Quand sa Princesse lui revient, le Chevalier triomphe ~ Clémence Hadjaoui

Les doigts d'Andran revinrent au contact de sa peau dans une caresse d'une infinie douceur et elle ferma les yeux. Jamais encore on ne l'avait touchée de la sorte. Certains avaient bien essayé de la rendre participante dans les ébats auxquels elle avait été contrainte mais ils n'avaient eu que peur et paralysie pour toute réponse. Ce soir, c'était différent, même si la jeune femme ne réalisait pas tout à fait ce qu'il se passait en elle. L'angoisse était toujours là mais elle la sentait s'atténuer progressivement, étouffée par d'autres émotions. L'amour, la curiosité, le plaisir... et aussi quelque chose de plus difficile à décrire, telle une faim insatiable. Cette même faim qui l'avait poussé à demander à son compagnon de poursuivre ses attentions.

Le souffle du chevalier faisait imperceptiblement bouger ses cheveux et courrait sur sa nuque. Ses mains la caressaient avec plus d'assurance, se faisant même un peu plus aventureuses en s'arrêtant sur ses hanches dénudées. Puis, ses lèvres se posèrent sur sa peau et la respiration de Clémence se suspendit, de surprise et de peur. Il réitéra son geste et elle se libéra d'un discret soupir. C'était... inattendu... et si agréable. Il continua de l'effleurer de sa bouche tandis que ses gestes dans son dos se faisaient plus appuyés, d'une manière qu'elle ne connaissait pas mais qui rendait ce moment plus intense.
Peu à peu, la belle métisse perdit la maîtrise de sa respiration. Son souffle se fit lentement plus ample et plus profond en même temps. Les paupières toujours closes, elle profitait de chacune des attentions de l'Andran. Elle en oubliait où ils se trouvaient et même la tenue plus qu'indécente qui était la sienne à cet instant. Tout cela n'avait plus d'importance. Seul comptait l'instant présent, car malgré ses craintes, elle se sentait en confiance et... presque apaisée.

La voix de son chevalier vint frôler son oreille et elle tourna très légèrement la tête dans sa direction. Ce moment lui plaisait à lui aussi. Et elle était toute disposée à le laisser se poursuivre... Elle ne réalisait même pas à quel point c'était surprenant de sa part. Mais l'envie de ne pas voir ces doux contacts disparaître était plus forte que sa raison pour l'instant.

-Alors n'arrêtez pas, mon amour... Souffla-t-elle.

A ses mots, une main se leva pour venir trouver l'arrière du crâne de son compagnon, ses doigts disparaissant dans ses cheveux, l'invitant à rester là et à continuer encore. Se faisant, un des pans de son corset ne se trouvait plus maintenu contre elle et tomba vers l'avant. S'il ne pouvait le voir, Andran comprendrait bien vite en parcourant le dos de la belle de l'un de ses flancs était désormais exposé et accessible à ses doigts. S'il partait en exploration de ce côté, il pourrait caresser sa taille et la naissance de son ventre. S'il remontait, il trouverait également une forme plus arrondie, inaccessible... hormis son contour extérieur.
Emportée par la beauté de ce moment, Clémence pourrait permettre au chevalier de glisser sa main sur le flanc encore caché par le corset et desserrant son bras. Sa main sur son buste maintenait encore fermement le reste du vêtement en place... Pour l'instant.

Continuant à masser sensuellement le dos de sa belle compagne, Andran sentit sur ses cheveux la main douce de Clémence. Il ne pensait pas qu'elle serait si réceptive à ce qui devenait de plus en plus érotique, et qu'elle l'inviterait à le poursuivre, tant par les mots que par les gestes. Le chevalier, soulagé, exalté, élargit son sourire, et répliqua par une nouvelle série de doucereux baisers sur le cou et sur l'épaule. Toutes ses craintes disparaissaient, emportées par le plaisir que procurait cet instant voluptueux. Clémence s'offrait toujours plus à lui, ouvrant des vannes qu'elle avait décidé de fermer depuis longtemps.

Mais, durant ses caresses et ses massages, Andran n'avait pas pensé, au départ, au fait que la main de Clémence avait desserré son emprise sur le corset qui couvrait son corps. Il ne le comprit que lorsque ses doigts sentirent une nouvelle ouverture dans laquelle il n'hésita pas à s'engouffrer de sa main droite, tandis que la gauche poursuivait ses caresses sur son dos. Du bout des doigts, le chevalier s'aventura vers le flanc désormais dénudé de la jeune femme, effleurant son nombril, sans dépasser la limite fixée par sa taille. Comme pour son dos, il commença par le bout de ses doigts avant de les substituer par sa paume, pour décupler les sensations. Par la suite, sa main s'aventura plus haut sur cette partie du corps que le chevalier n'avait pas encore exploré, bien qu'elle n'était pas très large, car le corset la couvrait encore. Il fut contraint de s'arrêter au niveau des côtes, et en dessous de ses aisselles, sur lesquels il continuait ses tendres caresses, ne manquant pas de revenir à ses flancs et son ventre. Sa main gauche continuait de parcourir son dos et ses omoplates, et ses baisers se faisaient toujours plus légers sur son cou, remontant progressivement vers sa joue afin de retrouver les lèvres de Clémence. Ses baisers devenaient des effleures qui se voulaient plus douces, mais également plus excitantes.

Andran, par ses caresses sentait qu'il n'était à un rien d'atteindre sa poitrine. Gêné parce qu'il savait que Clémence pouvait, à tout moment, être prise d'une crise de panique, Andran était excité et ressentait le profond désir de les toucher, de les voir, de s'aventurer vers ces endroits qu'il pensait si loin encore. Son cœur battait la chamade, rendant sa respiration beaucoup plus difficile, alors que son bas-ventre avait essayé, à de multiples occasions, de s'emballer. Le chevalier conserva le contrôle de ses pulsions les plus profondes, celles qui, pour l'instant, n'étaient pas de mise. Pendant ses longues et voluptueuses caresses, Andran, par moment, passa les doigts sur son corset, comme pour intimer subtilement Clémence de se laisser aller et de lâcher totalement la prise sur son habit. Il n'avait pas cessé ses baisers sur sa bouche, même si, désormais, ils se voulaient plus longs, plus passionnels, mais conservant une certaine douceur.

