. Son petit trait d’humour me fait ensuite doucement sourire dans ses bras, je lui réponds alors, sur le même ton :

- Cela ne me dérange pas du tout, Aaron.

Invitée à relever la tête afin de le regarder, je plonge mon regard dans le sien et sens mon cœur rater un battement. Sa main sur ma joue, sur mes cheveux…Tout cela est si grisant, si doux…A la manière d’un petit chat, je suis les mouvements de sa main, pour prolonger les caresses, comme si j’allais en être privée soudainement.

- Je suis jeune, mais je ne pense pas être stupide. J’ai essayé d’être parfaite. J’ai vraiment essayé. Vous avez vu le résultat…J’ai cru que j’allais mourir de solitude et de chagrin sous des rouleaux de parchemins imbéciles…Je pense que le plus difficile, ce sera cela. Apprendre à ne pas être parfaite. Lâcher du lest. Ne plus vouloir tout contrôler. Cela prendra du temps. Puis…Je n’ai pas pris que de mauvaises décisions après tout…Comme vous le dites si bien…

Je le regarde avec un sourire timide, les joues rosies.

- Vous avez fait vos preuves…Si vous n’aviez pas été là…J’aurais craqué depuis longtemps…C’est vous qui m’avez maintenue debout, Aaron. Par vos paroles, par vos sourires et par vos gestes, toujours doux. Par vos conseils toujours avisés. Par votre humour aussi. Vous sous-estimez votre valeur en ces lieux…Vous ne devriez pas.

Desserrant mon étreinte, je place ma main, si petite, sur la sienne, immense, afin de la conserver sur ma joue, les yeux mi-clos, le sourire aux lèvres. J’aime ce contact, c’est à mon sens une réelle démonstration d’affection, un geste que personne ne s’autorise à mon endroit, un geste que je soutiens de longues secondes avant de le regarder à nouveau, les yeux brillants.

- Nous sommes en sécurité à Fernel, désormais.

Prononcer ces mots me rappelle une douloureuse perspective. Va-t-il s’en aller, maintenant que le danger est sous contrôle ? Efren et lui vont-ils reprendre la route pour aller la DameDieu seule sait où ? L’idée même qu’il s’en aille m’est totalement insupportable. Totalement. Le sourire que j’affichais trois secondes plus tôt vient de s’estomper. Un douloureux aiguillon est en train de piquer mon cœur d’incertitude, tant et si bien que mon autre main rejoint son visage, se posant en douceur sur sa joue, pour une caresse miroir, à l’image de celle qu’il me prodigue en ce moment.

- Ne partez pas…

Sa peau est chaude sous mes doigts. Je laisse mon pouce effleurer sa joue, avec une rare délicatesse, tandis que j’ajoute, dans un souffle :

- Ne pars pas…
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 15 Juin 2020 - 13:20


Aaron avait observé Louise s'appuyer un peu plus sur sa main en étirant un sourire doux et amusé. Ses quelques attentions la touchaient et ses gestes lui apportaient visiblement du réconfort. Et il en était heureux. Alors qu'elle n'avait pas osé venir prendre elle-même cette étreinte dont elle brûlait d'envie, elle osait bien plus maintenant qu'il avait franchi ce cap pour elle. Une main sur la sienne, l'autre sur sa joue, leurs corps encore si proches l'un de l'autre, ils se trouvaient dans une posture qu'ils ne pouvaient partager avec personne d'autre... Car elle soulevait tant d'émotions...

Et... En d'autres circonstances, le visage du nordien se serait rapproché de celui de la jeune femme.

Mais alors que le regard d'Aaron étincelait d'une lueur nouvelle mêlée d'une pointe de tristesse, il se contenta de serrer les mâchoires et de venir poser son front sur celui de Louise en soupirant doucement. Il en avait envie mais ne pouvait pas. Pas encore. Et pas seulement à cause de cette bague à son doigt...

La voix de la Demoiselle de Fernel le fit se redresser et il la regarda d'un air interrogateur. Elle réitéra sa requête, différemment, et elle lui parut subitement plus claire. Il lui sourit alors avec douceur. Lui non plus n'avait pas la moindre envie de s'en aller mais il était partagé entre son cœur et la raison qui le poussait à demeurer sur les routes sans jamais s'arrêter. Mais, là encore, le moment était mal choisi pour en parler. Fort heureusement, il avait une alternative. Il avait pris un engagement auprès de Louise qu'il devait toujours honorer.

-La mission pour laquelle je t'ai offert mes services n'est toujours pas terminée. Fit-il remarquer, reprenant le tutoiement sans la moindre hésitation. Tu as toujours une file d'attente de prétendants à ta porte qui ne demande qu'à revenir à la charge. Je t'ai promis un accord pour t'en protéger et des moyens de défense auxquels Efren a à peine eu le temps de commencer à réfléchir. Et j'ai bien peur qu'Anaëlle le détourne de sa tâche quelques temps.

Certes, il faudrait s'occuper de la jeune servante le temps de sa convalescence mais, si le prêtre venait, elle ne serait plus si longue. En revanche, elle avait des blessures d'une toute autre sorte sur lesquelles il fallait se pencher et elle avait déjà commencé à se reposer sur son fils. Le connaissant, il serait prêt à lui consacrer l'énergie qu'il faudrait afin qu'elle se rétablisse pleinement de ce qu'elle avait enduré avec Geoffroy, et peut-être même avant lui.

-Et puis, si je partais, tu n'aurais plus aucun Conseiller. Je ne peux décemment pas te laisser sans appui et les bons bras droits sont durs à trouver par les temps qui courent. Fit-il en jouant d'exagération dans son attitude et dans sa voix. Puis il la regarda d'un air faussement méfiant. Je suis persuadé qu'en fait c'est toi qui a monté toute cette intrigue pour me garder. Tu savais que ce serait contre mes principes de t'abandonner dans pareille situation, n'est-ce pas ? Plaisanta-t-il.

De l'humour afin d'atténuer la réalité sans pour autant la masquer. Mettre en évidence les bons côtés au lieu de se focaliser sur les mauvais. Contrer la peur et les larmes par le rire afin de mieux vivre les épreuves que les Dieux pouvaient mettre sur notre chemin. Tel était la façon fonctionner d'Aaron. Des traits de caractère qu'il avait transmis à Efren qui possédait un humour plus cinglant que le sien parfois. Mais cela leur avait permis de se considérer comme heureux alors même que leur vie n'avait rien de simple.
Le quarantenaire caressa une fois de plus la joue de Louise, ses traits reprenant plus de sérieux. Il répondit finalement, à mi-voix.

-Dans tous les cas, on dirait que tu t'es aliéné mes services pour un moment.

Il n'était pas certain que ce soit une bonne chose pour elle mais il lui avait déjà rappelé qu'ils n'étaient pas de la même condition et cela ne semblait pas la préoccuper le moins du monde. Il avait rempli sa part en le soulignant par deux fois. A partir de ce moment-là, il ne lui appartenait pas de décider pour elle si tout ceci devait continuer ou non. Lui n'avait qu'elle à perdre dans cette histoire. Apparemment, elle voulait vivre cette romance avec lui, tant qu'il pourrait demeurer à ses côtés et tant que personne ne viendrait les mettre à mal. Il avait conscience qu'elle pourrait tout perdre à cause de lui mais elle aussi... Et malgré cela, malgré la fin de ce complot, elle lui demandait de rester. Et lui ne voulait pas partir... Alors il resterait, autant qu'il le pourrait, en espérant que sa présence ne causerait pas trop de tort à Louise, de part leur relation ou de ce qu'il était.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 15 Juin 2020 - 18:56


J’ai craint de lui avoir déplu. J’ai craint qu’il ne sorte après mon geste un peu fou de caresser sa joue, parce qu’il a besoin de temps, que je le sais et que je ne peux m’empêcher de braver un petit interdit. Tout ce que je veux, c’est lui montrer qu’il est important et que je ne veux pas qu’il s’en aille. Cela dit, il ne part pas, il ne recule pas, il pose même son front contre le mien, dans un geste totalement inespéré. Je n’ose même plus bouger, profitant tout simplement de sa présence, les yeux fermés. Je pourrais, je crois, passer des heures de la sorte, sans rien de plus que lui et un bon feu.

Sous le coup de l’émotion, je l’ai tutoyé sans même m’en rendre compte et c’est son propre tutoiement qui me fera sourire. Tout ceci est d’un naturel désarmant. Bien mieux que ces cérémonieuses formulations que je n’aime pas quand on fait partie de mon cercle privé. Mon père me tutoie, à présent, je suis heureuse qu’Aaron en fasse de même.

- Tu as raison, et je suis bien curieuse de savoir lequel de ces mêmes prétendants se dissimulent derrière tout cela. Si ça se trouve, Geoffroy n’est qu’un pion. Détestable, j’en conviens, mais un pion tout de même. Je veux savoir qui est derrière ce complot et…je le saurai. On peut faire confiance à mon père pour cela. Même si ses méthodes sont…peu conventionnelles.

Je garde sa main dans la mienne, avec un sourire et ajoute, en la regardant, si grande alors que la mienne est si petite :

- Je sais que tu désapprouves mais…Je n’avais pas le choix. Il fallait en passer par là pour avoir des informations et le peu que j’ai entendu…m’a fait sortir. Comment ai-je pu être bernée à ce point…Quant à Anaëlle…

Un pauvre sourire étira un bref instant mes lèvres.

- Je compte la prendre à mon service exclusif quand elle sera sur pied. D’ici là, je souhaite qu’elle ait droit à tous les égards possibles, parce qu’en s’en prenant à une gamine sans défense, c’est comme s’il en était pris à moi. Efren pourra demander tout ce qu’il voudra pour elle et pour lui, je ferai en sorte qu’ils aient tout ce qu’il faut…C’est bien le moins que je puisse faire pour me faire pardonner ma négligence et mon manque de clairvoyance.

Le petit trait d’humour d’Aaron me ramena à une vue plus optimiste et légère de la situation. Je ne peux d’ailleurs m’empêcher de dissimuler un rire derrière ma main avant de répondre, espiègle :

- Mince, je suis découverte. Je pensais avoir joué finement pourtant. Tu es fort, très fort !