C'était si doux... Si agréable... Clémence se laissait aller à de plus en plus de soupirs alors que l'instant gagnait en volupté. Elle l'avait compris désormais. Cette faim qui lui tenaillait le ventre, cette envie de voir ces caresses s'éterniser et même aller plus loin, c'était du désir. Un désir charnel qu'elle découvrait avec le seul homme en qui elle avait suffisamment confiance pour cela. Un désir qu'elle ne pensait pas ressentir avant longtemps. Et auquel elle ne pensait pas se laisser avant bien plus de temps encore. Mais Andran était si doux, si patient, si... excitant... Il découvrait le corps d'une femme pour la première fois et il le faisait avec tant de délicatesse...

Le chevalier avait exploité tout ce qui était à sa portée. Chacun de ses gestes, jusqu'à ses baisers, s'étaient faits peu à peu plus sensuels et plus passionnés. Malgré les lèvres qui embrassaient les siennes avec langueur, la belle estrevine n'avait pas cessé d'exprimer son plaisir par le souffle. Maintenant, elle sentait les doigts de son compagnon qui s'attardait sur le bord de son sein. Elle sentait sa main sur son corset qui l'invitait à s'en défaire. Il n'avait pas besoin de mots pour lui faire comprendre ce dont il avait envie mais elle s'accrochait encore fermement, sous le charme mais toujours craintive. Ce bout de tissu barré de tiges de fer était la dernière chose qui couvrait la partie la plus intime de son buste.

Néanmoins, elle aussi était curieuse.
Elle aussi voulait aller plus loin.
Alors, elle fit un compromis.

La main brune sur le corset se referma très lentement et prudemment en un poing, attirant avec lui une partie du vêtement... Tant et si bien que ce pan qui voletait librement fut bientôt tout ce qui recouvrait son sein droit. Un sein que le chevalier pourrait librement atteindre désormais à l'abri de leurs propres regards... A moins qu'il n'écarte complètement ce rectangle de coton. Dans tous les cas, s'il s'aventurait par là, il trouverait un mont plus ferme qu'il en avait l'air jusqu'alors. Plus lourd aussi. Et sa pointe était rendue dure et sensible par le désir qui était à présent celui de Clémence.
Du côté gauche, le bras de la métisse libéra l'accès à son autre flanc. Andran pourrait également venir le parcourir de caresses. Qu'il lui réclame l'accès à son second mont dressé ne serait qu'une question de temps... Mais elle ne pouvait pas. Pas tout de suite. Elle avait besoin de ce couvert de tissu pour des raisons parfaitement illogiques mais qui la rassurait. De cette façon, elle maîtrisait encore un tant soit peu l'accès à ce corps qui était le sien, apprivoisant l'idée de, peut-être, le lui offrir. D'abord en partie, au gré de ce dont elle se sentait capable.

Andran entendit le froissement de vêtement se glisser sur la peau de Clémence, et comprit qu'elle s'en défaisait, progressivement. Dans un soupir heureux, le chevalier embrassa une nouvelle fois sa chérie sur la bouche, et laissa sa main explorer ses nouvelles parties de son corps qu'elle a laissé à nue. Pour la première fois de sa vie, Andran avait une opportunité unique de poser sa main sur la poitrine d'une femme. Et, fidèle à son vœu le plus cher, il s'agissait de la poitrine d'une femme qu'il aimait plus que tout au monde.

Dans un premier temps, il caressa délicatement le haut de son abdomen, et évitait presque soigneusement de lui toucher les seins. Il était encore gêné à l'idée de les toucher et les caresser, non seulement de peur que Clémence réagisse brusquement, mais également car il souhaitait agir progressivement et lentement. Alors, il continuait de dessiner des formes sur sa peau métisse, n'hésitant pas à revenir sur le bas de son ventre et même sur ses hanches et son dos.

Soudain, une idée traversa l'esprit du chevalier. À son goût, elle était à la fois torride et romantique mais c'est dans un sourire de séduction qu'il réfléchit à la mettre en œuvre. Il retira doucement ses mains qui caressaient la peau de Clémence et lui intima subtilement de retirer la sienne, et, prestement, le chevalier se défit de sa chemise, qu'il suspendit au paravent. Puis, très doucement, il approcha son torse nu du dos de Clémence, et, une fois qu'elle put sentir ses muscles sur sa peau, le chevalier passa les mains sur ses hanches, dessinant, dans une caresse sensuelle, une ligne directe vers son ventre. Dès lors, il rapprocha sa tête de son épaule, qu'il couvrit de baisers tout comme son cou et sa joue. Ses mains reprirent ses mouvements voluptueux de massages et de caresses auxquels Clémence soufflait de plaisir.

Et enfin, il laissa sa main droite aller plus loin vers sa poitrine, la main gauche condamnée, pour l'instant, à continuer de caresser son ventre. Son sein droit désormais couvert par un risible morceau de coton, Andran laissa le bout de ses doigts passer outre, une fois… deux fois. Une vague de plaisir parcourut son corps lorsqu'il sentit la dureté de son téton, car il avait la preuve formelle qu'elle ressentait du plaisir charnel, du désir pour lui. Puis, comme pour prendre une pause dans cette étape si importante pour leur relation, ses doigts revinrent à son ventre, puis à ses hanches. Andran ne voulait pas que sa poitrine, mais bien tout son corps parfait. Certes, il devra peut-être attendre pour passer définitivement à l'acte, mais le simple fait de poser son torse sur son dos, et de lui caresser toutes ces parties de son corps inaccessibles depuis si longtemps lui procuraient un plaisir incommensurable.