Sa main caresse à nouveau ma joue, je suis le mouvement de la tête, les yeux clos, toujours en souriant, apaisée :

- J’espère que tu ne m’en veux pas. Mais Aaron…Tu n’es pas aliéné…Pas à moi, ni à Fernel. Tu es libre de t’en aller, il en a toujours été ainsi. Sache juste que…que tu es très important à mes yeux, tu comptes bien plus que tu ne peux sans doute l’imaginer. Je ne veux pas que tu partes mais c’est mon égoïsme qui parle…Je sais que tu as besoin de temps…Je sais que tu as besoin de mettre de l’ordre dans tes sentiments…Alors si pour cela tu as besoin de t’éloigner, de prendre un peu de distance, je ne ferai rien pour t’en empêcher. Parce je sais que, peut-être, juste après, tu me reviendras.

Souplement, je prends sa main qui me caresse la joue dans la mienne et y dépose un tendre baiser avant de la lui rendre, délicatement.

- Et c’est tout ce que je demande. Tout ce que je souhaite. Alors pour cela, je suis prête à te laisser tout l’espace, tout le temps dont tu as besoin.

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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeMar 16 Juin 2020 - 19:11

Ce que Louise prenait pour un geste un peu osé de sa part n'avait pas le même aspect aux yeux d'Aaron. Parce qu'il avait déjà vécu une vie, ou même deux. Parce que ses limites physiques n'étaient pas celles de cette jeune femme que l'on avait placé dans un cocon. Parce qu'il préférait le contact à la distance depuis toujours. Aussi, sa caresse ne fut à ses yeux rien moins qu'une marque d'affection à la fois tangible et simple. Elle le toucha, certes, mais il en faudrait bien plus pour le faire fuir, et ce même s'il était évident que les choses s'accéléraient entre eux.

Lorsqu'elle évoqua les traitements que Geoffroy était en train de subir, les traits d'Aaron se firent un peu plus durs et il se redressa légèrement. Non pas pour s'éloigner d'elle mais il était évident qu'il n'aimait guère les moyens employés pour faire parler celui qu'il pouvait désormais qualifier de son ancien homologue. Quiconque ayant déjà été soumis à la question ou connaissant quelqu'un qui avait eu droit à ce genre de traitement ne pouvait décemment pas l'approuver. Mais que pouvait-il faire hormis faire savoir qu'il était contre.

-Ce qui me surprend, c'est qu'aucun de tes prétendants ne sortent du lot à la lecture des notes de Geoffroy. Certains sont passables mais pas un seul d'entre eux ne semble être le candidat idéal. Il y a toujours une petite phrase, un petit quelque chose qui jette un doute et ne permet pas de faire un véritable choix... Il avait peut-être l'intention de te présenter la chose différemment ou bien son commanditaire n'est pas dans cette liste et il l'aurait fait apparaître au moment voulu, tel le sauveur de la situation. Toute cette affaire plongeait Aaron dans une certaine confusion mais il n'aurait visiblement pas l'occasion de trouver la clef de cette énigme par lui-même. Tout reposait à présent entre les mains d'Elazar... Ce qu'il regrettait. Dans tous les cas... Reprit-il avec plus d'assurance. Il est hors de question que je laisse faire un tel mariage. Aujourd'hui, plus que jamais.

Au départ, il n'avait voulu que préserver une jeune femme d'une union dont elle ne voulait pas. Préserver ses rêves et ses envies de romances. Savait-elle alors déjà que son cœur avait fait son choix ? Peut-être pas... Ils ne se connaissaient que depuis à peine trois jours. Toujours était-il qu'à présent, il avait une nouvelle raison de trouver une autre solution pour Fernel et elle. Certes, leur relation ne pouvait se concevoir à long terme en l'état actuel des choses mais à présent il pourrait d'autant moins tolérer qu'elle se contraigne au mariage. Elle devrait peut-être y venir, mais plus tard... Pour l'instant, cet avenir n'existait pas.

Louise évoqua Anaëlle, une fois de plus. Sa culpabilité était réelle en ce qui la concernait mais comment aurait-elle pu voir une telle chose ? Elle avait à gérer les attaques de ses rivaux, le déclin de sa mère, les besoins de son peuple, la recherche d'une solution durable puis son deuil... Elle avait déjà trop de choses à gérer pour elle-même, elle ne pouvait être partout. D'un geste doux, il concentra de nouveau l'attention de la jeune femme sur lui.

-Tu avais déjà tes propres problèmes et Geoffroy a probablement tout fait pour elle soit entièrement sous sa coupe en l'isolant et en lui faisant croire qu'elle n'avait que lui. C'est ainsi que procède ce genre de personne en général. L'important, c'est qu'elle soit en sécurité désormais et qu'on veille sur elle. Commettre des erreurs est une chose. Savoir les assumer et s'évertuer à les réparer en est une autre. En cela, tu t'en sors déjà très bien.

La jeune fille bénéficiait déjà de tout ce dont elle avait besoin en l'état actuel des choses : des soins appropriés, de bonnes conditions pour sa convalescence et la personne adéquate pour veiller sur elle. Son avenir était d'ores et déjà en cours d'études par Louise qui prévoyait de la préserver en la plaçant sous sa protection. Anaëlle ne pouvait rêver mieux et regretterait bientôt de ne pas avoir fait connaître son existence plus tôt.

Louise évoqua alors un tout autre sujet. Alors qu'il lui déclarait ne pas envisager de la laisser seule avec ses difficultés, elle lui laissait toute largesse au sujet de sa présence à Fernel. Elle lui permettait de partir dans l'optique de mieux lui revenir. Et si son baiser sur sa main le fit sourire, ce ne fut que brièvement, ses traits retrouvant bien vite leur sérieux et leur état de réflexion. Partir... En avait-il besoin pour "eux" ? Non, tel n'était pas son sentiment. Il aurait sans doute des raisons de s'en aller un jour mais, s'il le devait pour l'un des motifs qu'il avait en tête, il n'était pas certain de pouvoir revenir...
A l'issue de ses réflexions, l'expression d'Aaron se fit plus douce.

-Avoir besoin de temps ne nécessite pas de mettre de la distance entre nous. Si cela devait aller trop loin, trop vite, je te le ferais savoir. Et quelque chose me dit que ce sera amplement suffisant...

Dans un élan de tendresse, elle avait initié un contact nouveau avant de reprendre une distance respectable par peur de le brusquer. Il était évident qu'elle avait parfaitement compris son besoin et qu'elle était prête à attendre qu'il se sente capable de se lancer véritablement dans cette histoire avec elle. Alors, si d'aventure elle avait un geste de trop ou bien qu'il se sentait emporté un peu trop vite, il était à peu près certain qu'elle lui laisserai alors un peu plus de latitude pour reprendre leur relation à un état qui lui conviendrait davantage.

-Si nous étions quelques cinq ans plus tôt, tu me demanderai l'impossible... Mais j'avais presque réussi à faire mon deuil... avant l'incident qui a posé ce bandeau sur les yeux d'Efren, l'année dernière. Sa main se leva et le revers de son index vint effleurer l'arrête de la mâchoire de Louise avant de retomber. Disons que tu es une excellente raison de me pencher à nouveau sur le sujet... Pour le mener à son terme cette fois.
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeMer 17 Juin 2020 - 12:45


- Oui…Il a créé une liste avec tous les seigneurs des environs, reprenant les blasons, les armoiries, toutes ces choses qui permettent de savoir à qui on a affaire…Et à côté de cela, il y avait de petites descriptions, des recommandations mais, comme tu le dis…Il n’y a pas vraiment de seigneur qui se distingue…Tu penses qu’il aurait gardé un nom bien précis exprès ? Et qu’il œuvre pour ce seigneur là en secret ?

Je fronce un peu les sourcils, essayant de me remémorer les noms, les endroits, les régions. La liste reprend l’ensemble de toutes les seigneuries, sans exception. Alors…Qui pourrait être ce mystérieux prétendant ??? J’inspire profondément, pensive à l’idée que quelqu’un manœuvre en secret derrière Geoffroy. Cela étant, je suis bien vite extirpée de mes pensées par les paroles d’Aaron, qui me font doucement sourire.

Un jour viendra où je ne pourrai plus reculer ou me cacher derrière les murs épais de Fernel. Un jour viendra où je devrai faire un choix entre le bonheur du peuple de Fernel et le mien. Les choses sont telles en Péninsule, et plus particulièrement dans le Nord, qu’une femme ne peut décemment rester à la tête d’un domaine, aussi petit soit-il. Fernel n’est pas immense en termes de territoire, c’est une seigneurie qui a brillé autrefois mais ne brille plus assez pour attirer l’attention, désormais, ce qui peut être un avantage, j’en conviens. Il suffit cependant qu’on s’en rappelle, qu’on s’informe et qu’on se manifeste pour que tout ceci soit définitivement un souvenir. Les gens malveillants sont légions, que ferai-je face à une demande réelle, posée dans les formes ? Je devrai alors céder ou renoncer à tout.

Quelle vie aurai-je alors, privée de mes biens ? Je ne sais rien faire par moi-même, à part peindre, monter à cheval et être polie avec tout le monde. Je ne sais même pas comment on fait un repas, ou même comment on lave du linge…Je ne serai qu’un boulet qui devra tout apprendre. Est-ce réellement une vie ?

En songeant à tout cela…Mon amour pour Aaron ne serait-il pas dès lors une forme d’égoïsme à son encontre ? Je l’aime, c’est une absolue certitude, mais…quelle serait SA vie, ici, si les choses perdurent et se confortent comme elles semblent perdurer et se conforter entre nous ? Il deviendra le conseiller d’une femme, peut-être mon amant, avant de devoir céder la place à un autre parce qu’il n’a pas de titre de noblesse. Quelle horreur…Nos cœurs ne s’en remettraient jamais. Et dans un cas comme dans l’autre, je serai soit un boulet accroché à son pied, soit un boulet accroché à son cœur. Et Aaron ne mérite pas cela. Efren ne mérite pas cela.