« Je vous aime, Clémence… passionnément… à la folie… » laissa-t-il échapper dans un murmure tout à fait inaudible s'il n'avait pas sa bouche près de son oreille.

La passion, la folie. Il ne ressentait même plus la peur de la première fois, tant il était envahi par la volupté à cet instant. Le chevalier au cœur pur et bienveillant qu'était Andran découvrait enfin les plaisirs charnels avec une femme, et il était persuadé, au plus profond de son cœur, que les explorer avec Clémence décuplait son plaisir. Car, tout le désir qu'il ressent pour cette femme au visage si jolie et au corps si parfait ne changeait pas ce fait si bien établi depuis longtemps maintenant : il l'aimait. Il était fou d'elle. Et, cette femme qu'il aimait tant lui offrait son corps, alors même que cela doit être une immense épreuve pour elle.

Ses mains parcouraient désormais son corps de haut en bas, et de bas en haut. S'il n'avait pas encore accès à son sein gauche, encore couvert par le vêtement qu'elle tenait toujours par sa main gauche, Andran n'hésitait plus à caresser son sein droit. Sa respiration se faisait plus rapide, et de moins en moins contrôlable tant l'émotion était forte. Puis, à son tour, sa main gauche se confronta aux vêtements à plusieurs reprises, parce qu'il souhaitait que Clémence se défasse totalement de son corset, comme lui de sa chemise. Pour lui, ce serait l'accomplissement ultime de la soirée… à une chose près.

Tout aurait pu être si prévisible... Ce sein qu'elle lui offrait et qu'il vint effleurer timidement. Ce flanc dont elle lui libérait l'accès et qu'il parcourut sans attendre. Ces caresses aux abords du mont encore inaccessible qui lui criaient qu'il en voulait encore... S'il en avait un, pourquoi pas le deuxième ?
Oui, tout cela, Clémence en avait eu conscience et l'avait imaginé avant même qu'il ne le fasse. Elle craignait de se dénuder entièrement, la peur d'aller encore plus loin était bien là... Mais il se passa une chose qu'elle n'avait pas prévu.

Durant un bref instant, la jeune femme resta seule, sans plus ressentir la chaleur d'Andran derrière elle ni ses mains sur elle, ni ses lèvres sur les siennes. Elle se refusa à se retourner comme si cela aurait pu briser la magie de ce moment si délicieux. Alors elle attendit, le cœur battant, tendant l'oreille alors qu'un froissement de tissu se faisait entendre. Mais était-ce qu'il bougeait ou...

Le chevalier revint bien vite contre elle, posant ses mains sur ses hanches... pour mieux venir apposer son torse contre son dos. Sa respiration se coupa, jusqu'à ce qu'un baiser vienne apaiser sa peur nouvelle. Un baiser comme il lui en avait déjà donné depuis qu'ils se trouvaient tous les deux derrière ce paravent. C'était une sensation connue et agréable désormais, qui l'aida à considérer l'idée d'un homme à moitié nu d'une toute autre manière. Alors qu'il se penchait sur elle et se mouvait de sa joue à son épaule, elle sentait sa peau effleurer la sienne. Et s'il ne s'agissait plus de ses mains pour le moment, elle trouva peu à peu ce contact de plus en plus doux.
Finalement, les doigts du chevalier repartirent en exploration sur son corps et elle soupira d'avance alors qu'il s'approchait de son sein. Puis son souffle trembla alors qu'il la caressait, ses phalanges s'accrochant involontairement sur cette pointe dressée. Toutes ces sensations étaient si nouvelles... Mais elle les vivait avec la bonne personne. Elle n'avait pas besoin de le voir pour savoir qui était derrière elle... Elle reconnaissait son odeur qui l'enveloppait. Elle reconnaissait sa voix dans son souffle court. Elle reconnaissait ses bras dans cette étreinte tant il l'avait serrée contre lui par le passé. C'était bien lui... Et ses mots ne firent que le confirmer.

En l'entendant lui déclarer son désir autant que son amour, Clémence tourna très légèrement la tête vers lui. Sa main revint se perdre dans ses cheveux mais aussi sa nuque et le haut de son dos nu. Elle laissa son chef presque tomber sur le côté afin de lui laisser toute la place qu'il voulait pour goûter à la peau accessible à ses lèvres de là où il se trouvait. Elle se perdit dans ses caresses qu'il appliquait désormais sans peur mais avec envie... Une envie qui était contagieuse. Alors qu'il lui demandait à avoir son buste tout entier, il pouvait sentir que sa prise faiblissait à mesure qu'elle se laissait emportée par le flot de sensations qu'il provoquait en elle.  Le corset tombait, petit à petit. Centimètre par centimètre. Ses soupirs étaient de plus en plus éloquents. Sa tête se perdait dans une mer de plaisir. Il était si doux... Même dans un moment aussi passionnel...

Et la patience d'Andran fut récompensée.

Le poing toujours fermement agrippé sur le corset, son bras avait faiblit, tant et si bien que ses seins avaient été mis à jour. D'abord celui qui était déjà en possession de l'Inquisiteur. Et puis... le second. Et il s'en empara, bien évidemment. Dans un soupir, elle laissa la tête se poser sur l'épaule de son chevalier désormais tout contre elle puis, après quelques attentions, son bras qui maintenait encore le vêtement à hauteur de son ventre, céda tout à fait et sa main lâcha prise. Le tissu rejoignit le sol sans avoir l'honneur de reposer sur le moindre meuble. Pas question de s'arrêter pour lui.