Toutes ces pensées traversent mon esprit alors que je le regarde parler d’Anaëlle. Les tristes réalités de cette vie à l’évocation de cette petite…

- J’irai la voir demain ou après-demain. J’ai des excuses à lui présenter…

J’ai alors un regard un peu inquiet pour mon conseiller.

Aaron est un chevalier. Un vrai. Il n’en a pas le titre, il n’en a pas l’épée, ni le blason, mais c’en est un. Il est digne, courageux, réfléchi et toute son attitude est en permanence empreinte de noblesse et de charité. De douceur et de patience. Il mérite largement un titre, alors que d’autres qui en possèdent un en usent d’horrible manière. La chevalerie d’Aaron se manifeste également en amour. Il est fidèle et constant. Et cette fidélité est accordée à une autre dont j’ignore tout, une autre dont il doit faire le deuil.

- Je ne t’ai jamais demandé ce qui est arrivé à Efren…

Un petit sourire résigné accompagne sa caresse avant que je n’ajoute :

- Aaron…Est-ce que tu veux m’en parler ? Me parler d’elle ? Elle a été une grande part de ta vie…Cela ne me dérange pas, je t’assure. Je pourrais apprendre à la connaître, moi aussi, de cette façon…Qu’en dis-tu ?

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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeMer 17 Juin 2020 - 21:04


-C'est une possibilité... Quant à savoir qui, c'est un mystère. Et si vous aviez une preuve de la personne pour qui il oeuvre, il ne serait pas avec Elazar en ce moment, j'imagine.

Hormis sa désapprobation quant au traitement que Geoffroy subissait, Louise pouvait voir sur le visage d'Aaron que cette affaire le laissait perplexe. Il peinait à identifier la personne qui tirait les ficelles. Qui cela pourrait-il être ? Qui aurait à y gagner de récupérer des terres telles que Fernel -certes riches mais modestes en terme de taille et d'importance- ? Il ne connaissait pas tous les nobles de la région mais la liste du vieux conseiller était fort longue et la jeune femme elle-même ne paraissait pas trouver de chaînon manquant, sans quoi elle l'aurait mentionné. Alors qui ?...
La question était vaine de toute manière puisqu'il ne pouvait aller interroger la seule personne qui détenait la réponse. Il restait à espérer qu'ils l'obtiennent, au bout du compte.

Aaron ne perçut pas les questions concernant leur relation qui traversèrent l'esprit de Louise qui, sans surprise, le questionna sur Efren et cet... "incident". Il redressa la tête et l'observa de toute sa hauteur, semblant réfléchir un court instant. Mais il sut bien vite ce qu'il voulait lui répondre.

-Je n'ai pas envie de te servir le même mensonge qu'aux autres. Déclara-t-il, encore indécis sur ce qu'il allait faire en définitive. Il ne pouvait tout lui avouer déjà mais il n'avait pas envie de lui donner des réponses autres que la vérité. Il préférait être honnête avec elle. Il posa de nouveau une main sur la joue de la jeune femme, se penchant pour lui parler avec sincérité. Quand toute cette histoire sera réglée et que je serais prêt, tu sauras tout, je te le promets. En attendant, tu vas devoir me faire confiance... Il n'était pas évident de s'ouvrir au point de révéler des secrets parfois vieux de trente ans... Il le ferait car il ne pouvait entamer une relation aussi sincère en laissant sa partenaire dans l'ignorance mais cela lui demanderait plus d'énergie que de se taire car il y était bien moins habitué. Cependant, pour l'heure, il ne servait à rien de l'encombrer avec cela alors qu'elle sortait à peine d'une situation des plus compliquée et éprouvante dont elle n'avait pas encore tous les tenants et les aboutissants. Quant à Efren, si on te le demande, la version officielle est qu'il a perdu la vue dans un incendie, que les prêtres ne sont parvenus qu'à soigner les brûlures jusqu'à faire disparaître les cicatrices mais que sa vue n'est pas revenue.

Lorsque Louise émit le souhait d'apprendre à connaître son épouse, Aaron se montra un peu surpris avant d'étirer un sourire touché. Il avait énormément de chance d'avoir trouvé quelqu'un d'aussi compréhensif qui acceptait le fait qu'il avait eu une vie auparavant... Ôtant sa main de sa joue, il lui indiqua les sièges près d'eux d'un rapide regard, lui suggérant de s'asseoir. Il accompagna le déplacement de la demoiselle d'une paume délicate dans son dos, la laissant prendre place avant de se mettre à son tour en mouvement. Il souleva le second fauteuil ouvragé pour l'approcher de celui de la jeune femme avant de s'asseoir aussi. Il regarda les flammes une seconde puis soupira avant de se lancer, se tournant vers Louise.

-Une grande part de ma vie c'est un peu exagéré... Tout du moins dans les faits. Nous nous sommes rencontrés moins d'un mois avant que je ne la demande en mariage et nous sommes restés unis cinq ans avant qu'elle ne nous quitte. Une vilaine maladie, un hiver. Efren avait quatre ans. Il ne se souvient pas très bien d'elle. Nous étions des étrangers dans ce village qui était celui où elle avait vu le jour et nous l'avons clairement ressenti après son décès. C'est là que nous avons commencé à prendre la route. Quitte à ne pas être considéré comme chez nous... Il n'acheva pas sa phrase, l'issue en étant si explicite. Eloïse avait seize ans lorsque nous nous sommes rencontrés, moi vingt-sept. Elle avait du tempérament mais elle venait toujours en aide à ceux qui l'entouraient, qui qu'ils soient, d'où qu'ils viennent. C'est ce qui a éveillé mon intérêt elle. Elle avait le don pour sortir des répliques cinglantes mais d'une telle logique, d'une telle vérité qu'elle mouchait même les plus virulents. Se souvint-il, amusé. C'était une force de caractère qui cachait un cœur en or. Et c'est ce cœur généreux qui l'a tuée. Déclara-t-il, son sourire s'effaçant pour un air un peu plus grave mais pas aussi triste que ce à quoi on aurait pu s'attendre. C'était la voisine qui était malade à l'origine. Eloïse est allée l'aider et j'ai eu beau le lui déconseiller parce qu'elle me semblait fatiguée, elle ne m'a pas écouté. Elle n'a pas regretté de l'avoir fait malgré tout... Elle a seulement regretté de ne pas pouvoir voir grandir son fils, le seul enfant que Néera nous ait accordé en cinq ans. Quant à moi, elle m'a dit de prendre le temps de la pleurer avant de presque m'ordonner de refaire ma vie.

Tout en racontant son histoire, Aaron alternait entre le visage de son interlocutrice et les flammes devant lui. Achevant sa dernière phrase, il reporta son attention sur Louise avant de lui sourire. Parler de son épouse lui avait fait moins de peine qu'il ne l'aurait cru mais, comme il l'avait dit, il avait pratiquement fait son deuil. Elle serait toujours présente en lui mais son absence ne le faisait plus autant souffrir et son souvenir ne provoquait plus de larmes depuis bien longtemps.

-Cela aura pris sans doute plus de temps qu'elle ne l'aurait voulu. Conclut-il, parlant manifestement de ce qu'il vivait actuellement avec la demoiselle de Fernel.
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeJeu 18 Juin 2020 - 8:38


Un mensonge ? A quel propos ? De quoi peut-il bien parler ? Je reste un long moment indécise face à ses paroles pleines de mystères avant de hocher finalement la tête dans un geste de résignation pensive. Je connais assez la probité d’Aaron pour savoir que s’il répugne à dire quelque chose, c’est que cela le met terriblement mal à l’aise d’en parler ou qu’il ne se juge pas encore prêt à le faire. Un sourire le rassurera peut-être. Ceci peut attendre, comme tout le reste. Il pourra en parler quand il jugera le moment opportun.

- Je te fais confiance, Aaron.

Une fois de plus, je ne peux que hocher la tête en pensant à la souffrance du jeune Efren. En sus de la privation constante de la vue, il a du ressentir une douleur atroce, car à mon sens il n’y a pire souffrance que la brûlure. Pourtant, il est d’un optimisme constant, et d’une joie de vivre parfaitement visible sous le bandeau qui barre son regard. J’ai beaucoup de respect pour Efren, il ne se plaint jamais de rien et semble se satisfaire de tout. Une attitude dont je serais bien avisée de m’inspirer, parfois.

La main d’Aaron me guide enfin vers les fauteuils aux larges dossiers de bois ouvragés qui trônent devant l’âtre. Prévenant, comme il en a l’habitude, il me fait asseoir d’abord, avant de rapprocher son propre fauteuil afin d’être près de moi.

Je sais que la démarche peut surprendre mais elle est à mon sens tout à fait normale et pleine de sens teinté de respect. Cette dame dont je ne sais rien a fait partie de la vie de celui que j’aime, elle a été aimée par lui, assez en tout cas pour qu’il en porte le deuil tant d’années après son trépas. Elle occupe encore son cœur et ses pensées, et c’est la mère d’Efren, de surcroît. Je suis sincèrement curieuse d’apprendre à la connaître, de connaître son caractère, sa façon de penser, de réfléchir…Toute sa façon d’être.

Bien droite face aux flammes, je l’écoute donc, avec la plus grande attention tout en percevant les changements de sa physionomie. Dame Eloïse était une personne vive à l’esprit tourné vers ses semblables, un cœur d’or se consacrant aux autres et une femme bienveillante. Et c’est ce qui l’a tuée, jetant Aaron et son fils sur la route. Je regarde mes mains jointes sur mes genoux, à l’évocation de cette mise à l’écart.

- Cela a du être très difficile pour vous deux. Ce départ d’Eloïse et cette vie sur la route…

Rejeter des personnes parce qu’elles sont « étrangères » est totalement indigne, à mon sens. A fortiori un jeune veuf et son petit garçon. Je connais assez Aaron pour savoir qu’il ne serait pas resté oisif dans ce village, quel qu’il soit, et qu’il participait certainement à la vie de la communauté mais…les mentalités sont parfois difficiles à faire évoluer.

- Ton épouse avait l’air d’être une jeune femme digne de confiance et une très belle personne au grand cœur. N’hésite jamais à m’en parler, si cela peut t’aider. J’aime apprendre à te connaître, de cette façon.

Je relève la tête pour le regarder, pensive à nouveau. La mère d’Efren avait beaucoup de belles qualités, elle a réussi à laisser une empreinte gravée dans le cœur de mon conseiller, une empreinte profonde et constante. Comment puis-je parvenir à une telle perfection, moi ? Un doute immense m’envahit soudain, comme si je n’étais pas digne d’un tel homme et encore moins de succéder à une telle femme pleine de qualités et de noblesse de cœur. Après tout, qu’ai-je fait, personnellement, pour aider mon prochain et améliorer les conditions de vie des gens ?

Elle avait seize ans et faisant tant de choses pour les autres à un âge où mes seules préoccupations se limitaient à mes chevaux, mes dessins et mes robes. J’ai 21 ans et cette affreuse impression de n’être nulle part, une personne à qui on a menti toute sa vie, une personne qui a vécu une vie de paille entourée de personnes aux desseins malveillants. J’ai été tenue sous une cloche de verre, sans aucune possibilité d’actions. Pourtant, au milieu de cette oisiveté de noble demoiselle, rien ne m’empêchait d’apporter un soutien, même tout petit, aux gens du peuple. J’avais, qui plus est, bien plus de moyens de faire les choses bien que n’en possédait Dame Eloïse…La façon dont il explique cette aptitude au don de soi est un rappel involontaire de tous mes manquements. Non, décidément, je ne suis pas vraiment digne de prétendre obtenir un cœur pareil…Je détourne les yeux vers les flammes et ne dis rien pendant de longues secondes avant de souffler, tête baissée :

- C’était une femme exceptionnelle. Un jour peut-être arriverai-je à faire les choses aussi bien qu’elle le faisait, pour tout le monde. Je comprends tout l’amour qu’elle a du t’inspirer.

Avec un sourire timide j’avoue enfin, tout en triturant nerveusement mes doigts :

- Je me sens bien petite face à Eloïse. Petite et ridicule. Elle a fait tant de choses, et regarde moi…Je ne suis rien de plus qu’une jolie poupée avec laquelle on joue. Je suis gauche et timide sur des tas de points, je prends de mauvaises décisions et je fais de mauvais choix. Je n’en ai pas fait assez pour les gens de Fernel. J’aurais pu faire plus…J’aurais pu faire comme ton épouse et m’impliquer davantage…Peut-être qu’en suivant son exemple, je parviendrai à faire en sorte qu’il y ait moins de misère et de malheurs sur mes terres.

Je me lève sans un mot et me dirige vers la fenêtre, pour observer la neige seulement éclairée par la lune et les étoiles, la main posée sur la vitre glacée.

- Beaucoup d’orphelins arrivent à Fernel, des enfants privés de leurs parents. Un jeune garçon et sa petite sœur sont encore arrivés ce matin, j’ai eu une note du capitaine à ce sujet. Ils étaient sales et affamés et ils ont marché longtemps dans la neige pour venir ici afin d’obtenir de l’aide. Il faut faire cesser les exactions aux frontières. Les enfants sont les premiers à payer le prix de mon manque d’expérience et de tout ce que j’ignore. C’est insupportable…


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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeJeu 18 Juin 2020 - 18:22

A la première réaction de Louise après son récit, Aaron ne dit rien car il était évident que la mort d'Eloïse avait été une épreuve. Quant à la route... Elle était déjà son amie depuis longtemps . Cependant, la jeune femme ne semblait pas s'interroger sur ses origines pour l'instant donc il choisit de ne rien rétorquer. Il lui avait promis de lui raconter toute son histoire un jour alors peut-être ne demandait-elle rien par respect. Quoi qu'il en fut, il aurait de toute manière été malvenu pour lui de faire un commentaire sur un secret qu'il devait encore garder et faire s'interroger un peu plus la demoiselle. Il laissa donc le silence s'installer et son interlocutrice intégrer tout ce qu'il venait de lui raconter. Il appréciait son attitude par rapport à son ancienne épouse et il la remercia en la gratifiant d'un doux sourire.

La suite de la conversation l'interloqua davantage et il fronça légèrement les sourcils devant la comparaison que Louise semblait faire entre Eloïse et elle. Il avait fait le choix de lui parler à cœur ouvert mais il n'avait pas anticipé cette réaction. Oui, sa femme était une belle personne mais pourquoi la Dame de Fernel semblait-elle persuadée de ne pas en être une, elle aussi ? Son discours sur ce que devait un Seigneur selon elle prouvait qu'elle n'était pas un de ces nobles qui pensait que tout leur était dû et qu'elle avait à cœur de prendre soin de ses terres et de ses gens autant que lui prenait soin de son fils.
Lorsque la jeune femme eut terminé, il se leva et la rejoignit. D'une main sur le bras, il l'invita avec délicatesse à lui faire face et à plonger son regard dans le sien. Et si elle devait lui refuser cela, alors il lui parlerait malgré tout.

-Personne ne te demande d'être comme elle et certainement pas moi. Lui assura-t-il d'une voix presque ferme mais qui ne manquait pourtant pas de douceur. Je l'ai aimée pour ce qu'elle était mais je l'ai aussi perdue à cause de cela. Toi, tu sais où sont tes limites et comment te préserver quand tu les atteins. Sinon je n'aurais pas enfourché une jument un peu folle pour aller courir dans la neige à peine le jour levé. Mais au moins, tu es toujours là aujourd'hui, prête à repartir de l'avant. Vous êtes différentes et c'est tant mieux, je ne veux pas aimer une copie d'Eloïse. Cela reviendrait à ne pas t'aimer vraiment.

Il avait connu l'amour une fois. Il avait la chance de le vivre à nouveau mais c'était une expérience nouvelle pour lui. Il appréhendait cette relation avec savoir-faire sur certains aspects mais la singularité de chaque individu rendait chaque interaction sociale unique et d'autant plus intéressante. Cela faisait de cette relation une expérience nouvelle à bien des égards. Il allait devoir apprendre à connaître Louise plus encore qu'aujourd'hui et découvrir sans doute avec le temps des parties d'elle avec lesquelles il devrait composer, tout comme il avait dû composer avec le caractère borné de sa femme.

-Quant à Fernel, je crois que tu n'as pas vu la façon dont les gens d'ici te regardent. Ils ont tous du respect pour toi et t'aiment parce qu'ils savent que tu te soucies d'eux et que tu fais de ton mieux. Et c'est tout ce qu'ils te demandent ! C'est à ça que se résume la vie : à faire de notre mieux avec ce que l'on est. Et tu t'en sors bien plus que tu ne le crois. Il marqua une courte pause avant de reprendre à mi-voix. Cesse de vouloir être parfaite, personne ne l'est. Pas même moi. Ajouta-t-il avant d'étirer un discret sourire amusé. Et n'oublie pas que je suis là pour t'épauler.
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeVen 19 Juin 2020 - 9:01


Je sais qu’il s’est levé pour me rejoindre. Je sais qu’il est juste à mes côtés, je sens la pression de sa main sur mon bras pour que je le regarde. Et pourtant, il me faudra de longues secondes avant que je ne me détourne de cette vue enneigée et que j’ose accrocher son regard, sa main toujours posée sur mon bras.

Ses paroles sont douces et pleines de sens. Mon esprit est confus et rempli de doutes.

- Tu n’étais pas là, Aaron…, dis-je enfin dans un souffle. Tu n’étais pas là, en bas, lorsque mon père a questionné Geoffroy. Tu n’as pas entendu ses paroles. Tu n’as pas entendu ce qu’il m’a dit…

Les paroles de mon ancien conseiller tout comme celles de mon père me hantent et s’insinuent, telles des serpents, dans mes pensées au point de brouiller tout le reste.

- Jamais de toute ma vie je ne me suis sentie aussi petite, aussi ridicule, aussi misérable qu’en ces moments-là. Même l’attitude du Duc à mon égard était encore une politesse exquise en comparaison de ce que j’ai entendu dans ce cachot.

Je ne sais plus comment agir, comment faire, comment dire les choses ni comment les gérer. Et c’est tout aussi confusément que j’explique, avec mes mots, ce que je retiens de cet interrogatoire, du moins la partie à laquelle j’ai assisté, avant de développer le galimatias qui forme l’essentiel de mes pensées malmenées.

- Il n’a jamais eu le moindre respect pour ma mère ni pour moi. Il m’a dit, entre autres gentillesses, que je ne suis qu’une gamine sans cervelle. Et son regard, Aaron…C’était quelqu’un d’autre, une personne que je ne connais pas. Et c’est cette personne que je ne connais pas qui a toujours été à mes côtés. Un homme mauvais qui a créé un masque de gentillesse et de bonté pour mieux m’endormir. Aaron, pendant que je dormais en paix dans mon lit, il violait ma servante…Anaëlle, une gamine sans défense. Ma mère ? C’est pareil…Que la DameDieu en soit témoin, j’ai lu des choses dans son journal, Aaron, qui m’ont fait rougir jusqu’aux oreilles et qui me hantent toutes les nuits tellement c’est ignoble. Elle m’a toujours caché que Eudes la prenait de force…Et c’est cet homme là que j’ai appelé « Père », pour qui j’ai eu tant de respect et d’affection. Ma mère m’a caché la personne qu’elle est, libre, impétueuse et amoureuse d’une vie qu’elle n’a jamais eue…J’ai donné toute mon affection à des personnes qui m’ont menti. Toute ma vie.

Je regarde ailleurs, les larmes aux yeux avant de faire disparaître tout cela d’un revers de la main.