A présent, Andran disposait de l'ensemble du torse de sa compagne qui, malgré sa position, ne demeurait pas pas moins active. Alors qu'une de ses mains intimait à son compagnon de continuer à embrasser sa peau, l'autre trouva le bras gauche de son amant et même sa main pour accompagner ses mouvements. Tant de doigts avaient serré cette partie de son corps qu'elle avait cru que jamais elle ne pourrait en ressentir du plaisir un jour. Mais aujourd'hui, son partenaire était différent. Il avait acquis sa confiance, puis son amour et -elle comprenait que cela faisait quelques jours maintenant- son désir. Le matin-même, elle s'était aventurer à caresser sa chemise durant leur étreinte, ce qu'elle n'avait pas conçu de faire auparavant.

-Je vous aime, Andran... Tellement... Souffla-t-elle.

Ces mots lui semblaient si éloignés de la réalité car ils étaient trop faibles à son goût. Ses émotions étaient indescriptibles et si fortes...

-Tellement... Répéta-t-elle dans un soupir alors que ses seins étaient désormais à la merci de toutes les attentions auxquels son amant voudrait les soumettre et qui lui procuraient tant de tendresse, de désir et de plaisir.

Le chevalier s'engouffrait désormais dans chaque brèche que Clémence laissait béante. Il sentait bien que ses mots et ses caresses démolissaient les barrières de la jeune femme, une par une. Car, pour la première fois de sa vie, elle offrait à un homme, celui qu'elle aimait, ce que tant d'autres lui ont pris de force. Et Andran, lui, l'obtenait par la force des sentiments de passion et d'amour. Alors qu'il lui susurrait des mots doux et qu'il la caressait toujours d'une douceur chevaleresque, le belle estreventine pencha légèrement la tête pour laisser son homme couvrir son cou de baisers tendres.

Et puis, petit à petit, son intuition se porta sur ce qu'il lui restait à découvrir. Ce dernier sein que Clémence cachait encore. La dernière muraille d'une forteresse. La plus haute, la plus solide, la plus fortifiée. Et pourtant, face aux multiples assauts du chevalier, elle cédait. Chaque centimètre que le corset ne couvrait plus était immédiatement assailli par les caresses sensuelles et désireuses d'Andran. Il obtint la victoire finale lorsqu'il entendit le tissu s'écraser sur le sol, vaincu. Dès lors, ses deux mains étaient maîtresses du corps de Clémence et, sans attendre, elles s'emparèrent de sa belle poitrine. Plus une parcelle de son corps n'échappait à leur doux passage. Ses doigts parcouraient dans des caresses torrides sa peau, de son ventre jusqu'à son cou. Lorsqu'il sentit la main de la jeune femme s'agripper à l'une des sienne pour accompagner ses caresses, le chevalier ne retint pas son sourire illustrant tout le plaisir qu'il ressentait, et tout l'amour et la passion qu'il vouait à cette femme. Les mouvements de ses mains se firent plus lents, plus doux, plus sensuels, comme s'il voulait en décupler le plaisir qu'ils procuraient. Rien ne servait d'insister, maintenant qu'elle lui avait tout offert. Il devait en profiter, et lui procurer le plaisir et la douceur qu'ils n'avaient jamais connu, et qu'ils découvraient ensemble.

Des murmures s'échappèrent alors de ses lèvres, et ils lui procurèrent une intense vague d'apaisement, parce que ce moment charnel n'altérait pas leur amour. Il n'avait pas besoin de lui répondre par les mots, et il n'en avait pas l'intention. La main gauche poursuivant ses cheminements irréguliers pour lui caresser la poitrine de Clémence, Andran laissa la droite remonter jusqu'à son cou, la contraignant à lever la tête, et, pour la première fois, à plonger son regard dans le sien. Le chevalier la fixait, le sourire toujours fiché sur son visage, et sans mettre fin à l'activité de ses mains, il approcha lentement ses lèvres de celles de Clémence pour l'embrasser. Il ouvrit alors la bouche pour glisser sa langue et chercher le contact de celle de la jeune femme. Sa main droite s'immobilisa sur sa joue, tandis que l'autre s'était agrippée à l'un de ses deux seins.

Une fois le baiser terminée, et Néera seule sait à quel point il fut long et plaisant, Andran reprit ses caresses pendant quelques instants sur son corps. Si Clémence put, pendant un instant, sentir que le torse de son chevalier s'éloignait de son dos, ses mains, elles, restèrent posées, doucement, sur son ventre. Puis, par plusieurs pas lents, il franchit la distance nécessaire pour qu'il se retrouve face à Clémence, gênée par la situation, évitant son regard. Après avoir observé sa belle poitrine un court instant, les mains baladeuses du chevalier remontèrent jusqu'à ses joues, et la jeune femme fut, une nouvelle fois, contrainte de lever le regard pour trouver ses yeux. Dès lors, il l'embrassa langoureusement une nouvelle fois. Ce n'est que lorsque leurs lèvres se séparaient qu'Andran glissa une main sur le dos de la jeune femme et l'attira à lui pour que sa poitrine rencontre la sienne. Il laissa échapper un souffle lorsqu'il sentit les pointe de ses seins sur son torse musclée, mais il prit soin de ne pas l'étreindre de manière trop oppressante pour elle. Leur visage étant encore proche, Andran lui soutira un nouveau baiser, et laissa sa main, celle qui l'avait attirée à lui, sur son dos. De l'autre main, il partit à la recherche de celle de sa belle compagne pour la poser sur son torse et l'inviter à le caresser à son tour pendant qu'elle l'accompagnerait.

Alors qu'elle lui avait cédé...
Alors que sa poitrine lui était offerte...
Alors que le moment aurait dû redoubler en intensité...
Andran la surprit, une nouvelle fois.

Il la surprit, par la nature même de ses gestes. Là où d'autres se seraient faits plus pressants, plus passionnés, plus avides, le chevalier s'était fait plus doux encore... Émue et enivrée, elle laissa son dos s'appuyer davantage sur ce torse dont elle ressentait mieux que jamais la force dans ce peau à peau. Elle venait d'ouvrir la porte à tellement de choses... Tellement d'idées... Tellement de possibilités... Tellement d'espoirs... Et au lieu de se jeter à corps perdu dans sa victoire nouvelle, son amant se montrait plus tendre et plus aimant. C'était la plus belle récompense qu'il pouvait lui faire car cela la rassurait.

Avec douceur, il l'invita à relever la tête. Pour l'embrasser pensa-t-elle... Mais sa première attention fut pour ses yeux. Il la regarda... Il observa la lueur de crainte qu'il lui avait si souvent connue, car le voir rendait ce qu'ils étaient en train de faire bien plus réel. En avait-elle moins envie pour autant ? Elle regarda son sourire et y trouva quelque chose de bien différent que dans ceux que lui avaient offerts les autres... Pas de malveillance, pas d'avidité, pas de bestialité, pas de supériorité, pas de sentiment de pouvoir... C'était toujours Andran. Doux et amoureux avec simplement une expression un peu différente de d'habitude. Mais cela ne changeait en rien ce qu'il était.
Il se pencha et lui donna un baiser langoureux alors que sa seconde main œuvrait toujours sur sa peau brune. Elle lui répondit avec la même intensité, la même envie, puis s'offrit de nouveau à ses caresses jusqu'à ce que...

Voir le chevalier là, en face d'elle... Sentir son regard qui parcourrait son corps à moitié nu... Elle ne put le soutenir. C'était... terriblement gênant. Elle comprenait qu'il veuille observer ce qu'il n'avait encore jamais vu mais cela lui était déjà arrivée de rester simplement là... Dans cet état... Ou pire... Ce sentiment d'impuissance... De domination...

Si cela avait duré plus longtemps, la flamme de la belle estrevine se serait éteinte. Mais le temps ne se suspendit qu'une brève seconde avant qu'Andran ne vienne quérir son visage. Ou plutôt, son regard. Une main se posa sur le bras de son compagnon pendant cet échange silencieux. Il n'avait probablement pas eu le temps de détailler ses formes mais il avait préféré ses yeux à ses rondeurs... Il se préoccupait d'elle, plus que de son corps. Cette pensée lui arracha un bref sourire malgré la gêne et la peur qu'elle ressentait. Depuis le début de ce moment, il était resté le même... Il l'aimait et le lui montrait dans chacun de ses actes.
Il lui vola un baiser de la même langueur que le précédent avant de l'attirer à lui et lui faire franchir ce pas qu'elle n'osait pas franchir elle-même. Elle aurait fini par se retourner et lui faire face. Elle aurait fini par l'enlacer et l'embrasser elle-même. Elle n'avait plus la maîtrise de cet instant mais elle n'était pas contrainte. Au contraire, elle participait à cette étreinte, ses mains posées sur ses bras, près de ses épaules. Le chevalier guida l'une d'entre elles sur son torse, lui réclamant des caresses comme si elle n'osait pas le faire. Mais il se trompait... Les yeux dans les yeux, ses doigts commencèrent à parcourir sa peau un peu comme elle l'avait fait le matin même à travers son vêtement : tendrement, timidement, prudemment. Car tout ceci demeurait une première fois pour elle malgré tout. Premier consentement, premiers émois, premières caresses indiscrètes... Son cœur battait à tout rompre d'angoisse et de désir et, malgré la peur qui se lisait dans ses prunelles, elle continuait sans s'y sentir obligée pour autant.

Alors que sa main explorait, elle sentit quelque chose sous ses doigts et baissa les yeux sur le torse de son amant. Ce torse qu'elle avait déjà vu, une fois, mais qu'elle n'avait pas osé regarder à l'époque. Elle le détailla davantage, réalisant qu'il était parcouru de plusieurs cicatrices. Des entailles, mais aussi des brûlures. Pour un presque quarantenaire, Andran était bel homme dans cette tenue. Son corps était ciselé par les entraînements quotidiens, les voyages et les batailles. C'était un guerrier émérite. Elle avait déjà pu le constater, le jour-même de leur rencontre.
Tout en étudiant le buste de son compagnon, Clémence sentait son corps pressé avec douceur contre le sien, écrasant sa poitrine contre sa peau pour leur plaisir à tous les deux. Comme bien d'autres, cette sensation était nouvelle pour la belle estrevine en cela qu'elle était différente que celles qu'elle avait connu jusque là. De sa main libre, elle écarta ses cheveux pour les repasser dans son dos qui n'avait plus nul besoin d'être dégagé à présent, et ainsi augmenter la surface de contact.

Depuis combien de temps se trouvaient-ils ici ? Une demie-heure ? Non, bien plus... La nuit était plus qu'avancée mais aucun d'eux ne semblaient céder à la fatigue malgré cette journée éreintante. A présent, les deux mains de la jeune femme caressaient la peau d'Andran dont elle commençait à reconnaître les différentes aspérités et sur laquelle elle avait repéré l'emplacement de plusieurs de ses cicatrices. Parfois, son exploration avait temporairement éloigné son corps du sien mais elle revenait chaque fois se coller à lui dans un soupir. Elle parcourrait ses bras, son dos, ses pectoraux... A quelques occasions, elle était venu l'embrasser avec langueur, s'accrochant à sa nuque.
Après un long moment, elle leva un regard hésitant vers son compagnon. Devait-elle demander à s'arrêter là... ou continuer, avec tout ce que cela impliquait ? Car, plus ils iraient loin, et moins il serait aisé pour lui de s'en voir refuser davantage. Une douce caresse lui fit fermer les paupières... et acheva de la décider. Elle rouvrit alors les yeux, plongeant dans le bleu des iris de son amant pour accrocher son regard. Lentement, ses mains descendirent le long de ses bras épais pour venir se lier aux siennes. Avec hésitation, gêne et angoisse, elle se recula à petit pas... Et lorsqu'elle fut éloignée d'un pas, elle tira doucement sur les mains d'Andran pour lui demander de la suivre.