- Toutes ces personnes qui ont été des modèles, tous ces gens…ce ne sont plus que des fantoches, des pantins de papier que je peux brûler. Alors, dis moi en quoi je peux croire, maintenant ? Je n’ai plus rien, plus de modèle, plus de famille, à part mon père que je ne connais pas encore assez, un frère perdu quelque part en Péninsule et…et toi. Toi et cette personne qui a eu le bonheur de prendre ton cœur. Une dame pleine de qualités. Une dame respectée. Alors, oui, je me sens petite, minable et ridicule en comparaison à ton épouse. Comment seulement arriver à sa cheville quand tout ce sur quoi j’ai basé mes principes, ma vie entière, est composé d’un ignoble mélange de gadoue et de sable dans lequel je m’enfonce un peu plus tous les jours ? Je ne suis pas digne de quelqu’un comme toi. Même si tu me dis le contraire, même si tu me dis que les gens ont du respect pour moi, je ne sais plus quoi croire, ni comment faire pour ôter ces certitudes de mon esprit.

Je reporte enfin mon regard sur lui et demande alors, dans un murmure :

- Dis moi en quoi je peux croire, Aaron.
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeVen 19 Juin 2020 - 20:42

Au début, Aaron l'écouta, préparant déjà sa réponse par rapport à ce qu'elle avait entendu dans ce cachot, par rapport à ce que Geoffroy avait pu lui dire... Mais, bien vite, son petit discours s'écroula avant même qu'il n'ait pu en prononcer un mot. Elle était ébranlée par tous les silences qui l'entouraient... Par tout ce qu'on lui avait jamais dit. Par tout ce qu'elle croyait savoir qui s'était révélé totalement faux. Et ne faisait-il pas exactement la même chose ?

C'était la première fois que ses secrets lui semblaient aussi difficiles à porter mais il avait de bonnes raisons de ne pas vouloir tout lui dire dès à présent. Elle avait déjà beaucoup de choses à tête, beaucoup de réflexions à mener, beaucoup de difficultés à gérer. Elle n'avait pas besoin qu'il surélève un peu plus la pile qui menaçait déjà de s'effondrer. Il ne le faisait pas avec de mauvaises intentions, il voulait seulement la préserver le temps qu'elle soit prête à accueillir tout ce qu'il avait à lui dire. Pour autant, cela n'allégeait en rien son sentiment de culpabilité et de doutes qui l'assaillait à son tour. Et quand Louise se tourna de nouveau vers lui, ce ne fut pas le visage doux et rassurant qu'elle avait l'habitude de voir qu'elle trouva... Mais des traits bien plus graves et un regard attristé.

-Tu oublies que tu parles à un homme qui te ment depuis le début... Rappela-t-il d'une voix lourde, comme s'il lui était soudainement pénible de devoir lui cacher tout cela. Elle était si en colère contre son père, désorientée face à l'attitude de Geoffroy et déçue par sa mère... Il avait soudain l'impression de ne pas valoir mieux qu'eux alors qu'elle le mettait clairement sur un piédestal. Et il ne comprenait pas pourquoi... En quoi ses propres mensonges valaient mieux que ceux de ses parents ? Sans savoir ce qu'il gardait pour lui, elle ne pouvait en avoir aucune idée. Elle ignorait jusqu'à ses motivations...
Aaron soupira finalement avant de reprendre.

-Nous avons tous de bonnes raisons de mentir. Pour Geoffroy, ce peut être par jeu ou par intérêt ou peut-être les deux. Eudes n'allait certainement pas t'avouer comment il traitait sa mère, il t'aimait trop pour te laisser voir quel homme il était dans l'intimité... Et peut-être en avait-il honte dans le fond... Parce qu'il avait conscience de se comporter comme un monstre. Mais être un mauvais mari l'a-t-il forcément empêché d'être un bon père ? Quant à ta mère, n'a-t-elle pas simplement voulu te protéger ? Agir dans ton intérêt aux dépends de son propre bonheur ? Comme toute mère l'aurait fait.

Il marqua une nouvelle pause, laissant à Louise le temps d'intégrer ce qu'il venait de lui dire. Il était certainement difficile pour elle de concevoir que tout le monde ne soit pas ou tout blanc ou tout noir. L'homme qui l'avait élevée avait des défauts, il avait commis des erreurs, il avait eu des comportements immondes... Pour autant, devait-elle rejeter tout son héritage ? Et devait-elle en vouloir à sa mère d'avoir simplement fait ce qu'elle pensait être le mieux pour sa fille ? Certes, la jeune femme avait été enveloppée de mensonges mais le Seigneur et la Dame de Fernel pensaient alors agir pour son bien. Méritaient-ils tout ce ressentiment pour cela ? Même s'il n'approuvait pas le comportement d'Eudes, il n'en était pas convaincu.

-Ce n'est jamais facile de garder un secret lorsque l'on croit avoir de bonnes intentions. Tes parents pensaient te préserver, tout comme moi j'espère préserver ceux qui m'entourent. Mais peut-être que je me trompe, moi aussi. Ce qui semblent être une bonne chose pour certains ne le sera pas aux yeux des autres. Au risque de me répéter : nous faisons de notre mieux, avec ce que nous sommes... en espérant bien faire. Mais personne n'est parfait...
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Louise de Fernel
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 20 Juin 2020 - 19:39


J’ai un rire cynique avant de passer une main sur mon visage, déboussolée comme jamais encore je ne l’ai été.

- Tout le monde ment, Aaron. Tout le monde.

Moi la première. Je n’ose lui révéler ce que je sais au sujet de mon père. Tout comme je n’ose lui faire part de ce que je ressens quand il met en pratique tous ces mécanismes dont il use pour se rendre maître des Ombres. C’est une chose que je connais peu, et très très mal. Cela aurait du me mettre terriblement mal à l’aise et il n’en est rien. Au contraire. Cette électricité, ce frisson qui parcourt tout mon dos à chaque fois qu’il agite les Ombres m’annonce sa présence, bien avant qu’il ne soit physiquement présent à mes côtés ou dans la même pièce que moi. Je trouve cela absolument fascinant. Ce soir-là, sur ses genoux, j’ai pu voir toutes les ombres danser autour de lui, autour de nous, et ce spectacle avait aidé à mon apaisement. Je me sentais en parfaite sécurité, autant parce que j’étais avec lui que parce que j’avais l’impression que toutes ces ombres dansantes pouvaient en un instant se transformer en immense tentacules prêtes à maîtriser quiconque m’aurait voulu du mal. Et pourtant…Les Ténèbres sont si…terrifiantes. Je ne trouve pas mes mots, je ne parviens pas à expliquer, donc je me tais. Tout ce que je sais, c’est que ça me plaît au lieu de m’effrayer. Peut-être ne suis-je pas tout à fait normale, finalement…Peut-être suis-je déviante, en plus d’être une gamine sans cervelle, comme l’a dit Geoffroy…Qui peut le dire ? Pas moi en tout cas…

- J’aimerais tout simplement vivre sans devoir me demander si on me ment ou pas...C’est fatiguant. Mais je présume que, comme tu me l’as déjà dit, tout cela s’apprend grâce à l’expérience…

Un rire plein d’ironie s’extirpa de ma gorge.

- Et on ne me les a pas permises, ces expériences…A aucun niveau. Et regarde où j’en suis. Il y a de quoi devenir folle. Donc je dois partir de zéro, en remettant toujours tout en question. Tout le temps. Je voudrais bien pouvoir passer une nuit sans devoir me réveiller en sursaut, ou en sueur, ou parce que des idées parfaitement saugrenues me passent par la tête…Je compte demander à mon père de me donner quelque chose qui me fera dormir. Il l’a déjà fait, il peut bien recommencer, si je le lui demande après tout…

J’ai alors un regard totalement résigné pour Aaron, regardant ses bras avec envie sans oser faire un pas de plus pour venir m’y réfugier. Il a des choses à me dire mais n’y parvient pas pour des motifs obscurs, des secrets. J’ai des choses à lui dire mais je n’y parviens pas non plus par respect, parce qu’il a besoin de temps. Tout me semble voué à l’échec ce soir, tout me semble noir et obscur, je ne parviens pas à remonter la pente et à voir un peu d’optimisme…

- N’en parlons plus. Je ne suis pas de bonne compagnie ce soir, je ne suis bonne à rien, pas même à tenir une vraie conversation.

La vérité, c’est que je donnerais cher pour qu’il n’y ait plus tous ces secrets entre nous. Pour qu’il n’y ait rien de plus qu’une vie sans nuages et sans problèmes, une vie heureuse. Je ne suis pas heureuse. Ce matin, je l’étais. Ce soir, je ne le suis plus. Les seules choses auxquelles je m’accroche sont les paroles douces, les regards tendres et les sourires magnifiques d’Aaron, tout comme je m’accroche à la voix de mon père et à ses conseils, sa présence. J’ai besoin d’eux à mes côtés, tout le temps.

- Personne n’est parfait, tu as raison. Moi la première. Là, alors que mon château est en alerte, j’ai juste envie de m’enfuir à nouveau, plus loin. Et quand j’y pense, je me dis que je suis égoïste et vaine. Mon esprit en ce moment, c’est cela. Des désirs toujours contrecarrés par des situations objectives. Intolérablement objectives. Il n’y a plus que le devoir, il n’y a plus rien d’autre. C’est fatiguant. Je n’ai pas pu toucher un pinceau depuis des jours et pourtant j’ai des portraits à figer sur la toile…

Ma mère, Claude, mon père et Aaron. Il faut que j’y attelle rapidement surtout en ce qui concerne ma mère et Claude. J’aimerais transposer mes souvenirs agréables, et pas cette chair gonflée et vert de gris, cette mâchoire ouverte. J’aimerais illustrer cet homme qui m’a émue cette soirée-là, grâce à sa voix et à sa chanson. Quand vais-je pouvoir y parvenir…

- Et à nouveau…je pense à mes désirs, mes loisirs, au lieu de penser à ce qui se trame ici. Je suis…une vraie cause perdue d’avance. Je me désespère moi-même, j’ignore comment tu parviens à toujours rester positif.

Je finis par regarder le sol, et par passer à nouveau une main sur mes yeux.

- Désolée, ce n’est pas vraiment ma meilleure soirée. Pardon d’être aussi désagréable.
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeSam 20 Juin 2020 - 21:01

Alors qu'il se serait attendu à un refus catégorique de Louise concernant le fait que ses parents étaient des gens biens malgré ce qu'elle avait appris ces derniers jours, Aaron fut surpris par la réaction de la jeune femme. Il en conclut qu'elle avait des secrets, elle aussi. Des choses qu'elle ne pouvait visiblement pas avouer. Pas même à lui. Mais peut-être était-ce de sa faute. Il avait évoqué lui-même le fait de ne pouvoir s'ouvrir tout de suite. Alors sans doute gardait-elle pour elle ce qu'elle avait en tête.
Quoi qu'il en fut, ils se connaissaient depuis si peu de temps... Et leur relation commençait seulement à évoluer. Il était normal qu'elle ne lui dise pas tout et puis, elle ne le lui devait pas. Aussi ne s'offusqua-t-il pas le moins du monde d'apprendre qu'elle gardait une part d'elle cachée, même si, étant donné la façon dont elle avait déclaré que tout un chacun mentait, les non-dits de Louise semblaient difficiles à confier .

Puis elle revint sur ses compétences en tant que Dame de Fernel et ses désirs qu'elle voulait pouvoir assouvir mais pour lesquels elle était toujours empêchée par quelque chose. D'ailleurs, elle l'avait encore regardé avec cette envie de se jeter dans ses bras et s'était retenue. Les derniers jours avaient été si intenses qu'elle n'avait pas pu s'accorder beaucoup de temps pour elle. C'était lui qui lui avait imposé de se prendre quelques heures pour faire ce dont elle avait envie, la tentant avec une petite sortie à cheval... Lui qui lui avait rappelé son existence et le rôle qu'il était censé jouer auprès d'elle. Lui qui lui avait conseillé de parfois penser un peu plus à elle pour ne pas sombrer.
A l'écouter, cela faisait beaucoup de choses sur lesquelles discuter mais il réalisait surtout que Louise était moralement abattue, ce qui était tout à fait normal. Ils auraient le temps de reparler de tout cela à tête reposée, de travailler ensemble, d'apprendre à se répartir les tâches. Et il n'oublierait certainement pas de lui prévoir un peu de temps pour elle. Il n'avait pas l'intention qu'elle continue à gérer son domaine depuis son écritoire jusque tard dans la nuit. Il veillerait à ce qu'elle profite désormais de ses soirées pour faire ce qui lui plaisait.

Quant au reste...

Aaron prit délicatement les mains de Louise et mêla ses doigts aux siens. Son regard était toujours attristé mais il était redevenu bien plus doux, la couvant de tendresse.

-Je n'ai pas l'intention de te mentir pour toujours. Lui assura-t-il de nouveau. Et j'espère qu'un jour tu te sentiras suffisamment à l'aise avec moi pour tout me dire à ton tour. Je peux en entendre bien plus que tu ne le crois. Conclut-il en étirant un sourire rassurant.

A vrai dire, il l'avait déjà prouvé aujourd'hui. Il avait entendu un besoin de vengeance, vu le résultat de la violence gratuite, perçu des cris déchirant dans le noir, évité un couteau qui cherchait son estomac... Et pourtant, il était toujours là, solide et constant, si ce n'était cette vague de culpabilité qui l'avait envahi quelques instants plutôt alors qu'il réalisait qu'il n'était pas si différent des autres pour Louise avec tous les mensonges qui avait parsemé sa vie... Pourtant, elle ne semblait pas lui en tenir rigueur. Elle s'excusait même de son humeur... Ce qui le fit sourire tendrement. L'amour, ce n'était pas seulement se tenir aux côtés de l'autre dans les bons jours... Mais aussi savoir rester dans les mauvais.

-Et en ce qui nous concerne... Il lâcha ses mains pour remonter le long de ses bras avant de l'attirer à lui d'une légère pression pour la prendre dans ses bras. Puis il lui susurra quelques mots. Arrête de te restreindre sur des étapes que j'ai déjà franchi.

Il comprenait qu'elle voulait respecter son besoin de prendre son temps mais il était assez grand pour lui faire savoir si elle allait trop loin. En l'occurrence, des étreintes, il était prêt à lui en procurer autant qu'elle le voudrait. Surtout dans une période pareille. Il demeura ainsi quelques instants, allant jusqu'à poser sa tête sur la sienne, puis, sans se détacher d'elle d'un millimètre, il rompit le silence qui commençait à s'installer.

-Arrêtons de parler de tout ça pour aujourd'hui. Dis-moi de quoi tu as envie. Qu'est-ce que tu aimerais faire, là, maintenant ?
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 21 Juin 2020 - 5:58


Les contacts désintéressés et sincères sont rares en ce monde. Ils sont rares, quand ils me sont destinés. Rares et précieux, car personne ne s’autorisait vraiment le moindre élan du cœur avec moi. Pas même ma mère qui restait toujours digne et pleine de leçons à me donner. Lorsque Aaron noue ses doigts aux miens alors même que je suis au plus bas, cela me remplit de stupeur tout comme cela initie un frisson agréable dans mes épaules. Je ne peux m’empêcher de regarder nos doigts entrelacés, assouvissant une passion secrète pendant de longues secondes, tout en caressant sa peau de mon pouce, pensive.

Dans mon boudoir, il n’y a pas que des portraits. Il y a aussi des études. Des études de cette partie du corps qui est à mon sens bien plus intense que le regard. Des études de mains, toujours les mêmes, celles que je pouvais observer sans être vue : celles de mes serviteurs, souvent rougies par les travaux quotidiens et le froid, celles de mes gardes, rudes, veineuses et toutes en angles, celles de mes parents, soignées, lisses et belles. J’ignore d’où me vient cette passion pour cette partie du corps somme toute assez banale aux yeux de la plupart des gens. Peut-être est-ce parce qu’elle est le vecteur de toutes les émotions, le meilleur adjectif aux mots qu’on prononce, parce qu’elle peut parler sans être pourvue de langue. On peut tout dire avec nos mains.

Les mains d’Aaron paraissent immenses dans les miennes. Il possède de longs doigts hâlés, à la peau un peu rugueuse et sèche sur la pulpe mais toute douce là où je suis en train de caresser avec un sourire léger, dans ce pli formé par le pouce et l’index. Et comme à chaque fois que j’observe des mains, je m’interroge. Ces mains-là ont vécu au moins deux vies. Elles sont douces et pourtant affirmées dans leurs gestes, patientes et tranquilles sous les miennes. L’image soudaine d’un souvenir s’impose alors à mon esprit, avec un petit sourire amusé.

Il y a de cela quelques années, le gros chien qui accompagnait les gardes sur le chemin de guet n’avait plus paru durant deux jours. Il avait été retrouvé dans les écuries, roulé en boule, énorme bête à l’allure féroce, protégeant…un chaton. Mère m’avait rapporté la chose, et j’avais couru, en petite robe, les cheveux lâchés, impatiente, afin de rencontrer ce petit chat. Je me rappelle cette petite boule aux poils hirsutes de jeune chaton qui sautait sur le chien de manière à atteindre ses oreilles, mordillant de tous ses petits crocs un molosse totalement indifférent mais qui le rappelait tranquillement à l’ordre et au calme d’un geste de sa grosse patte. Et ce soir, j’ai l’impression d’être ce petit chat, un petit chat agité qui ne sait pas mordre et qui est apaisé par un geste initié par une grande main douce et attentive. Je tais cette comparaison à Aaron, évidemment, mais en mon cœur c’est un peu ce que je ressens alors qu’il prend mes mains. Un apaisement immédiat.

- Il y aura des choses à dire mais…cela ne sera pas facile. Parce que rien ne l’est jamais.

Par chance, si je ne parviens pas à exprimer ce que je ressens comme tout le monde, Aaron, lui, a parfaitement compris mon besoin et y répond avec une douceur et une tendresse qui lui sont propres. Comme dans cette caverne, avec un peu plus d’assurance cette fois, je me blottis contre lui, les yeux fermés, n’hésitant pas cette fois à nouer mes bras autour de sa taille. A ce moment précis, le reste du monde peut bien s’écrouler que je ne bougeais pas d’un centimètre.

- Laisse-moi le temps de me faire à cela. Prendre sans demander est une chose à laquelle on ne m’a pas habituée…Et je n’ose jamais demander, de peur qu’on refuse…

Un silence vient de s’installer, un paisible calme nous entoure, totalement salutaire. Tout ce que j’entends, c’est le bruit de son cœur qui bat. Une douce mélodie pourtant interrompue par une question qui me fait rouvrir les yeux. Ce que J’AI envie de faire là tout de suite ?

Avant de répondre, je préfère baisser les paupières et laisser mon imagination prendre le relais. Nous serions revenus quelques instants auparavant, lorsque nous étions debout devant les flammes de l’âtre, nos mains posées sur la joue de l’autre, lorsqu’il s’est approché pour poser son front contre le mien, si près que j’ai senti mon cœur s’emballer à une vitesse effrayante. Il n’aurait pas rompu le contact. Il m’aurait enlacée avec tendresse, avant de blottir une main dans ma chevelure pour relever mon visage vers le sien, j’aurais probablement souri, timidement, le regard luisant de joie et de bonheur. Il se serait penché en douceur, pour faire courir un souffle chaud sur mon visage et, après d’infinies prévenances, apprivoiser mes lèvres d’un baiser délicat et subtile, un de ces baisers dont les ménestrels parlent dans leurs chansons, un baiser dont j’ignore tout…Voilà de quoi j’ai envie. Voilà ce que j’aimerais faire, là, tout de suite.

Hélas, il est absolument hors de question de seulement l’évoquer. Alors je ne réponds rien, je me contente de rester là dans ses bras, pour profiter d’un peu de chaleur humaine. Et rien de plus. Ce n’est qu’après de longues, très longues secondes que je murmure, totalement résignée, ce souvenir imaginaire rangé dans un tiroir secret de ma mémoire :

- Dormir.

Mon besoin immédiat est là. Dormir. Parce que je sais que demain sera difficile, tout comme les prochains jours. Je n’ai de toute façon ni l’envie ni la force de faire quoi que ce soit d’autre.

- Je voudrais dormir sans être hantée…Dormir en paix.