Les yeux dans les yeux, elle le guida hors de ce petit espace qui les dissimulait jusqu'alors. Ils traversèrent la pièce... jusqu'à leur lit. Là, elle le fit pivoter en restant face à lui, toujours au même rythme, afin qu'il soit dos au sommier. Puis elle lâcha ses mains et s'approcha, l'obligeant même à reculer jusqu'à ce que l'arrière de ses genoux touche l'encadrement en bois de leur couche. D'une légère pression sur le torse, elle l'invita à s'asseoir sur le matelas. Désormais, elle était totalement exposée à son regard. Sans rien en haut, elle ne portait plus que son jupon qui ne lui rappelait son existence que par une attache de ficelle autour de ses hanches et nouée dans son dos.
Le regard toujours dans celui d'Andran, elle hésitait, partagée entre peur panique et envie... Et puis, ses mains agrippèrent le tissu qui cachait encore ses jambes et le souleva de quelques dizaines de centimètres. Elle posa un genou près du bassin du noble, puis le second... de l'autre côté. A califourchon sur lui, elle posa les mains sur ses bras et remonta lentement. Ce contact la rassura et elle se pencha pour venir l'embrasser. D'abord timidement... Puis ses doigts atteignirent son torse et elle mit un peu plus de langueur dans son baiser. Ses bras passèrent autour de son cou et les pointes de ses seins effleurèrent la peau de son amant... Elle pressa alors sa poitrine contre la sienne, libérant un soupir au milieu de baisers plus passionnés. La flamme, passablement amoindrie par ses peurs, se ravivait d'elle-même au contact de la peau de l'Inquisiteur, ainsi que sous ses doigts et ses lèvres. Ses mains avaient repris là où elles s'étaient arrêtées, parcourant tout ce qui lui était accessible. Son dos, son cou, ses cheveux, ses épaules, son buste, ses bras...

Après un long moment, suffisant pour ne plus ressentir tant de gêne dans cette situation, l'une de ses caresses l'amena jusqu'au poignet de son chevalier et elle interrompit leur baiser pour poser son front contre le sien, son souffle rapide effleurant son visage. Le cœur affolé, elle le guida pourtant, le forçant à abonner ce qu'il faisait pour le conduire jusqu'à son genou mis à jour par la position qu'elle avait prise. Doucement, elle posa sa main sur sa jambe puis... commença à le faire remonter le long de sa cuisse... l'incitant à passer sous le tissu avec une infinie lenteur. Les yeux fermés, un long soupir passa ses lèvres avant qu'elle ne vienne retrouver celles de son amant. Puis elle le libéra de sa faible emprise, le laissant agir à sa guise pour reprendre ses caresses.
Elle avait envie de lui... Et voulait voir si elle était capable de défier sa peur... pour aller jusqu'au bout.

Les douces mains de Clémence se baladaient sur son corps, et Andran ressentait enfin ce qu'il procurait à sa compagne depuis plusieurs dizaines de minutes. Ses bras et son dos furent parcoururent d'intenses frissons, et ce même lorsque ses doigts effleurèrent ses divers cicatrices superficielles, et ses tétons tout aussi pointus que ceux de la jeune femme. À plusieurs reprises, leur poitrine s'éloignèrent, et parfois pour mieux revenir et titiller le désir du chevalier qui savouraient tout cela les yeux fermés.

Puis, Andran sentit que les caresses se faisaient moins intenses, et ses mains furent capturées par celle de la jeune femme. Il ouvrit alors les paupières, et remarqua que Clémence, bien que comblée par le plaisir, était hésitante. Mais, il se laissa tiré jusqu'à leur lit, tel un homme envoûté par une femme fatale et dominatrice. Sa belle compagne le fit pivoter, et Andran se retrouva couché sur son lit, et comprit alors que la jeune femme souhaitait passer un nouveau cap. À genoux en califourchon sur lui, Clémence l'embrassa, alors que ses mains reprirent leur séance de caresse sur son torse, jusqu'à ce qu'elle se penche encore plus sur lui, poitrine contre poitrine. Le cœur du chevalier palpitait toujours plus fort car une certaine crainte rejaillissait dans son esprit, et il sentait bien que Clémence ressentait les mêmes peurs.

Néanmoins, la belle estreventine se saisit une nouvelle fois des mains de son homme, et le convia à découvrir les dernières parties de son corps qu'il lui restait à explorer : ses jambes et… ses parties intimes. Passant les mains sous son jupon, Andran commença son périple par les mollets puis, très lentement, remonta vers ses cuisses. Désormais, s'il se montrait craintif, il voyait bien que, à mesure qu'il s'approchait dangereusement de la terre promise, l'anxiété de Clémence reprenait le pas sur le plaisir. Et l'honnêteté d'Andran le contraignait à reconnaître qu'il ressentait le même sentiment. Alors que ses mains continuaient de grimper dangereusement vers son entre-jambe, le chevalier mit un terme à l'exploration. Il n'était pas encore prêt, et elle encore moins. Ils ne voulaient certainement pas passer ces étapes dans la douleur. Il posa ses mains sur les joues de la jeune femme comme s'il cherchait désormais à la rassurer, puis la convia d'un geste à se relever. Andran se leva à son tour et prit la jeune femme dans ses bras.

« Arrêtons-nous là, Clémence… s'il vous plait. » chuchota-t-il, à son oreille alors qu'elle avait toujours sa tête sur son épaule. « Nous ne sommes pas prêts pour cela… et je ne veux pas me laisser aller à mes désirs alors que je lis clairement la peur sur votre visage. » Le chevalier mit fin à leur étreinte et passa le doigt de son cou jusqu'à son menton, l'obligeant à trouver son regard. « Ce que nous avons fait est un véritable accomplissement… mais, ne brûlons pas les étapes que nous ne sommes pas prêts à franchir. »

Quoi qu'Andran ait imaginé pour sa première fois, et surtout avec Clémence, il ne songeait pas à tout découvrir d'une seule traite et encore moins lorsqu'elle ressentait de la peur. Rien de tout ce qui s'est passé ce soir n'était prévu, et ils avaient pourtant réussis à passer le cap de la nudité et de l'érotisme. Andran se sentait soulagé et heureux d'avoir pu découvrir les prémices des relations sexuelles avec une femme, et encore plus apaisé d'avoir su se montrer rationnel en mettant fin à ce qui aurait pu dégénérer. Désormais, le chevalier avait la preuve que Clémence éprouvait du désir pour lui, et c'était une excellente nouvelle.

« Nous avons le temps pour nous préparer à cette épreuve. Réjouissons-nous plutôt de celles que nous venons d'accomplir ensemble. » ajouta-t-il dans un doux sourire, posant une main dans le creux de la poitrine de la jeune femme. Il se pencha alors pour l'embrasser. « Je vous désire, certes, mais je vous aime. Je ne suis pas prêt à passer cette étape, et encore moins si vous ne l'êtes pas non plus. »

Ils avançaient. Ils progressaient. Lentement. Bien plus que derrière la paravent. Clémence lui avait déjà cédé beaucoup de terrain. Elle avait hésité avant d'essayer d'aller plus loin encore. Mais force était de constater qu'elle éprouvait bien plus de peine désormais. Andran progressait par une poignée de millimètres à chaque fois. Puis elle se crispait, l'embrassait moins langoureusement, le caressait avec moins de tendresse, comme si son esprit était concentré sur tout autre chose. Sur cette angoisse, sur cette panique qu'elle refoulait. Elle pourrait y arriver. Elle pourrait aller jusqu'au bout... Mais ce serait au prix de nombreuses heures écoulées et au risque que ses barrières ne soient bien trop mises à mal.

Finalement, le chevalier retira ses mains et se redressa. Avec tendresse, il la serra dans ses bras et prononça quelques mots à son oreille. En l'entendant lui demander d'arrêter, elle referma un peu plus ses bras autour de lui tandis que son visage s'enfonçait davantage dans son cou. Il lui avoua qu'il n'était pas prêt tout en lui témoignant toute l'attention qu'il avait pour elle. Car malgré son désir, malgré l'intensité de ce moment, il avait gardé un œil sur elle, sur ses réactions, sur ses expressions... Elle n'avait pas eu besoin de lui dire qu'elle était mise à rude épreuve, il l'avait remarqué tout seul et ne voulait pas qu'elle se force davantage. Et elle l'aimait d'autant plus pour cela.

Avec douceur, il la contraignit à sortir de sa cachette pour le regarder. Elle l'écouta sans rien dire mais, au-delà de la frustration, d'un léger sentiment d'échec et de l'envie encore présente, une sorte de soulagement se lisait sur son visage. Elle ne tressaillit pas lorsqu'il posa une main sur son buste pour lui indiquer de quelle épreuve il parlait. Les efforts pour cela avait déjà été fourni et elle n'en aurait plus d'autres à faire pour cette nuit-là.

Et une chose surprenante se produisit... Des larmes coulèrent sur les joues de Clémence. D'abord doucement et, bien vite, avec plus d'intensité.

-Je vous aime, Andran... Je ne pensais pas... pouvoir en faire autant... Aussi tôt... En une seule fois... Et... Et... y prendre... autant de plaisir... Un sanglot l'interrompit qu'elle porta une main sur sa bouche alors que ses pommettes trahirent bientôt un sourire radieux qui se format en-dessous, faisant comprendre à son compagnon que ce n'était pas de tristesse, de colère ou de frustration qu'elle pleurait... Mais bien de joie et de soulagement en même temps. Je... Vous m'avez surprise. Par toute votre douceur... Tout votre amour... C'est ce qui m'a donné l'envie et le courage de continuer. Parce que plus je vous en donnais et plus je voyais vos sentiments se manifester. Toujours plus tendres que les précédents...

Les larmes cessaient d'elles-mêmes. Le plus gros de l'émotion était passé en même temps qu'elle lui parlait, qu'elle lui expliquait ce qu'elle venait de vire et la façon dont elle l'avait perçu.

-C'est sans doute... le plus beau moment qu'il m'ait été donné de vivre jusque là. Et je rends grâce à Néera d'avoir mis sur ma route la personne dont j'avais besoin. L'homme, le chevalier, le compagnon... et l'amant... dont j'avais besoin...

Besoin pour quoi ? Il le savait parfaitement : pour oublier. Pour chasser ses cauchemars. Pour vaincre ses peurs. Elle avait dit tout cela en le regardant droit dans les yeux. Elle n'avait pas flanché ni détourné le regard une seule seconde. Elle le couvait d'une expression aussi amoureuse qu'heureuse.

-Vous avez raison... Je voulais voir si je pouvais y arriver. Et j'y arriverai... mais je ne sais pas à quel prix... si ce devait être ce soir. Elle lui adressa un sourire contrit et en même temps reconnaissant. Ils n'iraient pas plus loin, de leur volonté à tous les deux. Il voulait la préserver, l'empêcher de se faire trop de mal en se jetant subitement à l'eau alors qu'elle l'avait reconnu elle-même : elle n'avait pas songé que cela arrive "aussi tôt". Il faisait bien de les stopper dès maintenant... Pour la préserver. Et les préserver, eux-aussi. Ce que nous avons fait... Derrière le paravent... Nous pourrons le refaire. Suggéra-t-elle. Je mettrais des jupons sous ma robe de chambre... Pour quand l'envie nous en reprendra... Jusqu'au jour... où nous nous sentirons capables d'aller un peu plus loin... Je ne sais pas si ce sera jusqu'au bout mais... Au moins un peu plus loin.