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Aaron Kolhe
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 21 Juin 2020 - 18:53

Aaron aurait pu lui dire que jamais il ne lui refuserai quoi que ce fut mais il s'abstint. Il y avait des choses qu'il ne pourrait pas accepter. Pas tout de suite. Même si l'envie ne lui faisait pas défaut. Alors il ne dit rien, repoussant cette déclaration à plus tard. Car viendrait un jour où il ne saurait plus lui refuser les marques d'affection dont elle aurait besoin. Parce que toutes les étapes seraient franchies.

Mais ce n'était pas pour ce soir.

Le silence qui suivit sa question l'intrigua mais il laissa à Louise le temps dont elle avait besoin pour lui répondre. Il n'imaginait pas ce qu'il lui trotta dans la tête et qui faisait si bien écho à ses propres désirs. Cette soirée étaient riches en émotions, aussi bien mauvaises que bonnes. Malheureusement, les sentiments heureux ne pouvaient dépasser les émotions négatives au point de les effacer. Tout juste pouvaient-ils les repousser suffisamment pour les faire oublier pendant un temps. Et, dans ses bras, la belle brune semblait s'en écarter un peu.
Finalement, la Dame de Fernel lui déclara avoir besoin de dormir avant de lui préciser qu'elle voulait des rêves paisibles et non pas ce qui la hantait ces derniers temps. Aaron ne sut pas tout de suite quoi lui répondre. Il ne pouvait décemment pas la garder contre lui toute la nuit. Pas si tôt. Pas avec tous les serviteurs et les gardes qui l'avaient vu entrer ici. On saurait alors aussitôt ce qui les unissait et les bruits courraient bien vite. Il ne fallait pas donner aux ennemis de Louise une bonne raison de la faire destituer de son titre.

Le désir de Louise lui sembla bien modeste mais il ne prit pas la peine de l'évoquer. Elle n'avait manifestement pas envie de lui dire ce qu'elle avait réellement eu en tête. A moins qu'elle ne pense une confession inavouable mais, puisqu'elle n'était pas habituée à demander ce qu'elle désirait, il pencha plutôt pour de l'autorestriction, une fois de plus. Il comprenait donc qu'il aurait du travail pour parvenir à la détendre sur ce sujet et qu'elle se laisse un peu plus aller avec lui. Il ignorait jusqu'où leur relation irait mais le simple fait de vouloir la tenter supposait qu'ils puissent tout se dire... Et notamment par rapport à leurs envies.
Aaron la conserva dans ses bras un moment sans rien dire, réfléchissant. Il ne pouvait décemment pas partir et la laisser entamer sa nuit sans plus autre chose que cette étreinte pour la relaxer. Quelques idées lui vinrent en tête afin de l'aider à trouver le sommeil sans qu'elle ait besoin des plantes de son père mais il peinait à trouver quelle était la meilleure. Finalement, il desserra son étreinte et se détacha légèrement de la jeune femme. Il chercha ses yeux et caressa sa joue du revers de ses doigts.

-Je ne suis pas herboriste mais j'ai d'autres talents qui ont l'air de fonctionner sur toi. Dit-il en étirant un sourire malicieux sur ses derniers mots. Je peux essayer si tu veux. Va te changer pendant que je nous prépare ça.

Le quarantenaire regarda la jeune femme s'éloigner durant quelques instants avant de finalement se mettre à l'ouvrage. Il retira sa veste, la posant sur le dossier de l'une des chaises, puis commença à raviver le feu en y replaçant quelques morceaux de bois. Ensuite, il se dirigea vers ce qui servait de bureau à la Dame de Fernel et commença à le débarrasser de tout ce qui l'encombrait.
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeDim 21 Juin 2020 - 19:40


Il rompt l’étreinte, cherchant à capter mon regard tout en caressant ma joue. Dommage…Je serais bien restée là, entre ses bras. Quoiqu’il en soit, Aaron a l’air d’avoir une idée en tête, quelque chose qu’il maîtrise et dont il veut me faire profiter.

- D’accord…

Je le regarde se diriger vers les chaises et l’âtre, avant de disparaître derrière le paravent…Et de me retrouver totalement perdue, sur le point d’appeler une servante que je n’ai plus. Il me faut de l’aide pour me débarrasser du laçage dans le dos. Une petite panique m’envahit, alors que je me contorsionne dans tous les sens pour atteindre ce lacet de velours noir qui maintient le corsage en place sur mon corps. Impossible de l’atteindre, même en y mettant toute ma meilleure volonté. Je risque de déchirer ma robe, de faire tomber le paravent, de faire tellement de bruits qu’Aaron va finir par s’inquiéter.

Je n’ai pas vraiment le choix et j’en suis déjà rouge d’embarras. Comment lui demander ça, alors que je n’ose même pas demander une toute petite étreinte de rien du tout ? Que va-t-il penser de moi ? Il pourrait imaginer qu’il s’agit là d’un vil subterfuge de fille afin de le faire tomber dans un piège, il pourrait songer que je cherche à le séduire, bref, il pourrait tour imaginer, alors que je n’ai besoin que d’un coup de main pour extirper le lacet coincé au milieu de mon dos pour en dissimuler l’excédent. Il me faudra de longues secondes d’indécision avant d’oser :

- Aaron…Pardon…Je ne sais pas comment demander ça…C’est terriblement embarrassant…

Je passe la tête depuis l’arrière du paravent pour attirer son attention, rouge jusqu’ à la racine des cheveux.

- Le lacet est coincé au milieu de mon dos, sous une patte de tissu…Est-ce tu pourrais… ?

Je soupire avant de fermer les yeux et de réintégrer l’arrière du paravent, tout en rongeant l’ongle de mon pouce, sur des charbons ardents. Je lui ai promis de lui laisser du temps et je me retrouve à lui demander de m’aider à me déshabiller. Même moi j’ai du mal à croire à ma sincérité, c’est dire.

- Je t’assure que je ferais bien autrement si je le pouvais mais…je n’ai plus de camériste. Elle est avec les gardes en ce moment même….hem…Si ça t’ennuie, ne viens pas, je ne veux pas te mettre mal à l’aise…

La main plaquée sur mon visage, l’autre sur ma hanche, je me désespère toute seule derrière mon paravent. Est-il possible d’être aussi empotée…

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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 22 Juin 2020 - 9:41


Aaron s'arrêta en entendant son nom et étira une oreille vers Louise. A sa seule façon de l'appeler, il comprit que quelque chose n'allait pas. Il écouta alors sa fameuse requête et étira un sourire à la fois tendre et amusé. Elle se figurait sans doute qu'elle lui demandait l'impossible ou qu'il allait se faire des idées, mais pas du tout. Même si cela faisait longtemps, il se souvenait de l'angoisse de la première fois, et plus particulièrement de celle d'Eloïse. Les choses étaient toujours différentes pour les femmes au début. Il n'imaginait pas une seule seconde qu'elle voulait autre chose de lui qu'une simple aide.

A peine eut-elle achevé sa phrase que deux mains se posèrent avec délicatesse sur les bras de la demoiselle. Il avait approché si silencieusement qu'elle ne l'avait pas entendu approcher. Puis il prit les doigts de la belle dans les siens pour dégager son visage et trouver ses yeux avant de lui parler d'une voix douce.

-Tout va bien. Lui assura-t-il. Puis il l'invita à se retourner, l'accompagnant de ses mains. Lorsqu'elle lui présenta son dos, il écarta le petit morceau de tissu et examina ce qui se présentait devant lui. Le laçage était un peu plus complexe que ce à quoi il avait pu être habitué mais la robe était un peu plus sophistiquée aussi. Après une étude assez rapide, ses doigts se mirent en mouvement. Il dénoua d'abord l'attache puis desserra les lacets avec soins. Après un petit moment, il posa de nouveau ses mains sur les bras de Louise afin de lui faire savoir qu'il avait fini et qu'il allait s'éloigner de nouveau.

Aaron sortit de derrière de paravent et retourna vers le bureau. Il acheva de retirer les quelques papiers qui demeuraient encore sur la surface puis il déplaça le meuble vers les chaises. Là, il le bascula avant d'entremêler les pieds de la table avec eux des sièges, formant ainsi un large dossier. Il chercha ensuite tout ce qui pouvait apporter du confort à l'ensemble : coussins, oreilles, traversins... Puis il s'assit sur cette banquette improvisée devant l'âtre et sortit sa flûte. Des coussins calés entre le bureau et son dos, il commença à jouer un petit air doux qui se mariait à merveille avec le son métallique de l'instrument.
Lorsque Louise s'approcha pour découvrir sa petite installation, il interrompit son morceau et leva la tête vers elle.

-Je n'ai pas le génie d'Efren pour les inventions mais j'espère que ça te conviendra tout de même. Je remettrai tout en place avant de partir.
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 22 Juin 2020 - 11:58


Lorsque j’ai reçu l’aide de celui qui n’était encore que le palefrenier de l’auberge, alors qu’il m’aidait à ôter cette botte récalcitrante, j’avais été gênée au-delà de toute expression. Je retrouve un peu de cette sensation alors qu’il prend mes doigts pour les nouer aux siens tout en m’assurant que tout va bien. Il n’a pas l’air offensé, il n’a pas l’air embarrassé, lui, ce qui me trouble plus encore que mon propre embarras. C’est une chose d’enlever une botte sur le pas d’une porte, c’en est une autre de délacer un corsage dans la chambre d’une demoiselle, même si elle a tout l’apparat d’une chambre seigneuriale.

Aucun homme n’a jamais posé sa main sur ces lacets, et, dos tourné, je ne sais pas trop ce que je ressens, perdue en quelque chose qui semble terriblement plaisant et sincèrement effrayant à la fois. Heureusement, Aaron ne dit rien, il se contente de faire juste ce qu’il faut afin de libérer doucement mon corps de cette étreinte et s’éclipse sans faire le moindre commentaire. Je reste donc là, ébahie, les joues toutes rouges, prenant le temps de respirer profondément avant de tirer sur le lacet défait et de faire glisser la robe jusqu’au sol, me retrouvant enfin en chemise. Une chemise fine. Je ferme les yeux et me pince l’arrête du nez, fatiguée. Vu la finesse du tissu, autant ne rien porter du tout. Je cherche alors du regard quelque chose qui couvrira au moins le dessus de mon corps, afin d’éviter toute traîtresse  transparence et avise le drap de mon lit, là bas, à défaut de trouver ma robe de chambre.

A la vitesse de l’éclair, je me précipite vers mon lit pour en extraire le drap et retourne derrière le paravent. D’un geste lent, j’ôte les quelques accessoires qui retiennent ma chevelure et laisse les boucles rouler en cascade sur mes reins avant de me draper de cette couverture que je retiens d’une main sur ma poitrine. Ma chemise s’arrête à mes chevilles, le drap touche le sol, il n’y a rien qui pourrait mettre à mal la décence, si ce n’est évidemment la tenue en entier et la coiffure qui n’en est plus une. Prenant une inspiration, je laisse ma tête passer à nouveau depuis l’arrière du paravent, et sors enfin de là, toute vêtue de lin beige. Mes pieds nus écrasent avec délice les tapis, j’adore faire jouer mes orteils sur les boucles douces, d’ordinaire mais là…J’avance sans rien dire, observant ce que Aaron a mis en place au lieu de le regarder lui. Je n’ose pas. Par contre, j’écoute ce qu’il joue, avec ravissement. J’aime tellement la musique…Il s’interrompt à mon approche.

- C’est probablement la meilleure idée du soir…

Sans dire un mot de plus, sans aucun cérémonial, je prends place à ses côtés, prenant appui contre un des oreillers disposés là, assise, et demande, d’une voix douce :

- Est-ce que tu peux reprendre là où tu en étais ?

Replaçant une boucle rebelle derrière mon oreille, je le regarde lui, enfin, puis toute cette installation qu’il a mise en place pour instaurer une ambiance douce et apaisante dans cette chambre. Cela me touche à un point qu’il ne peut probablement pas soupçonner. C’est une attention simple, quelque chose qui me va droit au cœur. Repliant mes jambes contre moi sous l’ample chemise qui me couvre, je noue mes bras autour d’elles et pose ma tête sur mes genoux, prête à l’écouter de nouveau, restant à un petit pas de lui pour ne pas le gêner dans son interprétation.

- Où as-tu appris à jouer ?, demande-je d’une voix douce.

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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 22 Juin 2020 - 19:33

A la demande de Louise, Aaron reprit son morceau, revenant légèrement en arrière pour réaliser un couplet entier. Lorsqu'il jouait, il semblait si paisible. Son esprit ne pensait plus à rien d'autre qu'à la mélodie qu'il interprétait. Ses yeux se portaient soit sur les flammes, soit sur sa flûte. Normalement, ce type d'instrument était en bois mais pas le sien. Cela lui donnait un son unique et si clair...
Alors qu'il finissait de jouer sa dernière note, la belle l'interrogea et il tourna son visage vers elle, laissant ses mains redescendre sur ses jambes. Il prit seulement le temps de remarquer qu'elle s'était parée d'une couverture avant de le rejoindre. Avait-elle froid ou honte ? Peu importait, il ne prendrait pas le risque de lui poser la question. Le but n'était pas de la mettre mal à l'aise s'il s'agissait de la seconde option -ce qui ne le surprendrait guère-.

-Ma mère m'a appris quelques bases quand j'étais enfant. Je me suis perfectionné tout seul avec les années. Je trouve cela apaisant et ça me vide la tête.

Aaron admira la jeune femme quelques instants. Recroquevillée ainsi sur elle-même, elle lui semblait soudain si fragile... Elle abandonnait enfin sa posture noble et digne dont elle avait toujours usée avec lui jusque là. Comme si le fait d'avoir retiré son costume de Dame avait libéré celle qui se trouvait dissimulée à l'intérieur. Et il trouvait cette femme-là d'autant plus belle. Parce qu'elle était elle-même, tout simplement.
Il plissa finalement les yeux, faisant semblant de l'accuser.

-J'ai cru comprendre que tu peignais. Est-ce qu'une de tes œuvres décore ce château ? Demanda-t-il en cherchant des toiles sur les murs, se demandant si l'une d'elles avait été réalisé de sa main. Malheureusement, Louise lui répondit par la négative. Il eut alors une moue déçue. Tu penses que je pourrais en voir une un jour ? Demanda-t-il tendrement. Il ne voulait pas la forcer mais il aurait été très touché si elle acceptait.
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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeLun 22 Juin 2020 - 21:20


La mélodie est douce. Si douce…Le son vibrant et pur de cette petite flûte s’élève dans la pièce, dans une atmosphère calme et propice à la détente. Attentive, je l’observe jouer, je l’observe lui et ne peux m’empêcher de sourire. Il est beau. De cette beauté intérieure qui illumine un être bon et doux, plein de force tranquille. J’observe les traits réguliers de son visage, le velours de ses yeux, ses longs doigts posés sur le petit instrument, des mains que je pourrais reproduire sans le moindre problème, désormais. C’est fascinant de les voir en mouvement, d’observer les longs doigts progresser sur la flûte, avec agilité et rigueur. C’est fascinant d’être là et de pouvoir assister à cela, en toute simplicité, en chemise. Mon cœur déborde de sentiments en cet instant-là. Des sentiments que je tais pour ne pas le mettre mal à l’aise. Tout au plus m’autorise-je à l’approcher, pour combler le vide entre nous.

- J’aurais bien aimé apprendre à jouer d’un instrument de musique moi aussi.

Il me regarde un instant, je lui rends son regard avec un sourire, pensive, silencieuse, avant de répondre à sa question.

- Je peins, oui, quand j’en ai le temps. Les visages des personnes qui m’ont laissé une forte impression, celles qui comptent dans ma vie. Pour parvenir à reporter les proportions, j’ai une technique bien à moi qui a fait ses preuves…Je prends le visage de mes sujet d’étude entre mes mains et je laisse mes doigts enregistrer ce qu’il faut que je retienne pour transposer les traits sur un support…

Peindre le portrait de mon père et celui de ma mère ne sera pas un problème. J’ai pris leur visage dans mes mains et ai imprimé dans la pulpe de mes doigts toutes les informations dont j’ai besoin. Peindre les portraits de Claude et d’Aaron sera compliqué. Le premier est loin et je ne le reverrai sans doute pas avant un long, très long moment. Quant à Aaron…J’ai à peine touché sa joue tout à l’heure, cela ne sera guère suffisant.

- Je dessine des mains aussi…mais…Je n’ai jamais montré ce que je fais à qui que ce soit. Tout est rangé dans une petite pièce qui m’est réservée à l’étage. C’est juste un réduit rempli de toiles et de planches de bois peintes…Peut-être que je te montrerai tout ça un jour, oui…


Un bâillement étire alors mon visage sous ma main. Je suis tellement fatiguée et j’ai tellement peur de m’endormir…Peur d’être à nouveau hantée par ce que j’ai entendu…J’ai une hésitation, puis approche encore de lui pour venir me blottir dans le creux de son bras, gardant la couverture tout contre moi afin qu’il ne voie rien, pas même un bout d’épaule. J’ai besoin de cela, plus que jamais. Aussitôt, je dis, dans un souffle :

- Je peux rester là ?

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MessageSujet: Re: [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron   [Fernel] La nuit après la tempête | Louise & Aaron I_icon_minitimeMar 23 Juin 2020 - 20:25

Aaron étira un sourire doux et pensif. La façon dont Louise procédait n'était pas sans lui rappeler celle de son fils. C'était le meilleur moyen pour lui de se rendre compte des volumes et des proportions d'un objet. Pour les visages, il s'était entraîné sur lui à plus d'une occasion, essayant de dessiner ses traits à partir de ce que ses doigts ressentaient. Cela lui avait pris du temps pour y parvenir tandis que la jeune femme le faisait apparemment naturellement. Il remarquait qu'elle n'avait jamais pris les mesures de son visage... Peut-être n'avait-elle pas osé, ce qui ne serait guère étonnant.
Cependant, il ne posa pas la question et laissa la demoiselle continuer. Personne n'avait jamais vu ses œuvres. Il espérait qu'elle lui ouvrirait un jour ce petit réduit qui lui servait de bulle d'intimité. Ou, si sa présence n'était pas souhaitée dans cette pièce rien qu'à elle, il aimerait au moins qu'elle en extrairait une de ses toiles afin de la lui montrer.

Louise s'approcha pour venir se blottir contre lui et il l'accueillit avec étonnement et satisfaction. Ses yeux pétillants la regardèrent faire sans s'opposer le moins du monde. Il était surpris qu'elle se laisse aller à venir chercher une étreinte alors qu'ils se trouvaient dans pareille posture mais il en était ravi aussi. A croire qu'elle avait subitement changée, à moins que ce soit encore l'effet de la robe absente. Toujours était-il qu'il l'enveloppa bien volontiers de son bras. Puis il lui répondit dans un murmure.

-Autant que tu le voudras.

Il aurait bien ajouté sur le ton de l'humour qu'il ne pourrait plus jouer de cette manière mais il s'abstint. Louise était fatiguée et avait besoin de dormir. Il ne voulait pas prendre le risque de l'éveiller, ne serait-ce qu'un peu. Dans un ultime effort, elle lui demanda de rendre les clefs à Jacques lorsqu'il repartirait. La main libre d'Aaron vint alors se poser sur son visage, caressant une fois encore sa peau et ses cheveux. Il l'apaisa d'une voix douce, l'invitant à sombrer doucement dans le sommeil.

-Chhhht... Arrête de réfléchir. Contente-toi d'être là, avec moi.

Puis il déposa un baiser sur son front dans un geste tendre. Que son esprit sombre, il veillerait sur elle aussi longtemps qu'il le pourrait. Puis, lorsqu'elle serait profondément endormie, il la soulèverait avec délicatesse pour la porter jusqu'à son lit et la coucher sans lui ôter cette couverture qui la protégeait. Après quoi, il rangerait silencieusement tout ce qu'il avait mis en désordre, faisant en sorte qu'il ne reste plus aucune trace de sa venue. Enfin, il sortirait, les clefs des geôles dans la poche afin de les rendre à leur gardien... et sa flûte oubliée sur une chaise ouvragée.
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