Dès qu'ils étaient sortis de leur cachette, Clémence ne s'était plus sentie aussi à son aise et elle ne se sentait pas prête à recommencer ce qu'elle lui avait intimé de faire au cours des dernières minutes. Cela n'avait rien à voir avec le fait d'être caché mais simplement parce que la prochaine étape était source de bien plus d'angoisses que les précédentes... car elle se situait entre ses cuisses. Cette zone de son corps qui avait été si convoitée et si malmenée. Cette zone qui était la plus intime qui soit chez une femme et qui pouvait être source d'autant de plaisir que de souffrances. Et si la belle métisse n'avait connu que ces dernières, elle savait que le premier, elle pourrait le connaître avec Andran, lorsqu'ils seraient prêts.

La main d'Andran était toujours apposée entre ses deux seins, mais elle ne cherchait rien d'érotique ou sensuelle. Elle ne souhaitait qu'apaiser la jeune femme qui, visiblement, se trouva rassurée et soulagée par les mots de son compagnon. Des larmes de bonheur perlèrent sur sa joue, ce qui ne manqua pas d'étonner le chevalier, même s'il préféra s'en réjouir. Un sourire s'étira sur son visage et s'élargit à mesure que les déclarations de Clémence se voulurent toujours plus fortes.

Le cœur d'Andran palpitait de bonheur à chaque mot prononcé par la jeune femme, car ils raisonnaient tous comme une immense victoire. Elle admettait avoir ressenti du plaisir charnel, et lui-même y était pour beaucoup, ce qui était un pas déterminant pour ne plus craindre la sexualité. Surtout, elle évoquait sa convalescence… et sa guérison. Elle en avait jamais été aussi proche, au plus grand bonheur de son amant. Malgré une fin peut-être frustrante de ce moment d'érotisme, ils étaient également prêts à retenter leur chance pour mieux avancer. Ce que confessait Clémence était important pour leur relation, et Andran n'aurait pu rêver mieux pour se projeter dans le futur. Ses peurs commençaient à s'estomper pour de bon.

« Je dois vous avouer que… ce que nous avons fait aujourd'hui me… m'a procuré bien plus de plaisir que je ne l'aurais imaginé. Je ne regrette pas d'avoir attendu si longtemps pour le ressentir avec vous, Clémence. » répondit-il tendrement en enlevant sa main de son buste pour la glisser sur son ventre, puis sur ses hanches, comme pour se remémorer de cet instant si plaisant. « Je serais ravi de réessayer l'expérience, jusqu'à ce que nous soyons prêts pour… la dernière étape. »

Andran cessa de caresser le corps de Clémence et trouva ses mains pour s'en emparer. Il les serra d'une poigne qui se voulait rassurante, apaisante, alors que les deux amoureux se regardaient toujours les yeux dans les yeux. Le chevalier posa son front contre celui de sa belle et étira un nouveau sourire. Il était heureux de cette nuit : la soirée d'anniversaire, cet scène d'érotisme, ces déclarations qu'ils s'étaient échangés. Cette soirée était parfaite, l'une des plus belles qu'ils aient vécu.

« Vos mots me vont droit au cœur, mon amour. Je sens, au plus profond de mon cœur, que nous serons bientôt capable d'aller jusqu'au bout. » conclut-il dans un énième sourire heureux. « Allons-nous coucher, voulez-vous ? Mais… sans nous changer… comme pour graver cet instant dans notre histoire parfois complexe, et pour achever notre soirée sur cette note d'amour mais également cette note plus… sensuelle ? »

Clémence souriait avec tendresse malgré l'émotion dont elle était encore sous le joug. Andran partageait son point de vue en tout point. Il découvrait le plaisir tout autant qu'elle, même si découvrir qu'elle était encore capable d'en éprouver après son passé tourmenté était une surprise et une victoire d'autant plus belle pour la jeune femme. Il était d'accord pour recommencer, en se limitant à ce qu'ils connaissaient jusqu'à maîtriser cette étape avant de tenter de progresser. Et ils étaient à présent tous deux convaincus qu'ils verraient le bout de ce sujet plus que douloureux pour l'estrevine, et avec plus de douceur qu'elle ne l'aurait cru.

Lorsque le chevalier lui proposa de se coucher tels quels, la belle métisse élargit un sourire amusé et timide avant d'hocher la tête de bas en haut en signe d'accord. Ce serait une belle fin pour cette soirée riche en émotion et, si elle ressentait un peu de gêne de se retrouver dans une telle tenue alors que le désir s'était atténué, elle n'avait rien à voir avec la sensation qui l'avait envahie lorsqu'elle avait appris que, prise par une fièvre délirante, Andran lui avait retiré sa robe pour la garder en chemise de nuit. Cette gêne-ci était une simple timidité liée à la nouveauté. Dans le feu de l'action, se dévêtir était devenu des plus logiques pour apaiser le feu qui la consumait. Demeurer ainsi après coup, voilà qui était un peu moins confortable. Mais elle comprenait et voulait essayer. Elle pourrait toujours se rhabiller si jamais elle ne parvenait pas à s'y faire.

Prenant la main du noble, elle recula pour se remettre debout et l'invita à se lever à son tour. Puis, sans lâcher ses doigts, elle s'avança vers la couche pour tirer sur le dessus de lit, la couverture et les draps jusqu'à ce qu'ils aient la place de s'immiscer à l'intérieur. Elle entra la première, attirant son compagnon pour qu'il vienne à sa suite. Le temps de s'installer confortablement, elle le libéra enfin de son emprise sur sa dextre. Ils s'allongèrent l'un contre l'autre et s'enlacèrent. Ils échangèrent de nouveau baisers et caresses, toujours sensuels mais moins passionnés que précédemment, jusqu'à ce qu'ils sombrent tous deux dans le sommeil, bien sagement.

Dire qu'à plusieurs quartiers de là, dans une maison bien plus modeste et composée de bien moins de pièces, deux êtres s'étaient assoupis eux aussi après avoir pu reprendre leurs respirations. Nus, la peau encore recouverte d'une fine pellicule de sueur, leurs Souffles et leurs corps étaient enfin apaisés après plusieurs ennéades à se faire des œillades tendres et intéressées. Et leurs caractères à eux ne leur avaient pas fait faire les choses à moitié...